VORACITY I - New World

Arc 1 : Le Prince Affamé

Chapitre 6

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Le regard de Momonga parcouru son ami de bas en haut. De ses chaussures à talons épais avec une boucle jusqu'à l'énorme nœud blanc à l'arrière de sa tête en passant par les collants nacrés légèrement transparent et la robe à froufrous.

"Alors ?" Demanda son ami. "Tu aimes ?"

Il se mit à tournoyer en faisant voler son vêtement. Celui-ci lui arrivait aux genoux et le bas était décoré de trois niveaux de plissés et de dentelles. La jupe légèrement bouffante remontait jusqu'à la taille où elle était attaché par une ceinture de soie attachée dans son dos par un nœud impeccable dont les pans pointaient assez bas. Le haut de la robe, cintré comportait une double rangée de dentelle qui, dans la partie haute, délimitait de col carré. Les manches, fines, enserraient les bras jusqu'aux coudes où elles s'évasaient en une cascade de dentelles. Elles étaient serrés à cet endroit par des nœuds élégant, les mêmes que celui qui fermait le corsage. Le tout était complété par le nœud à l'arrière de sa tête et par une ombrelle de dentelle. Le tout était d'un blanc brillant presque aveuglant.

Le plus choquant restait quand même l'apparence d'Harry qui avait été transformé du tout au tout. Ses cheveux avaient pris une teinte d'un blond platine avec des reflets dorés. Sa coiffure avait une frange large et droite qui lui arrivait aux sourcils et deux mèches descendaient sur sa poitrine tandis que le reste cascadait dans son dos. D'abord droite, la coiffure devenait bouclé à la moitiés grâce à des anglaises. Son visage était plus ovale, plus plein avec de petites lèvres roses formant une moue boudeuse et des yeux d'un bleu brillant rendus immense par de longs cils sombres et du mascara.

Il semblait faire bien plus jeune. En fait, son visage plus sa taille qui avait également changé pour devenir plus petite et fine lui donnait l'air d'une jeune fille de 12 ou 13 ans. Même sa voix quand il avait parlé à Momonga était différente. Plus aiguë et aussi plus sucrée.

"Mais...mais pourquoi...pourquoi tu...ah…" balbutia Momonga en pointant du doigt sur la Sweet Lolita qu'était devenu Harry.

Celui-ci fit une moue charmante.

"Tu ne voulais quand même pas être le seul à essayer ses nouvelles capacités ?"

A nouveau il tourna sur lui-même.

"J'ai utilisé la malléabilité de mon côté Slime pour changer totalement d'apparence" dit-il.

En effet, taille, carrure, couleurs des cheveux, de la peau et des yeux, tout était différent. Même ses appendices d'Incube avaient disparu.

"Quant à mes vêtements, il s'agit de ma compétence [Illusion Personnelle Supérieure], une capacité de niveau 8 de ma classe de Mage d'Esprit."

Elle lui permettait de projeter une illusion sur lui-même pour modifier son apparence et ses Statistiques aux yeux des autres joueurs. Si même Momonga, qui était assez puissant, ne pouvait pas voir au travers alors tout irait bien. Il avait cependant amené un atout au cas où. En effet, son ombrelle n'était pas seulement un accessoire. Il s'agissait en fait de son Objet de Rang Administrateur camouflé. Il ne savait toujours pas s'il fonctionnait vraiment (quoi qu'après les essais de Momonga, il pouvait raisonnablement penser que oui) mais cela ne faisait pas de mal de l'avoir sur lui.

"Seigneur Harddyn !" S'exclama alors Albedo. "Vous êtes d'un charme sans pareil mais veuillez cesser ! Vous troublez le Seigneur Momonga !"

Harry regarda le Squelette et vit qu'effectivement, celui-ci était figé, le doigt toujours pointé sur lui et la mâchoire pendante. Un sourire mauvais déforma ses traits puis son visage redevint charmant. Il s'approcha de Momonga et leva la tête vers lui.

