POV Harry

Je venais de me réveiller en sursaut. Le dortoir était vide et aucun des garçons qui partageaient ma chambre n'avait cru bon de me réveiller avant de quitter la pièce. Nous devions jouer contre Serdaigle et il fallait que je sois sur le terrain avec le capitaine des Serdaigles, -qui n'était autre que Cho Chang- et Mrs Bibine.

Soudain, alors que je faisais valser mes draps dans la pièce, je me demandais si le match avait déjà commencé sans moi ! J'étais probablement en retard vu la luminosité à l'extérieur et la position du soleil dans le ciel. Je mettais ma cape en vitesse et en pestant parce que je ne trouvais plus mes chaussures quand quelqu'un est entré dans la chambre. C'était Ange. Elle portait la tenue de la soirée de la veille, une guitare dans une main et son balai dans l'autre.

"Ange, mais qu'est-ce que tu fais là ?"

"On a perdu Harry. Tu n'étais pas là, alors on a demandé à Neville de jouer à ta place." elle me répondait simplement tout en m'adressant un regard plein de reproches.

"Quoi ? Neville !"

Elle repartait sans me laisser le temps de lui parler. J'ai pu rejoindre la porte avant elle pour lui barrer la route.

"Laisse-moi partir Harry. Je dois rejoindre Drago et je vais être en retard."

"Pardon ?"

"Oui, c'est lui que j'aime."

"Mais non ! Suis-moi, tu te souviens ?!" je criais comme un fou.

"Enfin, Harry, j'aimerais réviser tranquillement, si tu pouvais baisser d'un ton !"

C'était Hermione, en tenue de Quidditch de Poufsouffle qui pestait contre moi alors qu'elle tenait un livre dans les mains, assise sur le lit de Ron.

Alors que je croyais tomber vraiment fou, je me suis réveillé pour de vrai en sursaut dans mon lit. Je distinguais les lueurs du jour commencer à apparaître depuis ma petite fenêtre. Quand j'ai mis mes lunettes sur le nez, j'ai constaté que les autres garçons de la chambre dormaient tous. C'est en respirant profondément que je réalisais que tout ce que je venais de vivre n'était qu'un cauchemar. Ca changeait avec ceux sur Voldemort, au moins c'était beaucoup moins grave... mais tout de même angoissant également.

Je me suis levé lentement, trouvant ma tenue de Quidditch prête à être mise, comme d'habitude, et il y avait mes chaussures cette fois-ci. Je suis passé dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage pour me réveiller plus rapidement. Je me remémorais la soirée de la veille quand j'ai croisé mon propre regard dans le miroir. Je souriais sans même m'en apercevoir, je me sentais plus léger et serein. Alors que je venais de mettre mon pull rouge et jaune et de sortir de la salle de bain, j'ai vu Ron commencer à se réveiller. Contrairement à moi il avait la mine grave, comme à chaque jour du match. Nous nous sommes tapés dans la main sans nous adresser un mot et je suis sorti du dortoir en direction de la grande salle.

Personne dans la salle commune, ni dans les couloirs. La soirée avait du se terminer bien tard pour la plupart des élèves de Poudlard. Quand je suis arrivé dans la grande salle, j'ai constaté que finalement je n'étais pas le seul lève tôt, bien au contraire. Il y avait finalement une bonne quarantaine de personnes dans la salle en train de déjeuner. Les matins de match de Quidditch, l'école était toujours en ébullition. Tous ou presque étaient enthousiastes d'assister ou de participer au match. Quelques pancartes et banderoles bleues et rouges étaient en train d'être peaufinées par les élèves des maisons respectives. Dans cette vue d'ensemble, j'ai écouté son rire. Que j'entendais trop rarement à mon goût.

Elle était à la table des Poufsouffles avec Lena, la fille qui était sur scène avec elle la veille. Elles semblaient toutes deux bien s'entendre. Ange est finalement allée à la table des Gryffondors pour prendre son petit déjeuner après avoir fait un signe de main à Lena. Elle s'est installée juste en face de Seamus qui était là lui aussi. Alors que je marchais vers eux, je sentais tous les regards sur moi, écoutant les petits commentaires des élèves au sujet de la chanson que Zabini avait interprété. La rumeur comme quoi je l'avais dédié à Ange s'était répandue comme une traînée de poudre, y compris jusqu'à la table des Serpentards..

J'ai jeté un coup d'œil à Malefoy qui lui aussi me dévisageait. Je lui ai adressé un petit sourire suffisant comme il adorait me les faire. Il me retournait un air sombre tout en me suivant des yeux. Je ne l'ai pas quitté du regard jusqu'à ce que j'arrive assez proche d'Ange pour m'asseoir à côté d'elle. Elle ne m'avait pas vu arriver, elle était tournée vers la table des professeurs. J'ai remarqué son teint légèrement rougie et ses mèches de cheveux qui étaient sortis de sa natte.

"Bonjour." je lançais à tout le monde en essayant de faire comme si de rien n'était. Ange qui se servait du jus d'orange a réagit que j'étais là. Elle s'est tournée vivement vers moi manquant presque de renverser son verre. J'ai sourit en étouffant un rire.

"Harry ! Salut..." a t-elle répondu en jetant un coup d'œil aux autres. Visiblement, elle ne savait pas comment se comporter avec moi ce qui me faisait sourire. Je la guidais en faisant comme si de rien n'était. Inutile de se précipiter et de se stresser devant tout le monde, nous aurions le temps de nous voir après le match. Elle a reposé le pichet de jus d'oranges puis m'a adressé un regard pétillant.

"Tu as déjà été courir c'est ça ?" je lui demandais en observant ses joues rougies.

Elle a sourit en entreprenant de se servir de bacon. Elle se calmait peu à peu, comprenant que nous pourrions nous parler plus tard.

"Et oui... le temps est parfait, il fait gris, il ne pleut pas. Et il fait frais. Le match devrait bien se dérouler."

Il faisait gris donc je ne serais pas embêté avec le soleil pour chercher le vif d'or. J'ai jeté un coup d'œil vers la table des Serdaigles, mais Cho était chez les Serpentards en train de parler avec Malefoy. Il ne semblait pas porter un grand intérêt à la brune depuis quelques temps, c'était visible de tous sauf de Cho on dirait. Et il avait encore son air malade avec des cernes énormes sous les yeux.

"Miss Fire ?"

Mc Gonnagall venait de nous rejoindre alors que je venais de prendre la main de la française, sous la table. J'étais heureux de constater qu'elle avait volontiers glisser sa main dans la mienne, à l'abris de la vue de tous. Ange s'est tournée vers elle et s'est levée par politesse, s'échappant de ma paume.

"Oui, professeur ?"

"Miss Fire, votre Buse d'astronomie est avancée à ce soir."

"Quoi ? Mais ce devait être mercredi soir !" s'exclamait Ange en ouvrant grand les yeux.

"Oui, mais hélas le temps devrait être très pluvieux ce soir-là et compromet la bonne organisation de l'épreuve. Ce soir il semblerait que le ciel se dégage suffisamment pour que vous puissiez passer cet examen. Ne faites pas cette tête, tout se passera très bien !" lui a t-elle dit en tapotant son épaule. "En attendant, concentrez vous sur le match de ce matin. Si nous gagnons, nous avons toutes nos chances de remporter la coupe cette année ! " a t-elle annoncée enjouée en m'adressant à moi aussi un sourire.

Ange s'est reprise en reprenant un air concentré. Décidément, le Quidditch l'aidait toujours à reprendre confiance en elle ce qui me confortait dans mon avis sur son avenir.

"Miss Fire, vous aurez deux spectateurs de plus durant ce match, je compte donc sur vous pour les rendre fiers de vous."

"Pardon ? Qui ça ?" a demandé Ange en haussant un sourcil.

Notre directrice de maison s'est tournée vers l'entrée de la grande salle pour lui intimer de regarder dans cette direction. Je l'ai imité après avoir vu un air heureux sur son visage. Ses parents étaient à l'école. Je remarquais la présence de Lupin et de Tonks également. Ange s'avançais déjà vers ses parents pour les prendre dans ses bras. Les élèves curieux regardaient les retrouvailles, en enviant Ange de revoir ses parents. Pour ma part, je savais pourquoi les parents d'Ange étaient à l'école, j'en étais pratiquement l'organisateur. L'organisateur secret. Pour un but précis que je ne voulais surtout pas dévoiler à Ange maintenant. En revanche, je ne comprenais pas pourquoi Lupin et Tonks étaient ici.

"Professeur, pourquoi des Aurors sont ici ? Qu'est-ce qui se passe ... ?" je demandais discrètement à ma directrice de maison, qui était en quelque sorte ma complice. Elle m'a regardé en pinçant les lèvres et m'a déclaré avant de rejoindre sa table.

"Nous craignons certaines choses Potter. Le ministère ... bref, concentrez-vous plutôt sur votre match !" a t-elle grondé avant de me laisser. Elle s'était rendu compte qu'elle allait me confier quelque chose qu'on voulait sans doute me cacher.

