Pov Harry
Sur le quai de la gare, je frissonnais en resserrant mon écharpe autour de mon cou. Le vent s'était levé et la neige tombait partiellement, commençant à blanchir le sol. Le reste de la famille Weasley encore scolarisé à Poudlard, -c'est-à-dire Ron et Ginny -était avec moi, y compris Hermione et quelques camarades de Gryffondor qui se massaient autour de nous : Dean, Seamus, Neville. Même Lavande et Parvati étaient près de nous et quelques autres de maisons différentes. Nous étions nombreux à avoir fêté Noël en famille cette année.
Un peu perdu dans mes pensées, je me souvenais de la visite de Dumbledore au Terrier, qui m'avait prévenu du procès imminent de Lucius Malefoy et quelques autres Mangemorts que le ministère avait pu coincer après le meurtre de mon parrain. Il souhaitait que j'assiste au procès car le juge voulait écouter ma version des faits. Quelques personnes avaient déjà témoignés pour le dossier comme entre autre Neville et Luna. Encore quinze jours et ce serait le jour fatidique pour Malefoy. D'ailleurs je pensais bien que son fils serait au procès lui aussi, je pense qu'après mon témoignage il voudra encore plus me voir six pieds sous terre. Mais je ne dirai que la stricte vérité.
Tout le monde racontait ses vacances, mais j'étais plus occupé à me dévisser le cou pour chercher Ange des yeux plutôt que de les écouter. Je n'avais pas eu de nouvelles d'elle pendant ces deux semaines de vacances, et ça m'avait fait quelque chose sans comprendre pourquoi.
« Qui tu cherches vieux ? »
C'était Ron qui me parlait à voix basse se détachant un peu du reste du groupe. Je me tournais vers lui pour lui répondre.
« Oh, euh .. personne. »
« Tu es sûr ? Je ne sais pas, t'es tout bizarre depuis qu'on est là. »
C'était vrai, je ne parlais à personne depuis un bout de temps, trop occupé à détailler chaque nouveau visage qui arrivaient sur le quai. Je ne sais pas si l'intervention d'Hermione était innocente ou non, mais elle attira mon attention.
« Et au fait, nous n'avons pas eu de nouvelles d'Ange, j'espère qu'elle va bien ? »
« Elle a du passer de chouettes vacances avec ses copains, ils avaient l'air sympa ! » répliquait Ron.
« Vous ne pensez pas que son copain brun c'est genre son petit-ami ? Il l'a dévorait des yeux quand on arrivait de Poudlard la dernière fois ! » Intervenait Dean avec un sourire malicieux sur le visage.
« Raconte pas de conneries Dean, c'est son ami d'enfance. Et elle sort avec Malefoy. »
J'étais intervenu brutalement, sur un ton plutôt sec ce qui a valut un lourd silence dans le groupe. Gêné moi-même, je me tournais vers eux. Ginny me regardait fixement sans rien dire. Sans regard sombre non plus, plutôt avec tristesse, tristesse que je sentais sincère. Elle a soupiré doucement, puis a tourné la tête ailleurs. En revanche les autres me fixaient bien à présent, même ceux autour de nous qui quelques secondes plus tôt étaient concentrés à discuter ailleurs. J'avais du m'emporter un peu trop facilement, comme d'habitude depuis le début d'année.
« En parlant du loup… » Seamus venait de faire un signe de tête à l'opposé de nous et je me suis tourné pour regarder Malefoy arrivé seul.
Il rejoignait les Serpentards, de son pas assuré, les épaules droites et l'air sombre. Il a dit quelque chose au groupe des Serpentards en arrivant près d'eux et ils se sont tous comportés de manière étrange, comme si tout le groupe le respectait … ou le craignait. Parkinson s'est détachée du reste des verts et argents pour s'isoler avec lui. J'ai bien vu qu'il s'assurait que personne ne les écoutaient. Il lui a dit quelque chose et elle a porté ses mains à sa bouche en l'écoutant, comme si elle apprenait quelque chose de poignant. Je sentais Malefoy un peu plus doux avec elle que d'habitude. Au bout d'un instant, la brune a hoché la tête et elle a posé sa main sur l'épaule de Malefoy comme pour le réconforter. Je pensais qu'il allait la rejeter comme toujours mais à la place, il lui a pris la main pour la serrer et enfin ils sont retournés près du groupe. Je mourrais d'envie de savoir ce qu'il s'était dit entre eux, comme toujours ma curiosité était plus forte. Sans doute quelque chose en lien au procès de son père.
A un moment, Malefoy a relevé le visage, semblant chercher quelque chose. Ou quelqu'un. Je me suis rendu compte qu'il cherchait Ange quand une drôle de lueur a traversé son visage quand il nous a tous remarqué. Une bande de Gryffondor qui le dévisageait. Son regard s'est assombri quand il a vu que Ange n'était pas parmi nous et il nous a attribué son éternel air méprisant.
Le personnel de bord du train venait de siffler, signe que le train arrivait en gare.
« Ange va louper le train on dirait.. » dit Ron inquiet. Effectivement, celui-ci arrivait et ralentissait dans un panache de fumée blanche.
Alors que nous nous avancions tous vers les portes du train maintenant arrêté en gare, je me suis tourné encore une fois pour voir si Ange arrivait, je devenais de plus en plus inquiet de ne pas la voir et Malefoy venait de comprendre son absence, nous nous étions échangés une nouvelle fois un regard comme si nous nous interrogions à distance pour savoir si elle n'était pas avec l'un ou l'autre. Quelque part j'étais satisfait de constater qu'il n'en savait pas plus que moi concernant son absence.
Tous installés dans notre cabine, nous regardions par la fenêtre, guettant l'arrivée de notre camarade. J'étais le seul à être resté debout, le regard plonger par la fenêtre. Au bout d'interminables minutes, je l'ai aperçu en train de courir sur le quai.
« Elle est là ! » criait Hermione ! « Vite, il va partir sans elle ! »
Je n'ai pas réfléchit longtemps, et je suis sorti de notre cabine, j'ai couru dans le couloir pour ouvrir une porte.
« Ange ! Ange, par là ! » Je lui faisais signe pour qu'elle me remarque. Elle a tourné la tête vers moi, soulagée de voir quelqu'un de connu et sans doute aussi de voir une porte ouverte. Elle arrivait en accélérant un peu plus, visiblement essoufflée tout de même. Je lui ai saisi la main pour qu'elle grimpe rapidement avec moi, faisant rentrer des flocons de neige en même temps à l'intérieur.
« Et bien Miss Fire, est-ce raisonnable d'être en retard pour prendre un train ? »Dis-je en riant et en hissant rapidement sa valise.
Elle s'est mise contre une porte du couloir tout en reprenant sa respiration, les mains sur les hanches.
« Ouais… j'ai gaffé on dirait… plus jamais… plus jamais je me lève si tard ! » Elle souriait, illuminant tout son visage. Je m'approchais d'elle, faisant rouler sa valise derrière moi.
« C'est ça d'habiter en France. Tu as du te lever tôt ? »
« En vérité, je suis partie de chez moi hier déjà, j'ai dormi à Londres mais on dirait que j'ai oublié de me réveillé. » continuait-elle en reprenant son souffle.
Elle s'est redressée, tout en souriant. Elle s'est approchée de moi et il s'est passé quelque chose dans mon esprit, encore quelque chose que je ne comprenais pas. J'ai imaginé un instant ce qu'elle aurait pu faire avant qu'elle ne m'embrasse la joue tout en touchant mon bras.
« Ca va Harry, tu as passé de bonnes vacances ? » m'a-t-elle demandé en reculant un peu.
Un peu sous le choc, je me suis rendu compte que nous avions des coutumes différentes, et que les Français étaient plus tactiles que nous, Anglais. Rien de plus ne venait de se produire, elle venait juste de me dire bonjour. J'avais oublié ses manies maternelles avec les vacances. Elle ne disait pas bonjour comme ça à Poudlard, son séjour en France lui avait rendu ses habitudes culturelles.
Je n'ai pas eu le temps de répondre, mais j'ai vu à ses yeux qu'elle avait remarqué ma gène que je tentais de masquer. Elle a voulu en blaguer vu l'air qu'elle a prit, mais le train à démarrer un peu trop vivement pour que nous gardions l'équilibre facilement. Je me suis retrouvé à bondir en avant, entraîné par le train et j'ai eu le temps de mettre mes mains contre le bois, de chaque côté de son visage. C'était un réflexe pour ne pas l'écraser et lui faire mal. Le départ du train avait en revanche plaquée Ange encore plus sur la paroi. Une autre secousse a fait l'inverse, c'est elle qui s'est retrouvée un peu plus contre moi, ses mains sur ma veste et son nez manquant de toucher le miens.
Nos visages rieurs ont disparus. Elle était surprise et moi je découvrais réellement la beauté de ses yeux. On ne pouvait pas se rendre compte de leur réelle couleur avant de les avoir vu d'aussi près. Voilà ce que voyait Malefoy à chaque fois qu'il l'embrassait.
Je ne pouvais pas me rendre compte de ce qui se passait depuis le début d'année avant qu'il ne se produise ce banal accident, si on pouvait appeler ça comme ça. La réponse unique à toutes mes questions semblait arriver doucement dans mon esprit alors que je regardais Ange dans les yeux.
Pourquoi j'étais sur les nerfs tout le temps ?
Pourquoi je me sentais malheureux ?
Pourquoi je ne voulais plus de Ginny ?
Pourquoi je m'engueulais tout le temps avec Ange ?
Pourquoi j'avais envie de tuer Malefoy pour de bon ?
Pourquoi ces vacances avaient été si longues ?
J'ai continué de regarder Ange sans rien dire, les questions tourbillonnants dans ma tête. Elle a sourit tout doucement comme si elle avait peur de me réveiller, puis :
« Hey, Harrychou, tu louches ! » et elle a éclaté de rire. Moi aussi.
C'est là, que j'ai compris. Que j'ai absolument tout compris.
Que j'ai écouté la réponse à mes tourments, une réponse qui n'était plus dans ma tête.
Mais dans mon cœur.
Pov Ange
Poudlard. Mon Poudlard. Je me sentais tellement heureuse finalement dans cette enceinte. Ma vie n'avait rien de bien simple. Mais je me sentais comme en sécurité au château. Cela faisait quelques heures déjà que j'étais de retour et que j'avais retrouvé mes camarades rouges et ors. Nous nous étions isolés Hermione et moi pour discuter de nos vacances. Mais aussi pour parler de Ron.
Ronald Wesaley, le sorcier le plus drôle que je n'avais jamais connu. Même quand il voulait être sérieux il me faisait rire, dans sa façon d'être et ses manières de se comporter. C'était un véritable ami pour moi. J'étais certaine d'avoir le sourire en toutes circonstances avec lui.
"J'ai l'impression qu'il attend la lune pour se décider !" m'expliquait Hermione.
"Les garçons sont comme ça, tu sais... ils ont leur fierté !" lui avais-je indiqué alors que nous marchions en direction du château.
"Oui, mais quand même, ça fait six ans qu'on tourne autour du pot, six ans !" dit-elle visiblement exaspérée.
"Tu ne pourrais pas l'aider ? Je ne sais pas... invite le carrément à aller boire un verre !"
"Il serait capable de me dire qu'il proposera à Harry de nous accompagner, jamais il ne comprendra la subtilité de ma demande !"
