POV Drago

Ce matin était certainement le plus difficile à vivre de toute mon existence. Quand j'ai ouvert les yeux, il était encore très tôt. Je n'avais que peu dormi, repassant en boucle dans mon esprit ce qu'il s'était passé au terrain de Quidditch. « Tu es pathétique et vil. » C'est ce que Ange pensait de moi. L'étais-je vraiment ? Oui, sans aucun doute possible.

Toute cette histoire éveillait en moi de longues séries d'événements que j'avais vécu, lorsque Ange ne faisait pas encore partie de ma vie. Lorsque j'avais réussi à séduire Ginny Weasley alors qu'elle était en couple avec mon ennemi intime, Harry Potter. Hier avait eu lieu la confrontation entre les deux. J'avais imaginé toutes sortes de scénarios et de dialogues. A chaque fois, j'exultais, me délectant de la misère sentimentale de Potty. De le voir réagir à une douleur sentimentale à cause de moi. J'avais tellement préparé ce moment sachant qu'à la fin je serais une fois de plus vainqueur sur le balafré. Le voir souffrir était mon petit plaisir personnel.

Puis Ange est arrivée, et le même plan s'est mis en place dans mon esprit. Le même que j'avais élaboré en utilisant la fille Weasley. Mais quelque chose avait changé et j'ignorais ce que c'était. Bien sûr, de temps à autres on se revoyait la rouquine et moi pour assouvir nos besoins sexuels. Et ce sont ces besoin-là qui m'avaient conduit à m'éloigner d'Ange. A rendre la confrontation entre la rouquine et Potty beaucoup moins intéressante que prévu.

J'ai enfin décidé de me lever pour prendre mon petit déjeuner. Je me suis habillé en prenant le même soin que chaque matin comme si rien n'avait changé. Car rien n'avait changé dans ma vie. Ange n'était rien pour moi. Juste un lamentable échec dans mon but d'emmerder l'autre bouffon de balafré ! C'est ce qui m'insupportait le plus dans cette histoire : avoir échoué. Ange avait raison sur ce point. Je n'aimais pas perdre et mon humeur massacrante de ce matin me le prouvait.

En arrivant devant la porte de la grande salle je n'ai pas jeté mon habituel coup d'œil à la table des bouffons d'ors. J'ai préféré aller m'asseoir directement à ma propre table, entre Blaise et Pansy. Crabbe et Goyle en face. Ils discutaient entre eux pendant que je me servais d'un verre de jus d'orange frais et des œufs brouillés. Ils parlaient entre eux du bal de Noël qui avait lieu dans moins d'une semaine.

« Je n'ai reçu aucune invitation.. » se plaignait Pansy.

Blaise, lui, se vantait d'y aller avec une fille de septième année. Une fille horrible en tout point de vue. Mais tout ce qui intéressait mon camarade, c'était ce qu'elle donnait au lit. Il avait un léger œil au beurre noir, signe de notre discussion de la veille suite au fiasco devant les Gryffondor.s Pansy, elle, me fixait pour voir si j'avais écouté sa requête. Jamais je ne lui demanderais d'aller au bal avec moi, elle pouvait toujours courir. Et elle le savait bien, ce qui devait être la raison de mon impatience.

Aucun ne parlait du match de la veille, car aucun ne semblait vouloir me défier. Ils avaient raison, ils savaient dans quel état ils ressortiraient de l'affrontement.

En levant les yeux, je voyais les Gryffondors déjeuner tous ensemble ou presque, il manquait le trio d'idiots. La fête n'était visiblement pas au rendez-vous, tous semblaient être silencieux. Alors que je détournais le regard de Finnigan, Ange venait justement s'asseoir à ses côtés, l'air fatigué et pas le moins du monde enjoué. Je devinais en l'observant qu'elle n'avait pas beaucoup dormi. J'attendais qu'elle croise mon regard, pour la défier. J'avais bien envie de passer mes nerfs sur elle ce matin, de m'amuser. Mais contre toute attente, elle ne jetais même pas un regard vers la table des Serpentards. J'attendais, plus ou moins patiemment, laissant refroidir mon petit déjeuner.

Au bout de quelques minutes, Jackson Davis des Serdaigles venait s'asseoir à côté d'Ange pour lui parler. Je savais qu'il était son référent en Histoire de la Magie. Il lui disait des mots que je n'entendais pas, mais en moins d'une minute, il avait réussi à faire sourire Ange. Pour ma part, en moins d'une seconde, j'étais debout pour aller à la table des Gryffondors.

"Drago ? Ou est-ce que tu vas ?" me lançait Pansy d'un ton un peu trop fort, car beaucoup tournait la tête vers moi, des Serpentards, en passant par les Serdaigles et les Poufsouffles.

Arrivé en face d'Ange, cette dernière me remarquait enfin -il semblait que Davis était très captivant- son sourire quittait subitement son visage et je lisais l'inquiétude dans ses traits. Je plaçais mes mains bien à plat sur la table en bois, d'une façon un peu brutale car le verre d'Ange a tremblé à mon arrivée. Je me penchais alors vers elle, le visage sombre.

"On ne sort pas ensemble." j'annonçais.

Les Gryffondors assistaient à la scène sans un mot, se regardant les uns les autres, s'interrogeant du regard. Moi, je ne regardais que Ange à qui je venais d'adresser ces mots. Au bout d'un petit instant, c'était comme si elle reprenait sa respiration avant de me répondre sur un ton sarcastique : "Sans blague ?"

Finnigan osait rire à cette réponse et je le fusillais du regard avant de me concentrer de nouveau sur elle.

"Tu dis que je t'ai trahi, que j'ai trahi ta confiance et toutes ces pleurnicheries de Gryffondors, mais en quoi je te dois quoi que ce soit, Fire ?" je demandais.

