Pov Ange

Il était étrange de reconnaître un visage, mais de ne pas reconnaître la personne qui le porte. Comme si la personne en face de vous n'était pas du tout celle que vous croyez. Je pensais avoir fait le tour de la question avec Drago Malefoy, qui avait l'Art de cacher ses sentiments, de se jouer de tout et de tout le monde.

Car, qui connaissait vraiment le Serpentard ?

Je pensais avoir touché plus profondément que les autres, je pensais l'avoir connu réellement...mais je l'avais vu, lever sa baguette droit sur moi, je l'avais vu tenter de m'assassiner... comme il me l'avait promis quelques mois plus tôt. Ma mère n'était plus de ce monde, mon frère et ma sœur non plus, à cause de son propre père.

Et aujourd'hui, il venait de m'arracher des griffes de son père... ?

Je pensais à tout cela, j'essayais d'y voir clair dans mon esprit, mais j'étais perdue. Perdue dans un océan bleu orage, qui me fixait et me parlait frénétiquement sans que je ne comprenne un mot de ce qui sortait de sa bouche. J'étais tellement sous le choc de ce qui venait de se produire, que je n'arrivais plus à faire fonctionner mon ouïe, ni même la parole. Je remarquais alors que ses manches étaient retroussées et c'est à ce moment que je l'ai vu.

Il portait la marque des ténèbres, sur le bras.

L'encre noire et hostile enlaidissait tout son avant-bras. Dans un mouvement brutal, alors que j'étais assise au sol, je me reculais, voulant à tout prix être loin de lui. Je m'entendais à peine hurler tellement mes oreilles sifflaient. Je ne désirais qu'une chose, qu'il arrête de me toucher, qu'il soit loin de moi. Dans mon esprit, il restait une grande menace.

Il comprenait bien vite mon état de choc, car il s'était arrêté de parler. Je voyais les larmes commencées à poindre juste au bord de ses cils, je reconnaissais la ride qui se formait au dessus de son front quand il était inquiet. Ses cheveux avaient continué de se foncer depuis la dernière fois que je l'avais vu. Il n'était plus blond immaculé, mais châtain, comme si l'ombre n'avait pas seulement gagné son cœur, mais aussi son corps. Il a alors abaissé ses manches, pour cacher de ma vue l'horrible tatouage noir.

Mon père est arrivé près de lui, il allait certainement mettre Drago hors d'état de nuire, mais je ne savais pas si c'était une bonne chose, je ne savais plus ce qu'il fallait faire, quelle était la vérité. John Fire s'est agenouillé près de nous, après une course effrénée pour nous rejoindre. Et alors que je pensais qu'il allait neutralisé Drago d'un seul coup de baguette magique, il a parlé avec lui.

"Elle va bien ? Et toi tu vas bien ?" lui demandait-il dans l'urgence.

"Rien de grave pour elle." annonçait-il en parlant avec mon père.

Je les regardais tous les deux comme s'ils étaient deux extraterrestres. Je devais probablement être morte, ou alors dans les vapes pour imaginer une chose pareille. Cette conversation n'était pas, ne pouvait pas être réelle.

"Drago, retourne près d'eux, tu vas attirer l'attention. Je m'occupe d'elle."

Le Serpentard hochait la tête puis m'a adressé un dernier regard avant de se lever et de courir vers la forêt interdite. Un regard lourd et douloureux. Notre échange a été plutôt bref, mais c'était comme si le simple fait de le regarder dans les yeux venait de me donner un coup de poing. C'est en le suivant du regard que j'ai vu que le parc était désormais vide. Plus de mangemorts, plus de géants... plus l'ombre d'un détraqueur. Tellement choquée, je n'avais pas entendu les paroles sifflantes de Voldemort ordonnant le retrait de ses troupes.

Mon père m'a aidé à me remettre sur pieds et m'a serré contre lui.

"Ange, tu vas bien ?"

Je le regardais dans les yeux après m'être doucement dégagé de ses bras.

"Je ne pouvais pas te laisser tout seul... Papa, on ne peut pas être séparé toi et moi, quoi qu'il se passe." j'expliquais en tremblant.

Mon père fronçait les sourcils, puis me prenait par l'épaule.

"Viens, allons à l'intérieur. On se rassemble tous dans le hall."

"Il n'y a plus de hall... une explosion l'a rasé." j'annonçais en me souvenant pourquoi mon genou était douloureux.

"Alors, nous irons dans la grande salle."

