Notes: Bonjour, bonsoir! Voici un nouveau chapitre de mon histoire que j'aime tant. Je vous souhaite une bonne lecture.


Vingt quatrième histoire: La plus grande prudence

Alors que Kanon venait de disparaître dans l'édifice au sommet des escaliers qu'elle venait de descendre avec Hyoga, laissant le Gémeau seul dans un combat avec un Spectre à l'aura écrasante, Saori sentait son cœur se resserrer. Était-ce du à l'inquiétude qu'elle éprouvait pour le chevalier d'Or, ou bien à la vue de ses protecteurs fourbus de leur avancée dans le labyrinthe qui avait du être si difficile pour certains. À moins que ce ne fussent les combats au Sanctuaire, si loin d'ici au cours desquels tant d'autres guerriers donnaient leur vie. Certains seraient tombés, son corps entier le ressentait si fort qu'elle en tremblait et ne pouvait retenir les larmes de ses yeux.

Ce qu'elle aurait donné pour retourner à la surface et prier pour leur salut, pour leur offrir son cosmos divin afin de repousser l'ennemi.

Mais elle était Athéna, la déesse de la guerre et de la sagesse, mais aussi celle qui veillait à préserver la paix sur terre. Et pour empêcher les ténèbres d'envahir cette belle planète, elle devait accomplir son éternelle mission, de battre Hadès. Une guerre qui recommencerait encore et encore, mais nécessaire pour la sauvegarde de l'humanité. Aussi, malgré tout ce qu'elle avait vu et vécu depuis cette traversée des Enfers, elle devait rester courageuse, ne pas flancher, ne pas se reposer sur les chevaliers comme le lui avait dit Kanon, et être cette Athéna, cette grande divinité qui reviendrait triomphante encore une fois, en cette époque actuelle.

Tournant le dos au groupe, elle essuya ses yeux humides sur les bandages autour de ses poignets et se présenta souriante, se voulant rassurante telle la déesse qu'elle était, et non la petite fille qui avait grandi dans un manoir au Japon. Elle était prête à avancer en compagnie de ses chevaliers et de se montrer face au Seigneur des Enfers pour le combattre.

Elle aurait voulu leur dire des paroles encourageantes, mais en voyant Shiryu mal en point, elle se précipita en sa direction, quand bien même le Dragon était soutenu par Seiya et Ikki.

« Shiryu, s'écria-t-elle. Que t'est-il...

-Saori-san, c'est vous... Je... juste un peu épuisé et...

-Ne dis pas de bêtises pour la rassurer, intervint le Phénix. Tu as affronté tout seul un des trois Juges des Enfers, tu es dans un sale état et quasi aveugle à cause d'une sale chute sur une roche pointue. De plus, ton armure a été désintégrée et on sent ton cosmos amoindri. T'es vivant, c'est vrai, mais ça sert à rien de mentir pour rassurer le monde.

-Oui, je sens que tu t'es bien battu, Shiryu, fit la jeune fille en prenant les mains du Dragon. Peux-tu tenir debout?

-Je crois.

-Dans ce cas, Seiya, Ikki, lâchez le. J'ai confiance en vous et je ne vous abandonnerai pas.

Sur ces mots, elle s'illumina de son cosmos qui enveloppa également le corps du Dragon. La jeune fille, fermant les yeux, émit une prière silencieuse, des paroles douces, apaisantes pour soulager Shiryu qui avait du être si courageux lui aussi. Pour que, même dépourvu de son armure, il puisse avancer à ses côtés, pour qu'il ne soit pas abandonné, perdu dans les Enfers.

-Comment te sens-tu, Shiryu?

-Moins engourdi et prêt à vous suivre de mon mieux.

-On te laissera pas seul, assura Seiya. Et on rentrera au Sanctuaire tous ensemble, pour sur.

-Je regrette de n'avoir pu aider Camus, soupira Saori.

-Déesse, Camus s'est bien battu, répondit Shaka.

-Oui, j'étais aux côtés de mon maitre, face à Minos. À nous de vaincre Hadès, afin de le ramener sur terre sans faute. C'est la meilleure chose à faire.

