notes: Bonjour, bonsoir! Voici la suite de Saint Kanon! Une longue partie de l'histoire qui j'espère vous plaira. Je vous souhaite une bonne lecture.


Troisième histoire: L'engrenage du destin


Dans le miroir de sa chambre qui jouxtait la salle du trône, Shion s'observait, lui, son corps qui n'avait pratiquement pas changé en deux siècles. Enfin quiconque le voyait ainsi pouvait le dire. Pourtant, en se détaillant, des rides se prononçaient un peu plus autour de ses yeux bruns en amande desquels des éclats violets se distinguaient et dépourvus de sourcils. Les deux points rouge foncé sur son front n'avaient pas bougé depuis sa naissance, mais bien plus bas, ses joues ne possédaient plus le moelleux d'antan qu'adoraient les enfants qu'il avait connus, autant des apprentis des siècles passés que ces jumeaux à cette époque qu'il avait élevés et chéris comme ses propres enfants. Désormais ils étaient devenus de grands garçons, de beaux adolescents. Le temps passait vraiment vite, tandis que l'un était un des meilleurs instructeurs du Sanctuaire, et l'autre le plus puissant protecteur d'Athéna jusqu'à présent. D'autres chevaliers furent élus depuis, et le domaine sacré vivait au rythme des entrainements des apprentis, et d'un quotidien à l'apparence paisible.

Personne n'imaginait que tout cela se faisait en vue d'un conflit datant de la nuit des temps, dans le but de préserver la paix sur terre et la sécurité de ses habitants. Pourtant le début de cette guerre contre Hadès, le seigneur des Enfers, approchait inéluctablement. Le Grand Pope le savait, le sentait en lui. Cette impression de déjà vécu l'effrayait presque.

Il en avait tremblé quelques semaines plus tôt, quand, isolé sur la haute et inaccessible colline de Star Hill, observant la course des astres, un petit être descendait du ciel au beau milieu de la nuit. Un nouveau né, une petite fille à priori inoffensive, mais entourée d'une aura puissante et pourtant bienveillante. Athéna était revenue sur Terre. Elle s'était réincarnée.

Dès lors, il avait compris que la roue du destin était enfin enclenchée et que rien ne pourrait entraver le cours des choses. Malgré les détours que l'on pourrait prendre pour éviter la guerre Sainte, lorsque le moment arriverait, personne ne devrait reculer.

Son rôle à lui avait changé dans ce XXème siècle. L'armure du Bélier qu'il avait portée dans l'époque précédente appartenait à son disciple, Mu. Quand bien même cet enfant était encore jeune, il lui faisait confiance et n'avait aucun doute sur son héritier. Shion, lui, se contentait de maintenir le bon ordre au sein du Sanctuaire et, par télépathie, communiquait avec son disciple, ainsi qu'avec son vieil ami, son compagnon au travers des siècles qui était isolé aux Cinq Pics de Rozan en Chine, Dohko, le détenteur de l'armure de la Balance. Celui-ci surveillait un point stratégique d'où provenaient la plupart des âmes de l'armée d'Hadès. Si Athéna était ressuscitée, il allait devoir redoubler de vigilance. Telles étaient leurs dernières missions confiées à ces deux chevaliers rescapés de la précédente Guerre Sainte.

L'ancien Bélier ne songeait plus à revêtir une armure, et, toujours s'observant dans ce miroir, détaillant aussi ce corps qui avait de perdu sa musculature en plusieurs siècles, quand bien même il se sentait toujours autant en forme, il soupira et prit une décision importante. Pour l'avenir et pour le Sanctuaire.

Une voix féminine l'appela par delà la lourde porte en bois qui séparait ses appartements de la salle du trône. Probablement une servante, et vu l'heure matinale, il était temps de prendre soin du nourrisson, encore innocent et qui ne réclamait que de l'attention.

運命

Penchés au dessus d'un berceau dont les voiles blancs de dentelle tombaient jusque sur le marbre du palais du Grand Pope, deux petits garçons observaient le bébé qui gazouillait en leur direction.

« T'as vu, Milo, Athéna aussi bave et elle a même pas de dents!

-Pff, c'est pas vrai, Aiolia. C'est pas Athéna là, c'est juste un bébé.

-Mais si c'est Athéna, c'est Pépé Shion qui l'a dit.

-Oui bah Pépé Shion, il est vieux, il voit même pas que c'est pas Athéna mais un nouveau bébé abandonné au Sanctuaire. Athéna, quand elle viendra, elle sera comme la grande statue tout en haut. Ce sera une belle dame avec une super armure et elle tuera tous les méchants et Kanon et moi, on les tuera juste après et même que toi et ton frère, vous aurez pas le temps de vous battre parce qu'on est les plus forts.

-T'es trop débile, Milo. Athéna c'est un bébé mais elle va grandir aussi. Et je suis sur qu'elle se souviendra de ce que t'as dit et elle te fera nettoyer le Sanctuaire avec ta brosse à dent pourrie pour te punir!

-Tais-toi, toi! Tu sais rien du tout, t'es qu'un sale chat qui reste dans les pattes de ton grand frère.

-Et toi, tu te crois un scorpion mais t'es même pas plus grand qu'une fourmi et Kanon il t'écrabouillera aussi!

-Je vais te … Aïe... aïe... Mais... lâche mes cheveux le bébé!

En effet, la toute petite fille avait saisi de ses minuscules doigts une épaisse mèche de cheveux bleu nuit appartenant au futur chevalier du Scorpion.

-Ah ah! Tu vois que c'est Athéna, s'écria Aiolia triomphant. Elle te punit déjà de tes bêtises!

L'enfant poussa alors des sons comme un rire.

-Regarde, Milo, elle sourit!

-Je peux pas, elle tient mes cheveux!

Tandis que le garçonnet se débattait pour rependre ses mèches de sorte à ne pas faire pleurer le nourrisson, deux ombres s'approchèrent de part et d'autre du berceau.

