POV Harry
Lorsque j'ai ouvert les yeux, la première pensée que j'ai eue a été pour Ange. Depuis le procès je ne l'avais pas vu ou presque. Seulement en coup de vent lorsque nous sommes rentrés à Poudlard, puis elle était partie dans son dortoir pour ne jamais en ressortir depuis. Je pensais que c'était dû à son témoignage qui m'avait moi-même glacé. J'ai été dans un réel état de nerfs quand j'ai vu Bellatrix Lestrange, et le père de Malefoy participer à ce qui avait ruiné sa vie et celle de ses parents. Bellatrix Lestrange avait également fait disparaître mon parrain, et torturé les parents de Neville. La seule bonne nouvelle était que les trois personnes concernées par le drame étaient en prison et condamnés avec fermeté par le ministère : la prison à vie avec possibilité du baiser des détraqueurs.
Je pensais qu'au procès alors que je prenais mon petit déjeuner avec tous mes amis. Tous, sauf Ange qui était absente. Pour la troisième fois consécutive. Un coup d'œil vers la table des Serpentards et je voyais Malefoy, la mine fatiguée, la tête posée dans sa paume, les yeux dans le vague. Je m'attendais au pire avec lui, son père venait d'encaisser une peine de prison avec perpétuité et il ne m'avait encore rien fait subir : le pire restait à venir. Blaise Zabini à ses côtés, l'observait. J'avais demandé à Dumbledore de repousser le match de quelques jours, il aurait donc lieu le lendemain. Mais il allait nous manquer un poursuiveur si Ange ne se montrait pas.
« Hermione, comment va Ange ? » je lui demandais discrètement.
Elle s'est tournée vers moi tout en prenant son lait chaud entre ses mains.
« C'est difficile à dire… elle ne sort pas du dortoir et ne parle pas. Je crois qu'il y a autre chose, mais j'ignore quoi. » M'a répondu mon amie.
« Autre chose ? Comme quoi ? »
« Je ne sais pas… mais même si le procès était particulièrement difficile, tu ne crois pas qu'elle se serait au moins entraînée depuis ? Le Quidditch c'est toute sa vie… et elle ne se préoccupe pas du tout du match. Je crois que plus rien ne l'intéresse.. »
Ron avait la mine aussi sombre que moi. Nous nous étions tous attachés à la Gryffondor.
« Harry, tu devrais aller lui parler. » m'a conseillé mon meilleur ami à la chevelure rousse.
« Elle est aux dortoirs des filles Ron, je ne peux pas y aller. » je lui rappelais avant de terminé mon thé.
« Et alors, tu es Harry Potter, non ? Les interdits, les règles, tu les contournes toujours il me semble, ça fait partie de toi. »
Hermione a incliné la tête pour démontrer son accord en rajoutant qu'à cette heure-ci, les dortoirs étaient vides. J'ai acquiescé et me suis levé après avoir repoussé ma tasse en bronze. J'ai saisi un bol pour mettre des flocons d'avoine, un peu de lait et quelques morceaux de fruits : le petit déjeuner habituel d'Ange. En longeant la table, je n'ai pu m'empêcher d'accélérer le pas. Le temps était compté, j'avais moins d'une heure pour essayer de parler à Ange. Et ce serait facile avec les dortoirs et salle commune vides. J'ai détecté le regard de Malefoy bien avant qu'il le détourne, ce qui avait l'air de l'agacer. Je devinais toujours ou presque lorsqu'il m'observait désormais. C'était le résultat de six années de haine tenace.
Je me suis retrouvé bien vite devant la porte du dortoir, quelques minutes après avoir traversé les couloirs et les escaliers de la tour des rouges et ors. Je n'ai même pas frappé, j'ai tourné la poignée doucement, puis j'ai poussé la lourde porte en bois. Le dortoir était identique au mien mais disposé dans le sens inverse, comme un miroir. Tous les rideaux étaient repoussés et laissait la lumière entrer dans la pièce, sauf un. Au fond, un lit était masqué par les rideaux du baldaquin. Si le dortoir était comme celui des garçons, alors ce lit était près d'une fenêtre, comme le mien. La nuit, j'avais le loisir de regardé le parc magnifique vivre sans les élèves. J'ai refermé la porte derrière moi, puis j'ai traversé la pièce lentement. J'avais hâte de voir Ange et en même temps je me demandais ce qui allait se passer. Quand je suis arrivé près du rideau du lit, j'ai entendu la respiration de ma camarade. Est-ce qu'elle dormait ?
J'ai tiré doucement sur le rideau et je l'ai vu, de dos, assise sur le lit, face à la fenêtre. Ses genoux étaient repliés contre sa poitrine et elle regardait le parc, comme je le faisais certaines nuits. Sans réfléchir, j'ai quitté mes chaussures et j'ai refermé le rideau derrière moi et en enjambant le lit je me suis retrouvé assis à côté d'elle. Ange a tourné le visage vers moi, il était pale et des cernes bleues creusaient son visage. Elle n'avait même pas l'air surprise de me voir, en fait elle avait l'air à côté de la plaque. Elle aurait du réagir, aucun garçon ne pouvait théoriquement venir ici, mais elle est restée sans réaction. J'ai posé sur le rebord de la fenêtre le bol que je venais lui donner puis j'ai ramené les cheveux ébouriffés de la Gryffondor derrière ses oreilles.
« Coucou la marmotte, il serait peut-être temps d'arrêter d'hiberner, le printemps arrive. » je lui murmurais ces mots. Elle n'a même pas sourit. En revanche, ses yeux qui s'étaient attardés sur les miens quand je suis arrivé, me fuyaient désormais. J'ai décidé de tout faire pour lui décrocher un sourire. Je me suis installé dans la même position qu'elle et j'ai regardé par la fenêtre.
« Hum… voyons-voir.. Regarde là-bas, des Serdaigles qui révisent sous les arbres.. ça change.. Et là-bas, près des buissons rouges, un Serpentard qui mange ses crottes de nez.. Tout parait incroyablement… comme d'habitude tu ne trouve pas ? »
« Tu as raison. »
Victoire, elle parlait. Je l'ai regardé.
« Quoi, les Serpentards mangent vraiment leurs crottes de nez ? »
Elle a tourné son visage vers moi.
« Tu as raison au sujet de Drago. C'est un manipulateur et un menteur. Il est mauvais jusqu'au bout des ongles. »
Les yeux d'Ange étaient tout gonflés, elle avait certainement pleuré de nombreuses fois ces dernières heures, et plus récemment vu les joues encore humides.
« Tu lui en veux de t'avoir caché l'identité de son père… ? » je tentais de demander pour comprendre son état.
Quand je repensais au procès, je me souvenais avoir vu la réaction de Malefoy, il avait été choqué autant voir plus que la plupart des personnes assistant au procès. Était-ce de la comédie ? Je ne suis pas certain qu'il savait tout des agissements de son père.
Ange a fermé les yeux en haussant les épaules pour finalement me déclarer en plantant son regard dans le mien.
« Si ce n'était que ça, je m'en remettrais. Tu avais raison quand tu disais qu'il n'était pas sincère avec moi. Il a tout fait pour que je tombe amoureuse de lui et quand il en a été certain.. il...»
Elle a séché une larme que venait de mourir sur ses lèvres.
« Il m'a quitté. En m'expliquant que c'était une vengeance pour avoir témoigné contre son père. Je m'en veux tellement de ne pas t'avoir écouté. Si seulement j'avais deviné son plan, jamais je n'aurais.. »
Elle n'a pas terminé sa phrase. Je n'étais pas vraiment surpris de la tournure des choses. Du moins, je connaissais bien Malefoy, c'était un pauvre type. C'était plutôt logique qu'il se comporte mal avec tout le monde, même les filles. Mais j'étais tout de même légèrement étonné. Je n'avais jamais vu Malefoy se comporter avec une fille comme avec Ange. J'avais cru pendant quelques jours, quelques semaines peut-être qu'il était réellement tombé amoureux d'elle. Mais dans le domaine de la comédie et de la tromperie, il excellait. La preuve, moi aussi je me suis fait avoir.
Je l'ai prise contre moi en enroulant ses épaules avec mes bras et je l'ai laissé pleurer contre moi sans demander plus d'explications. Je crois que j'avais autant mal qu'elle, de la voir dans cet état. C'était aussi de ma faute dans un sens. Malefoy avait fait tout ça juste pour me viser moi, à la base.