-Merci, Hyoga. Merci à vous tous de me soutenir dans cette guerre.

-Nous devrions continuer, désormais, constata Aiolos. Kanon nous a confié Athéna, tandis que lui va terminer un combat qu'il avait commencé. De ce qu'il m'avait raconté, si c'est bien ce Rhadamanthe, ce serait un adversaire redoutable. Ce ne sera pas facile, mais j'ai confiance. Il nous rejoindra sans faute.

-Oui, allons-y », conclut Athéna.

Elle non plus n'était pas seule dans cette épreuve, ses chevaliers, ses amis en qui elle avait confiance, se tenaient là, fiers, malgré les combats qu'ils avaient livrés, malgré leurs blessures plus ou moins importantes. Alors, aux côtés du Sagittaire, de Shun à qui Hyoga avait confié l'armure divine, elle commença à monter les marches vers l'édifice dans lequel Kanon se trouvait en ce moment. Elle ignorait ce qui s'y passait, tandis qu'une tension entre deux cosmos puissants, dont celui des Gémeaux, s'était créée, et qu'une explosion pouvait retentir à tout moment. Elle avait confiance en son chevalier, autant qu'en Shiryu qui avançait derrière elle, avec Seiya et Ikki tout près de lui, et autant qu'en Shaka qui fermait la marche, toujours attentif à ce qui pouvait se passer dans les environs.

Tous ensemble, ils avançaient vers le palais d'Hadès...

本気

Jetant un dernier regard en contrebas pour s'assurer qu'Athéna arrive sans problème auprès des autres chevaliers, Kanon fit de nouveau face à l'imposant édifice devant lui, et la silhouette qui l'attendait.

Rhadamanthe du Wyvern.

Rien qu'en évoquant ce nom à l'esprit, la poitrine du Gémeau se mit à picoter de douleur, la blessure de leur premier combat en Asgard laissant un souvenir désagréable comme sensation.

Il arriva à hauteur du Spectre, tous deux se toisant d'un regard déterminé, sombre et chargé d'une envie d'en découdre, de mettre un terme à leur affrontement.

« Alors t'es vivant, fit Kanon d'un ton volontairement provocant.

-Pas trop déçu?

-... on va dire que t'as eu de la chance. Même si j'aurais préféré te savoir bien mort. Enfin, ça va s'arranger de suite, Rhadamanthe.

-Ce ne sera pas aussi facile, Kanon. Je me suis renforcé et mon Surplis a été remis à neuf.

-Et moi de même. Ce qui signifie que nous allons livrer un nouveau combat, où cette fois je te réduirai à néant à tout jamais.

-Je demande à voir...

En guise de réponse, le chevalier fonça sur le Spectre et lui asséna un coup en pleine tête, le dépassant de quelques mètres sur le parvis de ce qui ressemblait à un tribunal.

Le Wyverne ne bougea pas, mais une secousse fit à peine trembler le sol, comme une distorsion de l'espace.

Et la voix grave du blond retentit en un rire fou:

-Tu es décevant, Kanon. Tu pensais réellement me tuer avec ce petit coup de vent de rien du tout?

Un rictus se dessina sur le visage de l'autre homme.

-Non. C'était une sorte de salutation, on va dire. D'ailleurs, je suis déçu aussi. Je t'avais connu plus réactif en Asgard. Là, tu es vraiment mollasson.

Un éclat de cosmos fit comprendre au Gémeau qu'il avait piqué son adversaire dans son égo avec cette réflexion. Comme la fois précédente.

Il venait d'avoir la confirmation que Rhadamanthe était un être fier, détestant être pris pour un imbécile et refusant qu'on doute de ses capacités. Et à raison, pour avoir pu tester ses techniques puissantes, à la hauteur de son rang de Juge des Enfers.

Aussi, il était temps de cesser de le piquer au vif, tant l'aura maléfique qui entourait le Wyvern s'intensifiait petit à petit.

