notes: Bonjour, bonsoir! Voici la seconde partie consacrée aux petits Bronze! Je vous souhaite une bonne lecture


Cinquième histoire: Jeunes chevaliers de Bronze

Seika-nee-chan,
J'espère que tu vas bien, et que tout se passe bien dans ton lycée. Tu t'es fait des amis? Et à l'orphelinat, tout le monde va bien, même Miho-chan?
Moi ça va. C'est demain que je vais faire mon combat pour avoir l'armure de Bronze de Pégase. Je vais me battre contre ce débile de Cassios. D'après Marin-san, si je m'applique et si je ressens l'univers en moi comme elle me le dit, je pourrai devenir chevalier. C'est plus facile à dire qu'à faire, mais je vais tout donner, je lui ai promis. À elle, mais aussi à mes grands amis du Sanctuaire, comme Aiolia et Aiolos. Je veux que ces chevaliers d'Or soient fiers de moi et je veux devenir comme eux. Après ça, je demanderai si je pourrai venir te voir au Japon. Juste quelques jours, mais comme ça fait plus de six ans que je ne t'ai pas vue, les lettres ne font pas tout.
Prends soin de toi, Grande Sœur. Je pense à toi et je t'aime très fort.
Ton petit frère, Seiya.

Le jeune homme relut une dernière fois sa lettre, s'assurant de n'avoir pas fait trop de fautes dans ses kanji. Même s'il vivait depuis six ans ici, au Sanctuaire, il n'avait pas perdu de sa langue natale et ses origines. Il avait eu de la chance d'avoir été confié à Marin, chevalier d'Argent de l'Aigle, mais aussi Japonaise. Même loin de son pays et de sa sœur, il gardait un peu de ses racines et au beau milieu de sa formation des plus sévères, des entrainements inhumains, des cours théoriques avec Saga, grâce à cette femme chevalier, il avait quand même des cours de japonais, et de sacrées punitions s'il se trompait sur l'écriture d'un caractère.

Une fois le papier inséré dans l'enveloppe, Seiya sortit de la vieille maison dans laquelle il logeait avec Marin, et alla s'assoir sur une colonne en ruine et couchée au sol. Finalement il changea de position pour s'y allonger directement dessus et observa les nuages dans le ciel qui bougeaient lentement, tout en se remémorant ces dernières années.

De son arrivée dans ce Sanctuaire des plus étranges, de son premier objectif qui était d'obtenir l'armure pour ensuite repartir voir sa sœur, mais aussi et surtout des rencontres qu'il avait faites.

Il avait toujours était un garçon énergique, positif, et avait trouvé deux grands frères dans ce monde austère: les chevaliers d'Or du Lion et du Sagittaire. Dès le début, ils avaient sympathisé, l'ainé lui offrant des explications aux questions qu'il se posait sur ce rôle de protecteur d'Athéna, lui prodiguant des cours de tir à l'arc plus ou moins fructueux – et un test improvisé de sprint la fois où une flèche atterrit dans les fesses du chevalier des Gémeaux, le frère du prof – tandis qu'il passait des moments plus légers, plus amicaux avec le cadet.

Il y avait Shaina aussi. Femme chevalier d'Argent de l'Ophiuchus, et maitre de Cassios, son adversaire du lendemain. Seiya avait du mal à cerner son caractère. Tantôt elle était gentille, presque timide lorsqu'ils se trouvaient tous les deux par hasard, tantôt elle était féroce, une vraie guerrière impartiale et convaincue de la victoire de son élève. Alors que lors de leur première rencontre, cinq années auparavant, elle était une fille gentille, réservée et amicale. À l'époque, sans faire exprès, elle ne portait pas son masque, parce qu'elle se nettoyait le visage au bord de la rivière, dans les bois du domaine. Seiya, de son côté, était à la recherche de baies pour le repas du soir, et Marin lui avait indiqué qu'il ne devait pas revenir les mains vides. Il avait découvert Shaina près de l'eau, vu son visage juste quelques secondes et était reparti. Il n'avait pas été mis au courant de cette histoire de masque chez les femmes chevaliers, jusqu'au jour où il faillit se prendre un coup plus violent de la part de l'Aigle. Simple réflexe, lui avait-elle dit, avant de lui raconter la vérité sur sa condition. Si son maitre l'avait averti, Shaina, elle n'avait rien indiqué.

Pourtant cette dernière s'approchait de cette colonne sur laquelle il commençait à s'assoupir. Il reconnaitrait ce cosmos partagé entre de la douceur et de la violence entre mille. Le jeune apprenti se redressa d'un coup.

« Ne t'inquiète pas, Seiya. Je laisserai à Cassios le loisir de te défigurer demain, fit-elle comme une salutation.

-C'est trop gentil à toi, mais je me défendrai.

-Tu me décevrais si tu venais à mourir rapidement.

-Shaina-san... Pourquoi tu es prête à me voir mort à tout prix? Est-ce à cause de ces rumeurs, qu'un Japonais n'est pas digne de devenir chevalier? Alors que Marin fait partie des Argents les plus respectés. Toi aussi, par ailleurs.

Malgré la figure neutre de son visage de métal, Seiya remarqua une hésitation dans ses gestes.

-Seiya... il y a cinq ans, tu ne t'en rappelles pas, mais tu avais vu mon visage et...

-Je m'en souviens. Je savais pas ce que ça représentait pour une femme chevalier. Et je sais pas si ça va arranger quelque chose que j'ignore, mais si je t'ai blessée à l'époque, je te présente mes excuses.

-Tu sais ce qu'encourent les hommes qui voient une femme sans masque?

-Oui, mais d'après les chevaliers d'Or, il vaut mieux éviter de perdre des guerriers avant le retour de notre déesse au Sanctuaire. Aiolos, du Sagittaire, me dit que si on met de côté nos conflits futiles pour combattre côte à côte, on sera toujours plus forts. C'est un grand chevalier, Aiolos, et je l'admire vraiment.

-Il n'y a pas que... la mise à mort, Seiya... Je...

-Shaina-san, fit le Japonais en sautant de la colonne pour se mettre devant elle. Je n'ai rien contre toi. Je suis sur que tu as fait de Cassios le meilleur adversaire possible, et demain, je me battrai pour être chevalier de Pégase.

-Quelle que soit l'issue, ne meurs pas Seiya. En tout cas pas demain.