"Hey Malefoy, laisse-là tranquille !" lançait Davis.

"Toi l'intello, tu restes à ta place si tu ne veux pas que je te casse en deux, je parle à Ange."

Je reprenais : "Quand je couche avec des filles, elle savent que c'est sans lendemain, moi je marche comme ça, je suis sans attache, c'est clair ?"

"Mais qu'est-ce que tu veux me dire au juste ?" me répondait Ange, visiblement troublée par mon comportement.

"Ce que je voudrais que tu comprennes, c'est que ta réaction est démesurée. D'accord, on s'est embrassés, mais à ce que je sache je n'ai pas couché avec Weasley juste après notre rapprochement que je n'avais pas prévu. Non, c'était juste avant."

"Quoi ? Attends, répètes un peu Malefoy ?" s'enthousiasmait Thomas, ravi d'avoir un nouveau scoop à divulguer à l'ensemble de l'école. Cela semblait inutile, car beaucoup d'élèves suivaient notre conversation et les murmures allaient bon train.

Ange, rougissante de colère, passait par dessus la table me surprenant totalement et m'empoignais par le bras pour m'emmener dans le couloir attenant à la grande salle. Elle m'entraînait avec elle avec une force que je ne connaissais pas, marchait quelques pas pour s'éloigner des curieux et se tournait finalement vers moi en levant le doigt.

"Je ne vois pas ou ma réaction était démesurée !" se défendait Ange avec force.

"Pourquoi tu caches ça aux Gryffondors ? Tu sais bien que tout le monde est au courant pour nous." je répondais sans crier pour ma part.

"Je n'ai plus envie de te voir, j'aimerais que tu me laisses tranquille. Si avec toi les filles c'est sans lendemain, alors laisse-moi tranquille ! Il n'y a pas de nous. Je ne ressens rien pour toi !"

"Oooh, ne mens pas, pourquoi est-ce que tu t'es sentie autant blessée si la raison n'est pas précisément que tu as des sentiments pour moi, parce que tu piques une crise de jalousie !" je rétorquais en haussant le ton moi aussi. " Que Potter en veuille à mort à Weasley c'est normal, ils ont été ensemble, mais nous ?"

Un silence s'est fait entre nous, puis j'observais qu'elle se posait mille et une questions, avant de finalement répliquer :

"Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Pourquoi, pourquoi tiens-tu autant à savoir si j'éprouve des sentiments pour toi ?"

Je voulais répondre, mais aucun mot ne sortait de ma bouche, car je n'avais aucune réponse cohérente. Je l'observais dans les yeux et elle, me sondait, entièrement.

"Le but n'était-il pas de m'utiliser ? Je te rappelle que tu voulais te rapprocher de moi pour en quelque sorte... infiltrer les Gryffondors. Les sentiments que je pourrais éprouver, c'est quoi, un bonus ? Tu as échoué. Alors pourquoi maintenant, tu viens me faire un scandale en pleine salle ? " continuait-elle alors que je continuais de plonger dans son regard pour trouver une réponse que me conviendrait.

"Tu devrais juste passer à autre chose, en ce moment même. Et pas me faire une scène, car si on ne te connaissait pas, on penserait que t'es un mec qui a merdé avec une fille et souhaite minimiser ce qu'il a fait pour pouvoir la récupérer. Car sinon pourquoi ça te rend autant malade, que je t'en veuille ? On dirait que tu as piqué une crise de jalousie parce que je discutais avec Jackson ! Mais je parie que c'est encore tout un scénario bien ficelé ! "

Ces paroles me percutaient de plein fouet, mais je les repoussais avec vigueur en lui répondant : " Tu as raison, les sentiments, c'était un bonus."

Et je tournais les talons pour retourner dans mon dortoir et tenter de me calmer. Je ne pouvais pas retourner dans la grande salle, je ne voulais pas affronter les regards de tous parce qu'une pauvre Gryffondor m'avait traîné de force en dehors de celle-ci pour me passer un savon. Je pouvais aussi y retourner pour faire croire à tous que je l'avais repoussé pour de bon, les Serpentards croiraient volontiers à cette version. C'est pourquoi je faisais demi-tour, complètement perdu dans mes pensées. J'étais arrivé à au devant de la grande salle et je pouvais voir les élèves à l'intérieur.

« Bonjour fils. »

Je pensais que ce matin était le pire de mon existence, sans en comprendre réellement la raison. Je me trompais. C'était le plus horrible.

Mon père venait d'apparaître de nulle part devant moi, avec sa bienséance habituelle. Deux Aurors se tenaient à l'écart pour l'escorter sans aucun doute. Il était censé purger sa peine à Azkaban, que faisait-il ici ? Je me souvenais rapidement qu'il avait fait une demande de sortie d'une journée, pour pouvoir rendre visite à ma mère, souffrante. Le juge lui avait donc accordé également une visite à son fils... que lui avait-il promis ou donné pour pourquoi obtenir cette précieuse journée ?

« Père, bonjour. Que faites-vous.. ici ? » lui demandais-je en jetant des coups d'œil tout autour de moi pour découvrir que la majorité des élèves regardaient l'échange entre mon paternel et moi-même. Mon père avait été enfermé à Azkaban l'été dernier après la mort de Sirius Black et n'en était pas ressorti. Enfin c'est ce que je croyais. Pansy qui l'avais aperçu, s'était levée en vitesse pour venir le saluer. J'étais figé par l'horreur.

« Eh bien, aurais-tu honte de moi, fils ? » me demandait Lucius de son ton traînant.

Je secouais la tête de gauche à droite très embarrassé tout de même qu'il soit là en face de moi. Pansy à fait son show, comme d'habitude.