Kanon se mit en position de défense, prêt à recevoir les poings du Spectre, tout en s'entourant de son cosmos à lui, doré, rassurant et renforcé par la bénédiction de son armure par Athéna. Il était conscient que ce combat ne durerait pas, tous deux connaissant les arcanes de l'autre, la puissance qu'elles en dégageaient et aussi l'ardeur avec laquelle les deux opposants attaqueraient.

Rhadamanthe fondit sur lui, en une série rapide de coups de poing et de pied, confirmant son agilité au corps à corps, et le Gémeau riposta avec la même vitesse, vertigineuse, répondant avec autant de lourdeur, cherchant à le repousser, pour éviter de s'écraser contre une colonne de l'entrée du bâtiment.

Et cet infime espace d'une demi seconde lui suffit à se dégager d'un uppercut qui envoya le Spectre à terre, en un fracas qui brisa la pierre autour.

Il n'avait pas menti, il s'était renforcé, pensa Kanon tout en dissimulant au mieux son soudain essoufflement.

Si loin et pourtant si près de ce champ de bataille, il ressentait les cosmos d'Athéna et des autres chevaliers passer sur le côté, contournant le tribunal. Tout en surveillant le Spectre, il prit une grande respiration, confirmant que cette illusion des Gémeaux qu'il avait créée fonctionnait. Le coup que Rhadamanthe avait pensé esquiver marchait sans problème, et ne s'apercevait pas qu'une déesse accompagnée de ses protecteurs avançait en toute sécurité pendant qu'ils combattaient à priori pour terminer ce qu'ils avaient commencé dans le grand nord. Ce qui était en partie vrai. Mais Kanon voulait surtout faire avancer le groupe vers le palais d'Hadès avec la jeune fille en un seul morceau. Cette décision qu'un Aiolos aurait pu comprendre comme égoïste, il l'avait réfléchie tout le long de leur course, depuis que Seiya avait annoncé que le Wyvern était encore en vie, depuis qu'ils savaient qu'ils devaient faire vite et bien pour mener leur mission et rentrer au Sanctuaire aider les autres.

En un réflexe tardif, il encaissa un poing violent et inattendu de Rhadamanthe. Le Gémeau s'en voulait d'avoir pris ces quelques secondes pour se préoccuper d'Athéna et des autres. Et son épaule gauche se vit progressivement mise à nu, par la destruction de l'armure qui la protégeait.

Un sacré coup de chance d'avoir pu esquiver in extremis.

Il devait se remettre dans le combat, et effacer du visage de son adversaire ce sourire satisfait.

Son cosmos doré l'entoura à nouveau, l'enveloppa de cette force incroyable et rassurante qui le porterait jusqu'au bout de l'affrontement.

-Ca y est, t'es réveillé, Kanon, lança le Spectre. À moins que ton chemin jusqu'ici ne t'ait affaibli plus que tu le montres. Pourtant il n'y a pas beaucoup de soldats de notre armée, ici bas.

-La ferme!

Le chevalier nota que l'expression du Wyvern avait changé au moment où il mentionnait le peu d'effectif dans les Enfers. C'était subtil.

Cependant, plus le temps d'analyser son opposant qui lui aussi, augmentait sa puissance, lui aussi baigné dans cette lumière noire et teintée de violet. Une attaque allait arriver. Brutale, violente et sans faille.

Kanon devait le devancer sans réfléchir, et le paysage autour d'eux changea alors du tout au tout, passant des terres désolées en poussières et roches bleu grises à l'univers rempli d'étoiles, de planètes que l'être humain ne pourrait jamais explorer. Sous son armure, sous la combinaison qui protégeait sa peau, la cicatrice palpitait.

Il sentait que l'issue du combat se jouerait là, au moment où tous deux lanceraient leurs attaques les plus dévastatrices.

Ce qui ne tarda plus.

De leurs voix qui résonnaient au travers des Enfers et des galaxies, des sphères lumineuses s'entrechoquèrent au cri des attaques.

GREATEST CAUTION

GALAXIAN EXPLOSION

L'impact fut terrible.

L'univers n'était plus, laissant place à nouveau au paysage désolé du royaume d'Hadès, son ciel rougeâtre et d'épais nuages de poussière qui s'élevèrent dans les airs.