Nous avons tellement rit en parlant de lui. Ce qui était absolument certain, c'était que Ron était amoureux d'Hermione. J'ai tourné la tête un instant derrière nous pour apercevoir Ron à côté de Harry, visiblement tous les deux en train de parler de la même chose me semblait-il. A un moment, Harry a levé les yeux vers moi et m'a adressé un sourire.
"Je suis sûr qu'il lui faut un coup de pouce" je persistais auprès d'Hermione en redirigeant mon regard vers le château.
"Même le bal de Noël ne lui a pas suffit !"
"Il faut dire que j'ai peut-être gâché votre chance... d'ailleurs, j'ai hâte de connaitre la punition de Dumbledore, qu'on en finisse et vite."
Les querelles entre Gryffondor et Serpentard avaient valut une intervention du directeur en personne qui annoncerait ce soir la sentence des deux maisons.
"Oh, non, même sans cette peste de Pansy Parkinson, Ron serait toujours un simple ami pour moi aujourd'hui. D'ailleurs... ça va avec Mal... avec Drago ?"
Drago... et hop, me revoilà chez moi en train d'apprendre que j'allais assister au procès de son père. Son père était un Mangemort. Merlin... c'était trop pour moi.
"C'est bon Hermione, tu n'es pas obligée de l'appeler par son prénom. Ni de l'aimer, ni de le tolérer d'ailleurs. Je ne vous demande rien et je comprends vos réactions."
"D'accord. Et désolée."
Il y a eut un moment de silence avant qu'elle ne rajoute "Pourquoi es-tu arrivée en retard à la gare tout à l'heure ?"
Moi aussi j'ai mis mon temps pour répondre.
"Tu le sais très bien." je répondais doucement.
C'était la vérité. Hermione était la fille la plus intelligente que je connaissais. Elle savait que j'avais découvert l'identité de Lucius Malefoy avant le départ pour la France et que mes parents étaient Aurors. En revanche elle ignorait mon histoire, du moins c'est ce que je croyais.
De plus, elle savait que j'allais assister au procès parce que Dumbledore en personne était venu chez moi pendant les vacances et aussi parce qu'il avait annoncé à mes parents qu'il irait voir Harry Potter par la suite pour l'informer de la situation.
Et elle savait que j'aurais fait des recherches par moi-même. C'est à dire fouiller dans la presse et dans les affaires de mes parents pour découvrir ce qu'il s'était passé durant la cinquième année d'études de mes amis.
Elle savait donc que je ne savais plus comment me comporter à l'égard de Drago.
Elle a confirmé mes pensées en entourant mes épaules de son bras, tout en continuant à marcher en direction du château ensemble. Je me rendais compte à l'instant, que tout le monde, moi y compris, avait évité de parler du procès Malefoy.
Ma vie allait-elle être normale un jour ? J'en doutais fortement, plus les années passaient, plus ce sentiment grandissait en moi : l'incertitude. Comment pouvais-je sortir avec quelqu'un, dont le père était impliqué dans des histoires sordides de meurtres... des histoires dans lesquelles mes propres amis étaient inclus. Comment pouvais-je tomber amoureuse de Drago, alors que son histoire familiale était liée à la mienne d'une certaine façon, et pas de la meilleure des façons en plus. Que pensait Drago de tout ça ? Était-il quelqu'un de vil ? Est-ce que son père était lié à des assassinats ?
Soudain, je l'ai vu, enfin.
Drago marchait plus loin en compagnie des autres Serpentards. Je ne sais pas si il m'avait repéré avant ou si c'était le hasard, mais au moment ou je l'ai aperçu, il s'est tourné vers moi, comme pour vérifier ma présence. Il s'est détaché de son groupe en me faisant comprendre ainsi qu'il voulait me voir. Je l'avais évité toute la journée, cette fois je ne pouvais plus reculer.
"Vas-y, il faut que tu lui parle." m'a murmuré Hermione. "Je vais rentrer avec Ron et Harry. On se voit à la grande salle."
Elle avait raison, il fallait que j'aille le voir, mais qu'est-ce que j'allais lui dire ? Comment me comporter avec lui ? Fallait-il gâcher nos retrouvailles tout de suite ? Je me souvenais lui avoir parlé du métier de mes parents, pourquoi ne m'a t-il rien dit à ce moment là ? En même temps, je ne pouvais que me mettre à sa place... qu'aurait-il pu dire "Ah génial, nos parents feront des parties de batailles explosives en garde à vue !"
Je n'ai pas eu le temps de réfléchir d'avantage car j'arrivais déjà près de lui. Je n'ai pas eu à me demander encore plus longtemps ce que je devais faire, car il est arrivé près de moi avec ses yeux bleu, a encadré mon visage entre ses mains et il m'a embrassé avant même que je n'ai pu lui dire quoi que ce soit. Embrassé d'une façon que je ne connaissais pas. Une façon possessive.
Et moi, comme d'habitude avec lui je perdais tous mes moyens, sentant presque mes jambes claquer entre elles.
"Tu étais où, je t'ai cherché partout." m'a t-il dit au creux de mon cou alors qu'il me serrait contre lui, déposant ses lèvres à cet endroit, déclenchant une vague de frissons sur toute ma colonne vertébrale.
Comment pouvais-je lui parler de ce que j'avais appris pendant ces vacances après son comportement doux et affectueux ? Je décidais de repousser les explications à plus tard. Je me sentais affaiblie devant lui, d'une certaine façon. Je n'avais qu'une envie, profiter de ces instants avec lui où nous n'aurions pas à discuter plus sérieusement. Parce que nous allions en souffrir, c'était évident.
Comment pouvions-nous ressortir indemnes de tout ça ? Rien qu'à Poudlard, il suffisait de regarder les élèves autour de nous et la façon dont ils nous observaient pour comprendre que rien ne serait facile entre nous. Je voulais vraiment un répit. Je savais que quelque part c'était mal, je devais avoir une conversation avec lui, de toute urgence. Cette histoire de procès m'avait tourmenté toute la fin de mes vacances avec mes parents. Je me suis un peu détachée de lui et lui ai répondu.
"Excuse-moi, je suis arrivée en retard au train, et ensuite il a fallut que je trouve une place à bord."
"Je t'ai vu, c'est Potter qui t'a aider à monter." m'a t-il dit en essayant d'employer un ton détaché.
J'ai bien senti son effort, il tentait de faire comme si cela lui était égale. J'ai décidé d'ignorer tout ça, tout en me souvenant de comment s'était passé nos retrouvailles, le Gryffondor et moi. Je sentais bien que le rouge et or se comportait d'une manière étrange avec moi, sans bien comprendre ce qui se passait vraiment.
"Oui. Et toi, puisque tu m'a vu, pourquoi tu n'es pas venu me voir ?" lui demandais-je en me détachant de lui pour avoir tout le loisirs de regarder sa réaction.
"Précisément parce que tu étais avec Potter." m'a t-il dit en me fixant. Il a mit son bras autour de mes épaules et nous avons continué de marcher en direction du château.
"Ah..." Que dire de plus ?
J'ai remarqué que Harry, un peu plus loin devant nous avec Hermione et Ron, s'était retourné pour vérifier où j'étais, sans doute. Nous nous sommes échangés un regard et il a pincé les lèvres avant de reprendre sa conversation avec ses deux meilleurs amis.
J'ai tourné le visage vers Drago qui avait vu le regard de Harry. Je comprenais en voyant son air sombre, qu'il prenait tout le temps pour affronter les autres, qu'il cherchait à cacher ses sentiments, garder un masque. Empêcher les autres de voir ce qu'il y avait derrière. Je me demandais même si un jour je réussirais à voir ce qu'il y avait derrière tout ça.
Nous sommes arrivés au château et nous sommes séparés pour mettre nos affaires dans les dortoirs et nous rendre à la grande salle pour le dîner.
"A tout à l'heure" lui dis-je en souriant. Il a retiré son bras de mes épaules pour toucher mon visage avant de m'embrasser, puis il m'a murmuré :
"Évite de te plaquer contre Potter ce soir." m'a t-il dit tout en reculant. J'ai écarquillé les yeux, comprenant qu'il m'avait vu avec Harry dans le train. Qu'il avait vu la scène que je n'avais pas compris.
"Hein ?"
Il a soutenu mon regard, je voyais bien un orage gronder dans ses yeux bleu.
"Je ne voudrais pas que Potty se fasse de faux espoirs, si tu vois ce que je veux dire !"
J'ai pouffé de rire tout en le regardant partir vers les cachots. Il s'en allait, tel un Serpentard, souhaitant sans doute me laisser ruminer sa petite remarque. Cette situation m'amusait et m'agaçait en même temps. En revanche, pour Drago, impossible de savoir ce qu'il en pensait vraiment.
"Pourquoi tu dis ça ?" je lançais en haussant le ton, pour qu'il puisse m'entendre.
Je tentais de le garder près de moi et qu'il me dise ce qu'il pensait réellement de la situation. J'ai été servie, mais pas pour ce que j'espérais. Il s'est tourné vers moi et est revenu lentement à mes côtés, les mains se glissant dans ses poches.
"Tu sais ce qu'il va faire d'ici peu ?"
"Non, quoi ?"
"Il va témoigner contre mon père ! Mon père est à Azkaban alors qu'il n'y mérite pas. Son procès démarre dans moins de quinze jours. Et Potty en profite pour l'enfoncer et me pourrir la vie."
J'ai dégluti très difficilement et je n'ai rien trouvé à lui répondre, regardant autour de nous. Nous étions dans un couloir du château, il faisait sombre et tout était silencieux, presque inquiétant.
"Tu vois, même à toi il te cache ça, il n'est pas d'accord qu'on soit ensemble et il fera tout pour me nuire, comme d'habitude."
Il croyait que mon silence était synonyme d'ignorance. C'était tout le contraire... J'ai reposé mes yeux sur lui.
"Je croyais que tu haïssais ton père." dis-je doucement, non pas pour le provoquer mais pour tenter de comprendre. J'ai eu en retour un regard sombre.
"Qu'elle importance ! Potter va salir le nom de ma famille, une fois de plus !" sifflait-il.
"Si ton père est innocent, pourquoi tu t'en fait ? De quoi est-il accusé ?"
Il n'a pas répondu. A la place il m'a jeté un regard perçant. J'ai posé mes mains sur ses bras en soupirant, sentant que je perdais le contrôle de la situation et que je perdais Drago, celui que j'avais l'impression de connaitre d'une façon différente du monde entier. Je me rendais surtout compte que notre relation allait être beaucoup plus compliquée que ce que je ne l'imaginais.
"Excuse-moi, je tente juste de comprendre." dis-je en plongeant mon regard dans le sien, tentant de l'apaiser.
"Je veux que tu restes en dehors de ça. Compris ?" me lançait-il sur un ton qui se voulait presque autoritaire.
J'ai soupiré. A mon tour de mettre les mains dans les poches et j'ai baissé les yeux au sol.
"Drago..." je commençais, voulant aborder le sujet tant redouté. Il était temps.
"Ange, tu me le jure ?" demandait-il avec empressement.
J'ai relevé les yeux vers lui. Je sentais que c'était le moment idéal pour avoir cette fameuse conversation avec lui. Mais ...
"Je te le jure." je répondais finalement.
Quand il m'a serré contre lui avant de s'en aller pour de bon, j'ai prié très fort dans ma tête pour que cette journée ne soit pas réelle.