« Mes hommages Monsieur Malefoy, j'ai toujours su que vous étiez quelqu'un de bien, qui défend de nobles causes et que toutes les attaques de Potter et Dumbledore n'étaient que des calomnies. Veuillez recevoir tout mon respect. » dit-elle avec une petite courbette. On aurait dit ma tante Bellatrix devant Voldemort.

Lucius ne pouvait être plus ravi de l'intervention de Pansy Parkinson, fille d'un de ses fidèles bras droit. Il lui lançait un sourire à la Malefoy en lui serrant la main. Je n'étais pas à l'aise face à cet échange.

« Toujours aussi charmante Miss Parkinson, j'ose espérer que Drago se comporte bien avec vous et puisse vous apporter ce dont vous désirez. »

Je levais les yeux au ciel, comprenant que cette journée était finalement une invitation en enfer.

« Oh, mais il est vraiment très agréable avec moi, Monsieur, il m'a même invité au bal de Noël ! »

J'ai jeté un regard qui tue version Malefoy sur elle. Sale peste, elle savait que je n'oserais dire le contraire devant mon père. Avant que je n'ai pu rectifier quoi que se soit, mon père a continué de parler.

« C'est très bien fils, tu sais que je suis extrêmement sensible à ce que tu puisses un jour te marier avec une fille au sang pur. Pour le bien de notre lignée. »

Pansy en a eu les larmes aux yeux. Moi aussi, mais pas vraiment pour les mêmes raisons. C'était quoi ce cauchemar ?!

« Et si nous allions discuter en privé, Père. »

Je lui ai fait signe de me suivre. Non loin de là, Potty venait d'arriver et nous nous sommes croisés tous les trois. Mon père s'est attardé un instant, chose que j'avais redouté. Potter semblait au bord du malaise, pour une fois nous avions un point commun.

« Bonjour Monsieur Potter, qu'elle excellente journée, vous ne trouvez pas ? » Potty semblait très en colère que mon Père soit sorti d'Azkaban, mais il n'a rien dit.

Je pensais que le pire était là, mais Ange est arrivée juste derrière Potter. Je supposais qu'ils s'étaient croisés dans les couloirs. Ils semblaient même que rien ne s'était passé entre eux sur le terrain de Quidditch, la veille. Je me demandais bien pourquoi Ange et Potty étaient proches, ils s'engueulaient comme des fous deux jours avant, les voilà ensemble au petit déjeuner le lundi matin. Comme d'adorables Gryffondors. A vomir.

Un coup d'œil sur la blonde pour voir ses cernes, je pensais finalement que c'était signe qu'elle avait dû discuté et se réconcilier avec lui cette nuit. Je n'avais pas fait attention à cela quelques minutes plus tôt. Je voyais un bandage blanc sous sa chaussure signe qu'elle devait encore souffrir de sa blessure. Elle a planté ses yeux vairons dans les miens alors que je venais de lever les yeux sur elle.

« Jeune fille, il ne me semble pas vous avoir déjà rencontré ? » J'ai coupé le contact avec Ange et j'ai regardé mon père. Je voulais instinctivement l'éloigner d'elle, sans comprendre pourquoi.

Mon père était mielleux. Je ne connaissais pas sa nouvelle tactique que d'être aussi bon envers des Gryffondors. Surement parce que nous étions en public. Et que deux Aurors surveillaient l'échange de près. Je voulais terminer cette entrevue au plus vite.

« Venez père, nous n'avons pas de temps à perdre. » A peine ces mots sortit de ma bouche, il m'a attrapé le bras, le serrant un peu trop fort pour que cela passe pour de la curiosité de rencontrer Ange. J'ai préféré ne pas insister gardant les yeux au sol.

« Mais si Drago, j'ai tout mon temps. Voudrais-tu bien me présenter à mademoiselle ? » susurrait-il.

Il a finalement placé sa main sur ma nuque, la serrant tout aussi fort. Mon père me faisait une humiliation devant Ange et Potty. J'ai cru verser au beau milieu du couloir avec ces conneries ! J'étais livide, du moins, beaucoup plus que d'habitude. J'ai relevé les yeux sur mon père. Il fallait que je prenne confiance rapidement pour que ce moment soit vite derrière moi.

« Bien sûr, Père. Voici Ange Fire, elle vient de France et cette année elle intègre Poudlard, dans la même promotion que Potter et moi-même. » j'expliquais rapidement, ne me rendant pas compte des conséquences de cette entrevue.

J'ai tout vu et tout senti.

La petite lueur dans les yeux de mon père.

Ses ongles s'enfonçant dans ma peau.

Quelque chose n'allait pas avec elle, mon père était troublé. Cependant, il a très vite souri à Ange. Le manque de sommeil devait me jouer des tours.

« Bienvenue mademoiselle Fire, et bonne intégration à Poudlard. » lui souhaitait-il.

« Hum… merci… »

Ange m'a lancé un regard que je n'ai pas su interpréter. Si c'était de la curiosité, de l'étonnement, de la pitié peut-être. J'ai surtout vu la récente répulsion qu'elle avait pour moi, qu'elle contenait par politesse devant mon père. Je ne sais pas pourquoi je la regardais autant dans les yeux alors que j'étais mal à l'aise devant mon père.

« Père, si tu veux bien me suivre. » je disais finalement, la raison revenant soudain.

C'est ce qu'il a fait, après avoir souhaité une bonne journée à Potter et Ange. J'étais tellement sous le choc entre l'apparition de mon père et la confrontation avec les Gryffondors que j'en tremblais. Nous sommes arrivés dans un couloir et mon père s'est empressé de me parler.

« Drago, tu as bien dit que cette fille était française ? »

Je n'ai pas compris pourquoi il s'intéressait à elle et j'ai tout fait pour qu'il ne devine pas que j'avais été proche d'elle à un moment ou à un autre.

