Pov Ange

J'avançais dans les couloirs en direction de la salle de classe qui me servait à rattraper mon retard par rapport au déroulement des cours anglais. J'étais un peu stressée mais ayant déjà eu deux soirées de révision avec lui, je me détendais un peu maintenant, car jamais Drago n'avait parlé de l'incident qui nous avait permis de se parler une première fois.

Je m'étais rapprochée de lui grâce à Dumbledore. Selon lui, les maisons devaient être soudées, les rivalités devaient cesser. Forcément, je n'en voyais pas l'intérêt puisque je venais de débarquer, mais autant en profiter pour rencontrer de nouveaux amis. Pour l'instant, je travaillais avec Lena de Poufsouffle, et Jackson de Serdaigle. Les deux étaient aussi adorables l'un que l'autre. Mais Drago Malefoy n'était pas sur ma liste des éventuels amis si on pouvait dire. Son attitude froide et hautaine, avait plutôt le don de me révulser.

Mes bouquins de potions serrés contre ma poitrine, je grimpais les escaliers rapidement jusqu'à une salle de classe vide, sans tarder à trouver l'entrée et pénétrer à l'intérieur. Le cœur battant –sûrement pas à cause des escaliers- j'installais mes affaires sur la table, des livres jusqu'aux chaudrons jusqu'à ce que j'entende la porte claquer derrière moi. Avec un léger sursaut, je me tournais vers l'entrée.

« Salut » je lançais en direction de Drago, qui venait d'arriver et pliait déjà sa cape soigneusement pour la déposer sur son dossier, sans répondre à ma salutation.

Il était beau, personne ne pouvait me contredire. Ses grands yeux bleus me scrutaient, ses cheveux blonds presque blancs encadraient son visage fin et il avait une certaine allure. Mais son attitude gâchait tout.

Il s'approchait de moi et s'installait sur une chaise, et me lançait finalement :

"Bon écoute, j'aimerais mieux faire autre chose ce soir, mais comme Dumby nous le force... au travail."

Je serrais les dents pour justement ne pas casser les siennes et je déposais mon encre, ma plume et mon parchemin sur le bureau, puis j'ouvrais mon livre à la page des potions aveuglantes. Finalement il m'ignorait presque, ce devait être une réelle corvée pour lui de me donner ces cours. Ça avait au moins le mérite de me recentrer sur mes études !

Je l'observais mettre en place ses affaires. Il était redoutable dans cette matière, moi je n'étais pas bonne du tout et le professeur Rogue me le faisait bien comprendre chaque fois que j'échouais à un examen. Nous nous mettions rapidement à travailler studieusement.

Quand je commençais à me tromper, j'entendais un claquement de langue réprobateur, ou alors un "Putain Fire, apprends à lire ! Il est noté de hacher les branches, pas les couper vulgairement !" souvent suivi d'un "Non mais, c'est pas vrai tu le fais exprès ?" et d'un "Et bien ce n'est pas trop tôt, ca commence à rentrer dans ta tête."

Après une heure et comme si de rien n'était, nous étions en train de faire mes devoirs de rattrapages sans parler une seule fois de nous, comme d'habitude. Nos échanges restaient purement… professionnel si on pouvait dire. Puis…

« Tu es poursuiveuse. » me lançait-il de but en blanc alors que je venais de nettoyer mon chaudron et que je m'installais pour recopier les étapes de la préparation de la mixture.

Ce n'était pas une question et cela m'étonnais. Je ne comprenais pas comment il pouvait le savoir puisque je n'étais jamais montée sur un balai à Poudlard, et je n'en parlais pas, sauf à la table des Gryffondors. J'ignorais sa question pendant un instant, feignant être très impliquée dans mon problème. J'avais envie de le contrarier, tout comme lui était grossier. Mais la curiosité prenait le dessus.

Je relevais la tête vers lui, en levant ma plume en l'air pour ne pas tâcher d'encre mon parchemin.

« Comment tu le sais ? » je lui rétorquais en le regardant.