Ce ne pouvait être qu'un cauchemar. Je lui avais promis quelque chose, une promesse que je ne pouvais honorer.
Puis il a disparu dans le couloir.
Une heure plus tard, j'étais assise à la table des Gryffondors, qui étaient heureux de se retrouver. Nous passions un très bon moment complice tous ensemble. Hermione à mes côtés me demandait doucement ce qui n'allait pas, elle avait remarqué que j'étais un peu ailleurs.
"Tu lui a parlé ?" m'a t-elle demandé.
"Oui." je soufflais à ma camarade tout en me servant du dessert.
"Et alors ? Comment ça s'est passé ?"
"Je n'ai rien pu lui dire, mais ça s'est quand même mal passé. Il sait que certains Gryffondors seront au procès de son père... il est furieux."
Elle m'a passé une main derrière le dos pour me réconforter. Elle avait compris.
"Votre attention s'il vous plait ! SILENCE !"
Nous nous sommes tous tournés vers Dumbledore qui visiblement semblait en colère en commençant son discours.
"Oh non, c'est partie pour la punition !" gémissait Ron tout en rentrant les épaules.
J'avais oublié pendant un instant le bal, la bagarre et tout le reste. Je me demandais ce qu'allait nous dégoter Dumbledore. Il nous avait promis une punition exemplaire. Je m'étais perdu dans mes pensées, encore absorbée par la conversation que j'avais eu avec Drago mais je suis vite revenu au discours du directeur quand j'ai entendu qu'il entrait dans le vif du sujet.
"... et comme cette soirée s'est très mal déroulée, nous avons décidé de faire un test sur les maisons. Etant donné que vous avez du mal pour certains à vous entendre, nous allons vous forcer à coopérer."
Nous aurions pu entendre les mouches volées. Qu'est-ce que notre directeur allait nous annoncer ? Nous nous échangions tous des regards. Drago et Harry se regardaient d'un air féroce.
"J'ai décidé de fusionner pour un match les équipes de Quidditch. Certains élèves ne faisant pas partie des équipes seront aussi intégrés. L'équipe de Gryffondor formera une seule et même équipe avec celle de Serpentard. Vu les récents événements et tous ceux auxquels j'ai assisté durant ces dernières années cela ne peut pas vous faire de mal."
La table des rouges et ors et celle des Serpentards ont explosés de rage en même temps. Hermione était pétrifiée, sans doute la peur de figurer parmi l'équipe, elle qui détestait ça, le Quiddtch et le sport en général, sans doute parce que c'était la seule chose qu'elle ne maîtrisait pas. On entendait les insultes, les quolibets et les hurlements quand Dumbledore a fait revenir le silence avec une seule phrase.
"Les personnes refusant de se soumettre à ce match se verront retirer 150 points à leur maison et l'exclusion de son équipe d'origine." a t-il dit sur un ton implacable.
J'ai jeté un œil à la table des Serpentards. Drago me regardait d'un air neutre. Est-ce qu'il aurait accepté sans cette menace ?
"Vous comprendrez bien qu'il ne peut y avoir une équipe de quatorze joueurs, j'ai donc établis une liste de sept personnes piochées non pas par hasard vous l'aurez compris. Poufssoufle et Serdaigle s'opposeront à cette équipe sur le même principe. Je compte sur vous pour me montrer votre tolérance et votre esprit d'équipe, car vous faites tous partie de la même école, je le rappelle ! "
Je me suis tournée vers Harry. J'ai compris ce qu'il se disait rien qu'en le regardant. Il se demandait lequel des deux attrapeurs serait retenu. Drago, ou lui ? Nous avons eu notre réponse plus tôt que l'on aurait pu se l'imaginer.
"L'équipe Gryffondor/Serpentard se composera de Gregory Goyle et Dean Thomas en batteurs, (Dean a frappé dans une tête imaginaire, sans doute celle de Goyle) Ronald Weasley en gardien, (il a mit sa tête entre ses mains) de Ange Fire, Pansy Parkinson et Blaise Zabini comme poursuiveurs, (j'ai poussé une exclamation en trouvant rapidement le regard noir de Zabini, mais aussi la panique de Parkinson qui était mon seul réconfort) et Drago Malefoy en attrapeur. Je demande à Harry Potter de coacher l'équipe. Je reviendrai vers vous pour la composition de la seconde équipe. Merci de coopérer rapidement, le match est programmé à dimanche prochain, treize heures précise."
Après un lourd silence, Harry s'est levé, en même temps que Drago. Ils se sont regardé de leur table respective. Je m'étais levée aussi, craignant sans doute une altercation entre les deux. J'ai alors posé mon bras sur celui d'Harry pour qu'il se calme.
Il a alors tourné le visage vers moi.
"Je ne pourrais pas Ange, je ne pourrais pas travailler avec lui." m'a t-il murmuré sans que personne ne sache ce qu'il me disait. Ses yeux émeraudes me fixaient avec intensité, je réalisais encore plus la haine entre les deux élèves.
"Fais-le pour moi alors. S'il te plait, Harry." je lui demandais en essayant de le calmer.
Un bruit d'étoffe, puis de pas à attiré mon attention.
C'était Drago qui s'était levé pour longer la table des Serpentards et quitter la grande salle, sans prononcer un seul mot.
Mais en me jetant un regard noir.
Pov Ange
Une semaine. Il fallait une semaine aux élèves concernés par la punition pour s'entendre, car le match tant redouté aurait lieu dans ces délais. C'est-à-dire un délai très court. Trop court pour que deux maisons telles que Gryffondor et Serpentard puissent s'entendre. Même un millier d'années serait trop court.
Dans mon dortoir, j'étais en train de faire mon sac pour rejoindre le terrain de Quidditch où nous avions tous rendez-vous. Rien que de fixer ce rencard avec les Serpentards avait été compliqué pour notre entraîneur, Harry. Les verts et argents lui avaient mit beaucoup de bâtons dans les roues en prétextant que ce n'était pas à lui de décider, qu'ils avaient mieux à faire que d'écouter un « bouffond'or » et autres quolibets. L'annonce de Dumbledore avait été faite deux jours plus tôt, deux jours durant lesquels je n'avais pas pu parler avec Drago. Il m'évitait et pire encore, pendant le seul cours en commun d'histoire de la magie que nous avions eu à la rentrée : il me snobait et faisait comme si je n'existais pas. Rien que d'y penser, j'avais le cœur serré. Mais cela n'allait pas durer, j'étais bien décidé à lui adresser deux mots sur le terrain. Je fermais la fermeture éclair de mon sac quand Hermione est arrivé dans le dortoir.
« Ca va Ange ? »
« Oui… ça ira mieux quand l'entrainement sera terminé. J'espère que tout se passera bien. » Dis-je en mettant mon sac sur le dos. Je venais de revêtir mon uniforme de Gryffondor, qui me rendait fière d'une certaine manière. Mon père avait porté le même quelques années plus tôt. Et je commençais vraiment à me sentir accepté par la famille des rouges et ors.
« Oui, moi aussi. Heureusement que Dumbledore a menacé les Serpentards une nouvelle fois, sinon l'entrainement n'aurait pas eu lieu. Je ne sais pas si tu es au courant, mais les professeurs Mc Gonnagal et Rogue seront dans les gradins pour vous surveiller. »
« Tu parles ! Ils viennent enfin de comprendre qu'on ne laisse pas deux maisons comme les nôtres toutes seules au même endroit ! » je lui lançais un clin d'œil en lui disant cela. « Tu viens nous voir ? »
« Oui je t'accompagne. Les garçons sont déjà en chemin. »
Nous nous sommes rendus ensemble en silence sur le terrain de Quidditch. Le temps était gris, avec un léger vent et la nuit commencerait à tomber dans quelques heures à peine, il ne fallait donc pas perdre de temps si nous voulions un entrainement de qualité. Comme me l'avait signalé Hermione, les directeurs de nos maisons étaient bien là, assis côte à côte dans les gradins, en train de s'échanger des mots sans qu'on puisse les entendre.
J'étais surprise de constater que j'étais la dernière à arriver alors que j'étais pourtant en avance de quinze minutes sur le rendez-vous. Les Serpentards étaient d'un côté, les Gryffondors de l'autre et Harry au milieu, les bras croisés et la mine sévère. Hermione est allé s'asseoir dans les gradins et j'ai profité d'être encore à quelques pas de tout le monde pour les observer, ce que je faisais toujours avant tous mes matchs.
Ron regardait d'un air sombre Goyle en face de lui qui ricanait, sans doute en train de se moquer de lui. Dean regardait par terre, il semblait tenter d'oublier où il était et ce qu'il faisait. Blaise avait son sourire narquois et Pansy tremblait de la tête aux pieds. Étrange de la voir effrayée par un sport alors qu'elle semblait invincible de tout et de tous quand elle nous insultait. Et Drago…
J'ai bien remarqué qu'il avait tenté de m'ignorer, mais il n'a pas pu se contrôler et nous avons échangé un regard pendant quelques secondes, qui m'ont redonnés un peu d'entrain. Il ne m'ignorait pas tant que ça finalement. Je voyais fondre la glace de sa fausse froideur à mon égard. Mais il n'a pas sourit, ça non. Il a gardé son masque qu'il avait prit le soir de notre retour depuis l'annonce du match. Il a détourné le regard en faisant semblant de remettre correctement une protection du poignet qui était très bien installée.
Arrivée près de ma nouvelle équipe, j'ai posé mon sac et mon balai sur la pelouse, et j'ai rassemblé mes cheveux pour en faire un chignon rapide, couplé à un élastique qui faisait le tour de la tête pour retenir les mèches rebelles.
« Désolée, je suis la dernière. J'ai loupé quelque chose Harry ? »
Il me regardait, et j'ai vu l'espace d'une seconde qu'il se détendait un peu.
«Non, tu n'as.. »
Blaise l'a coupé : « Si, tu as loupé le moment où j'expliquais que l'on allait perdre, vu que Pansy ne sait pas jouer et que toi tu préfères faire ton acrobate sur un balais en attendant que l'équipe adverse te sauve d'une chute mortelle. »
J'ai soupiré puis j'ai jeté un œil à Harry.
« Non, tu n'as rien loupé. On va commencer si vous le voulez bien. » a-t-il dit avec lassitude.
« Non, je ne le veux pas. » beugla Goyle.
« Ta gueule, Goyle. »
Un silence glacial a parcouru l'équipe, Drago venait d'intervenir. Il a rajouté d'un ton traînant :
« Plus vite ce sera fini, plus vite je pourrais retourner à des occupations plus intéressantes que d'écouter Potter, alors si on pouvait accélérer un peu. »
Ron et moi avons échangés un regard, sans dire un mot. J'ai soupiré doucement en attendant qu'Harry intervienne.
« Bon, les poursuiveurs on va s'échauffer un peu, deux tours de terrain et vous revenez ensuite pour faire quelques lancés. Ron tu en profiteras pour travailler tes blocages. Les batteurs on va travailler la précision. Et Malefoy… tu pourras aller avec les poursuiveurs, tu travailleras ton endurance pour le moment. »
Contrairement à ce que tout le monde aurait pu imaginer, Drago ne lui a rien répondu. Il faut croire qu'il avait vraiment envie que tout s'arrête le plus vite possible, en évitant une confrontation qu'il aurait apprécié quelques jours plus tôt.
