POV ANGE
Il y a des sons rassurants comme le battement du cœur.
Le battement qui raccroche à la vie, qui démontre qu'il y a encore de l'espoir.
Il y en a t-il lorsque ce battement est remplacé par un bruit électronique ?
Pas toujours...
Assise dans la pièce blanche, mon père et moi avions échangé les rôles.
Branché à une machine, je tenais sa main dans les miennes. Il était tellement pâle qu'il rivalisait avec les draps de son lit. Ste Mangouste avait énormément progressé dans sa façon de gérer les patients, plusieurs appareils ressemblaient fortement à ceux utilisés par les Moldus. Le monde sorcier s'inspirait énormément de leur mode de vie depuis quelques semaines. Voldemort n'était plus là pour influencer le choix de tous et éloigner les idées Moldues.
John Fire était plongé dans le coma. Sa blessure à l'abdomen était très grave, il avait perdu énormément de sang. J'avais pu donner un peu du miens pour l'aider à revenir à lui. Malgré tout, il était toujours inconscient. C'était Bellatrix Lestrange qui l'avait poignardé alors qu'il tentait de protéger Harry. Celle-ci était morte de la main de Molly Weasley, la mère de Ron.
La fin de l'après-midi s'installait doucement. J'étais épuisée physiquement et moralement. Il s'était passé un mois depuis la bataille de Poudlard. Harry était chaque jour au ministère de la magie pour clôturer les enquêtes et reconnaissances des corps suite à la dernière bataille. Chacun voulait l'avis de Harry Potter, pour des choses aussi insignifiantes concernant l'administration, mais aussi pour l'enfermement à perpétuité des mangemorts arrêtés. Il y avait une multitude de rumeurs selon lesquelles Harry prendrait la tête d'une brigade d'Aurors. Malgré son jeune âge. Je pensais secrètement que c'était prématuré et inutile de le surcharger autant de travail. Nous n'avions pas eu réellement d'échange depuis que la guerre était terminée, tous les deux très occupés par nos problèmes respectifs.
Drago Malefoy était en détention au ministère, c'est ce que m'avais dit Harry. Son procès allait s'achever le lendemain matin, je l'avais su par hasard en lisant la Gazette du Sorcier. Tout allait décidément très vite. Je ressentais des sentiments très contradictoires en pensant à lui. Pourquoi est-ce qu'il était enfermé, pourquoi ne le laissait-on pas parler alors qu'il avait sauvé la vie du Survivant, ainsi que la mienne ?
"Miss Fire ?"
Je me tournais vers une médicommage qui venait d'entrer dans la chambre avec un calepin dans les mains.
"Je suis désolée de vous déranger, mais il me faudrait quelques documents concernant votre père, savez-vous si vous pourriez éventuellement nous les fournir ?"
"Oh..."
Je posais délicatement la main de mon père sur le draps, et me levais pour m'approcher et jeter un coup d'œil à la liste des documents demandés.
"Nous avons été informés par les autorités que votre père est passé au ministère de la magie, à Londres" me précisait-elle, sachant bien que mon père était le chef d'état sorcier français. Beaucoup l'appelait le ministre, mais en France, c'était le Président du monde sorcier.
"Peut-être que vous retrouverez une partie de ses affaires là-bas ?" ajoutait l'infirmière avec un air compatissant.
Je hochais la tête en relevant les yeux sur elle.
"Oui... peut-être. Est-ce que c'est urgent ?"
"Et bien, le plus tôt sera le mieux."
"Très bien.. j'y vais de ce pas."
J'avais énormément de mal à laisser mon père, j'avais presque fait une crise d'hystérie juste pour aller prendre une douche une fois, ayant peur de louper son réveil. Mon père se réveillerait... j'en étais certaine. Je voulais en être certaine. Sans lui, je ne pourrais plus continuer. Et de nombreux secrets resteraient enfouis et non résolus. Je savais qu'il avait connaissance d'informations capitales. En marchant dans le couloir, je manquais de rentrer dans un infirmier qui sortait d'une chambre.
"Excusez-moi.." je disais en continuant mon chemin.
