Et oui me revoilou :) Voilà mon chapitre 5, que vous attendez sûrement beaucoup !

Merci pour tous vos gentils messages et votre soutien.

Je tiens à remercier les reviewers anonymes : Céline, Mgane, Othily, Elodie et Marie-Claude et Anik.

J'espère que ce chapitre vous plaira, désolé pour la fin... sadique :p

Je vous souhaite une bonne lecture, je vous retrouve en bas.

#Aly


Chapitre 05 : The Morgensterns

– TU MENS ! hurla Jace, d'une voix cassée par le désespoir. Je suis un Wayland, tu m'entends ? Je suis Jace Wayland.

– Je sais que ça fait beaucoup à encaisser, mais tu dois me croire.

Jace le fusilla du regard, puis le contourna pour quitter la pièce. Mais Jonathan fut plus rapide et lui attrapa le poignet.

– Ne pars pas ! On n'a pas encore fini.

– Moi, j'en ai fini avec toi. Lâche-moi, sinon…

Jonathan ne l'écoutait pas. Il venait de remarquer un détail qui semblait l'intéresser au plus haut point. Il tenait toujours fermement le poignet de Jace qu'il fit tourner, afin d'examiner de plus près la chevalière qu'il avait au doigt.

– Tu voulais une preuve de ce que j'avance et bien la voilà. Regarde… Où as-tu eu cette bague ?

– C'est mon père qui me l'a donnée. C'est le symbole de la famille Wayland.

Jonathan rit doucement.

– Faux. C'est l'emblème des Morgenstern. Père t'a peut-être menti sur ta véritable identité, mais il voulait que tu gardes un souvenir de tes origines.

– Tu délires complètement, protesta faiblement Jace, qui se sentait de plus en plus mal.

Jonathan leva son autre main et la positionna à côté de celle de Jace. Lui aussi portait une chevalière avec de petites étoiles gravées dessus.

– Tu vois, c'est un M comme Morgenstern. Comme la tienne.

Tout en parlant, il retira l'anneau du doigt de Jace et le fit pivoter entre ses doigts, transformant le W en M. Jace le laissa faire, résigné.

– Pourquoi ? souffla-t-il, le regard morne.

– Je n'ai pas toutes les réponses, mais il était en fuite à cette époque. Écoute, si ça peut t'aider à encaisser, tu n'es pas obligé d'en parler aux autres. Je comprendrais que tu veuilles continuer à vivre en tant que Jace Wayland.

Une lueur d'espoir s'alluma dans les yeux de Jace.

– C'est vrai ? Tu garderais le secret ?

– Oui. Si c'est ce que tu veux, et si tu promets de ne plus me menacer avec une épée.

– C'est promis, répondit Jace, plus détendu. Merci.

Jonathan lui sourit et lui tendit la main, qu'il serra.

– C'est normal entre frères.

La porte de la salle de musique s'ouvrit alors dans un grincement. Instinctivement, les deux garçons s'écartèrent l'un de l'autre. Jace eut un pincement au cœur en voyant Clary.

– Salut, vous deux. Je… je vous dérange ?

Le regard de la jeune fille passa de l'un à l'autre.

– Heu… non. Nous étions seulement en train de discuter, répondit Jonathan.

– Discuter ? Vraiment ? Vous n'alliez pas vous battre, j'espère !

– Mais non, voyons, la rassura Jace.

– Tant mieux. (Elle se tourna vers Jace, en jouant nerveusement avec ses doigts.) Jace… Je voulais te demander, serais-tu partant pour venir voir un film avec Isabelle et mon ami Simon ?

– Cela m'aurait vraiment plu de t'accompagner, mais Hodge m'a interdit toute sortie en dehors de l'institut pendant une semaine. Désolé, Clary.

– Dommage ! fit-elle, visiblement déçue.

Elle allait partir quand Jonathan la rattrapa.

– Clary, attends ! Je serais ravi de venir avec vous, si tu veux de moi, bien sûr. Je ne voudrais pas m'imposer.

– Oh ! C'est vrai ? Merci, Jon. Cette sortie est si importante pour moi. J'ai peur de faire une gaffe avec Simon.

Pendant qu'ils parlaient, Jace, qui était resté en arrière, fulminait intérieurement. Au prix de gros efforts, il réussit à garder son calme et quitta la pièce. Une fois dans le couloir, sa frustration prit le dessus et son poing s'écrasa contre le mur. Il regagna sa chambre pour s'appliquer une Iratze. Il avait frappé si fort qu'il s'était fracturé la main. Pendant que la stèle glissait sur sa peau, les mots de son père lui revinrent en mémoire. Aimer c'est détruire. « Aimer c'est souffrir plutôt. » pensa-t-il, amer.

