Oui, je sais mes chers lecteurs, je suis absente depuis bien longtemps. Mais jamais je n'oublie cette histoire, qui m'est très chère et que je compte bien terminer. Croyez-le ou non, on arrive au bout. Encore quelques chapitres et je pense mettre un point final à cette histoire.

Mais vous le savez, je n'aime pas écrire pour écrire, je préfère que les émotions viennent me surprendre, viennent me torturer aussi. J'aime être satisfaite de ce que je vous fait lire. Oui, car si je laissais mes écrits en états brut, ce ne serait pas vous respecter. Ni vous, ni mes personnages que j'aime tous. Oui, je laisse quelques fautes par-ci par là, mais je pense dans l'ensemble que tout est structuré et lisible.

Il y a trois mois, j'ai rencontré une nouvelle épreuve dans ma vie. Une toute aussi déchirante et douloureuse que la précédente. Une épreuve terrible qui m'a mise KO. Ce genre d'épreuve qui vous fait voir la vie différemment. Qui vous fait démissionner d'un travail, vous fait changer vos relations et vous fait devenir quelqu'un d'autre. Oh, je n'ai pas changé, je dirais juste que je m'emploie à prendre de nouvelles armes pour affronter la vie. Pour commencer, je prends le temps cette fois-ci de guérir mon âme, qui, trop tourmentée et blessée, a laissé mon corps se débrouiller pour supporter ma souffrance... mais le corps lui aussi a lâché, car il n'est pas là pour supporter les maux de l'esprit. Alors il m'a fallut du temps pour me reprendre, prendre soin de moi et accepter ce qui m'est arrivé.

Mon Nindo du moment : sept fois à terre, huit fois debout. Un vrai phénix cette Calamity !

Je vous espère tous en forme, et je reste à votre disposition pour tout échange, que ce soit en review ou en MP.

Bien à vous, Calamity

Pov Astoria

Les mots venaient de franchir ma bouche, comme une urgence. C'en était une, bien évidemment. Je sentais ma vie de couple filer entre mes doigts, mon avenir s'assombrir de jour en jour. Au départ, je savais que rien se serait simple, que rien ne serait évident et encore moins gagné d'avance lorsque j'ai entamé cette relation. Mais j'espérais encore, j'espérais encore gagner son cœur.

Entièrement.

"Et si on se mariait ?"

Voilà les mots que j'avais lancé dans sa direction. Que j'avais lancé presque banalement. Comme si je venais de lui proposer d'acheter du pain à la boulangerie du coin. La boulangerie, cet endroit douillet qui sentait toujours le pain qui sort du four, qui chante quand son créateur au tablier blanc l'installe dans ses panières pour nous amadouer. Cet endroit où les odeurs des céréales, de la noix et du froment tentent de rivaliser avec le beurre des croissants, qui brillent presque sur le papier blanc qui met en valeur les viennoiseries appétissantes. La boulangerie, je l'avais découverte en France, alors que je rendais visite à celui qui serait peut-être un jour mon mari. Il avait suivi un stage de médecine là-bas et il était tombé sous le charme du pays.

J'étais d'accord avec lui, Paris n'avait pas à rougir devant Londres. La France regorgeait de mille et un lieux somptueux, tantôt raffinée par sa gastronomie, romantique dans les rues de sa capitale, impressionnante et autoritaire avec ses monts et ses collines et tellement reposante sur les bords d'une mer bleue azur. Mais malgré toutes ces belles qualités, je commençais depuis peu à ressentir une amertume lorsque je pensais à ce pays.

Je tenais mon crayon de papier entre mes doigts, la mine noire relevée vers le plafond. Je terminais un dossier important pour le juge mais depuis la matinée, je n'arrivais plus à me concentrer et à terminer mon travail. J'étais troublée, j'avais peur. Peur de perdre celui qui partageait ma vie depuis quelques mois. Je pouvais répondre à mes amis que oui, nous étions amoureux, mais le soir, lorsque les portes étaient closes et que nous étions seuls, penseraient-il encore que nous étions amoureux ? S'ils étaient là, s'ils pouvait voir ce qui nourrissait mes doutes...

Quand les portes étaient refermées sur nous, il passait son temps à travailler sur ses dossiers, chose que je ne pouvais pas lui reprocher, j'avais un métier très prenant moi-même. Mais sa manière de se plonger dans son travail m'effrayait et me donnait l'impression que c'était une manière d'éviter de me côtoyer réellement. J'avais auparavant été séduite par sa concentration, aujourd'hui elle m'inquiétait.

Les yeux bleus orage ont croisés les miens et il me regardait avec sérieux, laissant quelques instants les mots planer dans l'appartement.

"Qu'est-ce que tu as dit ?" me lançait-il en rebouchant son pot d'encre noire.

"Et bien... je viens de te demander d'être mon mari.. " je disais en manquant tout à coup d'assurance.

Un temps d'arrêt, voilà la réponse de Drago Malefoy, qui me lançait après quelques instants un léger sourire :

"Astoria, je suis à peine majeur."

"Je te rappelle que j'ai obtenu ton émancipation il y a quelques mois. Tu te montre très responsable depuis toujours." je répondais en observant sa réaction.

"C'est vrai... mais, pourquoi se précipiter ?" me demandait-il d'un ton calme tout en restant assis à son bureau en bois sombre.

Que dire. Voilà plusieurs mois que je me demandais s'il commençait à être heureux à mes côtés. Nous avions passés la fin de la période estivale ensemble avant de retourner à nos occupations professionnelles. Et alors que j'étais en Espagne pour le travail, sa mère était décédée au mois d'octobre. Je n'avais pu assister aux obsèques, ni même le soutenir dans cette épreuve. J'étais arrivée plusieurs jours plus tard, devant une tombe fleurie.

"Tu m'en veux, n'est-ce pas ?" je demandais en plantant mon regard dans le sien.

"De quoi parles-tu ?"

"Je n'étais pas là, pour... pour ta mère." je disais en sentant les larmes monter.

Son visage s'est instantanément fermé, parce qu'il ne supportait pas d'en parler. Il ne pouvait pas parler de sa mère, de son incapacité de l'avoir sauvé. Il ne voulait pas qu'on discute du fait qu'il était seul à son chevet quand le cœur s'était arrêté. J'avais tellement culpabilisé de cette situation. Mais je n'avais pas pu lui offrir ma présence, ni mon épaule pour qu'il se soulage. Les choses avaient été compliqué, si compliqué, parce qu'au moment des faits, ses comptes avaient été bloqués par la justice et il ne pouvait payer les obsèques.

"Astoria, s'il te plait." me lançait-il froidement en se levant et en feignant de ranger ses parchemins pour éviter de me regarder.

"Elle n'aurait pas dû être là, et pourtant elle était là pour toi. Je... elle cherche à prendre ma place !" je répondais en haussant le ton. Je n'avais pas besoin de préciser de qui je parlais. Voilà plusieurs semaines que je gardais cette angoisse pour moi, mais aujourd'hui j'avais le besoin de l'évacuer.