Après quelques minutes, je me suis redressée et je lui ai déclaré :
« Maintenant que tu me fais confiance, tu vas m'écouter. Tu vas avaler ce petit déjeuner et tu vas me rejoindre dans la salle commune et on ira en cours. »
« Non, on a cours avec les Serpentards pratiquement toute la journée… »
« Oui, et alors ? Tu veux qu'il gagne, encore ? Qu'il soit satisfait de ton absence ? C'est ça que tu veux ? » je lui demandais en parlant de Malefoy.
Elle n'a rien répondu. J'en ai profité pour lui dire quelques mots de plus.
« Le match est demain, montre-lui que ça ne te fait rien, même si c'est faux. Montre-lui que tu es une Gryffondor et que même si c'est lui l'attrapeur, ma poursuiveuse préférée pourrait nous faire gagner sans son intervention sur le vif d'or. Et crois-moi... je m'y connais en humiliation et je m'en suis remis.. »
Il y a eu un petit moment de silence et j'ai pensé qu'elle allait m'annoncer qu'elle ne jouerait pas, ce dont je redoutais, puis :
« Le match est demain ? »
« Oui, à quinze heures. »
« On a quoi… cinq heures de cours avec les Serpentards aujourd'hui ?»
En réalité, nous en avions six, mais je m'abstenais de lui dire.
« Ca doit être quelque chose comme ça, oui. »
Elle a soupiré, pesant sans doute le pour et le contre dans son esprit puis elle a saisit son petit déjeuner avant de l'engloutir en quelques minutes sous mon regard soulagé. Elle s'est finalement levé, a prit des vêtements propres et s'est tournée vers moi.
« Je vais prendre une douche… tu m'attends dans la salle commune ? » m'a-t-elle demandé les yeux encore embués.
« Bien sûr. »
Je me suis redressé et n'ai pas pu m'empêcher de prendre ses bras pour l'attirer vers moi et la serrer contre moi. Elle me serrait fort en retour, signe qu'elle avait besoin de tout mon soutien, et je lui donnerai toujours. Je sentais qu'elle tremblait légèrement. Ses cheveux blonds chatouillaient mon cou et je sentais flotter dans l'air l'odeur sucré de la pomme que je lui avait coupé en morceaux pour son petit déjeuner.
« Allez, va. Je t'attends en bas. »
Nous nous sommes séparés, et alors que je remettais ma cape en place et qu'Ange avait déjà disparu dans sa salle de bain, la porte du dortoir s'est ouverte sur une rousse, quelques livres et parchemins en main.
« Ginny ? Euh.. Qu'est-ce que tu fais là ? »
Elle avait l'air d'être très surprise de me voir, et moi également, car elle ne partageait pas son dortoir avec les sixième années. Elle m'a adressé un regard légèrement timide, je voyais bien qu'elle essayait de m'esquiver.
« Euh… à moi de te demander la même chose ! »
Elle me regardait en train de remettre ma cape en place alors que j'enjambais le lit d'Ange. Nous avons tous les deux entendu l'eau coulée dans la salle de bain. Elle m'a adressé un regard plein de suspicion.
« C'est Ange, sous la douche ? »
« Oui… Oh, mais, ce n'est pas ce que tu crois ! Je suis juste venu lui apporter son petit déjeuner. » je répondais en sentant mes joues s'empourprées.
« Hum… tu lui diras que je lui ai emmené ses cours de métamorphose. McGonnagal voudrait la voir également, tu la connais, elle espère que les Gryffondors sauront se tenir pour le match de demain. »
« Okay… je lui donnerai. Enfin, tu peux l'attendre, elle ne devrait pas tarder, je… je vais dans la salle commune. »
Alors que je passais près d'elle, elle m'a retenu par le bras.
« Harry.. je.. je voulais te dire, que je suis désolée. Je suis désolée que notre histoire se soit arrêtée.. comme ça. »
J'étais tellement surpris qu'elle m'adresse enfin la parole de cette façon, que je ne savais que dire.
« Je sais que ça ne va pas te plaire que je parle de lui mais… Malefoy sait très bien manipuler les autres. C'est un excellent Occlumens, personne ne peut savoir ce qu'il pense et ce qu'il calcule. »
« Euh…. Okay. Comment sais-tu tout ça ? »
«J'ai été proche de lui assez longtemps. Crois-moi, il a du faire quelque chose d'horrible à Ange, je suis bien placé pour le savoir. Il sait briser les autres. Mais toi… toi tu sais comment recoller les morceaux. »
« Pourquoi tu me dis tout ça Ginny ? » je lui demandais doucement. J'étais très surpris qu'elle me fasse ces déclarations. J'étais à la fois bluffé et presque empreint de doutes face à ses intentions et en même temps je sentais remonter en moi la colère liée à la sombre histoire de coucheries avec Malefoy. Encore et toujours Malefoy.
Elle a soupiré avec un léger sourire alors qu'elle déposait les affaires d'Ange sur son lit.
« Tu la regarde comme je t'ai regardé pendant des années. Et tu m'as rendue heureuse. Tu sauras comment lui redonner goût en la vie. »
Elle s'est tournée vers moi, le visage plein de sagesse.
« Être près de toi sera la meilleure chose qui pourra lui arriver. J'espère simplement qu'elle s'en rendra compte et qu'elle te rendra tout aussi heureux, que l'on n'aura pas à recoller tes propres morceaux. Parce que soit en certain, elle l'aime réellement, et je pense pas qu'elle pourra passer à autre chose en un claquement de doigts. »
Elle a levé les yeux vers moi, puis s'est approchée de la porte. Alors qu'elle est arrivée à mes côtés, elle m'a embrassé la joue.
« J'aurais tellement aimé que tu sois amoureux de moi, comme ça. » a t-elle dit en murmurant.
Puis elle a quitté le dortoir.
Moi, j'essayais de me souvenir quand Ginny a su me connaitre sur le bout des doigts.
POV Ange
Après avoir retrouvé Harry dans notre salle commune, nous nous sommes rendus en cours ensemble. Nous étions légèrement en retard, les élèves étaient déjà rentrés dans la salle de classe depuis quelques secondes. Quand nous sommes arrivés devant la porte, le professeur McGonnagal s'est tourné vers nous en pinçant légèrement les lèvres pour nous réprimander d'un seul regard.
"Miss Fire, M. Potter, merci de fermer la porte et de venir vous asseoir au plus vite. "
Il était là, je l'avais vu du coin de l'œil. Drago était assis à côté de Parkinson près des fenêtres. Il ne restait qu'une table pour deux de libre, juste derrière Hermione et Ron. Et un peu trop proche des Serpentards à mon goût. J'ai fais mine de rien en refermant la porte derrière moi et j'ai suivi Harry dans les rangées de tables. Je faisais tout pour faire celle qui était indifférente à tout ce qui s'était produit quelques jours plus tôt. Mais personne n'était dupe quant à mon état physique. Il suffisait de regarder mon visage pour voir le manque de sommeil et mon corps qui avait perdu en très peu de temps deux kilogrammes. J'entendais les chuchotements de ma promotion qui faisait des petits commentaires. Apparemment, vu ce que j'arrivais à entendre, Drago s'était chargé de dire à tous qu'il m'avait quitté comme un malpropre. J'avais déjà envie de partir en courant de la salle de classe.
"Bien. Ne sortez qu'une plume et un parchemin, je vais vous interroger sur le dernier cours que nous avons vu ensemble."
La classe a soupiré dès le mot "interroger". Seule Hermione, semblait ravie de cette initiative. Elle semblait avoir un certain penchant pour l'évaluation des compétences et du savoir en général. Alors que nous prenions tous un parchemin, Mc Gonnagal nous écrivait les questions au tableau noir.
Toc, toc toc.
Un élève de septième année a fait irruption dans la salle et notre directrice de maison ne semblait pas ravie de cette interruption.
"Désolée professeur, mais je distribue les photos du bal, le professeur Dumbledore m'a autorisé. Ce sera rapide."
Les quoi ? Les photos du bal ?
Je me tournais vers Harry pour lui demander quand est-ce qu'on avait eu un photographe pendant la soirée.
"Très bonne question, je ne l'ai pas vu." m'a t-il répondu en haussant les épaules.
Hermione s'est tournée vers nous.
"Vous n'écoutez vraiment rien tous les deux, Dumbledore l'avait dit qu'un élève prendrait des photos mais ce ferait le plus discret possible pour nous faire un souvenir. Ce qui est étonnant c'est qu'il nous donne les photos malgré les incidents."
Je n'ai pas eu le temps de réfléchir que l'élève photographe en question, un Serpentard de septième année, était arrivé près de moi et m'a dit en chuchotant, mais bien assez fort pour que les autres autour écoutent : "Tiens Fire, c'est un super cliché, c'est presque de la comédie dramatique !".
