Eh voila, on est Lundi ! Ce chapitre n'en est pas vraiment un, puisque pour chaque partie, j'ai prévu une introduction, et que vous vous apprêtez à découvrir la deuxième. Du coup, le texte est très court, il y a peu de lecture cette semaine... Mais c'est l'occasion de découvrir un nouveau point de vue. Dans tous les cas ça me paraissait important d'avoir une coupure nette. Enfin, je vous inquiétez pas, les chapitres suivant reprendront une taille "normale", et vont même se mettre à grossir par la suite ;).

Comme toujours, j'ai aussi fait une illustration, visible sur Deviantart, sur mon compte Atelierdereve. Le style est assez différent des illus précédentes, mais justement, ça tombe bien, je fais ces dessins pour tester des choses ! J'espère que le résultat vous plaira !

Bref, assez parlé, je vous laisse découvrir notre mystérieux narrateur... après vous avoir souhaité une bonne lecture ! ;)


Deuxième partie : Central-City

Introduction.

Le soleil déclinait et explosait en éclats éblouissants sur la surface de l'eau, perçant mes yeux pourtant protégés par des lunettes aux verres noircis. Nous n'allions pas tarder à repartir. Notre camp Ishbal s'était installé pour la journée à flanc de falaise, et nous avions ramené sur la terre ferme les radeaux qui nous servaient à voyager. J'avais profité de cette journée de répit, que certains avaient passée à dormir, d'autres à chasser et cueillir de quoi manger, pour m'asseoir sur un rocher isolé et réfléchir à toutes sortes de choses.

Comme tous les autres, je fuyais l'armée et les impitoyables rafles qui s'abattaient sur nous à chaque fois que le camp était retrouvé. Comme tous les autres, j'avais la nostalgie de l'époque où ma famille et moi étions rassemblés sous un même toit. Comme tous les autres, je devais ma survie à Scar, qui portait sur le monde un regard implacable et qui se battait de toute la force de ses bras tatoués pour protéger les vieillards et les enfants qui voyageaient avec lui, incapables de se défendre. La plupart de ceux qui s'étaient battus auparavant étaient morts. Il ne restait presque plus que lui et moi pour prendre les armes et protéger cet îlot de gens que nous étions, ce fétu de paille dans la tempête.

Le soleil nous patinait la peau, la pluie nous rinçait quelquefois. Depuis que j'avais rejoint le groupe, j'avais maigri, et bientôt il ne me resterait plus que des muscles secs et noueux. La vie que nous menions nous rendait durs et sévères, mais ceux qui m'entouraient avaient préservé un cœur gonflé d'amour, et une patience que je ne parvenais pas à comprendre. J'étais parmi eux, mais je n'étais pas comme eux, je n'arrivais pas à avoir leur espoir, leur force. Je me contentais de survivre, d'attendre, et de partager leur destin.

Il faisait encore doux en ce mois de septembre, mais nous avions de bonnes raisons de nous inquiéter de l'automne qui allait s'approcher. Après lui viendraient l'hiver, le froid mordant, la neige, l'humidité qui ne cessait jamais, les maladies, la faim. Toutes ces choses qu'on oubliait si aisément quand on vivait sur un toit, nous allions les affronter de plein fouet, et nous ne savions même pas où le vent nous aurait poussés à ce moment-là. Quand j'y pensais un peu trop, comme à ce moment-là, j'avais le sentiment d'être un mort en sursis.

- Steelblue, viens nous aider à remettre les bateaux à flots ! s'écria un homme avec de grands gestes à mon intention.

- J'arrive, répondis-je d'une voix forte.

Je passai machinalement ma main dans la barbe qui mangeait mon visage et me relevai, prêt à aider au départ. Il aurait mieux valu pour moi que je n'aie jamais l'occasion de penser. J'aurais dû m'estimer chanceux, mais ces moments d'ennui ne m'amenaient que de la tristesse.