À la place de l'édifice qui, à l'origine devait être la demeure du Juge, un cratère profond s'était formé.

Et le silence régnait en maitre.

Les âmes errantes des défunts semblaient éviter de voleter dans cette zone, et détournaient leur trajectoire.

Un amas de pierres tremblota et un bras en ressortit, suivi d'un corps.

La respiration saccadée, toussant et sujet à des frissons, Kanon émergea.

Il était vivant. Aussi incroyable que cela pouvait paraitre, il était bel et bien vivant!

Se remettant avec grande difficulté debout, son corps entier le faisait souffrir. L'armure des Gémeaux l'avait protégé et désormais ne le recouvrait que partiellement. Ses bras lardés d'entailles et saignant par endroit. Quant à sa blessure sur le torse, elle battait encore la chamade. Et son cœur accéléra lorsqu'une seconde masse sortit des ruines.

Rhadamanthe aussi était toujours debout. Dans le même état que lui, et privé entièrement de Surplis.

-T'es encore en vie, râla le chevalier. T'es particulièrement chiant, Wyvern.

Ce dernier ricana:

-Et toi tu m'ennuies à prendre mes remarques. Tu...

Du sang jaillit de la bouche du Juge, l'obligeant à se taire.

-... je crois que t'as encore gagné, Kanon. Va rejoindre la gamine qui te sert de déesse sans perdre du temps.

-Qu'est-ce que tu racontes? Pourquoi tu me laisses passer comme ça?

-Parce que... je refuse que tu m'achèves. Je suis plus en état de riposter et le temps vous est compté.

Le Gémeau resta sur ses gardes, quand bien même il était prêt à entendre les dernières paroles de son adversaire.

-... La Guerre entre notre Seigneur et votre déesse recommencera sans cesse, éternellement, on le sait. Mais cette fois ci, tout a merdé. L'invasion à Asgard, et surtout l'implication directe de Hypnos et Thanatos. Ils volontairement ont affaibli Hadès et ont décidé de prendre le pouvoir. Sur les Enfers et même sur Terre...

-Tu veux dire que les Spectres qui sont au Sanctuaire seraient à la solde de... Thanatos, la Mort? Ils auraient trahi...

-Non... Rhadamanthe cracha à nouveau du sang. Ils n'ont pas eu le choix. Seuls les éternels fidèles à Hadès, tels que nous, les trois Juges et quelques uns encore ont refusé de le suivre, par loyauté. Mais si Thanatos parvient à gagner, le néant s'abattra autant à la surface que dans les Enfers. Plus rien n'existera. Ce sera la fin de tout...

-Pourquoi tu me racontes tout ça?

-Pour qu'un jour, la guerre entre nos deux divinités se solde enfin par la victoire loyale d'Hadès, avec sa vraie puissance. Comme ce combat qu'on a livré. Où t'as gagné.

Kanon se contentait d'écouter Rhadamanthe. En son for intérieur, il bouillonnait de rage, d'impatience. Si ce qu'il racontait était vrai, si Hadès lui même ne contrôlait pas les desseins des dieux jumeaux, la situation était réellement grave, pour ne pas dire désespérée pour ses amis qui défendaient le Sanctuaire. Pour Milo, Saga, Pépé Shion et tous les autres. Et pour tous les habitants de la Terre, à terme. Il devait partir. Cependant...

-Une dernière question, Wyvern. J'ai entendu par plusieurs fois que je ressemblais à votre dieu Hadès. Pourquoi? Je n'ai jamais vu cet homme et autant Pandore que ce Spectre, Rune m'avaient fait la réflexion...

-Je n'ai vu notre Seigneur que peu de fois en personne, mais vous avez le même regard, comme si vous étiez frères.

-C'est faux. Je n'ai qu'un seul frère et...

-J'ai dit ''comme'', écoute moi! Vos yeux sont les mêmes, puissants, déterminés. De vrais sosies. Mais calme toi, je sais que vous venez pas du même endroit.

-Comment ça?