Il s'est tourné vers moi et m'adressant un air sombre. Ce qui me peinait le plus, c'est qu'il avait déviné de qui je parlais, signe qu'elle faisait toujours partie de ses pensées.

"Arrête ! Ne me parle plus d'elle, tu veux ? Elle ne fait même pas partie de nos vies ! Elle m'a quitté, plusieurs fois. Je voudrais oublier cette fille. C'est trop difficile pour toi de faire comme s'il elle n'existait pas ?"

"Et toi, pourrais-tu vraiment faire comme si elle n'existait pas, après tout ce que vous avez vécu ?" je répondais en me levant à mon tour.

Drago n'a rien répondu. A la place il a quitté l'appartement en claquant la porte.

Pov Drago

Flash back

Je ne sentais plus sa pulsation. La vie venait de quitter sa main, en même temps que son corps tout entier. Malgré tout, malgré le bruit strident de la machine qui annonce la fin, j'espérais encore qu'elle ouvre les yeux. Le soleil éclairait faiblement sa chambre, il se couchait en même temps que ma mère quittait la Terre. Tout se brisait en moi, alors que je constatais que sa main se raidissait progressivement.

Un médecin, celui qui s'occupait de ma mère depuis le tout début, venait d'éteindre cette maudite machine qui me faisait du mal, elle aussi. Jane Brown se tournait alors vers moi pour déposer sa main sur mon épaule.

"Je suis sincèrement, sincèrement désolée Drago." me disait-elle en me consolant comme une mère l'aurait fait. Elle s'est assise quelques instants près de moi pour m'accompagner dans ce moment douloureux qui marquera ma vie à tout jamais.

"Est-ce que je peux appeler quelqu'un pour vous soutenir dans cette épreuve ?" me demandait-elle doucement.

"Non... je n'ai plus personne aujourd'hui." je répondais d'une voix brisée.

Non pas que je n'avais aucun sentiment envers Astoria, mais elle n'aurait pu venir et je n'aurais pas eu le loisir de la joindre à temps.

Quelques heures plus tard, le couperet tombait : mes comptes étaient bloqués, ma mère serait donc incinérée par l'hôpital et elle reposerait dans une chambre mortuaire, au milieu d'autres cendres de personnes qui n'avaient plus de famille. Des personnes seules qui ne pouvaient pas avoir une cérémonie digne de ce nom. Alors que j'étais là, pour elle. Elle m'avait tellement donné d'amour et aujourd'hui je ne pouvais même pas lui apporter un digne hommage. J'étais en train de signer douloureusement le formulaire pour procéder de la sorte lorsque Jane est revenue dans le bureau.

"Drago, tu vas pouvoir abandonner cette paperasse." m'annonçait-elle doucement en s'asseyant à mes côtés.

Je l'interrogeais du regard, après avoir séché mes larmes d'un revers de main.

"Quelqu'un vient de régler les frais d'obsèques que tu avais prévus pour ta mère. Je l'ai rencontré hier."

Je plantais mon regard glacial dans celui de Jane qui m'adressait un mince sourire réconfortant. Je savais qu'elle avait cherché plusieurs solutions pour pouvoir m'aider à payer les frais. Elle avait donc réussi. Avait-elle pu joindre Astoria ? Si cette dernière avait régler les frais à distance, alors je ne doutais plus de son attachement à mon égard. Quelque part, son amour m'effrayait. J'avais peur de cette vague d'amour que j'avais l'impression de ne pas mériter. Et en même temps j'avais l'impression qu'elle me manipulait à sa manière.

Perdu dans mes pensées, j'imaginais déjà pouvoir offrir à ma mère une dernière toilette digne d'elle grâce à mon donateur. Un cercueil clair, aussi clair que son âme l'était. Des fleurs en abondances, des roses exclusivement, comme si la magnifique roseraie de notre manoir lui rendait un dernier hommage. Quelques mots, un poème qu'elle aimait. En ensuite, elle reposerait enfin, dignement, non loin du manoir dans le petit cimetière qui avait une vue grandiose sur la forêt de chênes, de bouleaux et de fougères.

La tête entre les mains, soulagé, je laissais se déverser quelques larmes sur le bureau. Jane était toujours là, à mes côtés, pour m'aider à traverser cette terrible épreuve dont j'avais l'impression que je ne pourrais jamais me remettre.

"C'est Astoria ?" je demandais finalement d'une voix faible.

"Hum... Non, je n'ai pas réussi à établir le contact avec elle."

Je relevais le visage en fronçant les sourcils. Qui pouvait bien m'aider ?

"Je... je ne pourrais te dire qui, il n'a pas voulu que son identité soit connue."

C'était donc un homme.

"Jane... je vous en supplie. La personne en question doit connaitre ma reconnaissance."

"Il a stipulé qu'il ne voulait pas que tu connaisses son identité."

"Pour quelle raison ?"

"Il ne voudrait pas que tu te sente redevable, car il ne veut pas être rembourser. C'est un geste... Un geste sincère qui n'attends rien en retour."

J'observais Jane, qui me retournait un sourire compatissant sur le visage. Soudain, une infirmière est arrivée pour demander l'aide de Jane, qui sortait du bureau après s'être excusée. Je devais être soulagé mais j'étais frustré. Je souhaitais plus que tout connaitre l'identité du donneur, c'était important pour moi de le remercier comme il le fallait. C'est pourquoi après avoir vérifié que le couloir était désert, je m'attelais à fouiller le bureau de Jane et sans ménagement.

Je faisais valser au sol les documents qui m'importaient peu. A commencer par la Gazette du sorcier qui parlait d'une visite diplomatique à Londres, mais je n'ai pas eu le temps de voir de qui il s'agissait. Après quelques parchemins envoyés à travers la pièce, je tombais enfin sur le dossier de financement des obsèques de ma mère. La morgue était donc passée dans ce bureau. Après avoir parcouru les détails de l'hospitalisation, je tombais enfin sur le document concernant le transfert de son corps à la morgue et tous les détails des frais.

Au fond, il était noté que le financement avait eu lieu à Paris.

Je relevais les yeux vers le bureau et trouvait l'agenda de Jane. Il m'a fallu simplement tourner la page pour découvrir sa journée de la veille. Elle avait eu un entretien avec quelqu'un. Et le nom, me glaçait toute la colonne vertébrale. Rv avec Fire.

Je revenais vite à moi en entendant du personnel passer dans le couloir, un simple coup de baguette magique et toutes les affaires reprenaient leur place initiale. Dont la Gazette du Sorcier qui relatait d'une visite diplomatique... du chef d'Etat français durant quatre jours.

Le puzzle était assemblé.

John Fire continuait de m'aider à distance.

...

Deux jours plus tard, j'avançais dans les couloirs du Ministère de la Magie. J'avais eu un peu de mal à atteindre l'étage car la sécurité passait au peigne fin chaque personne qui avait rendez-vous. Toutes les autres étaient priés de remettre à plus tard leur visite. Question de sécurité.