Il souriait légèrement avec son air supérieur, sans doute content de me prendre par surprise. Pauvre mec.

« Tu es inscrite sur le tableau d'affichage pour les essais… » disait-il avec évidence.

Et merde, pourquoi tout était public ici ? Je ne pensais pas qu'Harry le marquait ainsi à la vue de tous, cela me dérangeait un peu, surtout si je n'étais finalement pas retenue dans l'équipe.

« Je vais tenter ma chance, il n'y a rien de fait… » je disais en le regardant dans les yeux un cours instant, puis je replongeais dans mes potions. Il était évident qu'il jouait au quidditch vue sa carrure.

« Et toi, quel poste ? » je demandais finalement en tentant de prendre un air innocent.

J'évitais de croiser son regard bleu, faisant semblant de trouver égal qu'il joue ou non. En réalité, j'étais très excitée à l'idée qu'il puisse jouer : si j'étais prise, nous serions rivaux sur le terrain. Et cette fois, je comptais bien lui montrer qui prendrait un air hautain et dédaigneux.

« Attrapeur. Nous organisons aussi des sélections dimanche. Nous devrons partager le terrain… J'espère que Potter ne fera pas son cinéma. » se lamentait-il en observant ses ongles.

La conversation devenait trop prenante pour que je puisse continuer mon problème. Je relevais les yeux vers lui, les sourcils légèrement arqués. Je savais qu'il existait une profonde rivalité entre Drago et Harry, Hermione me l'avais confié. Et toute l'école le voyait bien, dès qu'ils se croisaient dans un couloir, c'était presque la guerre. Seulement, j'appréciais passer du temps avec Harry et j'avais besoin de Drago pour mes études. Je restais à ma place et je ne me mêlais de rien. Mais je n'aimais pas le ton que venait d'employer Drago.

« Comment ça ? »

Drago avait croisé les bras et installait ses pieds sur le bord de la table, à l'opposé de nous. Apparemment il ne tenait plus à travailler, mais à discuter.

« Oh… eh bien il va croire que nous avons fait exprès de prendre le terrain. Il dira que l'on cherche à vous déstabiliser... cela finira mal, comme toujours. Il est trop à fleur de peau. »

J'étais étonnée d'apprendre une chose pareille.

« Mais non, c'est ridicule. Tout se passera bien si chaque maison reste à sa place ». j'expliquais d'un ton un peu plus sec que je ne l'aurai voulu.

Sans rien ajouter, je rangeais mes affaires. Après tout, nous avions terminés mes devoirs, j'étais en avance pour la semaine prochaine. Je me levais, le sac sur mon épaule.

« Bon, je vais rentrer. A plus. » Il était tard, je baillais déjà.

Sans attendre, le blond se levait de sa chaise et s'approchait de moi.

« C'est le week-end. On peut aller boire un verre ? »

Je déglutissais difficilement, d'habitude Drago était du genre à rentrer aussi vite que moi, me regardant à peine dans les couloirs lorsque l'on se croisait. Et ce soir, il me proposais un verre… j'étais troublée. Pourquoi ce changement radical de comportement ?

« Non, merci. » je répondais sur la défensive. Drago ne me donnait pas du tout envie de passer du temps avec lui. Je me demandais même qui le voudrait.

« Bon... c'est vrai, je suis quelqu'un de froid.. un peu spécial. J'aimerai juste me rattraper, et passer du temps avec toi en dehors d'un temps scolaire, on va dire. Ça pourrait être sympa, non ? Allez, promis, je ne ferai pas le connard ! »

Il me regardai en souriant et en s'auto dénigrant si facilement, que je riais presque en l'écoutant. J'étais partagée. Pourquoi pas, après tout ? Cela n'engageait à rien et puis, ça me permettrait de lui laisser une seconde chance, car à première vue, je n'avais pas confiance en lui.

"Bon... juste un verre ! Demain, il y a les sélections et je compte me lever tôt pour m'entraîner avant."