Comme toute personne l'aurait fait, j'ai détourné les yeux vers la chambre en question. J'ai pu découvrir une femme allongée dans un lit, à côté, un parchemin venait de tomber. J'ai voulu prévenir l'infirmier en me retournant mais il n'était plus là. Je me dirigeais alors vers la chambre, choisissant d'aller ramasser le document pour le rendre à l'équipe médicale. Malgré que la femme dans le lit semblait dormir, elle était belle et avait presque un air aristocrate. Hypnotisée par cette femme, j'avançais doucement dans la pièce, remarquant des photos posées sur la table de chevet. Je ramassais finalement le feuillet et le déposais sur une tablette, près des photographies que je commençais à regarder. Ma curiosité était trop grande, c'était là, l'un de mes défaut.
Cette même femme était plus jeune sur l'une d'entre elle et je découvrais qu'elle tenait fièrement un bébé dans ses bras. Elle était hypnotisée par son bébé, le couvrant de doux baisés. Je fondais devant cet amour si pur. Sur une autre photographie, cette même femme donnait un chocolat à un petit garçon de quelques années qui sautillait joyeusement pour attraper le chocogrenouille. Sur une suivante, elle applaudissait avec énergie un jeune garçon qui volait sur un balai.
Et sur une autre ...
"Drago ?" je murmurais en prenant doucement le cadre entre mes mains. C'était bien lui, plus jeune, je le reconnaissais maintenant. Il semblait tellement heureux et souriant sur les clichés que j'en étais bouleversée, habituée à le voir porter son habituel air sombre et des yeux glacials.
J'étais donc devant le lit de Narcissa Malefoy. Pourquoi était-elle ici ? Je me souvenais avoir parlé une seule fois de la mère de Drago, devant lui en personne. Je croyais qu'elle était totalement indifférente aux coups que portait son mari envers son fils, mais elle ne pouvait pas s'interposer. Car elle était ici.
Que lui était-il arrivée ? Est-ce que Lucius Malefoy en était le responsable ?
Ma curiosité me poussait à avancer et à déposer les yeux sur le calepin accroché au lit. Elle avait été admise ici plusieurs mois auparavant, ayant subit un sortilège inconnu mais destructeur, qui faisait mourir ses organes les uns après les autres. Son état semblait critique et je sentais monter l'horreur en lisant "Soins palliatifs"
Je jetais un regard désolé à Narcissa Malefoy. Je n'avais peut-être aucun pouvoir pour la sauver, mais je prenais conscience que je pouvais peut-être sauver son fils. Je sortais de la chambre, me rendant compte que je n'avais rien à faire ici et surtout que j'avais été déjà trop loin dans les informations. Mais je continuais de penser à elle alors que je sortais enfin du bâtiment. Je pensais à elle, douce et aimante, comme toute mère pouvait être. Et j'imaginais que son vœu le plus cher était que son fils soit en sécurité. Et j'avais l'intuition que je pouvais reprendre le flambeau.
Contrairement à ce que j'imaginais, prendre l'air frais me faisait du bien. J'ai décidé de ne pas utiliser les transports en communs pour avoir tout le loisir de sentir le vent sur ma peau, mes muscles se décontracter, observer les enfants jouer dans les parcs. Je m'étais ressourcée en une seule sortie. Je refusais de me laisser sombrer, je ne devais pas craquer, je devais rester forte pour mon père.
Je connaissais un peu le ministère de la magie, aussi, il a été facile de trouver les bureaux des aurors, où mon père était allé avant de se rendre à Poudlard. Ses papiers en main, je traversais les longs couloirs en direction de la sortie, observant les noms sur les portes, les tableaux et tout ce qui se trouvait sur mon passage, jusqu'à ce que je reconnaisse la voix d'Harry.
"Non, il est hors de question de le libérer !"
"Mais, M. Potter, compte tenu des éléments que nous possédons..."
"Drago Malefoy restera à Azkaban jusqu'à la fin de son procès, c'est clair ?"
Azkaban ?
L'homme qui discutait avec Harry est sortit du bureau, serrant contre lui un dossier sur lequel était inscrit Malefoy en gros dessus. Je m'approchais du bureau, où Harry était en train d'écrire, sensiblement très concentré. Hermione était non loin de lui, en train de classer des dossiers. Je n'ai pas pu m'en empêcher, je me suis avancée et j'ai fais claquer la porte derrière moi, ce qui faisait sursauter les deux amis.
"Ange ? Qu'est-ce que tu fais là ?" me demandait Harry en lâchant sa plume.
"Azkaban ? Drago Malefoy est à ... Azkaban ?" je lui demandais en essayant de garder mon calme, mais le ton de ma voix exprimait clairement la menace.
Hermione jetait des coups d'œil vers son meilleur ami, puis retournait poliment à son tri, essayant de nous ignorer.
