POV Ange
Dans les vestiaires, le stress était à son comble. Aucun des sept joueurs de Gryffondor n'osaient parler. Ou alors, aucun n'en avait envie. Je venais d'entrer discrètement, faisant semblant d'être présente depuis le début, car en réalité j'étais en retard de plusieurs dizaines de minutes.
Il régnait vraiment une angoisse palpable. Les rouges et ors s'opposaient aux verts et argents. Tout était une question de minutes à présent.
Je m'opposais à Drago.
Un sourire incontrôlable traversait mon visage quand je repensais à notre petite entrevue dans la salle de bal. Je n'arrivais pas à me concentrer sur le match, ni à mes coéquipiers, ni aux recommandations d'Harry. Je repensais à chaque détail, chaque parole qui avaient conduit à ce que Drago m'embrasse sans retenue.
Nous avions bien eu du mal à nous séparer. Je me revoyais courir avec lui dans les couloirs puis prendre la direction du stade, tous les deux avec un fou rire rejoignant nos vestiaires respectifs. Certes, je lui avais mentit concernant Harry. Nous n'avions pas préparé le match, mais Drago n'avait pas à savoir les détails sordides et macabres de mon passé. Pas maintenant, en tout cas.
Avant que je ne passe la porte de mon vestiaire, Drago m'avait attrapé par le bras alors que je le croyais déjà loin. Avec un sourire, il m'entraînait dos au mur du bâtiment pour m'embrasser de nouveau. Encore une fois, le temps s'arrêtait et s'accélérait en même temps. Mais le match allait commencer, je rassemblais ma force mentale pour le repousser et le mettre à son tour dos au mur.
"Drago, on doit y aller !" je le grondais en riant en même temps. Il me regardait en souriant et en baladant ses doigts sous mon menton. Quelques flocons de neige tombaient dans ses cheveux, sur son uniforme. Je ne pouvais résister à m'approcher de nouveau et l'embrasser encore une fois.
"Tu disais ?" murmurait-il dans mon cou.
Un nouveau rire de ma part et je m'évadais de ses bras pour m'enfermer dans les vestiaires Gryffondors.
Je n'étais plus avec lui, mais je sentais encore ses baisés sur ma peau, mes lèvres, mon cou.
Je me suis assise en face des deux autres poursuiveurs, des garçons de septième année qui avaient le visage tendu par l'enjeu. Dean et Seamus regardaient leur batte respective comme si celles-ci allaient leur donner une astuce secrète anti-défaite. Ron s'occupait à placer correctement ses protections, pour la centième fois, au moins. Harry était plongé dans ses plans. Il fallait que je détente l'atmosphère.
« Sérieux… me dites pas que vous avez peur des Tortues Ninja ? » je lançais en haussant les sourcils.
Tous ont relevé le visage vers moi, parlant tous en même temps.
« Les quoi ? » Seul Harry avait presque réussit à se dérider, Dean qui venait d'une famille moldue avait même éclater de rire.
« Ahah Ange, j'adore ! Les Tortues Ninja, excellent. Mais je préfère les appeler les serpillières ! »
Maintenant quatre garçons nous fixaient sans comprendre. Dean était scandalisé de cet outrage.
« Non, pas possible ! Vous ne connaissez pas les Tortues Ninja ? Quatre tortues d'enfer, dans la ville. »
Il commençait à chanter et je le rejoignais.
« Chevaliers d'écailles et… »
« Mesdemoiselles, Messieurs, votre attention s'il vous plait, dans quelques instants le match opposant Gryffondor à Serpentard va commencer ! »
Alors que Dean et moi étions en train d'amuser la galerie et détendre l'atmosphère par la même occasion, le commentateur du match ruinait notre tentative en une seule phrase. Aussitôt ces mots prononcés, voilà les six garçons debout prêt à entrer sur le terrain. Je soupirais.
« Sérieux les gars, on ne va pas à la guerre, on s'amuse ! »
Ron s'est tourné vers moi, un air grave sur le visage.