-Promis. Je vais te laisser, Marin-san veut un dernier entrainement avant demain. On se retrouve dans l'arène! »

Le jeune homme partit en courant en faisant un signe de la main, laissant la jeune femme seule. Profitant de l'absence de personne autour d'elle, elle retira son masque, pour laisser de légères larmes perler sur ses joues. Il lui avait effleuré la main et offert ce sourire magnifique sourire franc qu'elle aimait autant que ce Seiya tout entier.

ブロンズ

Les Cinq Pics de Rozan en Chine.

Au pied de la cascade, à tour de rôle, deux adolescents donnaient coups de pied et de poing de toutes leurs forces, jusqu'à ce que celui aux longs cheveux lisses, entouré d'une lumière bleue verte, décoche ce qui pouvait ressembler à un dragon sortant de son bras qui s'envolait vers les cieux, emportant les eaux du torrent avec lui.

Perché sur un rocher, un vieil homme de très petite taille observait ses disciples: Dohko, le chevalier de la Balance.

« Shion, mon ami, songeait-il, la nouvelle génération est prometteuse. Je souhaite que le jour où l'on se reverra approche, mais je le crains aussi. Car il signifiera mon départ des Cinq Pics et le début de la Guerre Sainte... »

Puis, ses yeux noirs se posèrent sur les garçons, à présent assis à même le sol, comme essoufflés.

« L'entrainement est déjà fini pour aujourd'hui? Demanda le vieillard.

-Shiryu a encore inversé la cascade, maitre, répondit le second disciple dont les cheveux étaient indomptables.

-J'ai vu cela, Ohko. Cela dit, cela ne doit pas t'empêcher de continuer à t'améliorer. Shiryu est peut-être celui qui a obtenu l'armure du Dragon, tu ne dois pas abandonner. N'oublie pas la raison pour laquelle tu as insisté pour devenir mon disciple.

-Oui maitre! Je deviendrai fort pour protéger les villages de la vallée.

-Quant à toi, Shiryu, n'oublie pas non plus ce que je t'ai dit. Être chevalier de Bronze n'est pas une fin en soi. La force non plus ne fait pas tout. Quelque soit ton adversaire, tu devras rapidement analyser la situation, prendre en compte ton environnement, faire corps avec la nature qui t'entoure si nécessaire, et seulement, j'insiste là dessus, seulement si tu es acculé, tu devras prendre des risques et utiliser les techniques les plus dangereuses. Se sacrifier pour l'honneur ou autre c'est ridicule, et tu rendrais bien des gens malheureux.

-J'ai compris, Vieux Maitre.

-Tu veux pas rendre Shunrei triste, n'est-ce pas, Shiryu?

-... Je ne vois pas de quoi tu parles, Ohko.

-Parce qu'elle arrive là! »

Le tout jeune chevalier du Dragon retint du mieux qu'il put la rougeur qui teintait ses joues lorsqu'une jolie jeune fille, chinoise, coiffée d'une longue tresse, vint à leur rencontre. Shunrei, une orpheline recueillie par le Vieux Maitre et qui s'occupait de tous les trois de bon cœur. Son éternel sourire, sa voix mélodieuse quand elle fredonnait des petits airs tout au long de la journée et même sa connaissance de la nature de Rozan avaient conquis le cœur de Shiryu.

Il aimait tout de cet endroit où il avait grandi et où il était devenu chevalier. Les villageois, la vallée découpée en rizières, l'eau pure qui coulait de cette cascade, le labyrinthe de la forêt de bambou, tout comme cette maison dans laquelle il habitait en compagnie de Ohko, du Vieux Maitre et de Shunrei. Il avait sa place dans ce monde, et seule une missive l'obligeant à se rendre au Sanctuaire d'Athéna le ferait partir d'ici. Pour en revenir le plus rapidement possible, auprès de ses proches.

ブロンズ

Jabu était fier de lui. Il se sentait grandi, il était un homme désormais. Il était le chevalier de Bronze de la Licorne. Il avait réussi son entrainement en Algérie, subi tant d'épreuves, s'était éveillé à ce fameux cosmos que les chevaliers d'Or avaient tenté de lui expliquer des années auparavant. Le Unicorn Galop, son attaque principale et la plus redoutable à ses yeux en était la preuve. D'un saut dans les airs de plusieurs mètres, il retombait au sol pour le fendre en deux sous son pied et pouvait détruire des falaises comme ça. Il était un protecteur d'Athéna!

Avant de partir au Sanctuaire, il avait décidé de revenir au Japon, son pays d'origine, pour revoir une nouvelle fois Mademoiselle Saori.

Comment avait-elle grandi? Était-telle encore plus jolie que dans son souvenir?

Ce n'était peut-être qu'un petit coup de cœur d'un enfant à l'époque, mais Jabu en son for intérieur, était persuadé que c'était bien plus que ça. Sinon, comment expliquait-il que cette fillette occupait toujours ses pensées, que dans son imagination elle aussi était devenue une belle adolescente et qu'à leur âge, ils pouvaient tenter une amourette qui pouvait durer longtemps?

Jabu était un romantique et croyait en cette histoire qui pouvait marcher, même quand il serait adulte. Parce que ce n'était pas tous les adolescents qui prenaient l'avion tout seul, jusqu'à l'autre bout du monde pour saluer l'élue de son cœur avant de repartir en Europe pour suivre sa destinée. Il sentait être ce prince charmant, ce héros qu'il avait toujours voulu être.

Arrivé à Tôkyô, ses souvenirs revenaient d'un coup et il se laissait guider par ses pas qui le menaient jusqu'au manoir de Kido Saori, jusqu'au château de sa dulcinée.

Ce n'était qu'une vision enchanteresse qui passait sous son regard, quand, arrivé au coin de la rue, sa destination au bout du chemin, il découvrit une jeune femme à la longue chevelure lavande qui volait dans le vent alors qu'elle sortait d'une voiture noire. Sa robe descendant jusqu'aux genoux d'un blanc immaculé sublimait toujours plus son allure majestueuse. Jabu aurait aimé la voir de face, admirer ces yeux qui pétillaient de bonheur et de joie de vivre dans ses souvenirs, et ces lèvres qu'il imaginait nacrées et pures comme un fruit à peine mûr.

Sans plus attendre, il se mit à courir vers sa promise... jusqu'à ce qu'un garde du corps ne se plante entre eux, comme une ultime épreuve. Ne se laissant pas abattre pour autant, il engagea aussitôt la conversation:

« Veuillez me pardonner, monsieur, mais je souhaiterais parler à Mademoiselle Saori... et son grand-père bien évidemment.

