Musique écoutée pour écrire ce chapitre : "Naruto Shippuden Decision"

Pov Ange

Elles brillaient de mille feux. J'étais captivée par cette douce lumière qui parvenait jusqu'à moi. Le bruit et l'animation aurait pu me distraire, mais ce n'était pas le cas. J'avais remarqué ces petits diamants éclatants, se démarquant du ciel sombre de début de soirée. La main posée sur la pierre froide, j'observais les étoiles depuis une fenêtre de la grande salle du château de Poudlard.

Il y avait agitation autour de moi, mais je n'y prêtais aucune attention. Depuis plusieurs semaines, j'étais ailleurs. Et j'aimais fuir la réalité, me concentrer sur des chimères, sur des rêves et des désirs que je ne pouvais atteindre, qui me faisait oublier mon chagrin. Je voulais oublier, oublier que je me trouvais sur les lieux de l'assassinat de ma mère. Oublier que je perdais pied depuis que j'étais loin de l'Angleterre.

J'avais accepté l'invitation de Mc Gonnagal, pour accompagner mon père qui venait inaugurer les lieux en fin d'après-midi, mais aussi par nostalgie. J'avais besoin de revoir certaines parties de ce château.

"Excuse-moi .. Tu es bien Ange Fire ?"

Je me tournais à contre-cœur, retournant dans la vie réelle. J'envoyais contre les murs, des dizaines de faisceaux lumineux grâce à ma robe. Une robe que j'avais été choisir dans l'armoire de ma défunte mère. Mon père tenait à ce que je porte ses vêtements, qu'elle avait souvent porté qu'une seule fois. Alors que je rechignais toujours plus jeune, aujourd'hui je prenais goût aux belles matières et aux tenues travaillées. C'est pourquoi je portais une robe à manche trois-quart, qui m'arrivait au milieu des cuisses. Elle était d'une belle couleur, entre la grenadine et la framboise, ceinturée d'un tissu doré. Sur le tissu brillant étaient déposés des centaines de petits strass brillants, captant la moindre lumière. J'avais gardé mes cheveux or lâchés sur mes épaules, un trait noir entourait simplement mes yeux.

La jeune fille devant moi me regardait avec un grand sourire, semblant attendre confirmation de ma part et je ne comprenais pas pourquoi.

"Oui..." je disais finalement en répondant doucement à son sourire, remarquant qu'elle venait de s'adresser à moi en français.

"Oh... je suis tellement contente de te rencontrer ! Dis... je ne voudrais pas exagérer mais... est-ce que tu pourrais me signer un autographe ?"

"Comment ?" je répondais en ouvrant grand les yeux. Elle devait sans doute me confondre avec quelqu'un d'autre.

"Je suis française moi aussi, je suis ici pour l'inauguration du château parce que mon père travaille dans les restaurations de bâtiment. J'habite Bordeaux et je ne rate aucun match du championnat ! Tu es extraordinaire sur un balai, je suis certaine que tu iras très loin !"

Émue, j'observais la jeune fille, sachant très bien que je me souviendrais d'elle toute ma vie. Cette jeune fille que je ne reverrais jamais ne quitterait jamais ma mémoire. Je prenais soudain conscience que je commençais à avoir une petite notoriété et j'en étais troublée. Je reposais mon verre d'eau que j'avais eu d'un serveur quelques minutes plus tôt.

"Merci... c'est adorable." je répondais en saisissant son parchemin sur lequel j'inscrivais mon nom et ma signature. Je lui tendais de nouveau le parchemin qu'elle saisissait avec hâte.

"Merci à toi ! A bientôt, profite bien de la trêve hivernale et bon courage pour le match contre Toulouse !"

Je regardais cette jeune fille s'éloigner dans la foule présente dans la grande salle. Je n'avais pas eu le loisir de lui répondre, mais j'avais eu une proposition qui pourrait éventuellement me faire quitter le club de Bordeaux. Je jouais en division deux et un choix s'imposait à moi pour une belle opportunité mais je voulais la refuser, car je devrais quitter le continent. Et je ne voulais pas quitter mon père.

Il y avait du monde, beaucoup de monde dans la grande salle, si bien que l'on ne voyait personne. Une scène était dressée sur laquelle jouaient des musiciens, la lumière était légèrement tamisée grâce aux nombreuses bougies.

Dans la foule, deux jeunes personnes se détachaient et venaient vers moi. Je ne pouvais pas rester sur place et m'avançais vers eux pour les serrer dans mes bras.

"Hermione... Ron... comme je suis heureuse de vous voir..." je murmurais ces mots, tous les trois les larmes aux yeux. Nous avions tous l'émotion des retrouvailles, il avait été difficile pour nous de nous revoir depuis l'été.

"Comment vas-tu ?" me demandait Ron qui reprenait la main d'Hermione.

"Ca va... et vous, comment se passe la vie à Londres ?"

"Bien... nous voulions te voir, nous avons quelque chose à t'annoncer." expliquait Hermione en jetant un coup d'œil à Ron.

"Voilà... nous allons nous marier l'été prochain, et j'aimerais beaucoup que tu sois ma demoiselle d'honneur..."

Je saisissais Hermione par les épaules et la serrait dans mes bras.

"Oh... toutes mes félicitations, c'est une merveilleuse nouvelle... et ce sera avec grand plaisir !" je répondais en regardant ses yeux noisettes pétiller de bonheur.

"On a besoin de joie, de choses à fêter.." expliquait Ron en souriant.

"Je comprends... et vous avez tellement raison, vous faites un merveilleux couple et je suis certaine que vous serez très heureux ensemble." je répondais en lui saisissant la main pour exprimer mon affection.

"Tu veux une coupe d'hydromel pour fêter ça ?" me proposait Ron.

"Non, merci. En revanche, s'il y a du sans alcool je suis preneuse." je lui répondais en observant le plateau chargé d'alcool du serveur qui passait par là.

"Hey, bonsoir vous deux, je viens d'apprendre la bonne nouvelle ! " venait de s'exclamer Seamus en arrivant près des deux amoureux. C'est à ce moment là que j'ai aperçue Astoria dans la salle, seule. Du moins, Drago n'était pas avec elle, mais je savais que ce dernier allait sans doute la rejoindre. Elle discutait avec Harry, je ne l'avais pas reconnu sur le coup. Ils discutaient tous les deux avec animation. Je ressentais une profonde culpabilité m'envahir alors que j'observais la jeune femme, aussi je décidais de faire profil bas.

J'étais proche de la sortie, j'en profitais pour me faufiler dans le couloir après avoir intimé à Hermione que je revenais quelques instants plus tard. Je marquais un temps d'arrêt près des portes en bois. Malgré l'état neuf de la pierre, je me souvenais avoir vu mourir Pansy Parkinson au même endroit. Je ne pouvais m'empêcher de penser avec tristesse à cette fille, qui n'avait sans doute jamais été heureuse dans la vie.

Après un instant, je parcourais le couloir et descendais les escaliers pour me retrouver dans la pelouse craquante et gelée. Une fine couche de neige la recouvrait. J'avais besoin de voir les étoiles, de me rassurer auprès d'elle. Il faisait froid, Noël approchait à grand pas. Je me maudissais d'avoir oublié ma veste à l'intérieur alors que je localisais la grande Ourse. Mais j'avais besoin d'être seule, de reprendre de l'oxygène. Du monde arrivait encore, je me demandais si la salle serait assez grande pour accueillir tous les invités. Je continuais ma route en m'isolant des autres, le plus loin possible du préau. Je me retrouvais près d'un petit bosquet décoré pour l'occasion ou brûlaient des torches. Je m'en approchais pour me réchauffer et m'adossais à un muret.

