Tout l'été, Lily avait l'air d'une épave. Elle semblait si mal que même Pétunia s'en est rendu compte. Pendant deux mois, la jolie rousse n'était qu'un pale reflet de ce qu'elle est habituellement. La nuit, Lily parlait dans son sommeil. Les deux phrases qui revenaient le plus souvent étaient : « il me manque » et « je n'ai pas le choix ». Certes, Lily l'agaçait d'être magique, belle, brillante, enjouée, sociale, pleine d'amis (ies) et de vie. Mais là, la rouquine refusait de sortir de sa chambre. Mme Evans lui montait des repas que sa cadette touchait à peine.

- J'en ai assez! S'exclame Tunie en se levant de table, au milieu du mois d'aout.

Elle s'élance dans les escaliers et entre de force dans la chambre de sa sœur.

- Bon sang! Lily! Qu'est-ce que tu as à la fin?!

- Laisse moi! Lui répond la jeune fille de 16 ans, en larme.

- Qui te manque? Demande doucement la jeune femme de 18 ans.

- Quoi? Comment tu?...

- C'est Rogue, n'est-ce pas?

- Je n'ai pas le choix, dit seulement Lily en replongeant le visage dans son oreiller et continuer de pleurer.

Pétunia se lève donc du lit de sa sœur et sort en coup de vent de la maison en prenant les clés de la voiture familiale.

Une fois sortie de l'entrée de la maison, elle se rend dans le quartier de l'autre coté du ruisseau, Charbonne-les-Mines. Une fois sur l'Impasse-du-Tisseur, elle demande au premier gamin vue si il sait où habite les Rogue.

- La maison de l'ivrogne Rogue est au numéro 7, mademoiselle, dit le garçon de plus ou moins 10 ans.

- Merci, dit Tunie en lui donnant un billet d'une livre.

Le gamin détale ensuite comme un lapin vers le marchand du coin. Debout devant la petite maison délabrée, Tunie respire un bon coup et frappe énergiquement à la porte de bois. C'est justement celui qu'elle est venu voir qui lui ouvre.

- Pétunia? Qu'est-ce que tu fais là? Demande l'adolescent avec un œil au beurre noir.

- Sev! Qu'est-ce qui t'es arrivé? Demande la blonde en tournant lentement le visage de l'adolescent pour voir l'ampleur des dégâts.

Il a la lèvres inférieure fendue et gonflée, un œil amoché et un bleu devenu jaune sur sa pommette gauche.

- Ça ne te regarde pas, dit-il en se dégagent de la main de Tunie. Qu'est-ce que tu veux?

- Il faut qu'on parle de Lily, dit la jeune femme.

- Elle ne veut plus me voir, dit Sev avec un regard impassible, mais une lueur de tristesse envahie ses yeux noirs.

- Et si je te dis que ce n'est pas son choix?

- Elle a été clair, en juin, dit le Serpentard.

- On peut parler ailleurs? Demande Tunie en regardant autour d'elle.

Severus la suit donc jusque dans la voiture et s'assoit sur le siège avant passager pendant que Pétunia s'installe derrière le volant. La jeune adulte explique à son interlocuteur les changements de sa sœur. Ce qu'elle lui a dit dans la journée et ce qu'elle raconte dans son sommeil.

- Je ne savais même pas qu'on pouvait avoir autant de larmes à verser, dit Pétunia. Elle est intarissable. Elle refuse de parler à qui que ce soit de ce qui la rend si malheureuse. Severus, il faut que tu fasses quelque chose.

- Et qu'est-ce que tu veux que je fasse? Demande Sev avec inquiétude. Si ce n'est pas son choix, c'est qu'elle y a été obligé. Mais par qui?

- Et ce fameux Potter, de qui elle parle tout le temps, comme si il était le diable incarné. Il n'aurait pas un rapport là-dedans?

- Pétunia, on a pas les compétences pour faire faire un serment magique.

- Et c'est quoi, un serment magique?

Severus lui explique donc ce qu'est un serment sorcier et un serment inviolable.

- Je crois qu'elle n'a pas le droit d'en parler à qui que ce soit, dit Tunie qui réfléchissait tout haut.