J'ai sentis les yeux se tourner vers moi alors que j'arrachais presque le dossier des mains du septième année, et j'ai tout fait pour résister à l'envie d'ouvrir le contenu. C'était comme un dossier qu'il suffisait d'ouvrir, la photo nous concernant étant collée dedans. Mais je me doutais bien de ce qu'il y avait à l'intérieur. J'ai donc rangé le dossier dans ma besace sans même prendre la peine de jeter un coup d'œil.
Harry m'a donné un coup de coude pour me montrer la sienne, c'était nous deux arrivant à la soirée, avec un large sourire.
"Ne retiens que ça." m'a t-il lancé alors qu'il rangeait sa photo dans son sac.
"Dray chéri, regarde comme nous sommes beaux !"
Chéri ? Parkinson faisait exprès de parler fort pour que j'écoute. Moi, et tout Poudlard jusqu'au fin fond des cachots.
"Hey Fire ! " Je me suis tournée à contre-coeur vers Parkinson. Donc aussi vers Drago qui était à ses côtés. Il me regardait fixement de ses yeux d'orages. Je n'avais pas pu résister à croiser son regard. J'ai vu l'espace d'une seconde comme de la curiosité dans ses yeux, mais il a bien vite rendu son regard plus sombre.
"Regarde.. ça, c'est un vrai couple !" m'a lancé la brune.
J'ai jeté un œil sur le cliché.
"Tss, ouais, vous avez l'air fous amoureux." lui ai-je lancé d'un ton ironique.
Quelques Gryffondors ont rit à ma remarque, ce qui n'a pas plu à Parkinson qui rougissait de colère.
La photo était immonde. Grotesque. Parkinson tenait fermement le bras de Drago, comme si elle avait peur qu'il ne s'envole. Et lui... il était magnifique comme toujours. Mais il ne semblait pas éprouver le besoin d'être auprès d'elle. Et qu'importe, je devais tourner la page. C'était quelqu'un de mauvais, son père avait détruit ma vie. Comment une femme comme Narcissa Malefoy avait pu épouser un homme aussi sombre ? Et d'ailleurs, où était-elle ? Elle n'avait pas assisté au procès de son mari...
"Moi, au moins, on ne me largue pas parce que je suis un mauvais coup au lit." répondait Parkinson faisant rire l'ensemble des Serpentards.
Voilà, Drago l'avait dit. Il avait parlé de ce moment si intime, si précieux pour moi, à tous ses camarades. Je l'imaginais dans la salle commune de sa maison se vanter de ce qu'il avait fait.
Je me suis tournée vers ma table en recopiant les questions de McGonnagal sur mon parchemin, les larmes aux yeux. J'essayais de me concentrer pour oublier ce que je venais d'entendre, pour ignorer les remarques désobligeantes que l'on m'adressait à voix basse.
J'avais loupé les derniers cours, je ne connaissais pas la moitié des réponses.
J'ai soupiré, la journée s'annonçait longue, très longue.
Nous venions de prendre notre déjeuner dans la grande salle et nous nous dirigions en cour d'Histoire de la magie avec les Serdaigles. J'avais mis un bout de temps à prendre mon repas, j'avais l'impression de me gaver et de me forcer. Mon estomac s'était rétrécit rapidement ces derniers jours, à force de ne rien avaler aux repas. Hermione était déjà devant, sans doute assise dans la salle avant même que le professeur n'arrive, Harry et Ron étaient aux toilettes, je marchais donc seule dans le couloir pour me rendre dans la classe du professeur Binns. J'avais du mal à suivre son cour, il était toujours très monotone dans sa façon d'enseigner et plus intriguant encore : c'était un fantôme !
Un coup d'œil derrière moi m'a assuré d'être seule dans le couloir. C'est pourquoi j'ai fouillé dans mon sac pour en ressortir le dossier, celui de la photo remise par le Serpentard de septième année. Je me suis appuyée contre le mur du couloir et j'ai ouvert les feuilles cartonnées pour découvrir une photo de Drago et moi. Ce n'était pas une photo moldu comme j'en avais eu l'habitude de voir toute mon enfance, mais une photographie sorcière, donc animée. Drago était en train de m'embrasser dans la salle de bal. J'ai senti les larmes monter en moi en voyant le regard que le Drago de la photo m'accordait. Comment pouvait-il jouer à ce point-là ? Comment pouvait-on simuler un regard comme celui-ci, un regard amoureux et épris ?
"Tu ne devrais pas te faire du mal comme ça."
J'en ai lâché mon dossier à terre en me retournant, surprise.
C'était un élève de Serdaigle, pas n'importe lequel, Jackson Davis, préfet de sa maison. Il s'est baissé pour ramasser la photographie qu'il a refermé entre ses mains. Jackson était très amicale avec moi, j'avais eu l'occasion de discuter quelques fois avec lui pour me remettre à niveau dans certains cours. Il était quelqu'un de réellement sympathique. Il était plus grand que moi, les cheveux châtains foncés et mi-longs, les yeux chocolats et un teint irréel pour un anglais, on aurait dit qu'il vivait au soleil toute l'année.
"Ca va Ange?"
"Hum.. ça pourrait aller mieux." J'ai saisi la photo entre mes mains. "Merci Jackson."
"Tu es certaine de vouloir la garder ?"
"Je n'en sais rien. Je ne pense pas." dis-je en soupirant.
Il m'a adressé un sourire avant de reprendre la photo entre mes mains tout en s'approchant d'une poubelle du couloir.
"Dans ce cas... tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je te donne un coup de pouce ?"
Je n'ai pas eu le temps de répondre quoi que ce soit que la photographie était au fond de la poubelle, par dessus quelques parchemins de mauvaises notes et de journaux. Il est revenu près de moi en saisissant mon bras doucement, pour me faire avancer avec lui. Je ne me suis pas fait prier pour l'accompagner. J'avais grand besoin d'être diriger et dans tous les sens du terme en ce moment.
"Tu es stressée ? " me demandait-il tout en continuant de marcher.
"Stressée ? Pourquoi ?"
"Pour le match de demain."
"Ah, ça. Oh non, ça me feras du bien de jouer. Mais d'ailleurs, tu ne fais pas partie de l'équipe de Serdaigle ?"
"Non, je ne suis pas super sportif, tu connais les Serdy, on préfère les livres." m'a t-il répondu en secouant son bouquin d'enchantements devant moi.
"J'aime regarder jouer en revanche."
"Alors... tu seras là demain ?"
"Et comment, je ne vais pas rater le spectacle. Je trouve que c'est plutôt une bonne idée de notre directeur. Les maisons ne seront que plus soudées comme ça."
"Soudées ? Tu crois vraiment que les maisons Serpentard et Gryffondor seront un jour soudées ? Désolée mais là, tu en demande un peu trop."
"Au moins sur le terrain, ça fera du bien de voir autre chose. Avec les temps qui courent, nos maisons ont besoin de cohésion. Et puis c'est génial de te voir aussi épanouie sur un balai. J'espère qu'un jour tu deviendras comme cette fille-là."
Je tournais la tête vers lui en souriant un peu.
"Cette fille-là ?"
"Oui, épanouie et heureuse. Tu as un don et on ne peut que constater que tu aimes voler. J'espère que cette fille en toi prendra les pleins pouvoirs un jour. Je.. j'ai lu l'article dans la gazette concernant le procès.." m'a t-il avoué. "Et j'espère que tu sauras être heureuse, tu le mérite."
"Hé, Jackson !"
Un de ses camarades de classe lui faisait signe pour qu'il aille le voir. Il m'a adressé un sourire alors que nous arrivions devant la salle de cour.
"A tout de suite." m'a lancé Jackson avant de rejoindre son ami.
Je n'avais pas eu le temps de lui répondre. Et dans un sens c'était tant mieux car je ne savais pas quoi lui répondre, un peu gênée que l'on m'observe comme ça. Quand je suis entrée dans la salle de classe, Jackson m'a adressé un sourire de sa place alors que je m'asseyais aux côtés d'Hermione qui, fidèle à son habitude était déjà en place, encre et plume sortie et parchemin près à être noyé de son écriture.
Après le dernier cour de la journée, Ron, Harry Dean et moi marchions en silence vers le terrain de Quidditich où notre capitaine nous convoquait pour faire le point et être prêt pour le lendemain. Avec chance, les escaliers n'étaient pas décidés à nous emmener là où ils le voulaient. Nous descendions les marches dans les couloirs déserts, jusqu'à ce qu'un bruit de conversation ne perturbe le silence, un étage plus bas. Le groupe de Serpentards composé de Zabini, Parkinson, Goyle et Drago. Nous entendions presque tout ce ce qu'il se disait entre eux.