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Clary avait donné rendez-vous à Jonathan et Isabelle devant le cinéma à 19 h, car Simon devait venir la chercher chez elle. Ces dernières semaines, elle ne l'avait pas beaucoup vu, néanmoins elle lui parlait au téléphone presque tous les jours. Sa mère l'aidait à cacher la vérité à Simon. Elles avaient inventé une histoire qui tenait debout pour expliquer les nouvelles activités de Clary. Jocelyne n'était d'ailleurs pas enchantée de cette sortie, qu'elle trouvait trop dangereuse pour la couverture de sa fille. Toutefois, Simon devenait suspicieux. Il ne comprenait pas pourquoi Clary refusait de lui présenter ses amis de sa nouvelle école d'Art et Jocelyne savait qu'il était hors de question de sortir définitivement Simon de la vie de sa fille.

Une fois montée dans la camionnette que Simon avait empruntée à un de ses copains, Clary fut soulagée de voir que son ami était aussi stressé qu'elle. Pendant qu'il conduisait, elle le briefa brièvement sur ses nouveaux amis. Lorsqu'ils arrivèrent devant le cinéma, Isabelle et Jonathan étaient déjà arrivés. La jeune Lightwood portait comme à son habitude une robe moulante très sexy gris argenté qui se nouait autour du cou pour mettre en valeur le dos nu de la jeune fille. Elle portait son fouet en électrum autour d'un poignet comme un bijou. Ses cuissardes noires, assorties à ses longs cheveux détachés, complétaient parfaitement sa tenue. Jonathan, lui, était habillé le plus sobrement du monde. Il portait un t-shirt gris tout simple sur un jean sombre et des chaussures montantes noires.

– Hey ! Vous deux, fit Clary, en faisant croire à Simon qu'elle voyait ses amis pour la première fois de la journée.

Il resta en retrait, les yeux braqués sur Isabelle.

– Jon, Izzy, je vous présente Simon, mon meilleur ami. Simon, voici Isabelle et Jonathan.

Ils discutèrent un peu avant de rentrer dans le cinéma. Les garçons achetèrent du popcorn et des boissons, puis ils entrèrent dans la salle. Clary fut surprise de voir Isabelle se mettre d'elle-même à côté de Simon. Elle soupçonna son amie de vouloir jouer les entremetteurs entre elle et Jonathan.

– Le film n'a pas l'air de beaucoup te passionner, murmura Jonathan au bout d'un moment, en se penchant vers Clary.

– Zut ! Je suis démasquée, plaisanta-t-elle.

– Si tu veux, à l'occasion, je pourrais t'emmener voir le film de ton choix. Ça pourrait être sympa, non ?

Clary regrettait d'être dans le noir et de ne pas pouvoir déchiffrer le visage du jeune homme.

– Tu me proposes un rencard ou j'ai mal entendu ?

– Ça dépend de ta réponse.

Clary soupira. Cette fois, elle fut soulagée que l'obscurité de la salle empêche Jonathan de la voir rougir.

– C'est très gentil, Jon, mais je…

– Tu préfèrerais y aller avec Jace, n'est-ce pas ?

Clary fut si surprise d'être percée à jour, qu'elle ne trouva rien à répliquer. Du coup, Jonathan en profita pour continuer dans sa lancée.

– Si j'étais toi, je ne perdrais pas mon temps à attendre quelqu'un qui ne s'intéresse pas à moi. Je ne devrais sûrement pas te le dire, mais pendant notre discussion dans la salle de musique, il m'a révélé qu'il te considérait seulement comme une amie. Rien d'autre. Tu n'es visiblement pas son type de fille.

Clary encaissa difficilement le choc. Sa voix trembla légèrement quand elle répondit à Jonathan.

– Je vois. De toute façon, je n'attendais rien venant de lui. C'est un garçon trop compliqué.

Un petit sourire satisfait étira le coin de la bouche de Jonathan. Puis, il posa sa main sur celle de Clary.

– Laisse-moi une chance !

Clary ne retira pas sa main.

– Pourquoi pas ?

Après le film, ils allèrent tous boire un verre, puis se séparèrent. Simon raccompagna Clary chez elle.

– Ils sont sympas tes nouveaux copains, dit Simon.

– Je suis contente qu'ils te plaisent.

– Justement… en parlant de ça... Sais-tu si Isabelle sort avec quelqu'un en ce moment ? bafouilla-t-il, l'air gêné.

– SIMON !

– Quoi, Simon ! Elle est canon, j'ai le droit de tenter ma chance, non ?

– Ce n'est pas pour être méchante, mais je ne crois pas que tu sois son style. Désolée.

Simon ne répondit rien, mais il était visiblement déçu.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant chez Clary. Elle descendit du van et souhaita une bonne nuit à son ami, qui rentra ensuite chez lui. Clary fouilla dans son sac pour trouver la clé qui ouvrait la porte du hall. Soudain, une voix dans son dos la fit sursauter.