J'avais falsifié bien facilement un ancien parchemin en modifiant la date d'entretien, prétextant avoir rendez-vous avec le juge qui gérait ma peine. A côté de mes études j'effectuais mes travaux d'intérêt général en participant à la reconstruction de Poudlard, qui était prête à ouvrir. Encore quelques semaines, et une soirée serait organisée avec les anciens et nouveaux élèves. Je cherchais du regard les journalistes qui devaient suivre John Fire à la trace, mais je n'en voyais aucun, jusqu'à ce qu'au détour d'un couloir, j'aperçoive une jeune femme qui serrait un dossier contre elle et se dirigeait vers moi sans le savoir, car elle était occupée à enfiler son trench gris clair en laine. Son chemisier crème mettait en valeur son bronzage persistant malgré le début de l'automne. J'avais vu dans les journaux qu'elle avait signé une année pour le club de Quidditch de Bordeaux, le soleil était plus présent là-bas qu'à Londres. Apparemment, elle se débrouillait plutôt bien, car le club était classé en seconde place du championnat français depuis quelques semaines.

Elle chassait une poussière de son pantalon chic noir et dirigeait ses bottines en cuir vers moi. Un instant, je constatais qu'elle adoptait l'élégance de sa mère. Rien se laissait penser dans son attitude et sa façon de se vêtir qu'elle pratiquait le Quidditch chaque jour. Elle avait visiblement prit goût aux belles matières. L'environnement sportif dans lequel elle vivait avait contribué à lui donner l'envie d'explorer d'autres styles vestimentaires.

Je me suis arrêté au milieu du couloir, chose qui a attiré son attention. Quand nos regards se sont croisés, elle a vivement placé son dossier sous son bras et s'est arrêtée. Alors qu'elle était à deux pas de moi, un silence s'est fait assourdissant entre nous. Mais Ange a posé son bras sur le mien après quelques secondes.

"Drago, je suis tellement déso-"

"Ce n'est pas toi que je viens voir." je la coupais en repoussant doucement son bras.

Je ne pouvais plus supporter sa présence, parce qu'elle refusait la mienne dans sa vie. Sa vie qu'elle faisait avec Potter. Une photographie de ce dernier dans le journal avait amplifié mon sentiment de haine, une photographie où l'on voyait ce crétin sortir d'une bijouterie avec une bague de fiançailles.

Elle a replacé sa main sur son dossier en pinçant les lèvres, blessée. Une main qui était sublimée par un anneau en or blanc, rehaussé d'un diamant qui brillait de mille feux.

"Très bien.." me répondait-elle alors que j'étais hypnotisé par son bijou.

"Mais tu pourrais m'aider. Je cherche ton père, tu sais où il est ?" je demandais en tentant de reprendre contenance. Peu m'importais d'avec qui elle ferait sa vie, la mienne était brisée.

"Mon père ? Pourquoi ?" demandait-elle alors que je sentais le malaise s'insinuer en elle.

"C'est privé. Je dois le remercier pour quelque chose. Alors, où est-il ?" je demandais en m'impatientant.

Elle allait certainement me demander de quoi il s'agissait car elle a pris une inspiration mais aucun mot n'est sortit de sa bouche durant un léger laps de temps. Elle devait craindre mon regard lourd et insistant.

"Hum.. je pense que tu ne pourras pas le voir avant demain, il s'entretient avec le premier Ministre aujourd'hui.."

"Non, demain, c'est impossible. Dis-lui que je souhaite le voir aujourd'hui."

Nous nous regardions l'un et l'autre avec une mine assombrie. Cette tension entre nous était nouvelle. C'était comme si elle se retrouvait devant un lion prêt à l'attaquer à tout moment. Nous ne savions plus comment nous comporter l'un envers l'autre. Mon chagrin me rendait plus agressif, dans mes paroles et dans mon attitude.

J'allais lui dire que son père devait se débrouiller, que je devais le voir. Mais elle a parlé avant moi.

"Tu seras seul ?"

"Comment ?"

"A... l'enterrement. C'est demain, n'est-ce pas ? Est-ce que Astoria sera rentrée ? "

Je l'observais en essayant de comprendre comment elle pouvait avoir ces informations.

"Comment le sais-tu ? Pour l'enterrement mais aussi pour Astoria ? "

"Drago, c'est juste que je ne voudrais pas que tu sois seul, c'est tellement important de.."

"Comment le sais-tu ?" j'insistais en lui coupant la parole et en haussant le ton.

Elle n'a pas répondu, mais je n'en avais que faire, je venais d'observer le dossier qu'elle venait de négligemment poser sur sa hanche. C'était un dossier de Gringotts, je reconnaissais le logo pour les avoir supplié des centaines de fois de m'accorder l'accès à mon coffre.

"Qu'est-ce que c'est ?" je demandais en fixant son dossier.

"Rien." répondait elle en replaçant vivement ses documents contre elle.

Je n'ai pas pu résister. C'est rapidement que j'ai arraché les documents de ses bras, feignant de ne pas entendre ses suppliques. Je venais de comprendre mais je voulais en avoir le cœur net. Et il ne m'a pas fallu plus de quelques secondes pour découvrir la vérité alors que je parcourais les documents du regard. Ange venait de reprendre son dossier, mais c'était trop tard.

"C'est toi ? " je lançais en transperçant son regard.

"C'est toi qui vient de payer l'enterrement de ma mère ?" je demandais en utilisant un ton menaçant.

Ange ne s'est pas laissée intimider pour autant.

"Oui."

"Pourquoi ?"

"Parce que je voulais t'aider.."

"M'aider ? Attends, qu'est-ce que je dois comprendre, tu me vires de ta vie mais tu continues de me torturer en m'envoyant des fleurs ?"

Ange a froncé les sourcils avant de me répondre.

"C'est pour cette raison que je ne voulais pas que tu saches que c'était moi !"

"Mêles-toi de ta vie, et sors de la mienne, définitivement."

Je pensais la blesser, ce qui était probablement le cas, mais à la place d'arborer un air triste elle m'a envoyé le poing sur l'épaule. On aurait pu croire que cela ne faisait pas mal, venant d'une fille plus petite que soit, mais les entraînements lui donnait une force brute qui m'avait fait reculer d'un pas.

"Tu aurais fait la même chose pour moi, alors la ferme !" me lançait-elle sur un ton de réprimande.

"Peut-être, mais pourquoi tu me dit ne plus vouloir être près de moi et ensuite m'aider à distance ?"

"Parce que je sais ce que tu ressens ! Et tu es seul, comment je pourrais humainement te laisser vivre cette souffrance tout seul ?!"

Je lui adressais un rictus tout en plissant les yeux en écoutant ses paroles.

"Mais je suis seul Ange, tu me laisse seul ! De la pitié, c'est tout ce que tu as, garde-la pour toi. Si c'est pour faire une bonne action et te sentir moins coupable avant d'aller dormir, abstiens-toi."