J'ai regardé McGonagall rejoindre sa table puis je me suis levé après avoir croisé le regard de Katty Fire qui me souriait. Je suis allé à sa rencontre. J'ai noté le regard sombre de Malefoy sur la famille Fire.

"Mrs Fire, bonjour ! Comment allez-vous ?" je lui demandais poliment en lui tendant la main.

Elle semblait apprécier le geste. J'étais impressionné par cette femme qui avait une élégance hors norme et une prestance sans égale. Elle faisait partie de ces personnes-là, qui se faisaient respecter en un regard. Sa fonction de chef du bureau des aurors était indiscutable et logique rien qu'en la regardant.

Elle portait une robe fourreau rouge, des escarpins en cuir noir et un manteau en laine de la même couleur. Ses bijoux, discrets, révélaient son goût pour la joaillerie car malgré leur taille discrète, je devinais qu'elle portait surtout du diamant. Ses cheveux châtains longs et lâchés, tombaient élégamment sur ses épaules.

"Bonjour, Harry. Je vais très bien je te remercie." elle m'a répondu en m'adressant un sourire.

"Tu portes l'uniforme presque aussi bien que moi !" disait John Fire à sa fille pour l'embêter en observant sa tenue. Il tenait sa fille par la main, comme si elle était encore une petite fille. Et Ange semblait tellement fragile à côté de ses parents. Fragile et forte à la fois à coté de deux figures pareilles. Il a remarqué ma présence.

"Harry mon grand, comment tu vas ?" m'a t-il lancé en s'apercevant que j'étais là pour le saluer. Je lui ai serré la main qu'il me tendait.

John Fire avait une prestance similaire à sa femme, en revanche il avait un air joyeux qui le rendait plus accessible que Katty. Son costume trois pièce gris lui allait à ravir.

"Bien, merci Mr Fire !"

"Mr Fire ? Allons, appelle moi John. Ca fait vieux, Mr Fire !"

Katty Fire lui a adressé un regard éloquent : on ne se comporte pas comme cela en public, ce qui a fait sourire tout le monde. J'ai croisé le regard d'Ange qui semblait gêner de la situation. Même s'il était clair que nous partagions quelque chose ensemble, rien n'était établi et encore moins officiel. Je l'ai aidé à se détendre :

"Je vous laisse, je dois aller préparer le match. A tout à l'heure."

J'ai adressé un dernier regard à Ange et je suis allé salué Lupin et Tonks.

"Qu'est-ce que vous faites ici ?" je demandais à voix basse au couple. Lupin semblait soucieux et scrutait toute la salle.

"On en discutera tout à l'heure si tu le veux bien."

"Ne t'en fait pas, Harry. Tout va bien." m'a dit Tonks en m'adressant un sourire que je sentais forcé. "Va faire ton match."

Tonks m'a intimé de partir préparer mon match en m'expliquant que nous pourrions discuter plus tard.

"Okay, à plus tard."

J'ai regardé une dernière fois Ange qui parlait vivement à ses parents, comme si elle profitait du peu de temps qu'elle avait pour leur raconter tout ce qu'elle pouvait de ce qu'elle vivait ici. Sa mère passait son bras sur ses épaules pour l'entraîner doucement vers le couloir alors qu'elle adressait un regard me semblait-il sur Malefoy. Elle semblait vouloir être à l'abris de son regard, regard qu'Ange n'avait pas remarqué, trop aveuglée par la présence de sa famille.


Tout le stade était rempli d'élèves des quatre maisons. On distinguait clairement les couleurs de Serdaigle et de Gryffondor dans la foule, séparée par une frontière invisible. L'ambiance était au rendez-vous, tous chantaient à s'en casser la voix alors que le match n'avait pas commencé. Je venais de voir les derniers détails du déroulement du match avec Mrs Bibine et Cho, je pouvais désormais aller chercher mon équipe dans les vestiaires. J'avais droit à cinq minutes de coaching.

En foulant la pelouse j'ai aperçu Hermione assise aux côtés de Ginny dans les gradins à qui j'ai fais signe. Ginny m'a répondu en souriant puis se tournait pour sans doute chercher Dean des yeux. Je continuais de l'observer quelques secondes, alors que la nostalgie m'envahissait.

Je voyais également Mr et Mrs Fire assis aux côtés de Dumbledore et des autres professeurs. Un peu plus bas, deux hommes étrangers de Poudlard mais aucun élève ne les avaient remarqué. Moi, j'avais la chance de savoir de qui il s'agissait. Quand je suis arrivé vers les portes en bois pour les ouvrir, j'ai découvert que toute l'équipe était là, y compris Ange qui enfilait en vitesse ses protections de cuir. Elle avait du profiter de ses parents jusqu'au dernier moment.

"Bien. Le temps est optimal, pas besoin de vous le dire, vous le savez déjà. On garde les formations énoncées à la réunion hier soir. Je veux de l'attaque et de l'esprit d'équipe en même temps. Les batteurs vous collez aux fesses les poursuiveurs, c'est simple, tous les cinq vous devez faire un bloc et en même temps être à l'affût pour sortir du groupe. Ron, tu gardes ton calme et tout se passera bien."

Tout le monde a sourit à ma réflexion et Seamus a donné un coup amical sur l'épaule de Ron.

"Amusez-vous... Je vous souhaite à tous un bon match."

J'ai regardé Ange qui avait la mine déjà concentrée, elle était dans son match. Les garçons sont sorti en file indienne, j'ai saisi le bras d'Ange qui était dernière, avant qu'elle ne passe la porte.

"Ange, attends."

Elle s'est tournée vers moi surprise. Je voyais à sa teinte légèrement rosie qu'elle était gênée de se retrouver seule avec moi.

"Donne-toi à fond, d'accord ?"

Elle a souri en haussant les sourcils.

"Bah oui, comme d'habitude Harry, pourquoi ça changerait ?"

Pour n'éveiller aucun soupçon je n'ai rien répondu, j'ai juste haussé les épaules. Elle m'a adressé un sourire en reprenant son balai en main. Je faisais de même. Alors que je pensais qu'elle allait décoller à la suite de l'équipe, elle s'est tournée vers moi avec une légère hésitation mais quand elle a croisé mon regard sa détermination a pris le dessus. Elle s'est penchée sur moi en prenant ma nuque avec sa main pour me déposer un baiser sur la joue. J'ai eu du mal à reprendre contenance alors qu'elle s'était déjà envolée avec les autres. Je ne m'étais pas attendu à cette éventualité. Je me suis retrouvé devant Cho sans m'être aperçu que j'avais bougé, il m'a fallut une très grande concentration pour me mettre dans le match.

Le premier coup de sifflet a retenti, Ange s'est emparé du souaffle avec une vitesse déconcertante et le match a démarré. Je regardais l'équipe évoluée tout en prenant de l'altitude pour observer le terrain et trouver le vif d'or. Cho a fait de même en allant de l'autre côté du terrain.

"Et on démarre un festival d'action, j'en suis sûr, Fire ouvre le score pour Gryffondor !"

Une acclamation des rouge et or a retenti dans tout le stade. C'était Colin Crivey qui commentait le match et je sentais que je n'allais pas être déçu du voyage vu son attachement à mon égard. Je regardais Ange alors qu'elle reformait sa position avec les poursuiveurs.

"Potter a visiblement motivé ses troupes, parce que l'équipe des lions est très en forme ! Les Serdaigles reprennent la main et s'organisent pour remonter le souaffe. OOOH ! Fire intercepte le souaffle une nouvelle fois, elle passe à son coéquipier, elle fonce vers les anneaux... récupère le souaffle... ET MARQUE ! Trois minutes de jeu, trois minutes messieurs dames et Gryffondor impose ses griffes !"

Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en écoutant ses commentaires.

Les minutes sont passées, et alors que nous arrivions à quarante minutes de jeu, nous menions 140 points à 20.

"Une raclée, Gryffondor met une raclée à Serdaigle ! Le trio rouge est prit pour cible par les batteurs bleus. En même temps on les comprends, les poursuiveurs rouges leur met la pâtée et Weasley est en forme."

Curieux, j'abandonnais quelques instants ma recherche du vif d'or pour jeter un œil plus bas et effectivement les cognards allaient trop dangereusement près des poursuiveurs. Colin était un super commentateur - peut-être un peu trop de notre côté - mais du coup il me donnait une grande confiance pour l'issu du match. J'observais les poursuiveurs qui effectuaient une attaque en faucon, c'est à dire qu'ils avançaient en triangle pour intimider l'équipe des Serdaigle et cela fonctionnait plutôt bien. C'est arrivé près des buts que les deux poursuiveurs ont laissé la balle à Ange qui a effectué une figure incroyable. C'était une figure où le poursuiveur saute de son balai pour effectuer un salto et enfin un tir.

"FIRE MARQUE ! INCROYABLE CHARGE DE CHELMODISTON ! Merlin je n'en avais jamais vu à Poudlard !"

