Disclaimer : L'œuvre Naruto appartient à Masashi Kishimoto.

NDA - pour ceux qui connaissent déjà Entre Orage et Tourbillon (EOT), je n'ai pas supprimé mes anciens chapitres, je suis en train de les réécrire et les publierai tous les deux jours jusqu'à atteindre le nouveau chapitre, le vingt-et-unième ! Bonne lecture !


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PROLOGUE

1. Un défi

Les rayons du soleil illuminent notre visage et viennent compléter cet heureux moment que nous passons enfin ensemble, deux semaines après avoir eu l'idée de cette balade. Il me tient la main, j'avance, appuyée contre son épaule et nous profitons simplement l'un de l'autre. Il me parle de sa semaine, des choses qu'il a réalisées, des exploits même, devrais-je dire vu le ton épique qu'il emploie pour les décrire. Certains le trouvent débile pour cette raison, il s'agit d'un de ses charmes à mes yeux, et il le sait. Tout en l'écoutant, je réagis comme on le ferait lors d'une fantastique histoire mais soudain, j'arrête tout : mon attention est attirée par cet individu de dos.

Un ciel sans le moindre nuage ne dure jamais longtemps ici, et cette personne est un orage àelle seule.

— Et toi, comment s'est passée ta semaine, Hina-chan ?

Je ne l'entends que d'une oreille, mon regard est fixé sur la personne qui grisonne mon après-midi. Il remarque que je suis perturbée et porte ses yeux sur la source de mon état, cette personne. Pour lui, elle est comme une brise qui peut rafraîchir ou réchauffer, elle est son ami, mais pour moi, elle est bien autre chose.

— Hey ! Sasuke !

L'interpelé se retourne en entendant son prénom puis il nous aperçoit. Aucun trouble n'est visible sur son visage alors que le mien doit exprimer mon angoisse naissante. Mais il me semble tout de même que son corps est tendu, lui qui paraît si détaché habituellement. Je n'ose pas avancer pour le rejoindre, pas plus qu'il ne le fait. C'est Naruto qui, me tirant légèrement afin de s'approcher de lui, réduit la distance. Il ricane d'ailleurs gentiment, se moquant un peu de moi :

— Allez, Hina-chan, il va pas te bouffer !

Un simple sourire vient orner mon visage, espérant qu'il dissimule mon angoisse avant que je ne serre la main de Naruto et marche à ses côtés. Il va falloir que je change, Sasuke habite ici, dans le même village que nous, que moi. Je ne pourrai pas l'éviter toute ma vie comme me le démontre cette journée.

Nous nous rapprochons de l'ombre laissée par le nuage et l'atteignons finalement. J'inspire le plus discrètement possible et juste après que Naruto ait salué cet homme d'une tape sur son épaule, je le salue d'un banal « bonjour » auquel il répond par un signe de tête. Il se montre peut-être rudimentaire, mais j'ai vu ses yeux, son regard bien trop intense pour une simple salutation. Je ressens à nouveau ces émotions d'un temps passé, des sentiments malsains que je pensais avoir battu depuis, mais je me suis apparemment trompée. Ses prunelles sombres arrivent toujours à chambouler mon esprit, à accélérer ma respiration et à augmenter ma pression sanguine. Je recule, comme si m'éloigner pouvait mettre fin à ce bouleversement. Heureusement, Naruto ne voit rien à mon trouble et discute simplement avec Sasuke, qui lui, me jette de discrets coups d'œil.

— Je rentrais chez moi, explique le brun.
— Mais il y a bien plus court, non ? demande Naruto alors que j'évite de croiser le regard de Sasuke.
— Oui, mais je préfère passer par ici. L'autre chemin me rappelle quelques souvenirs auxquels je ne préfère pas penser.

Mon pouls s'accélère et ma main devient vite moite. Naruto se rend bien compte que quelque chose se déroule en moi, même si je ne sais pas exactement ce qu'il peut en penser. Toutefois, je ne fais qu'augmenter son incompréhension quand je lui lâche la main brusquement, prise de panique.

— Hina ? Ça va pas ? me demande-t-il, inquiet de mon allure vacillante.
— Je... j'ai des vertiges.

Et je ne mens pas. C'est de moi que Sasuke parle, des souvenirs qu'il a, avec moi. La peur s'empare de mon corps et je sens que je pourrais chanceler et tomber à tout moment. Naruto attrape mon bras et me regarde dans les yeux, cherchant à m'aider, à comprendre ce qu'il se passe, mais moi, je ne parviens pas à le fixer.

— J'ai besoin de m'asseoir, Naruto...
— Je t'accompagne, me coupe-t-il, inquiet. Je reviens Sasuke.
— Non, reste. Le banc n'est pas si loin, je lui propose en souriant.

Tout en dégageant mon bras de sa main, je m'éloigne de lui et salue Sasuke d'un hochement de tête afin de me diriger vers ce banc, qui se trouve à une cinquantaine de mètres de nous, en bordure de pelouse. Naruto essaye de me suivre mais avec un sourire apaisé, ce faux sourire qu'il ne remarque pas tellement je l'ai travaillé ces derniers temps, je tente de le persuader de rester avec Sasuke. Je rejoins ensuite rapidement le banc, sans un regard en arrière.

Je n'ai plus cette sensation de vertiges et j'ai ainsi pu marcher sans hésitation. C'est certainement cela qui a convaincu Naruto de me laisser avancer seule. J'ai senti son regard chaud dans mon dos, mais il était parasité par un autre, le sien, celui qui me glace aussi bien qu'il parvient à me réchauffer, encore aujourd'hui.

À présent assise, je laisse la culpabilité me ronger. Je déteste mentir à Naruto et c'est pourtant devenu une de mes spécialités. Je m'y sens obligée, je l'aime, et lui révéler mes tourments ne créerait que d'autres souffrances. Je lève ma tête, le ciel se recouvre de nuages et le vent se lève, plaquant des mèches de cheveux sur mon visage. Je me sens toujours troublée par le regard profond de Sasuke, un regard que je sens encore, malgré la distance.