Elle a voulu me cogner une seconde fois l'épaule, mais cette fois-ci son poing a frappé ma paume, car je m'étais préparé. Je refermais ma main sur ses doigts pour qu'elle se calme. Elle a tout de même continué de s'expliquer en me soutenant du regard la voix saccadée :

"Je n'ai pas pitié de toi, je comprends simplement ta douleur, une douleur que je voulais t'alléger, que tu es un poids en moins. Je n'attendais rien de ce geste Drago, ne crois pas que je cherche à te torturer, sinon je ne serai pas restée dans l'ombre."

Je savais qu'elle avait raison et j'aurais accourue pour elle dans les mêmes circonstances. Mais j'étais tellement rongé par le chagrin et la fatigue que j'avais besoin de trouver un coupable à mes tourments. Ange était ma cible du jour.

"Vu la somme, il faut bien que je remercie ton père. Cela ne peut pas venir de ton coffre." je lançais, mesquin.

"Détrompe-toi. Le quidditch, ça paye bien." me répondait-elle sur un ton de défi.

Nous nous affrontions du regard et je sentais toujours mes doigts agripper les siens, comme l'on se raccroche à l'espoir. Je sentais remonter en moi une vieille faiblesse. Une faiblesse que je voulais voir disparaître.

C'est pourquoi j'ai relâché Ange et je lui ai lancé avant de quitter le couloir :

"Dès que mes comptes sont accessibles, je te rembourserai la moindre mornille. Je ne veux rien devoir à qui que ce soit. Surtout pas à toi." je lançais d'un ton méprisant, malgré moi. Cette fois-ci, j'ai obtenu le regard blessé que je souhaitais voir passer sur son visage.

...

"Est-ce que... est-ce que vous attendez quelqu'un ?"

L'officiant de la cérémonie d'hommage pour ma mère ne savait visiblement pas comment me poser la question. Comment demande t-on confirmation de ce genre de chose, il y a t-il une bonne manière de formuler la demande ?

"Non... je suis seul." je répondais la gorge nouée, la main posée sur le cercueil blanc, les yeux perdus dans les roses fraîches.

Je suis seul, c'est ce que j'avais dit à Ange, c'est pour cela aussi que je lui en voulais tellement.

Qui pourrait venir ? Non seulement le nom de Malefoy était en proie à une haine immense, ce que je comprenais. Mais la seule famille qui m'avait été donné par la vie était morte. Et Astoria était en Espagne. Le matin même, j'avais reçu un mot de John Fire, en déplacement aux Etats-Unis, qui m'adressait son soutien à distance, ainsi qu'un bouquet de fleurs de Jane, le médecin qui s'était occupé de ma mère durant de longs mois. C'était tout.

Nous étions perdus dans la campagne anglaise et le seul réconfort que je trouvais était que le mois d'octobre avait décidé de me faire une faveur. Le soleil régnait en ce vendredi matin. Le cercueil de ma mère était dressé sur une pelouse verte, se détachant par sa couleur blanche. Je m'étais vêtu du plus beau costume qu'il me restait. Un ensemble noir avec une veste cintrée et une chemise blanche. Il me restait encore une cravate assortie, j'en étais heureux de rendre honneur ainsi à ma mère qui apportait une grande importance à l'apparence et aux toilettes raffinées.

Alors que la cérémonie avait débuté depuis quelques minutes, l'officiant s'est soudain arrêté en regardant un point derrière moi, puis m'a lancé en me tenant l'épaule.

"Vous n'êtes pas seul M. Malefoy."

Quand je me suis tourné, j'ai senti mon cœur se serrer alors que je voyais mon ami Blaise s'approcher de moi pour me prendre dans ses bras. Avec lui, quelques anciens élèves de l'école étaient venus et étaient déjà assis sur les quelques bancs en bois que j'avais fait mettre sans grande conviction le matin même. Il y avait des Serpentards et quelques Serdaigles. J'étais tellement ému que je n'ai pas pu dire quoi que ce soit à mon ami au teint chaud.

"Je ne te laisserai jamais tomber mon frère" me murmurait mon ami avant de me regarder dans les yeux et de me tapoter la joue en souriant.

Je ne savais pas quoi lui répondre, mais mon regard parlait pour moi. Après tout ce qu'il s'était passé, nous étions toujours là l'un pour l'autre, même si nos rapports étaient particuliers. Je sentais mon cœur se gonfler d'un sentiment que je ne connaissais pas et je n'étais pas au bout de mes surprises. Alors que j'avais du mal à tenir debout avec cette émotion qui me submergeait, Blaise s'est assis près des autres. C'est à cet instant que j'ai remarqué une présence qui se détachait des autres.

Elle portait une robe noir sobre mais élégante à manches trois quart. De la dentelle noir sublimait ses bras et son décolleté. Une petite pochette était coincée sous son bras. Elle avait chaussé des escarpins qui lui donnait une toute autre allure. Son regard à croisé le mien et j'ai lu son inquiétude alors que je marchais d'un pas décidé vers elle, les yeux assombris. Plus je m'approchais d'elle et plus elle semblait rapetisser et levait les mains vers moi, blême.

"Je m'en vais, je m'en vais si tu veux..." m'annonçait Ange d'une voix faible.

Elle était venue alors que la dernière fois que je l'avais vu je lui avait dit des horreurs. Elle avait persisté, malgré tout. J'avais beaucoup de mal à comprendre ce qui se passait dans sa tête, ne sachant pas très bien ce qui se passait dans la mienne. Ange s'était déjà tournée et commençait à quitter les lieux, ne cherchant pas à faire d'esclandre. Mais je l'attrapais par le bras pour qu'elle soit face à moi.

"Je ne veux pas te torturer Drago... je voulais juste.. "

J'allais lui dire quelque chose, je voulais m'adresser à elle, mais à la place, j'ai éclaté en sanglot en la prenant dans mes bras, pour la serrer contre moi et mon cœur, mon cœur qui saignait atrocement. Elle a jeté sa pochette tomber sur un banc à côté de nous et elle m'a serré contre elle. C'était de ça, c'était de ça dont j'avais le plus besoin. Des bras, de soutien, de l'odeur de ses cheveux dans mes narines... d'elle ?

Je me suis finalement détaché d'elle pour pouvoir la regarder dans les yeux. Elle soutenait mon regard tout en gardant ses larmes pour elle, elle voulait se montrer forte pour moi. Ses mains soutenaient mes coudes, elle me tenait littéralement debout. Les larmes me brouillaient parfois la vue mais j'ai réussi à me calmer un peu pour lui dire :

"Je n'étais pas là pour toi... je n'étais pas là pour ta mère... on se rejette sans cesse mais tu es quand même là.." je me reprochais en laissant le sanglot revenir me tourmenter.

"Drago.. j'avais mon père, je n'étais pas seule.." me répondait-elle en passant ses doigts dans mes cheveux pour me calmer, et cela fonctionnait.

Elle réajustait ma cravate et me lançait en souriant légèrement :

"Elle te trouverait sans doute très beau. Et c'est magnifique de lui offrir son endroit favori comme dernière demeure. Tu as un cœur énorme, elle avait beaucoup de chance de t'avoir comme fils."