"...fait pas, on va bien trouver un moyen de le sortir de là."
"Ferme-là Pansy, sois réaliste, comment veux-tu qu'il sorte d'Azkaban après ce qui a été découvert ?"
Je sentais mon sang se glacer. Drago était en train de parler du procès, il ignorait que nous n'étions pas loin d'eux et parlait librement.
"C'est certain que ça va être compliqué. Qu'est-ce que tu comptes faire Dray ?" lui demandait Blaise.
"On verra le moment venu."
Harry nous a intimé de nous arrêté pour ne pas être vu. J'étais juste à ses côtés, avec les autres garçons sur un pallier.
"Tu l'a revu ?"
Zabini n'a eu que le silence en réponse à sa question. De qui parlait-il ? De moi ?
"Drago chéri, tu peux nous faire confiance, tu le sais." insistait Parkinson.
Voyant qu'il ne répondait toujours pas, Zabini a changé de sujet.
"Au fait, comment a réagit Fire quand tu l'a largué ?"
Et bien non, ils ne parlaient pas de moi à la base.
"Comme toutes les autres."
"Oh, tu es un bourreau des cœurs mon pote !" disait Zabini en riant.
"Elle n'a eu que ce qu'elle méritait. Elle s'est moquée de moi Blaise."
"Tu comptes encore la faire souffrir Dray ?" lui demandait Parkinson pleine d'espoir.
"Ne t'en fait pas Pansy, je pense qu'elle souffre déjà beaucoup, et crois-moi, ce n'est pas terminé."
Je me suis forcée de ne pas échanger de regard avec les garçons. Nous avons attendus un moment que les Serpentards prennent plus de distance avec nous. Mes camarades avaient tous un air désolé et je me suis efforcé de marcher le plus rapidement possible. Dean a passé son bras autour de mes épaules et nous nous sommes dépêchés ensemble et en silence. Nous allions en direction du vestiaire de l'équipe de Quidditch des Gryffondors.
Arrivés là-bas, nous nous sommes séparés. Les filles d'un côté, les garçons de l'autre. Me voilà donc seule avec Parkinson. J'avais envie de l'étrangler rien que de la regarder mais je prenais pitié devant ses gestes maladroits pour tenter de revêtir son uniforme. Alors que j'allais quitter le vestiaire elle s'est adressée à moi.
"Fire... euh.. comment on met ça ?" me demandait-elle en brandissant une protection des poignets.
"Je ne sais pas, demande à ton chéri." je lui ai répondu en lui lançant un regard appuyé.
Elle s'était moquée de moi toute la journée, à mon tour.
Je suis entrée sur le terrain ou les garçons nous attendaient. Drago était là aussi. Beau. D'une façon énervante je devais dire.
Je commençais à me sentir en colère, la tristesse me quittait progressivement pour laisser place à des sentiments tout autre.
Alors que l'on s'ignorait depuis le début de la journée, le blond s'est adressé à moi.
"Où est Pansy ?"
Je lui ai adressé un regard flamboyant.
"Je ne sais pas, regarde dans ton lit." j'ai répondu en plantant mon regard dans le sien.
Zabini a rigolé et j'ai vu que cela contrariait beaucoup Drago. Son acolyte n'avait rien à voir avec Crabbe ou Goyle. Il restait maître de ce qu'il pensait ou voulait faire. Je pensais que c'était pour cela qu'ils étaient proches tous les deux, malgré que ce trait de caractère rende fou Drago. Il devait apprécier d'une certaine manière que l'on lui tienne tête.
Alors que Drago allait me répondre, d'une manière cinglante vu l'expression de son visage, Parkinson est arrivée en trottinant, essoufflée.
"C'est bon je suis là, désolée j'ai eu du mal à mettre ces fichus protections."
Il y a eu un silence où toute l'équipe regardait Parkinson, puis j'ai échangé un regard avec Harry avant que l'on ne parte dans un fou rire. Ron a réussi à articuler quelques mots :
"Parkinson... regarde ce que tu as fait, tes protections genoux sont aux poignets, tu as inversé."
Les Serpentard riaient, comme Zabini, ou tiraient une tête de trois kilomètres comme Drago. Parkinson est devenue rouge écarlate et j'ai décidé de me ressaisir avant de m'avancer vers elle.
"Fais-voir." je lui ai dit en tirant sur les scratch. En quelques secondes, j'avais résolu son problème. Elle me regardait avec un air triste et blessé, ce qui m'a vite fait redescendre sur terre. Je sentais réellement sa honte.
"Tu l'as fait exprès." a t-elle sifflé entre ses dents en parlant si bas que seule moi pouvait l'entendre.
"Pardon ?"
"Tu l'as fait exprès, pour me rabaisser devant Drago. Mais il s'en moque de toi, tu n'a toujours pas compris ?"
A mon tour d'être blessée.
"Ce que tu n'as pas compris, c'est qu'il se moque aussi de toi Pansy. Il se moque de tout le monde."
"Pff, tu dis ça parce que tu n'as pas su le garder, tu ne connais pas ses désirs. Moi, il ne quittera jamais mon lit." a t-elle dit en retirant vivement son poignet de mes mains pour aller auprès de ses camarades verts.
C'est en soupirant que je l'ai suivi pour rejoindre le groupe. J'ai aperçu du coin de l'œil l'équipe des Serdaigles/Poufsouffles qui étaient à l'autre bout du terrain.
"Harry, c'est normal qu'on partage le terrain ?"
Le brun aux yeux verts s'est tourné vers moi.
"Oui, on a la moitié du terrain, de toutes façons ce ne sera pas un réel entrainement, on fait juste le point."
Drago était en train de regarder Cho Chang en train de s'entraîner plus loin. Elle serait son adversaire le lendemain.
Une demie heure plus tard, alors que Zabini et moi apprenions à Parkinson quelques feintes, Harry nous a annoncé que ce serait tout pour la soirée. Nous avions revu nos tactiques et étions tous prêt pour le match. J'ai sauté de mon balai sans un mot et j'ai rejoint mon vestiaire, mais avant que j'atteigne la porte j'ai entendu quelqu'un m'appeler.
"Ange !"
En me tournant, je me suis aperçu que c'était Harry.
"Harry, ça va ?"
"Moi ça va...et toi ?" m'a t-il demandé en scrutant mon regard.
"Bien."
"Toujours aussi douée en mensonge."
"Et toi, tu fouines toujours autant."
Il m'a sourit. "Je m'inquiète pour toi. Essaye de ne pas trop penser à lui demain... d'accord ?".
Je ne savais quoi lui répondre. Mais je savais qu'il était adorable avec moi, toujours très prévenant. C'est pourquoi je me suis avancée vers lui et l'ai serré dans mes bras.
"En quel honneur ai-je le droit à un câlin ? " il m'a demandé, amusé.
"Parce que je t'adore."
Par dessus son épaule, je voyais mon équipe verte et rouge aller droit vers nous, au vestiaire. Sauf Drago qui allait voir l'équipe adverse, je me demandais bien pourquoi d'ailleurs. Quand je me suis détachée de Harry, je lui ai tapé dans la main avant de m'engouffrer dans les vestiaires.
Quand Hermione est venu me réveiller le lendemain matin, je me sentais étrangement sereine. Je savais qu'après le match, je n'aurais plus à m'approcher de Drago, sauf pour partager mes cours avec lui. Nous sommes arrivés dans le hall d'entrée avec une partie de mon équipe, c'est à dire les Gryffondors alors que les joueurs Serpentards venaient de leur salle commune. Nous étions tous en tenue. Sur chacune de nos poitrines était posé une drôle d'insigne représentant un lion au côté d'un serpent. Il n'y avait plus de verts et argents et de rouges et ors, mais une équipe de rouge et vert. Je n'ai pas pu m'empêcher de regarder Drago porter du rouge. Il semblait aussi curieux que moi, de me voir porter du vert. Nos tenues générales étaient rouges, nos capes étaient vertes et nos noms ainsi que nos numéros étaient rouges.
Nous n'avons pas échangés un mot mais Zabini est venu près de moi en entourant mes épaules avec son bras. J'ai eu un mouvement de méfiance, comme si j'allais lui mettre une claque, mais il s'est adressé à nous tous.
"On est pas beaux comme ça ? "a t-il dit en riant.
"La ferme Blaise, on est ridicule en rouge." a répondu Drago. Je lui ai lancé un regard noir.
"Oh, Dray, je t'en prie.. regarde, on forme tous une même et seule équipe. On est en trêve, je te rappelle. " disait-il l'œil rieur.