« Ma pauvre, tu ignores vraiment tout de ce qui se passe entre nos deux maisons. » Il a mis la main sur mon épaule. « Ne te retiens pas, si tu as envie de pleurer après le match. C'est normal, la première fois. »
Seamus lança à Harry. « C'est ce que tu lui as dit l'an dernier c'est ça ? ». Ron lui adressait un regard noir. « J'avais reçu treize cognards, okay ? TREIZE ! »
« Oh oh, ça suffit, tout le monde sur le terrain. » Harry était intervenu, et les six garçons sont partis sur leur balais devant moi.
J'ai repris rapidement mes esprits et j'ai suivi mes camarades. Il neigeait beaucoup mais les flocons étaient assez fins. Tout le stade était blanc. Seuls les supporters dénotaient avec leurs écharpes et banderoles, soit rouge, soit verte.
Dehors, le stade était coupé en deux : d'un côté les supporters Gryffondor, de l'autre les Serpentard. Il régnait vraiment une atmosphère spéciale, et j'ai compris ce qu'a voulu me dire Ron à l'instant même où nous avons fait face à l'équipe des Serpentard. J'ai fait tout mon possible pour ne pas jeter un œil à Drago qui devait être au dessus de nous avec Harry, me concentrant sur les poursuiveurs et les batteurs en face qui commençaient déjà à jeter des insultes. Zabini fixait les trois poursuiveurs Gryffondor tout en lançant ses répliques.
« Accrochez vous les bouffons, vous pourriez tomber de vos balais » lançait-il d'un ton moqueur.
Je n'ai pas pu m'empêcher de lui répondre. J'avais ce petit caractère tout feu tout flamme, qui depuis plusieurs semaines, ne cherchait qu'à s'exprimer.
« Contente toi de jouer Zabini, t'es doué pour parler, mais pour le Quidditch je doute que tu ne surpasses un cracmol. »
« Ne rentre pas dans son jeu Ange ! » me lançait Ron qui partait en direction des anneaux pour prendre son poste.
« Toi, au lieu d'embrasser les garçons, viens déjà à l'heure pour tes matchs !» me répondait-il en souriant.
J'ai fusillé Zabini du regard, refusant de répondre à ça, mais j'étais gênée, comment nous avait-il vu ? Je n'étais pas prête à rendre tout ceci public. Il fallait dire que je ne savais pas bien ce que ça voulait dire pour Drago. De mon côté, je me sentais sur un petit nuage.
Pour observer sa réaction, j'ai levé les yeux plus haut pour regarder Drago. Il était concentré sur Harry qui était face à lui. C'est sans doute à ce moment précis ou j'ai commencé à saisir le plus la haine entre les deux rivaux. Je sentais d'ici la tension qui liait Harry et Drago. Les choses sérieuses commençaient.
Madame Bibine arrivait avec la malle que l'on attendait tous. Elle a levé le visage vers nous.
« Je me répète pour la douzième fois sans doute, mais j'attends le plus grand fair-play de la part des deux équipes ! Est-ce que c'est clair ? »
Malgré ses recommandations, je ne l'écoutais pas. Mes yeux étaient braqués sur la malle qui venait de s'ouvrir. Le vif d'or suivi des deux cognards sont partis dans les airs. Ce que je convoitais le plus n'était pas encore lancé.
Pour moi, le temps a ralenti tout d'un coup, les battements de mon cœur se faisant le plus bruyamment possible, mais tout aussi lentement.
Il n'y avait plus de public, plus d'adversaires. Juste mon souaffle, les anneaux en face et mes coéquipiers pour m'aider. J'avais une mission. Donner de l'avance dans les points, pour donner du temps à Harry.
Le coup de sifflet a retenti, Zabini et moi foncions l'un et l'autre vers le souaffle… et aussi l'un contre l'autre. Nos deux épaules se sont entrechoquées violemment mais j'ai réussi à prendre l'avantage. Du bout des doigts j'ai pu faire une passe à un de mes poursuiveurs et je me suis dégagée de Zabini.
