notes: Et voici le treizième chapitre! Au départ ce ne devait être qu'une interlude exercice d'écriture sur un seul personnage. Et puis c'est encore parti en live dans mon esprit et j'en ai fait un chapitre entier. Je vous souhaite une bonne lecture
Treizième histoire: Interlude nocturne
Il y a quatorze ans, Sanctuaire d'Athéna...
Tout en bas des escaliers du zodiaque, un garçonnet aux cheveux bleu ciel tout comme ses grands yeux attendait deux autres enfants qui le rejoignirent en courant, un châtain clair et un autre à la tignasse bleue nuit.
« Désolé Orphée, fit le châtain essoufflé. Saga nous a encore punis et...
-Je sais, j'ai entendu en sortant de la classe. Mais on n'a pas trop de temps si vous voulez monter. Les prêtresses vont bientôt arriver. Mais ça devrait marcher.
-Comment on fait, alors, demanda le garçon ébouriffé.
-On rentre dans la malle, répondit Orphée, et les soldats nous amèneront en haut en même temps que les prêtresses.
-Bon, on y va, alors.
-Attends, Milo. Vous avez ce que vous m'avez promis, en retour?
-Oui...
-Aiolia?
-Oui. Ça a pas été facile à piquer, mais tiens, voilà tes chocolats.
Le garçon aux cheveux clairs enfourna les barres dans sa poche
-Ne perdons pas de temps! »
Profitant d'un instant d'inattention de la part de soldats du Sanctuaire, les trois enfants ouvrirent une malle bien gardée dans laquelle ils pénétrèrent, prenant garde de ne pas faire le moindre bruit. Mission extrêmement périlleuse, mais ne leur enseignait-on pas le courage face au danger?
Après de longues minutes dans le noir complet, se retenant de ne pas crier l'un sur l'autre, les garçonnets ouvrirent le couvercle de l'intérieur. Leurs visages alors se barrèrent de sourires coquins et satisfaits. Ils étaient arrivés à destination, dans le Palais du Grand Pope, précisément dans une de ses chambres.
Tout en sortant de leur cachette remplie à présent d'étoffes froissées et salies de poussière, ils vérifiaient s'ils étaient seuls, qu'une prêtresse ne viendrait pas les surprendre. D'autant que malgré leurs petites tailles, il n'y avait aucun endroit où se réfugier en cas d'intrusion. La seule commode était remplie de linges – Aiolia eut vérifié aussitôt – et le berceau... C'était certain qu'à trois ils n'y rentreraient pas et pourraient même le casser. Et surtout, ils pourraient blesser le nourrisson qui y dormait paisiblement.
Milo apporta une chaise et un tabouret et ainsi permit à ses copains et lui même d'observer le bébé.
« C'est tout petit, constata-t-il à voix basse. Vous croyez que c'est vraiment Athéna?
-Bien sur, fit Orphée. Même les dieux ont été bébé un jour.
-Mais ça fait très très longtemps, bien avant qu'on soit né nous aussi, s'interrogea Aiolia. Bien avant mon frère et bien avant Pépé Shion...
-Je sais pas, avoua le garçon bleu ciel. Mais si ce bébé est là et pas avec les autres orphelins, c'est peut-être que Pépé Shion le trouve spécial...
Le sourire malicieux de Milo s'agrandit:
-Et si c'était le bébé de Pépé Shion...?
-T'es bête Milo, s'écria Aiolia qui ne se retint plus de rire. Le Grand Pope est trop vieux pour être papa et il est même pas marié et...
Des pas résonnèrent hors de la chambre et de plus en plus distincts.
-Quelqu'un vient, chuchota Orphée. Comment on fait?
-On retourne dans la malle, suggéra le châtain clair.
-Patate! Peut-être que la personne va fouiller dans la malle et on va se faire avoir!
-T'as qu'à trouver des idées, Milo, alors!
-C'est ce que je fais!
-On dirait pas! C'est tes cheveux qui t'empêchent de réfléchir!
-La ferme le chaton!
Mais, avant qu'Orphée n'avertisse ses amis, la porte s'ouvrit sur les chevaliers d'Or, Aiolos et Kanon. Le frère de son copain et le guerrier le plus fort du Sanctuaire. Ils étaient faits. Ils allaient se faire punir très sévèrement et ils savaient que nettoyer la salle de classe après avoir fait la foire dans le cours de Saga c'était des vacances, en comparaison de ce qui les attendait.
-Grand-frère...
-Kanon!
Entre les deux chevaliers, une prêtresse apparut, suivie d'une petite fille blonde. Qui étaient-elles? La plus grande prit le bébé dans ses bras et le berça avec attention.
-Tout va bien, Athéna dort sagement, fit-elle. Elle n'a pas été perturbée par ces trois garnements.
-Je te présente toutes mes excuses, déclara Aiolos. Mon frère et ses amis n'avaient pas le droit de venir ici, et ils ont échappé à l'attention de tout le monde.
-C'est ma faute aussi, chevalier du Sagittaire. J'aurais dû être présente pour réceptionner les affaires de notre déesse. Les soldats n'avaient pas remarqué leur présence et...
