Notes: Bonjour, bonsoir! Me voilà pour la suite et fin de cette histoire en Asgard. Ce chapitre est très long, je l'admets, mais j'espère que vous aurez autant de plaisir à le lire que moi j'ai eu à l'écrire. Bonne lecture.
Douzième histoire: Guerre dans le grand nord
Kanon s'immobilisa tout net en plein milieu des escaliers, obligeant Ikki à s'arrêter également. Un mauvais pressentiment l'envahit tout à coup, bien plus fort que celui qu'il avait en lui depuis qu'ils étaient entrés dans le royaume d'Asgard. Son cœur s'était resserré, comme l'impression que quelqu'un de proche s'en allait, et puis le déclic d'un danger imminent pour un de ses alliés, comme s'ils l'avaient croisé dans leur course vers le palais.
Il n'avait pas le temps de se laisser aller aux émotions, il n'en avait pas le droit. Quelque part en son for intérieur, il savait que Marin et Nachi évoluaient dans une autre voie, et qu'ils les rejoindraient quoiqu'il arrivait. Mais là... Cette fichue intuition lui dictait de prendre un risque énorme, mais si cela marchait... Il fallait tenter.
« Ikki, redescends.
-Quoi?
-Descends et va retrouver Asterion et Benetnash. J'ai comme l'impression qu'ils sont en danger.
-T'es sur? Il ne vaut mieux pas avancer sans se préoccuper des...
-Ecoute ce que je te dis, cria le Gémeaux. C'est bien beau de jouer les héros plein d'abnégation mais faut réfléchir aussi et obéir à ses supérieurs. Retourne les rejoindre et discute pas mes ordres. J'ai assez confiance en tes capacités pour que tu puisses les épauler.
-Et si je reviens pas?
-Je te tue. Un chevalier de Bronze tel que toi qui n'est pas capable de renaitre tel un Phénix après tout ce que tu as vécu, ça n'existe pas.
-Reste en vie, toi aussi alors. »
Le chevalier d'Or était conscient de cette décision périlleuse. Mais Ikki était extrêmement fort, doté d'un cosmos supérieur aux chevaliers d'Argent, et d'une résistance physique extraordinaire. Il savait qu'il reviendrait. Malgré cette mauvaise entente entre les deux, cette rancune que gardait le Phénix envers Kanon depuis son sauvetage de Death Queen Island, tous deux partageaient un sentiment si fort: celui de revenir auprès de leurs frères respectifs.
Les yeux rivés vers la grande porte du palais qui se dessinait, il ne se retourna pas pour voir le chevalier de Bronze repartir vers le bas. Ce n'était pas un adieu.
爆発
Un peu plus bas, dans les escaliers, ou un peu plus à l'écart dans un chemin menant vers les bois, le Chien de chasse et le Guerrier Divin étaient sur le qui vive.
« Que disais-tu chevalier? Que nous ne sommes pas seuls?
-Oui, tu as été suivi. Même si c'était de loin, l'ennemi ne va pas tarder à arriver. Je ressens un cosmos particulièrement étrange, puissant même.
-Tu dis avoir une capacité de lire le cœur et l'esprit des gens, est-ce grâce à cela que tu as pu détecter cet ennemi en approche?
-Je pense oui. Soyons vigilants, c'est un être particulier, et très probablement pas humain...
-Que veux-tu dire...?
Une voix d'homme résonna alors, provenant de nulle part:
-Hin hin hin... ricana-t-elle, je vois que parmi vous il y a des êtres un peu plus intelligents que la moyenne... Bien vu, chevalier...
Asterion et Mime se figèrent d'un coup. D'où venait cette voix? Qui leur parlait et surtout les observait?
Le chevalier d'Argent se sentit piqué dans ses pensées. Il avait ressenti la présence de l'ennemi, ce cosmos à la puissance peu négligeable, mais impossible de le repérer.
-Vous aurez beau regarder au loin, vous ne verrez absolument rien, continuait l'invisible. Je vais exceptionnellement faire preuve de clémence juste pour cette fois. La réponse se trouve juste à vos pieds, tout simplement...
Ils baissèrent la tête et leurs visages se déformèrent en une grimace de dégout en découvrant une masse aux tons violet nuit, couverte de ce que l'on pourrait apparenter à des pustules bleues vraiment peu ragoutantes...
-Qu'est-ce... qu'est-ce que cette horreur, s'exclama Benetnash.
-Tu ne semblais pas si méprisant et encore moins expressif, jeune ménestrel, lorsque tu jouais pour Dame Pandore. Elle appréciait sincèrement tes mélodies, oubliant que tu étais un défenseur d'Asgard. La voilà seule, à présent, prisonnière elle aussi de Hypnos. En l'abandonnant, et en osant révéler que tu étais fidèle malgré tout à ta souveraine mourante, tu deviens officiellement un ennemi d'Hadès. C'est bien triste, je vais devoir t'éliminer et de ce fait, personne ne pourra plus écouter ta musique...
-Comment tu sais tout ça?
Asterion observait la scène. Il voyait Mime décontenancé, dépourvu de ce visage fermé qui l'empêchait de montrer ces émotions que lui seul pouvait lire, et cette chose qui parlait au rythme des pulsations de ces formes qui bougeaient étrangement.
-Je suis Myu, du Papillon, de l'étoile terrestre féerique. N'ayant jamais eu confiance ni en toi, ni aux autres Guerriers Divins, je n'ai jamais pris la peine de montrer ma véritable apparence, mais à quoi bon? Tu vas mourir, toi, et ce chevalier...
-Mime... Ecarte-toi, cria le Chien de chasse en bondissant en arrière, emportant le musicien avec lui par le bras.
Là où ils se trouvaient l'instant auparavant, des jets d'une substance étrange s'étaient répandus, remplis du cosmos de ce curieux Spectre.
-Très bons réflexes pour avoir évité mon Ugly Eruption. Mais allez vous...
MILLION GHOST ATTACK
Le chevalier d'Argent ne laissa pas le temps à Myu de finir sa phrase qu'il tomba sur lui en une série de coups rapides, au delà de la vitesse du son.
-A toi, Mime!
Le Guerrier Divin dégagea une aura blanc argenté de son bras en direction de l'être informe. Bien vu, songeait Asterion. C'était plus efficace qu'une attaque avec sa lyre, les cordes auraient été inefficaces dans cette situation.
La chose s'immobilisa aussitôt.
-On l'a eu, demanda Benetnash.
-Non... Regarde, il est en train de se craqueler. Tiens-toi prêt à attaquer à nouveau...
Cependant, pour la première fois de sa vie, depuis qu'il eut pris conscience de ce don de lire dans les pensées et le cœur des gens, Asterion se sentait perdu. Son maitre, au cours de son apprentissage de chevalier le lui avait pourtant bien répété encore et encore: ''Ne te fie pas seulement à cela. Je sais à quel point c'est une chance inestimable pour nous les Chiens de Chasse de pouvoir anticiper et les agissements et les paroles de nos adversaires surtout, mais ne te repose pas dessus. Un jour, cela pourrait te mener vers un danger qui te serait fatal...'' A cet instant, il mesurait l'importance de ces paroles. À cet instant même où le spectre informe ne bougeait plus, où les pustules ne grouillaient plus, où la carapace se mettait à briser pour laisser s'échapper une curieuse lumière éblouissante, obligeant les deux hommes à cacher leurs yeux à l'aide de leurs bras.
Rouvrant leurs paupières, le chevalier d'Argent resta stupéfait, dans la plus grande incompréhension. Le Spectre aurait-il disparu?
Impossible, il ressentait encore et toujours son cosmos et ces jolis papillons qui voletaient autour d'eux sans s'enfuir dans les bois. Déjà... comment de tels insectes pouvaient survivre sous une tempête de neige comme celle qu'ils subissaient en ce moment même? Comment des créatures à l'origine si frêles pouvaient danser dans les airs, brillant de milles feux comme si le soleil leur offrait ses plus beaux rayons pour enchanter la nature, comme dans les jardins du Sanctuaire?
STRINGER REQUIEM
Le cri de Mime l'arracha à ses questions sans réponse, dès qu'il découvrit les cordes de la lyre entourer un insecte disgracieux et dix, cent fois plus gros que la moyenne, d'un noir aussi dérangeant que la créature informe qui représentait Myu.
-Cela ne sert à rien, ménestrel, sifflait ce qui ressemblait à une chenille. Ta mélodie est sublime, rien à dire là dessus, mais tu ne m'étrangles même pas. Par contre...
-Mime! Va-t-en, hurla Asterion.
En vain. À son tour, le Guerrier Divin se faisait ligoter et peu à peu recouvrir de fils très fins comme de la soie, de la tête aux pieds, l'immobilisant et l'enfermant progressivement dans un cocon. Impuissant, le chevalier n'avait pu intervenir, ni même anticiper cette attaque. Il avait assisté sans pouvoir ne serait-ce réagir un peu, à la défaite de Mime de Benetnash. De plus, il ne pouvait lire les pensées de cet insecte géant.