"Dis, Momon, c'est vrai que je te trouble ?" Demanda-t-il avec une moue triste et en jetant vers lui un regard humide.

"N...Non ! Pas...pas du tout !" S'exclama Momonga, paniqué.

Il n'avait pas l'habitude d'être si proche des femmes et Harry, même s'il savait que c'était un homme, était tout de même rudement féminin.

En entendant les mots de son ami, Harry eut un grand sourire joyeux.

"Merci Momon ! Je t'adore !" Dit-il en se jetant au cou du squelette.

Momonga le rattrapa par réflexe et le porta en princesse. Harry enlaça son cou puis déposa un baiser sur sa pommette. Il tourna alors les yeux vers Albedo et lui lança un sourire moqueur.

"Seigneur Harddyn !" Trépigna-t-elle. "Descendez de là tout de suite !"

"Tu devras m'y forcer" chantonna Harry.

Puis il jeta un regard de défi à la Succube.

"Comment pourras-tu y arriver Al-be-do ?" Demanda Harry en détachant bien chaque syllabe du nom de la femme.

Celle-ci se mit à crier en tapant du pieds mais ne fit pas un seul mouvement. Harry, lui, éclata de rire. La femme finit par prendre une grande respiration et se calmer.

"Donc…" dit-elle de sa voix normale, "que faisons-nous de ces vulgaires organismes encore en vie ? Je pourrais me charger d'elle si vous préférez je pas vous salir les mains."

Harry soupira et roula des yeux en descendant des bras de Momonga.

"Tu... As-tu écouté le rapport de Sebas ?" Demanda-t-il en essayant de reprendre contenance.

Albedo ne répondit pas. Harry se rappela qu'il avait également un don d'empathie. Dans le jeu, cette compétence était seulement utile pour déterminer la nature des PNJ ou des Monstres, c'est à dire le type de mouvements qu'ils étaient plus susceptible d'utiliser. Mais depuis qu'il était ici, il s'était rendu compte que ses compétences avaient évolués. Peut-être que ce serait le cas aussi de son empathie.

C'était le cas en effet en se concentrant sur Albedo il pouvait sentir qu'elle était troublée et vaguement honteuse.

"Donc tu n'as pas été attentive" soupira Momonga. "Nous allons sauver ce village. Nos ennemis sont les hommes en armure comme celle-ci."

Il désigna le corps calciné. Heureusement l'armure était encore visible. Quoique se tromper serait difficile. D'après ce qu'ils avaient vu, le village n'était composé que de paysans. Pas d'armure du côté des victimes donc.

"Bien…" répondit Albedo.

Elle était troublée et elle ne comprenait pas. Durant les quelques jours Harry avait compris quelque chose. Les PNJ, principalement ceux de Nazarick, n'avaient pas de raisonnement global. Ils ne voyaient pas souvent plus loin que le bout de leur nez et au-delà de leurs ressentis sans penser de manière générale, par exemple aux conséquences de leurs actes. Bien sûr il y avait des exceptions comme Demiurge mais pour lui comme pour les autres, c'était à cause de leur programmation. Ils étaient encore trop dépendant de leur programmation extrêmement fermée.

Momonga se tourna alors vers les jeunes filles pour s'occuper d'elle. Toute les deux tremblaient et se serraient l'une contre l'autre de plus en plus fort à mesure que le squelette s'approchait d'elle. Il fit s'écarter Albedo qu'il pensait, par ses paroles, être responsable de leur peur et se pencha vers elle.

A ce moment-là, la vessie de la plus âgée lâcha et celle de sa sœur suivit. Une odeur d'ammoniac emplit l'air. Momonga semblait, lui, choqué. Il ne savait pas quoi faire. Il ne comprenait pas leur réaction. Il ne comprenait pas que lui aussi faisait peur aux deux humaines. Il était un Squelette. Bien sûr qu'il les effrayait mais ça, il n'arrivait pas à le concevoir. Pourtant il fallait qu'il s'y habitue.

