Notes: Bonjour, bonsoir. Voici la suite de mon histoire. Je vous souhaite une bonne lecture


Vingt-sixième histoire: Combat à Mort

Seule dans le hameau désert, Shaina errait un peu au hasard, vérifiant chaque habitation, au cas où un civil se serait caché, trop attaché à sa demeure, ou pire, qu'un Spectre ne bondisse sur elle comme un diable hors de sa boite. Elle se surprit à s'observer quelques secondes dans le reflet d'une fenêtre encore intacte que la lumière de la Lune éclairait. Elle n'avait plus son masque, détruit lors de son précédent combat face à Queen de l'Alraune. Elle n'était pas maquillée non plus. Entièrement nue, malgré son armure d'argent, bien que éraflée, qui couvrait une majeure partie de son corps. Aphrodite des Poissons l'avait vue ainsi, mais ne fit aucune remarque, aucun jugement. Il l'avait considérée comme un chevalier, comme son égale. Il était le second à l'avoir vue ainsi.

Le premier était Seiya.

Seiya... Comment s'en sortait-il aux Enfers? Shaina ne doutait pas de lui. Elle l'avait observé tant de fois au cours de tant d'entrainement, avec Marin ou bien avec Aiolos. Le chevalier Pégase progressait sans cesse, son cosmos s'amplifiait à une vitesse folle et il apprenait toujours avec passion. Au fond de son cœur, elle était certaine qu'il était vivant et qu'il combattait toujours avec ces étoiles dans les yeux et ce courage qui ne le quittait jamais.

Elle espérait le revoir le plus vite possible. Alors, elle leva les yeux au ciel, cherchant la constellation du cheval ailé pour lui envoyer une prière sincère.

Cependant, quelque chose clochait là haut. La Lune s'assombrissait petit à petit, tandis que les astres s'éteignaient comme les petites ampoules d'une pièce qui grillaient les unes après les autres.

Le chevalier de l'Ophiucus frissonna. Pas de fraicheur. Mais son corps tremblait d'une peur qu'elle ne saurait nommer. Quelque chose qui pouvait sembler inéluctable dans la vie de tout être humain sur terre, mais qui survenait là, maintenant et beaucoup trop tôt.

La Mort.

Alors c'était vrai. Elle avait croisé Asterion auparavant, pressé, affolé et l'esprit ailleurs. Il avait cette attitude qui lui était propre quand il scrutait le cœur de quelqu'un. Il ne l'avait pas regardée droit dans les yeux, parce qu'elle n'avait plus son masque. Et l'urgence de la situation n'était pas propice à débattre sur ce sujet. Le chien de chasse lui rapporta ses craintes et cette rage d'avoir perdu de vue le Spectre qu'il traquait. Il avait mentionné ses origines d'ancien chevalier Noir, le Phénix précisément. Et puis, il avait émis la terrible hypothèse que la personnification de la Mort, Thanatos, se serait mêlé à la bataille, sans grandes explications supplémentaires. Juste une idée qui avait traversé le chevalier.

D'instinct, elle reprit son chemin, à sillonner encore une fois la ruelle du hameau et ses différents croisements, méfiante, tous ses sens en éveil. Si elle rencontrait un ennemi, elle l'abattrait sans sommation. Si c'était un allié, en tant que chevalier de l'Ophiucus, elle se présenterait à lui, fière d'être encore debout et le regarderait droit dans les yeux, sans cette barrière métallique entre eux. Elle avait encore de la chance d'être vivante, et elle survivrait, elle s'en sortirait. Pour revoir Seiya à la fin de la guerre.

Quelque chose résonna dans l'atmosphère, comme une voix qui pénétrait son esprit. Quelqu'un essayait de lui parler.

''A tous les chevaliers encore en vie. Ici Dohko, le chevalier de la Balance qui vous parle. La situation a changé depuis peu et on vous demande, le Grand Pope et moi, de vous rassembler dans la grande arène. Notre ennemi s'y trouve actuellement et quatre de nos alliés tentent de l'affronter. Souvenez-vous que nous devons à tout prix sauvegarder le Sanctuaire. Vous êtes priés de nous rejoindre là bas sans faute. La priorité, désormais, est de vaincre Thanatos, le dieu de la Mort. La force de chacun, notre union à tous est la clé pour la victoire. En avant, chevaliers! Retrouvons nous là bas!''

La voix du Vieux Maitre qui l'appelait elle, et tous les protecteurs d'Athéna.

Shaina frissonna encore une fois. Elle comprenait ce qui allait se passer. L'ultime combat de la Guerre Sainte allait se dérouler sous peu. Elle avait peur, mais elle ne s'enfuirait pas. Elle donnerait toute son énergie, ferait exploser son cosmos au maximum et bien au delà pour, ne serait-ce, au moins érafler un dieu.

''Seiya... Je ne mourrai pas. Je te le promets.''

Sur ces pensées, elle rebroussa chemin, et traversa à nouveau la ruelle dans l'autre sens, sauta dans les airs, s'arrêta avec grâce sur la cime d'un toit d'une maison, pour ensuite rebondir dans un arbre, évitant le champ de roses empoisonnées qui jonchaient les abords du hameau et partit aider les autres chevaliers d'Athéna...

死神

L'appel par la pensée du chevalier de la Balance eut résonné dans la tête de Babel, mais de ses trois amis encore debout, Capella et Algheti. Ça n'annonçait rien de bon, vraiment pas.

Le Centaure en venait à se dire que leur combat dans le cimetière n'était qu'un échauffement à côté de ce qui les attendait, une fois que tous seraient réunis là bas, dans la grande arène. Il en était même venu à penser que ses compagnons tombés face aux Spectres ne pourraient pas assister à cette tragédie qui allait se dérouler très bientôt.