Mon coéquipier s'est empressé de foncer direction les anneaux Serpentard, fait une passe au second qui a tenté de le renvoyer, car les batteurs étaient déjà sur lui. Le souaffle allait être intercepter par ce même Zabini. Mais je ne comptais pas lui faciliter la tâche. J'ai plongé avant qu'il ne me repère, pour arriver au niveau de ses pieds et qu'il ne prépare pas une parade pour me bloquer. Hors de vue, j'ai foncé vers lui en même temps que le souaffle. Je suis remontée en piquet au dernier moment, poing en avant et j'ai frappé violemment dans le souaffle au moment ou Zabini l'accueillait dans sa paume. Le souaffle a foncer droit dans l'anneau central. Le gardien n'avait pas préparé sa défense, trop rassuré par la présence de Zabini. J'avais donc découvert en une action la faiblesse du gardien. Il n'était pas sûr de lui, ou du moins, il comptait trop sur les poursuiveurs.
« Fire ouvre le score pour Gryffondor dans une action spectaculaire qui a laissé Zabini sur place ! »
Dans mon demi-tour j'ai aperçu Harry, nous nous sommes croisés et j'ai frappé dans sa main tendue. « Magnifique Ange ! » m'a-t-il lancé.
Une heure après, nous menions 110 à 60 contre Serpentard. La neige était beaucoup plus vive et tombait sans relâche depuis quelques minutes, rendant très difficile les échanges avec les coéquipiers. Tout s'enchaînait très vite, sans que nous n'ayons conscience du temps. Pour moi, pas de score dans mon esprit, juste l'objectif de mettre le plus de points possibles. Même si c'était pour aider Harry officiellement, c'était aussi pour démontrer à Drago que j'étais une battante sur le terrain et que malgré ce qu'il pouvait débuter entre nous, le Quidditch restait le Quidditch. Je commençais a pensé à la fin du match et de l'issue qui s'en déroulerait imaginant les deux options, la victoire de Gryffondor, et celle de Serpentard. Je me demandais si un sport pourrait altérer ma relation avec Drago. C'est alors que j'ai remarqué qu'il n'était pas loin de moi et m'observait. Quand nos regards se sont croisés, il m'a lancé un clin d'œil, suivi d'un sourire.
« ANGE ATTENTION ! »
Seamus.
Pourquoi est-ce qu'il hurlait comme ça ? A force de neiger autant, je ne voyais même plus à trois mètres de moi, ni les autres joueurs, trop concentrée sur mon jeu. Mais depuis quelques tous petits instants je m'étais dissipée. J'ai identifié le problème rapidement, mais pas assez pour l'éviter. Un cognard fonçait sur moi, en plein sur le visage. J'ai voulu tenter le tout pour le tout, à savoir basculer sur mon balais, en position tête en bas.
Au même moment, j'entendais le commentateur surexcité :
« Fire semble en difficulté mais Potter et Malefoy foncent vers le vif d'or ! Le Serpentard prend l'avantage ! »
Malheureusement, le cognard a trouvé ma cheville, mais je n'aurais pas su déterminer si c'était ma tentative d'échapper au cognard ou le cognard lui-même qui m'a fait tomber de mon balais.
Tomber, tomber, tomber.
Dans une tentative désespérée j'ai essayé de rattraper mon balais qui tombait en même temps que moi, mais il était trop léger pour arriver à ma hauteur. Avec toute l'adrénaline, je n'ai même pas ressenti de peur, au contraire. Mon cerveau était en ébullition pour trouver une solution à mon problème. Je pouvais tenter un Accio pour demander mon balais, j'allais trop vite pour lui, et utiliser la magie nous disqualifierait – et oui, je pensais aussi à ça trente mètres au-dessus du sol- je n'avais que la fatale solution de tenter d'amortir ma chute. Si seulement je pouvais l'amortir. J'ai fermé les yeux au moment ou j'aurais du touché le sol. Je m'attendais à entendre mes os se briser avant de succomber, je me réveillerais à l'infirmerie dans quelques jours avec un peu de chance.
Mais tout s'est passé différemment. Une force venue de côté m'a percuter de plein fouet, frappant mes côtes. On m'avait attrapé de justesse et en ouvrant les yeux j'ai découvert un bras nu sur ma taille, il me ceinturait et me faisait survoler le sol. La manche de l'uniforme avait dû remonter avec la puissance du vent.