J'ai l'impression d'avoir cessé de respirer depuis que je l'ai vu. Je laisse mes bras reposer sur le dossier du banc, ma tête tombe en arrière et j'inspire, profondément. Je vois le monde qui m'entoure à l'envers et contemple ainsi l'enchevêtrement compliqué du ramage de l'arbre sous lequel je repose. Je suis si bouleversée que j'ai l'impression que ma position actuelle pourrait me permettre de calmer mon esprit. Pourquoi je n'arrive pas à oublier, à passer à autre chose ? Je suis pourtant sûre d'avoir tout fait pour combattre ces sentiments mais je suis aujourd'hui mise devant la réalité. Rien n'a changé depuis, pour mon plus grand désespoir. Pourquoi est-ce si compliqué de trouver la solution ? Je ferme alors les yeux et essaye de réfléchir. Mon pouls est revenu à la normale, c'est déjà une bonne chose.

Cela fait plus d'un mois. Combien de temps vais-je devoir attendre ? J'ai les mêmes réactions qu'avant, celles que j'ai développées au cours du dernier mois d'avril.

Tout a commencé suite à une simple remarque de celui que je dis aimer et à qui je mens pourtant. Comme si tout s'était déroulé hier, je me souviens du moindre détail.

On revenait d'un pique-nique à l'occasion du Hanami, le seul événement qui a permis de réunir tous les ninjas de notre promotion. Naruto me raccompagnait à mon domaine dans les rues éclairées des lampadaires. On s'était bien amusé. Tout le monde semblait heureux à la fin de l'évènement. Les vingt ans nous touchaient tous les uns après les autres, des couples se formaient, perduraient et on faisait partie de cette dernière catégorie avec Naruto. On avait même fêté nos six mois. Main dans la main, on marchait, le sourire sur nos lèvres. Naruto commença alors à me taquiner, me chatouillant les côtes, il profitait de l'absence des passants. Je me tordais de rire, sensible aux chatouilles, et ne pouvais plus que tomber dans ses bras. Il voulait que je reste chez lui cette nuit mais je devais rentrer, c'est ce qui était convenu. Déçu par ma réponse, il arrêta ses chatouilles et me posa des questions plus ou moins embarrassantes. Je ricanais simplement, évitant ainsi d'y répondre et de rentrer dans ce nouveau jeu.

Puis il en vint à cette unique question, la question originelle de mon égarement passé et mes tourments actuels...

— Tu sais, j'y ai réfléchi longtemps et j'en suis venu à cette conclusion, débute-t-il en prenant un air plutôt sérieux.
— À propos de quoi ? je lui demande, interloquée.
— Et bien, tu vois, un jour, je me suis demandé si c'était possible que tu t'entendes avec Sasuke. Je vous ai observé ce soir : t'étais jamais là où il se trouvait et il t'a jamais écoutée quand tu parlais, tellement t'étais… timide et discrète, presque effacée devant lui. C'était hallucinant ! Mais c'est évident alors. Vous vous évitez inconsciemment, alors ça va être dur de vous entendre !

J'étais vexée sur le moment, je pensais que le problème était le comportement de Sasuke, et certainement pas le mien. Je ne l'évitais pas. Il ne m'intéressait pas mais j'étais toujours polie. Par contre, lui montrait bien son désintérêt lorsque je lui adressai la parole. J'accélérai alors le pas et Naruto comprit que je ne dormirais définitivement pas chez lui. Il changea de sujet pour le reste du trajet, et bien sûr, je m'étais calmée. Je n'en voulais pas vraiment à Naruto pour ce qu'il avait dit mais cela m'avait un peu énervée de savoir qu'à bientôt vingt ans, on me reprochait encore ma timidité, et ma discrétion. Ce n'était certainement pas ces éléments qui empêchaient quelqu'un de sympathiser avec un autre, du moins c'est ce que je pensais.

Une fois arrivés devant ma demeure, on se quitta après un baiser d'au revoir. La bonne humeur de la soirée n'avait pas disparu mais elle s'était atténuée. J'entrai donc chez moi en passant par les grandes portes après avoir salué Naruto une dernière fois, ne laissant pas mes mauvais ressentiments ruiner notre si belle soirée. Je traversais l'allée du jardin qui m'emmena au bâtiment principal, saluant d'un signe de tête tous les Hyûga qui surveillaient le clan en cette douce nuit. Je passai la lourde porte en bois, retirai mes chaussures et marchai à pas de loups rejoindre ma chambre sans réveiller personne, pas même en poussant les panneaux qui dévoilèrent mon antre aux murs teintée de couleurs pâles.

J'enlevai mon kimono puis me couchai sous mes draps, trouvant ma chemise de nuit que j'enfilai avec talent sans sortir un orteil des draps. Enfin prête, je fermai les yeux, attendant le sommeil. C'est à cet instant qu'une idée saugrenue surgit dans mon esprit.

Je voulais absolument montrer à Naruto qu'il avait tort, que malgré ma « timidité et ma discrétion », Sasuke et moi pourrions nous entendre, ou bien à défaut, que le brun était le problème. J'en faisais un véritable défi, une mission que j'allais m'appliquer à effectuer pour obtenir des résultats avec brio. Je voulais que l'on cesse de me reprocher des difficultés dans mes relations sociales à cause de ma « maladive timidité ». J'avais progressé, j'étais réservée et Sasuke, lui, continuait à se montrer des plus apathiques.

Il me fallait toutefois trouver le moyen d'atteindre cet objectif. Et comme si mon cerveau fatigué souhaitait me délivrer d'une longue réflexion, je trouvai rapidement une solution : entamer une vraie discussion. Aussitôt, je m'endormis et me réveillai le lendemain après de courtes heures de sommeil.

Le corps lourd, je me dirigeai dans ma salle de bain pour me préparer. L'eau qui s'était écoulée sur ma peau avait entrepris de me réveiller pleinement et la première pensée claire que j'eus fut d'agir dans l'immédiat. J'allais parler à Sasuke dans la journée.

Après m'être habillée de vêtements civils, une tunique lilas et un pantalon blanc, je passai en courant dans les couloirs en évitant la salle à manger, préférant échapper à de potentielles questions sur mon empressement de la part de mon père ou de ma sœur.