-Elisa, appela la petite blonde en direction de la prêtresse alors qu'elle observait le contenu de la malle. Les vêtements de notre déesse sont tout sales. Elle ne pourra pas être prête ni décente pour l'entretien avec le Grand Pope et les chevaliers du Sagittaire et des Gémeaux...
-Quel désastre, constata Kanon, en jetant un premier œil dans la même direction que la fillette, pour ensuite toiser les garçonnets d'un regard menaçant.
-On voulait voir le nouveau bébé, et on voulait savoir si c'était bien Athéna, se défendit Milo. On a rien fait de mal!
-On ne l'a même pas touché, ajouta Orphée.
À priori, ces arguments ne plurent pas au chevalier qui leur répondit de sa voix grave, pas forte mais tellement écrasante que les enfants voulurent se faire tout petits au point de disparaître entre les dalles de marbre de la chambre de bébé.
-Combien de fois faudra-t-il vous le dire? Monter les marches de cet escalier, ou y parvenir par n'importe quel moyen vous est strictement interdit! Seul un chevalier ou le Grand Pope peut vous y autoriser. Or vous n'êtes que des apprentis, vous ne devriez même pas approcher les premières marches et vous concentrer sur votre entrainement! De plus une intrusion dans ce palais est passible d'une punition grave et irrémédiable! Que se passerait-il si vous étiez bannis à tout jamais du Sanctuaire, livrés à vous même dans le monde extérieur sans la moindre aide, hein? Vous seriez plus grands, la mort aurait pu être une option, mais il est hors de question de tuer des enfants pour une telle faute. Aiolos, Elisa et moi allons devoir en parler au Grand Pope, et il saura vous donner une sentence à votre niveau. Et Milo, je vais devoir rapporter ton acte à ton maitre, lors de ton retour sur l'ile.
Aiolia leva alors la tête, les yeux remplis de grosses larmes.
-... par... pardon Grand-frère... Et Elisa... et Kanon... On voulait juste voir le petit bébé et...
Tandis que le Sagittaire posait un doux regard sur son cadet...
-Non Aiolos, on ne doit pas céder. Ils doivent apprendre dès aujourd'hui. Il en va de l'avenir des protecteurs d'Athéna, tu le sais aussi bien. En tant qu'ainés, nous devons leur transmettre les bonnes valeurs.
-Je sais, admit l'archer. Mais le bébé va bien et ils ont l'air de réaliser leur bêtise.
Les trois garçonnets, comme une seule et même personne, firent oui de la tête pour appuyer les dires du plus grand.
-De plus, on ne peut se permettre de se séparer de futurs guerriers et il est hors de question que mon petit frère soit loin de moi. On en parlera au Grand Pope. Je pense que c'est une punition relativement dure pour leur crime.
Kanon se passa la main sur le visage.
-Ta gentillesse te perdra, vraiment... Allez, on ramène les monstres en bas...
-Chevaliers, intervint Elisa. Et que faire des linges salis dans la malle? C'est indigne de notre déesse... »
詩
Depuis trois jours, dans le quartier des prêtresses, trois futurs chevaliers étaient affairés à nettoyer toutes sortes d'étoffes, allant des draps des dortoirs jusqu'aux plus beaux et fragiles tissus qui décoraient les douze Maisons du Zodiaque, en passant par les couvertures appartenant au bébé divin. Encore un peu plus d'une semaine à aider à la lessive, en plus des leçons théoriques et des entrainements devenus plus sévères depuis leur bêtise. Enfin, si les servantes ne prolongeaient pas leur punition. Avec la chaleur des fins d'après-midi, les garçons pensaient bien plus à faire des batailles d'eau que de frotter les draps.
Mais Elisa, la prêtresse principale veillait. Cette femme paraissait gentille et bienveillante, avec ses éternelles robes blanches, sa voix claire et apaisante et ses yeux verts qui brillaient entre les longues mèches brunes de ses cheveux ondulés. Pourtant, lorsque cela concernait de près ou de loin le bébé Athéna, elle ne rigolait pas. Et elle passait tous les jours pour vérifier s'ils avaient bien lavé comme il fallait le contenu de leurs paniers quotidien. La menace de rester toute la nuit à enlever une tâche sans aucune autre lumière que celle de la lune quand celle-ci voulait bien se montrer ne se prenait pas à la légère...
D'autant que ce jour là, le temps était nuageux et il fallait se dépêcher de tout laver. C'était presque aussi dur que leurs entrainements de chevalier. Surtout la maitrise du fer et ce danger mortel de bruler une étoffe. Mais étrangement, Orphée qui se chargeait de cette tâche, s'appliquait et récoltait même des compliments des dames qu'il assistait.
Il avait toujours été minutieux dans ce qu'il entreprenait, et, en attendant d'avoir une formation véritable pour être chevalier, quand il n'était pas avec Milo et Aiolia, il fredonnait des petites mélodies pour lui même, comme à cet instant, sans se douter qu'il était écouté.
Alors qu'il pliait une étoffe plus grande que lui, il entendit des mains l'applaudir. Une fois le tissu lissé de moitié, il découvrit la fille blonde qui se trouvait avec Elisa, le jour où ils avaient été découverts dans la chambre d'Athéna. Probablement une nouvelle arrivée, parce que c'était seulement la deuxième fois qu'il la voyait.