Je me suis aperçue que quelqu'un avait volé à mon secours. Surement Seamus qui avait vu venir la chute. Je me suis assise progressivement sur le balais et je m'accrochais à lui, la tête contre son torse. L'adrénaline m'avait un peu sonné et je n'avais plus de repère dans les airs ce qui me faisait tourner la tête.
« Merci Seamus ! J'ai eu la peur de ma vie, mais qu'est-ce que c'était bon ! » et je m'emportais dans un fou rire alors qu'il n'y avait absolument rien de drôle. C'était de me rendre compte que tout aurait pu se passer différemment et que j'avais eu une chance inouïe.
« Quand je te dis de ne pas me faire de frayeur, je parle aussi du Quidditch. »
Quand j'ai relevé le visage, j'ai découvert que ce n'était pas Seamus le propriétaire du balais, mais Drago. Mon cœur s'est arrêté pour la seconde fois de la journée. C'est à ce moment que j'ai entendu un tonnerre d'applaudissements de la part de tout le gradin de Gryffondor. En levant les yeux sur les scores, j'ai compris qu'Harry venait d'attraper le vif d'or. La maison Gryffondor était en fête, toute la maison Serpentard nous fixait, sans exception. Je lisais l'incompréhension sur leur visage. Je réalisais à ce moment-là ce que Drago avait fait pour moi. Au lieu de sauter de joie j'étais en colère.
Nous arrivions au sol, près de mon balai, et je descendais de celui de Drago. Je me tournais vers lui, ne comprenant pas son geste.
« Mais pourquoi tu ne m'a pas laissé, tu aurais pu faire gagner Serpentard ! Je t'ai vu, tu aurais eu le vif d'or avant Harry ! Pourquoi ? » Je voulais lui hurler dessus, car pour moi, pas de pitié dans le Quidditch. . A la place j'avais une toute petite voix, sans doute le choque.
« Je n'en sais rien. Probablement parce que le jeu n'était pas le plus important à ce moment-là, Ange. Excuse-moi de t'avoir évité un an d'hôpital. »
Il m'avait cloué le bec, ma réaction était insensée. Il s'avançait vers moi et venait me toucher l'épaule puis le bras pour constater si j'étais blessée ou non. Je n'ai pu rester appuyée sur ma cheville droite, preuve que le cognard n'avait pas été avare avec moi, et nous nous sommes regardé l'un et l'autre en silence, mais pas du tout de la même manière que dans la salle de bal ou devant le vestiaires quarante minutes plus tôt.
« Désolée… Je suis désolée que ce geste t'aie fait perdre. » Que dire d'autres ?
Il a souri doucement puis il m'a ceinturé, pour me soutenir car je chancelais avec ma cheville blessée: « Oh, je n'ai pas perdu Ange. »
Encore une de ses phrases pleines de sous-entendus et de messages. Mais à ce moment précis, je n'étais pas assez en forme pour comprendre le sens de cette réplique.
Tous les Gryffondors arrivaient en courant auprès de nous, et Drago avait choisi ce moment pour se taire, se sentant visiblement de trop face aux rouges et ors. J'étais en colère contre lui quelque part, car je tenais trop à cœur au Quidditch, c'était mon échappatoire depuis bien longtemps, et si quelqu'un avait le malheur de transiger les règles... Merlin que mon raisonnement était stupide. Il venait de me sauver la vie, et moi je ne pensais qu'aux règles…
« Ange, ça va pas ou quoi ?»
Harry venait d'arriver, le vif encore dans sa main. Les sourcils froncés il me gueulait dessus devant tout le monde. Drago n'a rien dit, se contentant de regarder la scène, mais je sentais qu'il n'avait qu'une envie, celle d'intervenir. Je le sentais à la pression de ses doigts sur ma taille.
« Si Harry.. tout va bien… et pourquoi tu es énervé au juste ? » je demandais en tentant de garder bonne figure.