-Alors, on embête notre déesse?

-Tu vois que c'est notre déesse, Milo, même Saga le... Saga?!

En effet, dans le dos de Aiolia se dressait son instructeur, la mine sévère. Juste en face de lui, Kanon des Gémeaux se trouvait derrière Milo. Les jumeaux et meilleurs amis de Aiolos étaient apparus comme par surprise!

-Vous devriez la laisser, les servantes vont venir la chercher pour son bain, là, fit l'ainé d'une voix douce et loin d'être menaçante.

-Oui mais elle tient mes cheveux et elle a trop de la force, se plaignit Milo.

-Essaye de les retirer doucement, suggéra Saga. Elle ne t'en voudra pas.

Le petit garçon tenta et réussit à se dégager des petites mains. Il jeta un regard dans les grands yeux ouverts et pétillants et sentit en lui quelque chose de spécial, qu'il ne comprit pas sur le moment. Comme une impression que ce bébé abandonné ici, dans le Palais de Pépé Shion, il se devait de le protéger quand il serait devenu un grand chevalier. Et qu'importait si elle était leur déesse ou non, ce serait sa mission.

-On a été sage avec Athéna, déclara Aiolia à ses ainés.

-Dis, Kanon? C'est vraiment vraiment Athéna dans le berceau? Moi j'y crois pas, parce que tu m'as dit et même Pépé Shion aussi, que quand elle viendrait sur Terre, elle serait comme la statue.

-C'est bien elle, confirma le chevalier des Gémeaux.

-Bah t'es qu'un menteur, se buta Milo. Athéna c'est un bébé, pas une dame.

-Tu sais que ça grandit aussi, les bébés?

-Ben pas Milo, répliqua Aiolia. Il comprend rien et c'est lui le bébé!

-Toi t'es pas mieux, t'es un chaton et les chatons c'est plus petit que les bébés hommes!

A ces mots, le futur chevalier du Lion se jeta sur son camarade pour le taper, mais avant qu'il n'eut le temps de le toucher, il se sentit soulevé dans les airs, tout comme le futur Scorpion. Les deux garçons étaient portés sous les bras des jumeaux comme des sacs.

-Bon maintenant, vous vous calmez, trancha Kanon. Milo... ça veut dire qu'on ne me donne pas des coups de pied dans le dos ou je te laisse dans la quatrième Maison.

-Ca va pas? Il est flippant le grand là!

-Alors tu es sage.

-On va descendre jusqu'à la grande arène, dit Saga qui tenait Aiolia. Je suis sur que tu vas retrouver quelqu'un qui t'a manqué!

-Mon grand frère est revenu?

Malgré sa position incongrue, le petit garçon ouvrit de grands yeux brillants et un sourire s'élargit sur son visage.

-Oui, ça y est!

-Saga, lâche moi alors! On y va tout de suite!

L'instructeur sourit et déposa Aiolia au sol avant de se faire frapper de coups de pied et de poing sous l'excitation.

-Il était où, Aiolos? Demanda Milo.

-Il était parti en mission dans une chaine de montagnes en Espagne. Je pense qu'un nouveau chevalier d'Or vient d'arriver parmi nous, répondit Kanon.

-Moi, je m'en fiche, je veux voir mon frère. On y va!

-Attends moi, Aiolia...

-On ne court p... »

Saga abandonna l'idée de sermonner les plus jeunes. À leur âge et même maintenant, s'il ne se retenait pas à cause de son statut d'ainé et sa profession, lui aussi aurait bien dévalé tous les escaliers jusqu'en bas juste pour retrouver son ami d'enfance.

運命

La grande arène au beau milieu du Sanctuaire. Ces murs qui l'entouraient qui dataient des temps mythologiques, qui avaient vu bon nombre de chevaliers et d'apprentis s'affronter dans son enceinte et qui tenaient bon malgré les siècles passés et ceux à venir.

Saga, passant sous l'arcade d'une des entrées, se rappelait de son tout dernier véritable combat quelques années auparavant, quand il tentait d'obtenir le titre de chevalier des Gémeaux, contre son frère. Cet affrontement si intense qui avait duré une éternité dans son esprit, en pleine averse. Il avait perdu face à Kanon, mais il n'en gardait aucune rancœur. Il était fier de son cadet devenu un grand guerrier malgré son jeune âge, qui, au fur et à mesure des années, devenait un modèle pour les plus jeunes. Il n'y avait qu'à observer le petit Milo qui passait tous ses entrainements avec lui et trouvait mille et une ruses pour ne pas rentrer sur l'ile de Milos et continuer sa formation avec l'ancien Scorpion. Ce petit garnement adorait Kanon et le prenait comme un modèle.

Il n'y avait aucun doute pour que cet enfant devienne un jour un grand chevalier. De ce que Saga voyait, il savait se battre, redoubler de ruse quand il le fallait et possédait un cosmos puissant qui ne demandait qu'à être maitrisé.

Si seulement il pouvait écouter quand c'était l'heure des cours théoriques...

L'ainé des jumeaux donnait des leçons à tous les enfants du Sanctuaire, sans distinction du rang de chevalier auquel ils étaient destinés. Le Grand Pope voulait que chaque habitant ait une instruction correcte comme n'importe quel enfant. De ce fait, Saga avait bon nombre de ses journées chargées à apprendre à lire, écrire, compter, et même enseigner l'histoire du monde et des chevaliers d'Athéna, ainsi que la mythologie et les astres. Il s'en était fait sa mission, sa raison d'être sur le domaine sacré.

Après, dans la classe dans laquelle se trouvait Milo, il y avait aussi Aiolia, entre autres. Et depuis peu de nouveaux arrivants qui deviendraient probablement des chevaliers d'or. Mais surtout ces deux là étaient intenables quand ils avaient décidé de ne pas écouter. Saga avait beau en mettre un devant et l'autre tout au fond de la classe, les menaçant de passer leur jour de repos avec les gardes pour nettoyer des endroits particulièrement ingrats des terres d'Athéna, rien n'y faisait. Les deux amis, quand ils avaient décidé de faire des bêtises, rien ne les arrêtait.