– Je pensais que tu rentrais directement à l'institut.

Clary se retourna. Elle avait reconnu la voix de Jonathan.

– Non, enfin si. Je monte juste quelques minutes pour parler à ma mère et je comptais repartir après.

– Je voulais te raccompagner pour que tu ne sois pas seule.

– C'est gentil. Monte avec moi, je vais te présenter ma mère.

Les yeux du garçon se mirent alors à briller d'une lueur inhabituelle. Il se rappela les mots de son père et son objectif. C'était l'occasion parfaite.

– Avec plaisir, fit-il, avec un sourire éclatant. Je te suis.

Après de rapides présentations, Clary raconta leur soirée à sa mère. Elle ne s'attarda pas sur l'histoire du film, car elle devait bien se l'avouer, elle n'avait pas suivi grand-chose. Jonathan s'éclipsa pendant qu'elle parlait, prétextant une envie pressante. Il monta l'escalier, mais au lieu de se diriger vers la salle de bain, il ouvrit une des portes du couloir. La chambre de Jocelyne. Il inspecta la pièce d'un regard circulaire. Aucune émotion ne transparaissait sur son visage. Il entreprit alors de fouiller méthodiquement la chambre, en commençant par la table de chevet, près du lit. Il ne trouva pas ce qu'il cherchait. Cependant, un petit coffret attira son attention. Il était en bois, d'aspect ancien et sur le couvercle étaient gravées deux lettres : JC. Il l'ouvrit et fut surpris de découvrir qu'il était vide à l'exception d'une mèche de cheveux blonds. Un sentiment étrange l'envahit alors, un mélange de nostalgie et d'amertume. Il se reprit aussitôt, referma le coffret puis quitta la pièce, déçu. Il s'apprêtait à ouvrir une autre porte quand la voix de Clary l'arrêta.

– Jon, je suis prête ! Hodge va se demander ce que l'on fabrique.

– J'arrive ! fit-il, du haut de l'escalier.

Les jours qui suivirent, Clary passa le plus clair de son temps avec Jonathan. Le désintérêt de Jace à son égard la blessait, mais elle ne voulait plus perdre de temps à essayer de le comprendre.

– Que lis-tu ? demanda Jonathan, en jetant un œil par-dessus l'épaule de Clary.

La jeune fille était tellement absorbée par sa lecture, qu'elle ne l'avait pas entendu entrer dans la bibliothèque.

– Tu m'as fait peur !

– Désolé.

Il tira une chaise d'un geste gracieux et s'assit à côté de Clary.

– L'histoire des premiers Nephilim, hein ?

– Oui. Ce livre est passionnant. Je pensais avoir rattrapé mon retard sur tout ce qui touche au monde magique, mais tous ces livres contiennent tellement de connaissances. (Elle fit un mouvement circulaire avec son bras.) Une vie ne suffirait pas pour tous les lire. Jonathan esquissa un sourire.

– Tu voulais me dire quelque chose ? s'enquit la jeune fille.

– Pas spécialement. Mais si tu cherches un partenaire de jujitsu ou de karaté, je suis ton homme !

– Pourquoi pas ? Je vais ranger ça et je te suis.

Clary se dirigea vers l'étagère où elle avait pris le gros volume à la couverture marron. Elle le posa à sa place, mais le livre lui glissa des mains. Enfin, c'est l'impression qu'elle eut. Il disparut comme aspiré dans l'étagère.

– JON ! s'exclama-t-elle, abasourdie.

– Qu'est ce qu'il y a ? On dirait que tu as vu un fantôme !

Le garçon se précipita vers elle.

– Regarde ! répliqua Clary, en désignant l'étagère du doigt. Un fantôme est à mon avis plus probable que ça.

Jonathan se pencha au-dessus de l'emplacement vide. Il mesurait au moins vingt centimètres de plus que Clary et n'avait donc pas besoin de se mettre sur la pointe des pieds.

– Comment as-tu fait ? Pourrais-tu le refaire ?

Clary le regarda avec des yeux ronds. Le regard du jeune homme brillait d'un éclat étrange, entre fascination et excitation.

– Ne t'emballe pas ! Je ne sais même pas ce que j'ai fait de spécial. Je te jure que j'ai juste posé ce livre.

Elle passa le doigt sur la surface lisse du bois de l'étagère.

– Essaye de le reprendre, alors !

– Bon, si tu insistes. Je peux essayer.

Clary fit le vide dans sa tête comme lorsqu'elle voulait chasser un charme magique. Elle visualisa la surface de l'eau et s'imagina plonger la main dedans. Elle ouvrit un œil, étonnée de ne pas buter sur la surface dure.