"Tu m'as l'air d'être blessé" dit-il alors en avançant la main vers l'aînée.

Mais celle-ci se mit à crier. Momonga se figea et Albedo se mit en garde, brandissant sa bardiche. Harry leva la main pour arrêter la PNJ, s'avança à son tour et écarta le Squelette.

"C'est toi qui leur fait peur" dit-il simplement.

Il s'accroupit et fit un regard soucieux en direction de la fille la plus âgée et dit une petite moue.

"Dis, tu es blessée ?" Demanda-t-il d'une voix très douce.

La jeune fille leva la tête vers lui mais son regard restait apeuré et elle serrait l'autre fille contre elle. Il allait devoir essayer autre chose. Il sourit et activa sa compétence [Aura d'Innocence I]. Cela devrait suffire. Elle allait lui permettre de dissiper un peu sa méfiance. Il pourrait l'utiliser à un niveau plus fort mais au vu de la faiblesse des gens, mieux valait éviter. D'autant que cette compétence, à son plus haut niveau, provoquait l'effet Confiance Aveugle qui rendait la personne capable de mourir pour lui. Mieux valait éviter...enfin pour le moment car ça pourrait devenir utile plus tard.

Il vit la jeune fille se détendre légèrement. Au moins elle avait arrêté de trembler. Elle ne pouvait pas détacher ses yeux d'Harry ce qui n'était pas plus mal. Au moins elle ne voyait pas Albedo et Momonga. Harry sourit et mis sa main dans sa poche comme s'il la fouillait. A la place, il fit émerger quelque chose qu'il tendit alors à la fille.

C'était une fiole en cristal irisée sertit d'or avec un capuchon décoré d'un rubis. Le liquide à l'intérieur avait la couleur du sang. Malgré son aspect à la fois effrayant de luxueux, il s'agissait simplement d'une Potion de Soin Mineur. Dans YGGDRASIL, elle restaurait 50 Points de Vie, sauf si bien sûr on était un Mort-Vivant parce que dans ce cas-là, c'était du poison. Harry savait que Momonga en avait aussi dans un Havresac Infini (qui contrairement à ce que son nom disait ne pouvait contenir que 500 kilos). Il ne les utilisait pas pour lui-même mais les utilisait souvent sur ses camarades lors de chasses communes, de raid ou de donjons.

"Bois" dit Harry en tendant la potion à la jeune fille blessée.

Celle-ci se remit à trembler.

"Je...je vais boire !" Bégaya-t-elle. "Mais ne faites pas de mal à ma sœur !"

"Enri !" S'exclama cette dernière en pleurant.

Elle essayait d'empêcher sa sœur de prendre la potion. Harry se retint de se mordre la lèvre. Il n'avait pas prévu qu'elle puisse penser que c'était du poison. Malheureusement Albedo était toujours derrière et elle non plus ne comprenait pas.

"Notre Seigneur vous propose un remède par pur bienveillance et vous osez ne pas l'accepter !" S'exclama-t-elle. "Sales Insectes ! Ce crime mérite la mort !"

Elle brandit sa bardiche. Sa lame elle-même semblait avide de sang.

"Baisse ton arme Albedo !" Ordonna Harry. "Il y a un malentendu."

"Entendu, je suis à vos ordres" dit-elle en s'inclinant avec rigidité et en baissant son arme.

Harry soupira puis de tourna à nouveau vers les deux jeunes filles.

"Ce n'est pas du poison, ne t'inquiète pas" dit-il de sa voix enfantine. "C'est une potion de soin. Tu peux boire sans crainte."

Il accompagna ses paroles d'une onde apaisante en réactivant son [Aura d'Innocence I]. La jeune fille tendit la main et prit la potion. Elle l'a déboucha et en bu rapidement le contenu. Aussitôt ses yeux s'écarquillèrent et la surprise se lit sur son visage.

"Je...je rêve" dit-elle.