J'ai jeté un coup d'œil aux tribunes où John Fire était debout en train d'applaudir fièrement sa fille, comme toute la maison Gryffondor. Il pouvait être fière de sa fille, j'étais moi aussi très impressionné par cette performance de haute voltige. Et comme je l'espérais, Ange était en forme et semblait réserver bien des surprises. Les deux hommes présents dans les tribunes des professeurs que j'avais contacté prenaient des notes en gardant un air sérieux sur le visage. J'ai vu Cho voler rapidement vers ses batteurs pour leur dire un mot et j'ai redouté le pire. J'ai croisé Seamus à qui j'ai crié :

"Surveillez les batteurs, ils devraient répliquer !"

Il a levé le pouce vers moi en rejoignant Dean à l'autre bout du terrain qui volait près d'un poursuiveur qui était de septième année. Je n'ai pas eu le temps de penser à autre chose qu'un cognard a foncé droit sur ce dernier mais il l'a évité de justesse et grâce aussi à la réactivité de Dean qui l'avait envoyé plus loin d'un grand coup de batte. Ginny l'encourageait vivement depuis les tribunes. Alors que je les regardais, j'ai oublié la présence de l'autre cognard.

"OOOH ! Fire vient de se prendre un cognard sur le bras gauche !"

La foule a réagi en criant du côté des Gryffondors et en applaudissant chez les Serpentards et quelques Serdaigles. Ange se tenait le bras mais continuait de voler malgré tout, en faisant la passe à un poursuiveur. Elle s'est finalement arrêté quelques instants et a croisé mon regard. Elle m'a intimé de continuer le match d'un revers de main. Elle ne voulait pas de pause. Pourtant, son bras gauche était touché, et c'était de cette main qu'Ange tirait : elle était gauchère. On remarquait bien qu'elle souffrait car elle gardait son bras contre elle, mais elle conservait son air concentré en suivant le souaffle des yeux et en empêchant les Serdaigles de le prendre.. Cho souriait fièrement dans les airs et je serrais le manche de mon balai un peu trop fort pour que ça paraisse normal. La Serdaigle se tenait non loin d'elle comme pour s'assurer que la Gryffondor était bien blessée. Au quidditch, on ne remplaçait pas les joueurs qui quittaient le jeu. Et Ange ne voulait pas donner cette satisfaction aux Serdaigles, d'autant plus qu'ils étaient malgré tout des adversaires redoutables, car coriace. Et c'est là, que je l'ai vu.

Le vif d'or. Il était juste à côté d'Ange. Elle l'a vu en même temps que moi et Cho qui, avec un sourire, fonçait sur le vif d'or, main tendue. Je n'aurais jamais eu le temps de l'atteindre avant elle malgré que je fonçais déjà vers les deux filles. J'ai vu l'hésitation d'Ange mais elle l'a fait tout de même, malgré ce que ça allait lui coûter. Un air résigné a traversé son visage mais elle était très déterminée, sa décision était prise dans l'urgence. Si Cho attrapait le vif d'or, Serdaigle gagnait cent cinquante points et remportait le match cent soixante-dix points à cent quarante. Nous perdions le match juste parce que j'étais trop loin malgré tous les efforts de mon équipe.

Mais Ange a donné un coup de pied dans le vif d'or dans ma direction. Celui-ci s'est complètement emballé et dans un tourbillon a disparu de la vue de tous. Le coup de sifflet a retenti et Mrs Bibine s'est approchée d'Ange, qui venait déjà de poser le pieds à terre démontrant qu'elle connaissait la conséquence de son acte. Je venais de la rejoindre sur la pelouse.

"Ange ! Pourquoi tu as fais ça ?" je lui criais dessus car le brouhaha des spectateurs me le forçait pour me faire entendre.

"Quoi ? Tu voulais perdre le match ? Pas moi !" a t-elle répondu la mine sombre mais déterminée. Elle enlevait déjà sa protection du poignet pour examiner son bras.

"De toutes façon je n'allais pas être efficace avec mon bras. C'était à moi de me sacrifier."

Mrs Bibine nous a rejoint au sol ainsi que Cho et le reste des deux équipes. Les Serdaigles grondaient Ange et demandaient à Mrs Bibine d'intervenir. Ange ignorait tout le monde et gardait un air tranquille tout en bougeant ses doigts pour tester son bras.

"Oh non... mais c'est tout de même une super action : Fire a fait la faute du Pincevif pour empêcher son équipe de perdre. Aucun autre joueur que les attrapeurs ne doivent toucher le vif d'or. Même si techniquement parlant, elle ne l'a pas toucher de la main, mais du pied, Mrs Bibine sera sans doute intraitable. Mais Fire donne une chance aux Gryffondors en sacrifiant sa place !"

Colin avait parfaitement résumé ce qui se passait sur le terrain et un coup de sifflet de Mrs Bibine a fait taire les deux équipes.

"Miss Fire, vous avez commis la faute du Pincevif, vous savez ce que cela implique. Vous êtes exclue du match."

Aucun joueurs de Gryffondors n'a commenté, car c'était la règle. Les Serdaigles étaient heureux que la poursuiveuse redoutable quitte le match, ils auraient plus de chance sans elle. J'ai jeté un œil dans les tribunes, voyant les deux hommes griffonner quelque chose en toute hâte sur un parchemin. Est-ce que tout était perdu ? Ange a hoché la tête en direction de Mrs Bibine alors qu'elle se tenait encore le bras.

Nous avons eu droit à deux minutes d'échange avant la reprise du match. Je n'ai pas eu le loisirs de dire quoi que ce soit que Ange a pris la parole.

"Ecoutez-moi, on peut encore gagner !"

"Ange, comment veux-tu qu'on gagne avec deux poursuiveurs contre trois ? Tu n'aurais jamais du faire ça !" lui disait Seamus.

"Mais si je ne faisais rien, Cho attrapait le vif et c'était foutu ! Vous avez un batteur qui protégera un poursuiveur, c'est une chance, vous serez plus concentrés. De toutes manières, j'ai trop mal au bras, il valait mieux que je le fasse, vous préférez quoi, perdre la coupe ? McGonnagal a raison, si on gagne ce match, on a toutes nos chances de la remporter. Harry est sûrement d'accord avec moi, n'est-ce pas ?"

Elle se tenait le bras tout en nous boostant. Elle s'est tournée vers moi en m'adressant un regard insistant. C'était moi le capitaine.

"Elle a raison. On aurait perdu si elle n'était pas intervenue. Les batteurs, vous collez les deux poursuiveurs et surtout soyez agressifs, ne perdez pas l'avance que vous avez gagné." je déclarais en les regardant à tour de rôle.

"Potter, le match reprend dans trente secondes !" hurlait Mrs Bibine.

Toute l'équipe s'est envolée dans les airs, sauf Ange qui nous adressait un sourire pincé.

"Ange, je suis déso-"

"Stop Harry. Fonce. Récupère ce vif d'or." a t-elle répondu en me coupant la parole et tout en regardant les autres joueurs. Puis elle a baissé les yeux sur moi avant d'ajouter : "Attrape notre vif d'or."

Plus que quinze secondes pour rejoindre les autres, il ne me suffisait que de cinq secondes pour la prendre contre moi et lui dire mon visage tout proche du sien :

"Compte sur moi."

Mes épis bruns touchaient son front tellement j'étais proche d'elle et je me moquais éperdument que quiconque du stade remarque notre proximité. Cette fois, aucune gène de l'un et l'autre, c'était très naturel. Je voulais me faire pardonner pour son exclusion, même si personne ne savait ce que je trafiquais pour elle depuis quelques temps. Ange ne savait même pas que l'action qu'elle venait de commettre jouerais contre elle concernant son avenir. Je lui devais au moins d'attraper le vif. Elle m'a souri et je suis retourné juste à temps dans les airs pour la reprise du match. Elle est restée debout sur la pelouse pour nous observer, Mrs Pomfresh la rejoignait pour soulager son bras.

Le match a repris et ce qui devait arriver s'est produit : Serdaigle réduisait l'écart mais nos poursuiveurs ne se laissaient pas faire complètement. Cent soixante points contre soixante. Et le jeu n'avait reprit que depuis dix minutes. J'étais dans ma bulle, en train d'effectuer un petit tour de terrain, passant au peigne fin tout le stade quand Cho s'est arrêtée près de moi.

"Tu le fais exprès n'est-ce pas ?" m'a t-elle lancé.

"Pardon ? Faire quoi ?"

Je ne voyais vraiment pas de quoi elle me parlait. Je continuais de chercher le vif des yeux, pensant qu'elle voulait me déstabiliser.

"Tourner autour d'Ange."

"Cho, pourquoi je le ferais exprès ?"

"Oh, aller, c'est juste pour embêter Drago."

"Embêter...hein ? Mais qu'est-ce que ça pourrait lui faire à ton mec ?" je lui demandais tout en continuant de scruter le terrain des yeux, ne voulant pas me laisser distraire. Elle ne m'a pas répondu alors j'ai tourné le visage vers elle.

"Il l'a quitté Cho, il s'est moqué d'elle. Tu crois vraiment que je suis un type comme ça ? Que je me sers des autres ou que je calcule mes actes pour taquiner ton copain ? Tu confonds tout, je suis loin de lui ressembler. Je ne joue pas avec les gens." je lui disais, essayant de comprendre ce qu'elle me demandait.