"Plus pour longtemps." a t-il sifflé tout en me regardant. J'ai voulu resté de marbre, mais je serrais les dents pour ne pas lui en mettre une et garder mon calme d'avant match.
"Bah, moi j'aime bien Fire, elle est comme moi."
J'ai regardé Blaise, les yeux ronds.
"Pardon ?"
"Bah ouais, on tient tête à notre petit blond."
"Blaise, arrête ça, tout de suite." lui ordonnait le Serpentard.
"Tu es sur les nerfs Dray, prend exemple sur Fire, elle reste calme malgré l'envie de t'Avada Kedavrer !"
J'aurai pu rire de cette remarque dans d'autres circonstances. D'un côté, j'étais ravie de l'attitude de Zabini. S'il était d'aussi bonne humeur, nous aurions aucun mal à jouer ensemble l'heure suivante. Harry est intervenu.
"Hé ho! Je vous demande de garder votre concentration sur le jeu. Essayez de manger quelque chose. Oui, toi aussi Ron."
Ron était toujours de nature très stressée avant un match.
"Mangez, ensuite on se retrouve dans les vestiaires." a rajouté notre coach. Zabini m'a adressé un sourire puis est allé du côté de la table des Serpentards en suivant Pansy qui était encore plus stressée que Ron. Dean, Ron et Harry allaient du côté des Gryffondors. Drago ne bougeait pas et j'étais troublée de son comportement. Il me fixait avec ses yeux d'orage.
"Qu'est-ce que tu as Fire ?" m'a t-il lancé.
"Quoi ? Rien, c'est toi qui reste planté là..."
"Je ne reste pas planté comme tu dis, alors circule. J'attends quelqu'un de beaucoup plus important que toi."
Je lui ai lancé un regard que j'aurais voulu meurtrier, mais je crois qu'à la place et malgré moi, je lui ai montré ma tristesse. Je n'avais pas la force de lui montrer ma colère et ma haine suite à ce qu'il m'avait fait. Je n'arrivais pas à me sentir bien en face de lui, comme si le fait de lui avoir offert ma virginité - ou plutôt le fait qu'il me l'ai volé- me donnait la sensation d'être nue devant lui constamment.
J'avais espéré que notre rupture n'était qu'un cauchemar. J'avais espéré ces dernières nuits qu'il m'aimait sincèrement, que ce n'était pas réel qu'il m'ai manipulé tout ce temps. J'avais espéré que notre histoire était vraie, était réelle et sincère. J'ai baissé les yeux au sol quand je me suis décidé à bouger pour aller jusqu'à la table de ma maison, laissant Drago derrière moi sans lui répondre. En jetant un coup d'œil vers la table des Serpentards, j'ai vu que Zabini me regardait presque avec pitié. Du moins, c'est ce que je croyais, il devait bien rire de la situation celui-là.
Quand je me suis assise à côté d'Harry, j'ai remarqué que l'équipe de Serdaigle/Poufsouffle était en train d'arrivée et que Cho Chang discutait avec Drago. Je les observais quelques instants, remarquant le sourire charmeur du Serpentard et sa façon de regarder Cho. Les larmes commençaient à me brûler dangereusement les yeux, je n'étais pas encore prête à affronter Drago et à accepter la réalité.
Il a dévié son regard sur moi, comme s'il s'assurait que je le voyais, ce qui était malheureusement le cas. C'est avec un air sadique sur le visage qu'il a embrassé la joue de Cho tout en continuant de me regarder. Il savait qu'il me torturait. Il prenait son pied. Je baissais les yeux sur ma table, saisissant quelque chose à manger pour prendre des forces. En soupirant, j'ai réussi à me vider l'esprit et à me servir mon petit déjeuner. Je me concentrais sur mon match. C'était le plus important pour moi. Il fallait que ce soit le plus important.
Quelques minutes après, j'avais englouti mon petit déjeuner et me dirigeais vers le terrain pour commencer à m'échauffer. Je quittais la grande salle sans un mot ni un regard pour personne. Je savais qu'il ne fallait pas trop manger avant le match. J'ai ressenti mon habituel bien-être en arrivant sur le terrain. Foulant la pelouse, je laissais les rayons du soleil me réchauffer la peau. L'herbe était encore cachée sous un manteau de neige et craquait sous les pieds.
A partir de ce moment-là, je suis entrée dans mon monde, me concentrant tellement que c'est comme si le mach avait duré deux minutes. Tout ce que je savais, c'est que j'avais bien joué, Parkinson s'était plutôt bien débrouillée pour les passes, Zabini et moi avions presque joué en osmose. Et Drago avait attrapé le vif d'or.
J'ai serré dans mes bras mes coéquipiers, même Zabini est venu me taper dans la main, et alors que l'on se félicitait tous, j'entendais les exclamations et les sifflements en pensant que c'était à cause de Ron qui avait enfin embrassé Hermione devant tout le monde, car celle-ci était entrée sur le terrain pour courir jusqu'à lui et sauter dans ses bras.. Mais non, pas l'ombre d'un baiser entre eux.
C'est en descendant de mon balai que j'ai remarqué ce qui attirait l'attention de tous les joueurs du terrain.
Tous, sauf un Serpentard et une Serdaigle.
Alors que je venais de descendre du dos de Dean, j'ai enfin vu la raison des sifflets et autres rires.
Drago était en train d'embrasser Cho Chang à pleine bouche sur le terrain.
Zabini qui n'était pas loin, s'est tourné vers moi en m'adressant un regard désolé. Parkinson était rouge de colère et restait gardait son regard braqué sur eux. Les Gryffondors me regardaient presque de la même façon que Zabini. Harry me cherchait du regard et quand il m'a trouvé, il s'est avancé doucement vers moi mais n'a pas eu le temps d'arrivé à mes côtés avant que je n'agisse.
J'ai saisi doucement la batte de Dean, la prenant de ses mains et me suis démarquée du reste du groupe. J'ai entendu l'air se fendre d'un son caractéristique d'un cognard qui redescendait vers moi, sans doute attiré par ma batte.
Ou par ma haine.
C'est alors qu'il est entré dans mon champ de vision et je l'ai frappé de toute mes forces avec ma batte, droit sur Drago qui venait de se tourner vers moi pour vérifier que j'avais vu son petit spectacle. Il ne m'a pas vu moi, mais un cognard foncer droit vers lui sans qu'il ne puisse rien faire.
Je ne me souviens plus de ce qu'il s'est passé ensuite. Tout ce dont je me rappelle, c'est de Cho criant en se précipitant vers Drago pour l'aider, le rire de Zabini, les cris des spectateurs et de Dumbledore ordonnant à Harry de me conduire dans son bureau.
Je ne me souviens de rien d'autres. Rien, sauf d'une immense douleur dans mon cœur, mêlée à une colère foudroyante. J'avais envie de tout détruire et j'espérais un jour ne plus jamais ressentir la souffrance qui me frappait violemment.
Drago venait de déclarer la guerre.
Encore dans ma tenue de Quidditch, les joues rougies par le froid et la colère, je me tenais dans le bureau de Dumbledore. Droite comme un piquet, je sentais encore la rage parcourir mes veines à la vitesse de la lumière. Je voyais mon reflet dans une sorte d'armoire qui attirait mon attention. Il s'agissait de souvenirs qui me rappelaient que trop bien le procès auquel j'avais participé quelques temps plus tôt. Les petites fioles en verre reflétaient mon visage en un nombre égal de petits flacons. Je me suis rapprochée de cette tour scintillante, comme hypnotisée.
"C'est beau n'est-ce pas ?"
J'ai sursauté en me tournant vers le directeur qui venait d'entrer dans son bureau, je ne l'avais pas entendu arriver.
"Beau, mais aussi parfois, difficile. J'aime les sortir de ma tête pour les visiter à ma guise.. cela me permet de mieux réfléchir avec mon grand âge, mais aussi d'extraire de mon esprit ceux qui sont douloureux, comme cela je garde les idées claires." expliquait-il en s'approchant de la tour de verre. Il s'agissait donc de souvenirs.
"J'ai oublié de la ranger après un entretien avec un jeune ami." a t-il rajouté distraitement en faisant disparaître l'armoire.
Il s'est tourné vers moi.
"Je pense que vous avez besoin de faire le tri, vous aussi. Asseyez-vous Ange." il m'indiquait un siège en velours et je ne me suis pas faite prier pour m'y asseoir. Avec le professeur Dumbledore, je ne discutais pas, car j'avais une grande confiance en lui.