Je regardais autour de moi, alors que nous marchions vers l'école. Je ne pouvais m'empêcher de regarder en arrière, là ou Drago était partit.

"Papa... qu'est-ce qu'il se passe avec Malefoy.. je ne comprends rien à .."

Mon père me coupait :

"Plus tard. Regarde devant toi, et lève les yeux le plus possible vers le bâtiment. Ne regarde pas par terre..."

J'écoutais ses recommandations, sachant très bien ce que j'allais découvrir au sol si je m'y attardais. Quand on court, quand le danger est là et que l'on fuit pour sa vie, il est aisé de ne pas s'attarder sur des corps, des corps de la plupart de jeunes élèves qui s'étaient sacrifiés pour sauver l'école. Je sentais monter les larmes, que je me refusais de laisser couler. C'était difficile maintenant que le silence était revenu, difficile de ne pas regarder au sol. Je respirais profondément pour me calmer, alors que tous mes sens étaient en alerte.

Arrivée dans la grande salle, je découvrais de nombreux corps allongés sur le sol. A ma grande horreur, je reconnaissais nombre d'entre eux. Des élèves que j'avais déjà croisés, Fred Weasley, mais aussi Lupin et Tonks. Alors que nous étions à l'entrée, mon père et moi nous sommes figés devant l'horreur. Du moins, pour ma part, j'avais énormément de mal à m'y faire. Ne pouvant me contrôler, les larmes coulaient toutes seules sans que je ne les sente tellement j'étais pétrifiée.

"Papa... est-ce qu'on va mourir ?" je demandais faiblement en levant les yeux vers lui.

Mon père, ayant malheureusement plus l'habitude que moi face à ce genre de scène, gardait son sang froid.

Il s'est tourné vers mois, et m'a prise contre lui, dans une étreinte forte et presque douloureuse. Il ne m'a rien répondu, je devinais donc qu'il n'avait pas de réponse, car mon père ne mentait jamais.

Nombre de personnes le reconnaissaient alors que nous nous frayions un chemin vers le fond de la salle, où je reconnaissais mes amis, Hermione et Ron, enlacés, en pleurs.

"John.. monsieur le Président... vous êtes ici." saluait McGonnagall qui ne semblait plus savoir comment se comporter avec lui.

"Minerva, je ne suis pas votre Président.. je suis John, votre élève.." répondait mon père en serrant son ancienne directrice de maison dans ses bras. Elle s'apercevait alors que j'étais là.

On avait du mal à me reconnaître, avec mon pantalon de sport bleu, ma veste blanche avec le drapeau bleu blanc rouge et le nom de mon pays dans le dos, écrit en lettres majuscules. Mes cheveux au carré, le sang séché sur mon visage. Les traces de terre et les bleus.

"Ange... vous aussi ?" demandait-elle en me prenant par l'épaule.

"Il est impossible de lui dire de rester tranquille dans une pièce." lançait mon père alors qu'il déroulait un bandage pour soigner un élève blessé à la tête.

"Cela vient certainement de son père..." disait-elle avec un pincement de lèvres.

Elle aurait pu sourire avec cette remarque mais elle gardait son air pincé et fatigué face aux circonstances. Mon père était le champion de l'indiscipline à Poudlard, j'en avais eu quelques échos. Cela ne l'avais pas empêché de se faire respecter et d'occuper aujourd'hui le rôle le plus prestigieux et le plus respecté en France.

Alors que je regardais devant moi, je croisais les yeux d'Hermione, qui se levait pour me rejoindre. J'allais vers elle et la prenait dans mes bras.

"Ange, qu'est-ce que tu fais là ?" demandait-elle d'une voix brisée.

"Longue histoire. Vous allez bien tous les deux ? Pas de blessures ?" je lui demandais en inspectant mon amie. J'étais soulagée de les retrouver vivants, après tout ce temps sans savoir où ils étaient.

"Non... c'est juste que... Fred..." commençait-elle avec les larmes.

"Je sais. Je suis tellement désolée..." je disais à Ron avant de le serrer contre moi.

Nous avons pris quelques instants tous les trois pour s'expliquer tout ce qu'il s'était passé ces derniers mois, la fuite de Ron et son retour, la destruction d'Horcruxes, l'aller retour à Gringotts...

"Où est Harry ?" je demandais en regardant partout autour de moi.