« Oui c'est bien ça. Vous connaissez ses parents, père ? » Je tentais de mener ma petite enquête pour comprendre ce qu'il se passait dans la tête de mangemort de Lucius Malefoy. Il m'a toisé.

« Fais attention avec elle, Drago. Ses parents sont une menace pour notre famille, plus que Potter. Je t'interdis de la fréquenter, est-ce que c'est clair ? »

Je voulais me désintéresser totalement d'Ange Fire, pourtant mon père venait d'éveiller mon intérêt.

« Ses parents sont Aurors c'est ça ? » demandais-je en quête d'informations.

Après tout, il pouvait me répondre. Non, il devait me répondre. Avec Lord Voldemort qui traînait chez nous de temps à autres, il devait me tenir au courant de certaines informations, comme celles de ce genre.

« C'est même pire que ça Drago, mais je sais que tu comprendra bien rapidement. » me répondait-il en observant les murs du couloir.

La sonnerie pour se rendre en cours s'est mise a retentir. Il s'est approché de moi.

« D'ailleurs, fils. »

Rapidement et sans que je n'ai le temps de le parer, mon père m'a donner un coup en plein visage, au moment ou les Aurors se parlaient. Ils n'ont pas vu ce rapide échange avec mon paternel. « Ca, c'est pour ne pas être venue rendre visite à ton père. »

Ma joue me lançait une vive douleur. Il m'avait encore frappé avec sa bague en argent, celle qui écorchait et coupait la joue. Quand j'ai rouvert les yeux, difficilement car les larmes étaient montées toutes seules, mon père avait disparu et une marrée humaine d'élèves de quatre maisons qui s'affairait à aller en cours. Mon père était un connard, je n'avais pas le temps d'aller devant un miroir pour me soigner et encore moins pour aller à l'infirmerie. Je devais donc me rendre en cours. L'ironie du sors, c'est que j'avais défense contre les forces du mal. J'avais bien besoin d'en savoir plus à ce sujet, tiens !

POV Harry

Défense contre les forces du mal. C'était une des rares matières que j'appréciais à Poudlard, une qui comptait vraiment. Car oui, quand vous aviez affronté le Seigneur des Ténèbres un nombre de fois supérieur à celui de vos dix doigts, il n'y avait plus que votre préparation à combattre qui comptait. La dernière fois, je n'avais rien pu faire.

Encore. Et cette fois, mon parrain, Sirius Black était mort. Je ne le verrais plus jamais, sauf si Voldemort m'envoyait prématurément le rejoindre. Revoir Lucius Malefoy avait éveillé en moi de vieux démons. De vieux souvenirs, y compris celui ou Sirius mourrait juste sous mes yeux de la baguette de Bellatrix Lestrange.

Et dire que j'aurais pu la tuer. Pourquoi ne l'avais-je pas fait ? Parce que je ne voulais pas ressembler à Voldemort sur un point supplémentaire.

Pourquoi cet enfoiré de Lucius était là, libre ? J'avais entendu des bruits de couloir, comme quoi il rendait visite à sa femme et son fils mais qu'il retournait le soir même derrière les verrous. Comment avait-il pu avoir cette autorisation ? Je laissais la colère m'envahir alor que je serrais les poings jusqu'à ne plus sentir mes doigts.

« Bien. Nous avons le professeur Mc Gonnagal et moi-même, jugé bon de vous faire réviser certains sorts. Nous nous en sommes rendu compte face à vos résultats catastrophiques de ces dernières semaines à divers examens ainsi qu'à une incapacité à reproduire des choses futiles en cours de métamorphose… qu'il fallait vous donner un bon coup de pied aux fesses. »

Hermione s'est senti outrée face aux paroles de Rogue qui assurait nos cours de DCFM cette année. Elle avait tout réussie et s'était peut-être attendue à ce qu'il fasse part de l'exception qu'incarnait Hermione.

« Je vais prendre un élève de chaque maison, un de Gryffondor, l'autre de Serpentard. » dit Rogue en poussant les tables contre les murs d'un coup de baguette magique. « Nous allons faire des travaux pratiques. »

Evidemment, aucun élève ne s'est proposé.

« Bon, nous allons prendre Monsieur Malefoy et Miss Fire pour commencer. »

J'étais soulagé et inquiet à la fois. Ange devait vraiment être frustrée de se retrouver à côté de Blondy après tout ce qu'il s'était passé. En bonne élève Gryffondor, Ange est allé au tableau en traînant les pieds rejoindre Malefoy qui était déjà près de Rogue, en bon toutou.

« Miss Fire, dites-moi comment faites-vous fuir un Epouvantard ? » demandait Rogue de son ton habituel.

Ange était terriblement mal à l'aise, je le voyais bien. Se tenir debout face à sa maison, plus à celle de Serpentard était déjà une épreuve. Mais en plus être proche de Malefoy et Rogue en même temps : je n'imaginais pas la nausée. J'étais bien heureux d'être à ma place, moi qui avais une expérience bien particulière avec les Epouvantards.

« Alors, pour s'en débarrasser il faut rire de lui… ce qui est difficile en soit car il représente notre plus grande peur. Ou bien, il faut lancer le sortilège Ridiculus qui est beaucoup plus simple. Il faut imaginer l'épouvantard avec un accoutrement ridicule. »

Ce qui m'a fait sourire, c'est qu'elle a regardé Malefoy tout le long de son explication.

« Bravo Miss Fire, j'attribue dix points à Gryffondor si vous êtes capable de renvoyer l'Epouvantard au placard. »

Rogue a ouvert la penderie au fond de la classe et j'ai entendu de ma chaise la plainte étouffée pousser par Ange. Malefoy fixait Ange depuis le début. C'est à ce moment là que j'ai remarqué un hématome sur le visage de la serpillière. Je me suis tourné vers Ange, car Rogue avait ouvert la penderie poussiéreuse du fond de la classe.