Or, là aussi, par la présente, l'instructeur devait les canaliser pour entrer et monter dans les gradins de l'arène.

Un combat important allait se dérouler et l'un des adversaires était Aiolos, le grand frère du futur Lion.

Tout d'abord, installer les deux boules d'énergie sur les bancs de pierre et prier pour que Kanon l'aide un minimum.

« Pourquoi on va pas devant? Se plaignit Aiolia.

-On ne se met jamais au premier rang pour un combat aussi important, expliqua Saga.

-Pourquoi? Moi je veux encourager mon frère pour qu'il batte son adversaire!

-C'est pas le but, ajouta Kanon. Là, Aiolos va juste confirmer que le nouveau sera un chevalier d'Athéna. C'est le dernier examen de passage avant que le Grand Pope ne donne l'armure sacré. Et puis ce sont deux guerriers puissants qui vont s'affronter. Être au premier rang c'est dangereux.

-Il a pas intérêt à tuer Aiolos, répliqua Milo. Le chat il va pleurer et moi je l'aime bien aussi, il a de la classe.

-Comment tu... ATCHAAAA!

Aiolia n'eut pas le temps de répondre qu'il fut saisi d'une crise d'éternuement.

-Tu vas bien, s'inquiéta Saga.

-... je crois mais... Y a un truc qui me pique les yeux et ATCH...

-J'ai compris, s'écria Milo. Il y a Aphrodite et le gars super flippant qui sont là, regardez!

A quelques sièges des jumeaux et des deux garçonnets, deux jeunes chevaliers en tunique d'entrainement étaient assis: celui du Cancer, et celui des Poissons. Tous deux promus chevaliers d'Or. Le premier était assez étrange aux yeux de Milo et Aiolia. Toujours à dire des gros mots, aimant parler de la mort, des Enfers et réclamant souvent des missions dangereuses ou d'assassinat. En somme il était effrayant, tout comme sa demeure, la quatrième de l'escalier sacré dans laquelle une ambiance lugubre régnait et une odeur nauséabonde pénétrait les narines de tous ceux qui voulaient la traverser. En plus il avait un nom vraiment étrange, un surnom même – Death Mask – et la rumeur disait que même le Grand Pope ignorait son véritable prénom. Ses yeux sombres et perçants croisèrent ceux des plus jeunes qui restèrent figés de malaise.

À côté de ce chevalier du Cancer, se tenait celui des Poissons, Aphrodite. Un jeune homme d'une grande beauté dépassant celles de tous les hommes et femmes habitant le Sanctuaire. Ses longs cheveux bleu ciel voletaient dans le vent et son regard de la même couleur posait un air bienveillant sur les quatre nouveaux arrivants. Lui non plus n'avait jamais donné son vrai prénom, mais très certainement que Shion le connaissait. Il fut le troisième chevalier d'Or de cette génération, après Kanon et Aiolos, mais il n'apparaissait que rarement dans le Sanctuaire. La plupart du temps isolé dans son douzième temple, le dernier avant le palais du Grand Pope, il protégeait son accès grâce à ses roses empoisonnées et l'on racontait qu'il possédait un jardin aux mille plantes en dehors de sa Maison.

Selon les leçons sur l'histoire des chevaliers pendant les classes de Saga, c'était ce que Aiolia avait retenu. Mais surtout, c'était ses narines qui étaient intoxiquées à cause du parfum trop fort de ces fleurs et même du corps entier de Aphrodite qui sentait la rose.

-Oh bonjour, fit ce dernier d'une voix claire. Venez vous assoir avec nous. »

À cette suggestion, Aiolia attendit que les jumeaux fussent installés sur le banc de pierre, tout comme Milo à sa droite pour lui aussi s'assoir, le plus loin possible du chevalier des Poissons. Ses sens dont l'odorat étaient très développés, et il devait apprendre à se maitriser pour supporter le parfum de ces roses. Il n'avait rien contre Aphrodite. Mais si devenir le Lion d'Or l'aiderait à mieux supporter ce futur frère d'arme, alors c'était une motivation supplémentaire pour être plus fort. La première étant de rendre fier son grand frère qu'il aimait tant.

D'ailleurs, Aiolos apparaissait enfin dans l'arène, sous les cris d'encouragement des spectateurs venus assister au combat. Il s'avança, vêtu de son armure du Sagittaire, vers la partie ouest des gradins où trônait le Grand Pope dans sa robe de cérémonie d'un blanc immaculé tandis que le soleil brillait majestueux dans son dos. À ses côtés, une prêtresse tenait dans ses bras la petite Athéna qui ne bougeait ni ne criait malgré le vacarme qui régnait. Le chevalier posa un genou à terre, pour saluer le patriarche.

Sur les marches, un petit garçon se tenait debout sur le banc de pierre, espérant avoir l'attention de son grand frère tout en agitant ses bras et sautant comme un fou.

Puis, un autre garçon, plus jeune que Aiolos foula lui aussi la terre battue de l'arène, et imita son ainé, en saluant Shion.

« Shura, te voilà parmi nous, au Sanctuaire d'Athéna, afin de confirmer ton statut, et de revêtir enfin l'armure d'Or du Capricorne, lança ce dernier. Pour cela, tu devras affronter Aiolos du Sagittaire, celui qui t'a ramené des Pyrénées en Espagne, là où tu t'es entrainé. Au cours de ce combat, je veux que tu prouves ta loyauté envers notre déesse en ce lieu sacré, et, de par ta force, que tu montres toute la conviction que tu portes pour protéger notre Terre et ses habitants.