Pov Drago

J'étais un imbécile, mais heureux de l'être. Dix semaines. Cela faisait dix semaines que Fire était à Poudlard, je ne pouvais tenir une semaine de plus, je voulais la connaître d'avantage, l'entendre parler d'elle, de la France. J'étais curieux de sa vie, de ce qu'elle aimait… et je ne pouvais me retenir une seconde de plus de contrôler cette envie d'être auprès d'elle pour exécuter mon plan et en savoir plus sur le balafré. Mon plan était parfait, je comptais bien passer une bonne soirée avec elle même si au fond de moi je savais que j'allais m'ennuyer à mourir de jouer ce rôle, mais si je travaillais bien, demain, elle aurait un autre regard sur Potty.

Il fallait que je découvre chaque information dont je pourrais me servir contre Potter ou même elle, parce qu'il fallait que j'assure mes arrières. Ce n'était pas comme si j'allais m'afficher devant tout Poudlard à son bras, nous allions simplement prendre un verre.

Sans un mot, nous descendions les escaliers, puis l'étage qui nous séparait du rez-de-chaussée. Le couvre feu était passé depuis un moment, mais ce n'était pas important, il fallait simplement ne pas se faire attraper par Rusard. Et j'étais préfet, j'aurais toujours une bonne excuse.

Toujours silencieux, nous franchissions la frontière invisible de Poudlard et Pré-au-lard. Je sentais bien que Fire était en train de se dire que c'était une mauvaise idée de venir avec moi -comme elle avait raison- alors il fallait que je la rassure et fasse le mec niais par excellence. Il fallait jouer au Gryffondor quoi.

Arrivés à destination, je laissais Ange s'asseoir à la table et commandais deux bières au beurre. Dans le petit pub, l'air était à la fête, ce serait bientôt Noël, les décorations étaient partout en ville. Mais la neige n'avait pas encore fait son apparition. Je posais mes yeux sur Ange, qui me regardait en souriant légèrement. Je crois qu'elle était amusée de la situation. Elle tentait de réchauffer ses mains en les frottant l'une sur l'autre lorsque le serveur posait ma commande sur la table. Je le payais de suite pour ne pas perdre de temps et surtout pour pas qu'il vienne me couper la parole lorsque je discuterai avec la blonde. Avec deux petits gallions de plus pour qu'il ne se souvienne pas d'avoir vu deux élèves sortir aussi tard du château.

Une fois cela fait, je replongeais dans son regard étrange sans ciller. Je ne pouvais ignorer qu'elle était tout de même attirante, mais ma conscience me ramenait à l'ordre.

Sans succès depuis quelques jours. Je détestais cette fille autant que j'avais envie de la connaitre. C'était cette envie si profonde de vengeance, qui me donnait ce sentiment d'urgence.

Mais elle ne restait qu'une femme après tout, une femme que je manipulais... ce serait facile. Comme avec toutes les personnes qui m'avaient servis sans le savoir. Ou le savaient trop tard.

"Alors... tu comptes t'entrainer demain matin ?" je demandais, l'air de rien.

"Pourquoi, tu fera exprès de réserver le terrain cette fois-là aussi ?"

"Woh... mais quelle agressivité. Je ne suis pas du genre à chercher les ennuis."

Ange roulait des yeux avant de prendre sa bieraubeurre.

"Mais bien sûr ..."

Bien vite, nous entamions Ange et moi une longue discussion, sur tout et rien. Je mentais beaucoup sur ma propre vie, masquant ainsi les rapports que j'avais avec mes parents. Elle en revanche ne mentait pas. Cela se lisait sur son visage et sa sincérité m'étais honteuse par moment, face à mon mensonge naturel. Finalement, quelques dizaines de minutes avaient suffit pour qu'elle baisse sa garde.

"Je sais que c'est une question un peu bateau, mais dis-moi, qu'est-ce que tu voudrais faire plus tard ?" me demandait-elle finalement avant de boire une gorgée de sa boisson.