Il était pessimiste, il l'avait toujours été.

Loin d'être aussi grincheux comme Capella ou peu poli comme Dante, le jeune homme s'est toujours laissé porter par la vie, acceptant sans rechigner son destin de chevalier d'Argent, prêtant serment à Athéna, et obéissant aux ordres du Grand Pope. Parce que... à quoi bon...? Il servait une cause noble, grande, mais de ses poings sortaient des flammes encore plus ardentes, encore plus meurtrières que celles qui avaient emporté son village. Peu de survivants à l'époque, dont lui. Mais pas ses parents. Il n'était pas le seul orphelin, et les guerriers de son rang ne l'avaient pas rejeté. Il ignorait l'issue de cette Guerre, presque autant que les jurons de l'Aurige et les réponses aussi peu châtiées du chevalier d'Hercule.

Tous trois courant à grande vitesse pour rejoindre le point de ralliement, ils passèrent devant l'hôpital du Sanctuaire où deux fortes présences ne se cachaient pas.

L'une d'elles, se tenant devant l'entrée, se révéla de son armure sombre. Un homme grand, une allure à priori noble et un regard doré perçant sous des cheveux verts dont les mèches voletaient dans les airs. Ce n'était pas un chevalier d'Athéna.

« T'es qui, scanda Capella.

-Syd de Mizar, Guerrier Divin d'Asgard, répondit l'homme. Aiolia, le chevalier d'Or du Lion m'a chargé de garder l'hôpital où deux femmes sont grièvement blessées. Je suis un allié d'Athéna.

Son cosmos n'émettait aucune hostilité.

-Tu ne comptes pas bouger de là, demanda Babel.

-Non. J'ai en effet entendu l'appel d'un des chevaliers d'Or, mais je ne suis qu'un allié étranger. Je ne me mêlerai à vous que si j'en ai l'autorisation. Mon rôle actuel est de protéger les femmes qui sont dans ce bâtiment et...

-... ''la'' femme dans ce bâtiment, corrigea une voix un peu hésitante.

Une silhouette marchait maladroitement dans le dos du Guerrier Divin pour se révéler à la lumière encore un brin visible de la Lune.

-Marin, s'exclamèrent les trois chevaliers d'Argent, découvrant le chevalier de l'Aigle avancer avec peu d'assurance.

-Marin, tu devrais rester allongée, fit Syd. Aiolia m'a confié ta protection et...

-... ça va, Syd. Je suis encore en vie, j'ai assez de force pour me battre moi aussi. Veille sur Alice, s'il te plait.

Babel constata qu'elle était grandement affaiblie. Elle avait du livrer un combat terrible, face à un Spectre si fort qu'il avait très certainement terrassé cette femme si forte, si agile.

-Marin, j'ai promis à Aiolia de veiller sur toi.

-Je sais, Syd, et je t'en remercie. J'ai pu me reposer, mais je me dois d'y aller, moi aussi. Et vous, Babel, Capella et Algheti, partez devant.

-Je vous accompagne, déclara Mizar.

-Non! Si c'est par pitié à cause de ma blessure, il est hors de question que tu viennes. Je suis encore vivante, et peu importe le temps que ça prendra, je serai là bas.

Le Centaure détectait le cosmos grandissant de l'Aigle, signe qu'elle irait mieux, et qu'ils pourraient compter sur elle.

-Je ne te ferai pas l'affront de te prendre en pitié, Marin, répondit le guerrier d'Asgard. Avec l'accord de votre Grand Pope, aux côtés d'Aiolia, et au nom de cette amitié qui nous lie tous les deux, j'ai pu, moi aussi affronter des Spectres pour protéger des civils dans votre Sanctuaire. Bien plus qu'une dette que mon royaume a envers Athéna, c'est mon devoir de protecteur qui prend le dessus et qui veut défendre la terre. J'ai comme l'impression que le danger s'est déplacé en un seul et même endroit, loin d'ici, et je suppose que c'est là bas que vous vous dirigez tous.

-T'es sur, douta Capella. Y a quelques instants, tu ne voulais pas partir d'ici et là d'un coup, tu changes d'avis...

-Il a raison, enchaina Marin. Si tu viens avec nous, tu laisserais Alice seule et sans défense. Il suffirait d'un Spectre isolé pour que...

-... Marin, et toi, Guerrier d'Odin, partez rejoindre les autres chevaliers dans l'arène, déclara Babel. Algheti, Capella et moi, nous allons patrouiller aux alentours et veiller sur la femme qui est dans l'hôpital.

-Ah bon?

-Mais et l'ordre du chevalier de la Balance?

-Je le remets pas en question. Mais on sera trois au lieu d'un seul dans cette zone. Si un ennemi se pointe, on saura l'éliminer.

-T'as raison, fit le chevalier d'Hercule.

-Merci à vous, chevaliers d'Argent, répondit Syd en leur lançant un regard doré noble. Marin et moi partons sur le champ.

-Ne mourrez pas », répliqua la femme chevalier.

Les voyant tous deux partir en courant, le Centaure découvrait le dos nu et blessé de l'Aigle. Derrière son masque, celle ci ne montrait aucun signe de douleur. Et sa voix claire résonnait comme si elle allait bien, tout comme son cosmos, acéré et sans faille. Cette femme forte, indépendante et à la tête de leur caste argentée aux côtés de Shaina et Asterion, était au demeurant un être humain, avec les limites de son corps. Puisse-t-elle revenir en vie...

Quant à Capella, Algheti et lui même, puissent-il tenir le coup avec la Mort qui allait étendre son manteau sur le Sanctuaire...

