Résumé : Jusqu'alors coincée en 1963, l'Umbrella Academy débarque involontairement à Londres, en plein XIXe siècle. Les six frères et sœurs découvrent alors que l'Apocalypse les a encore suivis et que des ombres du passé cherchent à les éliminer. Au milieu de ce chaos, Vanya et Five voient grandir en eux quelque chose d'imprévu, qui pourrait autant les détruire... que les sauver.
NDA : J'ai décidé d'écrire cette fanfiction sur la base de la série plutôt que des comics, ne sachant pas trop comment rendre ce que décrivent les images et le style des dessinateurs, et préférant imaginer proposer un scénario pour une nouvelle saison. Les personnages auront donc les apparences et les caractéristiques de la série. Les évènements font suite à la saison 2.
Les personnages principaux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent bien évidemment pas, mais d'autres sortent purement de mon imagination (toute ressemblance avec des personnages déjà existant dans la série ou ailleurs est donc fortuite). L'intrigue se déroulant au XIXe siècle, j'ai bien sûr fait beaucoup de recherches pour être au plus proche de la réalité quotidienne de l'époque, mais je ne garantis pas une absence totale d'anachronisme puisque je ne suis tout de même pas une spécialiste de l'ère victorienne. Si jamais vous constatez une erreur, n'hésitez pas à me la signaler !
Je préviens aussi que les chapitres risquent d'être assez longs (ce ne sera pas le cas des deux premiers), chacun racontant les évènements d'une journée et comme vous le savez, les journées de l'Umbrella Academy sont... remplies.
Sur ce... bonne lecture !
Ils devaient être beaux à voir. Tous les six, rassemblés, main dans la main, sans aucun mot de reproche, sans aucune insulte, sans aucune dispute. Il aurait fallu les photographier avant qu'un miracle aussi rare ne disparaisse, ne serait-ce que pour avoir une preuve qu'ils étaient capables de se tenir ensemble sans que Luther ne fasse tomber quelque chose d'important, que Diego ne s'énerve contre lui, qu'Allison n'insulte Diego, que ne Klaus rigole de la scène, que Five ne sombre dans le désespoir et qu'elle, Vanya, n'attende silencieusement dans un coin que tout cela soit terminé.
Il fallait donc qu'ils se téléportent ensemble pour avoir la paix. Enfin, Vanya ne pouvait guère en être certaine puisqu'au précédent voyage, elle était évanouie dans les bras de Luther. Et avait provoqué l'apocalypse.
Ses yeux croisèrent ceux de Five. Il n'y avait pas une once d'incertitude dans son regard. Pouvait-il voir la peur qu'elle tentait tant bien que mal de dissimuler ? Elle avait manqué de les tuer. Deux fois. Rien ne pouvait assurer qu'elle ne continuerait pas à jamais d'être une menace pour eux. Voilà pourtant que Five allait l'emmener avec eux. Sans aucun doute dans son geste. Sans la moindre incertitude. Sans le moindre regret. Ils étaient définitivement timbrés.
Elle l'était tout autant qu'eux.
"- C'est parti... murmura-t-elle tout bas."
Five activa la mallette. Avant que l'énergie temporelle ne les emporte, Vanya eut le temps de le voir articuler sans un son, ses yeux fixés dans les siens.
"Tout ira bien."
Vanya s'écrasa par terre de tout son poids, la tête tourbillonnante et les muscles contractés. Elle eut la sensation que ses côtes se brisaient en elle et laissa échapper un grognement douloureux. Un concert de gémissements lui répondit, témoignant de la présence des autres membres de l'Academy. Une vague de soulagement vint calmer son cœur agité : elle n'était pas seule et tous ses souvenirs l'accompagnaient.
La première chose qu'elle vit, en redressant la tête, fut le rebord de marbre d'une fontaine. Il faisait nuit, au jugé de l'ombre froide qui les recouvrait, et ils ne se trouvaient certainement pas en plein été. Vanya s'appuya sur ses coudes douloureux et, avec effort, réussit à se mettre sur ses pieds. Un frisson glacial la saisit.