J'observais ses yeux alors qu'elle m'adressait cette question, une demande qui me troublait légèrement. Personne ne me l'avait vraiment demandé. Ni même mes parents, car pour eux, pour mon père essentiellement, mon avenir devrait servir pour la cause de Voldemort. Je ne pouvais évidemment pas lui annoncer cela. J'étais assez fataliste concernant mon avenir, n'ayant jamais eu l'opportunité de savoir réellement ce que je voudrais accomplir. Je n'avais jamais eu la possibilité d'envisager de faire ce que je voulais finalement. Je poussais un profond soupir alors que je faisais tourner mon verre entre mes mains.

Putain, discuter comme un bouffon d'or me rendait sentimental, il y avait urgence pour que je me recentre.

"Oh, désolée, je sais c'est une question idiote." disait-elle en devinant ma gène. Je relevais les yeux sur elle.

"Oh, non c'est juste que, finalement je ne sais pas vraiment ce que je voudrais. Et toi, une idée ?" je lui demandais en retour pour ne plus parler de moi et me débarrasser de cette connerie de question.

"Et bien... après une question pas vraiment intéressante, une réponse encore plus ennuyeuse : j'aimerais être heureuse, tout simplement." disait la Gryffondor en gardant un sourire sur les lèvres alors qu'elle observait une bande d'amis attablés à une autre table.

C'était une réponse digne d'une grosse guimauve, mais à quoi s'attendre de la part d'une Gryffondor ? Il me fallait beaucoup de concentration pour ne pas éclater de rire.

"Tu ne l'es pas ?" je demandais en me rendant compte que c'était stupide de souhaiter quelque chose que l'on avait déjà. Elle semblait plutôt épanouie comme fille. Elle a redirigé son regard vers moi en gardant un mince sourire. Finalement elle haussait les épaules et décidait de changer de conversation.

Après quelques minutes, les fous rires venaient, faisant rougir ses pommettes. Lui donnant cet air plein de candeur. Je crois que j'avais oublié ma mission durant une vingtaine de minutes.

"Je n'aurai jamais pensé passé du bon temps avec une Gryffondor !" j'annonçais en repoussant mon verre devant moi. L'alcool, toujours l'alcool qui me rendais honnête.

C'était sorti tout seul et elle sautait sur l'occasion.

"Pourquoi dis-tu cela ?" demanda-t-elle de sa petite voix.

Je souriais. " Ah, tu sais bien ce que c'est entre nos deux maisons. Si l'on rit, habituellement c'est parce que nous nous moquons de vous." je lançais d'un air hautain.

Je la regardais, elle semblait hésitante, je l'interrogeais du regard. Elle finissait par me répondre doucement.

"Et donc... tu m'invites ici et ... tu te moques de moi ?" me demandait-elle avec un léger ton de menace dans la voix.

Merde. Elle me démasquait. Je m'étais rapproché d'elle non pas pour en tirer une nouvelle petite amie, mais pour faire rager Potty.

Ce genre de question, j'avais évité toute la soirée de les faire naître dans son esprit. Je n'avais pas envie de parler comme ça... parce que je ne savais pas faire, tout simplement. Mais je restais franc avec elle.

"Non." Et c'était pourtant un mensonge. Je voulais me lier à elle pour que Potter mange la poussière. Mais finalement, les dernières minutes avaient été agréables.

"Je ne me moque pas de toi Ange". Enfin, c'est ce que je pensais sur les dernières minutes, pour le reste... Et je ne comprenais pas que je venais de m'enfermer dans un cercle vicieux qui allait m'anéantir considérablement.

C'était la vérité. En cet instant, tout était sincère... ou presque. J'avais apprécié cet instant échangé. Nous avions parlé quidditch, musique et elle m'avait échangé quelques anecdotes sur son enfance qui m'avait fait rire.

Elle était adorable, drôle, charmante… et tout autant d'adjectifs qualifiants sa personne submergeaient mon esprit. Et qu'est-ce que ça m'agaçais ! Elle m'énervait !

Mais, je souriais avec franchise pour une fois, et me levais de notre table et saisissais sa main. Il fallait que je passe à l'action et séduise cette fille. Cela n'était pas compliqué elle était déjà sous mon charme je le voyais dans ses yeux vairons. Mon côté manipulateur reprenait le dessus, me rappelant ma "mission" au passage.