"Harry, on sait bien que tu dragues Ange juste pour mettre Drago sur les nerfs, mais s'il te plait arrête." insistait Cho. Je me demandais si elle ne voulait pas tenter de croire ce qu'elle avançait, comme si elle n'était pas sûr d'elle.

Je la regardais, éberlué. Jusqu'à ce que je décide d'entrer dans la brèche pour tenter de comprendre une chose.

"Ok... ça l'énerve vraiment ?"

Je feignais d'avouer la chose, me comportant comme le garçon qui passe aux aveux. Elle me regardait avec un air triste que je sentais sincère, malgré tout.

"Oui. Il ne fait que parler de ça. Enfin, il ne parle pas beaucoup, mais je le vois."

"Pour quelle raison ça lui ferait quelque chose ? Il ne l'a jamais aimé."

Alors que je venais de dire ce que je pensais sur le moment, je me rendais compte qu'il était complètement absurde que Malefoy fasse une crise de nerf parce qu'une de ses ex sortait avec un autre. Ce n'était pas logique. Il n'avait jamais réagi de la sorte avec ses conquêtes. En plus, Ange n'était avec personne pour le moment, même si clairement tout le monde voyait où notre relation allait en venir.

"C'est ce que je pensais, mais... j'ai l'impression de ne pas tout savoir." me disait elle en jetant un œil aux tribunes Serpentard.

Je repensais soudain que Ange pensait être enceinte il y a quelques semaines, mais je ne préférais pas demander si Cho avait connaissance de cela, il valait mieux éviter les histoires inutiles. Mais ce ne devait pas être ça qui tracassait le blondinet. Il savait qu'Ange n'était pas enceinte. Il continuait de l'humilier dès qu'il en avait l'occasion.

"Ca fait des semaines que vous sortez ensemble, on vous voit toujours collés l'un à l'autre." disais-je comme une évidence. Je recommençais à chercher le vif d'or des yeux.

"Oui, ça c'est en public... sinon il m'ignore presque. Mais elle.. il ne l'ignore jamais."

Je me tournais vers elle, un peu exaspéré qu'elle me parle de ses histoires de cœur en plein match de quidditich, et qu'elle prétende que Malefoy ressentait quelque chose pour Ange. J'allais la laisser en plan, sentant progressivement monter en moi la lassitude de la situation. Jusqu'à ce que je tourne le visage vers elle. Cho semblait réellement blessée et triste. J'ai suivi son regard vers les tribunes Serpentard, repérant Drago bien assez vite. Il ne regardait non pas Cho, mais plus bas, sur la pelouse. J'ai regardé dans la même direction, découvrant Ange qui criait et encourageait Ron qui venait de bloquer un tir d'une façon assez spectaculaire. Elle était énergique et visiblement Mrs Pomfresh avait du mal à la canaliser. Quand j'ai regardé de nouveau Malefoy, je constatais que son regard n'était pas noir. C'était comme s'il surveillait. Comme s'il surveillait Ange. Et moi je pensais que c'était pour de mauvaises intentions contrairement à ce que pensait Cho. Jamais, plus jamais je ne le laisserais lui faire du mal. Je protégerai Ange de ce type.

Soudain, toutes mes pensées se sont évaporées, je venais d'apercevoir le vif d'or qui semblait comme se balader en bas des tribunes de Serpentard. Je n'ai pas hésité une seule seconde, ne laissant aucune chance à Cho. Après une bonne accélération, j'ai du éviter les cognards qui sifflaient bien près de mes oreilles mais j'ai su les contourner. Dean et Seamus les ont renvoyé en direction des Serdaigles. Le vif d'or avait accéléré sa course durant ces actions, feignant d'aller et venir sur les côtés, tantôt s'envolant dans les airs ou redescendant vers le pelouse. Cho arrivait derrière moi, mais j'ai eu juste le temps de lever le poignet et de refermer la main autour de la petite balle pour clôturer le match. Après une remontée en chandelle juste sous le nez de Malefoy et ses amis Serpentard, je me suis retrouvé entre tous mes coéquipiers autour de moi qui me félicitaient.

"POTTER VIENT D'ATTRAPER LE VIF D'OR ! GRYFFONDOR GAGNE !"

Nous avons tous été rejoindre Ange qui dansait à moitié sur le terrain et nous applaudissait, Mrs Pomfresh lui avait déjà soigné le bras visiblement ou bien elle ignorait sa douleur. Seamus et Dean l'ont hissé sur leurs épaules pour qu'elle ai sa part de victoire et je me suis approché d'elle en lui tendant le vif d'or. Je n'ai rien dit, elle non plus, mais nous sourions tellement qu'aucun mot n'aurait été à la hauteur de notre joie. Les Gryffondors chantaient tous dans les tribunes, c'était un vrai moment d'allégresse et nous en avions tous besoin. Elle a saisi le vif d'or et la levé vers la tribune de Gryffondor qui chantait en chœur. C'était un beau moment, j'étais heureux. John Fire était descendu sur la pelouse pour rejoindre sa fille. Elle a sauté des épaules des batteurs pour le serrer contre elle.

"Je suis heureux pour toi ma chérie ! Quel match, c'était brillant. Bravo à tous ! " a -il dit en s'adressant à l'équipe.

Katty Fire qui avait rejoint son mari sur la pelouse semblait moins à l'aise que lui mais souriait en direction de sa fille. Celle-ci s'est tournée vers elle.

"Alors, tu détestes toujours autant ?"

Katty a sourit en l'observant, puis elle a croisé mon regard. C'était une personne qui m'intimidait, à qui je donnais mon respect alors que je ne la connaissais que très peu. C'était une personne qui savait d'un seul regard utiliser une certaine autorité et une prestance hors du commun. Avec un charisme incroyable. Finalement, Katty a répondu à Ange : "Je ne dirais pas que j'aime ce jeu, mais quand tu joues c'est merveilleux. Bravo à tous."

John et Katty ont finalement quitté le terrain avec les professeurs, nous laissant tous profiter de notre victoire. Katty avait examiné le bras de sa fille avant de prendre congé, apparemment rien de grave. Je l'entendais parler à sa fille, malgré moi.

"Malgré tout ce que tu penses de moi, je serai toujours fière de toi Ange." lui expliquait sa mère.

Ange, émue, s'avançait alors vers elle pour la serrer contre elle. C'était une jolie scène, simple mais plein d'amour. Visiblement, cela ne ressemblait en rien à Katty Fire que d'offrir ces mots à sa fille.

Après quelques dizaine de minutes, j'ai décidé de me rendre aux vestiaires pour récupérer mes affaires. Les Gryffondors étaient encore sur le terrain en train de fêter la victoire. J'ai refermé la porte en bois derrière moi avant de me rendre devant mon vestiaire et d'y déposer ma veste.

"C'était un super match, pas vrai ?"

Je me suis tourné avec un sursaut vers Ange qui sortait visiblement de la douche. Ses cheveux étaient encore un peu humide et je sentais dans l'air l'odeur d'un gel douche sucré.

"Sans toi, on aurait perdu." je disais avec évidence.

Je me rendais compte que c'était la première fois depuis la veille que je me retrouvais seul avec elle.

"Comment va ton bras ?" je demandais en m'approchant d'elle. Elle a tendu le bras vers moi.

"Oh ça va, regarde ce n'est qu'un bleu !" Elle avait remonté sa manche pour me montrer le coup qu'elle avait reçu au niveau du coude. Vu la teinte, le bleu n'avait pas terminé de sortir.

"Pomfresh t'a dit quoi ?" Je saisissais son poignet pour mieux voir.

"Un peu de crème et ... du repos.. et tout iras bien." m'a t-elle dit alors que je remettais sa manche en place. Elle a eu un peu de mal à se concentrer puis elle s'est tournée pour terminer de ranger ses affaires dans son sac. Je l'observais faire, comme hypnotisé. Le bruit de la fermeture Eclair m'a ramené un peu sur Terre.

"On va en ville ?" je lui proposais en essayant d'employer un ton naturel alors que je mettais mes mains dans les poches.

Ange a croisé mon regard.

"J'aurais adoré Harry. Mais il faut que je me prépare pour mon examen d'astronomie."

J'étais déçu, mais je ne voulais pas lui montrer.

"Mais ce soir, après mon examen on pourrait.. aller se balader ?" m'a t-elle proposé en remettant son sac en bandoulière sur les épaules. J'avais l'impression qu'elle cherchait à s'occuper par tous les moyens, finalement elle était anxieuse comme moi. J'ai souri.

"Je dois voir Dumledore ce soir. Je passe te chercher à la sortie de l'examen ?"

Elle a répondu à mon sourire.

"Oui, ce serait super... alors... à ce soir Harry."

Aucun des deux n'a osé faire quoi que ce soit. Finalement, Ange est passé devant moi et a ouvert la porte pour sortir. Alors qu'elle n'avait fait que quelques pas sur la pelouse je me suis élancé derrière elle.