死神

A l'appel de Dohko de la Balance, Geki, ainsi que ses quatre compagnons de Bronze, étaient en train de traverser le domaine en courant aussi vite que possible, prenant garde de ne pas tomber sur un ennemi. Le jeune homme était en fin de cortège, protégeant les arrières de ses amis, tandis que Jabu et Nachi fonçaient un peu trop vite à son goût. Devant lui, Ban et June évoluaient tout en scrutant les alentours. Surtout la fille, si agile, n'hésitant pas à bondir dans les arbres pour observer leur route en hauteur. Le Lionnet ne disait rien. Ou plutôt, il était fidèle à lui même: un garçon à la carrure imposante, mais qui ne parlait que quand il en sentait le besoin. Il avait toujours été réservé, tout comme Nachi à l'époque où ils étaient à l'orphelinat du grand père de Saori-san, mais loin d'être méchant. Quant au Loup, Geki s'étonnait de ressentir chez lui ce cosmos de plus en plus puissant, comme s'il se révélait au combat. Loin d'être un grand bavard lui non plus, son agilité était comme l'égale du la Licorne. Qui pouvait penser à des chevaliers de Bronze en rencontrant ces deux adolescents?

En ce qui le concernait, le chevalier de l'Ours n'était pas capable de porter un jugement sur son parcours. En duo avec Ban depuis le début de cette guerre, tous deux avaient battu bon nombre de Spectres peu puissants et sans grosse difficulté. La chance était avec lui jusqu'à présent... Il voulait croire à cette idée. Il utiliserait sa force autant que possible, il aiderait ses ainés et protègerait ses alliés dans cet affrontement qui réunirait tous les chevaliers et qui les attendait dans la grande arène. Il ferait tout pour rester en vie, pour avoir cette chance encore avec lui et rentrer dans sa nouvelle patrie, au Canada et se perdre dans la forêt dans l'espoir d'apercevoir au détour de grands arbres, un ours pêchant dans la rivière. Réaliser ce rêve à nouveau et devenir vétérinaire en plus d'être chevalier d'Athéna. Voilà la meilleure raison pour lui de ne surtout pas mourir.

Alors poussé par ces pensées, Geki s'arrêta d'un coup, en même temps que les autres Bronze, tandis qu'ils contournaient le hameau dont l'entrée était jonchée de roses rouges dont le parfum pénétrait les narines jusqu'à donner un violent mal de tête.

« Jabu, t'es sur de vouloir ralentir, là, se plaignit l'Ours en portant son poing sous le nez espérant que cela atténue l'odeur agressive.

-Geki a raison, on ne devrait pas trainer plus longtemps, ajouta June. Les Roses Démoniaques peuvent nous toucher également.

La Licorne ne semblait pas les écouter, scrutant le sentier qui menait vers le cœur du hameau.

Le silence tomba pendant quelques secondes semblant interminables pour le groupe, tous se demandant s'ils devaient attendre leur ami ou partir sans lui vers le point de rassemblement.

Puis un grognement sourd se fit. Geki avait l'impression de reconnaître celui d'un gros félin, comme les pumas ou les lynx qu'il avait eu l'occasion de croiser dans les montagnes canadiennes. De tels animaux vivaient-ils également dans les bois du Sanctuaire? Leur instinct de survie ne les dictait-il pas de s'enfuir et de se mettre à l'abri de l'armée d'Hadès?

Le grognement se changea en une voix nasillarde qui se mit à hurler, et un petit homme à la peau brune et aux canines apparentes sortit de la pénombre, marchant dans une position étrange accroupi, et à quatre pattes comme les animaux. Ses yeux étaient à la fois perçants et roulaient dans tous les sens, comme s'ils guettaient tout ce qui l'entourait, jusqu'à ce que la pupille ne se fixe sur les Bronze, notamment Jabu:

-Mais qu'est-ce que tu... HA? C'est encore toi?!

-Cheshire, souffla la Licorne. T'es encore en vie?

-Qui est-ce, demanda Ban.

-Le Spectre que nous avions affronté, Jabu et moi, répondit Nachi. Je pensais que tu l'avais achevé...

-Moi aussi...

-Je... j'étais réveillé par ce cosmos effrayant... celui de Thanatos... Je...

Caith Sith ne finit pas sa phrase, prenant une pose typique des chats lorsqu'ils se sentaient en danger, les quatre pattes ancrées dans le sol, griffes déployées et le dos rond. Sa tête se barrait d'un regard méchant et des sifflements sortaient de sa gorge. Il semblait presque oublier la présence des chevaliers de Bronze autour de lui, les yeux perçants fixés vers le ciel.

-C'est moi, ou il se fiche totalement de nous, remarqua Jabu.

-Il nous ignore, en effet, confirma Geki. Comme chaque animal qui ressent un danger pour sa propre vie, peu importe qui il a autour de lui. C'est l'instinct de survie. Bien sur, nous sommes ses adversaires, mais il y a bien pire que nous, bien plus terrible: Thanatos.

Le Spectre se recroquevilla sur lui même, dans une posture à priori inconfortable, en une sorte de boule presque parfaite. Il se tapit à nouveau dans la pénombre, et seules ses pupilles se distinguaient à la lumière de la Lune.

-Ca sert à rien qu'on se batte, murmura-t-il. Autant attendre la fin ici. Partez, bande d'inconscients...

Les chevaliers d'Athéna regardaient ce jeune homme un peu perplexes, sans trop savoir comment réagir sur l'instant.

-Il a raison, déclara Nachi. Cheshire est un ennemi à la base. S'il n'a aucune envie de se battre, autant le laisser là. Notre priorité est de prêter main forte aux chevaliers déjà dans l'arène. Nous devons protéger notre Sanctuaire.

