Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit en une heure pour la 121e nuit du FoF sur le thème "Malédiction".

Je dédie ce texte à Marina, pour son amour d'Edith.


Tout en jetant rageusement ses différents vêtements dans sa valise, Edith fulminait.

Elle aurait aimé pouvoir pleurer toutes les larmes de son corps – elle avait un furieux besoin d'extérioriser la tristesse qu'elle ressentait. Mais Edith ne pouvait pas pleurer. Elle ne pouvait plus.

Elle avait pleuré Anthony.

Elle avait pleuré d'humiliation, de désillusion et de honte. Elle avait pleuré l'église de laquelle elle ne ressortirait jamais en temps qu'épouse. Elle avait pleuré la fierté envolée des yeux de ses parents. Elle avait pleuré la pitié teintée de mépris que Mary ne manquerait pas de lui adresser. Elle avait pleuré ses rêves d'enfant piétinés. Et surtout, elle avait pleuré la vérité qu'elle venait de se prendre brutalement en plein visage : aucun homme ne l'aimerait jamais.

Elle avait aussi pleuré Michael.

Elle avait pleuré de tristesse, de douleur, de deuil. Elle avait pleuré l'homme qu'elle avait sincèrement aimé et qu'elle ne reverrait jamais. Elle avait pleuré les promesses échangées et murmurées dans le lit où elle s'était entièrement dévoilée. Elle avait pleuré l'avenir que des meurtriers lui avaient arraché. Elle avait pleuré l'enfant qu'elle allait devoir mettre au monde seule. Elle avait pleuré l'espoir naïf qu'elle avait eu, que peut-être aurait-elle enfin droit au bonheur.

Elle aurait aimé pleurer pour Bertie. Cela aurait voulu dire qu'elle était triste, terrassée, révoltée. Mais la vérité, c'était qu'Edith ne ressentait plus qu'une chose : de la résignation. Tout ce temps, elle s'était bercée d'illusions. Elle avait cru qu'elle aussi, elle serait heureuse, aimée, choyée, peut-être même admirée ou jalousée.

Elle c'était tant laissé ailler à ses rêves qu'elle en avait oublié Anthony.

Elle en avait oublié Michael.

Elle n'aurait jamais le droit au bonheur. Elle ne connaîtrait jamais la joie d'être épouse.

Toute sa vie, elle serait Pauvre Edith.

Pauvre Edith, Edith l'empotée, Edith la malheureuse, Edith la gêne... Elle n'avait plus la force de se battre contre cela. Les dés étaient jetés et les dieux en avaient décidés ainsi. Elle devait accepter son destin et la malédiction qui lui avait été liée : elle ne serait jamais heureuse.

Mais ce qui était encore plus dur à accepter cette fois-ci était le fait que la malédiction avait été apportée par Mary. Sa sœur. Les sœurs étaient censées s'aimer, n'est-ce pas ? Mais cela n'avait jamais été possible avec Mary. Chacune s'était montrée cruelle avec l'autre, mais Edith n'aurait jamais pensé que l'aînée aurait été capable d'une telle chose. Et pourtant, elle n'était pas surprise un seul instant.

- Tu ne peux pas me tromper, jeta-t-elle à Mary qui venait je ne suis pas maman, Tom ou ton aide de chambre. Je te connais. Je sais que tu es une pétasse égoïste.

- Je...

- Tu es une pétasse !

L'insulte criée eu le mérite de faire enfin taire Mary et de lui faire perdre son assurance. Ses yeux étaient pleins de ce qui s'approchait pour elle du regret et de la tristesse. Mais cela n'apitoya pas Edith – trop longtemps elle avait souffert à cause de sa sœur, avant de lui pardonner, encore et encore. C'en était terminé. Elle ne savait pas si elle était réellement maudite ou simplement malchanceuse, mais une chose était sûre : Mary était à l'origine de tout ses problèmes. Il était temps qu'elle se détourne d'elle, et ce définitivement. Et surtout, qu'elle arrête de culpabiliser pour tout et pour rien alors qu'elle venait de lui gâcher la vie !

Edith déversa alors toute sa colère contre Mary et la laissa seule dans la chambre. Sa valise dans les bras, les éclats de ses rêves brisés meurtrissant son cœur et le poids de tout ce qu'elle avait gardé contre Mary en moins, Edith quitta Downton Abbey sans un regard en arrière.