Enfin hors du clan, je marchai déterminée au milieu des habitants de Konoha, la grande majorité encore dans l'euphorie de la fête du Hanami. J'avançai en sachant où je devais me rendre pour rencontrer Sasuke. Naruto m'avait un jour expliqué que le brun ne pouvait pas rester seul longtemps dans sa maison et qu'il préférait se promener dans le village. Il aimait alors prendre son petit-déjeuner dans un restaurant sympathique où les propriétaires n'embêtaient pas leurs clients de questions, ce qui convenait parfaitement au caractère de Sasuke. Plus motivée que jamais de prouver que mon copain avait tort, et par extension, montrer à tous que je ne me résumais pas à mon ancienne timidité, je me dépêchais, espérant arriver pendant le repas du brun. Et ce fut le cas.

À l'intérieur de la salle décorée élégamment mais à l'ambiance décontractée, je le trouvai dans un coin plutôt sombre. Je pris mon courage à deux mains et partis le rejoindre. J'arrivai alors devant sa table et m'y assise sans rien demander, sous son regard surpris et froid. Jamais je n'aurai osé faire ça avant, j'étais moi-même étonnée. J'estimai alors que les traces apparentes de ma gêne étaient totalement légitimes. Je regardais cependant Sasuke avec appréhension, attendant qu'il termine sa bouchée avant de débuter ma mission : entamer la conversation. Il me prit tout de même de court :

— Qu'est-ce que tu veux ? C'est Naruto qui t'envoie ?

L'ennui se manifestait déjà dans sa voix et sa deuxième question apportait une autre justification à ma volonté de m'entendre avec lui. Aux yeux des autres, dès que je faisais quelque chose qui sortait de l'ordinaire, ça ne pouvait être que Naruto qui me l'avait demandée. Je ne pouvais pas être à l'initiative… Enfin, dans ce cas précis, ils n'avaient pas totalement tort.

Je répondis finalement à Sasuke en essayant d'être la plus confiante possible :

— Je voulais juste te parler.
— Me parler ?
— Oui, discuter, continuais-je, peu convaincue de ce que je disais.
— Et ça te prend comme ça, d'un coup, soudainement ?
— Oui, enfin, non...

J'hésitai avant de trouver une réponse approximativement adéquate.

— Tout le monde a déjà échangé une conversation dans notre promotion. Mais je crois qu'on ne s'est encore jamais véritablement parlé.
— Je te dis souvent bonjour quand t'es avec Naruto...

C'était vrai, mais ce devait être les uniques mots qu'on se disait alors. Je le laissai réfléchir à son exemple et il se rendit vite compte que je n'avais pas menti.

— ...et je crois que c'est tout.

Je souris, fière de ma trouvaille. Il affichait par contre toujours ce masque imperturbable, quoiqu'une pointe d'agacement s'y était glissé depuis.

— Et tu veux me parler, à cause de ça ?
— Oui.

Et alors que la conversation devait être lancée, un silence s'installa. Il se prolongea. Je ne savais pas quoi dire et il ne parlait pas non plus, ce qui ne m'aidait pas. Je commençais à être embarrassée de ce silence, gigotant mes jambes sous la table et étrangement, ce fut lui qui brisa ce moment.

— Ça change pas grand chose, ta résolution.

Surprise de l'entendre, je mis un certain temps à comprendre le sens de sa phrase, le regardant quelques secondes avant de lui répondre :

— Je suis désolée, je ne sais pas par quoi commencer.
— Hn, il ricana narquoisement, c'est toi qui as décidé. Je te laisse te débrouiller.

Et il continua de manger, confirmant ses dires. Il n'affichait cependant plus une expression placide, mais elle restait peu accueillante, voire même assez mesquine. Je débutai alors de façon banale, me souvenant des conseils de Kiba lorsqu'il me coachait pour vaincre ma timidité maladive.

— Tu as prévu de faire quoi aujourd'hui ?
— Je mange, je pars m'entraîner et je rentre me reposer pour ma prochaine mission, énonça-t-il avec pragmatisme.
— Tu travailles en équipe ?
— Non, seul.

Et la discussion ne se fit que dans ce sens. Je posais des questions, trouvées avec difficultés et, certes, il y répondait mais il n'en posait jamais. Il ne disait que des réponses fermées. Je n'appelais pas ça une discussion mais un interrogatoire et ce n'était ni agréable pour lui, ni pour moi. Je m'arrêtai donc, je n'avais en outre plus de questions. Il me tendit plutôt brusquement une de ses assiettes, ce qui me surprit. Je le questionnai du regard et il me répondit tout en continuant son repas.

— Mange ça, les gens autour me regardent bizarrement.

Je regardai autour de nous et effectivement, certaines personnes le détaillaient avec mépris, apparemment car il mangeait devant moi tandis que je n'avais aucun plat. Je le remerciai alors et pris l'assiette. Son geste était peut-être fait par rapport aux regards des autres, mais il me fit plaisir, surtout que j'avais faim puisque je n'avais pas manger ce matin. J'avais été surprise qu'il se souciait du regard des autres cependant. Il souhaitait certainement ne pas vouloir se faire remarquer.

Dans le plus grand des silence, je terminai l'assiette qu'il m'avait tendu, et lui son repas. Je fus reconnaissante mais aussi gênée quand il paya tout, sans même me laisser contester. Il se dirigea ensuite vers la sortie et je le suivis. Il continua de marcher ainsi dans la rue, sans porter d'attention à ma personne et je le suivais, en espérant avoir l'occasion de sympathiser un peu. Il parla sans se retourner et sans s'arrêter.

— Tu vas me suivre encore longtemps ?

Je trouvai son ton désagréable mais n'en fis pas la remarque. J'optai plutôt pour une prise de parole aimable, chose habituelle de ma personne.

— J'ai envie de savoir à quoi ressemble... une journée de Sasuke Uchiwa.