Ginny s'est tournée vers moi en écoutant son nom. Elle était collée à Dean, qu'elle avait donc retrouvée. Même si je me souvenais de ce que j'avais vu, l'heure n'était pas à régler ses comptes, je voulais le voir, lui donner de la force pour cette bataille. Je voulais le serrer contre moi, sentir ses bras autour de mes épaules, l'entendre me dire que tout irait bien...

Hermione et Ron se sont échangés un regard avant de pleurer de nouveau tous les deux.

"Quoi ? Hey ! "

Je n'ai pas eu le loisirs d'obtenir une réponse.

"ILS REVIENNENT !"

Je me tournais en sursautant vers Jackson Davies, qui hurlait à l'entrée de la grande salle.

"Ils arrivent !" continuait-il en pointant quelque chose à l'extérieur.

Je me précipitais vers lui, pour comprendre ce qu'il disait. Le soleil avait commencé à poindre à l'horizon. Le temps était passé à une vitesse folle.

Des dizaines.. peut-être des centaines de mangemorts, venaient vers l'école, formant un cercle dans la cour comme s'ils nous attendaient. Ginny, puis tous ceux qui pouvaient encore se battre passaient devant moi pour voir de leur propre yeux ce qui se déroulait. Jusqu'à ce que ...

"Harry Potter... EST MORT !"

J'ai bousculé tout le monde pour me frayer un passage. C'était un mensonge, un horrible mensonge, rien de ce que disait Voldemort n'était vrai. Je bousculais tout le monde alors que Ginny poussait un cri déchirant. C'est à ce moment-là que j'ai vu Voldemort, pour la première fois de ma vie. Il venait d'envoyer un sortilège contre elle pour qu'elle se taise. Mon père est arrivé à mes côtés.

Et je l'ai vu.

J'ai vu Harry, inanimé dans les bras d'Hagrid qui pleurait. Mon père m'a soutenue avant que je ne m'écroule au sol. Mais contrairement à ce que j'aurais cru, je ne suis pas tombée, je n'ai pas hurlé. Je pense que toute l'horreur que j'avais vu et vécu en peu de temps m'avais anesthésiée. Mais je sentais mon cœur saigner. Atrocement. Et je tenais debout parce que j'avais enfoui mon visage dans la veste de mon père.

"Harry Potter est mort ! Il tentait de s'enfuir pour vous laisser mourir." annonçait Voldemort, avec une lueur de fou dans les yeux et une attitude malsaine.

Je me tournais vers le groupe de mangemorts, qui riaient et souriaient tous. Jamais, jamais Harry n'aurait abandonné ses amis, je ne pouvais pas le croire. J'ai alors vu Drago, au milieu des mangemorts, qui restait impassible. Je jetais un œil à mon père, ne comprenant plus où je devais voir Drago. Dans le camp d'en face, dans le notre ? J'ai remarqué en le détaillant qu'il avait de nouveau sa baguette sombre dans les mains. J'étais persuadée qu'il n'avait pas la même alors qu'il me soignait plus tôt dans la bataille. Mais je devais me tromper, j'avais reçu de sérieux coups au visage. Il devait vouloir lui aussi manipuler mon père. Il devait avoir peur des conséquences de ses actes, peur de mourir et mesurait ses possibilités de survie.

" Rejoignez-nous, ou mourrez !" ajoutait Voldemort en nous regardant tous.

Voldemort s'est tourné vers moi et son regard rouge a croisé le mien. Contrairement à tout ce que je croyais, je restais droite, sans trembler, sans ciller. Bellatrix Lestrange, venait de lui murmurer quelques mots tout en m'observant.

Il était le responsable de tout ce qui s'était produit dans ma vie.

C'était mon ennemi.

C'était de sa faute, tout se qui se passait, toutes les pertes que j'avais enduré.

"Tiens, tiens tiens... mais c'est la fiancée de Potter ?" susurrait Voldemort en continuant de m'observer.

Tous les mangemorts ont éclaté de rire et Ginny s'est tourné vers moi en séchant ses larmes.

"Mais oui, c'est bien toi qu'il a demandé en mariage avant de mourir ! Je t'ai vu dans sa tête... c'est étrange, je ne pensais pas que toi aussi tu occupais son esprit. Où étais-tu tout ce temps ? "

Les rires ont redoublés et Drago s'est tourné vers son maître, puis vers moi. Je n'en avais parlé à personne. Je n'avais jamais raconté ce que Harry m'avait demandé avant de partir pour son périple. J'entendais quelques murmures autour de moi. Je sentais même la pitié de quelques-uns. Mais je gardais mon regard braqué sur Voldemort. Je ne réagissais pas, me concentrant sur ses pupilles rouges. Je ne pouvais pas craquer maintenant. Je ne devais pas prendre en compte la mort d'Harry, non. Je pleurerais si je survivais. Je ne pouvais pas baisser les bras alors que Harry avait tout fait pour me garder en vie.