A la minute où je l'ai vu tituber et tenter de garder le contrôle j'ai su ce qu'il allait se produire, mais Hermione avait réagit avant moi. Elle a silencieusement jeté un sortilège de confusion et l'Epouvantard s'est concentré sur Ron. Il avait à peine revêtu son habit de mangemort qu'il s'est transformé en araignée.

« Oh, putain de merde ! Merde c'est quoi ce BORDEL ?! » hurlait Ron déjà debout sur sa table. « Ange, pitié fais quelque chose ! »

La classe a tellement rit de voir Ron comme ça, que l'épouvantard s'est enfermé dans la penderie rendant inutile l'intervention d'Ange.

Toute la classe, hormis Ange, Malefoy et Rogue, était encore en train de rire. Rogue soupirait, visiblement déçu. J'ai bien remarqué qu'Ange cherchait à comprendre ce qu'il s'était réellement produit. Son rythme cardiaque devrait frôler l'indécence.

« Vu votre utilité Miss Fire, je n'accorde pas de points à Gryffondor. Mais vous avez vu juste quant aux solutions s'offrant à vous pour faire disparaître la créature. A présent, Monsieur Malefoy va nous montrer comment désarmer Miss Fire, qui bien entendu pour le bien de la leçon ne vas pas se défendre.»

Malefoy s'est tourné vers Rogue semblant hésiter un moment, puis s'est finalement tourné vers Ange. Les Serpentards lançaient des encouragements à Malefoy. Il a eu une fois de plus un moment d'hésitation mais la Gryffondor l'a provoqué pour qu'il passe à l'action.

« Montre-moi ce que tu as vraiment dans le ventre, Drago Malefoy. »

Personne n'a rien dit, pas même Rogue. Il y a eu un petit silence et Ange a enfin pointé sa baguette sur Malefoy. Si Ange aurait eu des revolvers à la place des yeux, Blondy ne serait plus de ce monde. Quel dommage. Des petites étincelles crépitaient au bout de sa baguette démontrant sa colère.

Finalement, après un moment qui m'a semblé être une éternité, celui-ci a levé sa baguette sur elle. « EXPELLIARMUS ! »

La baguette d'Ange a volé à travers la pièce puis Malefoy l'a rattrapé. Tous les Serpentards applaudissaient Malefoy, Ron gueulait par-dessus le vacarme. « Pas de quoi en faire un chocogrenouille, on apprend ça en première année ! » Ange s'est approché de Malefoy et lui a arraché sa baguette des mains, visiblement vexée.

Rogue a attribué dix points à Serpentard ce qui a encore plus énervé Ron.

C'est à ce moment, que les choses se sont vraiment corsés pour Ange et Malefoy. Et même pour moi.

« Bien, Monsieur Malefoy vous allez rester sur cette belle lancée et montrer à la classe comment faire apparaître un Patronus. » disait Rogue tout en consultant l'heure.

« Un quoi ? Mais je n'en suis pas encore capable ! » s'exclamait le blondinet. Moi j'étais mort de rire à ma table ce qui m'a valu un regard noir de la part de tous les Serpentard réuni, Rogue y compris.

« Monsieur Potter se permet de faire le malin devant vous tous, car il est le seul élève capable d'en faire apparaître un à ce jour. Ce qui lui vaut, et il le comprendra certainement, une retenue. »

Malefoy m'a adressé un beau sourire. Connard.

Je n'ai rien ajouté, si j'osais lui répondre je pourrais nettoyer tous les chaudrons du château pendant l'année à venir.

« Qui d'entre vous en est capable à part le prétentieux Monsieur Potter ? Personne ? »

Bien sûr que si, la moitié des Gryffondors savaient le faire depuis les cours de l'Armée de Dumbledore. J'étais même très surpris qu'Hermione ne se propose pas pour faire une démonstration.

Rogue nous regardait tous et Goyle s'est exprimé : « Et ben pourquoi pas demander à Fire, elle est nouvelle, c'est à elle de trinquer ! »

Rogue jeta un regard de dégoût vers Goyle sans même le regarder, il ne voulait sans doute pas lui accorder la moindre importance vu sa mine dégoûtée. Ange, les mains sur les hanches regardait Goyle avec colère. «Bah oui, gros porc, toi à part te goinfrer toute la journée tu ne sais rien faire, sac à merde

Personne n'a rien compris de ce qu'elle a dit. Sauf Malefoy visiblement. Ange s'était exprimée en français laissant Goyle sur les fesses. Je regardais Malefoy d'un œil perçant, ne comprenant pas le sourire involontaire qui avait traversé son visage. Même Ange avait remarqué qu'il avait compris, et elle a pratiquement répondu à son sourire mais s'était vite ressaisie se rappelant sans doute de la trahison de ce denier. Depuis quand savait-il parler français ce con ? La jalousie m'a submergé.

Rogue a préféré ignorer l'intervention d'Ange, ce qui était une chance inouïe pour elle.

« Je propose un petit concours entre nos deux maisons. Celui qui fera apparaître le plus joli patronus, c'est-à-dire que l'on ressente au moins une émotion particulière se verra attribuer cinquante points pour sa maison. Monsieur Malefoy, je vous en prie, à vous l'honneur. »

Malefoy s'est concentré quelques instants, et je voyais bien qu'il ne voulait pas échouer. Une question de fierté. Quelques secondes plus tard, il a jeté son sortilège. « Spero Patronum ! ».