-A ton tour, Chien de Chasse! Silky Thread! »
Une fois, deux fois, Asterion évita les jets de soie de Myu. Il était rapide, très rapide, mais lui même n'arrivait pas à connaître ses assauts en avance. Il avait compris que le Spectre évoluait tel un vrai papillon, de l'état de larve, à sa forme finale, en passant par l'actuelle chenille et celui du cocon, similaire à celui dans lequel Mime était enfermé. Et au fur et à mesure, il devait prendre toujours plus de puissance, physique et spirituelle. De ce fait, il arrivait à dissimuler ses pensées, même à un expert en la matière tel que le Chien de Chasse...
Ce dernier s'effondra dans les escaliers. Comment avait-il pu? Une dizaine de fils l'avait saisi à la cheville. Il était fait lui aussi.
SILKY THREAD
A nouveau cette attaque, pour lui désormais. Il ne voyait plus qu'une toile couleur de nacre, au contact doux sur sa peau, tel un voile qui l'entourait de plus en plus, l'enveloppait tout en délicatesse, l'apaisant. Il était en train de s'affaiblir, de perdre progressivement ses forces, son cosmos.
Les dernières pensées de Asterion furent pour son maitre. Où qu'il fut, il lui présenta ses excuses n'avoir trop compté que sur la lecture des pensées. Il aurait vraiment du renforcer le reste de ses capacités...
爆発
Un doute envahit Ikki. Les escaliers menant vers le palais d'Asgard étaient en une seule ligne, large, sans aucune autre bifurcation possible que pour s'enfuir dans les bois via de probables sentiers qui auraient disparu sous cette épaisse couche de neige. Dans ce cas, pourquoi ne voyait-il plus ni Asterion, ni le Guerrier Divin?
Et quand bien même il serait descendu beaucoup trop bas, il les aurait croisés à un moment ou un autre... D'autant qu'il ressentait des cosmos alentour. Faibles, mais bien présents. Alors où pouvaient-ils bien être?
Il observait de haut en bas, même par delà la puissante paroi qui en pierres qui séparait la route de la falaise tombant vers les rochers et la mer qui s'agitait.
Se retournant vers la forêt dense, il découvrit accrochés dans les pins, au milieu d'amas de neige si lourds qu'ils menaçaient de tomber sans prévenir, trois objets de grande taille et de forme ovale, dans les tons rose très pâle. Il se concentra et se rendit compte que c'était de là d'où venaient les cosmos de Asterion, du Guerrier Divin et un autre qu'il ne pouvait identifier.
D'un coup précis, il fit tomber des branches ce qu'il identifia comme des cocons de soie. De ce dont il se souvenait de ses connaissances en science naturelle, il ne pouvait exister en ce bas monde un animal d'une si grande taille qui pourrait surgir de ces carapaces. Et à raison. Il ressentait une aura provenant d'un des trois. Sans plus réfléchir, il entreprit de déchirer la protection à mains nues. Il remerciait son armure sur laquelle les fils très fins glissaient sans s'accrocher, pour révéler le visage paisible et endormi de Mime, dépourvu de son casque. Une forme rouge vif gisait dans la neige. Il avait du le perdre au cours d'un combat. En tout cas, il respirait.
Dans l'un des deux autres cocons devait se trouver Asterion. Au hasard, il décortiqua le plus proche de ses pieds, et la chance voulut que le chevalier d'Argent aussi, fut vivant, juste endormi.
Quant au dernier... Le Phénix n'eut pas besoin de se poser la question.
Alors que des éclairs illuminaient et transperçait la carapace, une voix masculine s'éleva également dans les airs.
« Bravo, chevalier, tu as trouvé tes alliés. Mais dans peu de temps, vous serez réunis aux Enfers. Moi, Myu du Papillon, je t'offre la chance de me voir sous mon apparence finale avant de mourir!
Un homme au visage fin, des yeux en amande d'un noir envoutant et aux mèches de cheveux d'un rose foncé apparut, vêtu d'une armure rouge bordeaux avec des ailes de papillon volant dans son dos. D'immenses ailes, donnant à cet être l'air d'être un curieux mélange entre un humain et un insecte. Si ce cosmos qui s'en dégageait n'était pas si noir et s'il ne l'avait pas menacé de a sorte, il aurait cru se trouver devant une fée d'un conte.
-J'ai pas envie de te demander ce que tu leur as fait, rétorqua Ikki. Ils sont vivants, c'est ce qui compte pour moi. Et désormais, c'est moi plutôt qui vais te battre.
-Oh, tu en es sûr? Toi un simple chevalier de Bronze?
Ce dernier ne chercha même pas à lui répondre, fonçant sur le Spectre en lui assénant un coup de poing à toute vitesse.
Cependant, en se retournant, il sentit qu'il était touché. Son corps semblait criblé de petites attaques, comme des piqûres anodines au premier abord. Il vit par la suite des nuées de papillons scintillant voler en sa direction, soulevant ses bras, poussant son dos et ses jambes vers le haut.
-Tu ne pensais tout de même pas qu'une attaque aussi faible allait me faire tomber, fit Myu. Par contre, toi, tu viens de gouter à mon Fairy Thronging. Ces papillons que tu vois sont les messagers de notre Seigneur Hadès et sont en train d'aspirer ton cosmos et t'emporteront petit à petit vers les enfers où tu ne deviendras qu'une âme à errer sans but et sans vie.
-Enfoiré... Tu crois que...
Faisant preuve de tous les efforts qu'il le pouvait, le Phénix essayait de se débattre, de s'échapper loin de ces fichus insectes.
-Tu peux toujours essayer, ils ne te lâcheront que lorsque tu seras mort.
Le regard du chevalier de Bronze devint tout à coup menaçant, brulant de rage.
-Merci pour l'info, Spectre.
Dans un regain de force, il fit bouger ses bras d'une manière étrange, comme le battement d'ailes d'un oiseau lourd et maladroit qui voulait s'enfuir et se débarrasser des prédateurs qui l'avaient capturé. Une aura d'un orange ardent enveloppa le jeune homme qui ne se laissa pas perturber. Il poussa un cri puissant, et une déflagration se dégagea de ses poings
HOO YOKU TENSHOO
Un phénix se dessina dans l'atmosphère et emporta Myu dans son envol.
Ikki se remit en garde, observant son adversaire. À sa surprise, le Papillon restait debout et lui sourit:
-Bien tenté, mais les papillons sont toujours collés à toi, et ne s'en iront que lorsque tu seras bien mort.
Un rictus se dessina sur le visage du chevalier de Bronze, montrant une assurance malgré la situation.
-Tu es bien sur de cela, Spectre? Regarde bien où se trouvent tes insectes réellement...
-Que... Quoi?!
Des dizaines de papillons s'agitaient autour de Myu, le collant de plus près encore et encore, l'attaquant sans cesse. Les yeux de celui-ci s'agrandissaient comme s'il était pris d'une soudaine panique et, poussant un hurlement déchirant alors qu'il était submergé par les Fairies.
Le Phénix qui lui tournait le dos après son attaque de feu, se retourna. Face à lui, son adversaire était immobile, comme pétrifié, et un regard dans le vide comme horrifié. Cependant ses mains tremblaient un peu et il avait quand même eu la force de bouger à peine la mâchoire.
-Qu'as-tu... articula Myu avec difficulté.
-Hôô Genma Ken, répondit Ikki. Une technique permettant de te faire vivre l'illusion d'un cauchemar dont tu ne pourrais même en soupçonner l'existence. En sentant ton cosmos quand je suis arrivé ici, je me doutais qu'il fallait se méfier. Tu t'es moqué d'un coup de poing un peu trop anodin, et te voilà à présent l'esprit presque anéanti. Pourtant tu arrives à parler et à bouger encore. Je te félicite, Spectre d'être aussi coriace.
-Je... Tu vas...
-Le combat s'arrête ici pour toi, Papillon!
HOO YOKU TENSHOO
Le cosmos orange vif entoura à nouveau Ikki de ses flammes et un oiseau de feu s'envola à nouveau en direction de Myu, le brulant et le tuant sur le coup, brisant ses ailes colorées et le surplis qui le protégeait.
De jolis papillons s'échappèrent et disparurent au loin, mêlant leurs couleurs aux flocons de neige qui tombaient paisiblement.
Ne prêtant plus aucune attention à la trace de cendre devant lui, le chevalier de Bronze alla libérer pour de bon Asterion et Mime qui reprirent leurs esprits.
-Ikki... merci, se contenta de dire le Chien de Chasse.