« Ah... bonjour... fit-il sans trop savoir que dire.
-Tu chantes bien, répondit-elle.
-Merci... je... Tu voulais quoi?
-Je suis là pour aider Elisa. On va ramener le linge de notre déesse.
-Je vois. Le coffre est à l'entrée et...
-Je sais. Je l'attends. Elle est allée voir tes copains. On dirait qu'ils chahutent encore...
-Si la chef ne crie pas, c'est que tout va bien!
La fille rit. Orphée se surprit à penser qu'elle avait de jolis yeux noirs et même à la lumière des lampes à huile, ils brillaient comme des étoiles dans le ciel. Puis il se concentra à nouveau sur son étoffe, souhaitant que cette chaleur sur ses joues disparaisse au plus vite.
-Je m'appelle Alice. Et toi?
Le garçon sursauta.
-O... Orphée.
-Enchantée. J'apprends à devenir une bonne prêtresse pour Athéna. Je suis orpheline, mais Elisa s'occupe bien de moi. Et toi? Tu veux être un chevalier?
-Oui. Quand on ne sera plus punis, je pourrai suivre un entrainement pour être chevalier d'Argent.
-J'espère que tu y arriveras. Je vais devoir partir, Elisa m'attend. »
Orphée esquissa un sourire timide qu'Alice lui rendit avant de partir avec le linge pour leur déesse.
詩
Sept années s'étaient écoulées depuis la rencontre d'Orphée et d'Alice. Cette dernière était devenue une des servantes les plus qualifiées et assistait son ainée, Elisa, au bon fonctionnement du Palais du Grand Pope. Dès le retour d'Athéna sur les terres sacrées, elle confirmerait sa dévotion et pourrait devenir une prêtresse. En attendant, elle étudiait et patientait pour le jour où ce bébé qu'elle avait vu partir pour le Japon, reviendrait en une jeune fille au cosmos puissant et rempli de bonté.
Quant à Orphée, il parcourait les jardins aux mille fleurs en ce printemps, une lyre sous le bras et arborant, fier, une armure argentée. Ses grands yeux bleus clairs étincelaient sous les rayons du soleil et ne dissimulait pas sa joie. Il remerciait tous les dieux qu'il pouvait, Athéna en premier, pour le destin qu'on lui avait donné. Lui qui avait toujours aimé la musique sous toutes ses formes, était né sous la protection de la constellation de la Lyre. Ainsi, tout en suivant une instruction artistique de haut niveau, son cosmos aussi fut développé à tel point que sa puissance put atteindre celles de ses deux meilleurs amis, Milo et Aiolia, eux aussi tout juste adoubés chevaliers d'Or, respectivement du Scorpion et du Lion.
Quand bien même ils étaient de rangs différents, leur amitié était toujours aussi forte et tous trois étaient désormais inséparables autant que possible.
Mais ce jour là, Orphée avançait seul dans le Sanctuaire, jusqu'à atteindre un carré isolé d'une grande prairie proche des jardins du domaine où l'herbe était d'un vert presque irréel et les pétales des fleurs proches s'envolaient avec le vent, offrant un spectacle féérique. Au milieu de ce tableau, une jeune femme blonde retenait à peine ses cheveux qui dansaient autour d'elle et offrit un sourire au chevalier dès qu'elle l'aperçut.
« Désolé de t'avoir fait attendre, s'excusa le jeune homme.
-Je viens à peine d'arriver, répondit-elle.
Orphée se doutait qu'elle mentait, mais il ne lui en voulait pas. Son regard noir étoilé le fascinait depuis leur rencontre et il l'excusait de tout. Elle était sa princesse, l'inspiration de ses chansons qu'accompagnait sa lyre, son...
-... Eurydice.
Elle lui sourit encore plus, laissant échapper un léger éclat de voix.
-Pardon. Je sais que ton prénom Alice, pourtant...
-J'aime quand tu m'appelles ainsi. Comme tu t'appelles Orphée, c'est un peu comme dans le mythe.
Le chevalier vint s'assoir près d'elle dans l'herbe.
-Pourtant leur fin est tragique. Je n'ai pas envie qu'un serpent t'approche, que je sois là ou pas.
-Au cours de mon apprentissage de prêtresse, j'ai acquis des compétences en guérison, tu sais. Je saurais me débrouiller si une bête m'attaque. Après tout, il faut que je sois prête pour veiller sur notre déesse quand elle reviendra au Sanctuaire.
-Tu l'es bien plus que tu ne le penses, Eury... Alice.
-Appelle-moi Eurydice. Même si c'est seulement quand on est ensemble, j'aime à croire que je suis ta nymphe qui ne se lassera jamais de t'écouter chanter et jouer de la lyre. »
Avant d'effleurer les cordes de son instrument, Orphée frissonna au contact de ses doigts contre les mains de la jeune femme. Et son cœur se mit à battre à un rythme effréné lorsque leurs lèvres s'unirent un court instant pour la toute première fois de leur vie...
詩
Moment présent.
Aux abords du Sanctuaire, tout proche de la frontière divine, des éclats de rire se faisaient entendre dans la nuit, et malgré le ciel par moments nuageux, les étoiles et la Lune veillaient sur ce jeune couple qui rentrait dans le domaine sacré.