"Harry était tellement un bon Occlumens, qu'il a été difficile de lire dans son esprit... " annonçait ironiquement Voldemort en faisant rire de nouveau sa troupe.

"Les noces seront légèrement funèbres, mais tu as l'habitude, d'enterrer ceux que tu aimes, n'est-ce pas ?"

J'ai avancé d'un pas, mon père sur mes talons qui me tenait fermement le poignet pour que je reste en place et que j'abaisse ma baguette.

Je sentais une envie meurtrière parcourir tout mon corps.

"Ahahah ! Ton point faible, c'est ta famille. Mais ne te trompe pas de cible." susurrait Voldemort.

"Tu n'es pas, d'ailleurs personne ici, n'est dans la vérité... ne voudrais-tu pas revoir ta famille ?"

Je serrais les mâchoires, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir. Je savais qu'il ferait tout pour me manipuler, me faire souffrir d'avantage.

Il voulait que l'on se soumette tous. Le mage noir continuait alors :

"Ne voudrais-tu pas les revoir ? Les revoir.. vivants ?"

J'allais lui dire de se taire, j'allais hurler à m'en déchirer la gorge pour qu'il se taise, jusqu'à ce que je les vois. Ils étaient là. Juste derrière lui.

"C'est de la faute de ton père, tout ce qui arrive. C'est lui qui a choisit pour toute ta famille. C'est à cause de lui s'ils sont morts.. il pouvait vous protéger et vous apporter la sécurité, mais il n'a pas voulu renoncer, regarde le résultat. Tous les trois sont morts. Et vous aller sans doute mourir aujourd'hui. Tu as trop souffert.. viens te servir de ta haine, pour protéger ceux que tu aimes. Le pouvoir t'aidera."

Je sentais mon père trembler alors qu'il tentait encore de me retenir. Ses mâchoires se serraient comme les miennes, mais je n'y faisais plus attention, j'étais obnubilée par les trois personnes, juste aux cotés de Voldemort. Ils étaient tellement beaux et souriants que je voulais les rejoindre. Personne d'autre que moi ne pouvait les voir, ce que j'ignorais.

Ma mère qui regardait Voldemort, hochait la tête pour appuyer ses propos. Puis elle tournait son visage illuminé vers moi. Elle était tellement belle et semblait tellement apaisée.

Ma sœur, me tendait la main : "Viens, Ange. C'est fini, viens avec nous." me lançait-elle d'une voix que je ne connaissais pas.

Les larmes ont roulés sur mes joues alors que j'entendais sa voix pour la première fois. Mon frère Gabriel, appuyait ses propos.

"On ne souffrira plus jamais."

"Si tu te soumets, je pourrais les faire revenir." annonçait Voldemort en levant sa baguette. "Tout est possible avec mon pouvoir, à condition que l'on me suive."

Il avait raison. Voldemort était tristement dans la vérité, il savait comment me parler, quel mot utiliser. J'ai défais mon poignet de la main de mon père, pour me libérer. J'entendais certains élèves me dire de ne pas le suivre, de ne pas l'écouter. Voldemort riait en comprenant que j'étais en train de céder, de capituler. Il m'était insupportable de vivre sans ceux que j'aimais, la vie était trop difficile. Et maintenant que Harry venait de mourir, je savais que ma vie allait être douloureuse et incomplète, trop meurtrière pour être vraie.

Je regardais mon frère, ma sœur puis ma mère, avant de baisser le visage vers le sol.

"Vous me manquer, tellement..." je disais doucement, si doucement que je pensais que personne ne m'écoutait. Ma mère, semblait m'avoir écouté.

"Nous ne serons plus jamais séparés ma chérie. Ne fais confiance qu'en moi."

J'ai relevé les yeux vers elle, puis vers Voldemort. Je ne sais pas combien de temps il s'est écoulé avant que je ne reprenne la parole.

Je sentais une haine grandissante monter en moi.

Que je ne pouvais contrôler.

Que je ne pouvais pas empêcher de vivre et de sortir par tous mes pores.

Je me suis tournée vers mon père.