Me remémorer son attitude avec Potty me donnait la nausée. Mon cerveau m'envoyait ces images pour que je ne puisse dérailler à son sujet. Je la revoyais rire avec la bande de bouffons d'or et cette sang-de-bourbe de Granger. C'était indigne de la part d'Ange de traîner avec pareille racaille.

Ne pas tomber sous son charme, c'était facile, elle était tout ce que je détestais chez une fille… et quoi qu'on en dise, jamais oh, grand jamais une fille n'avait jusqu'alors pu puiser en moi le moindre sentiment amoureux ou affectif.

Ange ne disait rien alors que je passais mon bras sur ses épaules, mais elle gardait ses mains dans ses poches et évitait de me regarder. Je ne savais pas si c'est que j'allais trop vite, ou bien qu'elle était gênée parce que ça lui plaisait. Je l'entraînais avec moi pour aller dans un endroit plus calme et moins fréquenté. Il ne fallait pas que quelqu'un nous aperçoive. Evidemment même si on nous surprenait, mon regard ferait taire n'importe qui capable d'oser me dire la moindre chose.

Nous marchions lentement dans les rues sous un ciel illuminé d'étoiles et le silence s'était installé entre nous. Un silence timide de sa part mais de la mienne, c'était plutôt un silence… non désiré. Je ne savais plus quoi lui dire et cela me déstabilisais. Elle s'arrêtait et se tournait vers moi avec un léger sourire.

"Je voulais te dire… je voulais te remercier de m'aider pour les potions… je veux dire, tu n'étais pas obligé et puis…"

Elle baissait les yeux et je jurais que s'il aurait fait jour, son teint aurait viré au rouge.

"Je sais que ce n'est vraiment pas simple entre nos deux maisons, et que je suis très loin du profil des personnes que tu apprécies, alors… merci."

Sa petite déclaration avait l'air de lui demander beaucoup de courage et un sourire s'étalait sur mon visage à la mesure de ses mots. Je sentais que la brèche allait s'ouvrir et que j'arriverai à la manipuler, un jour ou l'autre, même si je sentais comme une petite résistance. Elle devait sentir la haine que j'éprouvais pour elle, bien que la haine était exagérée car je ne la connaissais que très peu, mais en cet instant, je haïssais le monde entier, je n'étais moi-même que noirceur.

Ses dernières paroles emmenaient d'ailleurs le souvenir d'une jeune fille, le bras blessé tentant d'ouvrir la salle sur demande. La curiosité prenait le dessus. J'entraînais Ange un peu plus loin sur un banc proche d'un parc et m'asseyais avec elle.

"Ange, dis-moi la vérité… que s'est-il passé le jour ou nous nous sommes rencontrés… quand je t'ai emmené à l'infirmerie ?"

Si j'avais sourit quelques temps plus tôt, en revanche Ange ne souriait plus du tout. J'avais du éveiller de vieux démons. Ses yeux ne tardaient pas à briller, pas comme je les avais vu scintiller au restaurant. Les larmes montraient l'intensité de la douleur qui s'acharnait sur son cœur. Elle cachait quelque chose de lourd, j'en étais persuadé à présent.

C'était évident.

Et étrangement, pour la deuxième fois dans la soirée, je sentais que je m'égarais un peu dans mon but, parce que sa réaction me troublais et que je ressentais son mal-être qui faisait écho au miens.

Démasquer Ange s'avérait beaucoup plus difficile que de faire tomber mon masque froid, dur par apparence, mais pourtant fragile comme glace au soleil.

Rien ne sortait de sa bouche après ma question, mise à part une annonce froide et indiscutable : "Il est tard, je vais rentrer. On se voit demain."

Elle s'est levée et a rapidement traversé le petit parc disparaissant de ma vue. Je me suis levé également, mais je n'ai pas bougé.

Son secret enfoui en elle, pouvait affronter les flammes de l'enfer.