-Oui, Grand Pope, répondit le jeune garçon aux courts cheveux noirs en levant la tête en sa direction. Je vous prouverai que je suis digne de porter l'armure du Capricorne et affronterai Aiolos dans un combat loyal.

-Très bien. Vous pouvez vous mettre en place, et dès que vous serez prêts, que le combat commence.

Tandis que les deux adversaires se dirigeaient au beau milieu du terrain, une petite voix s'élevait au beau milieu des hurlements graves et virils des autres spectateurs.

-Vas-y Grand Frère! T'es le meilleur! Ratatine-le comme il faut! »

Aiolos leva les yeux vers l'enfant qui s'agitait et qui échappait au contrôle de son meilleur ami et de ses ainés. Il voulut lui faire un signe de la main, mais pas le temps.

Shura fonçait sur lui avec une rapidité impressionnante, la main droite tendue telle une lame d'épée prête à s'abattre sur lui. Le Sagittaire l'évita de justesse, mais sentit l'air se fendre autour de lui. Un peu plus et il allait avoir une entaille sur le visage.

Il devait se défendre, riposter si nécessaire, mais ne pas utiliser ses techniques ni son cosmos. Il était un support pour Shura, pour que le Sanctuaire puisse se rendre compte de la puissance de la nouvelle recrue. Le combat ne devrait pas durer une éternité. De par les rapports envoyés au Grand Pope par le maitre du futur Capricorne, ce dernier avait toutes les qualités pour être un guerrier doré. Ce n'était qu'une formalité.

Cependant, il était diablement rapide et agile. Sans rien laisser paraître, ses yeux perçants restant neutres et bien fixés sur sa cible, il fonçait çà et là de chaque côté de l'arène, poursuivant Aiolos sans relâche.

Depuis les gradins, les enfants, à présent debout et captivés par le combat, ne voyaient que deux ombres volant en bas et laissant des trainées de poussières. Parfois le nouveau était par terre, parfois c'était le Sagittaire et dans ces moments là, le lionceau rugissait pour encourager son grand frère de toutes ses forces.

Tandis que ces échanges de coups entre les deux adversaires continuaient, tout à coup, Shura s'arrêta net, Aiolos aussi et se mit en position de défense.

Comme s'il allait faire d'un coup orage au dessus même de la grande arène, l'atmosphère devint lourde et tout le monde, même le Grand Pope eut les yeux rivés en bas. Comme si l'issue du combat arrivait.

En effet, Shura changea radicalement de posture lui aussi. Il se mit droit, les pieds bien ancrés au sol, son bras gauche pointant vers le bas, tandis que l'autre se tendait vers le ciel. Une aura dorée l'entoura alors, et, sans que personne ne comprit, une lame étincelante trancha le sol, l'ouvrant de part en part jusqu'à Aiolos.

Lui même ne sembla pas bouger, comme paralysé, et vit le bustier de son armure se fissurer petit à petit, laissant d'abord quelques gouttes, puis un jet de sang s'en échapper sans qu'il ne pût faire quoique ce soit.

La seconde d'après, il gisait au sol, inanimé.

L'instant d'après, il y eut un silence de surprise.

Depuis l'estrade du côté ouest, le Grand Pope déclara la fin du combat et annonça l'adoubement de Shura en tant que chevalier d'Or du Capricorne. Mais il ne recueillit pas toute la joie qui aurait du exploser à ce moment là.

Dans les gradins, un petit garçon éclata en sanglots, se faisant retenir par le chevalier des Gémeaux et son frère.

Aiolia était prêt à dévaler les escaliers jusqu'à la terre battue pour être aux côtés de son frère couché au beau milieu d'une flaque écarlate.

« Grand Frère! s'écriait-il, sans tenir compte de ce qui se passait autour de lui. Sans même voir de ses yeux humides de grosses larmes qu'en bas, une équipe médicale arrivait au chevet du Sagittaire.

-Calme-toi, Aiolia, fit Milo qui faisait tout pour garder son calme, malgré son chagrin qui montait lui aussi. Il y a les docteurs qui vont soigner Aiolos.

-Mais je veux y aller, moi aussi! Je veux pas qu'il meure!

-T'inquiète, il va pas crever, ton frère, intervint Death Mask assis négligemment sur le banc de pierre. Son âme est pas prête à rejoindre les enfers...

-Oui, rassura Kanon. Je sens encore son cosmos. Faiblement, mais Aiolos est toujours en vie.

-Oui mais... »

Le jeune lionceau n'eut pas le temps de répondre. Saga le prit dans ses bras et, d'une voix douce et se voulant apaisante, lui dit encore et encore que son grand frère allait vivre.

Lui même se le répétait pour se rassurer. Il caressait doucement la petite crinière du garçonnet qui serrait très fort sa tunique.

運命

Maison du Sagittaire, la neuvième de l'escalier du zodiaque.

Kanon pénétra dans le temple, dans l'espoir de retrouver son ami. Aiolos, deux semaines après son combat face à Shura, le nouveau Capricorne, était alité, convalescent. Le Grand Pope lui avait fermement ordonné de se reposer, au vu de l'énorme et profonde entaille qui traversait son torse dont il garderait une cicatrice pendant un bon moment si ce n'était pour toujours.

En vérité, le Gémeaux ne s'inquiétait pas pour le Sagittaire. C'était un homme intelligent, doté d'une gentillesse égale à celle de Saga, et en plus, il était un guerrier puissant et surtout plus diplomate que lui même.

Son chemin au travers de la Maison ne le menait pas directement vers la sortie qui descendait. Le jeune homme bifurqua dans les appartements privés pour passer le bonjour à Aiolos qu'il trouva sagement assis dans son lit, un livre à la main, éclairé par le soleil qui laissait les rayons entrer dans la pièce, du côté du coin couchette. Le reste était un peu chaotique, notamment l'endroit qui servait de cuisine duquel des paquets de pâtes étaient renversés au sol, et même il apercevait une casserole qui semblait brulée, cramée même.