Sans le vouloir, Drago et moi nous sommes lancés en même temps pour courir sur le terrain. Il a eu comme un mouvement d'arrêt, puis s'est finalement décidé à me suivre. Moi j'ai fais comme si de rien n'était, concentré dans mon entrainement. Je sentais en moi, l'apaisement parcourir tout mon corps, comme à chaque fois que je me consacrais au sport. Parkinson et Blaise nous suivaient d'un peu plus loin. A ma grande surprise, ils écoutaient tous Harry. Mais Rogue était dans les parages, ce qui expliquait toute leur attitude respective. J'avais une bonne foulée et Drago n'avait aucun mal à me suivre ce qui indiquait bien sa pratique, en revanche il était plus grand que moi, ce qui dévoilait qu'il aurait bien pu me dépasser depuis longtemps, mais choisissait de ne pas le faire. C'était une petite victoire pour moi qu'il accepte de se tenir près de moi. J'avais toujours l'impression de devoir le dompter comme un animal sauvage. Après un tour de terrain en silence, je risquais un coup d'œil vers lui. Coup d'œil qu'il m'a rendu puis il s'est concentré sur sa course. J'étais en train de me demander comment diable il pouvait me faire la tête pour une raison que j'ignorais quand il m'a donné un léger coup de coude. Je le regardais étonnée.
« Tu as de l'endurance, Fire ! » se moquait-il avec un sourire, sourire ravageur qui me donnait envie de lui sauté dessus et de l'embrassé jusqu'à ce que je manque d'air. Je comprenais soudain pourquoi il n'avait rien dit à Harry quand il lui avait demandé de courir, il savait que c'était une occasion de me parler.
« Fire ? Et moi qui pensait avoir presque la bague au doigt.. je suis déçue. » je lui répondais en essayant d'employé un ton sec, sans succès.
Il a pouffé de rire.
« Vas-y, marre-toi, sale Serpentard. » disais-je en continuant de courir à ses côtés.
« Ouh, c'est peut-être pire que d'utiliser Malefoy. »
« J'espère, je compte bien t'en faire baver. »
« Oh oh, tu menaces plus un adversaire, mais un membre de ton équipe. » m'a-t-il répondu en regardant droit devant lui, le sourire au visage.
« Pff.. un membre de mon équipe me ferait-il la tronche pendant deux jours ? Mmh attends que je réfléchisse deux secondes… euh.. non ! »
« Ah, tu m'énerves ! »
Je gardais mon sourire tout en continuant de courir. Je me rendais compte encore plus à cet instant, qu'on ne se comporterait jamais comme un « couple » normal, mais plutôt comme chien et chat à toujours vouloir clouer le bec de l'autre. C'était amusant mais aussi et surtout très déstabilisant, je ne savais jamais si Drago voulait que nous soyons ensemble, s'il tenait tout de même à moi, ou si j'étais une conquête de plus. Nous arrivions déjà vers Harry qui donnait des informations à nos batteurs. Plus loin, je voyais Mc Gonnagal m'observer. Rogue aussi. Hasard ou étaient-ils en train de discuter de mon cas ?
« On peut se voir après l'entrainement ? » me lançait Drago, me sortant de ma rêverie.
Je me tournais vers Drago.
« Pardon ? »
« Bah oui.. j'aimerais discuté avec toi.. Passer du temps avec toi. »
Nous nous étions arrêtés de courir et marchions en direction d'Harry pour recevoir les instructions suivantes.
« C'est donc ça, tes occupations plus intéressantes que le Quidditch ? » lui demandais-je en haussant les sourcils.
« Tu le sais très bien. Alors ? » me répondait-il sur un ton impatient.
« Reviens dans quarante-huit heures, j'ai décidé de te faire la gueule pendant ce temps. » dis-je non sans un petit sourire.
« Vers vingt heures c'est bon ? » dit-il en ignorant ma réponse précédente.
« Ah mais, mon cher petit serpent, je ne blaguais pas. Je compte bien te montrer de quoi est capable une Fire. Je vais te rendre la monnaie de ta pièce. »
Il s'est arrêté de marcher et m'a attrapé la main pour que je m'arrête avec lui.
« Ange, s'il te plait… » Il me regardait avec un air insistant. Je décelais presque de l'inquiétude dans son regard bleu, regard dans lequel j'avais envie de me plonger. Pourquoi et comment pouvait-il avoir un tel pouvoir sur moi ? J'allais cédé, mais..
« On se voit dans deux jours, chéri ! ».
Il m'a jeté un air sombre, encore plus sombre quand il a entendu Hermione rire depuis les tribunes. Elle avait tenté de dissimuler son rire en plaquant sa main sur sa bouche mais nous l'avions tout de même entendu. Nous étions assez proches des gradins pour qu'elle écoute notre conversation, nous n'avions pas fait attention.
« Tu es peut-être susceptible, mais moi, encore plus que toi. » je rajoutais non sans lui sourire.
Et j'ai rejoins mes deux poursuiveurs, plantant Drago sur le bord du terrain. Je savais que cette action allait me coûter très chère, mais son attitude des derniers jours m'avait énormément blessée, tout de même. Je ne savais jamais comment me comporter avec lui.
Parkinson et Zabini sont arrivés près de nous, le jeune homme l'air tranquille, la jeune fille toute rouge et essoufflée. J'ai décidé d'aller vers elle et de lui parler un peu.
« Par… Pansy. Tu ne sais pas joué ? Pas du tout ? » je lui demandais doucement.
Elle est devenue encore plus rouge quand Zabini a éclaté de rire.
« Ne pas savoir jouer, ce n'est pas peu dire. » disait-il en se tenant les côtes.
J'ai décidé de l'ignorer et de me concentrer sur ma coéquipière.
« Écoute, si tu veux on peut revoir les bases ensemble. Il n'y a rien de bien compliqué. »
« C'est sur, la preuve, tu es poursuiveuse, ce n'est pas compliqué si même toi tu y arrives. » rétorquait Zabini. Il avait vraiment l'air de prendre son pied et il arrivait presque à me faire décrocher un sourire malgré moi mais je soupirais dans sa direction puis Pansy parlait plus vite que je ne l'aurais cru.
« Tu crois vraiment que je vais faire copine-copine avec toi, Fire ? » m'a-t-elle presque craché au visage.
« Euh.. non. Je sais que nous ne serons jamais proches, et crois-moi, je n'en ai pas envie ! Mais je suis une compétitrice, et laisser gagner les pouffy et les intellos, très peu pour moi ! Alors que ça te plaise ou non, tu vas bien jouer sinon je te le ferais payer très cher de ridiculiser ma maison ! » je répondais en haussant le ton à chaque mot.
Harry s'était rapproché de nous, les bras croisé il m'écoutait en silence. Je savais que parler comme ça des autres maisons allait susciter l'intérêt des Serpentards, eux qui se moquaient de tout et tout le monde. Leur principale préoccupation au sein de l'école était de mettre leur maison en avant. Même Blaise s'était arrêté de rire et m'écoutait.
« Oh, tu vas nous parler autrement, Blondy ! » me lançait Zabini.
Je continuais mon petit stratagème en faisant semblant d'être en colère et surtout, de croire ce que je disais.
« Attendez, vous pensez vraiment que Gryffondor peut perdre devant toute l'école ? Déjà, c'est donner une entière satisfaction aux deux autres maisons de nous voir jouer ensemble, ils s'attendent tous à ce que l'on soit ridicules, alors il est hors de question que je perde, surtout à cause de vous ! »
« A cause de nous ? Si on perd ce sera de votre faute, Fire ! » Criait Parkinon.
Zabini me regardait l'air suspicieux puis il a ajouté en regardant Pakinson.
« Attends Parky, elle a raison Blondy. Ce sont des gros nazes les pouffy, ils m'énervent, rien que de les voir, j'ai envie d'en frapper un ! »
Goyle, qui était là depuis le début de la discussion a regardé Zabini avant de lui lancer :
« C'est ce que tu fais à chaque fois qu'on sort de notre salle commune, Blaise. Tu as du frapper tous les premiers années alors qu'on n'a même pas fait la moitié de l'année.»
Drago venait de venir vers nous, se mettant en face de moi, l'air décontracté malgré ce que je venais de lui faire.
« Non, attends le petit Perkins, je ne lui ai pas encore mis mon poing dans la tronche, enfin… t'es sûr ? Bref ! Revenons-en au sujet. Ah ! Alors et les Serdy, et leur air supérieur, c'est mort, jamais je ne les laisse gagné ! Je ne sais même pas comment ils peuvent perdre leur temps à jouer, ils sont toujours dans leurs bouquins à faire les malins ! Un peu comme Granger, quoi.»
"Hey !" lançait Ron en levant un poing menaçant vers Blaise, qui lui lançait un regard moqueur en retour.
Je ne laissais pas le temps aux garçons de se disputer et j'enchaînais.
« Vous ne voulez pas au moins faire semblant de coopérer pendant un match ? Vous ne pensez pas qu'ils vont s'écraser par terre rien que de nous regarder parce qu'on aura le même but : les battre ?! » je rajoutais en sentant une brèche s'ouvrir grâce à Zabini.
« Tu veux dire, une trêve ? »
« Appelle ça comme tu veux, mais personne ne s'attend à ce que les Gryffondors et les Serpentards puissent s'entendre, surtout pas sur un terrain ! »
« Ca pourrait faire un sacré spectacle… on pourrait vraiment les déstabiliser par la surprise.. » Je voyais bien Zabini réfléchir et peser le pour et le contre.
« Bon alors, on les bats ou pas ? » je lançais faussement énervée pour éviter qu'il réfléchisse trop et suppose que je le menais par le bout du nez.
Ce qui était vrai.
Pour gagner.
« Et comment, on les écrase ! Allez, au boulot ! Viens Pansy, je vais t'expliquer deux ou trois trucs. »
Et Zabini est partit devant moi avec Parkinson qui n'avait pas compris ce qui venait de se produire et Goyle qui les suivait.
J'ai souris et Dean qui avait tout suivi m'a lancé en riant « Tu aurais du aller à Serpentard, ma chère !»
Harry a rigolé avec lui et Drago ajouta doucement, tout près de moi : « Et ce n'est pas peu dire… »
Je l'ai regardé en souriant légèrement, un peu surprise qu'il m'adresse la parole. Je profitais d'un moment où Dean et Harry discutaient d'une tactique de batteur pour parler avec Drago.
« Je… ce serait bien qu'on parle. » lui ai-je dit.
Il m'a regardé en silence pendant un bon moment, juste assez pour que je me dise qu'il n'allait jamais me répondre.
« Et tu retournes ta veste plus vite qu'une Serpentard. Le choixpeau s'est vraiment trompé à ton sujet. »
« Oh, ça va ! Non, sérieusement. »
Un sujet très désagréable devait être évoqué, il fallait absolument que je lui dise que j'allais participer au procès de son père qui aurait lieu dans un peu plus d'une semaine maintenant. J'étais terrifiée de devoir lui annoncer, car vu la réaction qu'il avait eu deux jours plus tôt avec Harry, je n'imaginais même pas ce qui pourrait se produire quand il apprendra cette nouvelle. Il voyait bien que quelque chose me chiffonnait.
« Hey… je suis désolé. Désolé de mon humeur de chien… de te faire payer ma colère, alors que tu n'y es pour rien. »
Il avait posé sa main sur ma joue en me déclarant ces mots.