Il ne me répondit pas et continua son chemin. Je le suivis, accélérant légèrement pour être à ses côtés, m'attendant à tout moment qu'il m'ordonne de partir. Puis, sans tourner la tête dans ma direction, il me déclara :

— Tu verras que ce n'est pas si spécial que ça.

Il dut sentir mon soulagement car je le vis esquisser un micro sourire sur le côté. C'est ainsi que je réussis à me socialiser avec lui pour la première fois.

Il m'avait prévenu que la journée ne serait pas si spéciale. Peut-être que cette agitation autour de sa personne était habituelle pour lui, mais ça ne l'était pas pour moi. C'était même éreintant et au final, très spécial. Je m'étais aperçue de la proportion de jeunes femmes à Konoha en marchant à ses côtés dans la ville. Des groupes d'amies essayaient d'attirer l'attention de Sasuke de façon plus ou moins élaborée, mettant leur silhouette en avant par exemple en se baissant pour ramasser un objet malencontreusement tombé, ricanant fortement ou bien en l'interpellant, carrément. Il les ignorait à chaque tentative, elles semblaient même faire partie du décor pour lui. J'aurais alors aimé faire de même mais, même si la majorité n'avaient d'yeux que pour lui, certaines cherchaient à m'éloigner de Sasuke et me menaçaient de leurs regards jaloux. Je déteste être remarquée et je me sentais donc affreusement mal à marcher aux côtés de l'Uchiwa. Ce fut ainsi un soulagement lorsqu'on arriva à son lieu d'entraînement. Plus aucune personne n'était en vue dans cette clairière. J'observai tout de même minutieusement derrière les troncs et les feuillages, les buissons et l'étang, à la recherche de la moindre groupie. Heureusement, il n'y avait rien. Je soupirai fortement et Sasuke renifla, moqueur.

— Je te laisse te débrouiller avec les espions, je vais m'entraîner personnellement.

Puis, ne me laissant pas le temps de lui répondre, il partit sur l'étang et commença divers enchaînements rapides. N'ayant plus que cette possibilité, je m'entraînais de mon côté après quelques minutes ou je n'avais rien osé faire.

L'après-midi arriva avec les gargouillis de mon ventre. Assez loin de lui, j'espérais qu'il n'avait rien entendu et ce fut en me construisant une carapace mentale à toutes moqueries potentielles de sa part que je le vis approcher de moi, trempé.

— On arrête, je vais manger.
— D'accord, je répondis comme une sage élève.

Il n'avait apparemment rien entendu pour mon plus grand soulagement. Il se mit ainsi en route, malgré ses vêtements et ses cheveux mouillés. Je le savais avant même qu'on atteigne la ville ; ses admiratrices étaient encore plus excitées qu'au matin. Sasuke n'y prêtait vraiment aucune attention, ça me fit sourire. Il s'arrêta soudainement, si brusquement que je faillis le percuter.

— Tu vas encore me suivre ? me demanda-t-il sur un ton assez neutre.
— Euh, oui, sauf si tu veux que je parte, lui répondis-je assez timidement.

Il ne me dit rien et reprit son chemin. Je pris cela pour une invitation et continuai aussi. C'est ainsi que se déroula la fin de la journée. Je mangeai avec lui, à nouveau, mais de façon plus complète, discutant uniquement des stratégies politiques puis je me joignis à lui dans sa ballade au bord de la rivière qui coulait à Konoha. Je compris qu'il aimait bien cet endroit, il n'y avait pas beaucoup de monde. On ne parla pas vraiment mais ce n'était pas désagréable de juste marcher et de profiter de l'air frais du jeune printemps. Je le laissai finalement quand il me dit qu'il rentrait chez lui. Je le saluai de la main et le regardai partir, lui les mains dans les poches, et moi heureuse de ce que j'avais réussi. Il n'était pas si désagréable à vivre, il suffisait d'être patient et endurant et je possède ces qualités.

Une fois qu'il disparut de mon champ de vision, je décidai de continuer la ballade au bord de cette rivière. Cette journée-là, je la terminai avec Naruto que je trouvais sur mon chemin, assis sur les berges. Il m'accueillit de son sourire étincelant comme d'habitude et je lui racontais ma journée en compagnie de Sasuke. Il en fut très étonné et me félicita avant de s'excuser pour ce qu'il avait affirmé le soir précédent. J'étais assez fière de moi mais je ne savais pas à cet instant que je venais de m'engager sur un chemin diabolique.

La semaine qui suivit, j'enchaînai mission sur mission. Je me retrouvai donc vite fatiguée et malade. Je dus prendre quelque jours de repos, forcée, et voulus alors en profiter pour passer du temps avec Naruto. Mais ce dernier était en mission pour une semaine, tout comme mes amis Kiba et Shino. Quand j'y repense, tous les obstacles qui m'auraient empêché de m'enfoncer dans cette voie avaient été écartés, comme par miracle.

Je me retrouvai ainsi seule à marcher dans les rues, sans réel but. J'aperçus alors Sasuke qui avait l'air de faire quelques achats. Il me vit aussi et me fit un simple signe de la tête. N'ayant rien à faire, je le rejoignis.

— Bonjour Sasuke.
— Salut.

Son ton n'était pas sec, mais je sentis un certain embêtement. Il avait arrêté pour quelques secondes de fixer différentes tenues dans une vitrine avant de reprendre son observation. Je suivis son regard et découvris des tenues de ninjas et kunoichis. Il semblait ne pas savoir laquelle choisir. Sans lâcher les vêtements des yeux, il me dit :

— Comme t'es là, tu vas m'aider.

Il a cette manière de parler avec autorité sans le chercher. Mais je n'avais rien à faire et puis, j'aime aider.

— Euh, je veux bien, mais en quoi puis-je t'aider ?
— Je n'arrive pas à choisir, tu me conseilles quoi ?

Cela me surprit qu'il me demande cela. Sasuke avait toujours eu bon goût pour ses vêtements, ça allait avec son personnage. Alors qu'il me demande à moi, une presque inconnue... Je pris cela comme un compliment et décidai de m'investir au maximum. Je détaillai différentes tenues côté homme et j'allais en désigner une plutôt sombre mais il m'arrêta de sa voix.