"Vous avez raison..." j'annonçais à Voldemort tout en regardant mon père dans les yeux. Des yeux bleus magnifiques, que j'aimais tellement. Je sentais qu'il commençait à être anéanti par tout ce qu'il observait. Je reprenais ma baguette en main, la serrant fort. Mon père étouffait un sanglot, cherchant dans mon regard, cherchant à reconnaître sa fille. Voldemort, lui, a laissé sortir un rire de victoire. Puis je me suis tournée vers le mage noir.

"Quand vous disiez que mon point faible était ma famille... vous aviez raison."

J'ai planté mon regard dans le sien avant de déclarer : "Et je vous interdis... de parler de mon père... de cette façon."

Et je me suis élancée dans une folie suicidaire mais je devais le faire. Ma famille fantomatique s'est évaporée quand le mage noir a compris que je ne me ferait pas berner. Je me suis élancée contre Voldemort à qui j'ai tenté d'envoyer le sortilège Doloris. Il avait fait une grave erreur, jamais ma mère ne m'avait dit que je devais lui accorder une entière confiance. Elle n'a jamais cessée, même dans sa mort, de me dire de ne faire confiance qu'en moi. Je remerciais Dumbledore de m'avoir offert ces cours d'Occlumancie, Voldemort n'avait pas pu lire dans mon esprit, il n'avait pas pu lire que je n'étais pas tombée dans le panneau et que je souhaitais sa mort coûte que coûte.

Alors qu'il repoussait mon sortilège, je pensais l'affronter, et sans doute mourir quand j'ai vu foncer sur moi un sortilège vert, mais à ce moment précis, un bouclier de protection, un Protégo venait de faire barrière, sans doute mon père. En même temps, Harry s'est jeté des bras de Hagrid, détournant l'attention de Voldemort. Harry, était vivant.

Harry était vivant ! J'en trébuchais légèrement au sol sous la surprise et la joie alors que j'entamais une série de sortilèges à l'encontre des mangemorts.

Neville, sortit de nul part, tranchait la tête du serpent qui accompagnait Voldemort. Les choses s'accéléraient à une vitesse folle et il fallait être rapide et réactif pour faire basculer la chance de notre côté. Plusieurs groupes de combat se sont formés naturellement. Nous étions tous poussés par l'espoir, l'espoir de voir Harry vivant. Je hurlais de joie tout en m'engageant dans le combat. Je me suis retrouvée bien vite dans la grande salle, repoussant l'ennemi, aux côtés de Ron et Hermione. J'avais été séparée de mon père qui affrontait Bellatrix Lestrange. Je voulais le rejoindre après une course et me retrouvais dans un couloir. Je ne voulais pas qu'il se batte seul contre une des personnes qui avait ruinée notre vie.

"Fire !"

Je me tournais vers Pansy, qui levait sa baguette vers moi. Nous étions seule dans le couloir et je gardais mon sang froid tout en l'observant, malgré le vacarme des combats autour de nous. Elle avait l'air d'une folle, avec ses vêtements déchirés et ses cheveux en bataille, les joues noircies par le combat.

"Tu es toujours vivante."

"Toi aussi." je répondais calmement.

"Je ne comprends pas... je ne comprends vraiment pas ce qu'il a pu te trouver."

"Effectivement, tu ne connais pas Harry, donc tu ne pourras jamais comp-"

"Je ne parle pas de Potty, pétasse !" me coupait-elle.

Je me taisais, l'observant en silence. Elle s'approchait lentement de moi et de l'escalier qui descendait dans les cachots. Une fissure menaçante surplombait l'escalier.

"Je pensais que ça lui passerait... que je pourrais lui montrer ce que c'était d'être une femme dévouée... mais il a continué d'être obsédé..."

Je ne répondais pas, pour ne pas la provoquer et pour évaluer mes chances de fuite. Et je déduisais silencieusement qu'elle me parlait certainement de Drago. Je ne comprenais pas pourquoi elle restait sur ses positions alors que clairement Drago Malefoy souhaitait ma mort.

"Tu devais mourir dans le hall. Comment se fait-il que tu te relèves toujours ?"

"C'est... c'était toi, l'explosion ?" je demandais, le souffle coupé.

"Oh... ça y est elle commence à comprendre la blondasse !" me répondait-elle avec une grimace.

"Pourquoi m'avoir prêté ta cape ?" je demandais pour gagner du temps et trouver une issue.

"Pour que personne ne reconnaisse ta dépouille." répondait-elle avec franchise et sans complexe.