– Ça marche ! murmura-t-elle, en saisissant le haut du livre avant de le sortir entièrement.

– Bravo ! Tu es vraiment une fille très spéciale, Clary Fray.

Jonathan reposa le livre à sa place puis il prit la jeune fille par les épaules.

– Je t'aiderai à perfectionner ton don, lui dit-il, très sérieusement.

– Merci, mais… tu appelles ça un don, toi ? J'ai plus l'impression que ça fait de moi un monstre de foire. Je devrais en parler à Hodge ou à ma mère.

– Si tu veux devenir un cobaye de l'Enclave, vas-y. J'attendrais un peu si j'étais toi. Très peu de Chasseurs d'Ombres développent ce genre de capacité, mais quand ça arrive, l'Enclave adore les étudier.

Ce qu'il venait de dire à Clary était un mensonge et Jonathan le savait parfaitement. Il était très doué pour mentir. C'était d'ailleurs la raison qui avait poussé son père à lui donner cette mission. Le jeune homme esquissa un sourire à la pensée de le rendre fier de lui.

– Bon, je te fais confiance, conclut finalement Clary, en lui rendant son sourire.

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– Yeah ! Et voilà, j'ai encore gagné ! Désolé mon pote, mais même à la console je suis meilleur que toi.

Alec leva les yeux au ciel, l'air exaspéré.

– Comment peux-tu le supporter au quotidien ? grommela Magnus, avachi dans un fauteuil qui n'allait pas du tout avec le style simpliste de la chambre d'Alec.

Ignorant la remarque du sorcier, Alec se tourna vers Jace, l'air sérieux.

– Au fait, cela fait plusieurs jours que je ne t'entends plus déblatérer sur Jonathan. Ça ne te ressemble pas de laisser tomber aussi facilement.

L'air moqueur et détendu qu'arborait Jace jusque là, s'évanouit brusquement. L'or de ses iris s'assombrit et ses traits se figèrent.

– Il est venu me voir pour discuter. Je me suis rendu compte que je me trompais sur lui depuis le début. Fin de l'histoire, lâcha-t-il, la mâchoire crispée.

Jace ne savait pas mentir, surtout à Alec. Leur lien de Parabataï faisait qu'il était sûrement la personne qui le connaissait le mieux.

– Si tu le dis. Par contre, ça n'explique pas pourquoi tu le laisses passer autant de temps avec Clary. Ils sont inséparables depuis la sortie avec Izzy et Simon. Elle ne t'intéresse plus ?

– Désolé Alec, mais je n'ai absolument pas besoin de tes conseils en matière de fille, si tu vois ce que je veux dire, répliqua sèchement Jace, en se levant brutalement.

Il jeta la manette de jeu sur le canapé et se dirigea vers la porte. Magnus ouvrit la bouche pour défendre son petit-ami, mais Alec l'en empêcha d'un geste de la main. Jace sortit de la chambre et regagna la sienne. Quelques minutes plus tard, on frappa à sa porte.

– Entre.

Alec passa la tête dans l'entrebâillement de la porte.

– Je peux te parler ? Promis, je ne serai pas long.

– Bien sûr, viens. Et… je m'excuse pour ce que je viens de te dire. C'était méchant et tu n'y es pour rien. Cette fille me rend dingue !

Il se laissa tomber à plat dos sur son lit, alors qu'Alec fermait la porte.

– Parle-lui. C'est la meilleure chose à faire. Au moins, tu seras fixé et tu pourras avancer.

– Wow ! Ça, c'est du conseil de pro, le taquina Jace. Tu devrais monter ton agence matrimoniale. Avec Magnus, vous feriez fortune.

Alec lui lança un coussin, qu'il évita sans problèmes.

– Tu n'es qu'un idiot ! Magnus a raison, je ne sais pas comment je te supporte.

– Où est passé ton sens de l'humour ? Allez, tu sais que je plaisante. Tu es le seul à qui je peux parler de Clary.

– Mouais…

– Bon, OK… Tu as raison, je vais aller lui parler. (Alec se retourna pour sortir.) Merci pour ton aide.

Alec lui adressa un signe de tête avant de quitter la chambre et rejoindre Magnus.

Ce soir-là, Jace se coucha dans un état d'esprit apaisé. Il ne lui restait plus que vingt-quatre heures de punition et il était bien décidé à recoller les morceaux entre Clary et lui. Il pensait passer une bonne nuit, mais… ce ne fut pas le cas. Il fit un rêve. Le genre de rêve qui vous réveille en pleine nuit, en sursaut et en sueur, et dont chaque détail est gravé dans votre mémoire alors que vous auriez préféré tout oublier au réveil. Le rêve de Jace était de ceux-là.