"Tu vas geler si tu restes dehors dans cette tenue." lançait une voix qui je le savais, m'étais destinée.

Je ne l'avais pas remarqué, mais il était à l'extérieur bien avant que je n'arrive et observait lui aussi les constellations. Je tournais le visage vers un homme séduisant dans son costume gris sombre qui mettait en valeur son regard gelé. Il portait un manteau noir au dessus de sa tenue. Ses cheveux avaient continué de s'assombrir, ils étaient désormais blonds cendrés, et atteignaient le bas de ses oreilles. Je le trouvais encore plus beau comme cela. Il s'avançait vers moi, les mains dans les poches.

"Bonsoir.." me saluait Drago en me regardant intensément.

"Bonsoir Drago.." je répondais plus timidement que je ne l'aurais voulu.

"Alors... à part attraper un bon rhume, qu'est-ce que tu fais ici ?" me demandait-il en s'adossant à mes côtés.

Il était en train de faire glisser son manteau sur ses bras.

"A vrai dire... je t'évitais." je disais en restant honnête.

"Raté." répondait-il dans un souffle. "Je me permet.." ajoutait-il en déposant son manteau sur mes épaules.

Je voulais protester et lui rendre son vêtement, mais l'agréable douceur et la chaleur de la laine m'étais très agréable.

"Merci.."

Sa manche de costume frottait ma cuisse alors qu'il s'asseyait près de moi et je sentais un millier de frisson m'envahir. Je baissais les yeux vers les flammes.

Un petit silence s'est installé entre nous et je continuais de faire danser mes doigts autour des flammes. Elles produisaient une douce sensation dans mes paumes. Je levais les yeux sur le parc, me rendant compte que nous étions là ou il m'avait aidé à affronter deux raffleurs. Comment les professeurs pouvaient envisager de continuer à enseigner ici, dans cette enceinte qui avait vu mourir bon nombres d'élèves ? Je sentais mes yeux s'embuer alors que je me souvenais de l'horreur de cette fameuse nuit de mai.

"Ton angoisse... comment tu gères ?" me lançait finalement Drago en tournant le visage vers moi. Je gardais les yeux tournés vers le feu, je ne voulais pas risquer de chavirer sous son regard.

"Je m'adapte. Je commence à la maîtriser."

"C'est bien."

"Et toi... qu'est-ce que tu fais dehors ?" je demandais après quelques instants de silence. Un silence qui me ramenait quelques semaines en arrière.

Un silence me ramenant à ce fameux soir où nous avions partagé la nuit ensemble.

"Je te fuyais." répondait le blond avant que je ne le regarde. J'arrêtais la valse de mes mains sous la surprise.

"C'est toi que j'ai vu en premier dans la salle, malgré le monde... tu étais en train d'observer les étoiles, comme maintenant." disait-il à voix basse.

"C'est ce qu'on fait depuis toujours n'est-ce pas ? On tourne l'un autour de l'autre, quand on est à deux doigts de craquer, on s'enfuit... quand on est trop près, on succombe à l'attraction.." continuait-il en faisant courir ses doigts sur ma main, mon poignet, déclenchant une drôle de chaleur dans tout mon corps.

"Mais au final, on n'est jamais ensemble..."

Je voulais retirer ma main de la sienne, mais il continuait de faire courir ses doigts sur les miens, de les enlacer, de les caresser.

Et son regard profond m'hypnotisait considérablement.

"S'il te plait, Drago..." je murmurais en essayant de le supplier.

"Pourquoi est-ce que tu luttes ?" répondait-il tout aussi bas.

"Parce que... nous devons tourner la page... être heureux chacun de notre côté.. ça commence plutôt bien pour toi non ?" je répondais en faisant référence à Astoria.

"Toi aussi tu sembles heureuse, mais je sais que tu ne l'es pas." me disait-il pour me contrer.

Je ne répondais pas, me contentant de l'observer, d'observer le résultat que le temps avait effectué sur lui. Il avait tellement mûri, il avait tout le physique d'un homme. Une barbe naissante s'installait sur son menton, le bas de ses joues.

"Ce soir." disait-il finalement en brisant le silence et en prenant mon autre main dans la sienne.

"Pardon ?"

"Ce soir, nous serons honnête et on mettra un terme à nous deux ou au contraire on démarre quelque chose, quelque chose de sérieux. Tu ne pourras pas me dire que tu n'éprouves rien pour moi, pas après la nuit qu'on a passé tous les deux. Je n'oublierais jamais la façon dont tu me regardais, ni la manière que tu as eu de m'embrasser. "

Je replongeais instantanément dans cette journée là, cette nuit-là... je devrais me souvenir de la cérémonie de sa mère, de l'angoisse harassante qui m'empêchait de respirer comme il le fallait... mais je ne me souvenais que de ma main dans la sienne pour le soutenir, de sa bouche contre ma clavicule, de ses doigts qui parcouraient ma peau, de son corps brûlant contre le miens, de son regard alors qu'il prenait possession de mon corps, de la tiédeur et de la force de nos étreintes quand l'on dormait l'un contre l'autre, apaisés... Aujourd'hui, je n'étais pas apaisée, je ressentais juste une pulsion, je ressentais chaque cellule de mon corps qui souhaitaient revivre cette nuit.

"Quand je me suis réveillé, tu n'étais plus là.." ajoutait-il en continuant de me regarder. Je sentais un certain reproche dans le ton employé.

Je baissais les yeux, honteuse.

"Je pensais que ce serait plus simple.."

"Tu as eu raison. Jamais je ne t'aurais laissée repartir si j'avais été éveillé."

Et c'est pour cette raison que j'étais partie. Harry m'avait menacé avec son histoire de procédure d'éloignement. Je ne voulais pas que Drago soit en prison à cause de moi. Il le savait lui aussi, mais semblait l'oublier. On était forcément au courant que l'on n'avait pas le droit d'approcher quelqu'un, le juge avait du le convoquer pour lui dire, voilà pourquoi depuis le procès lorsque l'on se voyait il n'y avait pas de témoin, preuve en était ce soir, Drago prenait des précautions mais aussi de gros risques.

Il y avait une autre raison qui nous séparait, mais il était inutile que je lui en parle. Il était beaucoup plus heureux avec Astoria.

"J'ai compris, tu sais. J'ai compris que tu ne voulais pas de moi dans ta vie, malgré que tu ressentes toujours quelque chose pour moi. Mais.. souviens-toi, souviens-toi de deux adolescents qui nous ressemblaient beaucoup, qui se sont laissés une chance, un soir semblable comme celui-là, un soir de neige..."

Je me souvenais très bien de cette soirée où Drago m'embrassait devant toute l'école pour me prouver qu'il tenait à moi. Je déglutissais doucement tout en me souvenant de ce que j'avais ressenti ce soir-là. Un bonheur immense m'avait envahi.

"Tu sais où j'habite désormais..." murmurait Drago en continuant de plonger ses yeux dans les miens.

Drago a lâché mes mains, s'est levé, s'est baissé pour m'embrasser le front et est partit en direction de la grande salle pour rejoindre Astoria. Je le regardais s'en aller, incapable de faire le moindre geste alors que j'aurais tout donner pour lui retirer le chagrin qu'il éprouvait face à la perte de sa mère. J'aurais tellement voulu le rendre heureux, lui alléger ses souffrances.. mais j'en étais incapable... Pouvais-je tout de même le rayer de ma vie ?

Je me suis levée pour le rejoindre et lui barrer la route.