-Qui êtes-vous?

-Jabu, ancien orphelin qui a été envoyé en Algérie pour devenir chevalier de Bronze de la Licorne. Ma formation étant terminée, je reviens auprès du manoir Kido.

Avant de se faire refouler par le gorille en costume, la magie opéra, comme dans les contes de fées: Saori se retourna et elle était encore plus belle que dans l'imagination du jeune homme. Toutes les princesses et les reines de tous temps étaient tellement insipides face à elle...

-Jabu...? fit-elle comme intriguée.

-Mademoiselle...

Elle fit signe à ses protecteurs que tout semblait aller bien, qu'elle était en sécurité. Évidemment, Jabu était revenu. Et il crut défaillir devant ce léger sourire, subtil et délicat.

-Je suis ravie que tu sois revenu en vie et sacré chevalier. Mais pourquoi être ici, au Japon?

-En attendant la révélation de la déesse Athéna que nous devrons protéger, j'ai pensé que ce serait bien d'être à vos côtés.

Elle ouvrit les yeux un peu plus grands, toujours plus pétillants, puis rit de sa voix cristalline, apportant doucement une main gantée à ses lèvres.

-Je suis touchée par ton attention, Jabu. Entrons, je vais devoir t'expliquer tant de choses qui se sont produites en six années... »

Jabu n'était pas déçu, plutôt étonné et quelque part désemparé. Quand bien même le vieux Kido n'était plus, il restait cette petite fille devenue grande et si belle, et qui resterait à tout jamais un rêve inaccessible. Sa princesse était en vérité une déesse, une vraie. Athéna. Il donnerait sa vie pour elle malgré tout.

ブロンズ

Sibérie orientale.

Au beau milieu de ce qui devait être autrefois une étendue d'eau, même un bras de mer raccroché à l'océan arctique, un jeune homme se tenait là, sur la glace, sans crainte de briser l'épaisse couche sous ses pieds. Il observait les fonds, ses yeux bleu clair presque transparents pouvaient presque percer la banquise. Quelque part c'était ce qu'il souhaitait.

Hyoga se trouvait là où gisait le bateau dans lequel reposait sa mère défunte. Il avait été séparé d'elle suite à un naufrage par un chalutier japonais qui par chance avait eu le signal de détresse. Peu de personnes n'avaient pu être sauvées, sa mère en fit partie. Il n'avait jamais su la raison pour laquelle il y avait eu d'autres victimes. Le destin, l'injustice, toutes les excuses qu'on avait pu lui sortir, cet enfant de cinq ans à l'époque ne les admettait pas. Pour lui, on avait abandonné sa maman sans aucun scrupule. On l'avait arraché de sa maman alors qu'il y avait encore de la place dans le canot. Depuis, il avait perdu confiance envers les gens qui voulaient soi disant l'aider. À l'orphelinat, au Japon, les maitresses l'avaient laissé tranquille, aller à son rythme. Il avait mis du temps à se mettre à parler avec les autres enfants, mais il avait réussi. Ces Seiya, Shun, Shiryu et Ikki étaient différents, mais il se sentait bien avec eux. Il voulait être seul, ils le laissaient seul. Il voulait se mêler à leurs bêtises, ils l'accueillaient sans problème. Il commençait à se sentir bien, sans pour autant oublier sa maman.

Et puis ces grands, ces Grecs, ces... chevaliers avaient débarqué, eux et leurs histoires sur le cosmos et cette aura de glace qu'à priori il dégageait. Il n'y avait pas cru une seconde. Même si à l'époque ce n'était qu'un enfant de sept ans, il comprenait bien plus et ne supportait pas qu'on le prenne pour un bébé. Pourtant il avait changé d'avis, lentement, lorsque le plus vieux, Kanon, lui conseilla de se rendre en Sibérie pour sa formation de chevalier. Sa région natale. Lui, le petit Hyoga, métis russe et japonais, revenait chez lui. Et à quelques centaines de kilomètres à peine du village où il avait vécu avec sa maman. Finalement, il avait accepté ce curieux apprentissage.

Bien des années plus tard, il était là, grandi et doté de cette aura glacée et beaucoup plus puissante. Il savait briser des glaciers éternels, geler un feu ardent et se battre au corps à corps. Les températures négatives ne l'atteignaient pas. Peu de choses l'atteignaient en même temps. Il avait acquis une capacité d'analyse extrêmement aiguisée qui lui permettait de réagir rapidement. Ses maitres l'avaient reconnu comme légitime chevalier de Bronze. Et lorsque le temps viendrait, il pourrait libérer cette armure du glacier dans lequel elle reposait.

Hyoga avait deux instructeurs: le seigneur Crystal, ancien chevalier des glaces retiré trop tôt à cause d'une blessure trop grave mais dévoué à l'enseignement et à la protection d'Athéna, et le chevalier d'Or du Verseau, Camus. Deux hommes froids, intelligents, intransigeants, mais bienveillants malgré tout lorsqu'on les connaissait.

Il y avait eu dans les premiers mois d'apprentissage un autre garçon, Isaak qui venait les voir, qui apportait des vivres. Au début, Hyoga s'entendait bien avec lui, mais au bout de deux ans, son ami venait de moins en moins, pour ne plus venir du tout. En allant au village le plus proche, il avait demandé des nouvelles de ce garçon, mais personne ne sut lui dire ce qui s'était passé. Les hypothèses qui revenaient le plus étaient qu'il avait déménagé vers une région moins hostile. Dans son cœur, le jeune chevalier du Cygne sentait que Isaak était vivant et qu'un jour ils se retrouveraient.

Tout comme là où il se tenait actuellement. Les courants marins avaient fait dériver le naufrage dans lequel reposait sa maman jusque sous ce grand lac gelé. Cette épaisse tache marron de plusieurs mètres de large et immobile ne pouvait pas être un animal. Au cours des dix dernières années, seul le bateau dans lequel il était avait pu arriver jusqu'ici.