"- Bordel de merde... siffla Klaus en levant les yeux au ciel, assis sur une pelouse parfaitement tondue. Tu sais quoi, Five, ces voyages temporels me rappelleront toujours ce club de strip-tease qu'il y avait à San Francisco, tu sais, avec des chaines... et des lassos... un endroit merveilleux, vraiment.
- Je ne sais pas comment prendre le compliment, Klaus, mais... merci, répondit Five en se mettant debout à son tour. Normalement, on devrait être de retour vers la maison, en 2019. Sans apocalypse.
- Il y a intérêt, grogna Diego en faisant craquer son dos. Pas vraiment envie de me prendre un morceau de lune sur le crane."
Allison s'appuya sur lui pour se redresser et Luther, en s'appuyant sur le rebord de la fontaine, parvint à se mettre debout à son tour. Seul Klaus préféra goûter la délicate surface d'une herbe glacée sous son dos.
"- On se gèle, ce ne serait pas mieux de se mettre à l'abris quelque part ?"
La question d'Allison resta en suspens.
Vanya regarda autour d'elle. De hauts et épais buissons, dépassant tout juste le crâne de Luther, formaient autour d'eux un allée qui débouchait en un carrefour au centre duquel se trouvait la fontaine de marbre. La statue qui l'ornait représentait un enfant nu tenant deux jarres dont jaillissaient des jets d'eau.
"- Il faudrait peut-être savoir où l'on est, fit remarquer Diego.
- Quelle brillante observation, lâcha Five avec sarcasme en contournant la fontaine, Vanya à sa suite. Elle entendait au loin des rires, des voix nombreuses, des violons, le son de verres que l'on entrechoque, des bruissements d'habits.
"- On dirait qu'il y a une fête dans le propriété, souffla Vanya en pénétrant l'allée derrière la fontaine, ses frères et sœur à sa suite.
- Une fête ? réagit Klaus qui bondit sur ses pieds à l'idée, accourant à leur suite. Enfin, bordel, merci ! Il est temps de se descendre un bon litre de liqueur au fond de la gorge et de rêver à des jours meilleurs, amigos !
- Du calme, Klaus, on ne sait même pas on l'on est, soupira Allison alors que l'allée marquait une courbe vers la gauche."
Le labyrinthe se terminait là, s'ouvrant sur une large bande herbeuse ornée çà et là de hauts arbres et qui laissait apercevoir, à quelques dizaines de mètres sur leur gauche, la surface miroitante d'un point d'eau.
-Ou... quand l'on est... murmura Vanya d'une voix interdite."
Un peu plus haut sur la droite, au sommet d'une large butte de terre, une immense demeure victorienne aux murs striés de hautes fenêtres laissait échapper un concertos de conversations enjouées, de valses et de rires entremêlés. Sur le perron illuminé par des candélabres que tenaient deux hommes habillés comme des valets de pieds, plusieurs dames, accompagnées de quelques messieurs, échangeaient une conversation ponctuée d'exclamations joyeuses. Des robes au couleurs rouges, roses, bleus et mauves, moulaient les femmes au niveau du buste et s'élargissaient en des jupes rondes très imposantes, tandis que des pantalons aux longues jambes droites, des gilets aux boutons étincelants et des redingotes sombres habillaient les hommes. Vanya, au milieu de leurs échanges, entendit distinctement les termes "Lady" et "Sir", ainsi qu'un anglais des plus raffinés et des plus britanniques. Une femme aux cheveux bruns, coiffés comme les autres en épaisses anglaises ramenées en chignon, s'exclama alors, faisant taire ses acolytes :
"- Eh bien, très chers amis, il est temps pour moi de retourner au plus vite dormir, sinon le froid m'attrapera !
- Fuyez avant qu'il ne se mette à votre poursuite, l'enjoignit un des messieurs en remettant son haut-de-forme, provoquant quelques rires. Je dois moi aussi me mettre en route, aussi permettez-moi de vous souhaiter une excellente nouvelle année !
- A vous aussi, Sir Stevenson !
- Que 1861 exauce tous vos souhaits !"
Le groupe se dispersa, les uns retournant dans la demeure, les autres prenant capes et manteaux pour disparaitre en s'éloignant à gauche du perron.
Le silence retomba comme un coup de massue.
"- 1861 ? balbutia Vanya avec ahurissement.
- Merde, lui répondit Five."