"Je suis désolée, si je vous ai déçue, vous deviez vous attendre à autre chose de moi après le bal. Je n'ai pas compris la leçon, on dirait..." dis-je en constatant que le fauteuil était d'un confort très agréable. Dumbledore s'est assis en face de moi après avoir contourné son bureau. Il sortait deux tasses en porcelaine d'un placard en bois, dans lesquelles il jetait des feuilles vertes et jaunes à l'intérieur.
"Je pense au contraire, Miss Fire, que vous avez compris. J'ai constaté que vous avez fait des efforts extraordinaires pour vous allier avec M. Zabini. Je suis heureux de voir que votre équipe est attendu la fin de match avant d'en venir aux cognards."
J'ai baissé les yeux en l'écoutant, honteuse.
"Mais il est difficile de résister aux provocations de M. Malefoy, j'en conviens. Vos amis de Gryffondors peuvent en témoigner."
J'ai relevé les yeux sur lui alors qu'il versait de l'eau fumante dans les deux tasses. Je n'avais pas vraiment envie de parler de Drago et encore moins de ce qu'il m'avait fait.
"Néanmoins, Miss Fire, je pense qu'il vous faut vous rapprocher encore plus de vos amis. Et essayez de vous détacher du reste. Je sais qu'à votre âge, tout semble bien plus difficile. Mais ne laissez personne briser votre cœur, vos parents n'en seraient que plus anéantis. Vous laissez trop voir ce qui vous blesse, alors vos ennemis ont la tâche facile, vous êtes un livre ouvert et..."
Je l'ai coupé.
"Je fais déjà semblant, tout le temps ! J'ai fais semblant de sourire et d'être heureuse pour mes parents durant toute mon enfance, j'ai fais semblant d'avoir des amies à Beauxbattons alors que ça se passait mal là-bas, j'ai fais semblant d'être heureuse pour mes parents quand ils ont reprit leurs fonctions ! Je fais semblant tout le temps !"
"Je ne parle pas de faire semblant, Miss Fire, je vous parle de contrôler ce que vous laissez voir." m'a -il répondu tranquillement.
"Mais qu'est-ce que je pourrais faire de plus ?" je lui répondais presque en haussant le ton.
"Entraînez-vous."
"Pardon ?"
"Entraînez-vous. Je serai ravie de vous aider à bloquer votre esprit."
"A quoi cela sert de bloquer mon esprit ? Dans quel but ?"
"A vous protéger, vous, vos parents et vos amis. Je souhaite que vous appreniez l'Occlumancie, pour bloquer votre esprit. Promettez-moi d'essayer. " disait-il tranquillement en me tendant une tasse de thé chaude.
"Vous savez bien que le procès fera parler de vous et de votre famille. Vous allez attirer l'attention et c'est pour cette dernière raison que vous êtes à Poudlard, pour bénéficier de ma protection. Pour vous aider à combattre. Car bientôt, il faudra combattre, je le crains. Ange, j'ai promis à vos parents de vous aider."
M'aider à contrôler l'image que je renvoi en somme. Que le monde autour de moi ne puisse plus voir que mon passé était terriblement lourd à porter. Que le monde ne se rende plus compte de ma souffrance à chaque fois que l'on croisait mon regard. Surtout, que Drago ne soit plus satisfait de ma réaction à chaque fois qu'il m'humiliait en public, ou qu'il embrassait Cho Chang..
J'ai longtemps croisé le regard bleu de Dumbledore avant de pousser un long soupir, après lequel j'ai saisi du bout de doigts la tasse fumante. Je me suis aperçu à cet instant qu'une main de mon directeur était toute brune, mais je n'ai pas voulu l'importuner avec mes questions.
"Ne vous en faite pas Miss Fire, ma main arrive encore à faire de la magie malgré son aventure."
J'étais sidérée de constater que Dumbledore pouvait à ce point lire en moi, je comprenais donc pourquoi il insistait autant pour que je pratique l'Occlumancie.
"Très bien, je veux bien essayer. Mais comment ?"demandais-je en acceptant son offre tout en ignorant sa précédente réponse.
"Je vous propose de venir le lundi et le jeudi soir après vos cours dans mon bureau. Nous travaillerons ensemble. Buvez ce thé, il est aux agrumes et sans vouloir me vanter, il est excellent."
J'ai bu une gorgée de thé en ressentant quelque chose de très agréable alors que le liquide chaud coulait dans ma gorge. J'ai relevé les yeux vers Dumbledore tout en soupçonnant silencieusement qu'il y avait vraiment quelque chose de magique dedans.
"Et ma punition... pour avoir envoyé un cognard sur Malefoy.. qu'est-ce que ce sera ?"
"Et bien, nous allons en parler, mais avant nous allons boire ce merveilleux thé, si vous le voulez bien."
J'ai regardé le bureau du directeur, voyant que les tableaux des anciens directeurs me dévisageaient tous.
"Quand vous dites qu'on lit en moi comme dans un livre ouvert... Que voyez-vous ?" je risquais de demander.
Le directeur de Poudlard m'a jeté un coup d'œil par dessus ses lunettes en demie lune puis il m'a adressé un sourire.
"Je crains que votre cœur brisé n'alimente trop votre colère contre la vie. Vous ne voyez pas le positif qui vous entoure. Ce serait dommage de vous laisser aller, la colère n'entraîne jamais rien de sain. Parce que vous avez un beau potentiel pour votre vie future."
"Quel genre de potentiel ?"
Il a déclaré avec ses yeux bleus pétillants : "Vous allez surpasser votre père en nombre de convocation dans ce bureau, je le crains !"
Plusieurs heures plus tard ...
La journée avait été encore fraîche, presque glaciale. La neige continuait de s'abattre sur tout le domaine de Poudlard et malgré cela et le match auquel j'avais participé quelques heures plus tôt, je ressentais un grand besoin de voler et de m'exercer. Mon balai m'emmenait contre les vents, faisant quelques figures compliquées qui me demandaient concentration et précision et grâce à cela je ne pensais plus à rien. J'évacuais toute ma colère et mes pensées négatives, sous conseil de mon directeur. Alors que je m'apprêtais à réaliser un nouveau looping, j'ai ressenti comme un vertige, qui me surprenant quelque peu, me déstabilisait. C'est pourquoi j'ai décidé de descendre sur le pelouse craquante. En levant les yeux vers le ciel chargé de lourds nuages de neiges, je me rendais compte que le vertige prenait de l'ampleur, me forçant à m'asseoir pour reprendre mes esprits. J'avais utilisé toute mon énergie sans doute. Et le procès couplé à Drago qui me plaquait puis embrassait une autre devant moi ne devait pas arranger les choses.
Après quelques minutes, le temps de reprendre mes esprits, je me rendais compte que la nuit commençait à tomber, et si je voulais rentrer avant la nuit il faudrait me dépêcher de prendre une douche aux vestiaires. D'un revers de manche je séchais mes larmes puis me dirigeais vers le bâtiment quand je remarquais une silhouette devant la porte, comme si la personne m'attendait.
C'était Cho. Alors que je voulais l'ignorer et ouvrir la porte, elle m'a arrêté.
"Ange, attends, je voudrais te parler..."
"Ecoute, je n'ai pas le temps, si tu veux bien me laisser passer." Elle s'était mise devant la porte.
"Je ne te demande que deux minutes de ton temps. C'est possible ? "
Je savais qu'elle n'y était pour rien, mais tout mon corps ne demandait qu'une chose : lui mettre mon poing dans la figure. C'est pourquoi je m'attelais à retirer mes protections lui faisant comprendre qu'elle avait très peu de temps. Dumbledore avait eu raison de m'inciter à voler, sinon j'aurais eu de l'énergie pour faire office de cognard contre Cho.
"Je suis désolée, si Drago et moi on te fait souffrir.. Ce n'est pas notre intention."
"Moi, j'ai eu très envie de lui faire mal, c'était mon intention. J'espère même qu'il a perdu quelques dents avec le cognard. Autre chose ?" je lui demandais tout en arrachant mes protections des genoux et sans la regarder.
Cho avait l'air choqué de mes propos, je le voyais bien sur son joli minois.
"Euh... non, tu as évité son œil heureusement.. il s'en sort avec un gros bleu mais c'est tout.. j'ai réussi à le convaincre de ne pas t'apporter d'ennuis en portant plainte par exemple...mais je tenais vraiment à te dire que les sentiments sont plus forts que moi et .."
Je la coupais dans son monologue, lui envoyant mon regard le plus noir.
"Porter plainte ? Non mais c'est la meilleure celle-là, qu'il essaye, en ce moment les Malefoy font fureur en une des journaux !" je disais en lui criant presque dessus." J'ai soufflé un peu avant de continuer.