« Je n'aurais pas dû te le faire payer. Je suis… stressé de ce qui pourra se produire au procès de mon père. »
Rien que cette phrase me faisait presque chanceler, les mots restaient bloqués dans ma gorge, je ne pourrais pas lui annoncer ça ici, au milieu des Serpentards et des Gryffondors réunis. Mais quand aurais-je le courage de le faire… le temps était compté désormais.
Il avait levé les yeux vers l'horizon, perdu dans ses pensées avant de me regarder dans les yeux et sa main a glissé jusqu'à ma taille.
« Tu n'as rien à me dire, c'est à moi de m'excuser. Tu as toujours été honnête avec moi. C'est moi, qui me suis comporté comme un idiot depuis que je t'ai rencontré. »
Les larmes menaçaient dangereusement de couler sur mes joues, mais j'ai réussi à les contenir. Je n'étais pas du tout honnête envers lui, contrairement à ce qu'il croyait. Depuis mes vacances de Noël, je me demandais comment me comporter avec lui, alors qu'il provenait d'une famille qui incarnait toutes les valeurs que je détestais par-dessus tout. Que son père était accusé de quelque chose de très grave. Mais ce n'était pas lui, pas Drago le mauvais, n'est-ce pas ?
Avant que je n'aie eu le temps de résoudre cette énigme en moi, il m'avait offert un baiser tendre et épris. Puis il m'avait sourit avant de me tapé le bout du nez avec son doigt et s'en aller s'entraîner de son côté. Il se moquait bien de ce que pensaient les autres de notre proximité. En relevant les yeux, j'ai remarqué en revanche que cela dérangeait ma directrice de maison, qui avait les lèvres pincées. Qu'est-ce qui pourrait la mettre en colère ? Le fait que nous nous embrassions en public ? Le fait que ça concernait un Serpentard et une Gryffondor ?
Je suis retournée moi aussi à mon entrainement, rejoignant Zabini et Parkinson.
Pov Drago
J'étais épuisé mais je refusais de le montrer à qui que ce soit, surtout pas à Potter. Je sentais que mes muscles avaient bien travaillés, Potter faisait pas semblant dans le coaching. Encore le beau rôle pour monsieur Potter, si l'on perdait, ce ne serait certainement pas de sa faute puisqu'il nous aurait très bien coachés, et si nous gagnions, forcement tout sera grâce à Saint Potter. Bref, encore le beau rôle pour Potty !
Je suis descendu de mon balai après avoir jeté un coup d'œil sur les autres. Thomas et Goyle étaient en train de terminé une série de frappes sur des cognards, Weasley était en train de bloqués les tirs de Pansy, ratait quelques uns de Zabini, et manquait pratiquement tous les tirs d'Ange. J'ai légèrement sourit en observant cette dernière. Elle était vraiment douée, je pense que je serai toujours surpris de ses performances. Elle dégageait une énergie et une assurance incroyable sur un terrain. Beaucoup moins dans sa vie en générale en revanche. Le Quidditch devait réellement la libérer. Elle venait d'éclater de rire en marquant un point parce que Weasley venait de pousser un juron. C'est en l'écoutant rire que j'ai compris pourquoi j'étais amoureux d'elle.
« Drago. Il faut que je te parle. »
Le professeur Rogue venait de s'avancer près de moi. Je ne l'avais pas entendu arriver. Il était aussi mon parrain et je le respectais énormément.
« Professeur, que se passe t-il ? »
Je préférais le nommer de la sorte à l'école, pour plus de discrétion.
La nuit commençait à tomber, mais je voyais bien une certaine inquiétude de la part de mon directeur de maison.
« Drago, veux-tu bien me suivre dans mon bureau, c'est au sujet de ton père. »
« Non, désolé. J'ai un entrainement à terminer. Mais dis-moi ce qui se passe. »
Il savait que mon sale caractère me ferait parvenir à mes fins. Mon entrainement touchait à sa fin, mais je ne pouvais pas attendre plus. Je savais que s'il venait ici pour me parler de mon père, c'était plutôt important. Sinon il aurait attendu la fin d'un cours par exemple.
« Écoutes, la date du procès de ton père a changé. »
« Comment ça se fait ? Il devait pourtant avoir lieu la semaine prochaine ! »
« Le juge veux précipiter les choses… la première séance aura lieu cette semaine. »
« Cette semaine ?! Quand, après le match de samedi ? »
« Non. Demain matin. »
Je ne savais quoi répondre, j'étais sous le choc. Rogue continua sur sa lancée.
« J'ai prévenu tes professeurs de ton absence. Il est normal que tu souhaites y assister. Ton père serait honoré d'avoir ton soutien. »
Je balayais cet argument d'un revers de main, agacé. Je ne souhaitais pas soutenir mon père, d'une quelconque façon.
"Drago, pour l'image de ta famille.. pour ta mère, il est bien que tu y assistes." insistait-il en continuant de m'observer.
J'ai déglutis difficilement et hoché la tête tout en jetant un coup d'œil à ma nouvelle équipe de Quidditch.
Mc Gonnagal était en train d'annoncer la même chose à Potter, car il avait le même air que moi sur le visage : la surprise. Ange se tenait à ses côtés.
« Je viendrai te chercher demain matin dans ta salle commune et je t'emmènerai personnellement au ministère. Repose toi, la journée va être longue. » a-t-il rajouté en me donnant un parchemin sur lequel les informations étaient notés, m'empêchant de capter le regard de la Gryffondor.
"Très bien..." je répondais finalement.
"Drago."
"Oui ?"
"Ce n'est pas une bonne idée de fréquenter cette fille, sois réaliste deux minutes. De plus, je trouve ce genre de démonstration très déplacées, je souhaiterai que tu sois plus discret à l'avenir." me lançait finalement mon parrain.
Il a quitté le terrain sans attendre que je réponde quoi que ce soit, car il savait que je m'emporterai face à lui et il détestait mon langage cru.
Je sentais la tension s'emparer d'avantage sur moi. J'ai relevé les yeux vers Potter qui tenait lui aussi un parchemin.
Je pressentais à cet instant que notre trêve, comme le disait Zabini, ne tiendrait pas la route plus de quelques heures.
Quelques heures plus tard, après l'entrainement et le repas, j'ai décidé d'aller prendre l'air près du lac. J'aimais être seul et me ressourcer. Les derniers jours avaient été riches en émotions pour moi. Arrivé près de la surface lisse et calme de l'étendue d'eau, il faisait nuit, je me suis assis sur un ponton de bois. J'essayais de calquer mes pensées sur l'air paisible qui régnait. Aucun élève n'était présent, tous étaient dans leur salle commune respective car ils respectaient l'heure du couvre feu. Sauf les élèves comme moi, préfet de leur maison qui faisaient une ronde. Il faisait froid, le gel était encore présent en cette période d'hiver, et la neige sur le sol était dur comme de la glace. C'est grâce à cette neige que j'ai entendu des pas, venir vers moi. Je savais qu'ils étaient dirigés dans ma direction car le bruit s'intensifiait et s'accélérait même. Un préfet de quelle maison, j'allais vite le savoir. Sauf que je me trompais. En me retournant, je découvrais :
« Ange ? »
Elle était à deux pas de moi et venait de s'arrêter, la respiration encore saccadée par sa marche rapide. Les larmes avaient coulés sur ses joues. Ses cheveux or étaient lâchés sur ses épaules emmitouflées dans son écharpe bicolore jaune et rouge, par-dessus sa cape noire à l'insigne de Gryffondor. Je me suis relevé en deux temps trois mouvements pour essayer de comprendre ce qu'elle avait.
« Qu'est-ce que tu fais là, ca va ? » lui demandais-je inquiet, oubliant ce pourquoi j'étais venu me réfugier ici. J'ai voulu lui prendre les mains mais elle a reculé en levant les siennes rougit par le froid.
« Drago, il faut qu'on parle. Et s'il te plait, facilite-moi la tâche et ne me coupe pas la parole à me dire des choses gentilles qui me feraient encore reculé. »
De toutes les filles que j'avais fréquenté, Ange était de loin celle que j'avais le plus de mal à cerner. Je pense que c'était cette principale raison qui me poussait à vouloir être proche d'elle. Et aussi, sous le ciel étoilé d'hiver, je me rendais compte qu'aucune constellation ne pourrait rivaliser avec sa beauté, malgré ses joues mouillées.
Je l'ai regardé dans le plus profond de ses yeux en glissant mes mains dans mes poches.
« Je t'écoute. »
« Dis-moi la vérité. Qu'est-ce que je représente pour toi ? »
Je continuais de la regarder, surpris. Elle me demandait quelque chose que personne n'avait fait. Car tout le monde savait que je n'avais de l'attachement que pour ma mère, ou pour moi-même aussi égoïste soit-il. Quand on avait eu une enfance comme la mienne, on ne pouvait que trouver du réconfort auprès de sa seule personne.
« Pourquoi tu me demande ça ? »
J'essayais de gagner du temps, n'ayant pas envie de lui répondre. Ma nature me forçait à garder pour moi mes sentiments, même si en ce moment la présence d'Ange dans ma vie me faisait faire tout le contraire.
« Réponds, s'il te plait. » Elle continuait de me regarder, les yeux humides.
« Tu veux que je te dise Ange… je n'en sais rien. »
J'ai vu son air blessé et stupéfié sur son visage. Je n'en savais rien, parce que je n'avais jamais ressenti tout ça pour personne d'autre. Parfois, j'en avais peur et j'essayais de m'éloigner d'elle, parce que je n'aimais pas le terrain inconnu. Et d'autres fois, j'avais envie de tenter de lui expliquer et de faire confiance en ce que je ressentais en me laissant vivre. Mais avec tout ce qu'il se passait dans ma vie, il fallait que j'avance avec prudence. Et tactique. Même si c'était elle.
Je rajoutais : « Je veux dire… bien sûr que je suis attachée à toi, et crois-moi, je suis du genre difficile. Mais je n'arrive pas encore à décrire ce qui m'arrive quand je suis près de toi. Pourquoi est-ce que tu me demande ça ? »
Je lui avais pourtant expliqué avant le bal, tout ce que je ressentais pour elle. Il était clair que j'étais amoureux d'elle, comment pouvait-elle en douter ? Elle a hoché la tête en me regardant.
« Je ne veux pas te blesser.. je voudrais... si seulement.. » bafouillait-elle. Finalement, elle relevait les yeux vers moi.
« Merci de ton honnêteté. A moi de l'être. Mais sache avant tout ça que... même si.. cela semble.. compliqué, j'éprouve pour toi des sentiments tellement ... tellement forts.. »
Elle a pris une grande inspiration avant de me regarder de nouveau et je voyais combien il était difficile pour elle de me parler. J'ignorais vraiment où elle voulait en venir. Et en même temps, je sentais une douce chaleur se répandre en moi en écoutant ses derniers mots.
« Drago… le procès de ton père, je vais m'y rendre, moi aussi. »
« Tu veux dire que tu veux m'accompagner ? » je demandais en me rendant compte que son soutien me serrait réconfortant.
Elle a eu un léger rictus, comme un sourire ironique avant de se mordre la lèvre inférieure. Comme si elle avait peur de me faire du mal.
« Non, je.. je suis convoquée. »
Surpris, je lui demandais des explications d'un seul regard.
« En tant que témoin… le juge veux voir mes souvenirs d'enfance. »
Qu'est-ce qui se passait ? Ange n'était même pas en Angleterre l'an dernier, la voilà convoquée à un procès qui ne la concerne pas. Je me suis tourné vers le lac en essayant de reprendre mes esprits. Je sentais volé en éclat le peu de certitude que j'avais aujourd'hui. D'un coup, l'évidence est montée en moi, lentement, tout doucement elle a gagné ma conscience jusqu'à ce que celle-ci ne renvoi un déluge de colère se déversant dans toutes mes veines.