— C'est pas pour moi.
— Ah, euh, c'est pour qui ?

Je me dis à ce moment qu'il voulait offrir ce futur achat à Naruto, et qu'il me demandait conseil, car je devais bien le connaître. Mais ce qu'il déclara me surprit.

— C'est pour une femme.

Je compris alors le ton bizarre qu'il avait eu en me saluant. Il avait été légèrement gêné, pensant que j'avais compris dès le départ qu'il regardait les tenues féminines. Mais il s'était bien vite contrôlé et avait même transformé ma présence en quelque chose d'utile. J'étais cependant étonnée qu'il me l'avoue ainsi, sans le moindre détour. Mais j'étais surtout terriblement curieuse de savoir pour quelle femme en particulier il souhaitait acheter des vêtements. Je m'abstins de toutes questions indiscrètes, toutefois, n'en posant qu'une nécessaire pour que je l'aide.

— Qu'est-ce qu'elle aime ?
— Des tenues assez près du corps, mais pas trop moulantes. Et le rose.
— C'est pour Sakura ?

Immédiatement, je mis mes mains devant ma bouche. J'avais pensé à haute voix et toute la surprise s'était entendue dans ma question. Il me fusilla si bien du regard que j'eus l'impression qu'il allait activer ses sharingans et me plonger dans la torture.

— Tais-toi maintenant que t'as deviné.

Je hochai la tête avec une légère crainte, ne voulant surtout pas le contrarier, et encore moins sur ce sujet. Mais intérieurement, j'étais tout excitée suite à ce que je venais d'apprendre. Je regardai alors la vitrine exposant les tenues féminines. Il ne remarqua pas le léger sourire qui s'était installé sur mes lèvres. J'avais trouvé son petit emportement mignon, et trouver Sasuke mignon était presque contre nature. Cet être insensible semblait s'intéresser de plus près à sa coéquipière de toujours, et ça l'embarrassait que je le sache.

— Je serai muette comme une tombe, chuchotais-je.
— Dis-toi être chanceuse d'être malade, je t'aurais torturée sinon.

J'hoquetai, offusquée et presque craintive. J'avais eu raison quand je pensais qu'il aurait pu me torturer avec ses sharingans. Mais je me rendis compte qu'il avait remarqué mon état de santé et je me dis que je devais vraiment être blafarde. Il dut remarquer mon étonnement mais ne s'en soucia pas, il revint plutôt au sujet principal.

— Alors, laquelle je prends ?

Je mis de côté mon petit choc pour honorer le rôle, plutôt précieux, qu'il m'avait confié. Il pouvait être difficile à suivre.

— Je pense qu'on devrait entrer pour en voir plus et toucher les tissus.

Il opina de la tête et me suivit à l'intérieur. La grande quantité de vêtements disponibles me fit hésiter mais je lui montrai au final un ensemble rose pâle composé d'un haut à col montant, à manches mi-longues et d'une jupe de la même couleur arrivant à mi-cuisses. La cotte de maille était visible au niveau des épaules, du bas-ventre et en-dessous du genou sur les leggings noirs fournis avec. Je n'aurais pas pu la porter mais je trouvais la tenue très féminine et assez coquette pour Sakura. Sasuke se montra satisfait puisqu'il me prit le cintre des mains afin de l'acheter.

Une fois sortis de la boutique, il me demanda à quel point j'étais malade pour ne pas être en mission, comme les autres. Je souris légèrement en lui répondant que j'avais une grippe assez importante puis lui retournai la question, car lui non plus n'était pas en mission. Il m'expliqua qu'il avait enchaîné un nombre de missions conséquent ces derniers temps et qu'on jugeait qu'il devait se reposer. Nous étions donc tous deux contraints au repos pour cinq jours, en même temps, à croire que l'Hokage avait participé à notre rapprochement.

Puis, sans que l'on s'en rende vraiment compte, on marcha dans les rues du centre-ville en parlant. Quand j'y repense, je m'impressionne. Étrangement, on avait parlé avec facilité ce jour-là, tant et si bien qu'il m'invita à prendre un thé chez lui, ce que je ne pouvais pas refuser, par politesse. Mais je sais que j'en avais aussi envie.

J'entrai alors pour la première fois chez lui et je ressentis instantanément la froideur du lieu. Son salon n'était aucunement chaleureux : blanc, noir et gris étaient les couleurs régnantes. La pièce était pragmatique, impersonnelle : pas de décorations, pas de petits objets inutiles, tout était rangé minutieusement. Me laissant à mon observation, il posa son sac sur la table basse et me demanda :

— Un thé vert ?
— Oui, merci.

Il partit en direction de la cuisine et me laissa dans le salon. J'attendis debout, n'osant pas m'installer dans le canapé et j'en profitai pour me moucher, discrètement. Il revint avec deux tasses et tiqua, amusé apparemment de me voir encore debout. Il s'assit dans le canapé et m'invita à faire de même en me tendant une tasse. Je m'assis à ses côtés, à l'autre extrémité sans y réfléchir, le remerciait puis j'allais tremper mes lèvres dans le liquide chaud mais m'arrêtai au dernier moment, remarquant qu'il me fixait. Une idée saugrenue me passa par la tête.

— Tu m'as invitée pour m'empoisonner, c'est ça ?

Il fut silencieux durant quelques secondes et partit dans un rire franc. Je fus surprise autant par ma bêtise que par cet éclat. C'était la première fois que je le voyais rire. Et je l'ai trouvé vraiment beau ainsi. Il me dit en ricanant :

— Bois, on verra bien.

Je lui souris timidement, un peu gênée et goûtai son thé. Il était parfait, justement infusé. Je complimentai le « cuisinier » qui me remercia avant d'y goûter finalement. Le très léger plissement de ses yeux me fit comprendre que ça lui plaisait aussi. En plus du bon goût, je profitai de la chaleur qui se diffusait à mes doigts.

— T'es vraiment blanche en fait, remarqua-t-il entre deux gorgés.