Chaque jour, après son entrainement, il venait ici et racontait sa journée à cette tache. Chaque jour il se sentait prêt à briser cette glace pour plonger et rejoindre sa maman, au moins quelques secondes. Mais il ne le fallait pas. Combien de fois Crystal l'avait repris, lui répétant que ce qu'on lui avait appris n'était pas fait pour prendre de tels risques. À vrai dire, il profitait des obligations de chevalier d'Or de Camus qui se rendait au Sanctuaire pour tenter de plonger dans ce lac. Jamais le Verseau ne l'aurait autorisé à venir ici raconter sa vie à un fantôme. Se battre pour les vivants avait plus de sens que de rester dans le passé. Les souvenirs pouvaient nous donner de la force à condition d'accompagner la personne, pas de la freiner.

À l'époque où il était arrivé en Sibérie, que ses maitres lui avaient demandé la raison pour laquelle il voulait être chevalier, Hyoga avait répondu ''je veux être très fort pour aller chercher ma maman et lui donner une tombe correcte.''

Ce à quoi Camus lui avait répondu ''Lorsque tu auras atteint et maitrisé le zéro absolu et que tu auras fait tes preuves en tant que protecteur d'Athéna, on pourra y réfléchir. Avant cela, un long apprentissage t'attend.'' C'était des paroles tellement obscures pour le garçonnet à l'époque...

Hyoga serra le poing, prêt à l'abattre sur la glace mais se ravisa. Il se laissa tomber au sol, et s'assit en tailleur.

« Maman, j'ai encore des progrès à faire, mais un jour tu auras ta dernière demeure sur ces terres gelées, je te le promets. Ne t'inquiète pas. »

On s'approchait de lui. Son maitre Crystal.

« Je savais que je te trouverai là, Hyoga.

-J'ai failli craquer.

-J'ai vu. Tu as bien fait de résister. Le moment viendra où tu pourras honorer ta promesse envers ta mère. En attendant, une lettre est arrivée pour toi du Sanctuaire, de la part de Camus.

Hyoga saisit le papier, en remerciant l'homme qui le regardait d'un air bienveillant.

-J'ai l'autorisation pour revêtir l'armure du Cygne et je suis convoqué au Sanctuaire.

-Félicitations, chevalier. »

ブロンズ

En attendant le bus qui l'amènerait à la frontière, pour ensuite embarquer sur un bateau qui traverserait la Mer Rouge et enfin atteindre la Grèce, Ban relisait le courrier qu'il avait reçu une semaine auparavant. Une lettre du Sanctuaire, plus précisément de ce chevalier d'Or qu'il avait rencontré au Japon avant de se rendre ici, au pied du Kilimandjaro. Ce Kanon lui autorisait à venir sur les terres d'Athéna en tant que chevalier de Bronze du Lionnet. Dans ces mots, il y avait comme une forme de fierté, comme un ainé qui félicitait son protégé.

Il était vrai que sa formation n'avait pas été des plus simples, que son maitre, un homme aigri et sans vergogne, de plus en plus porté sur la boisson que sur l'enseignement, ne prêtait aucune attention au jeune garçon. L'ancien prétendant à cette armure de Bronze avait sombré dans un précipice et dans le plus grand mépris, ce que le chevalier des Gémeaux reprochait à cet homme qui se prétendait instructeur. Ban le lisait entre les lignes, avec ces phrases pleines de sous entendus et la manière dont il insistait sur le fait qu'il ''s'était bien débrouillé'', qu'il ''n'avait pas abandonné'' et qu'il était temps de partir de cette région d'Afrique.

C'était bien dommage parce que les paysages étaient magnifiques, que dans les rares moments où il pouvait se reposer, il avait pu observer la nature, mais il n'y avait pas grand monde autour de son camp d'entrainement.

Ban n'avait jamais été trop sur de lui, enfant. Sans être timide, il était maladroit, certes pas méchant, mais il n'arrivait pas à se faire des amis. Son plus grand souhait, en grandissant, était d'être fort, de montrer que l'on pouvait compter sur lui, et il était content d'avoir réussi son entrainement. À présent, il donnerait le meilleur de lui même en tant que chevalier et il aiderait ses compagnons de son mieux.

ブロンズ

Après avoir aidé à rentrer les chevaux, et fait le ménage dans la cour de la ferme, Nachi salua son maitre qui rentrait dans la maison où il vivait depuis quelques temps. Le ciel ce soir là était magnifique et les étoiles brillaient de mille feux. Il promit de ne pas rentrer trop tard et partit se percher sur le rocher au dessus de la propriété pour rester seul avec la nature et le vent du soir.

Il se sentait bien ici, au milieu de ces gens simples, gentils et qui l'avaient accueilli, au début pour qu'il devienne un chevalier de Bronze. Sa formation avait été rude, William, son maitre et ancien chevalier du Loup ne lui avait fait aucun cadeau. Il était sévère, tant dans les exercices physiques, que dans la maitrise du cosmos ou dans son instruction intellectuelle. Sans parler de l'aide quotidienne à la ferme et au village tout proche.

Nachi était bien tombé. Il n'avait plus peur de poser des questions quand il ne comprenait pas, il avait grandi. Il avait appris à respecter également les loups, en meute sauvage qui vivaient au pied de Bomi Hills, et n'en avait pas peur.

Comme ce soir là, un ou deux s'approchaient de lui, l'accompagnant dans sa contemplation des étoiles. Les astres le fascinaient, il s'émerveillait toujours de savoir que ces petits points blancs hors d'atteinte, se trouvaient à des millions et des millions d'années lumière. Il pensait aussi aux autres garçons qui étaient avec lui au Japon à l'orphelinat. Qu'étaient-ils devenus?

On prononçait son prénom. L'épouse de William qui l'appelait pour manger. Comme s'il était son fils. Comme s'il avait trouvé une famille, une vraie, avec un grand frère et trois sœurs.

Tombant de son rocher, il effleura du bout des doigts un des loups pour le saluer et se mit à courir, pour rentrer à la maison.

ブロンズ

Rien que le fait de se redresser pour boire un verre d'eau faisait souffrir le jeune homme. Première mission officielle pour Ichi, à peine devenu chevalier de l'Hydre, premières blessures de combats et pas des moindres. Plusieurs côtes cassées, les chevilles en piteux état et son maitre avait aussi récolté quelques sévères dégâts, malgré l'expérience.

Un ordre officiel du Sanctuaire les avait informés qu'une présence hostile se trouvait dans leur région, dans la partie occidentale de la Finlande. À priori, les Chevaliers Noirs se déployaient un peu trop souvent en ce moment, et il fallait arrêter ces criminels.