-Et s'il survit?

-On n'en est pas encore là, June. Même pour nous, rien n'est sur.

-Allons-y », conclut le chevalier de la Licorne, tout en jetant un regard sur le Spectre.

Suivant ses amis, Geki imita Jabu et l'espace de quelques secondes observa cet ancien adversaire. Il n'y voyait pas un ennemi. Mais un animal apeuré cherchant un abri dans l'obscurité pour se protéger d'un danger terrible et imminent. Oui, un pauvre chat sauvage perdu dans la nature...

死神

Se déplaçant aussi vivement que son animal protecteur, avec également la même discrétion, Milo atteignit sans problème les abords de la grande arène, alors qu'il patrouillait près des falaises donnant sur la mer, quelques secondes auparavant.

L'appel de Dohko avait résonné et dans sa tête et dans son cœur comme un coup de massue. Une divinité différente d'Athéna voulait s'emparer du Sanctuaire. De son foyer, de l'endroit où il avait grandi et trouvé des êtres qui comptaient pour lui.

Son sang n'eut fait qu'un tour dans son corps et s'enflamma, se mêlant à son cosmos doré.

Il avait refusé la proposition de Kanon de l'accompagner aux Enfers pour rester à la surface et veiller sur ce domaine qu'il chérissait.

Sans hésiter, il avait répondu aux signaux du Vieux Maitre et le voilà désormais marchant d'un pas nerveux et pressé vers une des arcades qui formaient l'entrée de l'aire de combat.

Derrière lui, des petits groupes de chevaliers le rejoignaient. Argent, Bronze. Des hommes, des femmes, des têtes plus ou moins connues, mais tous avec des mines résolues à faire partir ce Thanatos de là.

Sur sa droite, Aiolia arrivait en compagnie de Marin et du guerrier d'Asgard. Milo soupira de soulagement en découvrant son meilleur ami en bonne santé.

Du haut d'un arbre, une ombre tomba en toute légèreté au milieu du rassemblement: Shaina. Quand bien même elle ne portait plus son masque, la jeune femme arborait un regard déterminé, combattif.

Un parfum floral chatouilla les narines du Scorpion et une voix qu'il reconnaitrait entre mille accompagna la fragrance:

« Ravi que tu sois de nouveau sur pied, Shaina.

-Merci à toi, Aphrodite. Tes plantes m'ont soignée et maintenant...

-Maintenant, nous sommes pratiquement tous là, ajouta Aiolia. Allons aider nos amis qui sont dans l'arène...

-... et surtout, virons cette saleté de Thanatos de notre Sanctuaire. En avant, chevaliers! », scanda Milo.

Les voix de tous les chevaliers s'élevèrent en chœur, à l'unisson.

L'issue pourrait être incertaine, mais depuis tout petit, Milo en était convaincu: cette grande dame en pierre qui veillait sur le domaine savait donner de la force à tous ses habitants. Et même loin d'eux, se battant dans les Enfers d'Hadès, elle demeurait dans le cœur de tout le monde, comme une petite lueur d'espoir. Comme une mélodie qui se répétait sans cesse qu'il ne fallait jamais oublier, en espérant que la lumière revienne un jour.

Milo avait confiance en Athéna, en ses alliés. C'était pour cela qu'il était devenu chevalier du Scorpion et qu'il se battrait de toutes ses forces.

死神

Cela devenait de plus en plus dur pour Mu de maintenir son Crystal Wall. Non pas par manque d'énergie. Mais à cause de l'apparition divine au cœur de l'arène.

Oui, c'était bel et bien un dieu qui s'était matérialisé, malgré la noirceur de son regard, de ses cheveux, de l'étoile au milieu de son front, et l'effroyable et sombre cosmos ténébreux qui émanait de lui.

Thanatos. La personnification de la Mort était là, au Sanctuaire d'Athéna, la déesse de la Sagesse et de la Guerre, le symbole de la vie sur la terre et de l'espoir du genre humain.

Devant le Bélier, son très cher ami, Aldébaran qui ne perdait pas de vue son adversaire, Kagaho du Benou.

Derrière lui, trois chevaliers d'Argent: Asterion changé en pierre, Algol grièvement blessé et Orphée affaibli et dans l'incapacité de se battre.

Il avait capté le message de Dohko qui s'apprêtait à les rejoindre en compagnie de son maitre, Shion.

Un peu pris dans une impasse, le jeune homme allait prendre une décision bien triste.

« … Algol, fit-il à voix basse. Tu peux bouger?

-Oui. Qu'y a-t-il?

-Face à un dieu ce ne sera pas chose aisée, mais avec Orphée, éloigne-toi le plus possible de l'arène.

-Permets-moi de refuser, Mu. Je suis blessé, mais encore en vie. Je peux vous aider, au moins à écarter Kagaho. Et puis, il y a Asterion.

Le Bélier ferma les yeux et ne retint un soupir:

-Je suis désolé, Algol. Je crains qu'il n'y ait plus rien à faire pour lui... Pardonne-moi de te l'annoncer de cette manière...

Le cosmos du chevalier d'Argent s'amplifia dans le dos de Mu, comme une expression de colère et de frustration. De chagrin même. Ce que le chevalier d'Or comprenait parfaitement...

-Je suis désolé, moi aussi Mu. Mais il est hors de question que j'abandonne mon ami pour sauver ma peau. C'est ma faute s'il est dans cet état, mais il n'est pas mort! Comprends le bien! Asterion est encore vivant et je ressens encore son cosmos. Je maitrise cette technique du bouclier de la Méduse, et je serai capable de lui rendre son corps. Alors je t'interdis de m'ordonner de le laisser tomber pour sauver ma peau et celle d'Orphée, t'as compris?