-Je sais que je n'ai pas besoin de te raconter ce qui s'est passé, donc, nous devons rejoindre Kanon et les autres le plus rapidement possible. Guerrier Divin, ton saphir d'Odin est important aussi.
-Oui... Allons-y.
-Asterion, ne me regarde pas comme ça, anticipa le Phénix. Ce Spectre était très fort, c'était évident qu'il m'ait touché et blessé. Mais je tiens le coup. On ne doit surtout pas abandonner.
-D'accord. Allons rejoindre Kanon. »
爆発
Un sentiment de colère envahissait le chevalier d'Or à la vue de ces corps de soldats d'Asgard allongés sur le perron du palais, devant la grande porte en bois massif. S'il tenait l'enfoiré qui avait abattu ces gardes qui ne faisaient que leur travail, à savoir accueillir les nouveaux arrivants dans la forteresse... A moins que Ikki et Asterion, aidés de Mime aient pu lui régler son compte...
Il put entrer sans problème dans le grand hall du château. Raison de plus pour se méfier. Aucun cosmos qui trahissait la présence d'un ennemi ou d'un allié, le silence le plus complet et les torches éteintes. La seule lumière qui éclairait l'entrée était celle qui provenait de l'extérieur, de là où il venait, et celle qui arrivait du grand vitrail en face de lui, devant un grand escalier sombre mais magnifique. La tempête rendait le ciel et le paysage si clair que ces couleurs pénétraient même à l'intérieur.
Quelque part, Kanon souhaitait en finir très vite avec cette mission, pouvoir libérer saine et sauve la Dame de Polaris, et avoir l'opportunité, un jour, de se rendre en Asgard, juste pour en découvrir ses richesses cachées. Et avec Milo...
Avant cela, il devait trouver la souveraine d'Asgard. L'on lui avait dit qu'elle se trouvait dans le palais, mais par définition, c'était un bâtiment grand et avec probablement autant de pièces que de passages secrets ou autres cachettes.
Se rappelant des rares fois où il avait eu la chance avec son frère de jouer dans le palais de Pépé Shion lorsqu'ils étaient encore des enfants sans la moindre idée de ce que leur réservait le destin, ils avaient découvert des endroits extraordinaires à explorer rien que dans ce temple, et ils s'y réfugiaient pour échapper aux leçons du Grand Pope. Une fois ils avaient même trouvé un passage, un tunnel si long, si interminable qu'ils se croyaient perdus et abandonnés de tous... Il n'était plus trop sur à présent, mais ce devait être la Maison des Poissons à leur arrivée...
Bref, il devait arrêter de divaguer, et explorer cette grande pièce juste avant les escaliers. Les yeux du chevalier d'Or s'agrandirent devant toutes ces étagères de livres, cette table en bois massif en son centre... Une immense bibliothèque, presque autant fournie que celle de leur palais du Grand Pope.
Son attention fut attirée par des présences qui approchaient dans un angle obscur, tout au fond.
Avec prudence, Kanon avança, monta la petite marche pour accéder aux rayons d'ouvrages et au mur plongé dans le noir. Il arrivait à détailler les motifs complexes des décorations et sentait un léger souffle d'air dans une interstice. Tous les palais importants comportaient des passages secrets partout. Cela dit, il devait rester prudent. Il détectait plusieurs cosmos qui avançaient vers lui.
La paroi se dégagea doucement et, alors que le Gémeaux allait attaquer, il découvrit les deux chevaliers qui étaient partis dans les bois quelques heures auparavant, à leur arrivée en Asgard.
« Marin? Nachi? S'étonna-t-il complètement abasourdi.
Il aida les autres personnes à sortir de ce tunnel et épaula le Loup à transporter un des deux hommes d'Asgard grièvement blessé, mais vivant.
La femme chevalier résuma ce qui s'était passé de leur côté, la rencontre avec Fenrir d'Arioth, la découverte des cachots, le sauvetage de Dame Freya, Dame Lyfia, Hagen de Merak, et Frodi de Gullinbursti. Et puis le sacrifice de ce guerrier aux loups qui avait affecté Nachi bien plus qu'il ne le montrait, et enfin la remontée jusqu'ici par des tunnels tortueux et dangereux.
De son côté, Kanon leur expliqua la situation, et sa recherche de l'endroit où pouvait se trouver Hilda.
-Ma sœur devrait se trouver dans ses appartements, près de la salle du trône, expliqua Freya. Prenez le grand escalier, et vous verrez au bout d'un immense couloir la baie vitrée qui donne sur le grand balcon et la statue de notre dieu Odin.
-Merci, votre Altesse. Marin, peux-tu continuer ta mission avec Nachi? À veiller sur le blessé et ces demoiselles? Merak, tu as l'air en état pour te battre et en tant que Guerrier Divin tu sauras me guider.
-Je vous suis, chevalier. Afin de sauver notre souveraine, mais aussi pour Syd qui a su venir jusqu'à vous et Siegfried que je souhaite délivrer également.
-Hagen, intervint Nachi avant que les deux hommes ne s'en aillent. Puis-je te confier le saphir de Fenrir?
-J'en prendrai soin, jeune Loup. Moi même, je te confie Freya.
-Je la protègerai de toutes mes forces. »
Kanon observait ce regard entendu entre un chevalier d'Athéna et un Guerrier Divin. À un autre niveau, cela lui rappelait ses discussions avec Bud dans le sanctuaire sous-marin sur cette envie de protéger cette petite planète à leurs manières propres, depuis leurs terres et au nom de leurs dieux respectifs. Cela le motiva encore plus pour faire partir ces êtres abjects de Spectres qui saccageaient Asgard sous le prétexte d'une Guerre Sainte.
Sur ces pensées, il quitta la bibliothèque avec Hagen.
爆発
Dehors, Ikki, Asterion et Mime continuaient leur ascension jusqu'à l'entrée du palais.
Le chevalier d'Argent sentait que leur trio avait été affaibli par le Papillon. Mais ils ne devaient pas le montrer, et aller jusqu'au bout de leur mission. Il ralentit sa course, observant les bois sur sa droite.
« Traine pas, Asterion, remarqua le Phénix.
-On vient vers nous, répondit le Chien de Chasse. Ce ne sont pas des ennemis.
-Je reconnais ces cosmos, oui, confirma Mime.
Deux ombres apparurent, dont une géante, comme un ours qui s'éloignait de la forêt, qui se révélèrent être deux hommes, deux Guerriers Divins.
-Sigmund, Thor... Vous avez pu mettre les civils en sécurité?
-Oui, répondit le blond. Malgré la perte de Fafner...
-Un chevalier d'Or a du vous rejoindre, dans la ville, se renseigna Ikki. Un certain Shura du Capricorne...
-Il nous a aidés, oui, enchaina le géant. Mais il a été gravement touché par notre ennemi. Il est actuellement en sécurité dans ma maison et mes enfants veillent sur son repos.
-Alors ne trainons pas! »
Asterion avait bien saisi dans le ton de la voix de Thor, tout comme dans ses pensées que Shura n'était plus en état de se battre. Sans vouloir imaginer le pire et miner le moral de tout le groupe, il préféra taire ce qu'il eut appris. Ainsi, ils reprirent leur chemin jusqu'à l'entrée du Palais d'Odin.
爆発
« Chevalier, attendez, déclara Hagen alors qu'ils gravissaient le grand escalier vers la salle du trône.
Kanon s'arrêta tout net, reconnaissant des cosmos familiers. Malgré l'urgence de la situation, il était soulagé de revoir ces visages, ces cadets pénétrer dans le palais, accompagnés de Benetnash et de ce qui devait être deux autres Guerriers Divins.
-Je suis presque très heureux de te voir, Asterion, plaisanta-t-il. Mais nous ne devons pas perdre de temps...
-Siegfried se trouve prisonnier au pied de la statue de notre dieu Odin, expliqua Merak.
-... Confiez-moi vos saphirs, fit Sigmund. J'irai délivrer mon frère. Mime nous a raconté ce qu'il savait jusqu'à ce qu'il s'enfuie de la chambre de notre souveraine, que sa vie à elle était maintenue par l'anneau des Nibelungen et la force incroyable de cet homme, Hypnos et...
-Hypnos, tu dis? Intervint Kanon. Tu parles bien de Hypnos, le dieu grec du sommeil...? .Un dieu, un vrai?
-Oui, répondit Benetnash. Son cosmos est terrifiant. Il a abattu sans difficulté Alberich de Megrez, un Guerrier Divin qui voulait pourtant trahir Asgard. Et même Pandore semblait terrifiée par sa force, quand bien même elle est sensée être dans le camp d'Hadès et...
Kanon bouillonnait de l'intérieur. De rage mais de peur aussi. Il se rappelait des deux fois où il avait approché Poséidon, de cette écrasante aura qui entourait la divinité et ce réflexe de crainte qu'ont les humains face aux dieux. Et là, ils devaient libérer cette Hilda d'un dieu... Il ne devait pas se laisser démonter le moral. Il n'était pas seul. Et puis même, s'il le fallait, il l'affronterait seul ce dieu du sommeil, au péril de sa vie.