J'attendais depuis le début de l'année qu'elle pose enfin les yeux sur moi. J'attendais depuis quelques semaines qu'elle oublie enfin Malefoy.

J'attendais depuis hier soir de me retrouvé seul avec elle et aujourd'hui je la laissais encore partir ? Il était temps de me réveiller.

"Ange, attends !"

Elle s'est tournée vers moi et s'est arrêtée pour m'écouter. Les tribunes continuaient de se vider et certains joueurs étaient encore sur le terrain pour fêter la victoire ou pour digérer la défaite. Mais j'ignorais tout de ce qu'il y avait autour de nous. Je suis arrivé près d'elle alors qu'elle ne quittait pas mon regard. J'allais lui dire encore mille et une choses mais aucun son ne sortait de ma bouche. C'est après avoir haussé les épaules que j'ai saisi sa taille pour l'approcher de moi.

Je n'avais jamais été démonstratif avec mes petites amies. Mais aujourd'hui j'étais plus mûr et surtout je sentais que bientôt quelque chose allait se produire. Dumbledore m'y préparait.

Ange a posé ses mains sur mes bras. J'observais son regard étrange et beau à la fois, son petit nez, sa bouche alors que je constatais que j'étais tout près d'enfin vivre ce que j'espérais depuis des mois.

Finalement j'ai relevé une main vers son visage pour l'approcher près de moi et c'est naturellement que j'ai embrassé Ange. Quand ma bouche a rencontré la sienne, rien n'aurait pu me rendre plus heureux que de la sentir répondre à mon baiser. Ses cheveux chatouillaient mon front alors que je continuais de l'enlacer contre moi et de lui voler encore et encore un baiser. Il a été très difficile pour moi de me détacher d'elle. Je me sentais tellement heureux que j'avais du mal à relâcher sa taille. Des scintillements resplendissaient le regard de la française. Elle a fouillé dans sa poche pour lever vers moi le vif d'or du match.

"Tiens, il est à toi." a t-elle dit en me le glissant dans la main.

J'observais la petite balle dorée au creux de ma paume en me souvenant que c'était avec ce vif là que je lui avait ouvert mon cœur. J'ai levé les yeux vers elle puis j'ai finalement glissé le vif d'or dans son sac.

"Je te le laisse. Si tu le lâches il t'emmènera jusqu'à moi."

La mémoire tactile de ce merveilleux objet nous garderait toujours connecté. De mon côté j'aurais toujours la carte des Maraudeurs pour la retrouver. Je me suis détaché d'elle à contre cœur.

"Je passe te chercher ce soir."

"D'accord..." Elle m'adressait un regard que j'aimais, je sentais qu'elle s'autorisait enfin à redevenir la jeune fille heureuse que j'avais connu avant qu'elle ne sorte avec Malefoy. Je la trouvais tellement belle que j'avais beaucoup de mal à ne pas la regarder. Elle a reculé et m'a adressé un signe de main après avoir replacé son sac sur ses épaules.

C'est en souriant qu'Ange est reparti en direction du château. Moi j'avais soudain beaucoup d'énergie. Je pense que j'aurai pu jouer encore trois match de Quidditch. Au moins.


Je rentrais au château après avoir félicité toute mon équipe et m'être assuré que tout était en ordre dans nos vestiaires. L'après-midi pointait le bout de son nez et je sentais la faim faire son apparition, c'est donc naturellement que je me dirigeais dans la grande salle, mon sac de sport sur l'épaule, je pourrais bien le déposer dans mon dortoir dans l'après-midi.

Rien n'aurais pu me sortir de ma rêverie, je sentais une énergie nouvelle parcourir tout mon corps et surtout j'avais l'esprit léger, comme délivré. Rien n'aurait pu me sortir de cette allégresse jusqu'à cet événement. Alors que je venais d'entrer dans un couloir, une chaise a violemment traversé une vitre d'une salle d'étude pour terminer sa course contre le mur d'en face. Le bruit des débris de verre glissant sur le sol ont fait comme un écho dans le couloir désert. Je me suis arrêté et instinctivement je me suis mis à l'abris des regards derrière une colonne en pierre.

"Potter ? Pourquoi Potter ?!"

"Drago, arrête !"

J'entendais comme un bruit de corps qui s'affrontent alors que je venais de reconnaître les voix.

"Dray, arrête ! Ecoute moi !"

Je risquais de me décaler très légèrement alors que j'étais dans l'ombre du couloir. Je distinguais très nettement Zabini qui avait plaqué Malefoy contre un mur de la salle d'étude, qui semblait furieux et presque fou. Son regard transpirait la haine et la colère.

"Tu veux que je t'écoutes, toi ? Ce devait être Davis, pas ce connard de Potter !" disait Malefoy en serrant les dents.

De quoi parlait-il ?

"Je sais, les choses ne se sont pas passé comme prévu, mais..."

"Pas comme prévu ?" a rugit le blond.

Cette fois, c'est Malefoy qui a saisi Zabini par le col pour le pousser dans le couloir et le plaquer contre le mur d'en face. Je me suis repositionné derrière la colonne en pierre pour être hors de vue. J'arrivais encore à voir les deux Serpentard.

"Tu sais très bien ce que ça implique Blaise ! Il ne le faut pas, et toi tu as tout fait pour que ça arrive !"

"Non, c'est juste qu'on ne peut pas lutter et tu le sais autant que moi. Combien de fois je t'ai dit de ne pas approcher cette fille ? Des centaines de fois et ça te poussait encore plus auprès d'elle !"

Les deux avaient une respiration saccadée, qu'ils étaient en train de contrôler. Finalement, Malefoy a lâcher son ami et s'est lui aussi appuyé le dos au mur de pierre, en soufflant par la bouche comme s'il venait de courir un sprint. Zabini observait le blond du coin de l'œil comme attendant le meilleur moment pour reprendre la parole.

"Drago. Je veux être là pour toi, tu es mon ami. C'est une erreur ce qui se passe mais... mais ça marche tout de même.. ça marche Dray, c'est le plus important." expliquait Zabini d'une voix persuasive.

Il poursuivait finalement en se décollant du mur pour faire face à son ami.

"Comment puis-je t'aider ? Dis-le moi.. je ferai tout pour toi." a déclaré Blaise en baissant d'un ton, comme pour apprivoiser son ami.

"Personne ne peut m'aider Blaise. C'est trop tard. J'ai échoué... pour le reste ce n'est qu'une question d'heures maintenant."

Malefoy parlait en fixant le mur d'en face, puis il s'est tourné vers Blaise.

"Je peux te demander un service ? "

"Tout ce que tu voudras."

Malefoy a levé sa baguette sur les débris de verre pour les rassembler entre eux et reformer la vitre, comme si rien ne s'était produit. La chaise a traversé le couloir pour rejoindre la salle d'étude. Finalement il a posé son regard sur Blaise.

"Termine ma mission."

"Ta.. mission ?"

"Tu sais très bien de quoi je parle."

"Mais, Drago..."

"Tu terminera ma mission. Je serai trop loin pour agir. Il faut qu'elle y aille. Fais tout pour qu'elle y aille, c'est ma dernière occasion. Avec un peu de chance il l'a poussera lui aussi."

Zabini a regardé son ami pendant quelques secondes avant de déclarer : "D'accord. Compte sur moi."

Leur conversation s'est arrêtée alors qu'une bande de Poufsouffles traversait le couloir. Les Serpentards sont repartis probablement dans leur salle commune et moi je tentais de déchiffrer ce que je venais d'entendre. Je savais que Malefoy allait faire quelque chose de grave, que Zabini le couvrait. Mais j'ignorais tout de leur mission et surtout de qui ils avaient parlé. Je n'avais plus qu'une heure pour me préparer à partir avec Dumbledore, je pourrais peut-être lui en toucher deux mots.

Pov Ange

Je regardais mon parchemin avec satisfaction. Toutes les constellations que l'on me demandait, je les connaissais par cœur. J'avais passé tellement de soirée d'été avec mon père, à détailler chaque étoile que j'en connaissais suffisamment pour avoir une bonne note. Du moins, je l'espérais. Alors que je regardais le ciel d'un noir d'encre et que je contemplais Vénus, je me suis mise à penser à Harry. Il m'avait dit qu'il avait un entretien avec Dumbledore. Et qu'il viendrait me chercher à la fin de l'examen pour qu'enfin, nous puissions parler librement et sans barrière. Un élève a toussé, me sortant de ma rêverie. En consultant l'horloge derrière le professeur Trelawney, je me rendais compte que l'examen touchait à sa fin, je n'avais pas vu passer ces deux heures. La concentration m'avait fait oublier le temps. Bientôt, il serait vingt-trois heures et je pourrais enfin dire à Harry ce que je pensais de lui. J'avais hâte et j'avais peur en même temps. Mon estomac se nouait de plus en plus. Sans que je n'en connaisse la raison, une appréhension m'envahissait. Le professeur Flitwick, qui surveillait la salle également, est sorti quelques instants pour aller ranger tous les télescopes dans une remise un étage plus haut.

