Hello ! Le chapitre nouveau est arrivé ! Désolé de l'avoir posté aussi tard, je nourrissais l'espoir secret de finir l'illustration associée aujourd'hui, mais en fait, c'était naïf de ma part... Pour retrouver le dessin sur Deviantart, il faudra attendre demain. Voire mercredi... Bref. Je ferais de mon mieux.

Une révélation non négligeable vous attend lors de ce chapitre... Pour vous tout dire, j'ai un peu (beaucoup) le trac... ^^° Mais je ne vais pas en dire plus, et vous laisser vous faire votre propre opinion sur la question. Bonne lecture à tous !


Chapitre 6 : Conscience politique (Roxane)

- Alors toi, tu as de ces cernes ! commenta Ariane à mon arrivée, avec son absence de tact habituelle.

- Je m'en doute, répondis-je simplement, l'œil vague. Mais au moins, je ne suis pas en retard aujourd'hui non plus.

- Heureusement, parce qu'il va t'en falloir du temps pour te maquiller !

- Dis-donc, poulette, c'est pas parce que tu as une bonne tête sans efforts que tu dois dire des trucs pareils !

- Ahaha, c'est la jeunesse !

- Arrête donc te de la péter du haut de tes dix-huit ans, la vieillesse, ça vient vite ! rappelai-je. Regarde June !

- Eh ! Petite garce ! s'insurgea mon amie en me lançant un coussin. C'est pas parce que j'ai vingt-six ans que je suis une vieille !

- Eh bien, à peine arrivée et on se crêpe le chignon ? Vous voulez pas plutôt mettre de la musique ? fit Carine d'un ton joyeux.

- Oui, met radio Myriade !

- J'espère qu'ils passeront Rolling in the deep aujourd'hui, j'aime tellement cette chanson !

Carine marcha jusqu'au poste de radio et le mit en marche. Il y eut quelques grésillements tandis qu'elle cherchait la bonne onde, puis elle poussa le son. La musique envahit la pièce, entraînant toute la bande qui peinait à ne pas tortiller des fesses en se préparant. J'étais toujours ravie du pouvoir qu'avait la musique à effacer toutes les peines et les angoisses, à faire disparaître toutes les fatigues.

La nuit précédente, nous étions encore tellement occupés à débusquer notre ennemi commun qu'Edward et moi en avions presque oublié de dormir. Mais les choses avançaient. En discutant potins avec les filles la veille, j'avais réalisé que j'étais passée à côté de quelque chose de notable. Les élections allaient avoir lieu dans quelques mois, et au milieu des jeux de pouvoir se cachait peut-être un élément qui nous aiderait à y voir plus clair dans le chaos des événements. Edward était convaincu qu'il y avait des gens parmi les personnes riches et puissantes de la ville qui usaient de leur influence pour étouffer toutes les affaires en cours. Pourquoi, nous n'étions pas sûrs. Le plus plausible était qu'une personne ayant investi dans la ville avait intérêt à la voir florissante. Pas grand-chose à voir avec les enlèvements, mais Edward était philosophe, face à ces nombreux problèmes, il fallait bien commencer quelque part. La piste du Maire Orwen paraissait être la plus logique, mais du peu que je connaissais du personnage, je n'avais pas l'impression qu'il serait du genre à agir comme ça. Enfin, ce n'était peut-être que de la naïveté de ma part.

La matinée se déroula sans accroc, et cela aurait sans doute été le cas de la journée entière si je n'avais pas décidé de jeter un pavé dans la mare durant le repas de midi.

- Vous pensez voter pour qui aux prochaines élections ?

- Tu t'intéresses à la politique, Roxane ? demanda June d'un ton surpris.

- Pas vraiment, c'est pour ça que je n'ai aucune idée de pour qui voter, répondis-je avec un sourire embarrassé.

- Je vois... Moi je pense voter pour Willian Fresden, annonça June, se prêtant à l'interrogatoire.

- Pourquoi lui ? Il a peu de chances d'être élu, non ? fit remarquer Ariane

- C'est celui qui me paraît être le plus intègre.

- Mais il n'a aucune influence... Je veux dire, face à Orwen ou Balderas... il manque de charisme. Je parle même pas de Ian Landry.

- Tu dis ça juste parce qu'il est beau, commenta Carine d'un ton un peu blasé.