Deux garçons marchaient côte à côte. Ils étaient blonds tous les deux et avaient la même carrure. Un élément les différenciait cependant : la paire d'ailes angéliques qu'ils avaient dans le dos. L'une était d'un blanc éclatant, aux multiples reflets irisés. L'autre était son exact opposé : noire et abimée, n'inspirant que souffrance et tristesse. L'un des garçons, celui aux ailes brûlées, s'arrêta brusquement et sortit un poignard. En un éclair, il se retrouva derrière l'autre garçon puis le frappa violemment dans le dos. Le garçon aux ailes immaculées tomba à genoux alors qu'une tâche écarlate s'épanouissait entre ses ailes.

Puis, Jace se réveilla. Il se tint le visage à deux mains avant de se rallonger et tenta de se rendormir. Mais, dès qu'il fermait les yeux, il revoyait ces images. Ces deux garçons blonds, l'un à côté de l'autre, sous une pluie de cendre. Sa respiration était erratique, il ne pouvait chasser de son esprit, l'impression de déjà-vu qu'il ressentait. Et si ce rêve était prémonitoire ? Et si son subconscient le mettait en garde contre ce frère qu'il ne connaissait pas ? L'épuisement eut finalement raison de lui et il s'endormit.

Le lendemain matin, le réveil fut difficile. Lui qui se levait toujours aux aurores, se couvrit la tête avec sa couette lorsque les premiers rayons du soleil filtrèrent à travers les rideaux. Ce fut Jonathan qui le fit sortir du lit, en frappant à sa porte.

– Jace, tu es levé ? Il est presque 11 h.

Un grognement mécontent lui répondit.

– Allez, ouvre-moi ! J'ai une chose importante à te demander.

Jace soupira, mais devant l'insistance de son frère, il se leva. Il fit un saut rapide dans la salle de bain pour se rafraîchir le visage avant d'aller ouvrir à Jonathan.

– J'espère que c'est important, grommela-t-il en le laissant entrer.

– Tu as une sale tête, petit frère ! Mauvaise nuit ?

– On peut dire ça. Viens-en au fait. Que voulais-tu me demander ?

– Je voulais savoir si cela t'embêterait que j'invite Clary au cinéma ce soir.

Le cœur de Jace se serra, mais il réussit à se contrôler. Il ne voulait pas montrer à Jonathan à quel point cela l'affectait.

– Et si c'était le cas, tu renoncerais à l'inviter ?

Jonathan esquissa un sourire en coin, avant de planter son regard dans celui de Jace.

– Il y a une chose que tu dois savoir sur moi, Jace, personne ne me dit ce que je dois faire. C'est ce que m'a appris l'éducation de notre père.

– Alors…, pourquoi venir chercher mon approbation ?

– Je suis là uniquement par politesse fraternelle. Je ne voulais pas te planter un couteau dans le dos.

À ces mots, le rêve de Jace lui revint furtivement en mémoire.

– De toute façon, je ne vois pas pourquoi cela me gênerait. On est juste amis.

– Super ! Je suis content que tu le prennes comme ça. Bon, je te laisse, on se voit plus tard.

Jace referma la porte derrière son frère puis soupira. Il sentait la colère monter en lui. Une douche lui ferait le plus grand bien. Il passa près de la table qui lui servait de bureau et s'empara subitement d'une Kindjal. Il pivota légèrement et lança l'arme avec une telle force qu'elle s'enfonça de moitié dans la porte de sa chambre, fissurant le bois sur au moins cinq centimètres.

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Clary n'arriva à l'institut qu'en début d'après-midi, ce jour-là, car Simon lui avait proposé de venir voir son groupe répéter. Elle trouva Church, allongé dans le couloir les quatre fers en l'air, comme à son habitude. Puis, elle tomba sur Jonathan au moment où il sortait de la bibliothèque.

– Oh ! Salut Clary, lui dit-il, avec un grand sourire charmeur.

– Tu as l'air de bonne humeur.

– Oui. Et j'espère l'être encore plus grâce à toi.

– Ah bon ! Pourquoi ça ?

– Je t'invite au cinéma ce soir. C'est toi qui choisis le film. Allez, dis oui !

Jonathan joignit ses mains devant son visage, dans un geste implorant. La jeune fille sembla peser le pour et le contre avant de lui répondre.

– C'est d'accord, avec plaisir. Je regarde les horaires et je te tiens au courant. Ça te va ?

– C'est parfait. J'ai hâte d'être à ce soir.

La sortie ciné avec Clary fut décevante pour Jonathan. Il comptait sur l'occasion d'être seul avec elle pour marquer des points, mais la jeune fille était tendue. Jonathan avait l'habitude de plaire, il savait séduire une fille d'un seul regard. Clary était différente. Même s'ils s'étaient tenus par la main à la sortie du film, Jonathan avait senti qu'elle n'était pas prête à aller plus loin.