-L'épée d'Odin, dites-le moi si j'ai faux, c'est bien une épée divine, demanda-t-il.
-Oui, répondit Hagen. Elle s'obtient en rassemblant les sept saphirs que nous portons, nous, Guerriers Divins.
-Donc, si elle arrive à briser un anneau maléfique, elle pourrait au moins blesser ou mieux une divinité équivalente?
-En théorie...
-Ne perdons pas de temps. Allons récupérer cette arme et votre allié.
-Chevalier, si je puis me permettre, intervint Sigmund, je souhaiterais aller seul me charger de cette mission. Siegfried de Dubhe est mon jeune frère. Nous avons suivi la même formation, mais le destin a fait que ce soit lui qui devienne le chef des armées d'Asgard. L'ennemi ne se douterait pas qu'un simple Guerrier de l'unité de protection de la population puisse se défendre et avance pour libérer un otage laissé au pied d'une statue. Vous semblez être le plus en forme de ce groupe, si j'ose dire. Et c'est notre rôle à nous de libérer Hilda de Polaris.
Le géant aux côtés de Grani s'appuya contre une colonne, comme fourbu.
-Thor, s'écria Mime.
-Je crois que... ce Spectre... j'ai encore son parfum maudit dans les narines et...
Kanon soupira:
-Je comprends ton sentiment, Sigmund. Nous sommes simplement venus vous aider mais c'est en effet à vous de sauver Asgard, vos terres. Nous te confions les saphirs d'Odin. Si le grand n'est pas en état de se battre, je peux lui suggérer d'aller dans la bibliothèque. Deux de mes chevaliers, la sœur de Hilda et sa suivante et un autre homme blessé aussi s'y trouvent.
Tous donnèrent des petites pierres bleues au Guerrier de Grani, qui, d'un regard assuré, même barré d'une énorme cicatrice, leur promit de revenir avec un renfort de taille.
爆発
Ayant grandi entre le domaine familial et ce palais, Sigmund connaissait les lieux pratiquement comme sa poche. Il avait laissé le groupe avancer, en direction de la salle du trône, tandis que lui même ressortait pour bifurquer sur des sentiers périlleux en bordure des remparts.
Selon Mime, son jeune frère était retenu prisonnier sur l'autel devant la statue d'Odin, un des endroits où Hilda se positionnait pour prier ce dieu qui les protégeait. Elle changeait en fonction du vent, des tempêtes de neige, mais ses yeux se dirigeaient toujours vers cet imposant guerrier de pierre qui tenait une épée gigantesque et qui, de son regard figé, veillait sur le peuple d'Asgard jusqu'au plus loin des frontières du pays.
Les Spectres savaient-ils l'importance de cet autel? Ou bien pensaient-ils que le fait d'immobiliser un Guerrier Divin là bas leur semblait assez loin pour agir à leur guise?
Sans perdre sa vigilance, Sigmund courait à toute vitesse, bondissant d'une paroi rocheuse à une autre avec souplesse et assurance. Dans la manche de sa Robe se trouvaient les six saphirs – dont celui d'Alberich que Mime avait réussi à dérober à Pandore – qui pourraient donner accès à l'épée sacrée de Balmung. Plus que celui de Siegfried, et peut-être auraient-ils la possibilité de réaliser un miracle et réveiller leur souveraine.
Odin était enfin en vue, majestueux et grand.
Avant de se poser des questions détaillées, il devait sauver son frère.
Tout en s'approchant prudemment, il gardait son regard fixé sur l'autel. Aucune présence ennemie ne se manifestait, cela en était presque suspect. Mais il saurait réagir. Il était le chef de la seconde unité de Guerriers Divins, Sigmund de Grani. En tant que tel, il avait gagné non seulement la confiance mais l'affection de Hilda de Polaris. Aussi, pour la sauver, pour faire honneur à leur royaume, il devait accomplir cette mission.
Siegfried était assis négligemment au sol, les bras enchainés et entourés autour d'un pilier en ruines. Il avait été abandonné là, comme un déchet, comme un jouet qu'un animal aurait délaissé après s'être défoulé dessus un moment et puis plus rien. Son corps était entaillé çà et là, et le froid avait gelé le sang qui avait du couler. Mais il était vivant.
L'ainé s'agenouilla et passa une main sur la joue de son frère:
« Siegfried, c'est moi, Sigmund. Je vais te libérer...
En attendant une réponse de sa part, il s'exécuta. Il brandit son épée de Grani et brisa les lourds maillons qui retenaient son cadet. Se faisant, il ressentit une étrange force vibrer sur la poignée de son arme, un cosmos maléfique qui devait sceller la prison à ciel ouvert de Siegfried. Un sort de la part des Spectres très probablement qui aurait pu avoir raison de lui s'il avait tenté à mains nues. Quelle chance...
Le Guerrier de Dubhe se laissa aller au sol, mais se releva petit à petit, non moins affaibli.
-Sig... Sigmund c'est... Hilda... elle...
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer, fit ce dernier, mais le temps presse. J'ai besoin du saphir de ta Robe. Nous devons prendre l'épée de Balmung pour sauver Hilda...
-Je... Ma Robe se trouve là bas mais...
Sans attendre, Sigmund courut en contrebas de l'autel où il vit les fragments de la protection éparpillés, mais une petite étincelle lui indiqua l'emplacement du saphir. Il le ramassa et revint auprès de Siegfried.
-Merci, mon frère. Il sortit les autres pierres de sa manche, et continua. Remercions également Syd qui a réussi à prévenir le Sanctuaire d'Athéna qui nous a fait parvenir de valeureux chevaliers qui se battent à nos côtés également, puis Fenrir qui, selon eux, a donné sa vie pour que nous puissions avancer, à Thor qui je le souhaite de tout cœur, va vivre, à Mime qui se serait battu contre un adversaire redoutable et qui serait mort sans une aide précieuse, et à Hagen qui a su veiller sur Dame Freya.
-... et même à cet imbécile de Alberich qui a voulu nous trahir et qui en est mort. Son saphir nous aidera malgré lui...
Sigmund sourit. Il était vrai qu'ils ne s'étaient jamais entendus avec Megrez, mais il était un Guerrier Divin lui aussi.
Ainsi, les deux frères se tournèrent vers la grande statue et, éveillant leurs cosmos respectifs, invoquèrent leur dieu.
''Ô Odin, notre dieu, qui veille sur Asgard et ses terres glacées. Nous demandons ton aide pour sauver notre royaume. Ta prêtresse, mais aussi la terre entière est en danger depuis cette montée des eaux. Par le don de ces saphirs qui scellaient les Robes Divines, nous te demandons de nous prêter ton épée, pour protéger Asgard, pour sauver Hilda de Polaris et pour que la paix et l'amour puissent regagner notre planète et nos terres enneigées...''
Combien de fois avaient-ils observé de loin leur souveraine lorsqu'elle priait Odin, combien de fois avaient-ils ressenti cette dévotion, cette ferveur dans son cosmos. Certes ils n'avaient pas la puissance de Hilda de Polaris, mais eux aussi ils aimaient Asgard.
Sigmund avait mis tout son cœur et toute sa sincérité dans sa prière, et il était certain que Siegfried l'eut fait aussi.
La main dans laquelle se trouvaient les saphirs chauffa un peu sans raison alors que les pierres brillaient, et s'envolèrent dans le ciel, là où la constellation de la Grande Ourse scintillaient, veillant sur Asgard depuis l'espace. Les points des étoiles se dessinèrent et retombèrent à toute vitesse sur la statue, plus précisément sur la grosse ceinture sculptée en pierre, là où des emplacements avaient du être prévus pour les saphirs qui s'y logèrent.
Un séisme se produisit alors, et Odin trembla et descendit doucement, vers le fond, le vide, le centre de la terre. Jamais les deux frères n'avaient vu un tel phénomène se passer, et ils ne comprenaient pas.
Sigmund observait Dubhe qui devait être mal en point, bien plus qu'il ne l'avait estimé. Son frère si fort, invincible, lui qui avait hérité de leur ancêtre légendaire, le héros Siegfried considéré comme immortel, avait été affaibli par l'armée d'Hadès. En appelant leur dieu, il avait du tout donner.
Cependant, une lumière blanche vint entourer le Guerrier d'Alpha.
Dans le précipice, une armure argentée remonta, et, se détachant, vint s'accrocher au jeune homme. Une armure si différente de celle qu'il portait, simple, comme taillée dans du cristal, et qui émanait une aura à la fois puissante et sereine. À son poing, une épée à priori simple mais peu anodine.