La Gazette des Sorciers avait donc délibérément menti ? Ou bien est-ce qu'elle avait eu la mauvaise information, et de qui ?
"Oui. Pourquoi est-ce que ça te concernerait ?" répondait-il comme si de rien n'était.
"Pourquoi ? Parce qu'il m'a sauvé la vie Harry ! Et à toi aussi !" je lui criais presque dessus, ne comprenant pas qu'il n'est pas la même logique que moi.
Harry me regardait fixement sans rien répondre, puis il s'est levé après un soupire, a contourné son bureau et est venu poser ses mains sur mes épaules.
"Chérie, je voulais te ménager.. avec ce que tu traverses, je pensais que c'était une bonne idée de te cacher ça." m'annonçait-il simplement en plongeant ses yeux dans les miens.
Je trouvais très étrange qu'il me nomme Chérie alors que nos échanges étaient platoniques depuis que l'on s'était retrouvés. Je ne pouvais m'empêcher de le revoir dans mon esprit en train d'embrasser Ginny. Passer pratiquement un an dans un centre de formation avec des garçons m'avait appris à ne pas trop étaler mes sentiments. Et l'état de santé de mon père était le plus important problème à régler pour moi.
"Justement. Tu devrais être honnête avec moi, parce que je traverse déjà quelque chose de difficile." je répondais doucement.
"D'accord. Je suis désolé."
J'observais Harry alors que je repensais soudainement à Narcissa Malefoy, allongée dans un lit, seule.
"Est-ce que je pourrais te demander une faveur ?" je demandais finalement en posant mes mains sur ses bras.
"Tout ce que tu voudras." répondait Harry en repoussant une mèche de mes cheveux de mon épaule.
"Laisse sortir Drago, sa mère est sur le point de mourir." je disais en sentant les larmes monter.
Hermione a levé les yeux vers nous, elle semblait prendre connaissance de cette nouvelle.
"Impossible." répondait-il, intraitable en retirant ses bras de mes épaules.
"Pourquoi ?" je répondais décontenancée.
"C'est comme ça." répondait Harry en faisant maintenant face à la fenêtre. J'observais ses poings se crisper alors qu'il me tournait le dos.
"Mais... Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?" je demandais en haussant le ton à chaque mot.
Harry se tournait vivement vers moi.
"Non, qu'est-ce qui ne tourne pas rond, chez toi !" criait-il en plantant son doigt dans mon épaule, me faisant reculer.
"Tu es sérieuse, tu voudrais faire une fleur à cette pourriture ? Dois-je te rappeler que c'est lui, qui a tué ta mère ? Et tu voudrais qu'il est la chance de dire au revoir à la sienne ? Et tu voudrais qu'il sorte d'Azkaban ?"
Je regardais un Harry Potter que je ne connaissais pas, que je ne reconnaissais pas. Il était devenu cruel et presque violent.
Hermione pinçait les lèvres, elle semblait vouloir intervenir et en même temps, devait se sentir incroyablement gênée.
"Concernant ma mère, on n'en sait rien. Tu nieras jusqu'au bout qu'il nous a aidé durant la bataille ? " je demandais en le regardant dans les yeux, gardant une voix calme cette fois.
"Il a voulu passer pour un héros, n'empêche que c'est un traître à la nation. Qui peut dire qu'il était de notre côté ?"
"Mon père ! Je le répète, mon père était clairement de mèche ! Et toi, tu encourages la justice à faire enfermer un innocent, tu sais que tu pourrais payer pour ça ?"
"Ange, ton père est dans le coma ! Et je t'interdis de me menacer, après tout ce que je fais pour toi ! Je te protège depuis des lustres et c'est comme ça que tu me remercie, en me menaçant ?" continuait-il en commençant à hurler dans le bureau. Hermione se rapprochait de nous pour tenter d'apaiser les esprits.
"Harry, Ange... vous êtes épuisés et..."
Je coupais la parole d'Hermione en me concentrant sur Harry.
"Je l'ai vu ! Prends mes pensées pour le procès, j'en sais rien, mais je te dis qu'il y a quelque chose à découvrir ! Pourquoi t'aurait-il lancé sa propre baguette Harry ?" je demandais, désespérée de connaitre la vérité.
Harry m'observait d'un air sombre et a pris le temps d'articuler chaque mot, chaque syllabe qui sortaient de sa bouche :
"Si tu parles encore une fois de Malefoy, je demande à Ste Mangouste de t'interner de force pour que tu te reposes. C'est compris ? Et concernant ce fils de pute de Malefoy, il sera puni pour tous les crimes que lui et sa famille ont commis. C'est notre ennemi. Ne l'oublie jamais."