Je l'observais, j'observais ma camarade se rapprocher de moi, maintenant à la hauteur des escaliers du cachots. Je n'aurais jamais imaginé qu'une fille comme Pansy Parkinson pouvait être aussi déterminée, je l'imaginais beaucoup plus lâche, mais j'avais eu tord.

"Mais, maintenant il sera obligé de tourner la page, parce que tu vas mourir." annonçait-elle en levant sa baguette droit sur moi.

Quand j'ai entendu le bruit de pierre, j'ai d'abord cru qu'elle venait de lancer le sortilège impardonnable. Mais il en était tout autre. Une masse sombre et noir venait de traverser un mur, projetant les pierres et roches un peu partout autour de nous. La fissure bien fragilisée a laissé place à la catastrophe, tout l'étage au dessus de Pansy venait de s'écrouler sur les escaliers, bouchant l'accès aux cachots et emportant la Serpentard dans les entrailles de Poudlard, qui venait de mourir juste sous mes yeux, enterrée vivante par la roche lourde. J'ai pu d'un bond me mettre à l'abris, et observer à l'extérieur que la masse noire venait de chuter lourdement au sol, non loin de mon père qui se battait avec Antonin Dolohov. Cette masse, c'était Harry et Voldemort. Harry était sans baguette.

Je n'avais pas le temps d'encaisser le choc, il fallait que j'agisse rapidement et que j'aide Harry par tous les moyens. Après quelques enjambées, j'arrivais enfin à l'extérieur pour rejoindre le combat. J'apercevais d'un coup d'œil que mon père aidait Harry en repoussant Voldemort comme il le pouvait. Alors que je voulais moi aussi prendre part à l'échange, deux raffleurs passant en sens inverse levaient leurs baguettes vers moi pour m'affronter. Je n'ai eu que quelques secondes pour agir et me défendre, car les sorts pleuvaient bien vite dans ma direction et je sentais que je ne ferais pas le poids.

Quelques secondes de plus ont suffit pour qu'un élève, ou quelqu'un d'autre ne vienne en renfort pour m'aider à les repousser. Je ne prenais pas le risque de regarder qui était-ce, tellement l'échange avec les raffleurs était violent et intense. Une seconde d'inattention et c'était la mort certaine.

Bien vite, je sentais que nous prenions l'avantage. C'était comme si nous nous engagions dans une chorégraphie, dès que l'un se décalait sur la gauche, l'autre suivait, même chose dans les autres directions. Quelques fois, mon partenaire me tirait par l'épaule pour qu'un sort ne m'atteigne pas, ou pour me faire éviter les débris des explosions. Je réalisais que c'était certainement mon père à mes côtés, personne d'autre que lui ne pouvait me connaitre autant et anticiper mes moindres faits et gestes. Je sentais mon cœur se gonfler d'espoir et d'amour alors que nous étions si fusionnels au combat. Je ressentais un sentiment particulier alors que je prenais conscience que nous étions toujours debout, sans doute à une bataille décisive pour le monde des sorciers, toujours ici malgré tout ce que nous avions vécus par le passé. J'étais tellement fière d'être une Fire même si souvent je pensais ne pas mériter le nom de mes parents. Nous avions réussi à atteindre un raffleur, l'autre ne nous laissait tout de même pas la tâche facile, bien que par manque de vigilance, je manquais de me faire tuer. Mais mon père me ceinturait par les hanches pour me plaquer contre lui. Un sortilège de sa part à suffit pour neutraliser le dernier adversaire.

La respiration haletante, je levais les yeux devant moi pour trouver Harry du regard. Je l'apercevais après quelques secondes, aux côtés de mon père, faisant face tous les deux à Voldemort dans un combat acharné. Aux cotés de mon père ?

Je me tournais alors vers celui que je croyais être mon père, celui avec qui je venais d'affronter deux raffleurs. Une personne qui m'avait aidé à m'en sortir. Mon intuition me donnait des frissons tout le long de la colonne vertébrale. Alors qu'après m'être retournée je voyais une nouvelle fois un regard bleu, je pensais vraiment tomber au sol cette fois. Notre position, l'un contre l'autre, me ramenait à ce jour de match opposant Gryffondor à Serpentard, où il m'avait sauvé d'une chute.

C'était encore Drago, qui contrôlait rapidement du regard que je n'avais rien.

J'étais tellement sous le choc que je n'arrivais même pas à dire quoi que ce soit.

La respiration haletante, il s'adressait à moi : "Ça va, tu n'as rien ?"