De retour à l'institut, Jonathan et Clary se séparèrent.

– Je vais me changer. J'ai besoin de me défouler un peu. Le sac de frappes va voir de quoi je suis capable ! plaisanta-t-elle, en montrant les poings.

– Bonne séance alors. Moi, je vais aller grignoter un peu, j'ai faim.

– OK, à plus tard.

Jonathan la regarda s'éloigner en direction des chambres, puis rejoignit la cuisine.

– Tiens, salut Alec, fit-il, en découvrant l'ainé des Lightwood attablé devant un sandwich.

Alec se retourna et lui fit un signe de tête.

– Tu t'es pris une raclée, dis-moi ! ajouta le jeune Morgenstern, en voyant les hématomes sur le visage et les bras d'Alec. Qui t'a fait ça ?

– Jace. On vient de terminer une séance d'entraînement. Il se bat toujours à fond même quand c'est un combat pour de faux. Et pour ta gouverne, il est dans le même état que moi, répliqua Alec, piqué au vif.

– Oh ! Désolé, je ne voulais pas dire que… enfin bref…

Alec se radoucit et changea de sujet.

– Où est Clary ? Vous n'étiez pas au cinéma tous les deux ?

– Si. Elle est dans sa chambre pour se changer.

– OK... Au fait, Hodge nous donne quartier libre ce soir. (Alec se leva de sa chaise et s'apprêta à quitter la pièce.) Je vais aller me changer, moi aussi.

– Tu vas voir ton sorcier, ce soir, pas vrai ?

Alec, qui venait de franchir la porte de la cuisine, s'arrêta net.

– Pourquoi dis-tu ça ? répondit-il, sans se retourner.

– Je sais que tu sors avec Magnus Bane. Ce n'est pas un secret, si ?

Cette fois, Alec se retourna pour le confronter.

– Qui te l'a dit ? demanda-t-il la mâchoire serrée.

– Personne. Mais, je ne suis ni sourd ni aveugle. C'est courageux de ta part, cela dit. Être gay est encore plus difficile à assumer pour un Chasseur d'Ombres que pour un Terrestre.

– C'est ma vie privée, je ne vois pas en quoi cela te concerne ! répliqua sèchement Alec.

– Tes parents savent que tu fricotes avec un Enfant de Lilith ?

– Tu vas trop loin !

Alec n'était pas du genre à perdre son sang froid facilement. Il n'était pas sanguin comme Jace. Malgré tout, il sentait la colère l'envahir et son sang bouillir dans ses veines.

– Ne te méprends pas, je n'ai rien contre les Créatures Obscures. C'est juste que je ne comprends pas que l'on puisse sortir avec l'une d'elles. Tu es un Chasseur d'Ombres, Alexander, tu mérites mieux qu'un demi-démon.

– Magnus est bien plus qu'un demi-démon. C'est un grand sorcier, fidèle à l'Enclave. Et puis, dois-je te rappeler que nous sommes nous aussi des hybrides ?

– Nous sommes des Nephilim, Alec ! s'exclama Jonathan, en élevant la voix. Le sang de l'Ange Raziel coule dans nos veines.

– Cela ne nous rend pas supérieurs à eux.

– Non. Tu as raison, se reprit Jonathan, d'une voix plus apaisée. Je me suis un peu emporté, excuse-moi.

– Tu as le droit de défendre tes convictions, répondit Alec, toujours sur ses gardes.

– J'espère que tu es conscient que cette relation est vouée à l'échec.

Alec soupira, puis leva les yeux au ciel.

– Jon, tu recommences…

– Je suis sérieux. Il est immortel, Alec. Connais-tu l'espérance de vie des Nephilim ? Pas géniale à mon avis.

Jonathan était clairement agaçant, mais Alec dut admettre qu'il n'avait pas tort sur ce dernier point. À vrai dire, il n'avait pas vraiment réfléchi à cet aspect de sa relation avec Magnus.

– Merci pour le conseil, mais ça me regarde. Je dois y aller, salut.

Après le départ d'Alec, Jonathan prit une pomme dans le bas du réfrigérateur et sortit précipitamment de la pièce. Il prit la direction des chambres et s'arrêta devant celle de Clary. Il colla une oreille à la porte et entendit le bruit de l'eau qui coule. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres. Il quitta le couloir des chambres, descendit à la salle d'entraînement puis se cacha derrière une colonne.

Une dizaine de minutes plus tard, Clary apparut au bout du couloir en pantalon de jogging et t-shirt noir. Jonathan sortit de sa cachette, faisant mine qu'il était là par hasard.

– Tu viens t'entraîner, toi aussi, lui dit Clary, en le rejoignant.