« Salut le grand malade, fit Kanon.

Aiolos leva le nez de son livre et lui répondit en souriant.

-Bonjour, Kanon. Comment vas-tu?

-Moi ça va, je reviens d'un rapport de mission et je viens te passer le bonjour. Ce serait plutôt à moi de te demander comment tu te sens?

-Je vais beaucoup mieux, mais selon les médecins, je ne suis pas encore prêt à reprendre l'entrainement et encore moins les missions. J'avoue que c'est un peu frustrant et je n'ai le droit que de marche dans ce temple et à peine dehors, c'est tout. Heureusement, Saga m'apporte presque tous les jours des ouvrages à lire mais, j'ai quand même envie de courir dans la nature de notre domaine... au moins ça...

-Tu dois prendre ton mal en patience, mais j'ai confiance en toi. Et... franchement j'ai pas envie de me taper tout seul les recherches de nouveaux apprentis...

Aiolos se mit à rire:

-Oui, laisse-moi en quand même!

-Par contre si je puis me permettre... Tu ne devrais pas cuisiner, parce que ton coin cuisine c'est un carnage!

Le Sagittaire se redressa doucement dans son lit.

-Ah ça là bas... En fait c'est Aiolia qui tient à me faire le repas. Je t'avoue qu'il est meilleur dans sa formation de chevalier. Il a failli provoquer un incendie en voulant faire cuire des légumes dans ce qui reste de mon unique casserole.

-Il va mieux au fait, ton petit frère? La dernière fois que je l'avais vu, Saga n'arrivait pas à le consoler après ton accident et il s'était endormi contre lui tellement il était épuisé de pleurer.

-Aiolia a retrouvé son énergie et sa forme. Tous les jours il traverse les Maisons jusqu'ici pour me voir, au moins trois fois par jour et en courant. En plus de sa formation et de ses cours.

-Et il est où là?

En guise de réponse, Aiolos souleva doucement un pan de son drap et dévoila son frère allongé tout contre lui, un bras négligemment posé sur la taille du plus grand, dormant comme un bien heureux.

-Il a passé la nuit avec moi. On a regardé les étoiles par la fenêtre jusqu'à très tard et je ne voulais pas non plus le laisser rentrer au dortoir à une heure trop tardive.

-Bon... je rassurerai mon frère. Je l'ai quitté ce matin pour monter voir Pépé Shion pour mon rapport, et il se rongeait les sangs de pas trouver Aiolia en train d'embêter Milo. Tout va bien donc.

-Et tu as des nouvelles de Shura? Demanda le Sagittaire.

-Mmh... J'ai demandé à Pépé Shion, tout à l'heure, en même temps que des nouvelles des autres, et il paraît qu'il reste toujours seul, à s'entrainer ou dans sa Maison. Il n'a pas l'air de vouloir se mêler aux autres.

-C'est un garçon solitaire, oui. Il était comme ça, quand j'étais allé le chercher en Espagne. J'espère qu'il s'entendra avec les autres quand même.

-Même avec Aiolia? Parce que ton frère, je me rappelle, enfin je crois, vu comme il pleurait tellement, qu'il disait qu'il allait lui faire payer de t'avoir blessé autant.

Aiolos caressa les cheveux châtains clair de son cadet.

-Je l'ai rassuré encore hier soir, que j'allais bien. Ça devrait aller quand il me verra complètement rétabli.

Le poignet posé sur son ainé tenait fermement deux objets.

-Qu'est-ce qu'il tient, là, Aiolia?

-Mon bandeau blanc, celui que je portais pendant mes entrainements. Maintenant, il est un peu abimé, je lui ai promis que j'en mettrai un nouveau. J'ai une vieille tunique rouge dont je ne me sers plus, je prendrai du tissu dedans pour le fabriquer.

-Tu m'énerves à être doué même en couture...

Aiolos rit.

-Et c'est quoi l'autre truc? On dirait un bijou?

-Oui, un souvenir de notre père qui le tenait de son père à lui, il paraît. Je pense que le Grand Pope doit en savoir plus dessus, comme il les a connus bien plus longtemps que nous.

-C'est bien d'avoir des souvenirs de ses parents, songea Kanon à voix haute. Enfin, je me plains pas, j'ai Saga, mais toi, tu as connu ton père et ta mère...

-Plus ma mère, à vrai dire. Aucun d'eux étaient chevaliers mais mon père était le chef des soldats qui gardaient les limites maritimes du Sanctuaire. À sa disparition, on m'avait dit qu'il était allé voir les poissons dans la mer. J'ai compris plus tard qu'une tempête l'avait emporté avec d'autres soldats. Mais j'avais l'âge de Aiolia, donc autant Pépé Shion que tout le monde avait voulu m'épargner la dureté de la vie ici bas. Notre mère s'est affaiblie brutalement après la naissance de Aiolia et on n'a pas eu le temps de l'amener dans une ville plus moderne pour lui prodiguer de meilleurs soins. On m'avait dit qu'elle aussi, était allée voir les poissons et les sirènes...

-Je savais rien de tout ça, fit simplement le chevalier des Gémeaux.

-Il n'y avait que le Grand Pope et Saga qui étaient au courant jusque là.

-Comment mon frère il...

-C'est venu dans une conversation, répondit Aiolos en riant.

-Mouais... On va dire ça... En tout cas, peu importe votre histoire, ça se voit que vous tenez l'un à l'autre. Bon, je vais te laisser. Quand Aiolia sera réveillé, tu lui dis de descendre sinon Saga va vraiment péter un câble!

-Promis, je le lui dirai.

-Ah au fait... J'allais oublier un message du Grand Pope. Dès que les médecins t'en donneront l'autorisation, on devra aller le voir tout les deux dans son palais. C'est important, parait-il.

-Oh... Il t'en a pas dit plus?

-Non. Juste que cela ne concerne que nous deux pour l'instant. Peut-être parce qu'on est les deux premiers chevaliers de cette génération...?