Je me suis tournée vers le fond de la salle, j'étais presque au milieu. Au fond, Ginny semblait satisfaite de son examen elle aussi. Depuis quelques temps, Ginny changeait considérablement de comportement avec moi. Elle était beaucoup plus sociable. Je ne savais pas si nous deviendrons amie un jour, mais elle était agréable, comme apaisée. Dean devait y être pour quelque chose.

En relevant les yeux vers le tableau, elle a constaté que j'avais également terminé. Elle m'a adressé un sourire avant de refermer son pot d'encre. Je me suis mise face à ma table en faisant de même et en rangeant ma plume. Je l'ai regardé avec attention avant de la faire disparaître dans ma besace. C'était une plume qui avait appartenu à ma mère. Elle y tenait beaucoup, c'était la plume que lui avait offerte sa propre mère avant qu'elle intègre l'école Poudlard. Cette plume avait suivi la réussite scolaire de ma mère, qui était aujourd'hui une brillante Auror au service de sa nation. Alors que je pensais à elle, un crac sonore m'a fait sursauter. Un crac ressemblant étrangement à un transplannage.

Un transplannage ?

Plusieurs élèves ont commencé à se demander ce qui se passait près de nous, car les personnes qui étaient partis ou arrivées à l'école n'étaient pas loin. Donc sans doute dans la tour d'astronomie où nous étions. J'entendais des bruits de pas, ce qui voulaient dire qu'ils étaient juste au dessus. Je devais me tromper, personne ne pouvait transplanner à Poudlard.

Quelques instants plus tard, alors que j'oubliais pratiquement déjà ce qui m'avait sorti de mon inquiétude, le professeur Flitwick est rentré plus rapidement qu'il ne fallait et s'est dirigé vers Trelawney en lui adressant quelques mots à voix basse. Les autres surveillants ramassaient toutes les copies de l'examen. Mais je sentais une tension dans la salle. Une tension qui provenait du corps enseignant.

"Bien... eumh... l'examen est terminé. S'il vous plait, donnez bien vos copies avant de vous lever et.. gardez-votre calme mais... nous allons faire un exercice de sécurité. Je veux que vous rejoignez tous vos dortoirs dans le plus grand des silences." annonçait le professeur Trelawney avec une voix tremblante.

D'abord, personne n'a réagi. Puis les derniers élèves ont donné leur copie aux surveillants. Ces derniers ont rejoint les deux professeurs pour comprendre ce qu'il se passait. Ils ont eu une conversation brève, mais vu les intonations des uns et des autres quelque chose était en train de se produire. Un brouhaha s'est élevé dans la salle, les élèves faisaient grincer les chaises sur le sol en se levant et engageaient la conversation avec leurs amis respectifs.

Je me suis levée à la suite des autres et Ginny s'est approchée de moi.

"Un exercice de sécurité ? Qu'est-ce qui se passe ?" m'a t-elle demandé.

"Je n'en sais rien... mais quelque chose ne tourne pas rond." je répondais en m'approchant de la porte en attendant le signal des professeurs. Finalement ils se sont tous tournés vers nous en essayant d'adopter un visage serein.

"Vous sortirez par petits groupes. Vous emprunterez l'escalier secondaire. Nous comptons vraiment sur vous pour rejoindre vos dortoirs, et pas de bruit est-ce que c'est clair ?" annonçait Flitwick de sa voie chantante.

"Quoi ? Mais il n'y a que les elfes qui prennent cet escalier !" s'est exclamé un élève de cinquième année.

"Si un seul d'entre vous emprunte l'escalier principal, il échouera à son examen, me suis-je bien fait comprendre ? " a rétorqué notre professeur sur un ton menaçant.

Plus personne n'a osé prendre la parole alors que l'instant d'avant j'entendais les protestations de tous. On aurait pu entendre les mouches volées. Moi j'échangeais un regard avec Ginny.

"Un professeur vous accompagnera à chaque fois. Nous ferons cinq groupes." a ajouté Trelawney.

"Le premier groupe allons-y."

Les élèves les plus proche de la porte sont partit ils étaient une dizaine. Je gardais mon calme pour analyser la situation. Les professeurs étaient stressés, donc la situation était inhabituelle, pire encore ils n'étaient pas préparés. Soudain, je me suis demandé si la visite de mes parents n'étaient pas anodine. Ginny n'a pas loupé ma concentration.

"Ange.. a quoi tu penses ?" m'a soufflé la rousse. Je me suis tournée vers elle en continuant de réfléchir.

"Il se passe quelque chose.. quelque chose de grave." disais-je en murmurant pour ne pas éveiller la peur à mes camarades. J'avais malheureusement l'habitude d'analyser ce qui se passait autour de moi, à cause de mes parents qui contrôlait tout et étaient sur la défensive.

Elle a froncé les sourcils mais vu son air, elle me prenait au sérieux.

"Quoi ?"

"Je n'en sais rien."

Le professeur Flitwick s'est tourné vers nous. Nous étions près de la porte donc nous allions sortir.

"Les suivants, venez avec moi, que des Gryffondors s'il vous plait."

Nous avons suivi le professeur dans le petit escalier. Pas de problème pour lui, pour moi pas trop de mal non plus car j'étais petite mais ce n'était pas très confortable de se contorsionner dans tous les sens pour éviter les planches de bois ronger par la moisissure qui menaçaient de céder à notre passage. Divers pièges de ces escaliers bien vieux et mal entretenus nous attendaient ça et là, mais nous sommes arrivés bien vite devant l'entrée de notre salle commune où Flitwick nous a laissé. J'avais observé notre professeur. Il observait sans arrêt l'extérieur, dès que nous approchions une fenêtre, il regardait à travers avant de nous autorisé à traverser la pièce. Tout notre petit groupe était entré dans la salle commune, moi j'étais immobile, l'oreille tendue dans les escaliers pour tenter de comprendre ce qui se passait.

"Ange, tu viens ?" me demandait Ginny. Je me suis tournée vers elle. Je n'arrivais plus à bouger de l'entrée de notre salle commune, comme si mon corps, mon inconscient me disait qu'il fallait que j'aille ailleurs.

"Harry devait me rejoindre à la fin du cours. On ne l'a pas vu dans les couloirs." je disais à Ginny.

"Où était-il ce soir ?"

"Avec Dumbledore."

"Alors il est en sécurité." m'a t-elle répondu avec certitude.

Mais moi je n'étais plus certaine de rien. Je ne répondais pas, regardant partout dans le couloir comme pour trouver une réponse.

"Ange, que veux-tu qu'il se passe ?"

"Quelqu'un est entré dans le château." je répondais comme une évidence.

"Quelqu'un ?"

Dean est sorti de la salle commune, soulagé de trouver Ginny.

"Les filles, enfin vous êtes là ! C'est la folie au château !"

Mon estomac s'est resserré.

"Comment ça ?" lui demandait Ginny alors qu'il était en train de la serrer contre lui.

"On était dehors avec une partie de l'équipe pour fêter la victoire. McGonnagal nous a trouvé et elle nous a dit d'aller dans nos dortoirs, il se passe quelque chose. Apparemment, des personnes sont entrés dans le château. Les Aurors sont arrivés d'après elle donc on devrait être tranquilles dans quelques heures le temps qu'ils les arrêtent."

"Mes parents sont encore ici alors..." je disais comme une évidence.

Je me suis approché d'une fenêtre, cherchant des réponses. Je regardais à l'extérieur et la nuit, et j'ai entendu un cri qui amplifiait mon sentiment d'insécurité. Alors que Dean expliquait ce qu'il avait su, j'ai aperçu une étincelle jaillir de la tour d'astronomie que l'on voyait d'ici malgré la pénombre. L'étincelle est allé droit vers le ciel avant de prendre de l'ampleur et former un animal qui semblait ramper sous les nuages. L'animal, un serpent, s'enroulait sur lui-même et ressortait... d'une tête de mort luisante. Nous avons vu la marque de ténèbres apparaître dans le ciel. Elle brillait de reflet vert, apparaissant d'abord doucement puis imposant sa brillance lugubre.

Dean n'a plus dit un seul mot.

J'ai levé les yeux vers lui, sentant comme un caillou tomber dans mon estomac, me coupant le souffle.

"Ange, non."

Ginny avait compris. Je n'ai rien répondu et j'ai dévalé les escaliers sans réfléchir. Quelqu'un voulait du mal à l'école, et pour que les Aurors interviennent cela voulait dire que mes parents avaient senti le danger tout en me le cachant une nouvelle fois. Et si quelqu'un était en danger, je ne voyais qu'une seule personne : Harry.