"Drago, tu sais que c'est impossible. On a toujours lutté, contre tout et tout le monde... je crois que... je crois que l'on devrait se comporter en adulte et affronter la réalité. Ce sera toujours une immense douleur d'être loin l'un de l'autre, mais ce sera toujours compliqué d'oublier notre passé commun tout en étant ensemble. Nous avons des blessures à panser, des choses à régler... qui nous empêche d'être ensemble." je lui disais en sentant ma voix dérailler, les larmes me brûler les yeux... de souffrir face à l'évidence.

Je me souviendrais toujours de lui levant sa baguette contre ma mère, je me souviendrais toujours de ce garçon froid et insensible face à ce qu'il me faisait subir à l'école, scénario ou pas. De son côté il serait toujours méfiant de moi, croirait pertinemment que j'étais amoureuse de Harry. Tout était encore trop frais dans nos esprits, nous empêchant d'y voir clair. Nous empêchant de nous faire confiance.

Drago me regardait d'un air grave. Je voulais tellement le protéger, le protéger de moi et des déceptions que je lui donnerais inévitablement.

"Je sais que tu as raison, mais je ne veux pas l'accepter, je ne veux pas te perdre." me répondait-il en saisissant mes mains.

"Moi non plus... mais regarde comme l'on se débrouille bien, tu seras d'ici quelques années un formidable médecin, et moi je suis en train de profiter de ma passion. Tu accomplis de belles et grandes choses.. sans moi."

"C'est parce que je t'aime." me lançait-il en laissant couler une larme, entraînant la chute de mes propres gouttes salées. "C'est la seule force et la seule certitude que j'ai dans la vie. Je t'aimerai toujours."

Je fermais les yeux pour enfermer ses mots dans l'éternité. Pour les enregistrer, les insérer de manières définitives et irrémédiables dans mon corps, mon esprit, ma mémoire, ma chair.

"Moi aussi, je t'aimerai toujours Drago." je lui avouais en m'affaiblissant devant sa déclaration. C'était la première fois depuis bien longtemps que je lui adressais ces mots en ouvrant les yeux pour découvrir de nouveau la beauté des siens.

Il s'approchait alors de moi pour me serrer contre lui, déposant ses lèvres dans mes cheveux. Je fermais les yeux pour profiter de cette étreinte douloureuse mais nécessaire. Nos bras serraient tellement le corps de l'autre que rien ne semblait pouvoir nous séparer. Finalement, après quelques instants, Drago s'est détaché lentement, m'a regardé dans les yeux et m'a déposé un baiser que j'ai eu beaucoup de mal à recevoir, tant il ravivait ma peine. Je me suis fait violence pour ne pas répondre à son baiser, pour ne pas sceller mes lèvres de nouveau sur les siennes.

"Ce soir, quoi que tu auras décidé, j'aurais quitté Astoria et je t'attendrai chez moi... parce que ma vie, c'est avec toi que je veux la passer, avec personne d'autre. Réfléchis. Réfléchis et pense à nous." a t-il déclaré, me prenant de court.

Ses yeux brillants m'ont dit au revoir silencieusement.

Et il s'est détourné de moi pour disparaitre dans la grande salle. J'ai pris quelques minutes pour me remettre de mes émotions et me mettais en direction de la grande salle à mon tour. J'étais complètement perturbée par les paroles de Drago, me demandant si je prenais la direction, remettant en doute nos besoins de se rétablir émotionnellement, ou au contraire, foncer têtes baissées comme nous l'avions toujours fait.

Je rentrais et allais déposer le manteau de Drago au vestiaire. Une jeune femme prenait le manteau entre ses mains et je me tournais déjà vers la salle qu'elle m'appelait.

"Mademoiselle ! Il y a ceci qui est tombé d'une poche intérieure, voulez-vous le mettre dans votre sac ?"

Je me tournais vers elle et découvrait qu'elle tenait dans ses mains un écrin de velours noir.

"Vous êtes certaine que c'est à moi ?" je demandais en me rapprochant.

"Et bien, il vient de glisser de la poche, je l'ai vu."

Je saisissais l'écrin entre mes doigts et l'ouvrait malgré la petite voix qui m'intimais de le laisser dans la poche de la veste de Drago. Je pensais que ma robe renvoyait une lumière scintillante, mais le sublime anneau mis en valeur dans cette petite boîte renvoyait à lui seul une lumière éclatante contre les pierres. Subjuguée, je comprenais qu'il s'agissait d'une bague de fiançailles. Elle était resplendissante, un anneau en or blanc sublimait un diamant serti à six griffes. Pourquoi est-ce que Drago gardait cet écrin avec lui, était-ce bien à lui ? Alors que je me demandais sombrement si cela était destiné à Astoria, je me remémorais les paroles encore toutes fraîches de Drago : "Parce que ma vie, c'est avec toi que je veux la passer, avec personne d'autre."

"Bonsoir.." annonçait une voix que je connaissais trop bien.

Je me tournais en sursautant vers Harry et instantanément la tension s'est faite ressentir alors que je fermais vivement l'écrin dans un clac sonore. La dernière fois que je l'avais vu, j'avais rompu définitivement avec lui dans un parc de Londres. Sans que je ne sache comment, une photographie s'était retrouvée dans le journal, créant l'incompréhension au sein de nos amis, de nos familles. Mon père lui-même était venu me demander si j'avais entamé une relation sérieuse avec ce dernier, puisque l'article basé sur cette photo et un témoignage anonyme, expliquait que nous voulions construire notre vie ensemble. Quelques mois plus tard, une nouvelle Une de la Gazette du Sorcier annonçait nos fiançailles, illustrée par une photographie de Harry sortant d'une bijouterie avec une bague en or blanc et diamants.

"Bonsoir Harry" je répondais d'un ton méfiant tout en essayant de reprendre mes esprits. Je me tournais vers la jeune fille qui s'occupait du vestiaire et lui demandait de ranger soigneusement l'écrin là ou elle l'avait trouvé avant de faire face de nouveau à Harry.

J'aurais bien dû me douter qu'Harry serait là ce soir. Je décidais de faire dos à la foule pour me sentir moins oppressée.

"Avant que tu ne dises quoi que ce soit Harry.." je commençais.

"Non, ne dis rien. J'aimerais m'excuser pour le malentendu qu'il y a eu dans les journaux.. je ne sais pas ce qu'il s'est passé, c'est bête... c'est arrivé au moment même ou tu me quittais.." expliquait-il en baissant la voix.

Je croisais les bras tout en haussant les épaules.

"Ca va.."

"Tu as du avoir des soucis à cause de ça, non ?"

"Trois fois rien. Certains de mes coéquipiers m'ont charrié mais j'ai vite noyé le poisson." j'expliquais en saisissant un verre d'eau posé sur un plateau.

"D'accord... personne d'autre ?" me demandait-il en fixant un point derrière moi.

"Hum... non, pourquoi ?"

"Pour rien... je te souhaite de passer une bonne soirée." m'annonçait-il en s'approchant pour me serrer contre lui. Ce besoin de contact me troublais un peu et je passais maladroitement ma main dans son dos, presque en claquant ses omoplates, comme si nous venions de gagner un match ensemble.

Il a légèrement reculer et me gardait tout de même dans ses bras avant de me dire : "Je te souhaite d'être heureuse et de trouver quelqu'un de bien. Bonne soirée."

Et il m'embrassait la joue, un peu trop près de ma bouche à mon goût, tout en posant sa main sur mon ventre avant de disparaître dans la foule. Je n'avais pas remarqué que Drago nous avait observé tout ce temps-là et qu'il attendait que Harry me laisse seule pour pouvoir lui parler. Je me tournais pour suivre des yeux les pas d'Harry tout en prenant conscience qu'une belle femme s'avançait vers moi, déterminée. Elle avait l'allure d'une duchesse, intimidante de beauté et l'intelligence brillait dans son regard. Un regard sombre toutefois, qui me transperçait.