Harry m'a contourné, et ça a été à lui de claquer la porte, tellement violemment qu'il faisait tomber un tableau au sol. Alors que je comptais le suivre pour terminer cette discussion, je sentais monter un fourmillement dans tout mon corps, me paralysant, me forçant à m'asseoir par terre. La tête tournante, je prenais conscience que je faisais un malaise jusqu'à ce que j'entende une voix sanglotante me murmurer "Ne l'oublie jamais". Alors que j'avais les yeux ouverts dans le bureau de Harry, je pouvais également voir la chambre de préfet de Drago. Comme des flashs qui me donnaient la nausée, je revoyais les bougies que Drago avait allumé. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivais, ni où j'étais vraiment.
Après quelques minutes, j'ai pu reprendre mes esprits. Hermione étaient à mes côtés, un verre d'eau dans la main.
"Ca va ?" me demandait-elle doucement.
"Oui... merci Hermione." je répondais en saisissant le verre.
"Dis-moi la vérité, comment se passe le procès de Drago ?"
"Oh, Ange, tu devrais -
"Demander à Harry ? Oh, tu as bien vu comme la communication est rompue entre nous !" je disais en me frottant les yeux.
"Je suis désolée... je suis tellement peinée de vous voir comme ça..." disait-elle en m'aidant à me relever. "Tu devrais te reposer Ange, tu es épuisée."
"S'il te plait Hermione... le procès. Dis-moi, comment ça se passe ? Harry me cache clairement mes choses, il profite du fait que je passe mes journées à l'hôpital."
Hermione regardait autour d'elle, semblant peser le pour et le contre.
"S'il te plait..." j'insistais en sentant qu'elle était sur le point de céder.
"Très bien.. demain est le dernier jour du procès avant le verdict. Ils vont interroger Malefoy pour la première fois. A priori, compte tenu des éléments que je possède.. il souhaite se soumettre au Véritasérum. Il a également réclamé une pensine."
Je sentais l'espoir monter en moi, il se soumettait entièrement à la justice et révélerait tout. Il répondrait à toutes mes questions, tout ce qui m'empêchait de dormir depuis plus d'un mois.
"Sa mère.. à Malefoy .. elle est vraiment mal en point ?" me demandait Hermione.
"Oui. Son pronostic vital est plus qu'engagé, elle est en fin de vie, inanimée. A priori, elle a subit un sortilège destructeur."
Après quelques minutes de silence, je quittais le bureau, expliquant à Hermione que je devais me rendre à l'hôpital pour mon père. Je n'avais pas quitté l'étage que je croisais quelques aurors qui me dévisageaient. Ils avaient travaillé avec mon père, je m'en souvenais en croisant leurs regards.
"Miss.. Fire ? Que faites-vous ici ? Comment va John ?"
"Oh, je m'occupe de l'hospitalisation de mon père. Il... il est toujours dans le coma mais il est stable."
"D'accord. Pouvons-nous nous permettre d'insister... concernant le procès de demain ?"
"D'insister ?" je demandais en haussant les sourcils.
"Nous comprenons tout à fait que vous refusiez de vous y rendre, mais il est capital pour le bien de l'enquête et du jugement que vos paroles soient entendues."
J'observais les deux aurors quelques instants en essayant de rassembler mes esprits.
"Comment ça ? Je veux dire... vous parlez du procès Malefoy ?"
Les deux collègues se regardaient du coin de l'œil avant de me faire face.
"Et bien, effectivement. Vous avez fait passé le message par Harry Potter. Vous avez refusé d'assister au procès. Deux fois."
Si je n'avais pas eu les cours d'occlumancie avec Dumbledore, j'aurais fait tombé tous mes documents au sol et serait sans doute partie à la recherche d'Harry pour lui faire la leçon de sa vie. Mais à la place, je réfléchissais à la vitesse de la lumière. Si j'indiquais clairement que je n'étais pas au courant, Harry aurait de gros ennuis et malgré ma colère noire contre lui, je voulais toujours le protéger, il n'avait pas besoin d'avoir d'ennuis avec la justice. Après tout ce qu'il avait vécu, il était normal qu'il est des failles, lui aussi. Et les auroros semblaient le soupconner.