Il était la cible de tout le monde, journalistes et mangemorts, de Voldemort lui-même. Je devais retrouver mes parents pour qu'ils m'affirment que tout allait bien, que Harry était en sécurité, il était même peut-être déjà avec eux. Je courrais comme une folle, sautant quelques marches, glissant dans les couloirs, écrasant les portes contre les murs, envoyant les chaises hors de ma course d'un coup de pied. J'avais peur, mais l'adrénaline me faisait avancer. Je n'étais pas loin de la salle sur demande, je reconnaissais la fameuse tapisserie d'un coup d'œil. Je continuais de descendre les étages, accélérant de plus en plus. Il fallait que je trouve Harry, mes parents, quelqu'un qui me dise que tout allait bien. Au détour d'un couloir, j'ai aperçu un élève alors que j'entendais des voix s'élever des étages supérieurs. L'élève en question, plus grand que moi ne semblait pas prendre conscience du danger, il marchait presque tranquillement. Du moins de plus loin c'est ce que je croyais.

"Ahahahah ! Il est mort, il est mort !"

J'ai senti le frisson du danger parcourir toute ma colonne vertébrale. Je savais que je connaissais cette voix mais je n'arrivais pas à mettre une image dessus. Qui était mort ? Qu'est-ce qu'il se passait bon sang ! Les personnes présentes dans le château courraient aussi vite que moi et j'avais peur qu'elles ne me rejoignent, elles étaient derrière moi, à quelques étages plus haut, quelques mètres plus loin, je n'arrivais pas à le savoir mais ils étaient suffisamment proche de moi pour que je ressente une peur terrible. Je suis arrivée derrière l'élève comme un boulet de canon et l'ai poussé dans une salle de classe vide que j'ai refermé à la va-vite. Je ne savais même pas qui je venais de mettre à l'abri, trop occupée à verrouiller la porte, mais je n'étais pas dans une salle de classe comme je le croyais, mais dans une espèce de cagibi, petit et exiguë ne laissant que peu de place pour deux personnes. La personne allait parler mais je lui ai coupé la parole, terrifiée que l'on nous trouve.

"Tais-toi, il se passe quelque chose." je sifflais entre mes dents tout en espérant que personne ne nous avait vu.

"Drago, attends-nous !" criait la voix.

Drago ? Drago était avec ces gens ? J'ai levé les yeux vers celui ou celle que je venais d'entraîner avec moi et j'ai presque crié sous la surprise. Je voulais reculer à tout prix, mais je me suis heurtée brutalement contre le mur de pierre, me cognant la tête. La douleur fondait en moi, et je voyais plusieurs petites lumières danser devant mes yeux. J'étais tellement surprise que je cherchais l'air, comme si je venais de rater plusieurs marches d'escalier. C'était Drago que j'avais entraîné avec moi, et c'est d'un seul geste qu'il a positionné sa baguette juste sous mon cou et me plaquait la main sur la bouche. Pétrifiée de peur, je n'osais plus bouger, les mains plaquées derrière moi contre la pierre froide. Qui que ce soit au château, même si je pensais que c'était certainement des mangemorts, Drago était avec eux. Et j'étais coincée avec lui, ma baguette inutile dans ma poche arrière. Les voix se rapprochaient et bientôt je serais confrontée à ces personnes, car qu'est-ce que Drago allait faire ? Tout pour me nuire, après tout ce qui s'était passé entre nous, c'était une évidence. Il me regardait intensément, je commençais à reprendre mes esprits, n'osant pas bouger pour ne pas le provoquer. Voilà comment se terminait ma rencontre avec Drago Malefoy. Il ne faisait que terminer ce que son père avait commencer : me tuer.

"Bellatrix, Lucius attendez-nous !"

Plusieurs personnes sont passées juste devant notre porte mais elles ont continué leur course et Drago n'a pas bougé d'un seul pouce. Il n'a pas signalé sa présence et m'a encore moins sorti de la pièce pour me livrer à eux. Quelques instants se sont écoulés jusqu'à ce qu'on n'entende plus aucun bruit. Le serpentard a laissé glisser sa main de ma bouche. J'essayais de comprendre ce qui se passait jusqu'à ce que Drago ne lève sa baguette au plafond pour illuminer la pièce d'une sphère lumineuse :

"Lumos maxima."

Puis il a examiné rapidement l'arrière de ma tête. Il avait toujours des cernes sous les yeux et je découvrais que ses cheveux presque blanc étaient beaucoup plus ternes qu'avant, presque châtain. J'étais presque paralysée ne comprenant toujours pas ce qui se passait.

"Ils... ils se sont évadés d'Azkaban ?" je lui demandais la voix tremblante.

Enfin il m'a regardé dans les yeux avant de me répondre :

"Tu devais être en examen pour les buses ce soir ! " m'a t-il dit d'un ton sec.

J'ai dû me racler la gorge avant de reprendre la parole, ne comprenant pas bien où il voulait en venir. Mais autant gagner du temps.

"Je... il s'est terminé il y a presque une heure."

Il buvait mes paroles et n'a laissé que très peu de temps entre ma réponse et sa question suivante, il était visiblement dans l'urgence.

"Tu as suivi tous tes cours ? Avec Dumbledore, tu avais terminé ton entrainement ?"

Choquée, je restais sans voix devant lui. Il m'était très difficile voir insurmontable de répondre. Je pensais comprendre de quoi il parlait mais comment pouvait-il être au courant ? Il regardait très profondément dans mon regard, semblant chercher ma réponse.

"Apparemment oui. Depuis quelques temps je ne vois plus rien en toi." a t-il déclaré tout en réajustant sa veste noire sur lui. En l'observant plus amplement, je découvrais qu'il avait abandonné uniforme et cape de Poudlard. J'avais le sentiment tout à coup qu'il quittait l'école. Il savait que j'avais eu des cours d'occlumancie avec le professeur Dumbledore. Je n'en avais parlé qu'à une seule personne : Dumbledore en personne.

"Tu vas me tuer, c'est ça ?" je demandais avec horreur.

Il n'a pas répondu à ma question, il m'a dit une chose à laquelle je ne m'attendais absolument pas dans ce contexte.

"Potter alors ?"

"Hein ?"

"Potter. Tu sors avec Potter. Tu ne pouvais pas choisir mieux que le balafré ?"

J'étais bouche bée.

"Moi, je n'ai jamais commenté ta relation avec Cho...". Sauf avec un cognard.

Il a eu comme un rire ironique.

"Cho... Elle ne représente rien pour moi."

"Comme toutes les filles pour toi j'imagine."

"Ange, éloigne-toi de Potter, c'est un conseil."

Je sentais que je reprenais assurance face à lui. Chaque échange avec lui était un défi, que l'on soit amis, amoureux.. ou ennemis. Étions-nous des ennemis aujourd'hui ?

"Pourquoi ? Tu le veux pour toi ?"

Il m'a pris par les épaules pour me plaquer contre le mur de pierre.

"Tu ne comprends donc rien ?" m'a t-il demandé en me regardant profondément dans les yeux.

"De toutes manières, il te jettera, tu penseras à moi à ce moment-là. Alors coupe lui l'herbe sous le pied et ne te laisse pas croire que tu peux vivre quelque chose avec lui ! Il ne pourras jamais t'aimer."

J'étais très surprise et surtout je ne voyais pas vraiment où il voulait en venir. Je ne savais pas si il pensait ce qu'il disait ou s'il cherchait à m'influencer. Mais dans quel but ?

"Que sais-tu de l'amour Drago ?" je demandais à voix basse, les larmes montant sur les bords de mes cils.

Il n'a pas répondu tout de suite, mais je l'ai vu pincer les lèvres alors qu'elles venaient de trembler quelques secondes.

"Bien plus que tu ne l'imagines."

Il a retiré ses mains de mes épaules.

Il a ajouté. "Retourne dans ta salle commune. N'y sors pas avant que l'on vienne te chercher."

"Qu'est-ce que tu as à voir avec tout ça ? L'arrivée des mangemorts... ils sont là à cause de toi ? Tu veux suivre les traces de ton père ?" je demandais les larmes aux yeux. Il me regardait d'un air sombre et je prenais conscience que j'étais triste et désolée pour lui d'avoir un entourage aussi sombre. J'ai été persuadée un jour qu'il était quelqu'un de bien, comment pouvais-je me tromper autant ?

"Drago, tu peux encore reculer, je.."

"Garde ton baratin, tu crois que je me force ? Tu crois réellement que je ne suis pas proche de mon père dans son idéologie ?" m'a t-il lancé en utilisant un ton que je n'aimais pas.

"J'en suis persuadée."

"Comment ?"

Parce que je t'aime. C'est ce que je lui aurait répondu il y a encore quelques semaines. Rien que d'y penser, deux larmes se sont échappées de mes yeux vairons. Je sentais encore la blessure qu'il m'avait infligé.

"Je le sais au fond de moi, je ne sais pas pourquoi ni comment.. mais c'est un rôle. Tu joues un rôle." j'ai finalement répondu en déclarant le fond de ma pensée.

Il n'a pas su trouver une réponse, car il a hésité à maintes reprises, il a choisi avec précaution chaque mot qui allaient sortir de sa bouche.

"Je calcule, je mens, je prévois tout. Ce que tu ne comprends pas... c'est que le rôle comme tu dis, je le jouais quand j'étais soit disant amoureux de toi. Aujourd'hui, je suis moi-même." répondait-il d'un ton glacial.

"Pourquoi tu me protège alors ?"

"Pardon ?"