-Je... Rhadamanthe tomba à genoux violemment, le regard fou et comme en train de suffoquer. Tu verras par toi même... Casse-toi maintenant.

Le Gémeau hocha de la tête et, titubant, se retourna pour emprunter un semblant de route au milieu des décombres.

-Kanon... Meurs vite. Comme ça dans nos prochaines vies, ce sera moi qui t'éclaterai la tronche. »

Le chevalier souriait, tout en marchant de son mieux, le corps meurtri, tandis que dans son dos une âme s'envolait dans le ciel infernal.

Rhadamanthe du Wyvern. Son adversaire le plus puissant, le plus violent et le plus coriace était tombé.

本気

Le groupe avait bien avancé, sans rencontrer d'autres Spectres, quand bien même un tremblement de terre d'une rare violence les secoua d'un coup, les projetant tous à terre.

Kanon. Ce ne devait être que lui, songeait alors Saori. Du plus profond de son être elle le ressentait, tout comme, malgré cette explosion qui s'était produite bien plus bas, n'avait pas couté la vie au chevalier des Gémeaux. Son cosmos était faible, et pourtant bien présent. Il était vivant, sans aucun doute, et il les rejoindrait sans faute, sans flancher.

Ses chevaliers étaient puissants, et elle n'en doutait toujours pas. À l'image de Shiryu qui s'était relevé seul de leur chute. Même privé de ses yeux, il ne perdait pas courage.

Ainsi, tous repartirent, avec pour objectif, ce bâtiment majestueux et imposant droit devant: Giudecca, le palais d'Hadès. Enfin!

La jeune fille respira profondément. Son heure était enfin venue. Entourée de ses protecteurs, soutenue par leurs forces et leur amitié, elle serait Athéna, la déesse de la sagesse et de la guerre, et triompherait du Seigneur des Enfers.

D'un coup, sa peur et ses doutes s'envolèrent. Elle était prête à demander à Shun de lui rendre son armure pour le combat final.

Elle ne put le faire, coupée dans son élan par des cris tout proches du groupe.

« Allons voir , suggéra Aiolos, suivi de Seiya.

Tous emboitèrent le pas et découvrirent une silhouette allongée et malmenée par une ombre étrange, qui semblait rire... ou gémir... ou grogner... Difficile à définir exactement la nature des sons.

Le chevalier Pégase lança un poing à la bizarrerie qui s'effondra au sol en protestant, tandis que le Sagittaire, d'un regard rassurant, faisait signe aux autres d'approcher, sans pour autant baisser la garde.

Shaka se plaça tout près de Saori.

-Déesse, nous sommes toujours aux Enfers, ne l'oubliez pas. Il pourrait s'agir d'un piège.

-Merci, Shaka.

Mais elle voulait savoir.

La créature informe bondit à nouveau sur Seiya qui lui asséna un deuxième coup.

-Tu vas te calmer, un peu, cria le jeune homme. Et puis t'es quoi, exactement? Un Spectre? Un monstre? Un... truc...?

-Je t'interdis de m'insulter, minus! Tu parles à Zélos du Crapaud, de l'étoile terrestre de l'étrange et...

-... soit, coupa Aiolos. Mais est-ce une raison pour maltraiter un camarade en temps de guerre?

La jeune déesse, écoutant la conversation, se rendit compte que le chevalier d'Or désignait alors la femme allongée au sol, vêtue d'une protection sombre, comme un Surplis. Cette personne devait avoir à peu près le même âge qu'elle même et les chevaliers de Bronze, et quelque chose dans le cosmos qui dégageait d'elle n'allait pas. Même Athéna ne saurait le dire, sur le moment...

-Ca, un Spectre, couina Zélos? Tu oses insulter l'armée de notre grand Seigneur? Bah forcément, avec ta tronche de premier de la classe, tu ressembles à un chevalier d'Athéna, tu... Attends, vous êtes...?

Les yeux globuleux du personnage s'agrandirent, rendant encore plus disgracieux son visage qui s'enfonçait toujours plus dans la carapace de son Surplis, pour remonter, dévoilant de grandes dents sales. Probablement qu'il devait sourire... Aucun des chevaliers, ni même Saori n'aurait pu deviner...