"Astoria ?"

"Bonsoir Ange. J'ai quelque chose à vous." me lançait-elle, visiblement pressée que cette conversation prenne fin.

Elle saisissait mon poignet vivement et m'appuyait un objet dans la paume, exerçant une pression que me faisait grimacer.

"Mais qu'est-ce que vous faites ?" je demandais en haussant le ton.

"Quoi qu'il se soit passé, je vous interdis de vous approcher de nous à l'avenir." me disait-elle sur un ton égal mais légèrement menaçant.

J'ouvrais ma paume et découvrais la bague que je portais le jour de l'enterrement de Narcissa Malefoy. Une bague cher à mon cœur.

"Mais... où l'avez vous retrouvé ? Je l'ai perdu il y a deux mois !" je répondais, en observant de plus près l'anneau qui représentait tellement pour moi.

"Je sais, elle était dans le lit de mon petit ami. Juste sous mon oreiller." répondait-elle froidement.

Je levais les yeux vers elle, ne sachant quoi répondre. Il n'y avait rien à dire, en fait. Je n'allais pas m'excuser, parce que je n'avais rien contrôler cette nuit-là. Mais j'étais désolée de lui causer de la peine. Je n'avais pas besoin de lui faire un dessin, elle savait pertinemment ce qui s'était produit.

"Astoria..." je commençais.

"Fermez-là. Drago était affaiblit par le deuil, il ne savait pas ce qu'il faisait, il avait besoin de réconfort et je pourrai lui pardonner. Mais vous ? Vous avez profité de la situation pour détruire la vie qu'il tente de construire sans vous. Parce qu'il ne veut pas de vous dans sa vie et moi non plus. Restez loin de nous sinon vous le regretterez. Si vous tenez à lui, restez à l'écart en lui évitant un aller simple pour Azkaban au motif qu'il aurait violé le contrat d'éloignement passé avec votre père, à savoir rester loin de vous. N'oubliez pas non plus que je suis avocate et que je serai ravie de contacter mes amis procureurs pour que des ennuis vous tombent dessus, détruisant votre misérable petite carrière de poursuiveuse ratée. C'est tout ce que j'avais à dire." lançait-elle tout en me jetant un regard meurtrier. Elle s'en est allé, disparaissant dans la foule.

Je soufflais doucement pour faire redescendre la pression et observait le diamant qui brillait de mille feux dans ma main. Le deuxième diamant que je tenais dans mes mains ce soir-là.

Mon père m'avait donc caché cela, Harry disait la vérité et c'est mon propre père qui avait engagé la procédure d'éloignement ? Je ressentais un couteau invisible me perforer le ventre alors que j'observais la bague de fiançailles de ma mère. Pourquoi est-ce que mon père faisait ça dans mon dos, pourquoi me demandait-il de laisser la parole à Drago alors qu'il en profitait en coulisses pour faire établir une procédure d'éloignement avec Astoria ? Tout semblait néanmoins crédible... car mon père ferait tout pour me protéger, même me mentir. Après tout, Drago restait le fils de Lucius Malefoy, qui avait détruit notre famille. Est-ce que mon père se vengeait sur le fils ? Est-ce qu'il me cachait la vérité pour que je me rapproche de Drago afin que les autorités l'envoi en prison pour ce simple fait, être près de moi ?

Mon père m'avait déjà menti, pourquoi pas une seconde fois ?

Je faisais tout pour me calmer et m'empêcher de perdre pieds en public. Le hasard faisait bien les choses, car la cérémonie de réouverture de Poudlard commençait, me permettant de me concentrer sur autre chose que les derniers mots d'Astoria, la trahison de mon père, la bague dans la poche de Drago, la bague que je venais de retrouver...


Une heure plus tard, je me retrouvais devant un comptoir pour réclamer un verre d'eau. Cela faisait une vingtaine de minutes que j'attendais et c'était enfin mon tour pour me désaltérer. Je continuais de sentir le malaise s'insinuer partout en moi. La cérémonie ne m'avait pas beaucoup captivé, mise à part quand le nom des morts avaient été énoncé. Je n'avais su retenir mes larmes quand le nom de Katty Fire avait été cité.

"Alors... ça fait quoi d'être une star ?"

Je me tournais pour découvrir Blaise, habillé très élégamment dans un costume sombre.

"Je ne suis pas une star.." je répondais en l'observant.

"Ah bon ? Ce n'est pas toi qui signais un autographe tout à l'heure ?" me demandait-il sur un ton qui me laissait entendre que nous avions des comptes à régler. Je me demandais si tout le monde n'avait pas prévu de me confronter ce soir.

"Crache le morceau Blaise."

"Pourquoi faut-il qu'à chaque fois que je vous laisse tous seuls toi et Dray, il faut que ça se termine dans son lit ?" me lançait-il sur un ton détaché en dégustant un toast comme si nous parlions d'un fait divers.

Je ne répondais rien, me contentant de remettre l'anneau à mon annulaire gauche. Visiblement il avait écouté ma conversation avec Astoria.

"Potter sera content, tu as retrouvé sa bague." ajoutait-il en s'appuyant au mur à mes côtés.

"Pourquoi tu parles d'Harry ?" je demandais en haussant les sourcils.

"Ouh... et en plus d'être sportive tu es actrice ?" sifflait-il en emmenant sa coupe d'hydromel près de ses lèvres.

Je continuais d'observer Blaise en cherchant son regard, les sourcils froncés. Il croisait enfin mon regard après avoir vidé son verre.

"Bonne actrice en plus, tu es très convaincante !"

"Blaise, je t'assure que je ne comprends pas de quoi tu parles !" je répondais sérieusement.

Il perdait son sourire alors qu'il s'amusait quelques secondes plus tôt à vouloir me torturer l'esprit.

"Arrêtes un peu de mentir Fire, tu as la bague de Potter au doigt ! Je ris de tout, mais quand il s'agit de Drago, je commence à avoir des limites."

"Non, c'est celle de ma mère." je répondais exaspérée. Pour lui prouver ma bonne foi, car je notais son air septique, je lui montrais la gravure inscrite dans l'anneau.

"Là, tu vois ? Katty & John " je rajoutais en m'approchant de lui pour lui montrer l'anneau. "Tu vois bien qu'elle est un peu trop grande pour moi, ce n'est pas la mienne."

Blaise m'observait d'un air grave, je savais qu'il triait ses pensées. Je commençais à connaitre un peu ses réactions et ses manières de se comporter.

"Alors... tu n'es réellement pas avec Potter ?"

"Non... je pensais que tu étais plus intelligent que la presse à scandale.." je sifflais en remettant l'anneau de ma mère en attrapant un verre d'eau dans la main.

"Je pourrais me permettre de te dire quelque chose ?"

"Même si je te l'interdis tu le fera quand même." je répondais d'un ton égal.

"C'est vrai. Drago souffre. Énormément."

"Il t'a parlé ?" je demandais vivement.

"On n'a plus besoin de se parler quand on se connait depuis aussi longtemps. Mais je ne comprends pas, pourquoi est-ce que tu refuses de faire partie de sa vie, il crève d'envie d'être avec toi... et pourquoi est-ce que Potter colporte des rumeurs... et pourquoi est-ce que tout ce que tu fais me donne envie d'y croire ?" ajoutait-il en observant mon verre d'eau.

"De quelle rumeur parle-tu ?"

"Oh, s'il te plait... même si vous n'êtes plus ensemble, vous avez forcément eu... bah tu vois... des petits moments plus que sympathiques..." expliquait-il en saisissant un nouveau petit four. Soudain il s'est tourné vers moi.

"Mais attends, il n'est peut-être pas de lui, mais de ..."