Une phrase simple, sans se forcer. Une simple phrase qui me redonnait espoir, ravivait la vie en moi.

"Reste... reste avec moi.." Pour toujours, voilà les mots que j'avais ajouté une fois dans le train pour Londres.

Mais je ne pouvais pas les lui dire aujourd'hui. Elle ne voulait pas de moi, elle ne voulait plus de moi dans sa vie. Mais juste assez pour venir me soutenir, alors que je n'étais pas présent pour elle à la mort de sa mère. Sa présence ravivait cette peine, cette souffrance, cette culpabilité que j'avais de l'avoir laissé vivre son deuil seule. Elle s'est perdue dans le même souvenir que moi, je l'ai vu dans sa façon de crisper sa mâchoire, je l'ai vu dans la larme qu'elle n'a pas pu empêcher de couler. Mais elle a reprit rapidement contenance.

"Je resterai avec toi Drago. Je serai là pour te soutenir aujourd'hui."

Et demain ? J'avais envie de demander.

Mais je n'ai rien dit.

J'ai simplement tenue fermement sa main pour l'emmener près de moi et me nourrir de son énergie, de sa présence.

J'ai tenu sa main durant tout le temps de la cérémonie.

...

Suite flash back

Pov Ange

"J'ai un rendez-vous d'affaires, est-ce que tu pourrais t'occuper de lui s'il te plait ? Ne le laisse pas seul ce soir."

Voilà les mots que Blaise m'avait adressé avant de quitter Drago. Voilà pourquoi je me tenais devant l'entrée de l'appartement de Drago, à ses côtés, ma petite valise dans une main, celle que j'avais préparé pour la nuit que j'avais réservé dans un hôtel de Londres. Drago était assommé par le chagrin et je n'étais pas certaine qu'il puisse se servir de ses clés pour ouvrir la porte. Je ne savais même pas s'il réagissait que c'était moi qui me tenais près de lui.

Je poussais la porte en bois après avoir déverrouillé la serrure, ressentant ma mâchoire se nouer mais je feignais de ne pas le sentir. Je ne m'attendais certainement pas de découvrir un appartement comme celui-ci. En fait, je ne m'attendais pas à ce que Drago Malefoy vive dans un appartement pareil. Je savais qu'il avait du goût, du goût pour les belles choses, l'Art en général et la décoration, je n'étais donc pas surprise de contempler la petite entrée occupée par une belle plante et une toile accrochée au mur. J'étais en revanche très surprise d'observer une cuisine moldu.

Une véritable cuisine moldu avec des appareils électrique, comme un réfrigérateur ou un four. Je me demandais si Hermione n'avait pas exagéré la phase anti-moldu que Drago avait traversé durant sa jeunesse. Le salon était cosy et agréable, confortable en bien des aspects. Je venais d'accompagner Drago jusqu'au sofa où je l'ai forcé à s'asseoir. La tête appuyé contre le dossier, il avait fermé les yeux pour fuir la réalité sans doute. Il fuyait mon regard, sans prononcer un seul mot. J'ai profité de son bref repos pour lui faire un plat simple et rapide afin qu'il garde des forces. Le ventre vide, impossible de rester lucide, impossible de se défaire du chagrin immense. Alors que je faisais cuire les aliments, j'essayais de ne pas m'attarder sur des objets qui n'était pas à Drago. Une veste féminine accrochée ici, un parfum oublié là sur un bureau. Je ressentais une vague de fourmillements me parcourir les jambes, inonder le dos et saisir ma nuque pour rejoindre cette mâchoire crispée qui commençait à être douloureuse. Mais j'ignorais encore cette sensation, tentant de rester concentré sur les aliments que je commençais déjà à mixer. Je devais me contenter de faire manger le jeune homme qui essayait de s'évader dans son coin.

C'est pourquoi nous avons dîné autour d'un bol de soupe fait maison, c'était simple mais efficace. Assise à côté de Drago, je replaçais parfois sa cuillère entre ses doigts, pour l'inciter à manger, ou je passais ma main sur son épaule pour qu'il quitte son air prostré. Il soupirait, en continuant d'éviter mon regard puis recommençait à manger. Après quelques minutes, il s'est levé et a finalement rejoint sa chambre, le dos voûté. Je ne pouvais pas quitter l'appartement, son attitude me faisait peur, j'étais terrifiée à l'idée qu'il fasse une bêtise. Il n'avait pas dit un mot depuis que nous étions arrivés. Après avoir nettoyé et ranger la vaisselle, je m'assurais qu'il s'était bien allongé dans sa chambre en jetant un coup d'œil devant sa porte. Je le découvrais dans son lit, torse nu et dos à l'entrée de la chambre, il ne bougeait pas. Je pensais même qu'il s'était endormi compte tenu de sa respiration lente et profonde.

Je le laissais se reposer en allant dans la salle de bain pour pouvoir me débarrasser de mon maquillage et démêler mes cheveux. Je m'observais dans le miroir, et c'est dans mon regard que j'ai détecté une vieille faiblesse qui refaisait surface. Je ressentais comme un étau de resserrer autour de ma cage thoracique, mais je respirais profondément pour repousser ce mal, tout en faisant comme si de rien n'était.

Après une bonne douche, j'étais ennuyée de constater que je n'avais pas apporter une tenue de nuit correct. Etant seule depuis plusieurs mois, je dormais souvent en sous vêtements. C'est alors que je trouvais une chemise blanche accrochée au dos de la porte. C'était celle que portait Drago pour la cérémonie. Je l'observais alors que je la prenait entre mes doigts. Elle était d'une haute qualité, douce, et je sentais déjà l'odeur de Drago. En fermant les yeux, je plongeais le nez dans le tissu, l'odeur me ramenant une année entière en arrière. C'était réconfortant et douloureux en même temps, si bien que je décidais de l'enfiler avant de quitter la pièce. Elle m'arrivait en haut des genoux et je prenais soin de boutonner le vêtement avant de m'allonger sur le sofa.

Deux heures plus tard, j'étais en enfer.

J'avais eu énormément de mal à m'endormir, et je m'étais éveillée comme si je venais de sortir la tête de l'eau, respirant l'air à plein poumons. Je sentais ma gorge se resserrer, comme si une main invisible souhaitait m'empêcher de respirer. Allongée sur le dos, je tentais quelques exercices de respiration pour me calmer, en vain. Des fourmillements commençaient à engourdir mes pieds, mes mollets, même le bout de mes doigts, ce qui me faisait lever afin d'aller chercher un comprimé dans le sac que j'avais laissé dans la salle de bain. Cela faisait quelques mois que je n'en avais pas pris mais les émotions du jour avaient été trop fortes, sans doute. Et ce cauchemar, où je voyais ma mère mourir à mes côtés, venait de me rappeler que je souffrais considérablement.

Rester zen, rester zen... respirer, respirer... voilà les mots que je me répétais inlassablement mentalement.