J'avais fermé les yeux sans m'en rendre compte et les rouvris pour le regarder. Je ne savais pas quoi dire. Je haussai simplement les épaules et bus à nouveau dans ma tasse alors qu'il posait la sienne. Il se tourna de façon à me faire entièrement face et prit une expression plus sérieuse que d'habitude.

— Tu dois garder pour toi ce que tu as vu aujourd'hui à la boutique.

Je n'eus même pas le temps de confirmer qu'il parlait bien de lui en train de choisir une tenue pour Sakura qu'il m'attaqua.

— Je sais ce qu'il s'est passé lors de ta première fois avec Naruto.

Je lui recrachai immédiatement tout le contenu de ma bouche à la figure, lui décrochant une grimace dégoûtée.

— T'es malade ! s'exclama-t-il en s'essuyant le visage.

Il me regarda ensuite avec un sourire malsain. Je n'étais alors plus du tout blafarde, le rouge avait recouvert ma figure entière, je le savais. Mes rougissements étaient une malédiction. J'avais lâché ma tasse et donc renversé tout son contenu sur le canapé noir de Sasuke. Et le premier geste que j'avais fait après cette paralysie était de cacher mon visage de mes mains, la technique de l'autruche.

J'avais honte à un tel point. Ce n'était pas possible, comment Naruto avait pu lui expliquer cela ! Je n'entendais même pas Sasuke s'énerver contre la pagaille que j'avais mise sur son canapé et ne pensais qu'à ce qu'il m'avait révélé. Je voulais juste disparaître et j'étais pourtant paralysée sur son canapé, devant lui. Je sentis deux mains sur les miennes qui les écartèrent de mon visage et découvris le visage de Sasuke, narquois, bien plus proche qu'avant. Je ne réfléchis pas vraiment et eus juste le réflexe de lui donner un coup de tête, de me lever et de courir pour m'enfuir de chez lui. Il me rattrapa cependant par le bras depuis le canapé et me tira si fort qu'il me fit passer par-dessus le dossier. Je me retrouvai alors avec malheur couchée sur lui, qui se massait négligemment le nez et me dit ensuite, sardonique.

— Tu t'es évanouie juste avant le moment conclusif, n'est-ce pas ?

Il ne m'avait même pas laissé le temps de crier à cause de ma position sur lui qu'il m'avait achevé. Je sentis que j'allais implosée. C'était la plus grande gêne que je ressentais, justement, depuis ce fameux soir durant lequel, après m'être évanouie alors que j'allais expérimenter les plaisirs charnelles avec Naruto pour la première fois, je m'étais sentie mortifiée. Cette immense honte, je la ressentais à présent, en bien plus fort. Ces émotions me donnèrent un mal de crâne atroce et, je m'évanouis, à nouveau.

Je me réveillai dans le fauteuil en face du fameux canapé noir. J'espérai tant avoir vécu un cauchemar, mais Sasuke me rappela que c'était bel et bien la réalité.

— Désolé, je ne voulais pas te donner de fièvre.

Il revenait de la cuisine avec un tissu humidifié. Je me touchai le front et effectivement, j'étais brûlante. Je compris pourquoi j'avais ce mal de crâne et l'impression qu'on me frappait la tête à coup de massue. Il s'agenouilla devant moi et me mit le tissu humide sur le front en soupirant. Je ne bougeai pas, je ne pouvais pas de toute façon mais je voulais rentrer chez moi. J'étais encore un peu mal à l'aise mais, je ne sais pas si c'était la fièvre ou si c'était l'abandon de dignité, en tous cas, ma honte avait grandement diminuée. Je voulus lui dire ce que je pensais de tout ça, que c'était vicieux, que je me sentais trahie par Naruto mais ma voix était complètement enrouée.

— Sasuke... j'appelai difficilement avec une voix craquelée.
— Je m'excuse Hinata. Mais je me suis sentie menacé. Et le vrai fautif dans l'histoire, c'est Naruto. Après tout, je ne lui ai jamais rien demandé.

Il avait raison mais il se justifiait comme un enfant pris en faute et cela me détendit jusqu'au point de me faire rire doucement. La fièvre ? Le décès de ma dignité ? Je ne sais pas toujours pas, mais ce rire me fit du bien après ce sentiment d'humiliation. Sasuke haussa un sourcil avant de me demander :

— C'est drôle ce que je te dis ? Tu t'es pourtant évanouie il y a quelques instants ?
— J'ai plus rien à te cacher de toute façon. Tu connais mon plus grand secret.
— C'est vrai, admit-il finalement. Et toi le mien.

Il se redressa et partit pour nettoyer son canapé. L'atmosphère s'apaisa finalement. Je passai le reste de mon après-midi dans ce canapé, à raconter tous les moments les plus embarrassants de ma vie, comme complètement libérée de toute gêne grâce à ma fièvre. J'étais malade, mais cette décontraction que j'avais à raconter de tels événements était merveilleuse, et je voulus en profiter un maximum.

Il y a ensuite un véritable trou noir, une absence absolue de souvenirs. Je me réveillai dans l'incompréhension, le froid et la douleur. Je compris finalement que j'étais portée sur le dos de quelqu'un que je ne reconnus pas immédiatement.

— Je vous apporte Hinata, elle est malade comme une pestiférée, je le crains.

Je reconnus la voix de Sasuke. Il me portait et m'avait emmenée chez moi. J'ouvris les yeux pour vérifier et reconnus malgré le flou de ma vision mon entrée.

— Merci Uchiwa.

C'était mon père. Je me sentis glisser du dos du jeune et aux bras de mon père. Je simulai le sommeil, je n'avais pas envie de donner une explication à mon père et de toute façon, je n'étais même pas sûre que j'arriverais à dire des phrases compréhensibles. La tête dans le vide, mon père avança et me porta jusque dans ma chambre. J'entendais des grognements très forts et compris après une réflexion laborieuse que c'était mon père qui râlait. Il prit soin de moi et me mit sur mon lit. Je voulais qu'il me couvre d'une couette bien chaude mais il n'étala sur moi qu'un léger drap. Je m'endormis cependant rapidement, ne pensant même plus aux tremblements de mon corps, intérieurement gelé et pourtant bouillant à l'extérieur.