"Blaise, je ne comprends absolument rien à ce que tu racontes, et si tu parles de coucher, non, je n'ai jamais couché avec Harry." je répondais tout en me demandant pourquoi je me justifiais auprès de Blaise Zabini.

Je l'observais en train de reprendre son air sérieux, qu'il avait très rarement d'ailleurs. Je n'avais pas besoin d'insister apparemment, il me croyait sur parole.

"Merde..."

"Blaise, explique-moi ce qu'il se passe." je demandais en continuant de l'observer.

"Réponds-moi franchement Fire. Est-ce que tu es enceinte ?"

"Pardon ? Pourquoi me demande-tu ça ?" je répondais en m'étouffant dans ma propre salive, trop surprise.

"Ecoutes, j'étais avec Drago tout à l'heure, il voulait régler ses comptes avec Potty, tirer un trait sur toute leur haine, tu vois le genre... et puis alors qu'on allait le voir, on a surpris une conversation qu'il avait avec Finnigan... il expliquait qu'il était le plus heureux des hommes, bientôt marié avec la femme de sa vie, et que en plus ils seraient parents dans quelques mois... et c'est toi qu'il venait de serrer dans ses bras tout en te touchant le ventre... et depuis tout à l'heure, je ne te vois boire que du sans alcool. Alors... est-ce que tu es coincée avec l'autre bouffon, est-ce que le père est Drago ?"

J'observais Blaise alors qu'il m'expliquait ce qu'il avait entendu. Les sourcils froncés, je lui répondais : "Mais Blaise, je ne suis pas enceinte. C'est impossible. Et je ne vais pas me marier avec Harry, bon sang mais qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que quelqu'un m'écoute ici ?" je répondais en m'agaçant sérieusement. "D'accord je bois que de l'eau depuis tout à l'heure, mais c'est mon régime sportif, pas de sucres inutiles !" je continuais tout en me justifiant.

"Bon, on a plus le temps." annonçait-il en saisissant mon verre pour le poser sur un plateau.

"Comment ça ?" je demandais alors qu'il me saisissait la main pour me faire marcher dans la foule dense.

"Drago est rentré chez lui tout à l'heure. Il n'était pas bien.. il est persuadé que tu es enceinte de Potter et que tu lui a caché. Je sais qu'il t'a fait une proposition tout à l'heure ? On va chez lui. Je crois que vous avez besoin d'un incroyable coup de pieds aux fesses tous les deux pour être ensemble."

"Mais Blaise, attends ! On ne peut pas, Astoria va prévenir les juges si je m'approche de lui !"

"Des juges ? Mais de quoi diable est-ce que tu parles ? Tu me raconteras en chemin, on a pas le temps !"


Pov Blaise

Nous n'entendions que ma respiration bruyante qui semblait rebondir en écho contre les murs de pierres froides. Il n'y avait que deux étages pour atteindre la porte de l'appartement de Drago et j'étais essoufflé comme un bœuf. A côté de moi, Fire semblait en forme et je comprenais pourquoi elle ne buvait que de l'eau. J'étais minable à côté d'elle avec mes habitudes de fêtard.

De son côté, sa respiration s'accélérait, mais pas à cause des étages et des escaliers qui venaient de me faire croire que j'avais soixante trois ans, non, elle était saisie par l'angoisse.

"Comment Drago peut bien me cacher ça ? C'est énorme une procédure d'éloignement Ange !" je demandais plié en deux, les mains sur les genoux.

"Je ne sais pas... tu le connais, il est très secret." elle me répondait presque en murmurant, les yeux rivés sur la porte d'entrée.

Je pensais qu'elle pouvait avoir raison, Drago pouvait être têtu et rusé, refusant souvent d'accepter la réalité. Surtout lorsqu'il s'agissait d'Ange Fire. Mais de là à risquer de retourner à Azkaban ?

"Il y a quand même quelque chose qui cloche... est-ce que tu as été informée officiellement ?" je demandais en me redressant.

"Comment ça ?" répondait la blonde en se tournant vers moi.

"Et bien... une lettre du juge justement... quelque chose d'officiel ! Tu aurais même pu être convoquée... même dans la presse ils n'en n'ont pas parlé !"

"Non. Non c'est vrai, je n'ai rien reçu.. peut-être que mon père a eu l'information pour moi et ne m'a rien dit.." expliqua-t-elle en laissant planer le doute que son père pourrait la trahir afin de l'éloigner de Drago, ce qui semblait fou également.

Elle semblait reflechir quelques instants puis relevait les yeux vers moi.

"Astoria semblait sûr d'elle, elle vient de me menacer. Blaise, ce n'est pas une bonne idée d'être ici, vraiment. On va attirer des ennuis à Drago. Je dois m'en aller. Nous nous sommes dit au revoir ce soir." disait-elle douloureusement tout en s'asseyant sur la marche du pallier.

"Oui. C'était quoi, la sixième fois que vous viviez une rupture ? Clairement, on voit votre envie d'être séparés." je disais d'un ton moqueur et plein d'ironie.

"Allons-nous en Blaise... nous allons créer un scandale et nous n'avons pas besoin de ça, ni l'un ni l'autre." répondait-elle en ignorant ma précédente remarque.

"Il t'a dit qu'il quitterait Astoria ce soir, quoi qu'il arrive n'est-ce pas ?" je lui demandais en m'approchant d'elle.

Nous étions juste devant la porte de l'appartement de Drago.

"Même si il y a toute cette histoire avec la justice, je sais qu'on pourrait faire lever cette procédure. Il y a forcément un moyen, vous voulez être ensemble, tu n'as jamais proposé à la justice d'être protégée. Tu n'as pas besoin de protection, tu es Ange Fire, merde ! Une battante qui n'a besoin de rien ni personne pour se défendre ! Toute ta vie tu t'es toujours débrouillée, alors le ministère et toutes leurs cliques, qu'ils aillent se faire foutre !"

Elle ne m'a rien répondu, m'observant de ses yeux étranges, toujours assise sur la marche. Je pensais qu'elle allait contredire mes mots, mais elle est restée silencieuse. Je remarquais qu'elle commençait à perdre le contrôle de ses émotions et qu'elle refoulait ses larmes.

"Tu n'as pas le droit de lui tourner le dos, après tous les sacrifices qu'il a fait pour toi. Ce n'est pas le ministère ou Astoria qui vous empêcheront d'être ensemble. Ni eux, ni ce que tu caches à tout le monde."

Car amoureux comme ils l'étaient, comment pouvaient-ils céder à quelques embûches, il devait forcement y avoir quelque chose de plus compliqué à gérer, et la larme que venait de verser Ange confirmait ce que je suspectais, il y avait autre chose.

"Fais-lui confiance, ensemble vous résoudrez tout, vous pourrez tout affronter. Mais ce sera ensemble. L'un sans l'autre, vous n'êtes rien. Juste un corps animé par la vie, mais pourtant bien mort en réalité depuis que vous êtes séparés."

Elle fermait douloureusement les paupières tout en serrant les poings. Elle calmait sa respiration avant de me répondre : " Un jour, quelqu'un qui possède le don de voyance m'a dit que je choisirai l'homme à la cicatrice.." murmurait-elle.

"Quoi ? Que tu allais choisir Potter ?" je demandais tout en me questionnant sur ce qu'elle venait de me dire.

"C'est ce que j'ai cru, un jour. Ce qui est étrange, c'est que lorsque l'on me l'a dit, j'ai été déçue, j'espérais une autre réponse..." continuait-elle en gardant les yeux clos.

"Tu m'étonnes, Potter et son égo surdimensionné, il faut vraiment être malade !" je tentais de plaisanter.

Elle ignorait mon humour et se levait avant de se tourner vers moi.