-... tiens bon, dans ce cas. C'est tout ce que je peux te dire... »

Mu n'était pas un meneur de troupe, il le savait. Il avait bien plus d'affinité avec la réparation des armures, bien sur, mais également, il préférait se défendre lui et les autres. Cependant, il ne devait pas rester là, sans rien faire.

Face à lui, Thanatos restait immobile, comme s'il observait, ses yeux noirs dans lesquels des éclats argentés brillaient par moments fixés sur les chevaliers d'Athéna et Kagaho.

Ce dernier ne put éviter un poing lourd que le Taureau venait de lui asséner et se retrouva au sol.

Sans chercher à riposter, il tourna le dos à son adversaire et laissa un genou à terre, courbant la tête avec respect:

« Ô Thanatos, vous voici arrivé au Sanctuaire. Cela signifierait-il qu'Athéna et Hadès se sont entretués?

Une voix irréelle, dénuée d'humanité résonna dans l'arène. Un ton grave à glacer le sang:

-Peu importe, Benou. Une fois la surface de cette terre anéantie, je prendrai le contrôle des Enfers. J'éliminerai Hadès moi-même s'il le faut. Mais avant, nous devons éradiquer toute forme de vie. À commencer par ce ridicule Sanctuaire, pour ensuite détruire l'insignifiant Asgard où mon frère, Hypnos avait été battu. Son âme est à tout jamais scellée à Elysion par la faute de Poséidon. Lui aussi verra réduit à néant son royaume sous les mers.

-Je vous suivrai dans votre quête, Ô Thanatos.

-Dans ce cas, termine ta mission et débarrasse-moi de ces chevaliers. N'en es-tu point capable?

Kagaho, pour toute réponse, se releva et fonça en direction d'Aldébaran, qui ne bougeait pas, laissant son cosmos éclater pour le repousser, simplement les bras croisés.

C'était ce que l'on pourrait penser en voyant le Taureau agir ainsi. Cependant, Mu le connaissait si bien. Ce mur à l'apparence infranchissable était une véritable masse d'énergie. Le géant résistait à tous les assauts sans paraître épuisé et pourtant, il subissait, encaissait jusqu'à ce qu'on le provoque, jusqu'à ce qu'il déploie ses bras et ses poings.

Le Spectre fut projeté contre le dieu.

Ce dernier ne semblait pas prendre la peine de baisser la tête pour lui adresser la parole. Il dit simplement:

-Je suis en train de regretter de t'avoir débauché de l'armée d'Hadès, Kagaho. Finalement, tu ressembles à ces humains,en qui tu ne croyais plus, à l'époque où je t'avais trouvé sur ce volcan en éruption. Tu es faible et indigne de moi. Tu ne me sers plus à rien.

De ses yeux sortit un éclair argenté qui transperça le corps du Benou, ne laissant à ce dernier à peine le temps d'un sursaut et d'un cri étouffé.

L'instant d'après, un filet translucide s'éleva dans le ciel pour rejoindre les Enfers: l'âme de Kagaho.

Mu assistait à la sentence d'un Spectre, abasourdi par la violence de l'acte. Pas la moindre pitié, la moindre compassion qui ne se dégageaient de Thanatos. Effrayant. Aucun autre terme ne pouvait qualifier un tel acte.

Cependant, il ne devait pas se laisser abattre lui non plus. Les dieux pouvaient bien se prétendre supérieurs aux humains, se permettre des actes odieux, mais ce n'était pas eux qui vivaient sur cette belle terre qu'eux, les protecteurs d'Athéna, les chevaliers de l'espoir protégeaient de toutes leurs forces.

Le Bélier lança un regard entendu au Taureau, et tous deux enflammèrent leurs cosmos.

Leurs voix résonnèrent en même temps, grave pour l'une et déterminée pour l'autre.

GREAT HORN

STARDUST REVOLUTION

Une masse dorée s'élança sur la Mort, poursuivie d'éclairs couleur lavande constellés de points lumineux, le tout s'abattant lourdement sur l'entité, dévastant au passage le corps inanimé de Kagaho.

Néanmoins, Thanatos n'avait pas bougé. Comme si les attaques l'avaient traversé ou à peine effleuré.

Mu resta interdit, incapable d'anticiper la suite. Pourtant, il ne fallait pas gamberger, il devait trouver une solution au plus vite sinon...

Le dieu regarda les chevaliers de ses grands yeux noirs presque fous, sans un mot.

Aldebaran et lui allaient recevoir le même châtiment que le Benou. Il devait les protéger, son ami, les chevaliers d'Argent et lui même.

À peine le temps de tisser un mur de cristal, qu'un rayon partait en sa direction. Il était fichu...

Et puis une brise au parfum de rose s'éleva dans les airs.

Les yeux en amande du Bélier s'arrondirent sur la rose d'un blanc immaculé flottant dans la chevelure noire de Thanatos, tandis qu'une autre restait accrochée à l'aile du casque de la protection divine.

Des éclairs fusèrent à la vitesse de la lumière, accompagnés de points rouges tout aussi rapides. Quinze au total. Comme les quinze coups de l'Aiguille Écarlate du Scorpion.

Toutes sortes d'attaques partaient en direction de la Mort. De toutes les couleurs, de toutes les nuances, de tous les éclats.

-Vous...!

Un souffle s'échappa de la gorge de Mu, comme un soulagement de voir presque tous les protecteurs d'Athéna réunis dans cette arène. Comme une prière muette qu'il avait faite à sa déesse, de demander de l'aide au plus vite, ses amis dorés, ses cadets et d'autres vaillants guerriers arrivaient pour prêter main forte.