-Je ferai tout pour être au mieux au plus vite. »

運命

Une semaine plus tard, sur le parvis du Palais du Grand Pope.

Vêtu de son armure des Gémeaux, son casque sous le bras, Kanon sourit en voyant arriver son ami du Sagittaire parfaitement rétabli et tout aussi majestueux, ses ailes dorées dans le dos. Se saluant, ils pénétrèrent ensuite à l'intérieur du temple, non sans avoir passé quelques minutes avec leur déesse au regard et au sourire d'ange. Même si elle n'était qu'un bébé, elle attirait le respect et la tendresse. Cette aura aussi infime fut-elle, était d'une grande douceur, et instinctivement, les chevaliers et les apprentis souhaitaient la protéger.

Lorsque les deux jeunes hommes franchirent la grande porte de la salle du trône, ils virent le Grand Pope assis sur le grand fauteuil orné de dorure et vêtu de sa robe blanche ornée de fils dorés de cérémonie.

Kanon ne l'avait vu habillé ainsi que lors des adoubements des chevaliers surtout d'Or. Quand il le recevait en temps normal, il ne portait que sa tenue en vieux velours bleu foncé et surtout, il ne dégageait pas cette impression de distance entre eux, ces enfants qu'il avait vus grandir. Quelque chose clochait. Ce n'était pas Pépé Shion là. Mais le Grand Pope, le dirigeant du Sanctuaire d'Athéna. L'ancien Bélier qui avait vécu plus de deux siècles pour accompagner la nouvelle génération de protecteurs de la déesse et de la Terre.

Comme par réflexe, autant Aiolos que lui même, s'avancèrent jusqu'à s'arrêter devant le trône. À quelques mètres des trois marches qui les séparaient du patriarche et s'agenouillèrent en signe de respect.

« Kanon des Gémeaux, se présenta ce dernier.

-Aiolos du Sagittaire, en fit de même son ami. Vous nous avez convoqués, Grand Pope.

-Merci à vous d'être venus, répondit Shion d'une voix claire et solennelle. Avant toute chose, Aiolos, comment te sens-tu?

-Je ne garde du combat face à Shura du Capricorne qu'une cicatrice sur le torse. Je suis tout à fait apte à reprendre mon rôle de chevalier, à entrainer les apprentis et partir en mission s'il le faut.

-Bien, je suis heureux de l'apprendre. Le Grand Pope marqua un temps avant de reprendre la parole. Je vous ai fait venir tous les deux pour une raison importante et primordiale quant à l'avenir du Sanctuaire. Athéna est revenue sur Terre depuis bientôt trois mois, et quand bien même n'est-elle qu'un nourrisson, cela signifie que le conflit qui l'oppose depuis la nuit des temps à Hadès devrait débuter. Quand? Je ne saurais le dire. J'observe les étoiles régulièrement, mais nous ne sommes désormais plus à l'abri d'un réveil des armées des Enfers. Vous savez aussi que j'ai protégé nos terres depuis la fin de la précédente Guerre Sainte en tant que Grand Pope. Aussi, ma fonction arrive à son terme, et à mon tour de laisser ma place et de choisir mon successeur.

Encore un nouveau silence au cours duquel Kanon se sentit étrangement mal, comme pris d'une crainte fondée. Celui qui les avait élevés, Saga et lui, n'était pas éternel et un jour, lui aussi rejoindrait les étoiles. Il avait beau avoir bientôt quinze ans, être un chevalier hors pair, il n'en restait pas moins un adolescent attaché à sa famille, tout comme son camarade qui tenait à son petit frère et qui parlait avec tant de nostalgie des souvenirs de plus en plus lointains qu'il avait de ses défunts parents.

Le Gémeaux fut pris d'un autre frisson et réalisait peu à peu. Aiolos et lui étaient seuls dans la grande salle avec Shion qui leur confiait sa retraite prochaine. Aucune servante ni prêtresse ni gardes. Rien qu'eux trois. Si ce qu'il devinait était juste...

-Aiolos, Kanon, continua l'ancien Bélier, vous êtes les deux premiers chevaliers à avoir endossé des armures. Des armures d'Or de surcroit. Depuis le début, vous excellez dans tout ce que vous entreprenez et j'ai eu tant de fois la preuve que vous êtes de grands guerriers appréciés de toute notre communauté. L'un de vous deux, je pense, est mon successeur.

-Grand Pope, intervint le Sagittaire. Si je puis me permettre, je suis certain que ce sera Kanon. Non seulement vous l'avez élevé et vu grandir aux côtés de Saga, mais aussi en tant que chevalier et leader, il est meilleur que moi. Je sais que lors de ses missions, il ne se pose pas autant de questions que je le fais, que dès qu'il y a une décision délicate à prendre, il sait faire le bon choix, et sa force ne se limite pas à ses poings et son cosmos. Même si nous n'avons pas eu à faire au moindre conflit, même mineur, Kanon a toujours su faire la part des choses et réagir plus avec sa tête qu'avec son cœur. C'est la différence entre lui et moi. J'ai du prendre des risques inutiles parfois, en prenant en compte mes émotions dans des moments où je n'aurais du le faire. C'est pourquoi, de mon point de vue, Kanon serait le parfait candidat pour vous succéder.

Le chevalier des Gémeaux tourna la tête sur la droite, ouvrant de grands yeux sur son ami qui avait pris la parole. Il crut laisser tomber son casque au sol de surprise. Comment avait-il osé? Sans même lui demander son avis à lui en plus! On parlait de devenir Grand Pope, là, du statut le plus important au Sanctuaire, du représentant d'Athéna sur Terre! Pas d'être danseur de claquettes! S'il ne se retenait pas, et surtout par respect pour les légères blessures pas encore atténuées du corps de Aiolos, Kanon lui en aurait mis une par la figure. Bon peut être pas devant Pépé Shion, non plus. Il avait de la chance l'archer...