"Oui, tu aurais pu me livrer à ton père il y a cinq minutes."

Drago respirait de plus en plus fort, de plus en plus vite. Mais il ne me quittait pas des yeux.

"Tu n'étais pas la cible."

"La cible ? Il y a vraiment eu un mort ?" je demandais avec terreur.

"Drago, réponds-moi, qui est-ce ?"

Il a sorti sa baguette de nouveau, en la pointant sur moi.

"N'oublie jamais que je suis contre toi." a t-il dit en me fixant dans les yeux. "Ne l'oublie jamais."

Et il a sourit, avant de sortir de la petite pièce. Il savait que je n'allais pas le suivre, ou pas tout de suite. Car il venait de me rappeler cet instant-là, où je m'endormais dans ses bras quelques mois plus tôt, persuadée de ses paroles.

Je t'aime... et pour toujours je t'aimerai. Ne l'oublie jamais.

Je suis sortie malgré tout de la pièce, le découvrant encore présent dans le couloir ignorant tout à coup la peur de me retrouver face à des mangemorts.

"Tu es un monstre !" je lui criais dessus.

"Je ne te laisserais pas faire, quoi que tu ai envie de faire !"

Il s'est tourné vers moi et est revenu rapidement sur ses pas, saisissant mes épaules pour les plaquer une nouvelle fois contre le mur.

"Ecoute-moi bien Fire ! Tu es encore trop faible et honnêtement cela ne m'intéresse pas du tout de t'écraser comme une mouche. Je préfère que tu prennes ton temps pour laisser grandir la haine en toi. Deviens plus forte et là, tu pourras venir m'affronter."

Je le regardais avec des yeux ébahis, troublée devant ces paroles immondes.

"Si tu me suis ce soir, je te tue sur le champ et je te jure que je le ferais sans aucun scrupule."

Je tremblais de la tête aux pieds, le croyant sur parole. Quelque chose dans son regard, que je ne connaissais pas, me faisait peur. Je n'osais même pas sécher mes larmes. Il a finalement reculé, puis après un dernier regard a tourné les talons et a quitté le couloir. Je suis restée quelques minutes contre le mur pour reprendre mon souffle et pour faire cesser les tremblements qui m'empêchaient de réfléchir. Le couloir était sombre et la lumière de la marque des ténèbres donnait des reflets vert contre les vitres des fenêtres. J'ai finalement réussi à reprendre le contrôle de mon corps et je me suis approché de ces dernières car j'entendais de plus en plus distinctement des voix à l'extérieur, dans le parc de l'école.

"Katty, ils sont dehors Katty !"

La voix de mon père. Mes parents étaient encore ici. Je n'ai pas tenu compte des menaces de Drago. Mes parents allaient croiser son chemin et je savais ce qui allait se produire si je ne les prévenais pas. J'ai repris ma course, dévalant les étages, laissant derrière moi ma peur et les menaces de Drago. Il fallait que mes parents s'en aillent, il fallait qu'ils se mettent à l'abris. Où était Harry ? Je suis arrivée en courant dans le hall d'entrée et j'ai trouvé l'air frais de la soirée. Les étoiles illuminaient le ciel et aucun bruit ne se faisait entendre, jusqu'à ce que j'entende les cris qui retentissaient dans la nuit. Je reconnaissais facilement la voix de Harry. La marque de ténèbres continuait de briller dans le ciel.

"Lâche, espèce de lâche, battez-vous !"

"Harry !"

Je hurlais son prénom, j'étais terrifiée qu'il lui arrive quelque chose. Je ne savais pas où le trouver, tout résonnait dans le parc, je suivais des échos qui m'emmenaient dans de mauvaises directions, maintes et maintes fois. Je perdais du temps. Je me suis arrêtée, reprenant mon souffle, les mains sur les cuisses, pliée en deux. Quelque chose me gênait dans la poche. Je plongeais ma main à l'intérieur pour découvrir que j'avais le vif d'or d'Harry. "Si tu le lâches il t'emmènera jusqu'à moi."

La petite balle déployait ses ailes, prête à m'emmener auprès d'Harry. Je l'ai lâché, hypnotisée par sa course et je l'ai suivi, courant aussi vite que lui volait. Je courrais encore plus rapidement pour trouver la source des voix, je sentais que j'approchais et que j'étais près du but, jusqu'à ce qu'au détour d'un buisson je tombe sur une personne. Elle venait de mettre le feu à la cabane de Hagrid qui était à la lisière de la foret. Elle s'est tournée et c'est dans un geste mimétique que nous avons levé chacune notre baguette magique l'une vers l'autre.

Il s'agissait de Bellatrix Lestrange. Je sentais l'adrénaline m'empêcher d'avoir peur. Néanmoins, j'étais pratiquement terrifiée de me retrouver de nouveau devant elle, après toutes ces années.

Le vif d'or a continué sa course, disparaissant de ma vue.

"Tiens... mais c'est bébé Fire ! Qu'est-ce que tu fais toute seule ? Tu sais que c'est dangereux de se promener la nuit sans aucune protection ?" me demandait-elle avec une voix qui se voulait enfantine.

Avant que je ne puisse répondre, une autre personne est arrivée, juste devant moi, tendant le bras pour que je sois hors de danger.

Ma mère.

Je ressentais comme un immense soulagement de la voir devant moi. Quoi qu'il puisse arrivé, tout se passerait bien, à chaque fois que maman intervenait, tout rentrait dans l'ordre rapidement.

"Ange sera toujours protégée."

Bellatrix a rit d'un rire fort et aiguë en écoutant ma mère.

"Oui Katty, tes deux aînés doivent te remercier de ta protection aujourd'hui ! Ils doivent être très reconnaissants, dans leur tombe !"

Ma mère a envoyé un sortilège en plein sur le visage de Bellatrix Lestrange, c'était comme si elle lui avait envoyé un violent coup de poing. Celle-ci a voulu répliquer avec un sort qu'elle n'avait pas prononcé, mais j'avais utilisé le sortilège de protection sur ma mère. Le sort de la mangemort a ricoché dans la pelouse ce qui lui donnait encore plus de colère. Elle allait répliquer encore une fois, annonçant le début d'un combat mais nous avons été coupé par l'arrivée d'une tierce personne. En réalité, ils étaient deux.

Ils étaient grands, le visage en pointe et les cheveux clairs. L'un arrivait tranquillement, baguette levée, l'autre, le plus jeune, arrivait au pas de course pour le rejoindre. J'ai croisé le regard de ma mère dans lesquels j'ai vu pour la première fois de ma vie un sentiment passer : la peur.

Et je comprenais qu'elle avait peur non pas pour elle, mais pour moi.

Elle a saisi l'une de mes mains pour la serrer fort dans la sienne, continuant de me protéger en se mettant devant moi.

Lucuis Malefoy nous a adressé un regard dur et froid. Drago est arrivé en trottinant, essoufflé :

"Père, dépêchons-nous ! Il faut que..."

ll s'est arrêté de parler, remarquant la présence de ma mère et moi. J'ai croisé son regard, m'attendant à un air meurtrier, mais je lisais plutôt la surprise, du moins, c'est ce que je croyais.

"Finissons-en Katty." a lancé Lucius Malefoy.

"C'est la fin pour les Fire."

Drago allait faire quelque chose. Je le regardais intensément, me décalant légèrement tout en continuant de le regarder, l'implorant de faire quelque chose. Il n'était pas d'accord avec son père, c'était impossible. Quelque chose en moi me disait qu'il ne faisait pas partie de tout ça. Je refusais de me l'avouer, de m'être trompé sur son compte. Il a jeté un coup d'œil à son père qui levait sa baguette en même temps que Bellatrix. Finalement, lui aussi a levé sa baguette, la pointant droit sur moi. J'ai croisé son regard, quelques secondes, puis il a dévié sur ma mère.

J'allais mourir, comme il l'avait promis.

"Tiens ta promesse." a lancé ma mère sans que je ne comprenne pourquoi elle disait une chose pareille. Je ne comprenais pas de quoi elle parlait, cherchant dans ma mémoire ce que je lui avais promis récemment.

J'ai entendu quelqu'un hurler, c'était Harry. Je le voyais du coin de l'œil courir vers nous, il voulait nous sauver, mais il arriverait trop tard. J'étais tellement désolée de lui imposer une nouvelle cicatrice, une nouvelle épreuve. Mais qu'est-ce que je pouvais faire ? Je voulais protéger ma mère dans un dernier geste, elle a eu la même intention pour moi. Tout est allé tellement rapidement que nous n'aurions rien pu faire d'efficace, mais j'aurais quand même essayé de la sauver, jusqu'au tout dernier instant. J'ai vu arriver les lumières vertes vers nous, nous frappant de plein fouet, sous un ciel illuminé d'étoiles. Avec un peu de chance, nous rejoindrions les constellations que j'avais observé tant de soir d'été avec mon père.

Tout est allé très vite, je n'ai pas eu le temps de prendre conscience de ce qui arrivait.

Mais ma mère et moi sommes tombés dans la pelouse.

Et tout est devenu noir.

C'était la fin.