Ma main cherchait, fouillait frénétiquement dans mon sac, cherchant dans les moindres recoins, la moindre poche. Je commençais à sentir la frustration monter en même temps que l'angoisse qui se faisait fulgurante, renversant le contenu du sac sur le sol carrelé. Mais il n'y avait rien, aucune trace d'un quelconque comprimé.

En relevant le visage, je croisais mon regard dans le miroir qui me renvoyait l'image d'une folle, avec une fine pellicule de sueur sur le front, les mèches collées sur les joues. Les cernes creusaient un visage livide et paniqué, cette vision amplifiait ce sentiment d'urgence, je quittais donc la pièce rapidement et me retrouvait dans le salon, au sol, reculant pour trouver le mur dans mon dos. Les tremblements d'abord discrets, devenaient de véritables spasmes et attaquaient tout mon corps. Les bourdonnements dans mes oreilles m'empêchait d'entendre convenablement, si bien que je ne savais plus si je murmurais ou si je criais :

"Mourir... seule... vais mourir... je vais mourir... je vais mourir..."

Alors que l'angoisse atteignait un sommet que je n'avais jamais franchi, la lumière s'est faite dans le couloir.

Suite Flash Back

POV Drago

"Mourir, je vais mourir !"

Je n'avais que peu dormi, peut-être une vingtaine de minutes en tout et pour tout lorsque ces mots me sortaient de mon sommeil léger. J'observais ma montre constatant qu'il était un peu plus de minuit. J'avais du faire un mauvais rêve, je me tournais déjà de l'autre côté pour me forcer à dormir, mais les mots sont devenus des maux, les maux sont devenus des cris. C'était Ange.

Je me levais d'un bond, me retrouvais dans le couloir pour l'éclairer et la rejoindre dans le salon, où je la trouvais au sol contre le mur, tremblante et prises de convulsions.

"Ange ? Qu'est-ce qui se passe ?"

Je m'agenouillais face à elle pour croiser son regard, un regard noir, affolé et brumeux en même temps. J'attrapais son poignet pour constater que son pouls excédait la vitesse normale mais je n'avais pas l'impression que ses convulsions étaient dues à la température. Croiser mon regard semblait la calmer un peu et la ramener à la réalité.

"J'ai... je ne peux plus respirer !" me lançait-elle en tenant sa gorge, tremblant de la tête aux pieds.

"Calme-toi, tu me parles, donc tu peux respirer." je disais doucement pour comprendre ce qui se passait sous mes yeux et pour tenter de la rassurer.

M'occuper d'elle me faisait oublier ma douleur, me donnait l'impression de respirer à nouveau.

"Là, ici... ça... comprime .." disait-elle en me tenant les côtes, le dos, la cage thoracique.

Je commençais à comprendre doucement.

"Est-ce que tu as bu de l'alcool ? Consommer une drogue ? Un médicament ?"

Elle hochait la tête négativement tout en continuant de me regarder, en soufflant doucement par la bouche pour se calmer. Je plaçais mes mains autour de sa bouche et lui demandait d'y respirer ce qu'elle faisait en continuant de me regarder.

"Ferme les yeux, je suis là. Je suis là, tu n'es pas seule, d'accord ?"

Elle ne répondait pas mais je sentais ses larmes glisser sur mes doigts. Ses tremblements se calmaient mais bientôt ils reprirent une certaine vigueur ce qui faisait paniquer Ange encore plus que ce qu'elle n'était déjà. Je l'attrapais par les épaules et éclairait en même temps faiblement la pièce en jetant un sort avec ma baguette pour faire flotter de douces lumières autour de nous. Ces lumières nous suivaient au moindre pas, ne nous laissant jamais dans l'ombre. Me ramenant à un souvenir, me semblant très lointain. Je prenais les bras d'Ange pour les écarter de son corps.

"Ange écoute-moi, regarde-moi. Tu es en train de faire une crise de panique." je lui expliquais avec calme.

"Sérieux ?!" me lançait-elle sur un ton qui frisait l'ironie.

Je comprenais donc qu'elle en vivait régulièrement et semblait comprendre ce qui se passait.

"Tu as un traitement pour ça ?"

"Oublié.."

"Okay..."

Alors que je l'observais, je me remémorais quelques petites techniques pour calmer l'esprit. Cela ne faisait que quelques mois que j'étudiais la médecine.

"Alors... tu vas prendre une grande inspiration par le nez... gardes ton air pendant six temps et ensuite tu souffleras doucement par la bouche, sur six temps aussi. Tu répètes ça jusqu'à ce que je revienne, d'accord ?" je lui demandais en l'observant.

Elle hochait la tête et obtempérait plutôt facilement, ce qui me rassurait. Elle était encore présente avec moi malgré ce que j'avais imaginé. Il fallait qu'elle reprenne pied avec la réalité. Je constatais après quelques instants que ses épaules commençaient à redescendre, signe que son exercice de respiration portait ses fruits. Je revenais auprès d'elle pour lui faire avaler une potion. Un cocktail de calmants doux, je n'avais que ça sous la main. Ange buvait le contenu du verre d'une seule traite. Elle continuait son exercice quelques temps, les yeux clos et je restais auprès d'elle, mes mains sur ses genoux. Je veillais sur elle.

Je sentais la vie revenir en moi alors que je m'étais senti tellement écroulé le matin même. Alors que je ramenais ses cheveux en arrière et que j'essuyais son front avec un linge humide, je me rendais compte qu'elle portait une de mes chemises. Un léger sourire s'étirait sur mes lèvres lorsque je m'apercevais qu'elle lui arrivait aux genoux. Mais bien vite l'inquiétude remontait en moi. Comment se pouvait-il que son corps craque autant, comment se pouvait-il qu'il la trahisse à ce point. Ses lèvres étaient blanches, elles étaient complètement livides. En regardant l'horloge indiquer qu'il s'était déroulé presque trente minutes, je décidais de vérifier que la potion agisse.

"Je vais t'aider à te relever, d'accord ?" je murmurais en saisissant ses bras.

Elle ne m'a rien répondu, se contentant de se raccrocher à moi. Ses jambes continuaient de trembler, alors je passais mon bras sous ses genoux pour la porter jusqu'au plan de travail de la cuisine. Elle gardait les yeux clos.

"Regarde-moi Ange." je lui demandais doucement.

Son visage s'est crispé et elle s'est mise à trembler de nouveau.

"Hey... respire doucement..." je murmurais comme si quelqu'un dormait dans la pièce d'à côté.

"Trop..." laissait-elle échapper entre deux respirations bruyantes.

"Comment ?"

"Trop... c'est...c'est trop difficile Drago." me disait-elle en gémissant.

Je posais mes mains sur ses genoux et elle ouvrait enfin les yeux sur la pièce.

"D'être loin de toi... et aussi... d'être près de toi... c'est tellement douloureux." me disait-elle en regardant le sol.

"Je sais..." je répondais en sentant mon cœur se resserrer.