-Vous tombez à point nommé, rétorqua Aldébaran. Même si on se débrouillait relativement bien avec Mu.

Le géant avait voulu faire un peu d'humour dans cette situation qui ne s'y prêtait pas, mais son intention fut la bienvenue.

Tout comme les remarques un peu cinglantes de Milo à l'égard d'Orphée qui perdait conscience peu à peu et qui fut transporté à l'écart, dans un abri au creux des gradins. Les regards assurés et remplis de courage d'Aiolia et de Syd de Mizar rengorgeaient le cœur du Bélier d'une motivation qu'il avait cru perdue, et, voyant Marin blessée outre mesure et pourtant se tenant debout, droite et fière guerrière, le premier gardien des escaliers sacrés comprit que lui non plus, il ne devait pas se laisser aller.

Pendant ce temps, Thanatos retirait les roses plantées dans sa tête, et les brisait d'un geste méprisant. Il jeta un regard sur tous les chevaliers rassemblés dans l'arène. On aurait cru qu'il observait la fourmilière qu'il envisageait d'écraser sans la moindre pitié.

-Vous pourrez tous m'attaquer en même temps, mais jamais vous ne me vaincrez, annonça-t-il d'un ton neutre. Vous, stupides humains, croyez que vous pourrez battre la Mort rien qu'avec vos poings, mais il n'en est rien. Vous périrez quoiqu'il arrive.

Un cosmos ardent s'éleva proche de Bélier: Milo qui s'apprêtait à foncer sur le dieu.

-Te fous pas de nous, hurla ce dernier. Tu as beau être un dieu, nous, on croit en notre force et on se battra ainsi, pour te faire dégager d'ici. Le Sanctuaire est la demeure d'Athéna, et nous, chevaliers, la défendons au péril de nos vies. On ne va pas crever facilement pour ton bon plaisir. Tu n'es pas en terrain conquis ici. Nous sommes tous là, réunis, pour faire perdurer la paix dans ce domaine et sur cette terre. Ne nous sous-estime pas, car nous allons te montrer ce dont sont capables les chevaliers d'Athéna!

-Milo a raison, enchaina Aiolia. Jamais nous ne laisserons un autre dieu dicter nos agissements. Prépare-toi à disparaître, Thanatos!

-Si mes roses ne peuvent pas aspirer du sang divin, je saurai me débrouiller autrement pour te chasser, moi aussi, de nos terres! Toi qui n'as pas confiance aux humains, nous allons te montrer que nous pouvons aller au delà de la mort, pour notre idéal, pour prouver qu'il y a de l'espoir et un avenir sur cette terre!

Après les paroles d'Aphrodite, beaucoup d'autres, Argent ou Bronze, crièrent leur motivation pour affronter Thanatos.

-Mu, on va pas se laisser distancer, tu crois pas, confia Aldébaran. On va non seulement défendre le Sanctuaire mais aussi aller au charbon pour faire dégager ce Thanatos d'ici.

Un rictus se dessina sur les lèvres du Bélier:

-Tu as raison. Toi comme moi n'avons pas montré toutes nos capacités. Il est temps d'aller au front, mon ami.

-Si on en ressort vivants, tu raconteras tout ça au petit. Il ne sera que plus fier de son maitre.

-On vivra, Aldébaran. Pour Kiki, pour Athéna. »

Mu laissa son mur de cristal s'estomper et se laissa envelopper de son cosmos. Une force grandissante l'entoura et, accompagné du Taureau et des autres protecteurs de leur déesse, il fonça vers Thanatos.

En chœur, ils scandaient le nom de leurs attaques, cherchant à trouver la faille qui ferait vaciller le dieu. Une seule brèche suffirait. Aucun d'eux ne se décourageait, priant pour que ce cauchemar prenne fin une bonne fois pour toutes. L'heure n'était pas au désespoir. Il fallait trouver ce chemin aussi discret fut-il vers la victoire...

Après avoir lancé son arcane, Mu s'arrêta d'un coup. Non pas pour constater l'effet sur leur ennemi, mais... Ses yeux s'ouvrirent d'un coup, prêts à sortir de leurs orbites. Son cœur s'emballa, pris d'une peur incontrôlée. Il ne pouvait fuir, comme paralysé par ce qui se préparait en face de lui.

Pas le temps de créer un Crystal Wall.

La boule gigantesque, concentré de cosmos divin qui s'accumulait au dessus de Thanatos, s'élevait dans le ciel, remplaçant la lumière rassurante de la Lune. Il les regardait de ses yeux noirs, fous, chargés d'éclairs gris autour des pupilles. Il était en colère. Et... sans prévenir, la sphère s'abattit sur les chevaliers.

Des paroles à la résonance divine furent prononcées.

TERRIBLE PROVIDENCE

Puis un éclat lumineux. Et puis...

死神

Le sol trembla et les escaliers en pierre s'effritaient par endroit.

En un réflexe, Shion s'accrocha à l'armure de Dohko.

« Tu l'as vu, toi aussi, demanda le Grand Pope.

-Oui. Thanatos a, semble-t-il décidé l'élimination de masse. Il n'y a plus de temps à perdre. Nous allons bouter cette saleté hors de la surface de la terre. Nous n'avons plus le choix, dépêchons-nous. »

A sa suite, l'ancien chevalier du Bélier courait de toutes ses forces. Chose qu'il n'avait pas faite depuis tant d'années. Ce n'était plus son corps, changé avec le temps, vieilli, essoufflé par son cœur qui battait anormalement vite et ses muscles criant hurlant d'être autant sollicités qui le portait, mais son courage et sa volonté. Mais aussi cet amour qu'il portait pour le Sanctuaire, pour ses habitants et tous ces hommes et femmes, apprentis, futurs chevaliers, soldats, prêtresses, civils, animaux même, qui peuplaient cette terre. Pour ses enfants, ceux qu'il avait connus il y a plus de deux siècles, ceux qu'il avait vus naitre, ceux qu'il avait accompagnés jusqu'à la fin, ceux qu'il avait bénis au nom d'Athéna. Pour toutes ces personnes, du passé, du présent, et qui sait, celles qu'il espérait avoir la chance de connaître dans un avenir, s'il survivait, Shion ne ménagerait pas son énergie.