-Comment avez-vous pu arriver jusque là... C'est insensé! Je... Hadès va vous tuer tous! Même toi, la gamine, là bas! Même toi, le truc inutile! Si, moi, Zélos, étais aussi clément que notre Seigneur, je t'aurais laissée aux mains de ces ennemis, pour que vous puissiez vous entretuer mais je vais tout de suite te...

Le Crapaud ne put terminer sa phrase, projeté d'un coup dans les airs par une colonne mêlée de feu et de cristaux de glace.

Sous les regards stupéfaits de tous, même de la femme au sol, Ikki et Hyoga, de concert, avaient envoyé valser le Spectre en même temps.

-Saori-san, nous devrions avancer au plus vite, fit le Cygne.

-Oui, mais... que faisons-nous d'elle, demanda Shun.

Toujours au milieu du sol gris bleu, la jeune femme aux longs cheveux noirs ondulés qui voletaient dans le vent des Enfers regardait le groupe, de ses yeux aussi sombres mais aux teintes d'une mélancolie à briser les cœurs. Pourtant elle portait une protection aux mêmes tons ténébreux que les Spectres et il émanait d'elle un cosmos à la fois particulier, et différent des hommes d'Hadès...

S'écartant de la garde de Shaka, Saori s'approcha d'elle.

-Qui es-tu? Es-tu un Spectre?

-Permettez, Saori-san, mais je ne pense pas qu'elle en soit un, intervint Ikki. Je dirais plutôt un chevalier Noir qui se serait perdu dans les Enfers.

Le Phénix avait du voir juste. L'inconnue afficha un regard surpris, comme si une vérité éclatait d'un coup.

-Comment tu le sais, Nii-san?

-J'ai été entrainé sur Death Queen Island, Shun. On a été envahis par cette organisation de criminels, ces imposteurs qui tentent d'imiter les chevaliers d'Athéna, jusqu'à une certaine limite. En vous retrouvant tous au Sanctuaire, j'avais cru reconnaître les imitations des cosmos de Pégase, du Cygne, du Dragon, ou même d'Andromède, le tien. Mais j'avais vite compris que je n'avais tué que de pâles copies. Or, cette femme, si je ne me trompe pas, en serait une également. Observe bien son armure, ça te rappellera quelqu'un.

Athéna qui était la plus proche de la jeune femme imita ses protecteurs et fut surprise par la ressemblance de l'armure avec celle de...

-On dirait celle de la Vierge, s'étonna Seiya.

Le chevalier d'Or qui avait les yeux ouverts et posés sur l'inconnue le confirma:

-J'ai comme l'impression que son cosmos essaye de ressembler au mien.

-Quelle importance, coupa Ikki. Cela reste un chevalier Noir. En Enfer ou même à la surface, ils restent des criminels. Et notre mission actuelle est d'emmener Saori vaincre Hadès.

-... Tu as raison, Ikki, déclara la jeune déesse. Quand bien même je ne ressens la moindre hostilité chez cette personne, le temps presse, et nous devons rentrer au plus vite au Sanctuaire aider nos amis. »

Pourtant, elle hésitait, se rappelant de Zack, le second Black Dragon qui avait rallié leur cause. Quelque chose dans le cœur d'Athéna, dans son cœur divin lui disait qu'ils n'étaient pas face à un ennemi. Et ces yeux d'ébène semblaient inondés d'une tristesse immense... Cependant ses chevaliers avaient raison: la priorité était de vaincre Hadès. Si cette femme était encore en vie après, elle voudrait la ramener à la surface. Pour l'interroger. Pour connaître les potentiels desseins des chevaliers Noirs et cette intrusion dans les Enfers. Après tout, ces criminels étaient une affaire importante que le Sanctuaire devrait régler après cette guerre.

Alors que Saori allait inciter ses guerriers à la suivre, elle fut coupée dans son élan par l'arrivée de deux présences face à eux.