- Il faut lui poser des questions détournées, dit Sev.

- Okay, tu vas faire ça, dit Pétunia en partant la voiture.

- Quoi?! Mais si elle n'a pas le droit de me revoir, on fait quoi?

- Tu restes pas loin et tu me diras quoi lui demander. On verra ce que ça donne.

Une fois devant la maison des Evans, Tunie gare la voiture et dit à Severus de la suivre. Les parents Evans étaient parti manger une glace au coin de la rue, voir leur petite fille dans cette état sans pouvoir faire quoi que ce soit leur brisait le cœur. Sev prend un bout de papier avec un stylo et écrit plusieurs questions dessus pour que Tunie les pose à Lily.

- On avisera avec ses réponses, dit le jeune Serpentard à la sœur de son ancienne meilleure amie.

Ils montent tous les deux les escaliers et Severus reste dans le couloir pendant que Pétunia entrait dans la chambre de sa sœur. Lily avait fini par s'endormir, épuisée d'avoir tant pleuré, comme chaque jour depuis son retour de Poudlard.

- Lily, dit Tunie, Lily réveille toi, dit-elle en la secouant un peu.

- Qu'est-ce que tu veux?

- Je suis allé le voir.

- Comment… comment il va? Il… il a parlé de moi?

- Bien sur qu'il a parlé de toi, dit Tunie avec un rictus, vous étiez inséparables avant les vacances.

- Je n'ai pas le choix, répète Lily, les larmes aux yeux.

- On en a parlé aussi… il pense que quelqu'un t'a faire faire un serment magique.

Le regard hanté de la rousse confirme les craintes de Severus.

- On t'en a fait faire un, pas vrai? Demande Pétunia.

Lily acquiesce en essuyant une larme sur sa joue. Tunie lui pose alors les questions sur la feuille. Si on lui avait interdit de revoir son meilleur ami, elle fait oui de la tête. Si elle serait privé de sa magie si elle lui reparlait, elle fait non.

- Cette ordure t'as fait faire un serment inviolable?! S'exclame Tunie, alors que Severus bouille de rage à coté de la porte, à l'extérieur de la chambre.

Lily acquiesce. C'est alors qu'un chat complètement noir entre dans la chambre, saute sur le lit de la rouquine et frotte sa tête contre sa joue en ronronnant comme un moteur d'avion.

- Il sort de où, ce chat? Demande Lily en enroulant ses bras autour du félin.

- Attend, j'ai un truc à vérifier.

Tunie sort de la chambre et voit un morceau de papier au sol. « Le chat, c'est moi. Ne le dit à PERSONNE. Elle pourra tout me dire sous cette forme, comme un chat n'est pas un humain. S. R. » Tunie soupire de soulagement en mettant le bout de papier dans son soutien gorge.

- C'est un cadeau de Severus, dit Pétunia.

- J'ai été odieuse avec lui et il me donne un cadeau?

- Je pense que tu devrais tout déballer au chat. Même si il ne peut rien dire ou faire quoi que ce soit, je pense que ça serait libérateur pour toi de tout raconter. Qu'en penses-tu?

- Je vais lui trouver un nom, avant, dit Lily en continuant de caresser le félidé avec affection. Comme c'est Sev qui me l'a donné, je vais l'appeler Sevy. Tu aimes? Demande Lily au chat.

Le chat se blottit contre elle en lui léchant la joue où coule une perle salée.

- Tu n'avais pas déjà appelé Severus comme ça? Demande Tunie.

- Oui, et il a détesté. Il m'a chatouillé jusqu'à ce que je le supplie d'arrêter pour se venger. J'ai eu le hoquet toute la journée, dit la jeune rouquine avec une sourire nostalgique.

- Bon! Je vous laisse, dit Pétunia en se relevant. Si tu as besoin de moi, je serai en bas.

- Pourquoi tu fais ça pour moi? Demande Lily. Je croyais que tu me détestais.

- Je le croyais aussi… Je suis désolée, Lily.

Pétunia caresse doucement la joue de Lily avant de sortir de la chambre.