Celle qui avait tout appris à Ichi lui proposa de l'accompagner. Selon elle, l'apprentissage sur le terrain était bien meilleur qu'un entrainement carré et en bonne et due forme. C'était bien une femme chevalier qui avait formé le jeune homme. Belinda du Poisson Volant, chevalier d'Argent à la longue chevelure blonde et aux yeux aussi bleus que le ciel. Et elle ne portait jamais son masque.

De ce qu'il avait appris d'elle, c'était une guerrière, fidèle au Sanctuaire, mais aussi à ses idéaux. Et selon ses termes, s'affubler d'un fardeau pareil c'était humiliant et frustrant au combat. Parce qu'elle adorait se battre et défendre ce petit bout de terre sur lequel elle vivait, en attendant de voir revenir son fiancé qui faisait trop d'aller retour entre ici et la capitale. C'était un chercheur en médecine, aussi blond qu'elle, et trop intelligent et parlant trop vite pour Ichi. Il avait eu du mal à apprendre le finnois et n'était pas du tout bilingue. Pourtant il était gentil avec lui.

Il repensa à ce combat au cours duquel il avait tenté de tout donner, d'utiliser les techniques qu'il avait apprises durant ces années mais fut repoussé d'une vague d'énergie contre une falaise derrière lui et l'avait comme brisé. Belinda l'avait aidé, de par ses techniques élégantes et en total contraste avec son langage peu châtié parfois. C'était une vraie guerrière qui prenait tout à cœur et, avant qu'Ichi ne perde entièrement connaissance, il s'était rappelé de ces paroles prononcées avec un vocabulaire simplifié ''Tout va bien, Ichi. J'ai vaincu notre adversaire. On va rentrer.''

Depuis, une autre missive du Sanctuaire leur parvint: cette fois pour annoncer qu'Athéna serait de retour sur les terres sacrées et que la majorité de son armée était convoquée à cette occasion.

Tous les deux seraient en retard à cause de leurs blessures et des doutes de Belinda qui n'avait pas reconnu la silhouette de leur adversaire. L'on disait que le chevaliers noirs imitaient parfaitement les armures des chevaliers sacrés, à l'exception de leur couleur ébène.

Ichi avait lu le rapport de son maitre avant de le signer également et avait retenu une phrase qui l'effrayait pour l'avenir: ''Je n'ai pas su deviner lequel de nos chevaliers mon ennemi usurpait l'armure. Il était couvert de la tête aux pieds d'une protection noire, impossible de voir son visage, mais le plus surprenant – et je mesure mes mots – c'est ce cosmos terriblement sombre et violent qui dégageait de lui. Dès que ma santé s'améliorera, je reviendrai sur les lieux du combat tenter de trouver des preuves. J'espère que l'arrivée de notre déesse n'entrainera pas une menace pour notre terre...''

Quand il était à l'orphelinat au Japon, Ichi était un des premiers à faire l'idiot, courageux mais pas téméraire. Il avait toujours des appréhensions, mais même s'il n'était pas le combattant le plus fort, il ferait tout pour épauler son maitre.

ブロンズ

Alors que le petit bateau de ravitaillement quittait l'unique quai de l'ile d'Andromède, Shun réprimait du mieux qu'il le pouvait un soupir de déception. Toujours pas de nouvelles de son grand frère. Juste une lettre du Sanctuaire pour son maitre Albior. Ikki allait-il bien? Avait-il réussi à devenir chevalier lui aussi? Il n'en doutait pas le moins du monde, mais un petit mot de sa part, juste un ''je vais bien'' l'aurait rassuré. Le jeune garçon était fier de ce qu'il avait accompli.

Quand il avait quitté le Japon, une semaine après son frère, pour cette petite ile perdue dans l'Océan Indien, il s'était senti seul, désarmé, loin de la présence forte et chaleureuse de Ikki qui avait toujours été là pour lui depuis sa naissance. Il était sa seule famille, et il avait été inconcevable pour lui au début de vivre sans lui. Pourtant ces grands chevaliers qui étaient venus les voir avant les grands départs des orphelins l'avaient plus ou moins convaincu: à son tour il voulait protéger son frère. Cependant était-il obligé de se battre pour ça?

Shun n'aimait pas la violence et ne s'était pas entendu tout de suite avec les autres apprentis qui briguaient l'armure de Bronze eux aussi. Reda et Spica étaient trop vantards au début, cherchant les faveurs de leur maitre et la punition injustifiée pour le Japonais. Le temps passant, les deux s'étaient ravisés en découvrant le potentiel caché en Shun et surtout l'absence de rancune de celui ci quand il les avait aidés à sortir d'une grotte dans laquelle ils s'étaient coincés alors que la marée montait dangereusement.

Le jeune homme était doué en natation et avait refusé leurs excuses parce que rien que le fait de les voir en vie était bien plus important.

Sur l'ile, il y avait June aussi. Une autre apprentie avec qui il s'entendait bien. C'était elle sa partenaire d'entrainement, avec elle qu'il progressait et elle encore qui l'avait convaincu de tenter l'ultime épreuve pour obtenir l'armure d'Andromède. Elle lui avait dit qu'il pouvait être puissant, et leur maitre avait confirmé cela.

Tout le monde, Shun le premier, avait été stupéfait de la force que le garçon avait dégagé pour se libérer des chaines qui le ligotaient fortement au rocher. Une aura d'un rose pur et doux l'avait alors enveloppé, révélant une puissance enfouie en lui.

Albior l'avait félicité, encore étonné de ce cosmos qui sommeillait dans le Japonais.

Pour la forme, il lui répétait qu'il ne devait jamais se battre ni revêtir l'armure d'Andromède pour des fins personnelles, mais jamais Shun ne le ferait. S'il devait se battre, ce n'était seulement que lorsqu'il n'aurait pas le choix. Et pour protéger aussi son grand frère dont il attendait des nouvelles et le jour où ils pourront se retrouver enfin.

ブロンズ

Une camionnette se gara à l'orée d'une dense forêt en plein creux des Montagnes Rocheuses, côté Canada de la chaine. Un homme d'une forte carrure en descendit ainsi qu'un adolescent et tous deux s'enfoncèrent dans les bois. Juste à l'entrée il était écrit en anglais ''Réserve naturelle, défense de chasser.'', avec en dessous un avertissement qu'on ne pouvait manquer ''Prenez garde, présence d'ours en liberté''.