"Cho, tu crois éprouver des sentiments pour lui, mais détrompe toi, tu ne le connaît pas, personne ne le connaît à vrai dire. Drago aime faire souffrir, c'est connu, tu devrais le savoir plus que moi, toi qui es là depuis la première année. En plus, tu étais avec Harry avant non ? Tu dois bien connaître quelques anecdotes le concernant ?!"
"Mais c'était avant tout ça, Drago a changé !"
J'ai eu un rire dénué d'humour.
"J'ai déjà entendu ça quelque part.. Mais oui, attends ! C'est moi qui le disait. Autre chose de palpitant à me dire ?"
"Et bien.. j'espère que tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je sorte avec lui.."
Alors ce n'était pas une simple provocation.. elle comptait, ou croyait pouvoir vivre une histoire d'amour avant Drago.
"Non. De toutes manières, je ne vous laisse pas deux semaines sans qu'il te plaque pour une autre."
Je poussais doucement Cho sur le côté, puis m'enfermais dans les vestiaires en lui déclarant le fond de ma pensée. J'avais été dur avec elle, mais je voulais aussi être honnête. Elle aussi apparemment, même si quelque part j'avais le sentiment qu'elle venait me narguer. J'ai jeté mes affaires dans mes casiers, me rendant compte que la colère n'avait jamais de faiblesse, jamais de limite. C'est ça que je devais maîtriser. En constatant cela, je me dirigeais sous la douche, pour essayer de m'y noyer.
Pov Harry
Les semaines étaient passées à vive allure, tout en entraînant avec elles des changements radicaux au sein de l'école. Contrairement à ce que tout le monde aurait envisagé, les maisons Gryffondor et Serpentard ne s'étaient pas affrontées. Les jours avaient défilé sans peine, sans tension particulière. Certains élèves semblaient même au bord de l'entente cordiale depuis le fameux match de Quidditch, même si il avait mal terminé pour certains.
Ron et Hermione n'allait pas tarder à sortir ensemble, tout le monde le remarquait, sauf ces deux derniers sans doute. Souvent je m'éclipsais volontairement pour les laisser seuls. Ce n'était pas bien difficile, car je passais beaucoup de temps avec Dumbledore pour explorer les souvenirs de Tom Jedusor, nous étions en train de tenter de comprendre comment il pouvait continuer de survivre malgré toutes ces années. Si je n'étais pas avec le directeur, j'étais à l'entrainement.
Ginny s'était calmée, elle était redevenu la jeune fille charmante avec qui j'aimais passer du temps. Elle ne se mêlait plus des affaires des autres et semblait avoir tiré un trait sur moi.
Malefoy était complètement muet face à nous : aucune altercation à déplorer. Il continuait d'afficher son couple avec Cho, comme si de rien n'était, rendant la Serdaigle folle de joie. Moi, je ne savais pas vraiment quoi en penser. Depuis que Cho nous avait tous vendus quand nous avions créée l'armée de Dumbledore je n'avais plus eu de contact avec elle.
Ange se réfugiait sur le terrain de Quidditch tous les soirs ou presque. Elle semblait aller mieux, je remarquais qu'elle avait repris du poids, du muscle plus précisément. Ses notes progressaient dans chaque matière et Mc Gonnagal l'a félicitait souvent pour cette belle reprise. Depuis quelques temps, j'avais même l'impression qu'elle voyait quelqu'un, mais impossible de savoir qui. Il était impossible ou presque d'espérer passer du temps avec elle en dehors des cours ou du Quidditch. Elle avait toujours "quelque chose" de prévu. Et bien souvent, quand elle quittait la grande salle après avoir mangé avec hâte, Jackson Davies quittait lui aussi le banc des Serdaigle.
C'était un soir comme celui-ci que j'ai remarqué que quelque chose n'allait pas. Nous étions tous autour de la table, Ange à mes côtés, et nous nous servions tous dans des plats différents, mais pas Ange. Au bout d'un instant, je lui demandais discrètement :
"Ange.. tu ne mange pas ?"
Elle avait la main plaquée sur la bouche et je remarquais sa pâleur. Elle a mis un certain temps avant de me répondre.
"Je me sens mal.. ça me prend d'un coup." Elle n'osait pas beaucoup bouger.
"Attends, bois déjà un verre d'eau."
J'abandonnais mon assiette pour lui servir à boire. Hermione avait remarqué que notre amie n'allait pas bien car elle s'était arrêtée de manger pour la regarder. Ange a pris le verre en bronze pour boire son eau tout en essuyant la sueur de son front.
"Ange, tu devrais vraiment aller à l'infirmerie.." lui conseillait Hermione.
La blonde répondait en balayant sa proposition d'un revers de main.
"Mais non, ne t'en fait pas tout va bien." répondait Ange en tentant de sourire. "Ce sont les pommes de terre, elles ont une drôle d'odeur."
"Tu es sûre, enfin je veux dire... tu as quand même vomi ce matin.."
"Hermione !" protestaient Ange et Ron d'une même voix en relevant les yeux vers elle.
Je croisais le regard d'Hermione qui semblait inquiète de l'état de santé de son amie.
"Hum.. écoute, ce soir tu ne viens pas à l'entrainement d'accord ? Tu es fatiguée et tu t'épuises ces derniers temps." je lui disais en me tournant vers elle.
"Harry, je serai à l'entrainement ce soir. Ce.. ce n'est pas ça qui... qui va m'arrêter..."
J'ai eu le réflexe de mettre ma main sur sa nuque pour qu'elle ne bascule pas en arrière. La plupart des Gryffondors avaient remarqué que Ange n'allait pas bien ce soir, plusieurs visages étaient tournés vers nous. Encore plus pâle, elle avait presque perdue connaissance juste assise à côté de moi. Je sentais que toutes les forces la quittait, je ne savais même pas si elle avait conscience que je venais de la rattraper.
Hermione s'est levée d'un bond et m'a dit d'aller à l'infirmerie. De son côté, elle allait à la table de professeurs pour aller chercher Pomfresh. Ron s'était levé lui aussi pour m'accompagner, suivit de Dean et Seamus. Ron a fait basculer les jambes d'Ange en dehors du banc pour m'aider à la porter. J'ai décidé de passer mon bras sous ses jambes pour aller plus vite, parce qu'elle n'arrivait même pas à se tenir debout.
"Non, tu n'iras certainement pas à l'entrainement ce soir !" je lui soufflais tout en courant presque jusqu'à l'infirmerie, les garçons et Pomfresh à mes talons. C'est alors que Jackson Davies est venu vers nous.
"Harry, qu'est-ce qui se passe ?"
"Tu m'excuseras Jackson, mais j'ai pas le temps de te parler !"
Je sentais Ange trembler contre moi.
"Je... j'entends plus rien... je ne vois...rien.." m'a murmuré Ange alors que ses bras glissaient le long de son corps.
"Mais qu'est-ce qui se passe, tu as besoin d'aide pour l'emmener à l'infirmerie ?" me demandait Jackson tout en scrutant Ange du regard.
"C'est bon, je contrôle la situation, excuse-moi mais j'essaye de me dépêcher !" je lui disais cela presque avec agressivité. Il me faisait perdre du temps et surtout il permettait à toute la grande salle ou presque, de se rendre compte qu'Ange avait fait un malaise. Même Malefoy à l'autre bout de la pièce s'était levé de sa table pour voir ce qui se passait vers nous .
"Oui, excuse-moi, vas-y Harry."
Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés enfin à l'infirmerie où Pomfresh nous avait suivis. Après avoir demandé des explications sur comment Ange était tombée dans les vapes, elle nous a tous demandé de sortir de la pièce pour l'examiner tranquillement. Devant la grande porte en bois, nous nous regardions tous en silence, jusqu'à ce que Dean commente :
"Elle a du prendre froid, elle s'entraîne tard."
Je hochais la tête pour toute réponse en baissant les yeux au sol. Seamus lui, affichait un air soupçonneux. Dean levait les yeux au ciel.
"Recommence pas avec ça, Seamus !"
"Avec quoi ?" demandait Ron.
Après un soupir, Dean répondait : "Il croit qu'elle sort avec quelqu'un."
Je relevais les yeux sur eux, et Ron demandait en riant : "Prendre froid comme ça ?"
"Il fait particulièrement froid dans les cachots !"
"Quoi ?" je demandais avide de comprendre ce qu'il insinuait comme ça.
"Je l'ai vu plusieurs fois avec... Zabini ! On dirait qu'elle aime le vert. Mais plusieurs fois avec Jackson Davis aussi, donc.. je ne suis sûr de rien."