"Blaise, j'ai compris. J'ai compris que ce n'était pas de lui qu'elle me parlait. Elle m'a dit que je choisirai l'homme qui aurait la même cicatrice que moi. Elle ne parlait pas de Harry, mais de Drago ! On a tous les deux perdu notre mère, nous partageons la même douleur... et c'est lui que j'aime !" déclarait-elle avec force en s'avançant vers la porte d'entrée avant de claquer fermement ses phalanges sur la porte en bois, me donnant le sourire. J'adorais ce côté retour de flammes des bouffons d'or !

Enfin, elle se décidait à affronter les difficultés qu'indéniablement Drago et Ange devraient s'accommoder. Ce serait difficile, c'était certain, Astoria ne les laisseraient pas facilement se retrouver. Mais ils étaient tous les deux prêts à affronter la réalité.

Et la réalité... la voici :

Quelques secondes après avoir frappé à la porte, ce n'est pas Drago qui a ouvert, mais une femme brune qui aurait pu être notre mère. Très élégante, elle semblait émue et tenait dans sa main une bouteille d'hydromel.

"Bonsoir, vous veniez voir Drago et Astoria ? Cela tombe bien, nous avons un heureux événement à fêter !" nous annonçait cette dernière, légèrement emportée par le bonheur.

Je m'approchais de la porte en souriant légèrement et demandait à la mère d'Astoria que je connaissais pour l'avoir vu quelques fois :

"Madame Greengrass, bonsoir ! Que fêtons-nous ce soir ?" je demandais en tentant de comprendre son euphorie.

Elle a répondu, mais je n'ai pas écouté, et Ange non plus sans aucun doute. C'était comme si la vie s'était mise sur pause et que nous vivions les choses au ralentit. Madame Greengrass se décalait de l'entrée tout en nous montrant ce que l'on voyait déjà. Astoria, ivre de bonheur, écrasait ses lèvres sur celles de Drago qui la soulevait de terre en la tenant dans ses bras. Puis Astoria se tournait vers son père présent dans la pièce et lui montrait une bague qu'elle avait au doigt, qui brillait tellement qu'elle envoyait sa lumière jusqu'à nous. Cette bague brillait beaucoup plus que la robe d'Ange, qui ne prononçait toujours pas un seul mot. Un écrin de velours noir était posé sur la petite commode près de l'entrée, un écrin de velours noir ouvert... et vide.

Soudain, la vie à repris son rythme, elle s'est même accélérée. Drago a levé les yeux vers l'entrée, et son sourire a disparu instantanément lorsqu'il a croisé mon regard, puis celui d'Ange. C'était comme s'il venait d'être pris la main dans le sac et pour ma part je ne savais quoi dire tellement j'étais abasourdi par ce que je voyais, ne comprenant plus ce que mon meilleur ami avait en tête. Drago s'est approché rapidement de l'entrée, ainsi je détectais mieux ce qui se déroulait dans son esprit, ayant plus d'aisance pour observer son visage. Il restait devant l'encadrement sans doute pour qu'Astoria et son père ne remarquent pas les invités surprise. Sa future belle-mère, heureuse, laissait la place à son futur gendre pour ouvrir une autre bouteille afin de fêter l'événement. Il a fermé la porte derrière elle.

Contrairement à Drago qui s'était avancé, Ange avait reculé au même moment, refusant tout contact avec Drago, qu'il soit visuel ou physique. Rien n'était palpable, on ne pouvait le sentir au toucher, mais je sentais et j'entendais une fracture se faire entre les deux personnes devant moi. Une déchirure irrémédiable.

Je me tournais vers Ange, qui avait comme moi le visage figé par l'horreur. Aucun mot n'a été prononcé par quiconque durant ces quelques secondes.

La blonde s'est finalement tourné vers les escaliers pour disparaître. Il n'y a que Drago qui avait réussi à briser le silence :

"Attends... ATTENDS !" criait-il en s'avançant vers les escaliers.

Mais je le prenais fermement par le bras pour le forcer à se tourner vers moi. Contrairement à ce que tout le monde pouvait penser, Drago ne me dominait pas, nous avions des rapports spéciaux, comme des frères.

"C'est toi qui vient de lui demander de partir... de partir de ta vie ! Rentre chez toi maintenant" je lui disais sèchement, prenant soudain de la compassion pour Fire qui jusque-là m'amusait plus qu'autre chose. Mon ami était encore plus blanc que de coutumes, j'avais comme l'impression qu'il allait s'évanouir.

"Je viens te voir demain matin, nous discuterons plus tard" je rajoutais en prenant la direction des escaliers que je dévalais déjà.

"Pas la peine !" a réussit à mon répondre mon frère.

Je me tournais vers lui alors que je venais de descendre quelques marches.

"Pardon ?"

"A quoi bon venir, tu es de mèches avec elle depuis le début !" crachait-il en m'observant de ses yeux bleu sombres.

"Tu pètes les plombs, c'est ça ?" je demandais en utilisant une voix basse.

"Elle dit qu'elle m'aime et affirme ne vouloir que moi alors qu'elle est fiancée et enceinte de Potter ! Tu es quoi au juste, son avocat ? Quoi que tu puisses dire, je ferai les choix que je veux pour ma vie ! "

J'allais répliquer, jusqu'à ce que je réalise une chose. Une chose qui venait de me faire rater un battement de cœur.

"Tu a demandé en mariage Astoria parce que tu pensais qu'Ange t'avais menti ?" je demandais sur un ton mesuré.

"Elle a mentit. Il faut que je tourne la page. Notre histoire est terminée, et c'est elle qui me quitte pour ce connard de survivant, qui ne serait même pas en vie, sans moi !" criait-il sans se rendre compte que Astoria était dans la pièce d'à côté.

"Oh Merlin... Merlin, Drago.. je suis tellement désolé pour toi.." je lui lançais en me rapprochant un peu de lui en montant une marche.

"De quoi tu parles ?" me demandait Drago sur la défensive.

"Tu viens de faire, la plus grosse connerie de ta vie. Ange venait, parce que tu lui avais demandé." je lui répondais en souhaitant observer sa réaction, mais je n'ai pas eu ce loisir, car j'ai entendu quelqu'un monter les escaliers, et lorsque j'ai découvert le visage de cette personne, j'ai été stupéfait.

Enroulée dans une écharpe épaisse et un manteau chaud, elle tenait nerveusement son parapluie mouillé entre ses mains.

"Granger, qu'est-ce que tu fou chez moi ?" sifflait Drago en plissant les yeux.

"Je suis désolée de venir, mais je le devais. C'est important..." expliquait-elle d'une petite voix gênée.

Je remarquais dans son attitude qu'elle était déterminée mais qu'elle hésitait à s'enfuir en courant vu le regard sombre du Serpentard.

"Important ?" crachait le blond en l'observant.

"Oui. Je suis sincèrement désolée de trahir mon meilleur ami, mais je crois que j'aiderais plusieurs personnes en expliquant la vérité.. y compris toi, Drago." expliquait-elle tout en utilisant son prénom, sans doute pour captiver le blond.

Ni Drago, ni moi n'osions dire quelque chose, car nous sentions bien que la présence de Granger n'était pas anodine, ce n'était pas le genre de personne à mentir, bien au contraire, pour elle la justice était plus importante que tout.

Une fois qu'elle s'est assurée que nous la laisserions parler, elle s'est lancée en prenant une profonde inspiration.