Quand je me réveillai, le soleil était déjà bien haut dans le ciel. Je regardai mon réveil et constatai qu'il était plus de treize heures. Je me levai en sursaut et retombai sur mon lit, prise d'un petit vertige. J'attendis que cette faiblesse passe et me levai cette fois lentement pour rejoindre la salle de bain d'un pas traînant. Je me positionnai devant le miroir et allumai les lumières autour du cadre qui m'éblouirent. Je me souviens encore de ma tête affreuse, plus blanche qu'un cadavre et de mes yeux aussi cernés de noir que ceux d'un panda. J'avais soupiré sachant que je ne pouvais rien y faire tant que j'étais malade. Je rinçai cependant mon visage et pris une douche bien chaude même si je savais que j'avais encore de la fièvre. J'avais besoin de chaleur en plus d'enlever toute la transpiration de ma nuit. Je partis ensuite essayer de trouver quelque chose à manger que je pourrais avaler malgré mon manque d'appétit.

Mon après-midi fut ensuite d'un ennui terrible. Malade comme un chien, j'étais restée chez moi, surveillée néanmoins par les domestiques de la maison, par le clan et même par mon père d'assez loin. Mais tout le monde était occupé et je devais me divertir seule. J'avais des courbatures dans tout le corps et ne pouvais que rester allongée ou assise.

À seize heures, je lisais depuis bientôt une heure quand on m'avertit que j'avais de la visite. Je levai les yeux de ma lecture pour regarder la Hyûga d'une trentaine d'années qui m'avait prévenue. Elle me dit qu'il s'agissait de Sasuke. Tout d'abord très étonnée, je fus finalement contente de savoir qu'il était venu me voir. Je demandai alors de le laisser entrer et de le guider jusque ma chambre. Je n'avais tout simplement pas la force et encore moins l'envie de quitter mes douillets oreillers.

Après une minute ou un peu plus, il m'avait rejointe. J'étais coconnée sous mes couvertures et lui souris quand il entra en lui indiquant mon fauteuil proche de la fenêtre. Il s'y dirigea, l'amena près de la tête de mon lit et s'y assit. Je me retournai sur le côté afin de le regarder et de le remercier pour hier mais aussi d'être venue me rendre visite ce jour-ci. Il me dit que ce n'était rien mais je ne le pensais pas.

Sasuke me surprenait de plus en plus. Je me rendais compte que toutes les idées que j'avais de lui étaient fausses. Il n'était pas insensible ou bien égoïste, il était juste difficile à cerner et particulièrement renfermé. Mais il s'inquiétait des autres, il me l'avait montré à plusieurs reprises depuis que j'avais décidé de lui parler, il y avait seulement deux jours. Et je crois que ce fut une des meilleures surprises que j'eues à ce moment.

Il me demanda comment j'allais depuis et je lui répondis que je comprenais pourquoi on m'avait mise en repos. Il sourit très légèrement et je remarquai pour la première fois cette particularité qu'il a de plisser presque imperceptiblement ses yeux quand il s'apprête à devenir un peu sardonique. Je m'inquiétai alors de ce qu'il allait me dire.

— Tu te rappelles ce que tu m'as raconté pendant ton délire ?
— Je ne veux pas... m'en rappeler, lui avouai-je alors que mes méninges devinrent intensément actives.
— Dis-toi que j'en sais vraiment beaucoup maintenant, conclut-il avec un amusement qu'il avait du mal à dissimuler.

Mes méninges avaient rapidement ravivé cette étrange instant durant lequel j'avais raconté mes plus grandes hontes sans complexe. Je décidai de ne rien dire de plus, j'étais complètement vulnérable à présent. Pour me montrer insensible, je feignis de reprendre ma lecture et réfléchis plutôt aux secrets que j'avais sur lui, et le seul que je détenais était qu'il s'intéressait à Sakura. Mais ça ne valait rien.

Elle l'aimait depuis toujours, ils seraient ensemble dans peu de temps. Il se racla la gorge pour me retirer de mes pensées et m'enleva en même temps mon livre des mains en laissant échapper un petit rire étouffé. Il avait bien vu que j'essayai de fuir. Je rougis alors, un peu embêtée de cette situation et pour changer l'attention qui m'était portée, je lui demandai la raison pour laquelle il était venu me voir. Je savais bien que c'était une question un peu naïve, mais c'était la seule que j'avais trouvée, et puis, elle était légitime. C'était surprenant qu'il soit venu cet après-midi-là. Il me répondit en s'adossant dans le fauteuil :

— Voir si tu vivais encore. Et aussi pour me repentir, un peu.
— Te repentir ? ai-je demandé, assez perdue.
— Je vais te raconter une chose embarrassante par jour jusqu'à ce que tu sois rétablie, me répondit Sasuke, me choquant cette fois.

Je souris grandement en communiquant ma joie et ma curiosité excitée. Sasuke s'ouvrait à moi, j'avais l'impression que c'était une chose unique et qu'il ne partageait ce genre de moments qu'avec un nombre restreint de personnes. Je me demandai cependant s'il était comme ça avec les personnes qu'il considérait comme proches ou si c'était vraiment par pure repentir. Si c'était le cas, je me dis qu'il possédait un esprit bon que je n'avais pu lui attribuer jusqu'alors. Je me redressai et m'assis en tailleur avec la couverture qui m'entourait pour être la plus attentive possible. Il prit une expression stoïque et commença.

— Je vais te raconter une de mes missions… affligeantes.

Curieuse, j'écoutai le moindre de ses mots et la chute était exceptionnelle, dans les deux sens du terme. Il m'avait avoué que Naruto était son premier baiser ! Un point commun que j'avais avec lui. Alors qu'ils se battaient, les deux avaient chuté et avaient terminé par s'embrasser malencontreusement. Mon rire remplit ma chambre, et j'eus du mal à l'arrêter. Il ne s'indigna à aucun moment et resta impassible tout du long jusqu'à ce qu'une quinte de toux me saisisse et qu'il rigole avec moi, avec plus de retenue.