Bien attachée à sa taille, l'épée de son maitre, imprégnée de sang divin.

Ils avaient atteint la dernière marche de l'escalier du zodiaque. À présent, ils foncèrent vers l'arène.

Le Grand Pope essayait de faire le vide dans sa tête, de ne pas penser au pire des cas s'ils n'arrivaient pas à vaincre Thanatos. Ne pas chercher qui avait survécu, qui ne s'était pas relevé de cette déflagration terrible qui fut lancée quelques instants auparavant. Garder espoir et confiance en ces guerriers qui attendaient le Vieux Maitre et lui même.

Une fois devant le grand édifice, ils gravirent des marches qui menaient au sommet des gradins directement et Shion eut un haut-le-cœur, en découvrant le carnage causé par le dieu.

Si peu de chevaliers tenaient encore debout. Certains se relevant avec peine, d'autres à tout jamais allongés au sol. Beaucoup avaient leurs armures en lambeaux ou détruites entièrement.

Le dieu restait immobile, contemplant les dégâts de son attaque. Puis, il leva les yeux vers eux deux, affichant un sourire satisfait.

« Thanatos... sois maudit..., murmura-t-il.

-Shion, ne perdons pas de temps, allons les rejoindre. »

Aussi vite qu'ils le purent, ils dévalèrent les marches pour arriver tout en bas, sur la terre battue.

« Maitre... fit Mu tout en se mettant debout. Vous...

-Mu, tu peux encore te battre, demanda Dohko.

-Oui.

-Très bien. Je vais gagner un peu de temps. Toi, aide Shion à rassembler tous ceux qui sont encore vivants et dès mon signal, vous ferez exploser votre cosmos au delà de ce que vous pourrez.

-Cela nous donnera une chance de le battre?

-Cela vaudra au moins le coup d'essayer , répondit le chevalier de la Balance, sans la moindre once de plaisanterie dans la voix.

Puis il fonça vers Thanatos. Sans tenter la moindre attaque, sans l'approcher vraiment. Une simple distraction qui ne dura que quelques secondes avant que Dohko ne fut projeté au sol, simplement par du cosmos dégagé par le dieu.

Shion savait qu'il ne devait pas s'inquiéter. Il y avait assez de chevaliers debout, désormais.

Le Vieux Maitre revint vers eux, et, d'un regard, leur ordonna de donner toute l'énergie qu'ils pouvaient. Il en fit de même, et, comme par magie, des parties de son armure se détachèrent d'elles même.

Il était le possesseur de l'armure de la Balance, qui assurait la justice et la paix sur terre. Bénie et inondée elle aussi du sang d'Athéna. Cette armure spéciale qui comportait six paires d'armes que la déesse autorisait à utiliser qu'en cas d'urgence et de danger extrême. Celles ci volèrent jusque dans les mains de leurs utilisateurs provisoires. Selon leur volonté propre. Selon les capacités et les affinités.

Ainsi, Mu et Jabu serraient dans leurs mains une épée. Aiolia et Nachi brandissaient une lance à trois pointes. Aldébaran, tout comme Dohko tenaient fermement d'immenses boucliers ornés. Marin et Algol, bien que grièvement blessés, héritèrent d'armes issues des cultures asiatiques, les tonfa. Car au fil des siècles, la déesse accueillit dans ses rangs des guerriers originaires du monde entier, et embrassa toutes sortes de techniques de combat au corps, mais aussi des améliorations pour les armures, notamment celle de la Balance. De ce fait, elle prêta à Milo et Aphrodite des nunchaku, et enfin à Shaina et Moses de la Baleine des bâtons à trois branches.

Douze élus parmi les survivants. Douze, comme le nombre de gardiens dorés des Maisons du zodiaque. Avec à leurs côtés, le Grand Pope, Shion, prêt, lui aussi à se dépasser pour éliminer Thanatos.

-Vieux Maitre... merci de nous prêter vos armes, fit Milo.

-Gamin, tu me remercieras quand on sera sortis de là vivants. À présent, écoutez-moi: il n'y aura qu'une seule et unique tentative. Alors vous allez intensifier votre cosmos bien plus que vous ne le faites. À mon signal, nous allons foncer sur Thanatos. Hors de question de faiblir. Donnez tout, et bien plus. Pensez à vos proches, à Athéna, à ceux qui se battent avec elle aux Enfers. Pensez à l'avenir, à cet avenir radieux qui nous attend. Nous allons réussir, mes amis. Nous allons dégager la Mort du Sanctuaire.

Les onze autres élus hochèrent la tête en silence. La tension était si palpable. C'était maintenant ou jamais, sans opportunité d'un second essai.

Shion croisa le regard de son disciple. Son fils qui fut isolé dans les montagnes de Jamir pour devenir son successeur. Puis, il songea aux jumeaux Saga et Kanon. Il était si fier d'eux. Le premier qui assurait une éducation parfaite aux enfants du domaine, et le second devenu un grand chevalier, et son héritier légitime de la fonction de Grand Pope. Enfin, il regarda son amour de toujours, Dohko.

Pour la toute dernière fois, peu importe l'issue, ils combattraient ensemble.