"Mademoiselle Fire, si monsieur Potter vous cache des choses ou vous manipule... Survivant ou pas, il devra répondre de ses actes devant le tribunal."
"Hum.. non ce n'est pas.. excusez-moi, avec tout ce qui se passe je suis déboussolée et je ne sais plus vraiment ce que je fais...rappelez-moi... pourquoi voulez-vous que j'assiste au procès ?" je demandais en feignant d'être perdue.
"Nous avons besoin de vous voir à la barre pour nous expliquer tout ce que vous avez vu et vécu la nuit de la bataille. C'est essentiel que nous ayons un maximum d'information pour le jugement de Drago Malefoy. Il va également passer à la barre pour donner réponse à nos questions... Nous allons parler de votre mère."
Je déglutissais avant de respirer profondément. Je touchais du bout des doigts le dénouement d'une énigme que je n'arrivais pas à résoudre depuis plus d'un an. J'étais impatiente et effrayée en même temps. Qu'est-ce que nous allions découvrir ? Qu'est-ce que Drago allait répondre, qu'est-ce qu'il allait expliquer au meurtre de ma mère et de tout ce qui avait pu se produire la nuit ou Dumbledore et Léa étaient partis dans l'autre monde eux aussi.
Est-ce qu'il allait avouer qu'il m'avait sauvé juste pour échapper au baiser des détraqueurs ?
Je regardais intensément les deux aurors avant de demander :
"A quelle heure la séance commence t-elle ?"
Assise dans la salle d'audience, je me faisais discrète. J'étais arrivée bien avant l'heure de la séance pour que personne ne remarque mon entrée. Je m'étais hissée tout en haut de la salle, sur le banc le plus haut possible, pour que les journalistes ne fassent pas crépiter les flashs de mon côté. Dans l'ombre, la capuche de ma cape posée sur mes cheveux, j'attendais que la salle se remplisse. Je sentais mes entrailles se contracter alors que Harry arrivait, avec Hermione. Harry saluait les aurors présents dans la salle quand Hermione a levé les yeux vers moi. Avec un pincement de lèvres et un signe de tête évocateur, elle m'indiquait qu'elle m'avait vu, mais qu'elle n'en dirait pas un mot à Harry. J'étais soulagée d'avoir une amie comme elle, qui comprenait pourquoi j'avais besoin de réponses à mes questions. Ginny est arrivée elle aussi, s'installant à coté d'Harry. Ils ne se sont rien dit, mais Harry lui a pris la main. J'étais hypnotisée par ce geste. L'audience allait démarrer dans quelques minutes. J'ai ressenti un fourmillement me parcourir lorsque le juge est arrivé, s'est installé et a demandé :
"Faites entrer l'accusé !"
Je respirais profondément, me préparant à revoir celui qui était surnommé à l'école le Prince des Serpentards. Je ne l'avais pas revu depuis que je l'avais protégé de Voldemort. Pourquoi l'avais-je fait d'ailleurs ? J'avais beaucoup de mal à expliquer mon geste.
Drago est arrivé dans la salle, sous un silence pensant et lourd. Entouré par deux gardiens, il avançait lentement, signe de son affaiblissement. Je retenais un sanglot alors que je découvrais une chevelure presque brune, et plusieurs kilogrammes en moins. Azkaban était un lieu inhumain, qui transformait les détenus. Il s'est assis au centre de la pièce, sous la lumière blanche, gardant les yeux au sol. Son avocate, une belle femme au cheveux longs et bruns, s'est assise non loin de lui.
"La séance peut commencer."
Il y a eu un long moment où les faits ont été rappelés, puis le résumé des dernières audiences ont été exposés. Harry semblait satisfait malgré qu'il est un air grave sur le visage. Je ne comprenais pas comment je pouvais me retrouver dans une telle impasse avec lui. Lui qui m'avait déclaré vouloir vivre sa vie entière avec moi sans que je ne comprenne la raison.
"Est-ce que le témoin est là ?" demandait le juge en regardant Harry. Drago a relevé le visage vers le juge, puis a frénétiquement chercher du regard, dans la salle. Il regardait partout, puis vers Harry. Ce dernier a alors hoché la tête négativement en direction du juge, provoquant un soupire parmi les avocats. Les aurors que j'avais vu au ministère la veille, assis non loin de Harry, se sont tournés vers moi. Hermione également.
Le témoin. Il parlait de moi. Le juge a alors tourné un parchemin pour continuer la séance, mais je me suis levée. Quelques personnes se sont tournées vers moi, curieuses de mon comportement mais le juge ne m'avait pas vu et continuait son monologue.