Ne se lâchant la main pour rien au monde, Orphée et Eurydice flottaient dans leur bonheur rien qu'à eux. Le jour où tous les chevaliers seraient mobilisés pour la guerre contre Hadès approchait. Le conflit en Asgard avait commencé, mais ne se terminerait pas aussi rapidement. Alors, le jeune musicien avait pris une décision importante pour sa vie à lui et celle de sa bien aimée.
Leur idylle avait grandi au fil des années et ce jour là, tous deux étaient s'étaient rendus tout proche, dans le village de Rodorio pour quelques heures seulement, avant de rentrer là, à la tombée de la nuit.
Malgré le danger imminent, ils ne pouvaient pas dissimuler ou même atténuer leur euphorie. S'arrêtant au pied d'un arbre, il ramassa quelques brins d'herbe, les manipula pour en faire un anneau tressé, un peu à l'aveugle, mais combien de fois en avait-il confectionné? Il prit la main de la jeune femme et le passa à l'annulaire.
« Eurydice, après la guerre, seras-tu toujours d'accord pour m'épouser?
-Bien sur, Orphée, s'écria-t-elle en un éclat de rire. Je te l'ai déjà dit hier pour la première fois! Et puis là, quand on est entrés dans la mairie de Rodorio pour les papiers et je te le redirai encore quand je remonterai dans le temple d'Athéna et même demain encore et aussi quand notre déesse donnera son accord, j'en suis certaine! Je veux être ta femme et t'aimer à tout jamais!
-C'est tellement irréel avec tout ce qui se passe en ce moment... je...
-Je t'aime, mon musicien.
-Je t'aime aussi, ma nymphe.
A nouveau, sans se lasser, ils s'embrassèrent encore, en douceur.
-Tu me rejoueras un peu de ta lyre avant qu'on aille se coucher?
-Autant que tu voudras. Rentrons, si on ne veut pas se faire attraper par un chevalier d'Or ou même le Grand Pope. Je ne veux pas nous mettre en danger. »
Prenant la main de sa fiancée, Orphée la guida sur le chemin discret au milieu de nulle part, cette petite route que seuls les habitants du Sanctuaire connaissaient. Perdu dans ce rêve magnifique qu'il était en train de vivre, il n'oubliait pas pour autant sa mission et protègerait non seulement Eurydice, mais sa déesse bien évidemment. Il était un chevalier d'Athéna avant tout. Son devoir était prioritaire, mais il espérait de toutes ses forces que la paix revienne vite, que ce conflit face au Seigneur des Enfers ne s'éternise pour un jour enfin, vivre heureux pour toujours avec celle qu'il aimait bien plus que sa propre vie. Il n'avait plus peur de ses sentiments, de ces montées de joie en pensant à Alice – Eurydice, peu importait comment il la nommait. Elle était sa prêtresse, malicieuse, souriante et respirant la vie à pleins poumons. Ils se soutenaient l'un l'autre, passaient tout leur temps libre à se raconter leurs journées, et lui à chanter des chansons improvisées selon la danse de ses doigts sur sa lyre. Et sa voix était tantôt émouvante au point de tirer de chaudes larmes des yeux étoilées de la jeune fille, tantôt enjouée, déclamant des mélodies qui réchauffaient le cœur et l'âme. Selon Eurydice, il était un poète, un véritable artiste. Lui même ne saurait juger de son propre talent, mais du moment qu'il faisait sourire sa bien aimée, tout allait bien. Et il voulait tant que ce bonheur dure à tout jamais...
Il sentit d'un coup la peau douce de sa fiancée glisser entre ses doigts. Il la vit agenouillée au sol, comme gênée par quelque chose qu'ils ne distinguaient pas dans la nuit.
« Tu vas bien, s'inquiéta-t-il.
-Je ne sais pas... je... comme une migraine soudaine, répondit-elle se prenant la tête entre les mains.
Un cri déchira sa gorge alors qu'elle tentait de lui parler et s'évanouit d'un coup.
Orphée l'avait senti aussi, ce cosmos inconnu, redoutable au point de faire perdre conscience à la femme qu'il aimait. Sans réfléchir trop longtemps, il invoqua son armure d'Argent qui s'attacha autour de son corps, et prit Eurydice dans ses bras. Il voulait dans un premier temps la mettre hors de danger, en la reposant près des premiers arbres par delà la protection divine du Sanctuaire. Ensuite, il irait rencontrer celui qui les avait attaqués par surprise.
Il marcha tout droit, à vive allure, presque arrivé aux limites quand un choc lui fracassa le dos sans le prévenir, l'obligeant à lâcher sa fiancée et lui même de s'effondrer dans l'herbe sèche.
Puis tout se passa étrangement sous son regard de plus en plus flou et sa vue diminuée par l'obscurité de la nuit. Était-ce comme l'avait ressenti Eurydice? Son crâne se compressait lentement mais douloureusement, comme une migraine de plus en plus violente et insupportable, comme si sa tête était prise dans un étau et qu'on serrait de plus en plus les plaques en fonte de chaque côté pour le faire exploser juste après l'avoir rendu fou.
Il devait tenir le coup, même si c'était quasiment impossible mais... pour elle, pour sa future femme...