– Non. En fait, je voulais te parler. Je… heu… je ne sais pas trop comment te le dire.

– Me dire quoi ?

Il vrilla son regard à celui de la jeune fille. Il la fixait si intensément qu'elle sentit le rouge lui monter aux joues.

– Je t'apprécie énormément Clary, tu l'as remarqué, n'est-ce pas ? lui murmura-t-il doucement, sans la quitter des yeux.

Clary, troublée, bredouilla un « Oui » alors que son rythme cardiaque s'accélérait.

– Bien, continua Jonathan, en prenant les mains de la jeune fille dans les siennes. J'ai besoin de savoir si c'est réciproque.

Clary ne s'attendait pas à cela. Elle ne pensait pas qu'ils en étaient déjà à ce stade tous les deux. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Jonathan, lui, était parfaitement maître de son corps et de ses sens. La rune qu'il s'était tatouée en attendant Clary, amplifiait le moindre bruit dans un rayon de dix mètres. Il entendit ainsi parfaitement le cœur de Clary louper un battement lorsqu'il lui prit les mains. Mais surtout, il percevait les bruits venant de la pièce juste à côté de lui. Les sons sourds des coups de bâton sur le mannequin d'entraînement avaient cessé. Le moment qu'il attendait était arrivé. Un sourire carnassier se dessina sur son visage. Il ne lui laissa pas le temps de répondre et se pencha pour l'embrasser. Jonathan pensait qu'elle allait le repousser, mais Clary fut si surprise qu'elle le laissa faire. Son timing était parfait, le jeune Morgenstern le savait. Ce n'était plus qu'une question de secondes avant que…

– Lâche-la ! rugit une voix, déformée par la colère.

Clary l'avait pourtant reconnue. Son sang ne fit qu'un tour. Elle repoussa vivement Jonathan, puis jeta un coup d'œil vers la porte. Mais Jace s'était déjà jeté sur son rival. Il le poussa aussi loin qu'il pouvait de Clary. Jonathan, qui avait tenté de l'éviter en vain, trébucha et s'affala par terre. Il lança un regard mauvais à Jace, puis prit son élan pour se remettre d'un bond sur ses pieds.

– Qu'est-ce qui te prend ? Tu es malade, ma parole !

Les deux garçons se tenaient l'un en face de l'autre, prêts à en démordre. Jace était en effet, à deux doigts de craquer.

– Tu la touches encore une fois, je te tue ! Compris ? cracha-t-il, en pointant Jonathan du doigt.

Sans détacher son regard de celui de son frère, Jonathan arbora un sourire provocateur qui ne présageait rien de bon. Il repoussa d'un revers de main le doigt de Jace toujours pointé sur son torse comme s'il chassait une mouche. Puis, il se pencha légèrement pour que Jace soit le seul à l'entendre.

– Tu l'as entendue crier ou vue se débattre ? Désolé pour toi, frangin, mais elle était consentante. Et… crois-moi, elle a aimé ça.

La réaction de Jace ne se fit pas attendre. Son poing s'écrasa sur la joue de Jonathan qui tituba en arrière. Il retrouva cependant son équilibre pour se mettre en position de défense.

– Jace ! Arrête tout de suite ! cria Clary, horrifiée.

Elle se rua sur le jeune homme et l'agrippa par son t-shirt.

Lorsque Jace l'avait surprise bouche contre bouche avec Jonathan, Clary avait d'abord ressenti de la honte et de la culpabilité. Mais la violence de Jace la fit sortir de ses gonds. De quel droit se permettait-il de diriger sa vie ? Il n'était ni son père ni son petit-ami. Il n'avait aucun droit de se montrer aussi jaloux ou protecteur.

– Éloigne-toi, Clary. Je ne voudrais pas te blesser par accident.

Elle le tira plus fort par le bras, pour le forcer à la regarder

– Stop ! Arrête ton cirque, d'accord ? Tu te prends pour qui ? Comment oses-tu te montrer aussi jaloux après avoir dit à Jon que je ne te plaisais pas ?

À ces mots, Jace se figea. Son regard fit un aller-retour entre Jonathan et Clary.

– Quoi ? fit-il, estomaqué. (Il saisit Clary par les épaules.) Non... je n'ai jamais dit ça, Clary, crois-moi ! Il t'a menti.

– Pourquoi m'aurait-il menti ?

Jace lança un regard accusateur vers Jonathan, qui n'avait pas bougé.

– C'est très simple. Pour m'évincer. Il sait à quel point tu comptes pour moi.

Clary n'en revenait pas. Elle sonda le regard ambré de Jace comme si la vérité s'y trouvait forcément. Ce dernier en profita pour échapper à son étreinte et rejoignit Jonathan en trois enjambées.