"Voilà, cela fait plusieurs mois que je m'en doute, mais aujourd'hui j'ai eu des preuves claires. Je ne vous apprendrais rien, vous avez drogués Harry et Ange afin qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre... mais quand le fait a été révélé au procès, Harry est entré dans une colère noire.. parce qu'il a compris qu'elle était toujours amoureuse de toi, Drago. Malgré la potion, d'ailleurs. Ange lui a dit n'avoir aucun sentiment pour lui... il a réussit à l'embrasser pour lui faire ses adieux quand elle lui a clairement expliqué que c'était terminé entre eux. J'ai trouvé des preuves clair qu'il a vendu une photographie de leur baiser à la gazette du sorcier... il a également adressé au journal un faux témoignage attestant de leur couple et de leur amour."

Alors que Granger déballait son scandale, je risquais quelques coups d'œil vers Drago qui serrait les poings inconsciemment. Il était captivé par Granger et buvait ses paroles. Je comprenais pourquoi.. il s'était engagé avec Astoria le lendemain de la parution de l'article, pensant sans doute que Ange avait tiré un trait sur lui.

"Continues Granger." lui soufflait-il en employant un ton beaucoup plus doux que deux minutes auparavant.

"J'ai travaillé avec lui de nombreux mois, et j'ai commencé à remarquer qu'il n'employait pas ses pouvoirs décisionnels d'une façon impartial, au contraire. Il cherchait par tous les moyens de te nuire et surtout de t'éloigner d'Ange. Je crois que lui non plus ne supporte pas de perdre contre toi. Sauf que cette fois-ci, il a complètement dépassé les bornes... je pensais qu'avec le temps il s'était calmé, mais ce soir j'ai eu la preuve que non. Je l'ai surpris, de faire exprès de toucher le ventre d'Ange alors que tu les observais ce soir. Il a attendu un bon moment avant de passer à l'action, il a attendu l'instant idéal. Et lorsqu'il a annoncé ses fiançailles et son bébé aux Gryffondors... il savait très bien que tu étais juste derrière lui. Il savait le quiproquo qu'il engendrait..."

"Comment ça ?" demandait Drago, avide de comprendre.

Granger le regardait un instant, sachant qu'elle lui ferait énormément de mal en lui annonçant la vérité. Elle déglutissait difficilement en l'observant, les yeux légèrement humides.

"Drago... Harry et Ginny se sont remis ensemble il y a quelques mois... Harry l'a demandé en mariage et elle est tombée enceinte de lui quelques semaines ensuite... c'est d'elle qu'il parlait, et pas d'Ange." annonçait-elle en retirant l'oxygène des poumons de Drago.

"Dis-moi... dis-moi que c'est faux Granger... dis-moi que c'est faux." suppliait Drago.

Cette dernière hochait la tête de gauche à droite en lui adressant le regard désolé.

"Ange et Harry ne se sont pas revus depuis plusieurs mois. Il n'y a jamais rien eu entre eux, sauf cette romance de synthèse que Blaise et toi avez créée. Je crois que... depuis que Ange a croisé ton regard.. et crois-moi je suis la première à me demander pourquoi mais.. je crois qu'elle t'aime depuis toujours." déclarait-elle en douceur, comme pour tenter d'apaiser Drago qui venait de fermer douloureusement les yeux.

"Et je pense que Harry prépare quelque chose avec Astoria, pour te mener en bateau." ajouta-t-elle en créant encore plus l'incompréhension dans nos esprits.

C'est ce moment qu'a choisit Astoria pour ouvrir la porte et nous découvrir tous les trois dans le couloir. Elle était heureuse, ses yeux brillaient et son sourire ne quittait pas son visage.

"Mon amour, qu'est-ce que tu fais ?" demandait-elle en s'approchant de lui.

Drago, après d'interminables secondes, a ouvert les yeux pour se tourner vers elle. Je m'attendais à ce qu'il demande des explications à Granger, que l'on comprenne ce qu'elle avait tenté de nous dire au sujet d'Astoria. Pourquoi serait-elle impliquée dans les magouilles de Potty ?

Tout en me questionnant, je continuais d'observer mon meilleur ami. Alors que son visage était assombri, il lui a sourit, l'a embrassé sur la joue et a déclaré en me regardant moi et Granger :

"Rien, Blaise et Granger venaient nous féliciter. Mais ils comptaient partir." annonçait-il d'un ton tranchant en nous fusillant du regard. Il a entrainé Astoria dans son appartement et a poussé la porte pour que Astoria n'entende pas ce qu'il avait à dire, nous laissant Granger et moi sur le pallier, impuissants.

C'est dans un sourire sombre qu'il nous a claqué ses paroles dans la figure :

"Que les choses soient claires. Au début, ce n'était qu'un jeu, et j'ai bien fait car regardez Potty massacrer son avenir en faisant n'importe quoi aujourd'hui ! J'ai gagné. Fire, peu m'importe ce qu'elle décide de faire aujourd'hui, ce n'est pas mes affaires. Elle n'est pas la femme de ma vie, je ne l'aime pas. C'est Astoria qui est digne de devenir une Malefoy, pas une blondasse Gryffondor qui croit avoir une quelconque emprise sur moi. C'est terminé."

Il a claqué la porte.

Après quelques instants utiles pour encaisser cette scène incroyable que nous venions de vivre, je tournais le visage vers Granger.

"Hey, ça te dit qu'on aille boire un café. Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire." je demandais, déterminé à comprendre ce qui conduisait Drago à adopter son rôle de parfait connard.

Pov Ange

La machine ne marchait pas. Elle refusait de me donner mon café tant convoité. N'ayant pas dormi cette nuit-là, je sentais ma patience s'évaporer rapidement. Je refusais de dormir, je refusais tout bonnement de faire une pause qui aurait laisser mon cerveau me rappeler fatalement au réveil ce que j'avais vécue la veille. Plus j'espacerais ma prochaine nuit et cette horrible soirée, moins mon esprit ne retiendrait ce que j'avais vécu. Je tentais d'embrouiller mes sens et mes souvenirs. Me fatiguer, m'épuiser pour dormir d'un coup, m'évader dans un trou noir.

J'avais eu le temps de préparer ma valise avec le nécessaire. J'avais assez d'argent en poche pour acheter mon billet, un aller simple. Heureusement, il restait une place sur ce vol, j'avais bien fait de téléphoner à l'aéroport hier soir. L'attaché de presse de mon club ferait sans doute une annonce le lendemain, ou dans quelques jours. Le club était trop choqué de ma décision mais rien ne m'empêcherait de partir. J'avais besoin de m'effacer de cette vie anglaise, de cette vie française qui me causaient tellement de souffrances.

Hier soir, Drago avait tiré un trait sur moi. Il n'avait pas chercher à me parler, encore une fois il s'était emporté comme nous le faisions à chaque fois. Il m'avait trahi quelque part, à me promettre une vie heureuse pour finalement demander Astoria en mariage.

Rien que cette pensée me donnait une migraine terrible, une envie de pleurer que je refusais de laisser s'insinuer en moi.

J'enfonçais une nouvelle fois ma pièce qui était recrachée par la machine, je risquais donc un coup de pieds dans le métal et appuyais ma tête contre la vitre pour me calmer, jusqu'à ce que j'entende une pièce glisser dans la machine, le bruit électronique du choix d'une personne qui avait appuyé sur un bouton.

Je levais les yeux sur un jeune homme qui me regardait en souriant légèrement. Il était grand, les yeux et les cheveux noir, le teint brun et son air exprimait l'amusement. Malgré ses vêtements de voyage, je remarquais qu'il avait une certaine carrure, des épaules larges et des bras épais.

"Tu sais, les Moldus n'acceptent toujours pas les mornilles !" me glissait-il d'un ton taquin.

Je l'observais alors qu'il prenait mon café sucré entre les doigts et me le tendais.