- Il n'est pas juste beau, il a du charisme ! reprit-elle, l'œil brillant. Et puis, tu as l'air d'oublier qu'il a financé de sa poche plein de rénovations dans la ville, comme les travaux de l'orphelinat Valencia ! Et il veut développer le commerce avec l'étranger, et...

- J'aime pas ce type, il a une tête de loup, il se paye juste une campagne électorale en or avec ces travaux. D'où il sort tout cet argent, d'après toi ? Parce que si la mairie n'a pas fait ces travaux, c'est peut-être aussi parce qu'ils n'ont pas un rond dans les caisses !

- Katalyn, tu comptes voter pour qui ?

- Esteban Balderas... Tu sais, sa barbe est tellement... répondit-elle d'une voix langoureuse.

- Tu es vraiment le degré zéro de la conscience politique, asséna June d'un ton dégoûté.

- Mais moi non plus, j'aime pas Ian Landry, lança-t-elle en la regardant avec des yeux de biche, espérant manifestement que partager une mauvaise opinion du personnage lui servirait d'excuse.

- Mais ça c'est juste parce que c'est pas ton style d'homme.

- Et toi, Carine ? demandai-je, décidant d'ignorer ce genre de commentaires peu utiles.

- Moi, j'hésite encore... A la base, je comptais voter pour Orwen, mais on dirait bien qu'il devient un peu gâteux, alors ça ne me paraît pas être une bonne idée. Les autres me paraissent pas mieux les uns que les autres, alors je vais peut-être vendre ma voix au plus offrant.

- Vendre ta voix ? ! s'étrangla Ariane, choquée.

- Alors toi, tu n'es même pas sauvable... En fait c'est toi le degré zéro de la conscience politique, corrigea June en l'inondant de son mépris.

- Bah, tu peux la négocier assez cher, ça fait un bon petit paquet d'argent... avec ça, je peux me payer un beau cadeau ! Tu devrais faire ça Roxane, tu pourrais t'offrir un réveil matin tout neuf !

- Ta gueule.

- Mais c'est scandaleux ! s'indigna Ariane.

- En même temps, si elle vend au plus offrant, elle votera sûrement pour ton poulain, fit remarquer Carine. De quoi tu te plains ?

- Comment il fait pour être aussi riche, d'ailleurs ? répéta Katalyn.

- Il est propriétaire du plus grand casino de la ville, je crois qui ne faut pas chercher plus loin, rappela Ariane.

- Il a quelques bars, aussi, non ?

- Bref, c'est pas la question...

- Si, c'est toute la question au contraire ! s'exclama June.

- Non, la vraie question, c'est... pourquoi Roxane était à l'heure aujourd'hui ?

S'ensuivit un éclat de rire qui me fit chauffer les oreilles tandis que des hypothèses rocambolesques fusaient ici et là.

- Moi je dis, elle a passé la nuit avec son petit client de l'autre soiiir ! chantonna Ariane.

Touché, pensai-je en me sentant sursauter malgré moi. Mais je ne dirai rien.

- Alors comme ça Roxane joue les couguars ? commenta Katalyn en faisant sautiller ses sourcils, le sourire moqueur, l'esprit mal tourné. Tu rejettes Tommy parce qu'il est trop vieux pour toi, c'est ça ?

- C'est pas du détournement de mineur ?

- C'est pas comme si c'était vrai, répondis-je simplement d'un ton calme en reprenant ma fourchette.

Après ça, je dus subir l'esprit mal tourné des filles toute l'après-midi. J'avais choisi de tout nier en bloc, car si elles avaient su qu'Edward avait effectivement passé la nuit chez moi, je n'aurais pas fini d'en entendre parler. Seule June était restée à l'écart de ces moqueries, sans doute parce qu'elle se doutait d'une part de vérité.

Je profitai de ma pause de l'après-midi pour passer chez un ami d'Earnest Grant, celui qui avait été mon employé et protecteur pendant des années. Après avoir échangé à demi-mots avec moi sur la douleur d'avoir perdu un être cher, il accepta sans hésitation de me prêter les derniers tirages du journal. Je le remerciai abondamment, et revins à bloc pour jouer mon spectacle du soir.