Une petite fumée blanche et argenté s'est développée à partir de sa baguette sombre, mais rien de plus ne s'est produit. Il fulminait. Rogue a soupiré puis s'est tourné vers Ange. Celle-ci s'est concentrée avec plus de rigueur que Malefoy. Elle a fermé les yeux, comme je l'avais fait avec Lupin, puis elle a lancé le sort. Hélas, elle n'a pas fait mieux que Blondy. Tous les deux ne se concentraient pas comme il le fallait. Ils avaient dû oublier qu'il fallait penser à un moment heureux. Malefoy semblait satisfait que la jeune fille ne lui arrive pas à la cheville.

Rogue, était exaspéré. Puis il a eu une illumination que j'aurais préféré qu'il oublie à l'instant où elle avait traversé son cerveau.

« Potter, venez s'il vous plait. Allez, plus vite que ça! Remuez-vous ! »

Je me suis levé, surpris, puis me suis approché, me retrouvant au milieu d'Ange et de Malefoy.

« Votre plus grande peur est la peur elle-même Monsieur Potter n'est-ce pas ? C'est-à-dire un détraqueur vous rendrait apeuré, sans aucun doute ? »

J'ai acquiescé, honteux, sans comprendre où il voulait en venir. « Oui, sans doute, mais -. »

« Parfait ! Potter, je vous interdis d'utiliser la magie.» exultait Rogue.

« Le concours est relancé. J'attend de brillants résultats, ne me décevez pas, surtout !» s'adressa t-il aux deux autres élèves.

Il m'a poussé vers la penderie et en a fait sortir l'Epouvantard. J'ai compris tout d'un coup et j'ai fermé les yeux pour ne pas lancer le sors que je brûlais de prononcer. A peine était-il sorti de la penderie que j'ai ressenti le froid, la noirceur et surtout le désespoir.

Ange et Malefoy se sont retrouvés pétrifié face au Détraqueur qui exerçait comme une réelle créature son pouvoir d'aspiration, en moins puissante tout de même. Plusieurs instants se sont écoulés sans que les deux ne réagissent. Les élèves de la salle commençaient a paniquer et Rogue observait attentivement les deux élèves qui servaient de cobaye. Malefoy a alors tenté quelque chose qui a plus poussé l'Epouvantard vers Ange qu'autre chose. Rogue me tenait par le col et me faisait suivre l'épouvantard pour qu'il continue de se concentrer sur moi et non sur Ange. J'ai rouvert les yeux, suppliant du regard Ange d'intervenir et d'arrêter ce cauchemar. La blonde ne semblait pas prête à faire quoi que se soit, le faux Détraqueur était en train de faire remonter ses peurs les plus profondes. Cela se devinait à la sueur qui perlait déjà sur son front. Elle semblait à la fois perdue dans ses souvenirs et hypnotisé par l'Epouvantard. Je chancelais déjà sur le sol, pensant que Rogue allait intervenir.

Puis…

« SPERO PATRONUM ! »

Pendant quelques secondes, rien ne s'est produit. Puis, une étincelle est apparue au bout de sa baguette magique, avant de devenir beaucoup plus brillante et vive. Enfin quelques formes se sont dessinées, et un animal est entré dans la pièce. Il illuminait la salle de classe et envoyait une tiède sensation de réconfort. C'est Ange qui avait hurlé. Après avoir bien observé le patronus d'Ange, je me suis aperçu qu'il ne s'agissait pas de simples formes hasardeuses.

Mais d'une lionne.

Une lionne, grande et majestueuse avait fait apparition, et se dressait fièrement devant nous. Elle était d'un réalisme éblouissant si l'on mettait de coté son allure fantomatique. La lionne a rapidement verrouillé le regard sur l'Epouvantard et a foncé sur lui, donnant de violents coups de pattes. Avec stupeur nous avons tous constaté qu'Ange avait réussi. L'Epouvantard a regagner la penderie et la lionne s'est tourné vers Ange et s'est avancée près d'elle lentement. Elle s'est lovée sur Ange, du moins au niveau de sa taille, comme l'aurait fait un chat, réclamant des caresses de sa maîtresse. Puis l'animal s'est volatilisé complètement.

Un silence s'est de nouveau installé, mais pas pour longtemps. Les Gryffondors ont tous applaudit Ange avec ferveur, moi le premier, qui avait retrouvé bonne mine grâce à son patronus. J'étais presque envieux d'elle quant à la relation qu'elle pouvait avoir avec un patronus.

La sonnerie a retentit et Ron a interpellé Rogue.

«Et bien, il me semble que vous aviez promis quelque chose ?»

«Oui, ça va, ça va ! Cinquante points sur Gryffondor !» a dit Rogue en assommant presque Ron avec un livre de DFCM.

Le temps de reprendre mes esprits, je me suis dit qu'Ange devait vraiment faire partie des Gryffondor. Le patronus d'une lionne n'était pas donné à n'importe qui, j'en étais sûr. J'ai croisé Hermione qui avait rassemblé ses affaires.

«Tu n'a pas voulu participer Hermy ? »

Elle m'a souri. «Je voulais voir ce dont Ange était capable. Et j'ai bien fait non ? C'était très drôle de la voir ridiculiser Malefoy ! »

Oh que oui. C'était jouissif !

Pov Ange

Pause déjeuner. Il faisait vraiment froid ces derniers jours et j'évitais un maximum de sortir dehors depuis que j'avais glissé sur une plaque de verglas ravivant la douleur de ma cheville. J'avais une belle entorse. Ce sont les mots de Mme Pomfresh, qui m'avait trouvé dans les vestiaires le soir du match. Pour elle la magie ne devait pas tout soigner, certaines blessures devaient se résorber d'elle-même, avec le temps. Si elle savait que ses mots étaient tellement appropriés ce soir-là.