Odin avait désigné Siegfried comme le porteur de son armure, afin de protéger Asgard.
Sigmund n'en était pas jaloux, mais gonflé de fierté, que son frère puisse repartir au combat et défendre leur royaume à ses côtés, aux côtés de leurs alliés.
-Merci, Ô Odin, notre dieu, de me faire confiance, lança Dubhe en direction de l'endroit où se trouvait la statue. Je te ferai honneur et me battrai au nom d'Asgard. La paix reviendra, j'en fais le serment. Il se retourna et parla à son frère. Merci à toi aussi. Grâce à toi, nous détenons l'épée de Balmung qui pourra sauver Hilda. Je désespérais de ne pas pouvoir me battre avec mon ainé si courageux.
-Allons rejoindre les autres sans plus tarder.
-Sigmund, nos compagnons devront faire preuve d'une grande vigilance. Ils n'ont plus leur saphir, qui leur assurait une protection vitale à leur Robe Divine. Et puis ce Rhadamanthe... Il est redoutable et sans pitié...
-Nous avons juré de sauver Asgard quoiqu'il en coute. Ne perdons pas de temps. Partons leur prêter main forte. Je te raconte tout ce que je sais en chemin... »
Dans le regard bleu transparent de Siegfried, Sigmund y lit de la détermination et cette force qui lui était revenue à présent. Ils observèrent un dernier instant l'endroit où se trouvait leur dieu quelques minutes auparavant, une dernière prière pour se donner courage et repartir au combat.
爆発
Au bout du premier étage des escaliers et d'un couloir presque interminable, Kanon et ses alliés arrivèrent dans la salle du trône du palais d'Asgard, spacieuse et sobre en même temps. En son centre, un siège probablement confectionné en un bois sculpté noir d'ébène protégé par des voiles aux étoffes pastel, sans fioriture inutile.
Le chevalier n'avait jamais rencontré cette Hilda de Polaris qu'il devait sauver, mais d'après les paroles de Syd, elle était une femme noble de naissance mais aussi d'âme, et prenait à cœur son rôle de prêtresse d'Odin. Elle était à priori consciente de la population pauvre qui souffrait des rudes conditions climatiques, et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour le bonheur de ses sujets. Ayant écouté les mots de Mizar, modestes mais précis, il se doutait très bien qu'elle était très aimée de tous, du plus modeste citoyen au plus valeureux Guerrier Divin. Et pour cette raison, pour que la paix revienne dans cette contrée nordique, il devait la retrouver, l'arracher des griffes des Spectres et la ramener vivante.
Seulement, comment savoir vers où se diriger? Sur la paroi de droite, proche du couloir d'où ils venaient d'arriver, une autre porte pouvait être ouverte. À moins qu'il y ait une pièce cachée derrière le trône... Kanon essaya de concentrer son cosmos pour se donner un choix.
« Chevalier, intervint une voix.
On allait repasser pour la concentration. Hagen de Merak avait brisé le silence.
-Qu'y a-t-il?
-Je me souviens de quelque chose: avant que Dame Freya et moi nous nous fassions enlever par les Spectres, j'ai cru les entendre dire qu'Hilda se trouverait dans ses appartements, quand une attaque dans la nuit avait été fomentée par ce Rhadamanthe, un des plus puissants de l'armée d'Hadès et par Alberich de Megrez, le traitre à notre royaume.
-Où se trouve la chambre?
-On peut accéder d'ici, par une porte cachée dans le coin près du trône, indiqua le Guerrier de Delta, accompagnant ses propos d'un bras tendu dans la direction.
-Kanon... Je sens en effet un cosmos puissant par delà le siège, constata Asterion.
-Ne perdons pas de temps.
Alors qu'ils allaient repartir, une ombre se dégagea derrière un des longs et lourds rideaux en tissu rouge sombre qui étaient accrochés de part et d'autre de la baie vitrée. Une silhouette cornue, sombre et à l'aura écrasante, dévoilant une force surprenante.
Un Spectre dont le Surplis était muni de grandes ailes pointées vers le sol, et des éclairs dorés brillaient en la direction du groupe de guerriers. Il avançait lentement, révélant à la lumière petit à petit son visage, fermé et d'épais sourcils broussailleux ajoutaient à ce regard une plus grande impression de menace et de danger. Qui était-il? Son cosmos était agressif mais Asterion ne l'avait pas senti, alors qu'il était bien plus proche d'eux que la puissance au delà du trône.
D'un regard en coin, Kanon se rendait compte que le Chien de Chasse n'avait pas envie de l'ouvrir, et son visage était crispé. S'il analysait le nouvel arrivant, et en silence, cela ne présageait rien de bon...
-Rhadamanthe..., souffla Hagen. Un des plus hauts placés de l'armée d'Hadès. C'est lui qui aurait ordonné notre emprisonnement avec Freya, entre autres. Il agit sous les ordres de Pandore.
-Je vais m'en charger, déclara Kanon. Partez retrouver Hilda sans tarder.
-Kanon, vous êtes sur?
-Asterion, je suis le seul en état avec Hagen. Et son rôle est de sauver sa souveraine. Je gagne du temps, pour le retour de Sigmund avec son frère...
-Merci, chevalier. Nous t'attendrons. Mime, avançons.
Le Guerrier d'Êta lui répondit d'un signe de tête et le reste du groupe partit, laissant le Gémeau face à Rhadamanthe.
Ce dernier, à présent dans la lumière des torches accrochées aux murs, lâcha un rire.
-Parce que ces imbéciles, dont tu fais partie, croient qu'un simple chevalier d'Athéna pourrait me battre, et aussi reprendre le royaume d'Asgard...
-Tu es sur, toi même, d'arriver à me vaincre, Spectre? L'on raconte que tu as retourné ta veste en te rangeant aux côtés de ce dieu, Hypnos, et de ce fait, que tu trahirais Hadès par la même occasion. Soit tu es faible d'esprit, soit ton dieu est affaibli en ce début de guerre...
-Je t'interdis de proférer de telles aberrations, hurla Rhadamanthe d'un coup.
Sur le visage de Kanon également un rictus se dessinait. Quand bien même il ignorait les relations du Spectre avec Hypnos, et encore moins ce qui se passait en interne au creux des Enfers et de l'armée de son dirigeant, il avait du le piquer dans ce qui était le plus cher pour un guerrier: son intégrité. Cet accès de colère était une aubaine pour le chevalier qui se mit en position de défense alors qu'une boule de lumière violette et noire l'attaquait.
Un échange de coups au combat rapprochait s'ensuivit entre les deux, rapide, impossible à percevoir à l'œil nu. Le Wyvern avait un très bon niveau, son cosmos ne mentait pas sur ce point, autant que sa force physique.
Le Gémeau restait concentré, analysant à toute vitesse les mouvements de son adversaire, cherchant le moment idéal pour lui porter le coup qui le déstabiliserait.
Au cours de cette mêlée, il s'en prenait des poings et des pieds partout sur le corps, tout autant que le Spectre. Aucun des deux n'allait céder facilement, comme s'ils étaient à forces égales. Jusqu'à ce genou qui frappa l'estomac de Kanon sans qu'il ne put le voir arriver.
Il fut projeté contre un mur très lourdement, au point de fissurer la pierre. L'enflure, il avait une sacrée détente dans les jambes... Cependant, cet air assuré de Rhadamanthe n'avait l'air d'être qu'une façade. Aussi fort fût-il, quelque chose clochait... Mais trêve de réflexion.
Le Gémeau enflamma son cosmos, créant une lumière dorée autour de lui, une chaleur qui l'envahissait, le rassurait et lui redonnait courage. Il était un chevalier d'Or, il avait pour mission de débarrasser Asgard des Spectres, alors il ne se laisserait pas faire pour un petit coup de pied à la noix. Son ennemi était puissant au combat rapproché, mais arriverait-il à encaisser une de ses techniques?
De sa main jaillit une boule brillante qui lui pesait comme s'il tenait la masse d'une montagne au creux de sa paume. La boule grandissait, puis il la jeta en direction de Rhadamanthe, tandis que son cosmos à lui avait changé d'aspect, créant ce qui pouvait être l'univers derrière lui, la course des étoiles et des planètes dans le dos du chevalier d'Or.
GALAXIAN EXPLOSION
Une des plus redoutables arcanes des troisièmes gardiens du zodiaque au Sanctuaire d'Athéna. Un concentré de cosmos si puissant, si lourd qu'il pourrait détruire une galaxie entière lorsqu'il est poussé à son extrême.
Pour l'heure, ce fut les carreaux de la baie vitrée de la salle qui furent anéantis, à l'instar probablement de Rhadamanthe. En théorie, bien évidemment...
Kanon ne pensait pas sérieusement qu'un Spectre de cette force pût être détruit aussi facilement.