Il était déjà tard quand nous nous retrouvâmes enfin pour un compte-rendu de nos recherches. De son côté, Edward avait bien avancé, s'étant mis dans les bonnes grâces du Commandant du QG. Il était effaré par ce qu'il avait vu, entre la débauche des supérieurs qui déléguaient la quasi-totalité de leur travail à leurs subordonnés et la désorganisation permanente qui régnait sur les lieux. Il avait aussi de fortes présomptions d'avoir repéré le militaire qui lui avait envoyé le dossier. Il l'avait décrit comme étant une de ces personnalités faibles auxquels personne ne fait attention à part pour s'en moquer. Aussi, il avait été très facile de lui glisser un petit mot en s'asseyant sur son bureau tout en faisant semblant d'ignorer son existence, partageant un rire moqueur avec ses collègues. Quant à savoir s'il allait répondre à l'appel... J'allais devoir attendre le lendemain pour en savoir plus.

- Tiens, Ariane, j'ai pensé à toi hier, commenta Katalyn en attachant l'avant de son serre-taille. Tu veux pas te décolorer les cheveux ? Il paraît que ton Ian a un faible pour les blondes.

- Les vraies blondes, je suppose... Enfin, je vais pas faire ça, qu'est-ce que j'y gagnerais ? Avec le charisme qu'il a, les filles doivent tomber comme des mouches, je ne suis pas sûre d'avoir envie d'être l'une de ses très nombreuses conquêtes...

- Il est si beau que ça ? demandai-je d'un ton faussement perplexe, décidant de prolonger la conversation tout en me maquillant.

- J'oubliais ton absence de goût en matière d'hommes.

- Eh, c'est pas parce que je n'étale pas mes fantasmes aux yeux de tous que je n'ai pas de goûts ! grommelai-je.

- Tu dis ça, t'es quand même sortie avec Tommy.

- Une erreur de jeunesse, ça arrive ! m'exclamai-je en jetant un œil noir à ma voisine.

Impossible d'avoir une discussion suivie avec Ariane, elle aimait trop mettre en boite ses interlocuteurs pour ça. D'ailleurs, je m'étais toujours demandé quels clients masochistes payaient pour subir ses moqueries.

- Bref... il aime les blondes ? D'où tu sors ça ? fis-je en balayant mes joues d'un peu de blush.

- C'est une amie qui a bossé dans un club où il allait souvent, il paraît qu'il laissait des pourboires de malade quand c'était une blonde qui le servait.

- Il aime ce qui est rare, c'est tout, justifia Carine d'un ton blasé.

- C'est vrai qu'il n'y a pas des masses de blondes dans la région, et à Lacosta même, encore moins...

- Il devrait déménager au nord du pays, il en aurait des centaines, là-bas.

- Je pense pas que tu changes de ville juste parce que les filles y sont plus à ton goût...

- Bah, y'a bien des mecs qui viennent de l'autre bout du pays pour visiter les bordels de la ville, alors moi, plus rien ne m'étonne.

- En même temps, dans le reste du pays, les maisons closes sont interdites, alors...

- Tu crois qu'il suffit de les interdire pour qu'il n'y en ait plus ? On ne fait pas disparaître comme ça le plus vieux métier du monde !

Je m'étonnerais toujours de la vitesse à laquelle elles font dévier n'importe quelle conversation sur le cul en trois phrases, pensai-je en mettant mon rouge à lèvres. Mais pour être tout à fait honnête, je m'en fichais. L'image de Cindy m'était revenue en tête. Une jeune fille en fleur, blonde comme les blés.

- Mais j'y pense, tu as déjà dû le voir, Ian Landry... Il est déjà venu ici plus d'une fois !

- Ah bon ? J'ai jamais remarqué ça, avouai-je.

- En même temps, tu ne connais pas sa tête... et puis, quand Madame Britten est là, on sait se tenir, fit Ariane en tirant la langue. Je l'ai déjà servi une fois, et je peux te dire qu'il dégage une de ces auras... Je me ferais bien manger toute crue par cet homme-là ! fit-elle en s'enlaçant elle-même.

Sa remarque et son geste associés me firent monter un frisson dans la nuque.

- Décolore-toi les cheveux alors ! cria Katalyn de l'autre bout de la pièce.

- Trop d'entretien ! répondit-elle tout aussi fort.

- Hey, c'est c'est Jailhouse Rock !

- Monte le son !

Nous avions nos classiques. Quand certaines chansons passaient à la radio, on se retrouvait invariablement à danser le rock toutes ensemble. Quand c'était le cas, je me retrouvais souvent à mener la danse. Ce jour-là, je me retrouvai à danser avec June, entourée de rires. Ce genre de moments de complicité annulait toute la lassitude que je pouvais avoir en discutant avec elles, toute mon aigreur face à leurs défauts.

- Alors, ton enquête ?