Peu à peu, autour de lui, une aura blanche aux reflets bleus s'éleva dans la pénombre. Son amour, leurs vies en dépendaient et ce n'était pas un ennemi caché dans les ténèbres qui l'achèverait.
Serrant d'une main sa lyre, ses doigts dansèrent alors sur les cordes en une mélodie pure et des fils argentés jaillirent droit devant.
STRINGER FINE
Un fracas se fit entendre, comme si la cible fut atteinte.
Non, Orphée n'avait pas tué son ennemi. Juste repéré sa position, et ce cosmos qu'il sentait, qui avait fait perdre conscience à Eurydice, et qui l'écrasait sans trop comprendre cette attaque surprise, augmentait au fur et à mesure qu'une silhouette sombre approchait, titubant, mais se révéla à la lueur de la Lune: un homme imposant, ténébreux, protégé par une armure bien plus sombre que les bois la nuit. Le chevalier distinguait à peine ce visage dur et privé d'un œil.
-Tu es... un Spectre? Demanda Orphée.
-Tout à fait, répondit l'homme. Et toi, encore en vie. C'est bien dommage, j'aurais pu t'épargner tant de souffrance, tu aurais pu rejoindre ta dulcinée sans douleur.
Le chevalier trembla, manquant lâcher sa lyre. Quelque chose se brisa en lui. Eurydice serait... morte...?
-Tu... tu as osé la tuer? Alors qu'elle est innocente! Tu n'avais pas le droit!
Sa voix s'éleva en un cri puissant, alors qu'il tirait des fils argentés des cordes de son instrument pour attaquer son adversaire, qui évita sans problème sa tentative.
-Je n'y peux rien, si elle est sensible aux hurlements de la mandragore... Tu dois être assez intelligent pour connaître les vertus de ce végétal, et ses cris qui peuvent ôter la vie aux hommes.
-Qui es-tu?!
-Fyodor, de la Mandragore comme je viens de te le dire. J'attends patiemment les ordres de notre Seigneur Hadès et la venue d'autres Spectres, mais rien n'est précisé sur le fait que je n'ai pas le droit de tuer à vue des chevaliers qui se baladent sur mon chemin. Chevaliers ou autres habitants de votre précieux Sanctuaire, ajouta-t-il sur un ton sournois.
-Monstre... Elle ne savait pas se battre! Moi, Orphée, chevalier de la Lyre, je vais te vaincre et sauver mon Eurydice.
-Orphée et Eurydice, c'est mignon. Comme dans le mythe... Vous serez réunis aux Enfers vous aussi!
-La ferme! »
Le chevalier sentit un regain de force, en enflammant son cosmos argenté. À défaut de pouvoir réaliser son plus cher rêve, il devait venger celle qu'il a toujours aimée. Pour Alice. Pour son unique amour.
Il joua un morceau
STRINGER NOCTURN
Mais rien n'atteignit Fyodor. Pas le moindre coup, rien.
Par contre, il entendit comme au loin la voix de son ennemi lancer ce qui devait être son attaque. Sa migraine revint à la charge également, plus forte, plus intense au point d'en lâcher la lyre qui se brisa au sol.
Le jeune homme s'effondra à son tour, sur le côté, le regard embrumé, le corps vidé de toutes ses forces. Devant ses yeux, les restes de son instrument éparpillés. Un peu plus loin, Eurydice inanimée.
De légères larmes vinrent couler sur le visage.
Tout comme ce combat qu'il venait de perdre, ses rêves de bonheur s'envolaient aussi à tout jamais.
Du bout des doigts, il saisit une corde et, usant du peu de force qui lui restait, il se l'entoura autour du cou.
Après tout... Le destin d'Orphée et d'Eurydice était très probablement d'aller en enfer...
詩
Milo se doutait qu'il allait faire une erreur monumentale. Ce n'était pas qu'une intuition, son corps entier le ressentait. Mais il ne pouvait pas reculer, quand bien même il se frappait mentalement d'avoir été surpris comme un apprenti par un de ses camarades, alors qu'il rageait encore et toujours de la décision de Kanon.
Môssieur était un grand chevalier d'Or, Môssieur était le futur Grand Pope, donc Môssieur devait se comporter comme un grand guerrier qui prend des initiatives et qui ''à priori'' choisit judicieusement la composition de l'unité qui irait en Asgard. Ah oui, et pourtant Môssieur avait reconnu quelques années auparavant la force du chevalier du Scorpion. Mais non. Milo devait rester en Grèce à poireauter, se tourner les pouces le temps que le grand héros revienne vainqueur et glorieux de sa mission. Et cette promesse de former un duo invincible? De ce qu'il avait retenu de la trop courte conversation de l'avant veille, il pouvait se la mettre n'importe où, mais pas dans les priorités de Kanon.
Mais il n'y avait pas que ça. Bien évidemment la fierté du jeune homme en avait pris un sacré coup. Il considérait cela comme une trahison de son meilleur ami. Lui qui détestait plus que tout les promesses non tenues et le manque de modestie. Et aussi cet imbécile de Gémeaux ne voyait pas plus loin que ses longs cheveux bleu océan. Il ne comprenait pas et ne comprendrait jamais cette colère qui brulait dans le cœur de Milo.