Zélos était de retour, tuméfié, à priori, quand bien même ses hématomes se voyaient à peine sur son visage difforme. Il était accompagné d'une femme aux longs cheveux noir de jais, lisses qui volaient à peine dans le vent. Elle se tenait là, imposante, un trident dans sa main droite et toisant le groupe de ce regard violet noir et glacial.

Athéna n'eut aucun mal à découvrir son identité, bien que ce fut la première fois qu'elle la voyait: Pandore, la sœur d'Hadès dans la mythologie et également la commandante en chef des Spectres, d'après le rapport de la mission de Kanon en Asgard. Et bizarrement, elle ressemblait à la petite fille si souriante sur le portrait abimé dans la salle du château d'Heinstein, l'entrée des Enfers par laquelle ils étaient arrivés. Elle avait l'air malgré tout redoutable, avec l'aura qui se dégageait d'elle.

Cependant son regard changea du tout au tout, comme radouci et désespéré. Pandore lâcha son sceptre et oubliant sa longue robe sombre, trébuchant presque sur les pierres, accourut au pied de la femme chevalier Noir.

« Maria, s'écria-t-elle, comme oubliant qu'Athéna et ses chevaliers étaient là, observant la scène. Maria, tu étais vivante! Mais que fais-tu là et avec une telle armure...?

-Pandore... Heureuse de te revoir. Je voulais sauver mon frère et toi aussi et...

-Athéna, nous devrions partir, fit Aiolos. Le temps presse. Nous devons affronter Hadès.

-Oui...

-Attendez! »

La voix glaciale de Pandore résonna et son aura se noircit d'un coup, et devint aussi menaçante que celle d'un puissant Spectre. Saori entendait tout près d'elle les chaines d'Andromède s'agiter, détectant l'hostilité grandissante...

本気

Sanctuaire d'Athéna, parvis du Palais du Grand Pope.

Dohko se retourna, voyant arriver Shion dans son dos, le visage grave. Tous deux savaient la situation dans laquelle se trouvaient les terres sacrées. Tous les sacrifices de ces jeunes chevaliers et l'arrivée de Thanatos, son cosmos funèbre se ressentant jusqu'au sommet des escaliers.

Le patriarche était en train de serrer les bandages qui entouraient son torse dénudé, à moitié caché par un pan de sa tenue de combat. À la taille était fermement fixé le fourreau dans lequel reposait l'épée de son maitre Hakurei et bénie par leur déesse.

De ses yeux en amande, il fixait le Vieux Maitre.

« Shion, tu es sur? Tu es désavantagé par ton absence d'armure.

-Peu importe, mon ami. Nous devons protéger le Sanctuaire et aider tous les chevaliers qui se battent. Thanatos est notre ennemi, et nous devons le chasser d'ici de toutes nos forces. Et mon cosmos, même après des siècles, reste intact. J'ai été le chevalier du Bélier, mais rien ne nous empêche d'épauler cette génération. Allons-y, Dohko. Allons une dernière fois donner notre force pour Athéna, pour protéger la Terre. »

Le chevalier de la Balance hocha la tête en silence. En effet, ce serait probablement la dernière fois qu'il combattrait, mais il ne le ferait pas seul. Et si tel était leur destin, il partirait aux côtés de son cher compagnon, Shion du Bélier...


notes de fin: Merci d'avoir lu. Je suis consciente que ce chapitre est étrangement plus court que les autres, mais à vrai dire, c'était surtout pour mettre en valeur le combat Kanon vs Rhada. Combat court, intense et qui m'a aussi sonné en le terminant.
C'est aussi une transition et une introduction vers l'issue des deux champs de bataille et l'arrivée progressive de nouveaux personnages. Je n'en dis pas plus, ce sera écrit par la suite!
Les kanji d'interlude sont 本気 honki, pour sérieux, vrai, à l'image de la scène de combat de Kanon. Et je n'ai pas pu résister à mettre la vraie traduction du nom de l'attaque de Rhadadou en titre.
Cela fait deux ans que je suis sur cette histoire que je chéris tant, et je ne suis pas prête à la lâcher.
Voilà, je vous fais des bisous et à la prochaine.