"Excusez-moi !" je disais finalement d'une voix forte.
Cette fois-ci, toutes les personnes présentes se sont tournées vers moi. Y compris Harry et Drago, qui plissaient des yeux comme pour voir sous ma capuche. J'ai finalement retiré le bout de tissu sombre de mes cheveux, aussi sombre qu'est devenu le regard de Harry quand il m'a reconnu.
"Je suis là." j'annonçais en croisant le regard gelé de Drago, qui venait d'avoir un hoquet de surprise. Harry a retiré sa main de celle de Ginny. Il y eut quelques flashs de photographes vers moi, mais je restais stoïque. L'avocate de Drago s'est alors avancée au bas des escaliers pour me tendre la main. Elle avait l'air beaucoup plus positive que lors de son entrée dans la salle d'audience.
"Miss Fire, merci d'être venue. Pouvez-vous descendre s'il vous plait ?" me demandait-elle d'une voix encourageante.
Après quelques minutes où j'ai du décliner officiellement mon identité auprès du juge, je me retrouvais à la barre, prête à témoigner. On me proposait du Véritasérum, je le prenais après quelques secondes de réflexion. Je devais dire la vérité si je souhaitais que Drago en fasse autant. Je gardais mon regard verrouillé sur l'avocate et le procureur pour garder toute ma concentration. Je racontais comment j'avais vécu la nuit où ma mère était décédée à Poudlard. J'avais quelques difficultés à en parler mais la potion agissait pour moi, dévoilant à toute l'audience que j'avais rencontré Drago juste avant qu'il ne tente de nous tuer ma mère et moi. Tandis que je narrais mes souvenirs, des images me revenaient en tête. Je me souvenais très bien de mon entrevue avec le Serpentard dans les couloirs du château, expliquant qu'il semblait être au courant de mes cours d'Occlumancie, alors que je n'en avais parlé à personne, sauf Dumbledore. Puis, nous en sommes venus à la bataille de Poudlard.
"Miss Fire, pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes vous retrouvée à l'école Poudlard la nuit du deux mai ?"
Je n'avais pas entendu la question posée par le procureur, parce que mon cerveau venait de m'envoyer une image de la chambre de Drago. Sa chambre de préfet. J'étais abasourdie et troublée de penser à ça maintenant. Mais je ne pensais pas, cette image s'imposait à moi.
"Miss Fire ?"
J'ai du cligner des yeux deux fois pour me reconnecter à la réalité.
"Hum... oui, pardon."
Je repartais alors dans un monologue, expliquant comment j'avais su que Harry était à Poudlard, que j'avais déduis que mon père était à l'école lui aussi. Je détaillais comment j'avais pu prendre l'avion. J'avais expliqué tout en détails, racontant même mon sentiment d'horreur quand j'ai vu Poudlard dans les flammes.
"Donc votre patronus vous a conduit dans le hall de l'école et vous avez échangé cette discussion avec Pansy Parkinson."
Drago s'est redressé sur sa chaise en m'écoutant parlé de Pansy.
"C'est exact. Elle a prétexté que Drago m'avait reconnu, parce qu'il connaissait mon Patronus... et qu'il voulait me tuer. Alors, elle m'a donné sa cape de Serpentard pour qu'on ne me reconnaisse pas."
"C'est à ce moment-là que vous avez aperçu votre père à l'extérieur ?" enchaînait le procureur.
Je ne voulais pas parler de ce que j'avais vu, pas ici, pas en public. J'enfouissais en moi ce souvenir depuis plus d'un mois, seulement, le Véritasérum était plus fort que moi.
"Non." je disais en baissant les yeux au sol.
"Non ? Vous avez vu quelqu'un d'autre ?" demandait le procureur.
"Oui." je disais en relevant les yeux vers lui.
"Qui avez-vous rencontré ?"
"Harry Potter et Ginny Weasley étaient dans le hall. Mais nous n'avons pas parlé. Ils ne m'ont pas vu." je disais en gardant mes yeux dans ceux du procureur.
"Ils ne vous ont pas vu ?"
"Non... parce qu'ils se disaient.. au revoir." j'annonçais en lançant un regard à Harry et Ginny qui se décomposaient sur leur banc. Hermione leur adressait un regard interrogateur. Je voyais du coin de l'œil que Drago était très attentif à ce que je disais, il buvait mes paroles depuis que j'étais à la barre. Je parlais de l'explosion, du souffle qui m'avait projeté à terre. Puis du moment où j'avais reconnu mon père.