"Voilà pourquoi on se la ferme quand on ne sait rien, Seamus, parce que justement, on ne sait rien !" grondait Dean.
"Mais ça veut pas dire qu'elle sort avec !" rétorquait Ron en soupirant. "Honnêtement, ça m'étonnerait bien qu'elle sorte avec quelqu'un pendant un bon bout de temps."
"N'empêche que, personne pensait possible qu'une Gryffondor sorte avec un Serpentard, pourtant.."
"La ferme, Seamus !"
Je venais de couper la parole à mon camarade, tremblant presque de colère. Les deux autres me dévisageaient à présent.
"Messieurs, est-il possible d'aller vous disputer ailleurs ? Dans la grande salle, par exemple ?"
Pomfresh venait de revenir, et elle nous adressait à tous un air flamboyant, les mains sur les hanches.
Nous commencions tous à repartir quand Pomfresh s'est adressée à moi.
"Pas vous Potter, il me faut quelqu'un pour raccompagner Ange aux dortoirs quand j'aurais terminé. Venez, s'il vous plait."
J'adressais un regard entendu à Ron avant de suivre Pomfresh à l'intérieur de l'infirmerie. Ange était là, sur un lit et redressée, elle semblait en meilleure forme, mais avec une mine inquiète. L'infirmière lui avait administré une potion tonifiante. Sur une tablette était posée un petit flacon rouge, le sang de Ange si je comprenais bien, car elle avait un petit pansement sur le bras, qu'elle était en train de recouvrir avec la manche de son pull.
"Miss Fire vous a montré ce qu'était un malaise vagal. Il va falloir apprendre à vous reposer Miss. Potter, merci de la surveiller, je vais faire analyser son prélèvement. J'aurais les résultats rapidement Ange. Terminez votre potion, je reviens dans un moment."
Elle a quitté la pièce en fermant la porte derrière elle. Je m'avançais vers Ange et m'asseyais sur son lit, à ses côtés.
"Tu m'as fait peur.. ça va mieux ?"
Elle me regardait, honteuse.
"Excuse-moi... Et merci Harry. Tu es toujours là pour moi." m'a t-elle dit en remettant ses cheveux en arrière.
"La potion est dégoûtante, mais j'avoue que je me sens déjà beaucoup mieux."
"Les potions de notre infirmière sont toujours immondes, mais efficaces. C'est quoi un malaise vagal ?"
"Ce n'est rien de grave.. dans mon cas, c'est parce que je fais trop de sport et je suis un peu tourmentée en ce moment..."
"Donc pas d'entrainement ce soir, c'est un ordre, ma poursuiveuse préférée !" je lui annonçais en souriant.
"Oui.." me répondait-elle en ayant l'air un peu ailleurs.
"Hey... qu'est-ce qu'il y a ?"
Elle a mit un moment avant de replonger son regard dans le mien.
"Pomfresh m'a posé des questions bizarres... sur mes habitudes, tout ça.."
Elle semblait avoir besoin de m'en parler, mais je lisais la peur dans ses yeux.
"Enfin, je suppose que je m'affole pour rien.. ce n'est qu'un simple malaise..je suis un peu chamboulée en ce moment."
Elle tremblait presque alors qu'elle terminait la tasse qui contenait sa potion. Quand elle l'a reposé, c'est sans réfléchir que j'ai entouré ses épaules de mes bras et que je l'ai serré contre moi.
"Ne t'en fait pas, tu n'es pas toute seule, Ange. Je serai là, pour toi."
Elle m'a encore plus serrée contre elle et j'ai sentis l'humidité de ses larmes dans mon cou. Pomfresh est rentrée à ce moment-là, pour dire à Ange qu'elle devait aller se coucher et serait dispensée de cours pour le lendemain. J'ai raccompagné Ange jusqu'à la tour de Gryffondor. Alors que nous étions pratiquement arrivés, elle m'a demandé de retourner manger.
"Vas-y, je t'assure, il me reste juste quelques marches, je vais survivre à ça."
"Okay... à tout à l'heure, repose-toi surtout !"
"Merci. Bon entrainement." m'a t-elle rétorqué en souriant.
Je dévalais déjà les marches des escaliers pour rejoindre tout le monde dans la grande salle, j'étais pratiquement en retard pour l'entrainement. Alors que j'atteignais déjà un couloir, je me rendais compte que j'avais oublié mon sac de sport dans la salle commune.
"Arrrh, allez, demi-tour Harry ! " je pestais contre moi-même.
C'est au pas de course que je remontais rapidement les escaliers, quand j'entendais les prémisses d'une dispute un peu plus haut, à l'endroit de l'entrée de notre salle commune, et je reconnaissais vite la voix d'Ange.
"Qu'est-ce que tu fais là ? Tu veux écouter le mot de passe c'est ça ? Qu'est-ce que tu veux ?"
"Je m'en moque de ton mot de passe ! Je viens m'assurer d'une chose, Fire !"
C'était Malefoy. Alors que j'allais m'interposer et signaler ma présence, je me suis souvenu qu'à chaque fois que j'intervenais, je faisais du tort à Ange. Je restais donc en retrait, prêt à intervenir. Je ne voulais pas bouger tant que je ne la savais pas en sécurité à l'intérieur de la tour ! J'étais à un étage en dessous.
"Qu'est-ce que tu veux ?"
"Tu as déjà couché avec Potter ?"
"Quoi ?"
"Tu as très bien compris, tu as couché avec Potter, oui ou merde ?" lui demandait-il d'un ton pressant.
J'en étais bouche bée, et j'étais déjà en train de mettre le pied sur une marche pour lui casser la figure, mais Ange avait répondu :
"Tu crois vraiment, que je te dirai une chose pareille ?"
"Tu as plutôt intérêt, parce que j'ai écouté Pomfresh discuter avec McGonnagall figure-toi, et elle lui disait quelque chose de très intéressant concernant l'analyse de ton sang ! "
Je risquais de passer la tête au dessus de la balustrade pour les voir. Malefoy paraissait encore plus grand que Ange alors qu'elle était en train de comprendre ce qu'il disait.
"Tu... Tu as été espionner .. mais tu es un grand malade !" hurlait Ange dans le couloir.
"Réponds à ma question !" il criait aussi fort qu'elle.
"C'est pas ça que tu veux savoir, pose la question réelle, tourne pas autour du pot comme ça !" elle pointait son index vers lui, et malgré le fait qu'elle soit plus petite, il avait reculé.
"Tu as autant peur que moi de savoir les résultats !" rajoutait-elle en s'avançant vers lui. "Tu le sauras en même temps que moi, pas la peine de connaître le reste de ma vie privée. Je ne te demande pas ce que tu fais avec Cho Chang, d'ailleurs je pense qu'elle serait ravie d'apprendre tout ça !" lui déclarait elle sèchement.
Alors que je pensais qu'il allait rétorquer quelque chose, il a passé ses deux mains sur sa propre nuque, en inspirant bruyamment par le nez, la tête vers le plafond. Il essayait clairement de se calmer. Ange de son côté, venait de sécher de nouvelles larmes tout en l'observant. Ils sont restés tous les deux silencieux un moment, ce qui m'a permis de commencer à comprendre ce qui se passait.
Malefoy s'est alors avancé une nouvelle fois vers Ange, lentement, tout en prenant un ton beaucoup plus doux.
"J'ai entendu Potter te dire qu'il t'aidera, c'est pour ça, je croyais que vous aviez.."
Ange lui a coupé la parole : "Il ne sait rien, il ne sait pas ce qui se passe. Et d'ailleurs on ne sait pas si il y a de quoi s'inquiéter."
"Ok... Mais, ce soir-là, nous deux.. tu n'as pas... tu n'as pas pris de potion ensuite ? Et ça fait combien de temps que tu n'as plus tes ..."
"Tu crois que je suis une experte dans ces choses-là ?" lui a t-elle répondu en sifflant presque.
"Ca fait trois semaines que j'aurais du les avoir pour répondre à ta dernière question." Ange avait séché une nouvelle larme en déclarant ceci.
"Excuse-moi, j'essaye juste de calculer une probabilité que.. et bien.."
"La probabilité ... et bien, j'ai une chance sur deux d'être enceinte d'environ un mois et demi."
Ces paroles qui venait de franchir la bouche d'Ange, jamais je ne les oublieraient. Ni la réaction de Malefoy qui avait les larmes aux yeux. Il devait vouloir éviter de devoir quoi que ce soit à Ange.
"La probabilité que tu sois le père est de cent pour cent, Drago." rajoutait Ange en étouffant un sanglot.
Jamais je n'aurais imaginé que Malefoy devienne à ce point là mon pire cauchemar.