Et, alors que le vent s'insinuait à l'intérieur, il distinguait dehors, une masse allongée, mais dont le cosmos était encore perceptible. Il avait raison, il était toujours vivant.
Dépourvu du casque de son Surplis lui même égratigné çà et là, l'homme se relevait, sa tignasse blonde volant avec la neige, tandis que ses deux yeux cachés sous les sourcils épais transperçaient toujours Kanon, le fixant avec rage.
-Enfoiré, siffla le Wyvern. Comment as-tu osé...
-Ne va pas croire que j'allais me faire buter sans rien dire, non plus.
-Athéna aurait pas du envoyer des chevaliers ici... C'était pas vos affaires...
-Si. Par votre faute et par je ne sais quelle idée pourrie qui vous est venue à l'esprit, Asgard a été mêlé à notre guerre. Ce peuple aurait du rester neutre, mais non, il a fallu que vous veniez y mettre le bordel. Alors que ce soit Hadès ou quiconque dans votre clan, on va pas vous laisser faire plus de dégâts. Moi, Kanon des Gémeaux, je vais te vaincre.
-C'est toi qui vas mourir, raclure!
-Je t'attends.
Le chevalier d'Or se remit en position de défense, alors qu'il s'attendait à une nouvelle vague de coups rapprochés, mais il n'en fut rien.
Le cosmos de Rhadamanthe jusqu'ici si lugubre, si noir, se changea en un rose rouge étrange alors que sa puissance aussi augmentait. Des mains se créaient des sphères de cette même couleur, que l'homme guida au dessus de lui, les faisant grandir encore et encore, jusqu'à les projeter tout droit sur Kanon en criant d'une voix forte et violente.
GREATEST CAUTION
Le Gémeau sentit le danger arriver, et fit tout pour éviter ces sphères. Il ne put en échapper, s'en prenant une de plein fouet, lui provoquant une douleur si intense qu'il ne pouvait la décrire. Brulure, tranchant, déchirement, impossible d'identifier. Son cerveau s'était déconnecté, laissant sa voix exprimer un hurlement de souffrance à la hauteur de ce qu'il pouvait ressentir. Il ne s'entendait plus, il se sentait se tordre dans tous les sens, sous des angles peu naturels, prisonnier de cette attaque d'une violence incroyable.
Puis, ce qui lui parut une éternité indéfinissable se termina enfin, le faisant tomber au sol, presque inconscient.
Il avait mal, tellement mal... Tout ce qu'il voulait sortir de sa bouche était des insultes envers ce Rhadamanthe, des menaces de lui rendre au centuple ce qu'il venait de subir. Même à terre, le visage sur le marbre noir, il ne voulait abandonner. Il se doutait qu'à un moment ou un autre, il rencontrerait plus fort que lui, mais une telle charge de violence, il ne se laisserait pas faire. Il allait...
Il hurla de douleur. Cette enflure de Wyvern s'était approché de lui par derrière et lui assénait des coups de pied dans le dos et même sous l'estomac. Quel lâche!
Un séisme violent se produisit d'un coup. Et l'épicentre était tout proche. Manquerait plus que le palais s'effondre aussi par surprise.
Mais peu importait ce qui se passait au delà de cette salle, le Spectre avait retiré son poids et sa pression de son corps et le Gémeau put enfin bouger un peu et roula sur le côté pour s'échapper. Non sans grimacer de douleur. Une brulure permanente restait au niveau de son torse et son armure était quelque peu fissurée. À son retour, Pépé Shion allait l'engueuler, pour ça. Juste après Milo, il le savait. Mais ces remontrances de deux personnes parmi les êtres qui lui étaient chers, il voulait les entendre de vive voix. Pas sur sa tombe. Alors, il prit sur lui et se remit en position de combat.
-Quelle tête tu fais, chevalier, railla le Wyvern.
-Tu t'es vu avec ta tronche et tes poils qui partent dans tous les sens?
-LA FERME! Je vais te crever, Kanon!
-Tu vas mourir en premier!
Faisant tout pour ignorer cette brulure à la poitrine, le Gémeau courut vers Rhadamanthe qui le rejoignit, leurs poings respectifs chargés de cosmos, prêts à projeter l'adversaire.
Une explosion se produisit, envoyant les deux hommes dans des directions opposées.
Kanon réalisait qu'il était encore en vie, un peu endolori par le choc. Il se releva aussitôt, se rendant compte qu'il avait atterri sur la terrasse extérieure, couverte de neige par endroits. Il se concentra, et ne sentait plus trop le cosmos du Spectre. Cependant, quelque chose attira son attention hors du palais. Ou plutôt une absence. Et conséquente de surcroit. La statue d'Odin avait disparu. Par quelle magie? Et quand? Est-ce que cela avait un rapport avec ce tremblement de terre?
Il verrait ça après. Rhadamanthe s'était relevé et il devait s'en débarrasser rapidement. Vraiment là.
Le Spectre, titubant au début, se jeta sur lui, son poing chargé du cosmos coloré de cette attaque terrible qu'il avait subie.
Pas le temps de riposter, il se concentra pour une des arcanes des Gémeaux. Il créa alors un espace étrange, comme un ciel étoilé quadrillé de rayons roses à l'infini. Kanon avait comme le cœur apaisé, sans peur de recevoir un coup. Désormais ils étaient sur son terrain de jeu: les différentes dimensions de l'univers. Et en effet, le Wyvern semblait déstabilisé par ce changement.
Le chevalier d'Or qui avait fermé les yeux pour les envoyer dans cet endroit, les rouvrit, et orna son visage d'un sourire satisfait. Rhadamanthe était perdu. Cette force brute et brutale sur laquelle il devait se reposer ne fonctionnerait pas ici. C'était le moment.
Kanon s'approcha très vite en direction du Spectre et l'envoya dans les airs, sans le moindre point de chute au bout.
Another Dimension. Une technique typique des Gémeaux, maitres des illusions du Sanctuaire. Cependant, cet espace était réel, tout comme la douleur et l'errance infinie de l'adversaire qui ne pourrait très probablement plus jamais revenir nulle part. Kanon avait appris et peaufiné cette arcane à sa manière: créer une aire de combat hors de la réalité pour se battre et éviter des dommages collatéraux. Depuis qu'il savait qu'il serait Grand Pope, il se préparait aussi à protéger les innocents qui ne demandaient pas à subir d'atroces souffrances, et c'était la toute première fois qu'il l'utilisait pour de vrai.
Ainsi, Rhadamanthe du Wyvern ne rentrerait plus jamais aux Enfers ni même ailleurs. Cela avait dû fonctionner. Il ne ressentait plus ce cosmos sombre et violent.
Il eut un haut-le-cœur. Ce qu'il avait mal à la poitrine, bon sang. Mais il devait retrouver Hagen, Ikki, Asterion et Mime.
De retour à l'intérieur de la salle du trône, tristement saccagée à cause de cet affrontement contre le Spectre, il découvrit l'arrivée de deux hommes qui se ressemblaient presque. Cheveux d'un blond centré et ondulés, il connaissait le plus petit en taille: Sigmund de Grani. Le second, vêtu d'une armure blanc argenté, devait être son jeune frère – assez grand quand même – Siegfried, qui tenait une épée dans sa main.
-Kanon, fit l'ainé, comment tu vas?
-J'arrive à marcher, c'est la base. J'ai envoyé Rhadamanthe dans une autre dimension, réellement. Il ne vous emmerdera plus, j'en fais le serment.
-Merci, chevalier, déclara Siegfried. De notre côté, Odin nous a prêté son armure et son épée.
-Vous allez pouvoir délivrer votre souveraine. Allons-y. »
Dans la poitrine du Gémeau, au dessus de cette brulure qui le gênait, une sensation de chaleur s'y ajoutait, cette sensation que rien n'était perdu et que ce Hypnos, dieu ou pas, il n'avait pas sa place ici, sur les terres d'Asgard, les terres d'Odin.
爆発
Arrivant dans les appartements d'Hilda de Polaris via ce corridor caché derrière le trône d'Asgard, Kanon, suivi des deux frères Sigmund et Siegfried découvrirent une scène d'horreur. Leurs compagnons étaient tous à terre ou contre les murs de la chambre, Mime semblant inconscient, sa lyre brisée près de lui, Hagen allongé sur le ventre et respirant avec difficulté. Et puis Ikki tentant de se relever avec peine, tandis qu'Asterion, assis négligemment contre une paroi tournait la tête en leur direction.
Un peu plus loin, une femme avec une longue chevelure d'ébène semblait dormir sur un fauteuil, la tête penchant vers le sol. Et une autre couchée dans un lit, coiffée de mèches argentées interminables, était également endormie, et surveillée par un être étrange au cosmos écrasant. Cette même sensation qu'avait eue Kanon lorsqu'il avait été face à Poséidon. Une aura divine, imposante émanait de cet être qui tournait la tête vers eux. Ces yeux dorés sans pupilles étaient impressionnants et arrachaient des frissons dans le dos du Gémeau. Ils allaient réellement se battre contre un dieu?