– J'avais raison depuis le début, tu n'es qu'un menteur !

D'un coup de pied circulaire, Jonathan faucha les jambes de Jace qui tomba en arrière. Avant qu'il puisse se relever, Jonathan posa un genou sur son torse pour le maintenir au sol.

– Je suis peut-être un menteur, mais toi, tu es un mauvais perdant, susurra Jonathan.

– Arrêtez de vous battre ! hurla Clary. Jon, je veux la vérité.

Jonathan se redressa, tout en maintenant la pression sur le torse de Jace.

– Mea culpa. J'avoue, fit-il finalement, en libérant Jace, qui se remit immédiatement debout. Clary, je suis désolé de t'avoir menti. (Il se tourna alors vers Jace et lui jeta un regard glacial.) Alors, comme ça tu as peur de la concurrence, petit frère ?

À ces mots, Jace devint livide. Sa respiration était bruyante et il serrait les poings si fort que ses jointures blanchirent.

– J'aurais dû t'enfoncer cette épée dans la gorge, l'autre nuit, s'emporta Jace, furieux.

– Tu veux te battre ? Viens, je t'attends ! fanfaronna Jonathan en bombant le torse.

Ce fut Jace qui lança les hostilités sous les protestations de Clary. Les coups pleuvaient entre les deux garçons qui avaient tous les deux le visage en sang. Clary prit son portable et appela Hodge et Alec. Ils arrivèrent quelques minutes plus tard pour séparer les deux garçons.

– Pour l'amour de l'Ange, Jace, stop ! gronda Alec, en attrapant son ami par les deux bras, pendant que Hodge s'occupait de Jonathan.

Jace croisa le regard de son parabataï et sa respiration se calma progressivement. Hodge, par contre, était visiblement très remonté.

– Vous me décevez beaucoup tous les deux, dit-il, en maintenant Jonathan à bonne distance de Jace. Surtout toi, Jace, tu avais promis de te tenir tranquille.

– Je n'y suis pour rien !

– NON ! Je ne veux rien entendre. Ceci est inacceptable.

Jonathan esquissa un petit sourire en coin. Mais, Clary n'eut pas le cœur à se taire.

– Ce n'est pas la faute de Jace, le défendit-elle. C'est Jon qui m'a menti pour que j'accepte un rendez-vous avec lui. S'il vous plait, ne le punissez pas à cause d'une décision que j'ai prise.

Jace, surpris, leva les yeux vers Clary et lui adressa un « Merci » muet qu'elle lut sur ses lèvres. Le sourire de Jonathan, quant à lui, s'évanouit. Tous les regards étaient à présent braqués sur lui, accusateurs, attendant une explication de sa part. Il avait perdu la partie et cela le mit dans une colère noire.

– Pourquoi vous me regardez tous comme ça ? explosa-t-il. Vous n'avez jamais menti à quelqu'un peut-être ? Toi… (Il pointa son index en direction de Jace.) Tu n'aurais pas dû faire de moi ton ennemi.

– C'est une menace ? rétorqua Jace, alors que Clary était à présent à ses côtés.

Jonathan l'ignora et s'adressa aux autres.

– Vous voulez savoir qui est le plus gros menteur, ici ? Contrairement à ce que tu crois, Clary, ce n'est pas moi… C'est lui.

Les yeux sombres de Jonathan étaient animés d'un éclat machiavélique. Il croisa le regard de Jace, qui blêmit aussitôt, comprenant ce que son frère avait l'intention de faire.

– Vous connaissez tous Valentin Morgenstern, je suppose ? Ces derniers temps, des rumeurs de son retour enflent dans le monde obscur. Et bien… je suis son fils.

– Jon, non… tu avais promis, souffla Jace, paniqué.

– Trop tard ! siffla-t-il. (Il se tourna vers les autres.) Jace est mon frère. Nous sommes tous les deux des Morgenstern.

Alec et Clary ouvrirent des yeux ronds de stupéfaction. Hodge relâcha Jonathan, ses bras retombant mollement le long de son corps. Contrairement aux autres, ce n'était pas la surprise qui se lisait dans son regard, mais une profonde tristesse. Ce qui le hantait, ce qu'il redoutait depuis des années venait de se produire sous ses yeux.


Et voilà ! encore un chapitre de fini :)

Rassurez-vous j'ai de l'avance dans l'écriture, le chapitre 11 est terminé (au moment où je poste ce chapitre).

Que pensez-vous de ce chapitre ? Perso, c'est un de mes préférés :) J'adooooore JACE et je m'amuse beaucoup à l'opposer à Jon.

Laissez moi un petit commentaire, si vous lisez : ça fait toujours plaisir ! Moi aussi, j'adore vous lire ;)

RDV dans 15 jours pour la suite.

à bientôt

#Aly