-Mmh... Tu as raison, Aiolos, fit le Grand Pope. Je sais que vous êtes à forces égales tous les deux, mais toi, tu sembles plus proche des habitants de nos terres, et tu serais plus fédérateur, au moment de rassembler notre armée. Je sais que vous deux formez un bon duo, et tu viens de confirmer mes pensées. Lorsque le moment viendra, avant, pendant ou après la Guerre, je me retirerai et laisserai ma place à toi, Kanon. Je te rassure, tu ne passeras pas ton temps assis derrière un bureau à faire des papiers. Être Grand Pope est un rôle bien plus important que tu ne peux l'imaginer maintenant, et tu le découvriras avec le temps. J'ai pleinement confiance en tes capacités, et tu ne seras pas seul. Tout le monde vivant au Sanctuaire, du simple soldat à tes camarades dorés, est là pour t'accompagner dans cette fonction. Quant à toi, Aiolos, tu seras son bras droit et sa parole au delà des escaliers du zodiaque. Tu seras son chef de l'armée et tu transmettras les ordres de Kanon. Je sais que je peux compter sur vous.

-Mais, Grand Pope... et vous?

-Moi? Tu ne vas pas m'enterrer aussi rapidement, Kanon, rit le plus vieux. J'irai jusqu'au bout de ma mission, et le moment venu, tu prendras ma place.

-Comment on saura que ce sera le ''moment venu''?

-Je vous le dirai. Même moi je l'ignore encore quand cela arrivera. D'ici là, continuez à faire ce que vous avez toujours fait jusqu'à maintenant. Entrainer les plus jeunes, partir en mission quand il le faut, et surtout restez en vie. Il n'y a pas d'apprentissage spécial pour ce que je fais. C'est en évoluant avec cette envie de protéger notre déesse et les habitants de notre planète qu'on devient Grand Pope concrètement. Quand j'ai pris cette fonction à l'époque, je me suis retrouvé au beau milieu d'un champ de ruines sans savoir que faire. J'ai appris de moi même, avec les survivants et voyez ce qu'est devenu le domaine aujourd'hui. J'ai confiance en vous deux, de tout mon cœur de vieux Pépé.

Cette dernière phrase fut prononcée sur un ton plus doux, celui d'un grand-père affectueux pour ses enfants. Et elle atteignit le cœur de Kanon bien plus qu'il ne le laissait paraître.

Le jeune homme était incapable de dire ce qu'il pouvait ressentir là sur l'instant. Son Pépé Shion venait de lui confier une responsabilité immense pour l'avenir, ce qu'il avait de plus cher. Il ne pouvait pas encore s'imaginer comment il allait se comporter, ni même s'il allait être à la hauteur de l'ancien Bélier. Son esprit était embrouillé. Tout s'accélérait tellement d'un coup...

-Kanon, tu vas bien? S'inquiéta Aiolos.

Le Gémeaux sursauta et remonta un instant de ce brouillard qui encombrait sa tête.

-Euh... oui.. ça va...

-Rassurez-vous, je vous le répète, je vous dirai quand ce sera votre tour, ajouta Shion. Je pense que nous avons fini cette entrevue. Et j'aimerais que vous la gardiez pour vous, pour le moment. On n'est pas à l'abri de mauvaises langues ou de jaloux. Même ici.

-Merci Grand Pope », firent les deux chevaliers en s'inclinant doucement après s'être relevés.

En sortant du palais, Kanon devança le Sagittaire pour la descente des marches. Il avait besoin de se défouler, de se laisser aller, de partir nager dans la Méditerranée pour oublier au moins une heure, qu'il ne serait plus jamais un enfant, mais un adulte désormais.

運命

Assis devant le tableau noir de sa salle de classe, Saga faisait des exercices de respiration. Malgré le vacarme régnant. Ce devait être une interrogation de grec. De simples phrases à compléter, une petite rédaction, et de la civilisation. Avec un niveau avancé tout de même, aucun de ses élèves là, n'était débutant. Et parmi eux se trouvaient six prétendants aux armures d'Or. Ceux qui complèteraient le plus haut rang des guerriers d'Athéna. Certains venaient de l'autre côté du globe et de régions au climat hostile. Pour une évaluation de leurs connaissances théoriques et physiques avant de retourner à leur formation.

Dans ce cas... Pourquoi était-ce le chaos dans la classe avec ces deux terreurs qu'étaient Milo et Aiolia qui faisaient des lancers de boulettes de papier avec leurs règles pour catapultes et que le futur Taureau, aussi grand fut-il pour son âge se jetait d'un côté ou d'un autre pour les rattraper, déclenchant des rires parmi les autres élèves? Et lui, là? Le petit blond qui n'avait pas ouvert un œil de toute la matinée? Avait-il seulement écrit quelque chose sur sa copie?

Heureusement, les deux du premier rang semblaient plus sérieux. Le disciple de Pépé Shion, Mu, ainsi qu'un petit Français qui s'entrainait en Sibérie étaient concentrés sur leur interrogation. Enfin, le futur Verseau donnait l'impression qu'il écrivait un roman à chaque question. Rigoureux, sévère envers lui même et les autres, telles étaient les qualités que les rapports donnaient sur cet enfant. Même pour un bête test de langue. Pourvu qu'au combat il fût pareil...

L'on frappa à la porte. La libération!

Saga ne prit même pas la peine d'annoncer qu'il allait ouvrir, de toute manière, ses élèves ne l'écoutaient plus, dès lors qu'ils avaient terminé leur contrôle. Son frère venait le voir. Merci ô si jeune Athéna pour ce miracle inattendu.

« Je te dérange pas? Demanda Kanon.

-Tu me sauves, tu veux dire... Vivement midi. Il y a un problème?

-Il faudrait que les futurs chevaliers d'Or viennent avec toi dans la grande arène à la pause de midi, justement.

-C'est aujourd'hui?