"Non... toi non plus ?" je demandais me surprenant moi-même de retrouver usage de la parole.

Lui en revanche ne répondait pas à ma question, il partait déjà en direction de Harry et de mon père. Sans me comprendre moi-même, je le retenais par le poignet.

"Non, attends ! " je criais presque.

Il se tournait vers moi. Je me détachais de lui, remarquant en cet instant qu'il avait maigri, et en même temps qu'il était imposant, presque intimidant, comme s'il était prêt à tout affronter. Ses yeux orages transperçaient les miens.

"Qu'est-ce que... qu'est-ce que je dois comprendre, qu'est-ce que... je comprends rien !"

Je sentais ma gorge se serrer en même temps que je lui posais cette question. Je ne savais plus quel mot utiliser. Je ne savais pas si c'était une bonne idée de lui adresser la parole. J'étais tellement angoissée et apeurée que je parlais dans ma langue maternelle. Il me regardait, fronçant les sourcils, ne comprenant sans doute pas ce que je lui demandais.

"Qu'est-ce que je dois faire ?" je demandais comme une petite fille perdue. Ce matin en me levant, jamais je n'aurais pensé une seule seconde que je demanderais ça à Drago Malefoy.

Il s'est approché de moi, m'a saisit les mains et m'a dit, en utilisant le français, me bouleversant d'autant plus.

"Ne fais confiance qu'en toi. Qu'en toi, Ange. Ne l'oublie jamais."

Il a eu du mal à détacher ses mains des miennes, mais je sentais qu'il était dans l'urgence.

Finalement, il a porté mes mains à ses lèvres pour les embrasser. Alors qu'il avait les yeux clos et que sa bouche touchait ma peau, je sentais qu'il tremblait. Moi, j'étais figée. Figée, ne sachant comment réagir en sentant son souffle chaud sur mes doigts.

"Mais, je t'en supplie. Reste en vie." ajoutait-il en détachant ses mains des miennes.

Puis, il m'a regardé droit dans les yeux et je sentais son désir de partir mais à la place, il est revenu près de moi et en prenant mon visage en coupe entre ses mains, il m'a embrassé au milieu des explosions, des cris et des combats. Je n'ai pas eu le temps de réagir qu'il s'est détourné de moi pour rejoindre mon père et Harry.

Drago Malefoy venait de me dire adieu.

Ne fais confiance qu'en toi. C'est ce que ma mère m'avait dit, alors que j'étais avec elle entre la vie et la mort. Comment Drago Malefoy pouvait me dire les mêmes mots, la même phrase ? Je le regardais courir vers mon père et Harry. C'était comme si la scène se déroulait au ralenti.

J'analysais rapidement la situation.

J'étais persuadée que Drago Malefoy avait tenté de me tuer.

Que ma mère était morte devant lui, peut-être à cause de lui.

Qu'il m'avait plaqué le jour où il avait pu prendre ma virginité.

Et je me rendais compte également qu'il m'avait sauvé la vie rien que deux fois cette nuit.

Qu'il m'avait aussi arraché de l'emprise de son père.

Je repensais, à la vitesse de la lumière à ces éléments, remontant des plus récents souvenirs jusqu'aux plus anciens.

Je repensais au jour où il m'avait embrassé dans la salle de bal devant tout le monde, ou de la toute première fois où nous n'arrivions pas à nous détacher l'un de l'autre.

Jusqu'au jour où Drago m'avait empêché de tomber au sol durant le match de Quidditch, le seul que nous avions joué l'un contre l'autre.

Tous ces souvenirs remontaient jusqu'au jour où je l'avais rencontré, où j'avais croisé son regard pour la première fois.

Je laissais les souvenirs m'envahir, comme les personnes qui allant vers la mort, voyaient leur vie défiler devant leurs yeux.

Si tu restes, un autre innocent mourra. C'étaient les mots de ma mère, dans l'autre monde. C'est ce qu'elle m'avait dit alors que je désirais rester avec elle, dans cette douce lumière, dans la chaleur réconfortante de cette plage avec mon frère et ma sœur nous attendant à l'horizon.

Je repensais à tout ça alors que mes jambes décidaient à ma place.

Je courrais vers les trois hommes devant moi.

Je courrais vers un homme qui m'avait offert la vie, un autre qui m'avait annoncé vouloir vivre avec moi toute sa vie, et un troisième qui m'avait sauvé la vie plusieurs fois.