En soupirant, je traversais un couloir désert. Tous les élèves se goinfraient surement au repas de fin d'année. Pour ma part, j'étais un peu écœurée au vu des événements récents. J'avais réussi à pardonner à Harry, en fait nous n'avions pas pu nous ignorer bien longtemps dans la tour de Gryffondor. J'ai compris sa relation avec Drago, en revanche je lui ai reproché de ne pas m'avoir averti du plan du blond à mon encontre. Il avait voulu me protéger parait-il. Je pensais plutôt qu'il n'avait pas eu le courage de me l'annoncer autrement que devant tout le monde, réglant ses comptes avec Ginny par la même occasion. Celle-ci était d'ailleurs introuvable, certainement cachée dans un trou de souris après l'humiliation qu'elle avait subi. Je n'en revenais toujours pas qu'elle puisse entretenir une relation avec Drago, même si ce n'était purement sexuel, c'en était une quand même. Ils jouaient vraiment bien ma comédie ces deux-là.

Je me dirigeais vers l'infirmerie afin de prendre des anti-douleurs et pour m'allonger quelques instants, car ma cheville enflait un peu dans ma chaussure, c'est d'ailleurs douloureusement que j'ai fait glisser celle-ci au sol. J'ai tiré les rideaux autour du lit et me suis laissée tombé sur le dos, me remémorant la rencontre avec le père de Drago. Une bien drôle de rencontre, pleine de tensions. Il y avait autre chose qui m'avait profondément gêné. L'attitude du père envers le fils.

Alors que mes pensées vagabondaient vers Drago, la porte de l'infirmerie a claqué stoppant net mes réflexions. Je ne savais pas qui c'était, mais ça ne pouvait pas être Pomfresh, celle-ci était dans la Grande Salle pour le déjeuner. Alors qui d'autre ?

Quelques bruits dans les flacons de l'infirmière m'ont donné un doute, suivi d'une eau coulant d'un robinet. En ouvrant légèrement mon rideau je me suis aperçu que c'était Drago lui-même, qui ouvrait des flacons sur le lavabo. J'ai eu le temps d'observer sa mine sombre, presque douloureuse, à travers le reflet du miroir. J'ai voulu me rallonger sans faire de bruit.

« J'ai vu ta chaussure, Ange. Pas la peine de te cacher. »

Et merde. Un coup de baguette de sa part et mes rideaux se sont ouverts tous seuls.

« Mais… je ne me cache pas, contrairement à toi. Je viens me reposer c'est tout. » je lançais en l'observant, mettant mon bras derrière ma tête pour donner une image décontractée alors que je me suis soudainement tendue.

Il a souri à travers le miroir, plus pour lui-même que pour moi. Il n'a rien dit de plus, s'affairant à composer un mélange pour se soigner sans doute. Il a jeté un coup d'œil dans le miroir pour me regarder quelques secondes avant de reprendre son travail. Je pensais qu'il allait m'oublier alors qu'il me lançait :

"C'est drôle, on s'est parlé ici la première fois."

"Quoi ?" je répondais alors que j'avais très bien compris.

"La première fois que l'on s'est parlé, c'était ici. Tu te souviens ?" a t-il dit de nouveau en se tournant complètement vers moi cette fois.

Je me suis redressée et me suis assise sur le lit. Il s'est tourné vers le lavabo à ce moment, et m'a de nouveau jeté un coup d'œil à travers le miroir. Je n'ai rien répondu. Comment pouvait-il me parler de ça, l'air de rien ? J'avais la gorge trop sèche pour répondre. Et en même temps j'étais surprise qu'il m'évoque ce souvenir.

Moi qui détestais les longs silences plein de gène j'ai décidé de lui poser quelques questions.

« Qu'est-ce qui t'arrive ? »

« Qu'est-ce que ça peut te faire ! Je ne suis qu'un garçon pathétique. » répondait-il froidement. Peut-être parce qu'il était vexé que je ne réponde pas à son approche. Ou alors il se souvenait subitement qu'on se détestait. Peut-être les deux.

Visiblement, il était plus rancunier que ce que je croyais.

« C'est ton père, n'est-ce pas ? »

J'ai reçu un regard sombre à travers le miroir, mais moi, je n'ai pas baissé les yeux. Je voulais percer la fausse froideur de Drago Malefoy.

« J'ai bien vu qu'il te malmène Drago. » je lançais sans reffléchir.

« Occupe-toi de tes Gryffondors, mais pas de pitié avec moi Fire ! »

Fire. C'était comme recevoir un seau de glaçons par la figure. Il me considérait vraiment comme les autres Gryffondors, mettant une barrière émotionnelle supplémentaire entre nous. Mais j'ai fait mine de ne pas relever.

« Comment va ta cheville ? » me lançait-il, recommençant à me perturber avec ses questions.

« Occupe-toi de tes Serpentards, mais pas de pitié avec moi Malefoy. » je rétorquais avec sarcasme.

Il s'est tourné vers moi. « Tu ne t'arrêtes jamais c'est ça ? »

J'ai souri très légèrement. « Rarement. » J'ai jeté un œil sur les flacons qu'il avait choisi. J'ai grimacé.

« Tu devrais plutôt prendre des feuilles de menthe... comme tu avais fait pour moi, dans la salle de bal. Ca évite au bleu de violacer. »

Un autre souvenir de nous flottait dans ma mémoire. Un beau souvenir... qui n'était qu'une comédie. Mon cœur se resserrait à l'instant, et en même temps je me sermonnais en moi-même de lui donner des conseils.

« Pour faire un mojito peut-être ? » demandait-il sur un ton railleur.

« D'où tu connais les cocktails moldus ? » je demandais en haussant les sourcils.

« D'où tu connais la médecine sorcière ? La dernière fois, tu n'y connaissais rien vu l'état de ton arcade sourcilière.» lançait-il comme de l'acide.

J'ai soupiré roulant les yeux en l'air.