Je connaissais ce qu'elle ressentait, puisque je le vivais également. Ne pas savoir où elle était, ce qu'elle faisait et avec qui... était-elle heureuse ? Était-elle triste ? Je ressentais cette douleur chaque jour et encore plus la nuit quand mes yeux fixait le plafond. Et aujourd'hui, de la voir, de la sentir et de la toucher près de moi, était une torture. Parce qu'elle ne resterait pas. Il faudrait que je lui dise au revoir et elle reprendrait sa vie. Sa vie avec Potter.

Elle venait de poser ses mains sur mon bras et soulevait la manche de mon tee-shirt à manches longues. J'ai voulu retirer mon poignet dans un mouvement de recul mais elle m'empoignait fermement pour soulever le tissu et observer le sombre tatouage qui enlaidissait ma peau.

La marque des ténèbres.

Cette marque qui avait été apposée sur ma peau, pour pouvoir conserver la confiance de Voldemort, pour le tromper. Pour que tout le monde pense que j'étais réellement un mangemort. Pour sauver ma mère... pour sauver Ange.

"Tu ne devrais pas en avoir honte.. c'est une preuve de la beauté de ton âme. Tu m'as sauvée la vie... je te dois la vie Drago.." disait-elle dans un souffle.

Ses doigts fins parcouraient les lignes et ma peau, me laissant un frisson m'envahir. Je ne voulais pas qu'elle regarde cette marque, elle signifiait tellement d'années de souffrances et de pertes... mais ses derniers mots me redonnait espoir, me redonnait confiance.

"Reste avec moi... je deviens folle..." disait-elle finalement entre deux spasmes.

Je relevais vivement les yeux sur son visage en attendant qu'elle me regarde, me demandant si ce que je venais d'entendre était le fruit de mon imagination.

"Comment ?"

"Je deviens... je deviens folle, on va m'interner n'est-ce pas ? J'ai tellement mal, je me sens partir en vrille, je suis folle ?" demandait-elle en augmentant le son de sa voix. Elle recommençait à paniquer. Mais j'ai enfin réussi à croiser son regard.

"Qu'est-ce que tu as dit ?" je répétais.

"Que je suis folle !"

"Non... pas ça."

Ses yeux vairons scrutaient les miens et je prenais conscience qu'ils ne me quitteraient plus du regard, j'avais réussi à la captiver.

Alors que nous nous observions l'un et l'autre, je sentais que sa respiration se faisait progressivement plus calme et plus régulière. De ses genoux, je laissais mes mains atteindre sa taille parce qu'elle avait tendance à se pencher en arrière et j'avais peur qu'elle ne se blesse en basculant. Ce geste me ramenait tellement de temps auparavant que j'en étais troublé. Je me revoyais dans une salle de bal, décorée aux douces couleurs de l'hiver. Je me revoyais l'observer dans les yeux comme je le faisais à l'instant. Je me revoyais placer mes mains autour de sa nuque, comme j'étais en train de le faire aujourd'hui.

"J'aimerais rester avec toi pour toujours Drago." m'a t-elle dit dans un souffle alors que je me rapprochais et sentais, comme dans mon souvenir, ses jambes encadrer ma taille. Je savais que c'était mal, je savais que ce n'était pas approprié lorsque l'on était censé partager sa vie avec une autre femme.

Ce n'était pas approprié de désirer la femme d'un autre.

Mais c'était plus fort que moi, c'était plus fort que nous.

C'était plus fort que tout.

Cela avait toujours été ainsi.

Nous ne pouvions pas lutter, nous étions tous les deux victimes d'une alchimie que l'on ne pouvait contrôler. Que personne ne pouvait comprendre. Nous ne comprenions pas nous-même ce besoin de respirer le même air que l'autre.

Il n'y avait pas un matin au réveil où je ne pensais pas à elle.

Il n'y avait pas une journée ou je n'espérais pas sentir son parfum naturel.

Il n'y avait pas un soir où je ne me couchais pas le cœur lourd d'être sans elle.

Alors, quand je l'écoutais me dire qu'elle me voulait avec elle, je n'ai pas pu empêcher mon corps d'agir. Mon esprit lui, savait déjà ce qu'il voulait et commandait simplement à mon corps d'effectuer ce que je désirais ardemment. Ce que je voulais au plus profondément de moi, c'était de l'aimer.

Peu importait la façon finalement.

Aujourd'hui, sa présence éphémère, je voulais m'en rassasier. Que je puisse tenir le reste de ma vie sans elle.

Parce qu'elle partirait.

Parce que j'avais entamé une autre vie.

Parce que la vie continuerait de nous séparer.

Mais pas cette nuit. Cette nuit, nous étions ensemble. Cette nuit, nous pouvions recharger les batteries émotionnelles. Nous pouvions replonger dans de doux souvenirs où nous nous aimions, tout en essayant de se cacher des autres, de se protéger des autres, de se mentir pour protéger l'autre. Mais cette nuit, nous n'étions que tous les deux, nous savions la situation de l'autre et personne n'était là pour nous juger, personne n'était là pour brider nos actes. Cela m'a parut une éternité de regarder ses yeux magnifiques mais jamais je ne m'en lasserais. Tout comme jamais je ne me lasserais de passer mes paumes dans sa nuque, chatouillant mes doigts avec ses cheveux blonds. Elle avait encore les marques de panique sur son visage fatigué, mais je la trouvais encore belle, malgré tout ce qu'elle avait vécu et tout ce qu'elle vivrait, je la trouverais toujours parfaite, elle et ses imperfections.

"Redis-le moi. J'ai tellement besoin de t'entendre le dire... " je disais dans un souffle en gardant contact avec ce regard intense.

Elle savait ce que je voulais entendre, ce en quoi je voulais croire, même si tout ceci était impossible. Elle savait les mots dont j'avais besoin. J'étais persuadé qu'elle y pensait quand même un peu et surtout, elle savait très bien que j'en avais besoin, comme lorsque l'on coule et qu'il suffit d'une impulsion avec ses pieds quand on touche le fond. Une impulsion pour refaire surface et continuer.

"Reste avec moi, pour toujours." m'a t-elle dit dans un murmure en continuant de me regarder.

En moins d'une seconde, j'étais déjà en train de poser mes lèvres sur les siennes, pour l'embrasser d'une façon ardente et brûlante. Nos respirations s'accéléraient pour nous entraîner dans une danse que nous avions déjà connu une fois, mais cette nuit, tout serait différent. J'ai ressenti une explosion dans tout mon corps alors qu'elle répondait à mon baiser, aussi ardemment que moi. De son côté, je sentais qu'elle se détendait, et c'était bien.

Nous aurions pu nous en arrêter là, parce que je me sentais déjà au paradis de pouvoir goûter une nouvelle fois à ses lèvres, ses lèvres qui m'avait tellement manqué durant tout ce temps sans elle. Nous avons fait tomber des parchemins au sol mais nous n'y avons prêter aucune attention. A la place je serrais son corps contre le miens alors que je continuais d'embrasser, de torturer et de sucer ses lèvres douces et pulpeuses. Et cela ne suffisait pas à me calmer. Ses jambes qui me pressaient contre elle, ne me suffisait pas. Ce qu'il me fallait, c'était d'entendre ses gémissements alors que je prenais possession de son cou, que j'embrassais chaque partie de cette peau fine. C'était de sentir ses tremblements alors que mes paumes passaient sur ses cuisses.