-Oui, déjà.

-Je vais faire mon possible pour arriver à l'heure et en entier. Ils sont particulièrement excités ce matin.

Le cadet des jumeaux se mit à rire.

-Qu'ils profitent. On était comme ça à leur âge et c'était Pépé Shion qui nous supportait.

-Tu as raison. Si tu as besoin d'aide...

-On se débrouille avec Aiolos. À toute à l'heure. »

Saga laissa son frère partir et soupira. Dès cet après midi, il y aurait du changement au sein du Sanctuaire, une personne importante allait les quitter.

運命

Deux heures plus tard, accompagné de six garçonnets, Saga pénétra dans la grande arène où attendaient déjà son frère, Aiolos, les chevaliers du Cancer, du Capricorne et des Poissons, tous revêtus de leurs armures dorées.

Aiolia afficha un franc sourire à la vue du Sagittaire mais sa joie s'effaça devant Shura. Milo lui serra le bras pour le faire se calmer, mais, au moment de passer devant leurs ainés, le lionceau ne put s'en empêcher. Il décocha un coup de pied de toutes ses forces dans le tibia de l'Espagnol. Armure dorée contre chaussure en cuir, le petit garçon se retint de crier de douleur. Saga le sermonna, Aiolos aussi, un peu. Il avait très mal, mais il sentit qu'il avait obtenu une petite victoire. Il avait décelé dans les yeux de Shura une impression différente, loin du vide incroyable qu'il y régnait. Il était gêné! La prochaine fois, ce sera le même coup, cent fois plus fort et avec l'armure du Lion!

Les onze jeunes guerriers, confirmés et encore apprentis se mirent en ligne dès l'arrivée du Grand Pope, dans sa tenue blanche des grandes cérémonies. À ses côtés, la prêtresse principale qui tenait Athéna dans ses bras et d'autres servantes tenant des bagages.

Saga se déplaça pour quitter les enfants et se mettre derrière Shion. Celui-ci prit alors la parole:

« Chevaliers, merci d'être présents aujourd'hui. Pour les plus jeunes qui l'ignoraient jusqu'à présent, Athéna s'est réincarnée et est présente ici même avec nous dans les bras de la prêtresse Elisa. Nous attendons l'arrivée imminente d'un homme important avec qui je me suis entretenu par courrier et en qui j'ai pleinement confiance. Un bienfaiteur, œuvrant dans les causes humanitaires et qui se sert de sa fortune pour venir en aide aux personnes qui en ont le plus besoin. Cet homme, Kido Mitsumasa, est japonais, et c'est dans sa demeure qu'ira vivre Athéna désormais.

Shion marqua un temps, laissant la stupéfaction s'échapper de chacun des chevaliers.

-Mais, elle va être en danger loin de sa maison, s'écria Milo. Moi je veux pas, je veux la protéger!

-Calme-toi, Milo, intervint Kanon. Laisse le Grand Pope finir.

Celui-ci reprit, tandis que le futur Scorpion se mit à bouder.

-Je sais qu'en dehors du Sanctuaire, on a l'impression que notre déesse pourrait être en danger, et c'est tout à fait normal de ressentir cela. Mais elle ne grandira pas en tant que déesse, mais juste comme une petite fille comme les autres. Et, le moment venu, elle reviendra parmi nous, telle Athéna. C'est une mesure de sécurité et, près du Japon, en Chine, mon vieil ami, Dohko, le chevalier de la Balance saura veiller sur elle de loin. Tout était prévu.

-Alors, on est là pour lui dire au revoir? Demanda Aiolia.

-Oui. Elle reviendra vite », affirma Shion.

運命

Allongé dans l'herbe, les bras et les jambes en étoile, Milo regardait le ciel, un filet blanc se dirigeant vers l'est. À ses côtés, Kanon lui lisait une page d'un livre de science naturelle, mais il ne s'intéressait même pas.

« Dis, Milo, si je t'embête avec mon fonctionnement de l'appareil digestif, tu me le dis...

-Kanon... Tu crois qu'elle va être bien, Athéna, au Japon? Le pépé il a l'air plus vieux que Pépé Shion... Il pourrait même mourir dans l'avion là!

Le chevalier des Gémeaux referma le manuel.

-Tu arrêtes de dire des bêtises un peu? Tout va bien se passer pour Athéna et elle sera heureuse. En attendant son retour, tu veux lui faire plaisir?

-Je veux bien mais comment?

-En devenant un vrai chevalier du Scorpion qui sera là parmi les autres à l'accueillir quand elle sera de retour parmi nous.

-Alors je vais me donner à fond, avec Aiolia et toi! »


notes de fin: Merci d'avoir lu. Ce OS était très long, mais sur mon plan je ne pouvais pas enlever tel ou tel passage. Et j'ai tellement aimé l'écrire que je ne me rendais pas compte de tout ce que j'avais mis. Et je n'ai aucun regret mdr. Chaque scène ici est importante à mes yeux, autant les moments légers avec les bébés Or (dont Milolia mes petits démons préférés) que les choses plus sérieuses comme avec Aiolos et Shion. Je tenais absolument à ne pas tuer Aiolos, il suffit! C'est pourquoi j'ai décidé de mettre plusieurs points de vue, pas seulement celui de Kanon, même si c'est de son histoire dont il est question, beaucoup de persos gravitent autour de lui et je ne peux pas les laisser sans partager leur ressenti à des moments donnés. J'ai mis un petit OC sans prétention en la présence de Elisa, une prêtresse d'Athéna. Sans rôle majeur, je voulais une présence qui s'occupe du bébé quand Shion n'est pas là, tout simplement. Et Elisa, parce que j'aime ce prénom.
Pour la suite, j'ai quelques idées, mais à mettre en ordre, donc ça viendra quand ça viendra.
Les kanji des interludes; 運命, c'est unmei, destin en japonais.
Je vous dis à bientôt pour la suite ou un autre écrit.