Aucun des deux ne craignait ces animaux, ils étaient là au contraire pour prendre soin d'eux.

Ce jour là, Geki était mélangé entre la surexcitation et la tension: il allait visiter la grotte d'une famille ours, un rêve d'enfant qui se réalisait. Amoureux des animaux depuis toujours, quand il était au Japon, il dévorait les livres sur ce sujet, rêvant d'approcher les créatures les plus dangereuses, même, mais dans le plus grand respect.

Ainsi, à l'approche imminente de l'hiver et des neiges qui menaçaient de tomber à un moment ou l'autre, avec un vétérinaire de la ville près de laquelle il logeait, il été autorisé à venir observer, même aider à soigner les bêtes si besoin était.

Pour son âge, Geki était un garçon très grand et à la carrure solide et forte qu'il avait renforcée grâce à son entrainement de chevalier. Il avait forgé sa silhouette en s'attaquant plus sur les falaises que sur les animaux, désobéissant volontairement à son maitre. Il ne l'avait pas compris: pourquoi vouloir tuer des ours alors qu'il se formait pour devenir le chevalier de Bronze de cette même constellation? Au contraire, il voulait les protéger, tout autant que les humains et la terre entière.

Cependant il dut en tuer un jour, juste avant de se faire remettre son armure: des ours violents et devenus fous à cause de braconniers sans vergogne avait envahi la ville près de là où il s'entrainait, et la seule manière de les calmer avait été de les achever. Ces ours n'étaient pas de féroces tueurs sanguinaires voulant à tout prix massacrer des humains, comme l'on avait prétendu. Ces chasseurs avaient tiré sur eux, les balles s'étaient logées dans leur corps et ils en avaient souffert.

Geki, ce petit gaillard japonais comme certains le surnommaient, avait tout fait pour les soulager, simplement.

Cette réserve naturelle, dans laquelle il pénétrait ce jour là, était un paradis pour lui. Les parfums qui s'y dégageaient, les bruits des feuilles lorsque les oiseaux décollaient dans le ciel, cette surprise quand par delà un buisson il découvrait un ours qui pêchait dans la rivière... Tout était précieux à ses yeux. Et si jamais il n'était pas fait pour être protecteur d'Athéna, il étudierait, pour devenir vétérinaire, gardien de réserve naturelle, peu importait. Il voulait être près des animaux et en prendre soin.

ブロンズ

Death Queen Island, ce petit rocher perdu dans le Pacifique portait bien son nom. Cette ile née entre deux plaques tectoniques et subissait plusieurs fois par jour des séismes plus ou moins violents. Un volcan éveillé menaçait d'exploser en permanence, et les températures n'étaient pas viables pour un être humain normal. De jour comme de nuit, il faisait 40° en moyenne. C'était l'enfer matérialisé à la surface de la terre. On n'y vivait pas, on y survivait.

C'était là bas que Ikki avait été envoyé pour être chevalier. Selon Kanon et Milo, les chevaliers d'Or qui étaient venus rencontrer les orphelins au Japon, il était le plus robuste, le plus fort mentalement pour tenir cet entrainement et devenir le nouveau Phénix. C'était bien beau tout ça...

En presque six années, il ne comptait plus les dizaines de fois par jour où il croyait voir sa vie s'arrêter. Psychologiquement, il était à bout, mais jamais il ne le montrerait. Jamais il ne laisserait fuir la moindre once de faiblesse sinon il était mort, définitivement.

Encore un peu, encore quelques heures, quelques jours et il allait quitter cet endroit. À la nage s'il le fallait, jusqu'au premier bout de terre qu'il trouverait. Mais d'abord, il devait récupérer cette armure, la retirer des griffes de ces chevaliers noirs.

Le groupe de criminels avait élu domicile sur Death Queen Island et détenaient l'urne dans laquelle reposait son passe pour partir à tout jamais de cet enfer. Les battre était l'ultime épreuve. Ce n'était pas une mince affaire pour autant.

Ils étaient six à avoir envahi cette ile. Ils avaient éliminé sans le moindre remord le maitre de Ikki qui s'était opposé à leur venue et avait réduit sa fille, Esméralda en esclavage sous peine d'être tuée elle aussi.

Le jeune homme bouillonnait de l'intérieur, et tout ce qu'il pouvait faire était de trouver la force adéquate, de réveiller le cosmos qui sommeillait en lui pour se débarrasser de ces enfoirés – et le terme était faible. Ils ne s'étaient toujours pas débarrassé du corps de l'homme qui gisait sur la roche brulante depuis plusieurs jours. À la vue même de sa fille qui passait tout le temps ici pour accéder au seul point d'eau pure de l'ile... Il allait les tuer, purement, et simplement.

Même prisonnier, à l'instant, ligoté par des chaines noires qui le maintenait fermement et ce gamin insupportable qui le rouait de coups, celui qui portait l'armure du Pégase noir, il ne se laissait pas faire, contrairement aux apparences.

Il souffrait, chaque impact de ces météores noirs lui brulait la peau, bien plus que des jets de lave du volcan qui fuyaient par surprise, mais il restait concentré. Penser à sa liberté, à sa fuite hors de l'ile, à retrouver son petit frère Shun... à faire exploser son cosmos autant que possible...

Les chaines se changèrent alors en serpents noirs qui grouillaient sur son corps, le mordant sur les jambes, le faisant hurler de douleur.

C'en était trop! Ikki explosa. Littéralement! Une aura orangée aussi ardente que les éruptions du volcan l'enveloppait, et ainsi, il se libéra de cette prison. Les reptiles tombèrent lourdement au sol, redevenant des morceaux de maillons brisés.

Le jeune homme ne se sentait pas en forme pour autant. Un filet de sang coulait sur son front. Une morsure de la chaine noire d'Andromède. Ses muscles le faisaient souffrir là où il avait reçu les coups du Pégase noir. Il devait s'en sortir, coute que coute...

Un autre opposant se présenta face à lui: une armure de Cygne noir. Les lâches! Trois contre un... très honnête comme affrontement en effet.

Ikki ne se laissait aucunement impressionner. Il ne retenait plus cette haine logée dans son cœur. Son maitre ne connaitrait jamais la paix tant que ces meurtriers seraient encore là. Son ultime épreuve continuait.

Il se mit en position de combat, oubliant son corps qui le faisait souffrir. Il intensifia son cosmos autant qu'il le pouvait, et lança son attaque.