Cette ambiance bon enfant se reproduisit chaque jour de ses visites. J'attendai ces moments avec impatience dès le lendemain. Il passait dans l'après-midi, je l'accueillais avec une boisson chaude et il me racontait ses anecdotes avec le plus grand sérieux, des petits secrets qui me faisaient toujours rire. Puis on parlait de tout et de rien. L'étonnement du départ de constater cette sociabilité était oublié, je découvris durant ces journées une face de Sasuke inconnue du grand public. Il avait certes toujours une part de mystère, taciturne et parfois mesquine, mais ça faisait un beau mélange pour une personne curieuse comme moi.

Lors de mon dernier jour de repos, j'étais à peu près rétablie et je pouvais enfin sortir de chez moi. Il était à peine dix heures que j'étais déjà dehors afin de profiter de l'air pur du matin. Je devais aussi rencontrer Sasuke dans un petit parc mais plus tard dans la journée.

En l'espace de seulement quatre jours, notre relation avait évolué d'une façon phénoménale quand j'y repense. Je le considérais déjà comme un ami. Chacun gardait les secrets de l'autre mais je ne me suis pas sentie liée par une quelconque de menace, plutôt par une complicité. Et j'espérais que c'était ce qu'il ressentait de son côté. Je savais néanmoins qu'une sorte de confiance mutuelle s'était installée entre nous et je n'arrêtais pas de penser à la réaction de Naruto une fois rentré deux jours plus tard quand il nous verrait parler et même ricaner ensemble.

Prévoyante comme toujours, j'avais de l'avance sur notre rendez-vous ; on devait se rejoindre pour treize heures et « après déjeuner » avait bien précisé Sasuke. Je profitai alors des trois heures de libre pour remettre mes muscles en état et alternai entre course au sol et sur les toits.

Après avoir mangé le bentô que ma petite sœur m'avait gentiment préparé, je rejoignis Sasuke qui m'attendait dans le parc. Il m'accueillit en me disant que j'avais meilleure mine et l'on entama une conversation simple, comme on en avait pris l'habitude lors des après-midi derniers. Sasuke aborda finalement le véritable sujet de notre rencontre après quelques minutes. Il avait l'air anxieux et cela m'étonna, quoiqu'un peu moins que si je n'avais pas passé du temps avec lui.

— J'ai besoin de conseils, déclara-t-il gravement.

Il s'arrêta, comme bloqué et il fallut que je lui tire les vers du nez pour qu'il m'avoue tout.

— Des conseils pour quoi exactement ?
— Pour Sakura.
— Ah... je pus seulement expirer alors que je me demandai comment j'allais pouvoir l'aider dans ce domaine, la pression augmentant.

Aujourd'hui, je pense que beaucoup aurait donné pour vivre ce que j'ai vécu à ce moment. Sasuke me demandait des conseils, en amour. Qui aurait pu le croire ?

Malgré la responsabilité dont je me sentais attribuée, un léger sourire avait pris place sur mes lèvre. J'étais attendrie, mais je pris ma tâche très au sérieux. Je me basais sur ce qu'Ino m'avait raconté de ses diverses expériences, de ses ressentis face aux différentes déclarations qu'elle avait reçues et je lui dis timidement aussi ce que j'appréciais. Il m'écoutait comme si je lui enseignais de nouvelles techniques de combat.

Une fois que j'eus terminé, il changea radicalement de sujet, comme si ce qu'il s'était passé n'avait jamais existé. Je ne pus m'empêcher de rire intérieurement face à ce comportement mais je ne dis rien, je ne souhaitai pas l'embarrasser. Il m'emmena au terrain d'entraînement, prétextant qu'il voulait me remettre à niveau. Je devinai qu'il s'agissait d'une excuse pour se redonner une contenance.

Si j'analyse bien, je crois que c'est à partir de ce moment que ce sentiment est apparu en moi. Pourquoi ? Était-ce parce qu'il m'intriguait, me paraissait inaccessible, voire même interdit ? Ou simplement parce que j'avais cette impression qu'il ne se confiait qu'à moi ?

Pendant qu'il me faisait travailler mes enchaînements, je fis des erreurs grotesques à cause de ma récente maladie. Sasuke ne put s'empêcher de me taquiner dessus et rit aux éclats, sans plus aucune retenue, se relâchant complètement. J'arrêtai tous mes gestes et le regardai rire. Il m'apparut à ce moment beau, comme la première fois que je l'avais vu rire. Mais cette fois, je trouvais ce rire merveilleux et je ne voulais pas qu'il arrête. Je me repris finalement, mais il avait remarqué que quelque chose n'était pas habituel dans mon comportement.

— Quelque chose ne va pas Hinata ?
— Je ne sais pas, lui ai-je répondu sincèrement, encore éblouis par ce dont je venais d'être témoin.

Je me rendis soudainement compte que je le contemplais et rougis vivement. Il leva un sourcil devant ma réponse et mon comportement plus que bizarre puis se rapprocha. Je reculai et lui dis en bafouillant que je devais finalement rentrer. Il opina simplement de la tête et ne chercha pas plus loin. Je le saluai d'un signe de tête et me retournai afin de partir. Je l'entendis cependant me dire :

— Viens chez-moi demain, à vingt heures. Je te dirai comment ça s'est passé avec Sakura.

Je me retournai et lui dit en souriant que je serais là, même si c'était étrange ces confidences dignes des meilleurs amis. Il sourit très légèrement et je compris qu'il me remerciait. Je repris alors mon chemin et débutai une réflexion sur mon comportement. La paralysie contemplative que j'avais eue l'espace d'un instant était partie aussi vite qu'elle était arrivée.

Je sais maintenant que son rire a été l'élément déclencheur. Inconsciemment, j'ai cherché à l'entendre à nouveau, à le voir sourire ainsi encore une fois, car c'était un moment rare non pas que pour moi, mais pour tout le monde. Le voir rire ainsi, s'enlever toute retenue, relâcher toute vigilance me faisait me sentir unique. Et j'avais aimé cette sensation qu'il m'avait procurée l'espace d'un instant, si bien qu'il m'avait paru merveilleux. Le problème, c'est que j'apprécie toujours cette sensation.

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