« C'est trop risqué toutes tes figures là, tu aurais pu vraiment te blesser ! »
Contre toute attente, j'ai commencé à hausser le ton moi aussi. Ce qui était une réaction normale vu l'attaque du brun à lunettes. Mais contre Harry, ça l'était moins venant de ma part.
«Oh, excusez-moi Monsieur Potter ! C'est vrai que je n'ai rien du tout, je ne peux même plus m'appuyer sur ma cheville !»
«Mais c'est bon, un tour à l'infirmerie et on en parle plus ! J'ai connu pire ! Évites juste de sauter du balai la prochaine fois !»
« Mais c'est quoi ton problème Harry ? C'est vraiment mon talent qui t'exaspère, ou le fait que Drago ai préféré perdre plutôt que de me laisser m'écraser sur le stade, comme toi tu l'as fait ! » je commençais à crier comme lui.
« C'est pas du tout ce que tu crois Ange, et qu'est-ce que tu fou avec lui je croyais que tu ne le voyais plus ? »
Les deux garçons se toisaient d'un air sévère, et je m'attendais presque à ce qu'un des deux ne cède à sa haine et saute sur l'autre pour lui casser la figure.
« C'est exactement ce que je crois ! Tu as trop les boules qu'un Serpentard puisse passer pour un héros à ta place ! Et laisse Drago en dehors de ça !» Je regrettais aussitôt mes paroles, parce que Harry ne méritait pas que je le rabaisse, surtout devant Drago. Mais Ce qui m'énervais le plus à-dedans, c'était la rivalité inutile et d'un niveau maternelle entre les deux maisons. Sous le choc, je ne me rendais pas encore compte de ce que je lui disais devant tout le monde. Harry s'est tourné vers moi encore plus en colère qu'il ne l'était il y a quelques minutes.
« Très bien. Tu peux quitter l'équipe si tu n'es pas contente ! » me lançait-il en haussant encore plus le ton.
Avant que je n'ai eu le loisir de répondre, Ginny me coupait la parole, encore une fois. Je ne l'avais même pas vu arriver celle-là !
« Harry chéri, je prends sa place si tu veux ! » roucoulait-elle avec un décolleté trop prononcé pour un mois de décembre. En effet, Miss Weasley avait pour habitude de s'habiller de façon provocatrice. Jeans serrés, hauts plongeants et vestes ridiculement trop petites pour laisser voir son derrière. Sans parler d'un maquillage excessif et prononcé.
« Tiens, Ginny ! Ca tombe bien, que tu sois là ! » Harry venait de prendre un ton faussement mielleux. Drago devenait de plus en plus tendu, je le sentais contre moi.
Harry pointait du doigt Drago.
« Regarde qui voilà ! Ton plan occasionnel ! Si tu n'irais pas coucher avec Malefoy, comme tu le fais depuis l'an dernier ! Et oui je sais tout, absolument tout ! »
Alors que je commençais à penser que je prenais le contrôle de la dispute, l'instant d'après était comme si le monde s'écroulait sous mes pieds. J'ai observé la réaction de Ginny, qui était devenu rouge écarlate devant tous les Gryffondor. Drago a tenté de dire quelque chose, mais juste un regard de ma part, il s'est tu.
Je voulais en savoir plus.
Beaucoup plus.
« Qu'est-ce que tu racontes Harry ? » demandais-je en essayant de faire comme si cela ne me touchait en aucun point.
"Ginny Weasley et Drago Malefoy ici présents, couchent ensemble, depuis l'année dernière, c'est-à-dire même quand on était nous deux en couple !»
Zabini s'est mis à rire et donnait un coup sur l'épaule de Ginny comme si c'était une vieille amie à lui et se comportant comme si trahir son ami lui était complètement égale.
« Et ben, tout se sait un jour Weasley ! Tu t'es faite prendre quand par Potty, hier soir ? »
"Comment ça, hier soir ?" je lançais d'une même voix avec Harry en n'ayant plus la force de cacher mon angoisse.
Blase s'est tourné vers moi, avec son air amusé. Il semblait vraiment prendre tout ceci à la rigolade.