Hô Yoku Tenshô

Un épais jet de flammes jaillit des poings de Ikki en direction des chevaliers Noirs de Pégase, du Cygne et d'Andromède qui furent emportés sous la déflagration.

L'instant d'après, seule une énorme trace de cendres restait à l'endroit où se trouvaient ses adversaires. Lâches et si peu résistants.

Il avait quand même bien mal partout, se sentait fourbu de ce combat inégal qu'il avait mené face à deux opposants tandis que le troisième n'avait pas eu le temps d'attaquer.

Sa future armure du Phénix l'attendait un peu plus loin, au pied du sentier qui menait au volcan.

Sur la route, il balaya d'un coup de poing brut ce Jango, un sous fifre des chevaliers noirs qui aboyait plus qu'il n'était fort et qui ne se gênait pas pour maltraiter Esméralda. Il tomba dans un précipice sans espoir de revenir en vie.

Puis, une fois arrivé, le Dragon noir et posée sur une sculpture en pierre qui tombait en ruines, l'urne de l'armure du Phénix. Il était considéré comme l'un des plus puissants de ce groupe de criminels et c'était lui qui avait ordonné l'assassinat de son maitre. Il fallait le battre.

L'homme ténébreux toisa le jeune apprenti chevalier de son regard sombre et un rictus se dessina sur les lèvres, un sourire sournois.

Ikki ne lui montra aucune marque de fatigue ni de douleur de son précédent affrontement. Son cosmos était à nouveau prêt à exploser, il pouvait déclencher son attaque à tout moment, quand, sans s'en apercevoir, le Dragon était sur lui et lui décocha un coup de pied en pleine mâchoire qui l'envoya au sol.

Déloyal...

Il se releva non sans mal, mais au moment de se stabiliser, une douleur lui fracassa le dos, le forçant à s'agenouiller sur les pierres brulantes.

Quelque chose venait de l'attaquer par derrière. Comment? Pourquoi?

Le Dragon était juste devant lui, l'observant de son regard ébène, comme s'il éprouvait un malin plaisir à voir son adversaire humilié de la sorte. Pourtant il avait, il en était sur et certain, éliminé tous les chevaliers noirs qui avaient investi Death Queen Island...

Ikki n'eut pas le temps pour d'autres réflexions, il évita de justesse un autre coup de pied du Dragon en roulant sur le côté et se releva aussitôt. Mais à nouveau on le frappa sur le flanc droit, et il fut envoyé par terre. Encore une troisième fois.

Le jeune homme, comprit peut-être trop tard que les coups provenaient toujours du même endroit: une cavité sombre et ombragée sur la falaise qui formait le virage du chemin vers le socle de l'armure.

Le risque était à prendre.

Il envoya un coup violent vers cette zone obscure. Peut-être ce serait un échec, mais il eut raison: un homme s'effondra au sol. Comme une ombre, un sosie du Dragon noir.

Ce dernier, de sa voix rauque, prit la parole:

« Bien joué Ikki. Tu as découvert mon frère jumeau, mon ombre.

Il souriait. Cet enfoiré souriait alors que son frère venait de se faire tuer!

-Cela ne te fait rien? Demanda Ikki non sans une pointe de rage dans ses paroles.

-Sa faute... Il n'a pas su se défendre, c'est tout... »

''C'est tout''... C'en était trop pour le Japonais. Ces chevaliers noirs n'étaient que de pures et simples ordures. Ne comptant que sur l'énergie qui restait en lui, il fonça sur le Dragon, l'aura orangée autour de son corps et le frappa en plein visage. Puis dans l'estomac, puis les côtes, et tout le reste, se servant du chevalier noir comme un vulgaire sac d'entrainement sur lequel il se défoulait, déversait toute cette haine envers ce groupe, cette frustration et cette peine d'avoir perdu son maitre, et cette rage de vouloir enfin quitter cette ile maudite et retrouver son petit frère Shun. Il ne laissait aucune ouverture, aucun temps mort et peu à peu ses mains semblaient comme embrasées d'un cosmos brulant, chaud comme de la lave en fusion, sans aucune pitié pour son ennemi.

Après une longue minute, le Dragon gisait au sol, inerte, les jambes comme disloquées, sans vie.

C'était fini.

Vraiment fini.

Ikki avait accès à l'armure et pouvait devenir le Phénix, cet oiseau immortel et légendaire.

Il décrocha l'urne qui s'ouvrit, laissant s'échapper la silhouette d'une créature de feu qui s'envolait vers les cieux, et l'armure vint s'accrocher au corps meurtri et blessé du jeune homme.

Cette sensation, comme une douce chaleur. C'était vraiment comme une renaissance. Son cosmos l'enveloppait lui et l'armure et il se sentait bien. Il avait toujours mal mais, il revivait.

À présent, il fallait quitter cet enfer.

Une présence s'approchait.

-Esméralda? S'étonna Ikki.

-Ikki... tu t'en vas?

-Si toi aussi, tu veux partir, accompagne-moi. Tu n'es plus obligée de vivre ici.

La jeune fille s'agenouilla au pied du corps du frère jumeau du Dragon noir.

-Il est vivant, s'assura-t-elle.

-Quoi? Je vais...

-NON! hurla-t-elle avant que Ikki ne pose la main sur l'endormi. Il n'est pas méchant, vraiment. Il a été manipulé par son frère et il était obligé de lui obéir. Il... il m'avait consolée quand les autres ont tué mon père et...

-Fais comme tu veux, Esméralda. Mais seule ou avec lui ta vie ne devrait pas continuer sur cette ile. Elle est maudite, et ton père le savait. Moi je pars. »

Sur ces mots, Ikki laissa les deux personnes, pour rejoindre le minuscule quai où se trouvait une barque de fortune. Il embarqua dedans et une fois au large, il se laissa voguer au fil du courant en plein océan Pacifique, là où les vagues le mèneraient, loin très loin de cet enfer.

ブロンズ

Sanctuaire d'Athéna.

Seiya revenait du village le plus proche, les bras chargés de sacs de course. Corvée hebdomadaire pour Marin et lui. Même après être devenu le Pégase de cette époque, il ne pouvait passer son tour pour le ravitaillement de son logis avec son maitre. Et ce n'était pas prêt de s'arrêter.