"... c'est à ce moment-là que Lucius Malefoy est arrivé près de moi, m'a désarmé, et m'a serré la gorge..." j'expliquais péniblement en gardant les yeux au sol.
J'avais comme l'impression de sentir ses mains autour de mon cou encore aujourd'hui.
"Comment vous en êtes-vous sortie ?" demandait le procureur.
J'ai laissé le souvenir s'imposé d'abord dans mon esprit. Je laissais la scène se dérouler une nouvelle fois, ressentant encore l'odeur de la poussière et de la roche explosée. Je ressentais encore le soulagement d'être sauvée. J'ai levé les yeux vers le procureur après quelques secondes, puis finalement j'ai préféré regardé les yeux gris de Drago, qui avait le même souvenir qui se reflétait dans les yeux. Je le regardais alors que je déclarais la vérité :
"Il est arrivé de nul part, agrippant Lucius Malefoy par les épaules. Il l'a jeté au sol, loin de moi. Lucius disait que quoi qu'il avait en tête, je mourrais de toutes façons. Et c'est là, qu'un troll des montagnes a projeté au sol une cloche de l'école... tuant Lucius Malefoy sur le coup. Ce n'est pas lui qui est l'auteur de ce crime."
Je continuais de regarder Drago, dans les yeux en disant la vérité.
"Qui était-ce, Miss Fire ? Qui vous a sauvé ? "demandait le procureur.
"Drago Malefoy m'a sauvé la vie." je disais sans équivoque, recevant en retour une foule de commentaires de la salle d'audience, qui semblait choquée.
Je n'avais parlé de ça, à personne. Car personne, à part mon père et Drago, n'était témoin de cette scène. Drago me regardait, puis finalement, passait ses mains sur ses yeux, rompant notre contact visuel. Il était bouleversé. Le juge a fait revenir le calme, et nous en sommes arrivés enfin au récit de la dernière bataille, que Drago m'avait encore protégé contre les raffleurs et finalement, qu'il avait jeté sa baguette à Harry qui n'en avait plus. J'ai même été jusqu'à avoué que j'avais protégé Drago, parce que sur le moment je ne comprenais plus si je devais le mettre hors d'état de nuire ou le sauver.
"Il m'a sauvé la vie deux fois cette nuit-là." je concluais en baissant les yeux au sol. J'étais quelque peu honteuse, car je ne savais pas s'il était responsable de la mort de ma mère.. et je l'avais sauvé moi aussi. Le procureur se tournait vers Harry, sans un mot. Apparemment, Harry n'avait pas fait part de l'intention de Drago, du moins, pas dans cette version-là. Le juge a demandé une suspension d'audience d'une heure, le temps d'analyser mes déclarations. Je me suis levée pour sortir par le fond de la salle, j'ai ouvert la première porte qui venait à moi et je me suis enfermée dans une pièce, sans la verrouiller. C'était dit. Tout était dit. Je me suis laissée glisser sur le sol, pour évacuer la pression.
Harry m'a rejoint après quelques minutes, s'est accroupi auprès de moi et a voulu prendre mes mains dans les siennes. Que j'ai retiré quelques secondes plus tard.
"Ange... s'il te plait, regarde moi."
J'ai levé les yeux vers lui pour plonger dans deux émeraudes. J'aurais voulu lui adresser un regard noir, mais je n'en avais plus la force.
"Pourquoi ne m'as tu pas dit pour Lucius Malefoy ?"
Je continuais de le fixer alors que je répondais : "Quand ? Quand est-ce que j'aurais pu ne serait-ce que parler de la météo avec toi, Harry ?"
"Excuse-moi, je ne suis pas disponible pour toi..."
"Tu l'es pour Ginny, apparemment."
J'ai vu ses yeux s'emplir de larmes.
"Écoutes, ce que tu as vu, c'était une erreur. Une grave erreur. Je... j'avais peur de mourir, il faut que tu me comprennes."
"Je sais ce que c'est, d'avoir peur de mourir, Harry."
Un silence s'est installé, accentuant le fossé énorme qui se creusait entre nous. Nous nous sommes levés tous deux pour nous faire face.
"Ange, il faut que tu comprennes, que jamais je ne te voudrais du mal. Je suis juste perdu et affaibli, mais tu verras, après le procès, on pourra reprendre notre relation ou elle s'est arrêtée." déclarait-il comme s'il croyait vraiment ce qu'il disait. Je le regardais quelques instants sans rien dire.