« Bien, vas-y brûle toi la peau que je ricane un moment. Mais je t'aurais prévenu. »

« J'ai pas besoin de toi ! » m'a-t-il dit en se tournant vers le miroir. Il a pris son flacon et l'a déversé sur une compresse. Je voyais bien qu'il apercevait mon reflet dans la glace, je lui ai lancé un dernier regard d'avertissement. Et il a commis l'erreur fatale. Non seulement, il a eu mal, je l'ai vu alors qu'il grimaçait et envoyait son flacon se fracasser en mille morceaux contre la dalle froide, mais en plus, son hématome s'est violacé instantanément. Furieux et vexé, il s'est tourné vers moi.

« Et ben vas-y, Pomfresh junior, montre moi ce qu'il faut faire ! » me criait-il presque dessus.

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire au vu de la situation, puis me suis levée, j'ai chaussé rapidement ma basket et me suis approchée de lui.

« Mais qui t'a fait ça, on dirait un vrai travail de débutant ?! » je disais en faisant référence à la même question qu'il m'avait posé quand il m'avait examiné pour me soigner.

« Ange… » me prévint-il « Je vais devenir grossier. »

« Tu l'es déjà. Affreusement. Irrévocablement. Profondément. Indéniablement. Comp

« C'est bon, j'ai compris, tu peux arrêter ton cirque s'il te plait ?. » m'a-t-il coupé.

J'ai souri puis je lui ai demandé de s'assoir sur une chaise derrière lu. Il m'a lancé un regard noir.

"Drago, tu es trop grand, je verrais mieux si tu t'assoies." j'expliquais presque en soupirant.

Il s'est finalement assis dans un soupir tout en gardant un air méfiant sur le visage. Il devait se demander si je n'allais pas profiter de la situation pour me venger de lui.

Je lui ai administré ma petite compresse maison et lui ai appliqué sur la joue, après avoir ajouter les feuilles de menthe dans sa composition, ainsi qu'un genre d'anti-inflammatoire. Je connaissais quelques petites choses, avec les entraînements de Quidditch les blessures étaient fréquentes. Je m'assurais de bien appuyer pour lui faire mal, autant que j'avais mal au cœur. Je sentais qu'il se tendait et s'empêchait de geindre comme un enfant qui avait un petit bobo. Qu'est-ce qu'il pouvait m'énerver et m'amuser en même temps. Je pensais à plein de choses tout en répétant mon geste inlassablement. Vu ce qu'il s'était passé entre nous, il n'avait plus aucune raison de rejouer avec moi, alors autant se comporter comme deux camarades de maisons. Il n'avait aucun intérêt à recommencer.

Mais je comptais bien lui faire payer toute ma douleur. Quand j'ai levé les yeux sur lui, je me suis aperçue qu'il me regardait. Ce qui devait arriver arriva. Une douleur, en plein milieu du cœur. J'étais aussi proche de lui que je ne l'étais dans la salle sur demande, mais plus rien ne serait comme avant. Car ce qu'il s'était passé, n'était qu'un songe. J'ai retiré la compresse de sa joue, qui était désormais intact.

« Voilà. C'est bon. Tu as retrouvé ta magnifique petite gueule d'enfoiré. Plus de blessure. » je disais tout bas.

« Tu es bien vulgaire depuis ce matin. »

« Tu es bien con depuis quelques jours. »

J'ai voulu sourire mais je n'y suis pas arrivé.

"Pourquoi tu m'aide ?" a t-il lancé en continuant de m'observer.

Je voulais répondre rapidement, mais je n'avais pas de réponse plausible.

"Je n'en sais rien." je disais finalement.

Puis je me suis retourné vers le lit pour récupérer mon sac. Je n'avais plus envie de me reposer ici, autant aller dans la grande salle, je n'aurais pas à parler avec lui.

"Sans doute ton âme de Gryffondor. Vous êtes tous dans le genre à vouloir défendre la veuve et l'orphelin. A chaque fois, vous vous cassez les dents sur vos bonnes actions, à quoi ça sert ?" me lançait-il sur un ton moqueur.

Je haussais les épaules alors que je remettais un livre dans mon sac, qui avait glissé sur le lit. Je ne répondais pas, mais j'aurais voulu lui rétorquer que non seulement on se cassait les dents, mais également on se brisait le cœur tout seul.

Quand je me suis remise face à lui, j'ai remarqué qu'il me regardait toujours.

« Magnifique ton patronus. Tu as pensé à quoi pour le faire apparaître ? » me demandait-il en se relevant.

J'ai remis mon sac en bandoulière et me suis approché de lui, jusqu'à être à deux centimètres de son visage, voulant le provoquer. Pour lui montrer que je n'étais pas qui il croyait et que je ne me sentirais plus faible devant lui.

« Devine. » ai-je soufflé. Puis je l'ai contourné pour quitter la pièce. Je n'avais pas envie de lui dire.

« C'était le moment dans la salle de bal n'est-ce pas ?»

Je me suis tourné vers lui une dernière fois. Ce n'était pas ce moment là auquel j'avais pensé, même si j'aurais pu l'utiliser. Mais penser à ce moment serait également penser à la douleur que je ressentais quand je pensais à lui, quand je sentais son odeur, quand j'entendais sa voix. Donc un échec face à un détraqueur. J'ai repris ma route et j'ai lancé dans le couloir, mes mots résonnant en écho. Il me demandait ça pour me provoquer, il ne fallait pas que je tombe dans le panneau. Il s'amusait de ma douleur.

« Tu aimerais bien, hein ? »

Je n'ai pas vu sa réaction, mais j'ai tenté de la deviner. Surtout, j'ai fait attention de ne pas me retourner. Car une fille qui se retourne vers un garçon est une fille amoureuse. Et je voulais désormais qu'il pense tout le contraire de ce que j'éprouvais pour lui.

De l'indifférence.