"Vu que c'était la cinquième fois que tu essayais d'obtenir ta boisson, j'ai eu le temps de comprendre ce que tu voulais." me lançait-il en reprenant son sac pour le mettre sur l'épaule. Il m'a lancé un sourire avant de s'en aller pour prendre son vol. Je n'ai pas réussi à lui dire quoi que ce soit. Je l'observais s'en aller dans les allées de l'aéroport, l'air tranquille. J'étais tellement fatiguée que je n'étais pas vigilante et risquais de me faire repérée par un Moldu.

La voix dans les hauts parleurs continuait de parler et je prenais soudain conscience qu'il s'agissait de ma correspondance qui était prête. Nous étions à Singapour, il faisait nuit et il pleuvait, et j'allais effectuer mon dernier voyage avant d'arriver à destination.

J'avalais rapidement mon café brûlant et m'engouffrais dans la salle d'embarquement. Les minutes ont rapidement défilées, et je me suis retrouvée dans l'avion à chercher ma place lorsque je cognais sans faire attention une femme d'affaires qui voulait mettre son ordinateur sur sa tablette.

"Hey, vous pourriez faire attention ! " me lançait-elle en haussant le ton sans même me remarquer vraiment, trop occupée à pianoter sur son outil de travail.

"Pardon, je suis désolée..." j'ai réussi à dire alors que je continuais de chercher ma place, que je détectais bien vite juste à côté d'un hublot.

Je me hâtais d'enjamber plusieurs sacs et valises cabines pour aller m'asseoir à la place indiquée sur mon billet. A peine m'étais-je assise qu'un homme arrivait furieux près de moi.

"Vous voulez bien dégager de ma place ?" me criait-il dessus en plantant ses poings sur ses hanches.

"Pardon ?"

"Si tu veux faire la maligne gamine, il fallait acheter un billet, au lieu de prendre le siège de ceux qui travaillent !" continuait-il en s'assurant que tout l'avion se tourne vers nous.

"Un problème monsieur ?" demandait une hôtesse de l'air qui passait par là, s'efforçant de sourire comme sa compagnie devait lui ordonner malgré les clients colériques.

L'homme continuait de crier son scandale dans un flot de paroles qui me venaient en écho alors que je contrôlais mon billet, qui était correct. Il semblait qu'une erreur informatique nous avait vendu la même place. Assise à ma place, et sans comprendre comment, j'ai senti une larme rouler sur ma joue. Puis deux, puis trois.

Au milieu des cris, mon cœur s'est resserré dans un étau, semble t-il qu'il a implosé de lui-même à force de vouloir ignorer la réalité. Je me levais en bafouillant des excuses que je n'avais pas à donner et me préparais déjà à descendre de l'avion que le garçon de la machine à café est arrivé lui aussi et s'adressait à l'hôtesse de l'air.

"Mon père devait voyager avec moi en business class, mais il a eu un empêchement. Est-ce qu'elle peut venir avec moi ?" demandait-il avec calme, alors que je tentais de sécher mes larmes.

"Bien sûr Monsieur, c'est très gentil de votre part, allez-y je vous rejoint pour vous apporter de quoi dormir." expliquait-elle en mettant sa main compatissante sur mon épaule. L'homme qui venait de me hurler dessus me regardait déconfit d'avoir loupé une place en classe plus confortable.

D'un revers de manche, j'essuyais mes larmes et je suivais le garçon qui semblait avoir mon âge ou presque, gardant les yeux baissés pour ne pas lui montrer mon chagrin. Comme un robot, je m'asseyais à ses côtés et j'accueillais avec joie la douceur du cuir qui soulageait mes lombaires.

"Merci... merci beaucoup" je disais en gardant mon regard braqué au sol.

"Il n'y a pas de quoi. Quel connard ce type ! On dirait que mon café ne t'a pas porté chance.." me répondait-il en bouclant sa ceinture. Dans un geste mimétique, je faisais de même.

La pluie continuait de s'abattre sur l'avion, je me demandais même s'il était possible de décoller dans ces conditions. Le temps tropical n'était pas une légende ici, il pleuvait abondamment, et il faisait lourd.

"Alors... il s'appelle comment celui qui t'a brisé le cœur ?" me demandait-il en essayant de me mettre à l'aise.

Je levais les yeux vers son regard chocolat, surprise.

"Comment ... ?" je murmurais en sentant la fatigue s'imposer à moi.

"Excuse-moi, je ne voulais pas paraître indiscret.. mais il n'y a qu'une seule chose qui rende autant malade, c'est l'amour." me disait-il en m'observant.

Je voulais répondre, mais je n'ai pas pu. Quelque chose me bloquait la respiration, quelque chose de lourd et de douloureux. Je hochais la tête de gauche à droite pour qu'il arrête avec ses questions, surtout, je n'avais pas envie de parler de Drago.

Drago qui avait affirmé ne plus m'aimer... j'avais entendu ses paroles, car bouleversée par ses fiançailles, je m'étais assise dans un coin de la cage d'escaliers de son immeuble où personne ne pouvait me voir.

Ce sont ces paroles qui m'avait donné l'impulsion de quitter l'Europe.

"Bon... je n'ai pas super bien commencé. Après tout.. je ne suis qu'un semblant d'homme. Je m'appelle Liam." expliquait le jeune homme en m'adressant un sourire alors que je continuais de le regarder.

Après un petit instant où j'ai laissé ma carapace de côté, je lui ai répondu : "Ange."

Il n'a rien répondu, il m'a juste tendu une couverture qu'une hôtesse de l'air venait de nous apporter. Je l'ai prise pour m'en recouvrir et j'ai fermé les yeux pour me détendre. Sans m'en rendre compte, je me suis endormie, loupant le décollage et même l'atterrissage.


Quand je me suis réveillée, j'ouvrais les yeux plusieurs mois plus tard, pour arriver jusqu'à juin. Il m'a semblé que les mois écoulés étaient passés avec une extrême rapidité. Je ne ressemblais plus à la fille qui s'était endormie dans cet avion qui partait de Singapour. Je n'avais presque plus rien en commun avec elle. Aujourd'hui, je devais m'entraîner pour un match important, un des derniers de la saison. Sidney était devenu mon nouveau club. Il était de haute notoriété dans le monde magique, les meilleurs sortaient de là-bas, c'était un pari pour obtenir un tremplin et aller encore plus loin dans ma carrière.

Dans les couloirs de mon centre d'entrainement, je croisais Liam qui me tapait dans la main. C'était un batteur qui jouait dans mon équipe. Nous nous étions rencontrés alors que nous faisions le voyage de notre vie professionnelle, sans aucun doute. Celui qui déterminerait beaucoup pour notre avenir. J'avais pris l'avion de Londres, lui de Dublin. Nous étions arrivés chacun à Singapour pour prendre le même vol pour Sidney. Un poursuiveur et un batteur de l'équipe de Sidney étaient blessés et ils ne trouvaient pas de remplaçant adéquat, jusqu'à ce que le club entende parler de nous et fasse cette offre pour terminer la saison avec eux.

"Comment va ma poursuiveuse préférée ?"

Je répondais en souriant : "Je suis prête !"

Nous allions jouer ensemble contre Camberra, une vieille rivalité opposait les deux villes et l'issu du match nommerait le champion d'Australie, nous étions au coude à coude.

Ma vie avait complètement changé.

Je devais prendre ma vie en main et ne rien attendre de personne, au seul risque de devenir malheureuse et seule.

Même si aujourd'hui j'étais plus seule que jamais, j'avais appris que c'était aussi une force.

C'était une force de se cacher derrière un mur, une carapace qui vous protégeait de tout. Même des blessures liées à l'amour.

Je voulais oublier Drago.

Parce que lui même m'oubliait.

Et c'était mieux pour nous deux.

Notre histoire était terminée.

Une nouvelle vie commençait.