Néanmoins, l'heure n'était pas aux adieux.

Thanatos rappela aux chevaliers sa présence en augmentant son aura à une vitesse vertigineuse.

Le moment était arrivé.

-Chevaliers, allons-y », ordonna le chevalier de la Balance.

Pour faire face au dieu, les cosmos s'élevèrent eux aussi dans l'atmosphère, dorés, argentés, mauves ou bien bleutés. Des étincelles dorées s'échappèrent des armes. Et douze guerriers s'élancèrent comme un seul être vers leur adversaire. Comme une tempête qui s'abattit d'un coup, aux multiples éclairs, de laquelle les voix tonnèrent à tout rompre, empêchant presque Thanatos d'agir.

Pourtant, il répondit avec sa Terrible Providence, dégageant ses assaillants de son espace.

Shion ne prit pas le temps d'analyser l'état de ses compagnons. Il observa l'ennemi, remarqua qu'il avait été blessé sur son corps, le voile qui dissimulait son Surplis fut désintégré et la protection également se fissurait çà et là. Le visage pâle inexpressif avait été touché aussi, et un filet de sang perlait sur la tempe.

Serrant son épée, désormais c'était son tour d'agir. En un dernier regard vers les étoiles, Shion se mit à courir à toute vitesse, dégainant son arme. Il s'enveloppa de ce cosmos qu'il avait fait exploser des siècles plus tôt, avec cette même intensité, cette même puissance, lors de la guerre précédente. Et avec la même volonté, la même rage, il abattit sur Thanatos une lame étincelante et tranchante.

Il se doutait que ce fut trop facile, et reçut un coup violent en plein abdomen. Normal, il n'avait pas d'armure pour le protéger.

Tout en volant à l'horizontale, avant de tomber lourdement au sol, il avait un sentiment de légèreté. Une impression que son action n'avait pas été inutile, qu'un poids s'effondrait avant lui par terre, et qu'ils avaient gagné.

Sa tête percuta la terre et, une fois le nuage de poussière estompé, il pencha sur le côté. Un corps gisait tout près. Ce n'était pas un chevalier, mais l'enveloppe charnelle de Thanatos qui se désagrégeait petit à petit, comme brulant sous le sceau d'Athéna que le Grand Pope avait eu le temps de poser. Un geste discret et rapide, un réflexe incroyable qu'il eut avant de se faire toucher.

Ses yeux revinrent vers le ciel étoilé. La nuit était si belle et la danse des astres l'avait toujours fasciné. Même là, encore, alors qu'il avait du mal à respirer, même paisiblement.

Mes enfants. On a réussi.

死神

Marin reprit connaissance, tandis qu'un vent doux soufflait sur son dos nu et brulé. Elle n'avait pourtant pas mal. Était-elle morte? Elle sentait à peine le métal de son masque sur son visage. D'un seul côté du moins.

En tentant de rouler au sol pour se relever, elle grimaça de douleur. Courbaturée, écorchée de partout. Elle aurait survécu. C'était incroyable!

Petit à petit ses sens revinrent et elle entendait des voix çà et là. Elle n'était pas seule.

Et Thanatos?

Il avait disparu. Son cosmos effroyable ne flottait plus dans les airs.

Ils auraient réussi, alors?

La jeune femme tenta de se relever, mais elle tomba lourdement. Ses jambes de la portaient plus.

Une main se présenta sous ses yeux.

« Jabu?

-J'arrive à tenir debout. J'ai eu une sacrée chance. Pas comme d'autres...

Acceptant l'aide du chevalier de la Licorne, elle se leva avec difficulté. Elle s'autorisa à s'appuyer contre l'épaule du Bronze, même.

-Thanatos a été vaincu?

-Oui. Au prix de nombreux amis... Ban ou même Geki n'ont pas tenu le coup.

Le corps du jeune homme tremblait en parlant.

-... Le chevalier de la Lyre ou même Asterion ils... », Jabu ne put finir sa phrase.

Le cœur bondit dans la poitrine de Marin. Pas Asterion, non! Pas lui... Elle ne voulait pas en savoir plus. Elle tremblait tout autant, se forçant à rester debout.

Un peu plus loin, contre des gradins, le Vieux Maitre regardait le ciel, comme perdu dans ses pensées.

Allongé sur ses jambes, une longue chevelure vert pomme s'écoulait jusque sur la terre battue. Le Grand Pope ne bougeait plus.

L'Aigle comprit. Elle retira la moitié de son masque encore fixée sur son visage et la laissa tomber par terre. Elle ne retint plus ses larmes. Des larmes de chagrin, pour toutes les pertes que cette guerre avait causées. Mais de soulagement aussi, lorsqu'elle sentit la main de Shaina lui serrer le poignet. Ou lorsqu'elle découvrait d'autres de ses amis bougeant de leur mieux leurs corps meurtris.

Dans le ciel, les étoiles brillaient. Faiblement pour certaines, mais elles dansaient encore.

Tout n'était pas perdu.

Seiya, Athéna et les chevaliers qui étaient aux Enfers, puissent-ils mettre un terme à cette guerre une bonne fois pour toutes...


notes de fin: Merci d'avoir lu ce chapitre si difficile à écrire et si éprouvant. Je pense que c'est le plus intense que j'ai pu faire, et je n'en suis pas sortie indemne.
Que dire... J'approche de la fin de la guerre sainte, oui, mais pas de la fin de mon histoire. J'ai encore tant de choses à raconter sur Saint Kanon, que je continuerai encore à écrire dessus.
Les kanji d'interlude sont 死神 shinigami, littéralement dieu de la mort.
Je reviendrai petit à petit sur la suite, et je vous dis à la prochaine.