"Tu as raison sur un point. Notre relation, s'est arrêtée, Harry. Je suis désolée, mais je n'ai plus la force de vivre comme ça." je lui murmurais en me rendant compte que Harry mentait et me manipulais à sa façon, et ce n'était pas acceptable. Ne faire confiance qu'en soit. Apparemment, le Veritaserum faisait encore son effet, je ne suis pas certaine d'avoir eu le courage de lui dire une telle chose sans ses effets.
J'ai quitté la pièce, le laissant derrière moi. Il a du sortir juste devant la porte pour que je l'entende dire : "Non, ce n'est pas fini, tu te trompe."
Je n'ai rien répondu. Je me suis isolée pour le reste de la pause.
C'est Harry qui se trompait.
C'était fini.
Pov Drago
Toc toc toc
"La séance va reprendre, silence dans la salle !" beuglait le juge derrière son bureau imposant de bois, frappant avec son stupide marteau.
Assis cette fois-ci à la barre, j'allais enfin m'expliquer. Plus aucune issue possible. Et c'était tant mieux. J'avais tellement hâte de me libérer de ce fardeau, de ce secret énorme enfoui en moi depuis tout ce temps. Il était temps de révéler mes plus lourds secrets.
Une femme m'a présenté un plateau sur lequel se dressait du Véritaserum.
"Monsieur Malefoy, est-ce que vous souhaitez vous soumettre au -"
Elle n'avait pas terminé sa phrase que j'avais déjà reposé le flacon vide sur son plateau. Je voulais en finir, au plus vite.
J'ai relevé les yeux devant moi, vers Ange, qui me regardait assise sur son banc. Je voyais de là, qu'elle tremblait et tentait de le masquer en bloquant ses mains sous ses cuisses.
"Monsieur Malefoy" commençait le procureur, "voulez bien nous parler de-"
Une nouvelle fois, j'allais vite, plus vite.
"Oui." Je me tournais vers Ange.
"Ange, je te promet de te dire toute la vérité si tu es prête à l'entendre. Je suis désolé, pour tout, mais j'espère que tu comprendras."
Elle se mordait les lèvres pour ne pas pleurer. Je savais très bien qu'elle attendait ce moment depuis aussi longtemps que moi. J'ai vu sa gène, que je m'adresse à elle de la sorte devant toute l'assemblée, mais son besoin de réponse prenait le dessus. Je m'en foutais de m'expliquer avec la justice, c'était envers elle que je devais des explications, des réponses à ses tourments. Le procureur commençait à gueuler mais je parlais plus fort que lui. Il fallait que je lui parle, car quelque soit l'issue, j'allais certainement finir mes jours en prison. Potter ne me louperait pas.
"Je n'ai jamais été l'homme que tu as cru connaitre, jamais. Depuis ma rencontre avec toi jusqu'à aujourd'hui, j'ai joué un rôle. Je t'ai trompé et humilié. Je n'ai jamais été franc, je ne t'ai jamais respecté. Je me moquais de toi."
Cette fois, malgré sa volonté, Ange pleurait, mais continuait de m'écouter, de me regarder.
"Mais ça, c'est ce que tout le monde croit. C'est ce que tout le monde, toi y compris, devait croire."
Je n'ai eu juste qu'à prendre le flacon qui contenait mes souvenirs, validés en amont par la cour, pour le vider dans la pensine qui était juste à ma droite. Mes souvenirs tourbillonnaient dans l'eau, plus possible de faire marche arrière. Malgré le fait que je me prenais pour un Malefoy dans toute sa splendeur et n'attendait personne pour avoir une autorisation, le silence s'est fait dans la salle pour voir et écouter mes souvenirs. Les journalistes étaient captivés et écrivaient frénétiquement sur leurs parchemins, car ils savaient qu'ils allaient vivre une séance croustillante et vendraient des tas de journaux le lendemain matin.
"Voilà, la vérité." j'annonçais en regardant le juge.
Puis je me tournais vers Ange alors que le film de mes souvenirs de l'année passée se connectait à la salle, et que toutes les réponses, les vérités, s'exposaient.
"La vérité, Ange Katty Fire, c'est que je t'aime, désespérément."
Et la vérité a éclaté.
Une petite review, votre avis, un petit mot, ce que vous voulez... ça a tendance à me booster ;) A très vite ... pour la vérité ! Calamity13