- Eh ? fis-je en ratant la passe.

- Tu arrives à quelque chose ?

- On a des pistes, mais c'est encore un peu flou...

- Tu sais, je me suis renseignée de mon côté pour confirmer un doute...Les filles qui ont disparu... Et Fanny Wilder... Elles étaient toutes blondes.

Je rattrapai la passe de justesse, me sentant livide. Je continuai à la faire danser comme pour donner le change. Les filles, trop occupées à s'amuser, n'avaient aucune chance de remarquer notre sérieux.

- Je pense que vous avez affaire à un vrai maniaque. Fais attention à toi.

- … Merci.

La danse s'acheva, et nous baissâmes aussitôt le son et reprîmes nos préparatifs. Si Madame Britten nous avait vues nous amuser, elle nous aurait passé un savon. Enfin, c'était arrivé plus d'une fois, ça ne nous avait jamais découragé de pousser le son et de célébrer la musique.

La journée s'écoula comme à son habitude, et quand le soir arriva, c'est à toute vitesse que je rentrais chez moi, y retrouvant Edward entouré de journaux et de notes.

- J'ai un suspect ! m'exclamai-je.

- Je lui fis alors le récit de la discussion que nous avions eu aujourd'hui, et il me répondit d'un ton hésitant, fronçant les sourcils. Ian Landry et le Commandant étaient bons amis apparemment, celui-ci était invité à une fête qui allait avoir lieu chez lui deux jours plus tard. Edward avait manœuvré pour être invité aussi, mais il ne pensait pas que ce serait aussi utile.

- De mon côté, je crois que j'ai quelque chose sur lui aussi. J'ai épluché les journaux d'Earnest Grant, et j'y ai trouvé quelques articles incendiaires. Euh, désolé, ajouta-t-il d'un ton contrit en se rendant compte que le mot était mal choisi.

Je me penchai avec lui sur les journaux, et il me montra le fruit de ses recherches. Earnest avait écrit plusieurs articles attaquant la tenue de ses établissements. S'il était connu pour posséder le plus gros casino de la ville, c'était pourtant le proxénétisme qui lui rapportait le plus, et ses établissements n'étaient pas connus pour être les mieux tenus, au contraire. Le journaliste avait mis en avant la hiérarchie qu'il exerçait sur les propriétaires officiels de ces établissements, soit parce qu'il en était le bailleur, soit parce qu'il y possédait des actions, soit parce que le propriétaire lui devait de l'argent. En réalité, il possédait de manière directe et indirecte une bonne partie de la ville, ce qui le rendait dangereusement puissant.

- Berry est sûr que c'est lui qui a commandité l'incendie, justement parce que les écrits d'Earnest entachaient sa réputation.

- Berry ?

- Le militaire. Je l'ai vu aujourd'hui, avec l'aide de Juliet. Je sais pourquoi il a monté ce dossier.

- Ah ?

- Il était amoureux de Fanny Wilder.

- Oh. Le pauvre, murmurai-je d'un ton compatissant. Alors, il a fait ce dossier pour la venger ?

- Plus ou moins. Il avait déjà remarqué qu'il y avait des problèmes de pots-de-vin sur son lieu de travail, mais c'est quand elle a été tuée qu'il a pris conscience de l'ampleur du problème. Comme il se sentait complètement dépassé, il a fait remonter le dossier en cachette. Comme Ian Landry a de bons contacts avec ses supérieurs, il savait qu'il ne pourrait rien faire en passant par la hiérarchie directe.

- Comment enquêter quand ton supérieur hiérarchique étouffe toutes les affaires qui pourraient porter préjudice à son allié ?

- Exactement ! Ian Landry se proposant au poste de Maire, son but est sans doute de continuer à prendre le pouvoir sur la ville. Je pensais que c'était une simple question de « préservation du patrimoine » si je puis dire, mais avec ce que tu as découvert aujourd'hui, je ne serais plus étonné qu'il soit la source de nous nos problèmes... Moi qui étais convaincu que les enlèvements et la corruption de l'armée n'avaient rien à voir, on dirait bien que j'avais tout faux !

- Mais c'est pour ça que Cindy n'a eu aucune aide de la police ! m'exclamai-je. Je me souviens qu'elle était allée les voir mais qu'ils n'avaient rien fait !

- Oui... Apparemment, elle était venue porter plainte pour harcèlement, mais on lui avait ri au nez. Berry en a entendu parler, mais n'ayant aucune trace écrite de l'événement, il n'avait pas pu intégrer cet élément au dossier. Il m'en a parlé de vive voix.