Vivement que sa grandeur revienne, et en vie. Comme ça, il se ferait un plaisir de le massacrer à sa manière...
Surtout qu'il ne meure pas, le Scorpion ne pourrait l'accepter.
« … Hey tu m'écoutes?
Milo se retint de lancer un juron peu châtié à celui qui le trainait hors du Sanctuaire alors que les troupes étaient sur le qui-vive.
-Death Mask... je te suis, c'est déjà pas mal.
-Roh ça va! Pour une fois que je veux être sociable, et que je veux bien embarquer quelqu'un pour me souler un peu...
-Tu veux surtout me faire ingurgiter des boissons infâmes dans un de tes trous à rats louches d'un village pas loin, pour dégoter des informations sur le fait que j'ai gueulé sur Kanon la dernière fois.
-Entre autres... Et patrouiller aussi. Y a un...
Le Cancer n'eut pas le temps de finir sa phrase quand devant eux, au delà de la barrière de protection divine, une lumière argentée éclaira un court instant les forêts alentour, et plus rien.
-C'était quoi ça? Demanda Milo
-Qu'est-ce que j'en sais... On va voir.
En moins d'une seconde, tous les deux avaient revêtus leurs armures dorées et couraient dans la direction de la lueur.
Passant la frontière, le cœur du Scorpion battait de plus en plus vite, signe d'un mauvais pressentiment, tandis qu'un cosmos se révélait plus puissant dans l'atmosphère et qu'un autre s'évaporait peu à peu, comme réduit à néant. Milo craignait le pire. Son cerveau réfléchissait aussi vite que ses pas foulaient la terre battue et le chemin à peine visible surtout dans la nuit. Il cherchait à savoir ce qui s'était passé, qui était sorti du Sanctuaire, qui parmi ses amis avait pu s'absenter pour une mission ou autre chose...
Il s'arrêta tout net, en même temps que Death Mask, constatant le spectacle sous ses yeux. Deux corps allongés, des éclats d'un objet précieux dans l'herbe. Il sut identifier les victimes tout de suite.
-Orphée! Alice!
Un de ses amis d'enfance et la fille qu'il aimait étaient inconscients. Ou presque...
Prenant la tête du chevalier d'Argent contre son bras, le Scorpion sentait un souple à peine perceptible. Il retira un fil presque invisible qui était noué au cou, semblant le serrer et couper la respiration du blessé.
-Orphée, c'est Milo! On va vous sortir de là, d'accord?
-... moi... fit le chevalier d'Argent dans un souffle rauque.
-Que dis-tu?
-... tue-moi...
-Non! Mais non, Orphée! Je ne te tuerai pas!
-... plus vivre... Eurydice... morte...
-Je refuse, cria plus fort Milo. Tu es vivant, on va te ramener au Sanctuaire. Et Alice aussi, on ne l'abandonnera pas!
-... plus... raison de vivre... tue-moi... mon ami...
-NON ORPHEE!
Milo se contenait comme il le pouvait. Il se doutait qu'une situation comme ça pourrait arriver au cours de cette guerre, mais jamais il ne pourrait achever un ami blessé. C'était beaucoup trop dur, et même dans la nuit, il retenait de son mieux ces larmes de douleurs qui voulaient s'échapper de ses yeux. Non, il n'honorerait pas la demande de son ami, parce qu'il sentait encore son cosmos brillant et fort, parce qu'il était un élément indispensable pour protéger leur déesse. Et une fois tout cela terminé, les choses seraient différentes...
-Orphée... Tu peux encore te battre. Ce sera dur, mais pour cet amour que tu as pour Alice, pour elle, bats-toi jusqu'au bout, s'il te plait. Après tu pourras la rejoindre, je te le promets, mon ami.
-... Milo...
-Euh... Je ne veux pas vous embêter, intervint Death Mask, mais deux choses. La première est qu'on n'est pas seuls.
Une ombre s'avança effectivement vers eux.
-C'est bien ce qui me semblait, sourit le Cancer. C'est toi, la belle ordure, qui as mis à terre le petit couple, Fyodor de la Mandragore?
-Cela fait longtemps, ''Tonio'', répondit le Spectre.
-M'appelle pas comme ça. Je suis pas dans la taverne, là. Mais le chevalier d'Or du Cancer, Death Mask. Et ton adversaire.
-Oh, intéressant.
-Mais avant que je te massacre, tu permets? L'Italien se tourna de trois quart et s'adressa à Milo. Rentre au Sanctuaire avec les deux. Je m'occupe de ce mec. Et rassure Orphée, l'âme de sa belle n'a toujours pas quitté son corps. Je l'aurais senti. Il est encore temps.
Le Scorpion lança un regard entendu à l'autre chevalier d'Or, avant de voir des spirales de fumées gris pâle l'entourer lui et le Spectre pour disparaître il ignorait où.
-Tu as entendu, Orphée? Alice est encore en vie. Accrochez-vous tous les deux. On rentre. »
Tout en aidant du mieux qu'il pouvait ses deux amis, Milo marcha sur le chemin du retour. Il eut une pensée pour cet homme étrange, morbide et peu délicat qu'était Death Mask. Malgré les affinités qui pouvaient être différentes, ils étaient tous des chevaliers d'Athéna et devaient rester en vie autant que possible...