"Et bien, hier soir ! On peut aussi dire, il y a quelques heures. Nous pourrions également dire, juste la nuit avant que tu ne bécotes Drago, en fait. Mais tu le savais, n'est-ce pas ?" me lançait-il sur un ton qui laissait entendre que bien sûr que non, je ne le savais pas.
Je me tournais vers Harry, il comprenait ma question dans mon regard.
« J'ai surpris Malefoy discuter avec Zabini, il y a quelques jours.. mais je pensais que c'était terminé depuis longtemps. » m'expliquait-il, sur un ton blessé.
Visiblement, il avait toujours Ginny dans la peau et avait trouvé son réconfort dans le fait que cette histoire était du passé. Apparemment, c'était encore d'actualité.
Drago fixait Zabini d'un air si sombre que le sourire de Zabini a quitté immédiatement son visage. Il a même décidé de partir redoutant sans doute les foudres de son acolyte.
Tout le monde s'était figé. Plus personne ne parlait. Ron n'avait pas entendu la conversation, il était dans les bras d'Hermione, celle-ci le félicitait.
De notre côté, toute l'équipe n'avait d'yeux que pour Ginny. Celle-ci a jeté un regard à Drago. Je n'attendais qu'une chose de sa part, qu'elle démente cette histoire. Harry n'attendait que ça, lui aussi. Mais personne n'imaginait que moi aussi, j'espérais du fond du cœur que ce n'étaient que des mensonges de la part de Blaise. Je pensais sur l'instant que personne n'avait compris que je m'étais rapprochée de Drago le jour-même.
J'espérais cueillir le soulagement dans les paroles de Ginny, mais des larmes commençaient à perler aux coins de ses yeux, et elle s'avançait vers Harry la voix brisée.
« Chéri… s'il te plait… c'est fini entre lui et moi, depuis longtemps… enfin.. »
Harry lui coupa la parole. « Depuis ce matin, tu veux dire ? ». Elle n'a rien répondu, à la place elle a fondu en larmes et a quitté le stade en courant. Quoi qu'elle dise, elle devait dire la vérité, car Drago était présent et surtout, il restait silencieux. Je concluais donc que Harry avait raison.
Moi, je ne savais plus si j'avais envie de vomir à cause de ma chute, ou des révélations que je venais d'entendre.
« Drago… pourrais-tu me ramener à mon vestiaire s'il te plait. » je demandais d'un ton neutre. Mais je sentais en moi-même le sanglot remonter de loin, très loin. J'arrivais encore à l'enfouir au plus profond de moi.
« Attends Ange, ce n'est pas tout ! » ajoutait Harry qui se laissait sans doute submerger par la haine.
« Ron et moi, à tour de rôle, nous avons surpris ton petit Drago. Il disait à qui veut l'entendre qu'il ne t'aimait pas, se servait de toi, coucherais volontiers avec toi… juste pour me faire chier ! Il voulait te manipuler pour avoir des informations sur nous tous et nous pourrir la vie. Tu comprends pourquoi je ne veux pas lui ressembler ? Pourquoi j'ai tellement parlé de lui avec toi ! Car tu vois Ange, saches une chose, moi, jamais je n'aurais fait ça contre toi ! Jamais.»
Harry a lancé un regard noir à Drago avant de partir.
Tout le monde s'est dispersé, laissant Drago et moi seuls au milieu du terrain. Il ne disait plus rien, tentant de se faire le plus petit du monde. Ce qui m'a sans doute le plus fait de mal, c'était qu'il ne disait rien, signe qu'il avouait en silence ce qu'il se passait. Il m'a raccompagné jusqu'à mon vestiaire, traversant doucement le terrain avec moi. Je souffrais tellement de la cheville, à chaque pas, un haut le cœur me prenait. J'évitais son regard, cherchant à me distraire par tous les moyens de ce que je venais d'apprendre.
Sans rien dire, Drago a passé un bras sous mes genoux pour me porter. Cela m'a soulagé sur le moment, mais j'ai laissé échapper une larme. La fatigue sans doute. Ou le choc de la chute. Ou certainement parce qu'être proche de lui m'étais désormais insupportable et douloureux. Arrivés au vestiaire, il m'a déposé sur un banc et s'est assis en face de moi, le visage grave.