« Encore des humains qui veulent mourir, fit ce dernier.
Cette voix résonnait moins que celle du dieu des océans, mais ce n'était pas révélateur. Malgré sa douceur et sa tonalité plus calme – tellement plus calme que les beuglements de Rhadamanthe – il ne fallait pas s'y fier. Son cosmos suffisait à démontrer sa puissance.
-Ka... Kanon...
Le Chien de Chasse reprenait conscience.
-Asterion! Tu es vivant? Comment te sens-tu?
-C'est Hypnos, le dieu du sommeil. Un vrai dieu. Je n'ai pas pu lire ses pensées et... désolé Kanon...
-Tu as fait de ton mieux, t'excuse pas. Et les autres? Et Hilda de Polaris?
-... tous en vie. Même Pandore là bas.
-Reste là, et ne prends pas de risques inutiles. On a l'épée de Balmung, peut-être qu'on arrivera à quelque chose.
-Courage. Même si ce n'est pas mortel votre... fissure sur l'armure...
-Je sais.
-Kanon, intervint Siegfried, je vais tenter de briser l'anneau au doigt de Hilda et...
Le chevalier d'Or soupira:
-Je viens de dire justement à ce chevalier d'Argent qu'il fallait pas risquer sa vie inutilement. On a un dieu en face de nous, pas un Spectre normal.
-Je sais. Mais par mon sang, je suis le descendant du héros légendaire Siegfried issu de la mythologie nordique, et tout comme lui, je suis immortel...
-Et tu y crois vraiment, coupa Kanon. C'est que des conneries, tout ça. Tout comme Ikki qui a l'armure du Phénix, l'oiseau de feu qui ne meurt jamais, c'est du gros n'importe quoi. Réfléchis un peu, t'es un être humain, fait de chair et de sang, point. Si t'étais immortel, tu serais un dieu, un vrai, et dans ce cas là, tu serais pas là avec nous et ton cosmos égalerait celui de Hypnos, tu crois pas? Si tu avais été un dieu, pourquoi Odin t'aurait prêté son épée et son armure...
-Voilà un discours intelligent et très intéressant de la part d'un humain, constata le dieu du Sommeil. Chevalier, tu es en effet conscient que tu vas mourir, et que le moment est enfin arrivé.
-Je n'ai absolument pas dit cela, Hypnos. Va pas croire qu'on va se laisser tuer parce que t'es un dieu. Nous délivrerons Hilda de ton emprise et de l'anneau.
-Je demande à voir, dans ce cas.
Ce visage entouré de cheveux dorés et ces yeux de la même couleur, sans compter cette étoile en plein milieu du front commençaient à ulcérer Kanon, et ce ton hautain, méprisant n'arrangeait pas son état. Il fallait respecter les dieux et leur immensité, disait Pépé Shion quand il était encore un enfant, tu parles! Vu comme il traitait une jeune prêtresse d'Odin, vu la manière dont les hommes à la solde d'un dieu supérieur au Sommeil, à savoir Hadès, étaient respectés alors qu'une alliance était faite entre eux depuis la nuit des temps, et ce mépris pour le genre humain, comment pouvait-on rester sans rien faire et adorer de telles entités. Il avait craint Poséidon adolescent, il se promettait de veiller sur Athéna, malgré les difficultés que cela entrainait. Mais ce Hypnos, il le répugnait. Et il ne pouvait pas tuer un dieu comme on pouvait battre un ennemi à l'enveloppe humaine.
Cependant, Siegfried avait été béni par Odin lui même. Ils devaient tenter...
-Sigmund, fit-il, tu te sens d'attaquer avec moi?
-Tu as un plan, Kanon?
-Oui. Même si je serais incapable de te dire si ça marchera ou pas. Dans notre situation, on doit tout essayer.
-Ca va, dans mon cas.
-Bien. Dans ce cas, Siegfried, fais de ton mieux pour approcher Hilda et détruire l'anneau.
-Si vous foncez sur Hypnos, vous allez vous faire...
-Si tu as une autre idée, on t'écoute, là.
Kanon... reprends-toi... ne crie pas sur tes alliés dans un moment critique...
-... désolé, mais on ne doit pas rester là. La santé de votre souveraine semble au plus mal.
-Oui, son cosmos s'affaiblit toujours plus, confirma Grani.
-Allons-y!
Les trois hommes se précipitèrent sur Hypnos, entourés chacun d'une aura puissante, remplie de détermination.
Hélas, un éclat de la part du dieu les repoussa aussitôt sans qu'il n'eut à faire quoique ce soit.
Kanon se retrouva contre une paroi, aux côtés de Ikki qui se relevait enfin.
-Tu ne devrais pas rester debout...
-Depuis quand je t'obéis, Gémeau, ricana le Phénix. Même si on ne tue pas un dieu, on peut toujours tenter de l'affaiblir.
-Meurs pas, toi. Tu as un frère aussi, alors ne le rends pas malheureux.
-Je te renvoie la phrase.
Ikki fonça à son tour contre Hypnos, son cosmos ardent éveillé à une telle puissance que Kanon lui même en était surpris. Ce chevalier de Bronze était vraiment fort et résistant. Quant à lui, le chevalier d'Or, le futur Grand Pope, il était affalé comme une loque contre un mur. Ça n'allait pas du tout là!
Il se releva et lui aussi éleva son cosmos au plus haut niveau possible, sentant tous ses sens s'éveiller, flottant dans une impression d'invincibilité telle qu'il en oubliait sa blessure à la poitrine. Le septième sens, celui qui englobait tous les autres et conférait une force au delà de tout. Cette preuve qui rendait les chevaliers d'Or comme l'élite des protecteurs d'Athéna. Comment avait-il pu l'oublier?
HOO YOKU TENSHOO
GALAXIAN EXPLOSION
Kanon et Ikki crièrent leurs attaques et des salves orangées et dorées fondirent sur le dieu. La pièce qui servait de chambre à la Dame de Polaris allait être réduite en miettes. Le mur tout proche du lit n'était plus, et la vue sur l'océan Arctique qui s'agitait sous la tempête de neige était une preuve de la puissance destructrice des deux chevaliers.
Par un curieux miracle, Hilda avait été épargnée, protégée par un champ de force autour de sa couche. Pandore avait chuté de son fauteuil et reposait sur le sol mollement, près de Mime.
Une fois la déflagration dissipée dans les airs, Kanon crut tomber à la renverse. Impossible! Hypnos était toujours debout, malgré ce qu'il s'était pris dans la figure. Ils avaient tout donné et pourtant le dieu était toujours là, ces yeux dorés sans pupille qui les toisaient, eux, des humains à bout de force...
Quelque chose attira l'attention du Gémeau, un filet de sang qui perlait sur le visage pâle du Sommeil. Ce dernier le remarqua aussi, et d'un revers de la main, il essuya cette trace rouge comme un détail anodin.
Cela ne lui faisait rien, bon sang! Il s'en contrefichait...
Kanon était épuisé, à cours d'idées et malgré tout ne voulait pas abandonner. S'il le faisait, il ne reverrait plus ce Sanctuaire où il avait grandi, il ne pourrait plus s'engueuler ou même rire franchement avec Milo, il n'apprendrait plus rien de la part de son Pépé Shion, il ne verrait plus le regard mélancolique mais heureux et insouciant de son grand frère Saga. Tout disparaitrait alors. Hors de question! Il devait encore essayer, gagner du temps, faire en sorte que Siegfried puisse passer et atteindre Hilda.
Il se releva à nouveau, non sans difficulté. Et s'il tombait encore, il recommencerait. Après tout, ses prédécesseurs, depuis les temps mythologiques avaient réussi à maintenir la paix sur Terre en affrontant des dieux. Il devait y arriver lui aussi.
À nouveau il puisait dans son cosmos, encore et encore, prêt à lancer une nouvelle Galaxian Explosion.
Hypnos fut plus rapide et attaqua d'un jet de cosmos divin et puissant. Kanon se releva encore. Le dieu répéta le même mouvement. Par moments, Siegfried essayait de passer outre la défense du Sommeil, sans succès. Lui même avait failli sombrer dans les vagues juste au bord de la falaise.
Cela ne se terminerait-il donc jamais?
Le Gémeau était à bout de force. Mais continuait malgré tout, espérant qu'un miracle se produise. Juste un, juste une percée dans la défense si solide de Hypnos. Juste...
Un séisme se mit à ébranler le château d'Asgard en entier. Une secousse terrible et si violente que le Guerrier Divin d'Alpha dut mettre un genou à terre. Kanon aussi.