« Drago .. ? » Elle m'a touché le bras, visiblement inquiète de ma réaction, et oh, comme elle avait raison. Ma famille, était en train de glisser dans la médiocrité et l'humiliation à cause de ce procès, et personne ne soutenait notre nom, ni les « amis », ni les ennemis.
Je réfléchissais à toute vitesse pour comprendre pourquoi le juge voulait fouiller son enfance. Sans doute cela concernait la fameuse blessure qu'elle souhaitait cacher aux yeux de tous.
« C'est donc pour ça que tu es bizarre depuis la rentrée. Que tu arrives en retard au train, que tu as mis un temps fou à venir me voir. Tu voulais me cacher le fait que tu venais au procès. » je lançais en sifflant presque.
Je n'ai entendu pour toute réponse que sa respiration qui s'accélérait. Sa main a quitté mon bras. Je me suis tourné vers elle, le regard sombre.
J'aurais du faire mes recherches au lieu d'attendre qu'elle ne se confie à moi. Car à l'évidence, ni l'un ni l'autre, n'arriverions à parler de nous, sans doute à cause de nos familles. Quelque chose de trop fort était entre nous.
Ou quelqu'un.
« C'est Potter ? »
Elle m'a regardé visiblement surprise.
« Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? »
« C'est Potter ! Potter qui te mets dans idées dans la tête, qui fait tout pour faire enfermer mon père et nous séparer tous les deux, et toi, tu t'en fou, tu te fais berner comme une idiote ! »
Je voyais que je la blessais, mais le fait qu'elle se rende au procès de mon père pour témoigner contre lui, c'était une véritable trahison pour moi.
« Arrête Drago, ça n'a rien à voir avec lui, écoutes-moi ! »
« T'écouter ? Non. Tu parlais de trahison quand je t'ai caché que je couchais avec Weasley, mais je ne l'ai jamais fait depuis que je t'ai embrassé la première fois, jamais ! Mais toi… tu ne te prives pas de salir le nom de ma famille et d'aller raconter des mensonges ! »
J'ai vu les larmes coulées sur ses joues qu'elle essuyait rapidement en essayant de placer une parole.
"Cela rendra les choses tellement, tellement plus faciles... "je disais pour moi-même en me pinçant les sinus, tout en sentant remonter en moi quelque chose que je refoulais depuis mon retour à Poudlard, une chose à laquelle je refusais de penser. Mais il faudrait que je passe vite à l'action.
« Drago, ce n'est pas ce que tu crois… mes parents.. »
Je ne l'ai pas laissé finir sa phrase.
« Tes parents, les extraordinaires Aurors sont comme les autres, ils ne recherchent que la gloire ! »
« Tu te trompe. Ce sont les tiens les pires ! » me lançait-elle en haussant le ton.
« Tiens.. tu vois ce que ça fait d'entendre des injures sur sa propre famille ? Qu'est-ce que tu connais de mes parents pour te permettre de dire ça ?»
« Comment ? C'est simple Drago, j'ai juste besoin de te regarder ! Tu es triste et malheureux. Ils se servent de toi, ton père te maltraite et ta mère laisse faire ! »
Je me suis approché d'elle rapidement comme si j'allais passer de la colère à la brutalité, chose dont je ne me permettrais jamais sur elle, quoi qu'il arrive entre nous. Mais elle venait d'appuyer sans le savoir, sur ce qui me faisait le plus de mal en ce moment même.
« Ne parle jamais de ma mère… c'est compris ? »
J'ai vu son air inquiet, elle n'osait même plus essuyer ses larmes. Je sentais quelque chose se briser entre nous en cet instant précis. Elle a reculé doucement en regardant le sol, puis elle a redressé son visage vers moi. Je regrettais déjà cette discussion, rien que de voir le regard qu'elle me lançait : abattu et blessé. Mais j'étais dans une colère noire, ne sachant pas si je pourrais lui pardonner.
« Je suis désolée… » M'a-t-elle dit en murmurant. Puis elle a fait demi tour et s'en est allée dans la nuit. Je n'ai jamais senti mon cœur battre aussi fort dans ma poitrine. Battre et m'affligeant une douleur intense, jusqu'au fond de mon être.
La douleur de la trahison.
Et un besoin de vengeance immédiat.
Pov Ange
L'audience allait démarrer. D'ici quelques minutes, mon quotidien allait se transformer d'une manière dont j'ignorais pour l'instant l'importance. Je n'avais rien dormi de la nuit, ne pensant qu'à ma conversation de la veille avec Drago. Il était là, aussi fatigué et les traits tirés comme moi. Il était presque assis en face de moi, de l'autre côté de la pièce. La salle formait comme un cercle, que je me représentais comme une arène. La pièce était sombre et avait peu de lumière vive. Au centre de la pièce, une chaise pour les témoins, une autre sous une sorte de cage pour l'accusé qui allait bientôt faire son entrée. Mes parents étaient présents également et ne faisaient que m'adresser des regards encourageants. La salle était comble et ne faisait qu'amplifier mon stress. Alors que je commençais à trembler comme une feuille, Harry, assis à mes côtés, m'a pris la main et la serrant fort dans la sienne il m'a murmuré que tout se passerait bien. Je hochais la tête en espérant capter le regard de Drago, en vain. Il fixait la porte où son père allait rentrer d'une minute à l'autre. Severus Rogue se tenait à ses côtés.
Avec nous, il y avait aussi Luna, Neville, Ginny, Ron et Hermione. Ils étaient concernés par le procès car l'épisode du Ministère de la Magie allait être évoqué également.
Le juge est arrivé, faisant taire tous les chuchotements de la pièce d'un seul coup et il a démarré l'audience en rappelant le dossier.
Pour moi, tout allait vite, trop vite.
D'abord, l'entrée de l'accusé Lucius Malefoy, les premiers témoignages, les monologues des différents acteurs de l'audience et enfin :
« J'appelle Ange Fire pour extraction. »
L'extraction. Cela signifiait, qu'on allait prélever mes souvenirs, devant tout le monde. J'avais l'impression que mon corps était aussi lourd que de la pierre. Harry m'a aidé à me lever. Avalant le peu de salive qui me restait, je me suis frayée un chemin dans les gradins et je me suis avancé devant le juge. Je savais en cet instant que Drago me regardait, mais je refusais de croiser son regard. Comme si j'avais honte de ce que je faisais, de ce qu'il allait découvrir. Moi-même, je ne me souvenais pas vraiment de tout et j'étais terrifiée de revivre cet atroce souvenir.
« Mademoiselle Fire, acceptez-vous de prendre du Véritasérum afin que nul ne doute de votre sincérité ? »
Une femme se tenait déjà devant moi avec une fiole contenant le liquide transparent, indolore et incolore. Un genre de procureur.
« Oui. »
J'ai saisi la fiole que l'on me tendait pour la boire entièrement et on m'a invité à m'asseoir sur la chaise au centre de la pièce, pas loin de Lucius Malefoy qui restait silencieux. La femme s'est alors adressée à moi.
« Comment vous appelez-vous ? »
«Ange Fire. »
Les réponses sortaient de ma bouche sans que je ne puisse les contrôler ni les modifier.
« Où étudiez-vous ? »
« A l'école de sorcellerie Poudlard. »
« Pourquoi êtes-vous dans cette école alors que vous étiez à Beauxbattons jusqu'à l'année dernière ? »
« Parce que mes parents qui sont Aurors ont une mission en Angleterre et .. je suis sous protection du professeur Dumbledore. »
J'ai entendu les souffles et les interrogations parmi les personnes qui assistaient à l'audience. Je sentais déjà mes mains devenir moites malgré mes poings serrés.
« Silence dans la salle ! Miss Fire, pouvez-vous nous expliquer ce qui est arrivé à votre famille quand vous aviez quatre ans ? »
Je ne voulais pas répondre. Je voulais forcer mon cerveau à ignorer la réponse. Cela a du se voir, car j'ai fermé les yeux quelques secondes. Ma respiration était difficile. Mais le Véritaserum était plus fort que moi.
« Des mangemorts ont attaqués ma famille. » ai-je dit en regardant de nouveau le procureur, la voix un peu étranglée.
Je baissais les yeux, refusant de voir la réalité en face.
« Que s'est-il passé, Miss Fire ? »
Il y a eu un silence interminable avant que je ne réponde, parce qu'un sanglot sans larme était en train de remonter dans ma gorge.
« Ma sœur et mon frère sont morts. » je réussissais à dire entre deux hoquets.
On aurait pu entendre les mouches voler et c'est grâce à ça que je l'ai entendu et que je l'ai reconnu : un faible soupir, bref, mais que j'ai détecté. Drago venait d'apprendre mon « secret ».
« Vous souvenez-vous de cette scène, Miss Fire ? »
« Très peu. Quelques flashs me reviennent parfois. » je répondais en regardant mes chaussures. "La dernière fois c'était à Poudlard, dans un cauchemar.. je me suis blessée la tête en tombant de mon lit.." je disais sans comprendre pourquoi cette information sortait de ma bouche.
Je levais les yeux vers Drago, qui venait de fermer les yeux douloureusement.
Il devait penser à la même chose que moi. C'est lui qui m'avais soigné, sans savoir de quoi il me soignait.
« Miss Fire, voulez-vous bien nous confier votre souvenir pour confirmer les faits ? »
Ce qui était horrible, c'est que malgré toutes ces années, la justice n'avait pas reconnu cet attentat. Ma nourrice était présente sur les lieux mais n'avait jamais vraiment affirmé qu'il s'agissait de Mangemorts. Avait-elle eu une quelconque pression pour se taire comme le pensaient mes parents ?
J'étais la seule à détenir la vérité. Moi et les Mangemorts, car pour moi, nul doute que c'étaient des Mangemorts. J'ai relevé les yeux vers elle en hochant la tête puis je me suis levé pour m'approcher d'un pensine. Malgré toute la tension que je ressentais, mes jambes arrivaient encore à me porter. Avec ma baguette, j'ai saisi le moment clé pour le déposer dans la cuve de pierre. Le souvenirs a été authentifié avant d'être projeté. Une fois fait, un sortilège a été lancé et je me suis retrouvée au beau milieu de mon souvenir sachant que tout le monde dans la salle pouvait le voir.
La magie était vraiment étonnante, je sentais les champs de lavande qui longeaient la maison de mon enfance avant même de les voir. Tout était très coloré et le ciel était d'un bleu éclatant, j'ai mis quelque seconde à habituer mes yeux à la lumière. Alors que je contemplais ma maison, une petite fille vêtue d'une petite robe blanche et de sandales a couru vers moi en riant, me traversant car elle ne me voyait pas. Elle avait de belles boucles blondes et de grands yeux bleus, un doudou blanc dans les mains… c'était moi. J'allais droit sur un terrain de jeux où jouaient déjà deux enfants.
« Tu ne me rattrapera jamais Aurore ! » a crié un garçon.
Mon frère. Un garçon au même regard azur que moi, le teint réchauffé par le soleil du sud, l'accent chantant. Il me ressemblait en tout point comme je ressemblais beaucoup à mon père.