詩
SEKI SHIKI MEIKAI HA
Sans se préoccuper plus longtemps de Milo et du couple à terre, Death Mask emporta son adversaire loin des abords du Sanctuaire. Autant leurs corps que leurs âmes à tous deux atterrirent dans un paysage désolé, au sol rocheux couleur charbon sale, avec au loin, plusieurs collines sombres en dessous d'un ciel tout aussi noir dans lequel des volutes verdâtres flottaient çà et là.
Dans des sentiers apparemment bien définis, des gens avançaient d'une allure lente, comme des automates, des fantômes ne dégageant pas ou plus du tout la moindre vitalité en direction de ce qui semblait une montagne au loin. Ou plutôt un cratère.
L'on pouvait distinguer si on avait une très bonne vue des petits points en bout de ce cortège qui disparaissaient petit à petit.
Yomotsu Hirasaka, le puits des morts, une des frontières entre la vie terrestre et les Enfers ou quelque autre appellation pour désigner l'au delà. Et un des endroits où étrangement le chevalier du Cancer se sentait le mieux, toujours par cette fascination pour la mort, la manière dont on pouvait passer d'un état vivant à un état inerte, lorsque l'âme quitte le corps et que plus rien ne bouge à tout jamais.
C'était ici qu'il avait passé le plus de temps, une fois cette technique du Seki Shiki Meikai Ha maitrisée, pour s'imprégner de sa force de son cosmos, et revêtir enfin l'armure dorée. C'était ici, également, qu'il allait mener un combat contre un Spectre.
« Merci pour la petite balade loin de cette Grèce, fit ce dernier d'un ton cynique.
-Pas la peine de me remercier. J'ai pas envie de crader l'abord des terres sacrées avec ton sang.
-Tu peux aussi arrêter de jouer cette comédie. Il n'y a plus tes potes ici.
-Ah parce que... tu croyais vraiment que j'allais réellement me mettre à la solde de ton dieu parce que j'ai une passion pour la mort? Je sais que j'ai un pet au casque pour bon nombre de gens, mais sur certains points je sais me tenir à mes engagements. C'est vrai que la mioche qui nous sert de déesse n'est pas la plus réactive, qu'elle est encore vraiment immature, mais je suis né pour être chevalier du Cancer, pas pour être Spectre et servir de l'autre côté de l'entrée des Enfers. C'est con, mais cette fois c'est comme ça que ça se passe.
Fyodor sourit alors au discours de Death Mask.
-Si ça peut t'aider, je peux te tuer comme ça mon seigneur Hadès t'accordera peut-être l'autorisation de rejoindre nos rangs, s'il n'y a que ça qui t'embête.
-Il n'y a pas que ça. J'ai encore envie de me bourrer la gueule dans les bars des villages, je suis un habitué maintenant et j'ai quelques dettes aussi. Et je vais pas crever pour ton bon plaisir. Par contre, toi, tu vas rejoindre ton boss sous la forme d'une âme errante.
Les deux adversaires se mirent en position de combat. Le Cancer savait pertinemment que se battre ici, à la frontière entre la vie et la mort était un terrain difficile pour tous les deux. Ce Fyodor connaissait aussi bien que lui cette dimension, et l'attaquer avec des techniques spirituelles ne servirait à rien. Autant jouer la délicatesse jusqu'au bout finalement.
Il fonça alors sur le Spectre avec une rapidité imprévue et engagea alors un échange de coups presque à la vitesse de la lumière, laissant petit à petit apparaître autour de lui la lumière dorée de son cosmos.
La Mandragore reculait devant l'assaut. Malgré sa carrure imposante, tout comme son Surplis, il avait un inconvénient de taille: son œil manquant qui constituait un angle mort idéal pour les poings de Death Mask. Ce dernier ne se privait pas et quand bien même il se prenait lui aussi des coups, sans trop grande conséquence sur le moment, il le savait, il dominait le combat. Ce Fyodor était probablement assez puissant pour mettre à terre un des meilleurs chevaliers d'Argent, mais ne faisait visiblement pas le poids face à un chevalier d'Or.
L'Italien esquissa un sourire large et satisfait.
-T'es quand même résistant, siffla-t-il.
-Crois pas que tu m'auras aussi facilement.
-Faut juste que tu évites de reculer trop brusquement, tu tomberais dans un précipice sans fond.
-... enfoiré...
-Avoue que ce serait idiot de ta part de tomber bêtement et de sombrer dans les ténèbres sans savoir si tu es vivant ou mort. Surtout pour un Spectre au service du seigneur des Enfers. »
La provocation du Cancer eut son effet sur Fyodor qui se redressa, retirant ses bras de devant son visage et son œil mort pour se mettre dans une position d'attaque.
Death Mask, non sans baisser sa garde, l'observa, interloqué par cette posture d'un homme droit, dévoilant son torse, offrant une ouverture tellement parfaite à la contre attaque. Mais il était sur et certain que cela cachait quelque chose, un piège dans lequel on pouvait tomber trop facilement. Il se devait de riposter aussitôt. D'autant que l'aura de son adversaire grandissait aussi en puissance.