Après avoir été adoubé, il n'avait pas obtenu l'autorisation de rentrer au Japon pour revoir sa sœur. Pas encore. Ses ainés dorés lui avaient expliqué le refus direct du Grand Pope: Athéna s'était révélée et arriverait très prochainement sur les terres sacrées. La plupart de ses chevaliers, sauf raison urgente et valable, devaient se retrouver ici pour la saluer en une cérémonie grandiose.

Aiolos lui affirma aussi que c'était un événement inédit dans toute l'histoire du Sanctuaire, que pour la toute première fois depuis les temps mythologiques, aucun conflit apparent ne se déroulait au moment du rassemblement des chevaliers et qu'il fallait commémorer ce jour à venir. C'était important pour tout le Sanctuaire.

Admettons... Mais Seika lui manquait tellement, il avait du lui écrire une lettre d'excuse pour cela. Et ce n'était pas avec sa maigre première pension de guerrier qu'il allait lui offrir un billet d'avion pour la Grèce.

Une pierre sur son chemin se retrouva dans les airs la seconde d'après. Seiya déversait sa frustration comme il le pouvait, et en même temps devait faire attention de ne pas percer les sacs remplis de légumes et autres victuailles.

Un juron retentit. En japonais.

« Tu pouvais pas faire un peu attention, espèce d'abruti?

Une voix d'adolescent comme lui, mais cette manière de parler...

-Jabu? Qu'est-ce que tu fous là? S'étonna Seiya

-Et toi? Tu t'es raté dans ton entrainement et t'es devenu larbin?

-... tu parles, je suis chevalier de Pégase moi! Et toi? Tu t'es perdu?

-Moi je suis le grand chevalier de la Licorne!

-T'es plus petit que moi!

-La ferme! Et tu me devras un peu de respect, désormais! J'accompagne notre déesse Athéna au Sanctuaire, rajouta la Licorne d'un air se voulant supérieur.

-Me fais pas rire! T'as du avoir la nouvelle comme tous les autres... à moins que tu sois véritablement devenu le larbin d'un chevalier et que tu lui cires les pompes...

-Cela fait longtemps, Seiya.

Une voix féminine, posée, s'adressait au jeune Pégase en japonais. Une fille s'avançait vers eux, l'allure altière, une robe blanche qui descendait jusqu'aux genoux et qui volait légèrement au vent, en même temps que ces longs cheveux d'une couleur lavande. Elle avait grandi elle aussi, mais il la reconnaissait:

-Kido Saori?

-C'est Athéna, maintenant, abruti, vociféra Jabu. Respecte la!

-Ce n'est pas grave, Jabu. Je sais que pour vous avec qui j'ai joué quand je venais à l'orphelinat, je resterai Saori. Je suis contente de retrouver un ancien ami d'enfance. »

Seiya soupira. La fille de Kido était Athéna. Il ne savait pas trop comment prendre la nouvelle, mais une chose était certaine: il rageait contre Jabu. Ce sombre idiot avait pu revenir au Japon avant de débarquer ici. Et lui, il lui tardait tellement d'y revenir, pour revoir sa sœur...

Athéna était revenue chez elle, et son armée grandissait petit à petit. Elle serait bientôt prête...


notes de fin: Merci d'avoir lu ce chapitre qui m'a bien donné du fil à retordre! Mais je voulais relever un défi que je me suis imposé de faire un petit moment de gloire aux 10 Bronze et pas que les principaux. Ca m'a épuisée, je suis partie dans des recherches sur tout et n'importe quoi, mais j'avoue que même pour les Ichi et Nachi etc je trouve que je m'en suis bien sortie. C'est mon impression en écrivant du moins. Je me suis vraiment amusée à écrire le passage de Jabu, et j'ai voulu remettre des persos oubliés de l'anime comme Ohko, ou même Esméralda et Crystal.
Cela dit, il est besoin de quelques explications sur certains points: pour Nachi, j'ai repris l'endroit où il a été entrainé comme indiqué dans les informations officielles, à Bomi Hills dans le Libéria. Je pense qu'entre lui et Ban, je me suis jamais autant informée sur la géographie de l'Afrique mdrrr. J'ai décidé de faire son maitre l'ancien chevalier du Loup, certainement originaire du Libéria comme je l'ai imaginé et je l'ai prénommé William comme l'un des anciens dirigeants de ce pays (anglophone donc avec des prénoms à consonance anglaise aussi).
Pour Ichi, j'avoue j'ai craqué! Pour son maitre, j'ai crée ce personnage de Belinda en référence à une chanson de Claude François intitulée... Belinda! Et je l'ai décrite telle quelle "elle a les yeux bleus Belinda, elle a le front blond Belinda" et j'assume. Je lui ai donné une armure inédite, celle du Poisson Volant, car je trouvais qu'une créature aquatique pouvait être en accord avec l'Hydre de Ichi. Pour Geki, j'ai toujours trouvé cruel et n'importe quoi qu'il tue des ours pour obtenir l'armure de l'ours... C'est absurde, cruel, donc j'ai changé en le rendant comme un gamin qui aime les animaux, au contraire, et qui se sert de sa force pour les protéger.
Pour le cas Ikki, et en général pour l'ensemble de ce chapitre j'ai pas mal traité sur les chevaliers noirs. Dans l'histoire d'origine, j'aime beaucoup ces personnages, mais là encore certains ont eu la vie trop courte. C'est un choix, dans le sens où je les traite comme une caste de criminels sans scrupule. Comme les chevaliers noirs sont des clones... noirs des chevaliers d'Athéna, qui sait si je n'en mettrais pas d'autres par la suite (à vrai dire, au moment où je finis ce chapitre, je n'en sais strictement et absolument rien...). Bon j'avoue, je n'ai pas épargné mon dragon noir mais dans ma version, c'est juste un gros enfoiré, TOUS les chevaliers noirs dans Saint Kanon je pense que j'en ferai des ennemis sans exception. J'aime beaucoup le Dragon noir de Kurumada, mais c'est surtout son combat face à Shiryu qui m'a laissé une très bonne impression. Ici beaucoup de choses sont très différentes.
Saint Kanon me donne énormément de boulot, mais j'adore écrire ce canon divergent. Pour la suite, je n'ai que quelques bribes d'idées à exploiter, j'y avancerai petit à petit. J'ai pris quand même beaucoup de plaisir à cet exercice de mini parties sur chacun des Bronze. Enfin, les caractères des interludes c'est l'écriture en katakana de Bronze.
Des bisous et à la prochaine.