« Ange je voudrais t'expliquer… » commençait-il en évitant mon regard.
« M'expliquer quoi, Drago ? » je lançais sèchement.
« Et bien, tu sais, avec Weas… avec Ginny. Ce n'est pas..»
« Ce que je crois ? Oui… bien entendu. De toute façon, qu'est-ce que ça change Drago ? Nous ne sommes que des amis pas vrai ? Non, pardon. Nous ne sommes que des camarades qui s'aident après les cours, pour les devoirs. Si tu pouvais me laisser maintenant, j'aimerais prendre une douche. »
« Ange… je t'en supplie. » Il a tenté de prendre mes mains que j'ai repoussé vivement.
« Garde ton cinéma pour toi Drago. »
« Non, je veux que tu écoutes ce que j'ai à dire… » Il s'était levé et me regardait d'une façon qui ne lui ressemblais pas, comme s'il était triste. Je l'ai pris pour de la comédie, car c'était un excellent comédien.
« Drago, toi tu vas écouter ce que j'ai à dire. J'aime être avec toi. Au départ, tu m'agaçais à un point inimaginable, puis j'ai voulu te laisser une chance parce que... Depuis que je t'ai rencontré, je me sens réellement bien. Et tout à l'heure… c'était tellement beau et magique pour moi… et ce n'était que de la comédie ? Comment as-tu pu jouer avec mes sentiments ? Comment vouloir autant de mal à quelqu'un que tu ne connais qu'à peine ? Tu voulais que je tombe amoureuse de toi et me jeter ensuite quand je ne t'aurai servie à rien ? »
Au fur et à mesure de mon explication, les larmes coulaient sur mes joues. J'avais le cœur en miettes. Et dire que Ginny nous démontrait des crises d'hystérie et de jalousie dès que je m'approchais d'Harry alors qu'en fait, elle couchait avec le garçon de qui j'étais amoureuse depuis mon arrivée à Poudlard sans doute.
J'avais tellement de peine, me rendre compte que notre rapprochement n'était rien pour lui. J'avais cru sentir un réel rapprochement entre lui et moi, cette alchimie qui nous guidait sans que l'on ne sache ou l'on allait vraiment... pour lui, ce n'était que de la manipulation. Le plus grave, c'est que je ne m'étais rendu compte de rien.
Il était un très bon manipulateur.
«Tu es vraiment quelqu'un de vil et de pathétique…» je lui lançais comme un écho des paroles de Harry. Je savais qu'il lui avait dit ça quelques années auparavant, et je voulais lui faire comprendre que j'étais du côté de Harry.
Mes derniers mots l'ont touché, je l'ai vu dans ses yeux. Il a tenté de me dire quelque chose, et une fois de plus, je lui ai coupé la parole.
« Ne rajoute rien ! Ta mission est un succès, félicitations ! Tu me fais souffrir et je me suis disputé avec un de mes meilleurs amis. Harry est très en colère contre toi, sans doute qu'il a encore plus envie de te tuer aujourd'hui. C'est tout ce que tu voulais, n'est-ce pas ? »
Je le regardais les yeux brillants de larmes. Je le désirais sans doute encore plus à cet instant car je savais que c'était sûrement nos dernières paroles échangées. Ou du moins, la dernière fois que moi je lui adressais la parole. Et j'arrivais encore à le désirer. Comme je lui avais dit, il avait réussi. J'étais attirée par quelqu'un qui lui jouait avec moi.
«S'il te plait... Sors, maintenant. »
Je m'étais détourné de lui pour ne plus le regarder et succomber à son charme.
Je me sentais tellement salie et trahie.
J'avais tellement mal au cœur, même physiquement la douleur me transperçait.
Quand j'ai entendu ses pas s'éloigner dans la neige, j'ai arrêté de me retenir.
J'ai explosé en larme.
A peine notre histoire avait commencé, qu'elle s'était arrêtée.
Comme neige au soleil.