Une colonne d'eau jaillit de l'extérieur et un cosmos extraordinaire et familier du chevalier d'Or se fit ressentir. Ce cosmos familier et divin pourtant...
Comment cela...
Du centre de ce pilier d'eau une lumière bleue volait autour d'une silhouette qui se distinguait petit à petit. Une protection d'un or orangée, des cheveux couleur ciel, un trident dans la main gauche...
Poséidon, le dieu des Mers et des Océans venait d'apparaitre et flottait, comme porté par les eaux jusqu'au bord de la chambre de Hilda. À côté de lui, un homme qu'il connaissait aussi très bien. Son égal dans leurs armées respectives.
-S... Syd? S'écria Siegfried.
-Non, Bud, le Dragon des Mers, un Marina au service de Poséidon ici présent, corrigea le Gémeau. Si on s'en sort, j'espère qu'on puisse en discuter tous ensemble...
-Que fait Poséidon ici, demanda Hypnos. T'es-tu décidé à t'allier à nous pour submerger la terre?
-Non, trancha le dieu des Mers. J'avais décidé de ne pas prendre par à cette guerre entre Athéna et Hadès cette fois ci. J'avais été très clair là dessus, et autant mon Général Bud que ce chevalier, Kanon des Gémeaux, ont été témoins de cet accord scellé entre Athéna et moi. Cependant, ces terres d'Asgard, appartenant au dieu nordique Odin, ont été souillées par cette armée de Spectres et non sous les agissements directs d'Hadès, mais sous les tiens, Hypnos. Par conséquent, le pilier Arctique sur lequel veillait un autre de mes Généraux, Isaak du Kraken a été endommagé à cause de la violence des courants marins et des pluies engendrées par ta faute. En passant cet anneau des Nibelungen à Hilda de Polaris, tu as créé un dérèglement conséquent au sein de mon sanctuaire. Il était hors de question que je reste sans rien faire. Par cet acte, tu violes toutes les conditions de la Guerre Sainte entre Athéna et Hadès!
Hypnos ricana doucement.
-Que veux-tu... Notre Seigneur des Enfers s'est réincarné dans un être impur et pourtant sans la moindre volonté d'agir. On n'a pas eu de chance à cette époque. Et constatant la faiblesse d'esprit de Pandore qui n'eut pas réussi à convaincre Hilda de Polaris, je me devais d'arranger ça...
-Tu n'as aucun droit sur les terriens!
La voix divine de Poséidon résonna dans toute la pièce et même au delà. Kanon était figé devant cette scène indescriptible.
Le trident marin pointé sur Hypnos, le dieu des Mers laissa exploser son cosmos en une puissance incomparable à celle du Sommeil. Il pointa son arme et de celle-ci jaillit un rayon lumineux qui atteignit son adversaire. Ce dernier hurla d'une voix sourde, se tordant de douleur. Tout ce que chevaliers et guerriers divins avaient tenté de faire sans le moindre succès.
Un court affrontement divin, si rapide qu'en l'espace de quelques secondes, le corps de Hypnos avait été désintégré et une sphère pâle flottant dans les airs, s'envola vers l'inconnu.
La protection autour d'Hilda disparut aussi.
Au bout de quelques minutes dans le silence, Kanon osa:
-Ô Poséidon, puis-je vous demander ce qu'est devenu Hypnos?
-Son enveloppe charnelle n'est plus et son âme s'en est allée rejoindre Elysion. Aucun risque qu'il ne revienne pour le moment.
-Poséidon, dieu grec des Mers, intervint Siegfried, nous ne saurions vous remercier assez pour cette aide inattendue de votre part...
-Libère ta souveraine du maléfice dont elle est prisonnière, ainsi, nos deux domaines pourront connaître la reconstruction.
Siegfried s'exécuta. Concentrant son cosmos sur l'épée de Balmung, il devait prier Odin pour le guider dans cette tâche délicate. D'un geste violent et précis, il s'arrêta tout net au dessus de la main de Hilda.
Un petit craquement se fit entendre et une lumière dorée se libéra du majeur, provoquant des convulsions dans le corps de la jeune femme qui hurla d'un coup. Ses yeux s'agrandirent alors, et elle se rallongea aussitôt comme si rien n'était.
Sigmund vint à son chevet, suivi de Mime réveillé et Hagen.
Par une deuxième porte donnant accès à cette chambre, Freya arriva en courant, en compagnie de son amie, Lyfia.
S'aidant comme ils le pouvaient, Thor et Frodi revenu à lui s'avançaient aussi près du lit, tandis que Marin et Nachi fermaient la marche. Seul Shura manquait à l'appel...
La prêtresse d'Odin se réveilla et s'assit dans son lit, le regard un peu perdu.
-Siegfried... Sigmund... Freya... Et vous...?
-Hilda de Polaris, nous sommes des chevaliers d'Athéna venus pour vous aider à écarter les Spectres d'Hadès de votre royaume, intervint Kanon. Sans l'aide précieuse de Poséidon, jamais nous ne serions arrivés à rétablir la paix en Asgard.
-Merci à vous, répondit simplement la jeune femme.
Allongée au sol, Pandore aussi se réveillait peu à peu.
-Qu'allons-nous faire d'elle, demanda Mime.
-Je vais la renvoyer aux Enfers avec le reste des Spectres qui pourrait y avoir encore en Asgard, déclara le dieu des Mers.
Alors qu'il pointait son trident sur elle, Pandore jeta un regard en direction de Kanon, comme si elle le dévisageait. Ses yeux s'agrandirent d'un coup.
-Qui... qui es-tu? Tu ne peux pas être...
Elle ne finit pas sa phrase, téléportée par Poséidon dans son royaume à elle.
-Mon rôle est terminé ici en Asgard, déclara ce dernier. Je souhaite fortement ne plus avoir à intervenir dans cette Guerre. Chevaliers d'Athéna, faites parvenir ce message à votre déesse.
-Bien sur, Ô Poséidon, répondit Kanon. Il est évident que ces relations diplomatiques et cordiales devront durer de la sorte. J'en fais le serment. »
Ainsi, Poséidon, suivi du Dragon des Mers, disparut par dessus la falaise dans les eaux glacées de l'océan Arctique, alors qu'un tourbillon se fit et s'effaça aussitôt.
Juste après cela, Siegfried se fit libérer de l'armure d'Odin, qui se rassembla en un autel dans lequel l'épée de Balmung était enfoncée et repartit comme une étoile filante se poser très probablement là où la statue du dieu veillait sur Asgard depuis toujours.
Se laissant tomber le long d'un mur encore intact de la chambre, Kanon s'assit lourdement au sol. Il était épuisé, physiquement et moralement. Avant de se faire emporter par sa fatigue, il entendit au loin la voix de Hilda proposant aux chevaliers de rester un peu avant leur retour au Sanctuaire, puis, plus rien...
爆発
Les Enfers d'Hadès. Un espace curieux, où se mêlaient tant de cours d'eau, de prisons, de vallées et bien d'autres appellations pour définir les niveaux, gardés par des Spectres puissants et haut placés.
L'on parlait de tribunaux également. Or sur le parvis d'un tribunal, un homme aux longs cheveux blancs, un livre à priori important sous le bras, eut son attention attirée vers un point inconnu dans le ciel lugubre et violacé. Il fronça ses sourcils, pris d'un doute et dégaina un fouet qu'il frappa dans les airs. Son arme s'entoura autour d'une forme qui se révéla petit à petit une jambe, recouverte d'une protection semblable aux Surplis. La silhouette entière se dessina et vint s'abattre lourdement au sol.
L'homme au fouet observa sa prise d'un air horrifié. Un Spectre grand, blond et lacéré de coups, au Surplis incroyablement dégradé.
« Seigneur Rhadamanthe, souffla-t-il pour lui. »
notes de fin: Merci d'avoir lu. J'avoue que je suis assez contente de ce chapitre, où j'ai pris un plaisir incroyable à décrire chaque scène de combat, autant celui de Myu que celui de Rhada vs Kanon. Ce ne fut pas facile pour autant, surtout de décrire les attaques, et j'ai pris quelques libertés, notamment pour Another Dimension, parce que visuellement on sait de quoi on parle. Mais poser des mots sur cette attaque, c'est autre chose. Pour l'armure d'Odin, c'était une idée qui m'est venue au tout dernier moment, quand je faisais ma documentation qui était de regarder les derniers épisodes d'Asgard (mon dieu que j'aime cet arc).
Quant à la toute fin, je suis consciente qu'il y a des zones d'ombre, que je compterai développer bien plus tard. C'était très éprouvant, cette bataille, et sous le point de vue de Kanon, j'étais moi même épuisée de me battre à ses côtés. Encore une fois j'en suis ressortie vidée. Mais relativement satisfaite.
Les caractères d'interlude sont 爆発, bakuhatsu, explosion en japonais.
Je vous fais des bisous et à la prochaine!