A ce moment-là, Drago a jeté sa baguette à Harry pour qu'il puisse se défendre face à Voldemort.

Pourquoi ? Il se retrouvait désarmé.

Il se sacrifiait.

Voldemort, les yeux rouges, se tournait vers Drago, se rendant sans doute compte de la trahison qu'il vivait.

Je courrais toujours alors que Voldemort pointait sa baguette sur Drago.

Mes genoux encaissaient le sprint que j'effectuais, peut-être plus rapide qu'à l'entrainement.

Ne fais confiance qu'en toi. Je savais qu'il fallait que j'agisse et vite.

Je me suis mise à hurler alors que la bouche de Voldemort prononçait le sort :

"Avada...

"NOOON !"

J'ai eu le temps de voir la surprise d'Harry sur son visage, mon père se rendre compte de l'horreur qui allait se produire devant lui et Drago qui se tournait vers moi, la mine déformée par l'angoisse de me voir foncer sur eux.

Kedavra !"

J'ai percuté Drago en arrivant jusqu'à lui et l'impact du sort nous a envoyé à terre, violemment, à plusieurs mètres.

J'ai voulu lancer un Protégo, l'avais-je fait ? Je ne savais plus, je ne savais pas ce que j'avais eu le temps de faire. J'avais réussi à atteindre Drago et à m'accrocher à ses bras.

Je ne savais plus si je pensais encore, ou si j'étais déjà dans l'abîme. Je ne sentais que l'odeur de l'herbe fraîche dans laquelle nous venions de chuter. J'avais encore en tête les images de mes souvenirs, heureux et douloureux.

Je n'entendais pas grand chose, sinon des cris, des coups. J'entendais un son, régulier, mais rapide. Un des premiers sons qu'un humain peut entendre. Un son que l'on ne peut découvrir que grâce à sa mère. Un son qui nous berce neuf mois durant. Celui d'un cœur qui bas.

Quand j'ai enfin pu rouvrir les yeux, je ne découvrais cette fois-ci non pas un ciel illuminé d'étoiles, mais un ciel rougeâtre, offrant un beau spectacle pour l'aube. Voldemort était au sol, inanimé. Je le voyais parce que mon visage était tourné de son côté. Je ressentais la chaleur d'un corps, sous le mien.

C'était Drago, qui était vivant.

C'était son cœur qui venait de me rassurer, qui venait de m'indiquer que j'avais réussi à le sauver. J'ai été soulevée par le Serpentard alors que lui-même se redressait. Il semblait complètement à côté de la plaque, ne comprenant sans doute pas pourquoi il était encore vivant. J'ai pu apercevoir Harry, vivant lui aussi, qui venait de terrasser Voldemort une bonne fois pour toute.

C'était fini, tout était enfin terminé.

Je me suis alors tournée vers Drago, ne sachant quoi lui dire, mais il était urgent que je lui parle, que je comprenne ce qui venait de se passer. Je n'ai pas eu le loisir de lui adresser un seul mot, son visage affichait une expression qui me faisait peur. Il était en train de regarder au sol. En suivant son regard, je découvrais mon père, allongé et inanimé, baignant dans une marre de sang, plus loin de nous. Un poignard était logé dans son abdomen.

Drago a saisi l'une de mes mains pour la serrer dans la sienne. Une horde de personne s'occupait déjà de mon père pour le transporter à l'hôpital le plus proche. Est-ce qu'il était vivant ?

Alors que je tenais tout juste debout grâce à la pression de la paume de Drago, je sentais sa main s'arrachée de la mienne. Des Aurors étaient en train de le menotter, pour en faire de lui un prisonnier.

"Non, attendez !"

J'étais déchirée entre l'envie de rejoindre mon père et celle de libérer Drago Malefoy.

Je cherchais Harry du regard pour qu'il fasse quelque chose, qu'il dise que Drago venait de lui sauver la vie, mais il était en train de serrer Ginny dans ses bras, alors que j'avais terriblement besoin de lui. D'autres de nos amis communs étaient autour de lui et ne semblaient pas se rendre compte de ce qui se déroulait.

Mon père était en urgence vitale.

Drago Malefoy était sur le point de partir pour Azkaban.

Harry venait de mettre un terme à la terreur.

Mais il ravivait la mienne.


Que pensez-vous de cette suite ? J'ai toujours autant de plaisir à interagir avec vous, alors, si le cœur vous en dit, laissez moi un petit message, je répondrais avec plaisir ;) Calamity13