« Gabriel, fais attention, Ange est derrière toi ! »
Effectivement, mon grand frère avait évité de justesse de me renverser, du moins la petite fille qui continuait de rire. Nous jouions tous à cache-cache comme tous les enfants du monde. J'ai aperçu ma nourrice, assise sur un banc avec un livre, nous adressant parfois un sourire complice et bienveillant, puis elle retournait à sa lecture.
« Attention, j'arrive ! » Aurore venait de sortir d'un buisson, aussi belle que ma mère. Les cheveux bruns, les yeux verts et une élégance sans pareille. Puis, tout a basculé. Je n'ai pas eu le temps de la contempler d'avantage.
Une personne cachée sous une cape noir a saisi ma sœur par le bras, l'a jeté à terre avant de lui infligé le sortilège de la mort, sans lui laisser aucune chance. Je suis tombée à genoux, sous le choc. Quand j'ai tourné la tête de l'autre côté, j'ai vu mon frère glisser d'un toboggan, la vie l'ayant quitté au même moment. Et je me suis vu, moi, lâchant mon doudou à terre, les yeux rivés sur les agresseurs. Ils étaient trois. Il y avait une femme qui ne cherchait même pas à se cacher. Les cheveux noirs et bouclés, la haine déformant son visage. Et deux autres personnes cachées sous leur cape respective. J'ai couru vers mon mini-moi pour la protéger, mais je suis tombée au sol passant au travers de la petite fille. Je me suis tourné alors vers l'homme qui s'approchait de moi, une mèche de cheveux dépassait de son capuchon. La mèche était blonde, comme la neige ou presque.
« Lucius, dépêche-toi ! » hurlait la femme immonde de haine alors qu'elle menaçait notre nourrice avec un poignard sur le cou, qui criait.
La lumière rouge a fondu sur la petite fille, qui hurlait de douleur au sol. Une deuxième, puis une troisième lumière, et la petite fille n'a plus bougé du tout. J'avais beau me mettre devant elle pour prendre les sortilèges à sa place, il me passait au travers pour frapper ce petit corps, mon corps de petite fille. Je croyais que tout était fini, qu'enfin j'allais pouvoir sortir de ce cauchemar qui était mon histoire et ma réalité. Mais l'homme en face de moi a abaissé son capuchon et je l'ai reconnu.
C'était Lucius Malefoy. En plus jeune.
« Bellatrix, Dolohov, on rentre ! » leur a-t-il dit avant d'afficher la marque des ténèbres au dessus de ma maison.
Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ce soit Lucius Malefoy ? Pourquoi je voyais ces détails alors que j'étais censée être inconsciente ? Je me suis tournée vers mon petit corps alors que je sentais que je revenais dans le présent et je me suis choquée moi-même. Mon moi du passé, était immobile, mais les yeux encore ouverts et dirigés vers mon agresseur. Mon cerveau avait donc gardé cette scène en mémoire. Cette scène entière. Je me souviens avoir été en état de choc, du moins on me l'avait dit et que les médecins ignoraient à l'époque si je retrouverais toutes mes capacités mentales et motrices. Beaucoup ont été torturé par le sortilège Doloris. Beaucoup ont eu des séquelles à vie. J'avais eu une chance inestimable.
Quand je suis revenue dans la salle d'audience, il régnait toujours un lourd silence, mais j'étais assise au sol, la sueur perlait sur mon front et je tremblais comme une feuille. Puis, tout à coup, comme une vague qui s'écrase sur le sable, des insultes et des cris sont venus de l'assistance à l'encontre de Lucius Malefoy. J'ai reconnu les pleurs de ma mère au milieu de tout ce vacarme, avant de sombrer dans un trou noir. J'ai fais un malaise sur place sous le coup de l'émotion. Des personnes, je ne sais même pas qui, sont venus m'escorter en dehors de la salle pour me donner une potion.
Je me suis éveillée dans ma chambre à Poudlard, quelques heures plus tard.
Les professeurs nous avaient tous rapatrié à Poudlard. L'école était protégée par toute une brigade d'aurors, au cas ou. Nous étions en sécurité, tous. Témoins comme professeurs et parents. Nous avions tout ce dont nous voulions chacun dans nos chambres : de la nourriture et de la distraction. Car la délibération du juge pouvait prendre un bout de temps, on nous annonçait que le verdict serait rendu certainement le lendemain.
Je venais de m'éveillée dans mon lit, seule dans ma chambre dans la tour Gryffondor. J'ai réussi à m'asseoir en contrôlant la violente nausée qui m'étreignait. Je n'avais aucun souvenir du retour à l'école, je ne savais pas qui m'avais ramené dans ma chambre. Mes chaussures m'attendaient au pied du lit, un verre d'eau était posé sur ma table de chevet. Clairement, on voulait que je me repose. Mais moi, je voulais voir Drago, mon corps tout entier l'appelait.
C'est pourquoi je rejetais mes draps au fond du lit et me faisait violence pour me préparer. Malgré tout ce que j'avais vu dans mon souvenir, il fallait que je parle avec Drago. Je ne pouvais pas restée comme ça. J'avais tellement peur qu'il soit loin de moi, hors d'atteinte.
J'ai profité d'un moment de calme dans la salle commune qui était déserte pour sortir dans les couloirs. J'ai descendu tous les étages, un à un, et je me suis aventurée pour la première fois dans les sous-sols, aux cachots. Je prenais un gros risque, mais qu'importe. J'ai pensé avoir trouvé l'entrée de la salle commune de Serpentard, mais ce n'est pas cette porte que je cherchais. Il n'aurait jamais accepté de retourner ici, à la vue de tous. Je commençais sérieusement à connaitre Drago et anticiper ce qu'il pouvait faire. Finalement, après avoir arpenté les couloirs, je commençais à perdre espoir. Je n'arrivais pas à le trouver. Jusqu'à ce que je tombe par hasard devant la porte que je recherchais tellement, celle de la chambre du préfet en chef de Serpentard.
J'ai posé ma main sur la porte en bois, en fermant les yeux. Je priais silencieusement pour qu'il soit à l'intérieur. Mon corps, mon esprit, avaient tous deux besoin de lui. J'ai tourné la poignet, découvrant stupéfaite qu'elle était ouverte, sans aucun sortilège ou mot de passe à donner. Je n'étais pas la seule à être à côté de la plaque on dirait. J'ai poussé lentement la porte et je me suis avancée doucement. Je n'osais même pas appeler Drago pour vérifier s'il était là, j'aurais été trop déçue de ne pas l'entendre me répondre. Je sentais une odeur boisée m'envahir alors que je refermais la porte derrière moi. Des bougies étaient allumées, partout, me laissant découvrir un petit couloir décoré avec goût. Une autre porte donnait sur une chambre avec un grand lit aux draps et couverture émeraudes.
Je l'ai vu tout de suite. Drago était là.
Je me suis approché de lui, rapidement, car je savais que le temps était compté. Un avocat ou je ne sais qui pouvait rejoindre à tout moment Drago et je voulais absolument lui parler avant qu'il ne parte avec lui.
Il était assis sur son lit, le regard vide, il fixait ses chaussures. Il devait vraiment être affecté, parce qu'il n'avait même pas remarqué que quelqu'un était entré dans sa chambre. Quand il m'a enfin entendu entrer il a levé les yeux vers moi, s'est levé et allait dire quelque chose.
Les larmes aux yeux, j'ai presque couru vers lui, aveuglée par le reste, je ne voyais que ses yeux bleus dirigés vers moi. Je lui ai prit le visage entre les mains, me suis hissée sur la pointe des pieds et je l'ai embrassé, comme si c'était la dernière fois. Et je sentais en moi, que c'était sans doute la dernière fois. Lorsque mes lèvres ont rencontrés les siennes, mon corps et mon âme ont été soulagés. Soulagés de cette journée très violente en images et en souvenirs. Virulentes et à fortes conséquences pour ma vie future. J'étais apaisée de trouver la chaleur de sa bouche sur la mienne, mais il restait passif. Il a voulu me repousser doucement.
« Comment peux-tu encore t'approcher de moi ? » m'a-t-il dit en me regardant dans les yeux.
« Non, s'il te plait… s'il te plait.. tu pourras me haïr toute ta vie, me faire les pires des actes mais s'il te plait… laisse-moi cinq minutes avec toi…j'ai besoin de toi Drago. » je lui murmurais ces mots, tout près de sa bouche, les joues mouillées.
Son regard a croisé le mien et j'ai vu, la blessure tout au fond de lui, sans vraiment identifier son origine, elle pouvait être multiple.
Tout d'abord, j'avais témoigné contre son père, et vu le souvenir que je venais de fournir, il ne sortirait certainement pas d'Azkaban et terminerait ses jours là-bas.
Ensuite, il venait d'apprendre que je lui avais caché quelque chose de grave.
Et enfin, son père avait brisé ma famille et aurait pu me tuer alors que nous n'étions que des enfants. Il était tout à fait normal qu'il soit choqué, révolté mais je ne savais pas quel motif étreignait le plus son cœur. Et vu notre conversation de la veille, j'avais peur qu'il ne se détourne de moi et me prenne pour une ennemie.
J'ai cru qu'il allait finalement me repousser et continuer la conversation mordante que l'on avait eue la veille au bord du lac. Mais à la place, il a passé ses bras autour de ma taille et m'a serré contre lui, posant son visage au creux de mon cou. Il me serrait tellement fort contre lui, que je devinais l'importance de sa souffrance, tout comme moi j'étais choquée et horrifiée par tout ce que je venais d'apprendre. Doucement, j'ai passé mes mains dans ses cheveux doux et soyeux et je lui ai demandé :
" Drago, regarde-moi s'il te plait.. est-ce que tu savais ? " je risquais de demander la voix brisée.
Il s'est redressé doucement, puis son regard orage a croisé le mien. Il était encore plus pâle que de coutume, des cernes creusaient son visage. J'ai remarqué que le blond de ses cheveux n'était plus vraiment le même, ils étaient plus sombre que d'habitude.
Sa respiration s'accélérait et je voyais bien qu'il bloquait son sanglot alors qu'il hochait la tête pour me répondre que non, il ne savait pas. Il a quand même pu me dire ces mots, dans un souffle :
« Je te conseille de t'éloigner de moi. » Mon souffle à moi s'est coupé.
« Jamais. Je ne pourrais jamais être loin de toi. » je répondais, la gorge serrée rien qu'à cette idée.
« Il le faudra pourtant. »
J'ai presque crié en lui répondant : « Mais pourquoi ? Pourquoi tu dis ça ! »
« Ange, je vais te faire plus de mal que mon père, je préfère que tu me quittes de toi-même. » a t-il répondu en se détachant de moi.
Ces mots, plus durs qu'un coup de poignard dans le cœur me faisaient trembler.
Il a ajouté : « Tu ne te rends pas compte des conséquences de ce procès. As-tu réfléchis à la suite ? On ne peut pas, être ensemble, et..»
Je l'ai coupé.
« Ce qu'il a fait… ton père… je m'en moque. Je sais que toi, tu es différent. Tu es une belle personne à qui il est arrivé de mauvaises choses." je disais en le regardant.
Il s'obstinait à regarder ailleurs.
"Le monde dans lequel tu as grandis, n'est pas le vrai." je continuais malgré qu'il se tourne sur le côté comme pour couper court à la conversation.
"Et tu ne seras jamais une personne mauvaise. " j'achevais en le contournant pour lui dire en le regardant dans les yeux.