- Bon sang, on sait qui c'est, qu'est-ce qu'on attend pour le coffrer ? m'exclamai-je en me retroussant les manches, prête à en découdre. Tu es Alchimiste d'Etat, non ? Tu sors ta montre et le tour est joué !

- Je suis un gamin de quinze ans, n'ayant pas vraiment les preuves tangibles ni l'autorité nécessaire pour le mettre en prison. Je peux leur faire craindre pour leur place, mais si j'attaque frontalement Ian Landry, il y a un risque pour qu'ils se mutinent et me trouent la peau. N'oublie pas que je suis seul contre tous... Et surtout le plus important, c'est que si on veut retrouver la trace des filles disparues, il faut le prendre la main dans le sac.

- Oui, il faut retrouver Cindy, fis-je, la gorge nouée de nouveau, perdant tout mon enthousiasme face à cette idée.

J'avais tellement peur qu'elle soit morte, et même temps, étrangement, je refusais d'y croire. Quelque part, je gardais dans mon cœur la conviction qu'elle était saine et sauve.

Mais pour le prendre la main dans le sac, il faut absolument trouver un moyen de l'approcher sans éveiller les soupçons... Si je décide de faire copain-copain avec Landry, ça sera beaucoup trop rapide pour être honnête, surtout qu'ils ont quand même dû lui parler de moi et de mon statut. Je leur ai fait comprendre que je me laisserais corrompre s'ils savaient me payer correctement, mais ça ne veut pas dire qu'ils me font confiance, au contraire. Ça m'étonnerait qu'il se laisse approcher facilement, encore moins qu'il me lâche des indices utiles.

- Landry... fis-je d'un ton songeur. Apparemment, il a un grand faible pour les blondes. Si une fille était prête à servir d'appât, on pourrait peut-être le prendre la main dans le sac... mais...

Mais, c'était tellement dangereux, mais si on se ratait, mais si... De toute manière, ma remarque ne tenait pas debout, ce n'était pas comme s'il y avait des masses de blondes dans la région de toute façon. Et puis, jamais nous ne trouverions quelqu'un de suffisamment fiable qui soit prête à prendre un risque pareil.

- Mais de toute façon, ce que je dis est idiot, soupirai-je en m'asseyant à côté de mon allié. Aucune des filles que je connais ne prendrait un risque pareil pour nous aider. Il faudrait être complètement folle pour ça.

Il y eu un silence pesant. Après l'enthousiasme de la découverte, la démotivation nous assénait un coup violent. Je restais les yeux dans le vague, songeant à cet homme qui prenait le pouvoir sur la ville, à Cindy, à Berry qui voulait venger celle qu'il aimait, à tout ça, inondée par un sentiment d'impuissance. Nous avions compris, et maintenant ? Comment attaquer un homme protégé de toutes parts ? C'était sans espoir...

- Je pourrais le faire, murmura Edward.

- Hein ? fis-je en retenant un rire sans joie. Un mec comme toi ? Je veux bien que tu sois petit, mais ça ne suffira pas à tromper un homme pareil…

- EH ! NE ME TRAITE PAS DE NABOT ! s'exclama-t-il en se redressant un instant, faisant grincer sa chaise.

Il y eu un instant de flottement ou la colère refluant de son visage, remplacé par une expression sombre et indéchiffrable. Il serra les dents et se rassit sur sa chaise, baissant les yeux.

- ... Je suis très sérieux. Je pourrais le faire, marmonna-t-il en rougissant.

Je m'arrêtai de le taquiner pour dissimuler mon chagrin, et le fixai, profondément perplexe.

- Parce que... bredouilla-t-il, encore un ton plus bas, le visage carmin, les poings serrés, incapable de me regarder en face. Je...

Il était en train de me faire un aveu, un aveu qui visiblement lui en coûtait beaucoup. Je tournai ma chaise pour lui faire parfaitement face avec un regard particulièrement attentif.

- Je... mon corps... C'est... celui d'une fille.

- … Quoi ?

- J'ai. Un corps. De fille, lâcha-t-il d'une voix hachée.

Je restai interdite quelques secondes. Dans le silence qui était tombé la pièce, le volet que le vent poussait claqua avec la puissance d'un coup de feu.

- HEIIIIIN ? !


...

Voilaaaaa !

Maintenant vous savez.

Et moi je vais me planquer. ^^°