À son tour, il fit augmenter son cosmos doré dans lequel des points rouges comme de l'électricité dans l'air faisant changer son énergie en un vent écarlate alors qu'une grosse boule se formait au dessus de lui comme un nuage de sang.
MEIDO INDÔ
Le Cancer relâcha son attaque sur sa cible, lui même ayant eu le temps d'invoquer sa technique nommée Strangle Shrill. De ce que le chevalier avait pu voir, sur le plastron du Spectre, un visage disgracieux était apparu, ouvrant la bouche et l'espace d'une demi seconde, il n'y eut plus de son. Le silence complet. Mais il ne devait pas se laisser déconcentrer. Sa boule rouge emporta Fyodor au delà du trou dans lequel il menaçait de tomber pour le faire s'écrouler quelques dizaines de mètres plus loin, sur le sol couleur charbon.
Comme il le pressentait, la Mandragore crut que ce n'était qu'un coup puissant pour se défendre. Cependant un cri d'horreur s'arracha de la gorge du Spectre au moment où tombèrent sur lui à une vitesse folle, une multitude de petites sphères écarlates, comme une avalanche de pierre, s'acharnant sur lui pendant quelques secondes. Et plus rien.
Death Mask attendit un instant, et baissa sa garde quand un filet blanc se sépara du corps inerte de Fyodor. L'âme du Spectre s'en allait suivre le cortège funèbre des défunts qui se jetteraient dans le puits des enfers. Il était vaincu, et allait rejoindre son dieu dans l'incapacité de combattre de nouveau.
Le chevalier du Cancer avait gagné son combat. Et au son des plaintes des esprits qui hantaient la Yomotsu Hirasaka, il s'effaça de son lieu préféré, l'endroit où il se sentait le mieux dans cet univers pour regagner la Grèce, et les limites du Sanctuaire.
De retour, il constata que Milo avait su mettre les deux tourtereaux en sécurité. Tant mieux.
Alors qu'il allait lui aussi rentrer, il sentit une gène dans sa poitrine, comme quelque chose qu'il avait avalé de travers. Il toussa, un peu, et puis de plus en plus fort quand une gerbe de sang s'épancha dans sa main. Et une sacrée migraine envahit sa tête, bien pire qu'une de ses cuites particulièrement violentes quand il faisait la tournée des tavernes des villages.
Fyodor... cet enfoiré...
Death Mask comprenait aussitôt. Ce laps de temps dans le silence le plus complet au cœur de la Yomotsu Hirasaka signifiait que son cerveau avait subi le cri mortel de la mandragore et donc de l'attaque du Spectre. Et bien plus fort qu'il n'aurait pu l'estimer.
Un peu de repos, une petite clope, une bonne bière et le lendemain il...
Le Cancer tomba à genoux dans l'herbe.
Putain de Spectre...
Et une présence s'approchait de lui.
Si c'était encore un gus de Hadès, Death Mask était mal, vraiment...
A la lueur de la Lune, il distinguait une sandale en cuir et un pantalon en toile sombre.
« Je vais t'aider, Death Mask.
Cette voix... Dohko de la Balance? Que faisait-il ici? Et sans son armure?
-Vieux Maitre?
-Vu ton état tu as le droit de t'évanouir. On ne sentira pas que tu es là, ni moi d'ailleurs.
-Que voulez-vous dire?
-Des papillons au service d'Hadès volent dans les alentours en quête d'informations et d'une possibilité de s'accrocher à notre cosmos pour pénétrer dans le Sanctuaire. La discrétion est de mise. »
Le ton que prenait son ainé n'était pas des plus joyeux et avant de tourner définitivement de l'œil, Death Mask se fit une remarque: tout le monde était vraiment dans la mouise la plus totale dorénavant...
notes de fin: Merci d'avoir lu ce chapitre. J'avoue, en vérité, je l'avais écrit bien avant le 11 et le 12 (plus de 3 mois qu'il traine dans mon ordinateur, en fait mdr), pour la simple raison que ce ne devait être qu'une interlude présentant Orphée. Ben l'interlude s'est transformée en un gros chapitre avec des combats et bizarrement je pense avoir réussi à écrire et décrire les scènes comme je les avais prévues! Avec énormément de recherches, sur Orphée et DM surtout. Parce que concernant la dernière attaque du crabby, Meido Indô, je l'ai piochée dans Saint Seiya Omega. Voui voui... Je ne suis pas véritablement fan de ce spin off, mais le Cancer, Schiller a été un petit coup de cœur dans cette série, et comme il avait des coups originaux, je les ai empruntés pour DM.
Ensuite, concernant l'entourage de Orphée pour la première partie, j'ai repris ce OC de la prêtresse Elisa en tant qu'ainée de Eurydice. Elle même, je lui ai volontairement donné ce prénom d'Alice en tant que prénom d'origine parce que je souhaitais qu'Orphée et elle jouent à un petit jeu de rôle sur les personnages du mythe, en toute innocence, qui les rapprocherait petit à petit pour les rendre amoureux.
Pour finir, le kanji des interludes c'est un des nombreux pour uta, chanson, chant, poème, en japonais.
La suite viendra quand elle se présentera! Des bisous et à la prochaine.