« Comment ? Comment tu peux savoir ça ? » m'a t-il dit en plissant légèrement les yeux, contraint de me faire face.
Je l'ai regardé dans le plus profond de ses yeux.
« Parce que je t'aime. »
Son souffle cette fois-ci, s'était coupé et sa bouche s'est ouverte légèrement. C'était la première fois que je disais ces mots à un garçon. C'était la première fois que j'éprouvais ceci pour un garçon. Je savais que je l'aimais, de tout mon être, car qui pourrait continuer de tolérer son petit-ami quand on apprenait que son père avait détruit sa famille ? Qui avait même tenté de nous assassiner ? Quelle raison pouvait me pousser à continuer de le vouloir près de moi pour toujours, sinon que je l'aimais ?
Je l'observais, me rendant compte de ce que je venais de lui annoncer. C'était la vérité, je l'aimais. Comme une folle même.
"Personne, ni toi, ni les Gryffondors ne pourrez m'enlever ça, je t'aime Drago. Peu importe ce que tu penses. Je suis désolée de te faire souffrir à ce point, désolée mais... moi je ne serai jamais assez reconnaissante en la vie d'avoir croisé ta route. Peu m'importe qui tu es, peu m'importe d'où tu viens... peu m'importe d'où tu viens... je t'aime et je crois que je t'aimerai toujours. Je veux rester avec toi pour toujours Drago ! "
"Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer
Et la Terre peut bien s'écrouler
Peu m'importe, si tu m'aimes
Je me fous du monde entier"
Je baissais les yeux au sol, laissant les mots flottés dans la pièce. J'observais la flamme d'une bougie qui vacillait, comme vibraient mes sentiments à son égard. J'ai voulu m'en aller et le laisser tranquille mais il m'a retenu par la taille et m'a caressé la bouche avec son pouce, dans un geste lent et précis. Finalement, après avoir scruté le fond de mes yeux d'une manière qui m'a intimidé un moment, il s'est penché vers moi et m'a embrassé, de manière brûlante et douce à la fois. Alors que sa langue rencontrait la mienne, et que mes mains caressaient ses joues, il m'a saisi par la taille pour me soulever et me porter à une table, comme la fois de la salle de bal où nous nous étions embrassé pour la première fois. Je l'aimais tellement, lui tout entier, que je voulais sentir sa peau sous mes doigts, c'est pourquoi j'ai ouvert sa chemise pour glisser mes mains sur son torse. Il devait vouloir la même chose car il s'était atteler à me débarrasser de ma chemise blanche. La sienne était noire, comme si nos vêtements nous rappelaient eux aussi à quel pont nous étions si différents, mais sans doute complémentaires aussi ? Tout nous opposait et la séance au procès que nous venions de vivre venait de nous l'indiquer plus fortement.
Quoi qu'il en soit, nos chemises se sont rejointes par terre. J'aimais sentir sous mes doigts les muscles de mon amoureux, il frissonnait à chacun de mes passages sur son torse et son dos. Et moi je sentais un feu m'embraser entièrement alors qu'il embrassait mon cou, mes épaules et faisait glisser les brides de mon soutien gorge sur mes bras pour mieux me déposer sa bouche sur ma peau. Alors que mes jambes encadraient sa taille, je me suis débarrassé de mes chaussures d'un coup de pied. C'est alors qu'il s'est arrêté d'embrasser mes épaules et m'a regardé, comme la dernière fois, mais cette fois, il n'hésitait plus. Son regard était comme une demande de permission, mais aussi mélangé en une multitude de questionnements dont il espérait trouver des réponses dans mes yeux. Je lui ai répondu en passant mes mains dans mon dos, dégrafant mon sous vêtement et le faisant tomber au sol.
Il a eu un air un peu surpris, mais a décidé de m'embrasser et de me porter contre lui, collant nos peaux l'une contre l'autre. Il m'a déposé doucement sur le lit de la chambre en entreprenant de quitter ma jupe, moi son pantalon. Il s'est débarrassé de ses derniers vêtements tout en ne me quittant pas du regard.
Il était nu, devant moi et je me rendais compte d'une autre façon combien il était beau, d'une beauté aveuglante, intimidante alors qu'il s'approchait de moi. Tandis qu'il m'offrait un baiser enflammé, il s'est arrêté pour se redressé lentement, presque en position assise et j'ai senti ses mains descendre de mes épaules, suivre la courbe de ma poitrine et glisser sur ma taille pour finalement retirer le dernier vêtement que je possédais.
J'étais littéralement hypnotisée par son geste et son corps courbé au dessus de moi, oubliant la crainte de la première fois que j'étais sur le point de vivre. Il s'est positionné au dessus de moi et rapprochant son visage du mien, il a soulevé mes cuisses l'une après l'autre pour facilité les choses puis m'a regardé encore une fois, nos regards se cherchant, se tenant, comme si un lien invisible se tissait entre nos prunelles et qu'il ne fallait pas le rompre, comme si nous avions peur de briser quelque chose. Il m'embrassait le cou, me faisant subir des frissons sur tout le corps, son souffle chaud éveillait une sensation douce sur ma peau. C'est alors à ce moment là que nous nous sommes unis de façon charnelle. Je fermais les yeux au premier contact, sentant bien ma virginité faire barrage au plaisir, ne me laissant que mes muscles se contracter sous l'effet de la peur, sans doute.
« Non.. regarde-moi.. c'est moi.. Regarde-moi mon ange. »
Il s'était arrêté pour prendre mon visage dans ses mains, moi je serrais les draps dans mes paumes.
« Je ne te ferai pas mal. Fais-moi confiance, c'est moi. »
En croisant ses yeux magnifiques, je me suis détendue progressivement. Il a attendu de sentir mes muscles se relâcher et il a continué de fusionner nos corps. Je me noyais dans l'océan de ses yeux, ne pensant qu'a lui, fixée sur le regard qu'il me donnait, flamboyant. Je ne pensais qu'au fait que je l'aimais comme une folle. Et cela a fonctionné.
J'ai facilité les choses et j'ai ressentis comme un fourmillement au bas du ventre. Drago m'a sourit, devinant que je me sentais mieux et a entreprit de me rendre l'expérience encore plus aisée. Il m'a embrassé dans le cou, descendant sur mon épaule, laissant sa langue me brûler la peau. Puis il est arrivé à ma poitrine ou il a pris soin d'embrasser la courbe de mes seins et laissant sa langue me faire fondre littéralement. Il venait de faire céder ma virginité sans que je ne m'en aperçoive ou presque car il occupait mon esprit sur ce qu'il provoquait sur mon buste : un plaisir inconnu et envoûtant montait progressivement dans tout mon corps.
Quand j'ai poussé un gémissement de bien-être il a levé son regard sur moi et j'ai ressenti encore une fois une sorte de trouble, ce regard fiévreux me rendait folle. C'est alors qu'il s'est redressé, m'entraînant avec lui, nous retrouvant comme assis sur le lit, moi sur lui à califourchon et il guidait ma taille pour emporter nos corps dans un ballet de plaisir. Cette position m'aidait beaucoup plus à ressentir une douce sensation montée en moi et Drago pouvait aisément embrasser et torturer ma poitrine me faisant basculer la tête en arrière, savourant chaque passage brûlant de la bouche de mon amant. Je sentais parfois son souffle chaud dans mon cou et il me volait quelques baisers en me fixant intensément.
Ses doigts fins passaient dans mes cheveux dans une infinie douceur et terminaient leur course dans mes reins.
J'ai senti tout d'un coup mes muscles se contracter les uns après les autres, comme si une puissance entrait doucement dans mon corps et qui a finalement explosé, me faisant hoqueter de plaisir. Le corps de Drago a subit le même traitement quelques instants plus tard et il m'a entraîné avec lui en s'allongeant, écoutant mon cœur battre à tout rompre contre celui de mon Serpentard. Il me serrait fort, contre lui, me caressait doucement les cheveux. Je me sentais tellement apaisée, soulagée et comblée que je me suis endormie. Juste avant que Morphée me prenne dans ses bras, j'ai écouté Drago me murmurer :
« Je t'aime… et pour toujours je t'aimerai. Ne l'oublie jamais. »
Voilà, ce qu'il ressentait pour moi. De l'amour. J'ai levé les yeux vers lui pour découvrir un million d'étoiles dans son regard. Mon cœur débordait d'amour et de joie de l'entendre me dire ces mots. Les bougies semblaient danser dans ses yeux, m'hypnotisant. Il a déposé ses lèvres sur les miennes, m'obligeant à fermer les yeux. Je l'ai senti légèrement bougé et j'ai sombré après un baiser tendre et épris.
"Tant que l'amour inondera mes matins
Tant que mon corps frémira sous tes mains
Peu m'importent les problèmes
Mon amour puisque tu m'aimes"
Je me suis réveillée dans la chambre de Drago tout en me demandant où j'étais, jusqu'à ce que quelques images me reviennent en tête. Je venais de faire l'amour pour la première fois. Je venais de faire l'amour pour la première fois avec Drago, et cela avair été tellement merveilleux.
Drago m'aimait, il me l'avais dit avec des mots et surtout avec des gestes d'une incroyable douceur, et grâce à ça je savais que je pouvais tout affronter dans la vie, rien n'était plus important que ça.
Croyant entendre le bruit d'une porte qui se ferme, j'ai ouvert les yeux, en me rendant compte que j'étais seule dans le lit. Je me suis mise sur le dos, enroulant les draps autour de mon corps nu et j'ai aperçu le Serpentard assis sur un fauteuil, habillé comme si rien ne s'était passé. Cette différence vestimentaire entre nous accentuait ma pudeur, je me suis attelée à couvrir mon corps nu avec le draps vert. Il regardait en direction de la sortie. Je me suis redressée, assise dans le lit.
« Drago… ça va ? » je demandais d'une voix endormie.
Il s'est tourné vers moi, avec un regard glacial qui m'a choqué.
« Très bien. J'ai eu ce que je voulais. Maintenant, tu peux sortir de ma vie. »
Il s'est levé et partait en direction de la porte. La fatigue engourdissait mes pensées. Je sentais mon cœur se briser en mille morceaux en même temps que je ressentais un sentiment indescriptible parcourir tout mon corps.
« Quoi ? Mais… attends, je ne comprends pas.. » je répondais la voix cassée.
Il s'est tourné vers moi avec un sourire que je détestais voir sur son visage, que jamais il ne m'avait adressé. Un sourire froid, ce genre de sourire qui pourrait se cacher sous un masque.
« Il t'avait prévenu pourtant, ton pote Potter ! Tu as voulu t'approcher de moi, tu t'es brûlée les ailes. Je ne pensais pas avoir le bonus de coucher avec toi, je t'accorde que c'était pas mal. On va dire que c'était pour avoir témoigné contre mon père. Et puis, tout à l'heure, tu m'as bien dit que je pourrais faire les pires des actes à ton encontre ? Ça te va, comme acte ? »
Il s'était approché de moi et m'avait embrassé la joue avec cette déclaration incroyable.
« Allez, à bientôt Fire, on se voit en cours. Mais si tu as envie de remettre ça, pourquoi pas ? »
Et il a claqué la porte, disparaissant de la chambre.
J'ai senti mon cœur éclater comme du verre dont chaque morceau faisait saigner la chair de mon corps.
J'étais brisée.
Je n'ai pas résisté à glisser quelques notes de l'Hymne à l'amour d'Edith Piaf.
A bientôt les amis ;)
Calamity