Alors que je venais de défaire chaque bouton de la chemise qu'elle portait, je retirais mon t-shirt pour sentir ses mains sur ma peau, ses mains qui traçaient une ligne de feu sur mon épiderme. Et ce n'était toujours pas suffisant. D'un mouvement empressé, je faisais glisser la chemise sur ses bras et la laissait sur le plan de travail. Cela ne me suffisait toujours pas. Voilà pourquoi je la ceinturais pour la porter jusqu'à ma chambre, pour la déposer jusqu'à mon lit.

Nous nous sommes attelés à nous débarrasser de nos derniers vêtements, et c'est tout naturellement que nous nous offrions à l'autre, sans retenue, sans se poser de question, sans se demander ce qui était bien ou mal. J'étais tellement heureux de sentir sa peau sous mes doigts, de plonger mon regard dans le sien alors que les lumières que j'avais invoqué quelques temps plus tôt flottaient dans la chambre.

Rien ne retenait nos pulsions communes, notre envie de ne faire qu'un avec l'autre.

Après un petit moment, je m'écroulais contre elle, posant ma tête contre sa poitrine. Elle enfonçait ses doigts dans mes cheveux.

Et nous nous endormions tous les deux, à peine rassasiés l'un de l'autre.

Jamais nous ne le serions.

Quelques instants plus tard, j'étais assis sur le fauteuil de ma chambre. J'observais Ange dans son sommeil, qui semblait plus apaisée. Dans un mouvement, je l'ai vu s'éveiller et me chercher dans le lit, en tâtant le matelas. Elle s'est redressée, les yeux papillonnants, mettant les draps autour de sa poitrine et me lançait un regard que j'avais déjà connu. Un regard qui me ramenait à Poudlard, dans ma chambre de préfet. Un regard où je lisais l'inquiétude de revivre une scène horrible où son soit disant petit ami lui brisait le cœur, en apparence. En apparence parce qu'en réalité il lui sauvait la vie.

Je me suis levé et je me suis approché d'elle comme dans mon souvenir. Sauf que cette fois-ci, je me glissais sous les draps et posait ma tête sur l'oreiller. Je l'intimais de faire de même et je m'approchais de son visage pour l'observer encore une fois. Je voulais effacer ce souvenir de sa mémoire, et lui en offrir un nouveau, un merveilleux.

Voilà pour je l'embrassais doucement, plus doucement qu'une heure plus tôt où l'on n'avait que répondu à nos pulsions. Je sentais son soulagement, je ressentais également le mien. Après avoir échangé un regard avec elle où je lisais quelque chose d'authentique, de beau et de vrai, je recommençais à l'embrasser, à embrasser ses lèvres, son cou, et finalement je lui faisais l'amour, comme personne ne l'avait jamais fait, comme personne ne lui ferait jamais.

Comme personne au monde n'avait fait l'amour à une femme.

Je lui offrais mon cœur, tout entier.

Encore une fois, et encore une fois... jusqu'à ce que le jour nous trouve endormis et blottis l'un contre l'autre, comme si rien ne pouvait nous séparer.

Fin flash back

Pov Drago

Assis sur cette terrasse de café, je me frottais les yeux, chassant les images qui s'imposaient en moi. Des images où je ne voyais qu'Ange, parce que Astoria me les avaient imposées. Je n'avais pratiquement plus pensé à elle depuis quelques semaines, absorbé par le travail et mes tâches quotidiennes. Je m'étais occupé de soigner la tombe de ma mère que je voulais majestueuse comme elle. Je souhaitais plus que tout oublier Ange. Parce que je souffrais, et qu'elle souffrait elle aussi lorsque nos vies respectives étaient liées. Cela avait toujours été ainsi.

Je faisais tourner ma cuillère argentée dans la tasse blanche. Le liquide sombre, fumant, n'appelait qu'à être bu. Je délaissais de plus en plus le thé, amoureux du café et de ses saveurs diverses. Bien plus caractériel que le thé. Parfois fort et colérique, parfois doux et parfumé.

Je passais la main sur la nuque pour essayer de la détendre. Plus je pensais à Astoria, plus je m'embrumais dans les souvenirs que j'avais d'Ange. Je me sentais malhonnête, et je l'étais. J'hésitais à en faire part à Astoria. Elle voulait se marier avec moi, et tout ce que j'avais trouvé à faire, c'était de claquer la porte parce qu'on avait parler de mon amour de jeunesse... je m'étais fâché parce qu'elle insinuait qu'Ange cherchait à prendre sa place. Je m'étais énervé alors que c'est moi qui l'avais trompé ce fameux week-end d'octobre. Je ne méritais pas tout cet amour que la brune m'offrait sur un plateau.

Bien sur, j'avais envisagé de faire ma vie avec Astoria. Elle avait tout pour plaire, elle était belle, talentueuse, perspicace, généreuse et elle venait de mon milieu. Un milieu aisé et riche où la bienséance et le goût des choses règnent. J'étais bien un gosse de riche, car je n'avais pas ce que je voulais et je m'obstinais à faire un caprice. De faire un caprice à la vie. Et je commençais à comprendre que je n'aurais jamais ce que je voudrais. Sauf si je le décidais vraiment.

J'ai alors commencé à marcher dans les rues neigeuses du mois de décembre. Bientôt, je retournerai à Poudlard pour la fameuse soirée de réouverture de l'établissement. Astoria allait venir avec moi. J'avais le sentiment que cette soirée serait un grand tournant dans ma vie. Je consultais l'heure sur ma montre, et replaçais ma chemise par dessus mon poignet, par reflexe. Sur ce bras était apposé la marque des ténèbres, que Astoria ne touchait jamais, ne regardait jamais. Une évidence montait en moi alors que j'observais mon bras, comme si je pouvais voir à travers le tissu.

Je comprenais alors que ma vie allait changer. Je prendrais en main ma vie. C'est la décision que je prenais en poussant la porte d'une petite boutique lumineuse, qui semblait éclairée et faire briller de mille feux le trottoir enneigé. Je passais mon temps à en vouloir à la vie, mais n'était-ce pas à moi de sortir de ma zone de confort et de me battre pour ce que je désirais plus que tout ?

J'étais persuadé de ce que je faisais lorsque je ressortais de la boutique déserte quelques dizaines de minutes plus tard. Le directeur du magasin devait être ravi que je me perde dans les rues pour lui faire réaliser son chiffre d'affaire de la semaine avec une seule vente. Un instant, je m'arrêtais dans la rue déserte et ouvrait l'écrin de velours noir.

La pierre brillait tellement, qu'elle faisait danser ne multitude de faisceaux dans la neige, sur moi.

Ce diamant était exactement ce qu'il me fallait.

C'était une magnifique bague de fiançailles.