Elle pampa son dos et se rendit compte que sa peau ne portait plus de trace de blessure. Pas même une cicatrice. Intéressant. Dans le jeu, les blessures pouvaient aussi guérir avec une potion de soin. Il semblait qu'ici aussi.

"Tu n'as plus mal ?" Demanda Momonga par derrière.

Le jeune fille, Enri, se mit à trembler mais elle acquiesça. Le Squelette s'avança et se pencha vers elle. Harry posa sa main sur l'épaule de la fille et lui sourit pour la mettre en confiance. Elle se détendit. L'Aura d'Harry y était aussi pour quelque chose.

"Sais-tu ce qu'est la magie ?" Demanda Momonga.

Donc c'est là où il voulait en venir. Il voulait savoir s'il y avait d'autres utilisateurs de magie dans ce monde. Dans son esprit, soient ils pouvaient représenter une menace soit il existait une faible possibilité qu'il s'agisse des autres membres de la Guilde.

"Ou...Oui" répondit alors la jeune fille. "Mon ami...un herboriste qui nous rend parfois visite...utilise la magie."

"Je vois" dit Momonga. "Cela m'évitera des explications fastidieuses. Je suis moi-même un mage."

Il pointa la main vers les jeunes filles.

"Cocon Anti-Vie, Mur de Protection Contre les Projectiles"

Un dôme lumineux d'environ trois mètre de diamètre apparut autour des deux filles. Celui-ci repoussera tout être vivant qui chercherait à approcher. Le second était invisible mais fit légèrement miroiter l'air. Il servait à affaiblir les armes de jets. Harry était étonné qu'il ne complète pas avec un sort anti-magie, au cas où. Peut-être que la nature inconnue de la magie de ce monde l'en empêchait. En tous les cas si jamais un mage trouvait les deux filles, elles ne pourraient sans doute pas s'en sortir. Mais les chances étaient vraiment minces.

"Vous devriez être en sécurité" dit le Squelette.

Il puisa dans son inventaire son Havresac Infini et le fouilla. Il en sortit deux cors en corne brut et les jeta dans le dôme. La protection contre les Projectiles ne réagit pas car ils n'étaient pas dangereux.

"Je vous offre également ceci" dit-il. "En soufflant à l'intérieur, une petite armée de gobelin...des Monstres de petite taille, viendront pour obéir à vos ordres. Servez-vous en pour vous aider."

Harry se retint de grimacer en voyant les cors. Le nom de ces artéfacts était Cor du Général Gobelin. Il considérait que c'était l'un des échecs les plus retentissant de sa carrière. Il les avait créé comme des artefacts non modifiables consommable de faible puissance. Ils permettaient d'invoquer douze Gobelins assez fort. Bien entendu, cela n'avait rien d'une armée et même si la troupe avait un chef, c'était loin d'être un général. En vérité, et cela avait été le travail le plus fin qu'Harry ait jamais réalisé, ces cors avaient un secret. Malheureusement, personne n'avait jamais réussi à réunir tous les critères pour y avoir accès ce qui faisait que c'était toujours considéré comme un objet de (très) bas niveau à la grande frustration d'Harry.

Après avoir donné son cadeau aux jeune filles, Momonga fit volte-face et commença à s'éloigner accompagner d'Albedo. Harry allait les suivre quand une voix les interrompit

"Mer...merci de nous avoir sauvées" dit la plus grande des deux.

"Merci !" Ajouta sa jeune sœur.

Harry sourit.

"De rien" dit-il.

Comme il n'entendait rien provenant de Momonga, il toussota. Il détestait cette habitude qui lui rappelait des mauvais souvenirs mais il le fit tout de même. Momonga fit alors volteface et regarda les filles dans les yeux.

"De rien" dit-il à son tour.

"Au...aussi, je sais que c'est effronté mais...mais vous êtes les seuls à qui je peux le demander ! Je vous en prie, par pitié ! Sauvez mon père et ma mère !"

Momonga ne dit rien. Harry le regarda alors pour lui faire comprendre que c'était à lui de répondre.

"D'accord" dit-il. "Je les sauverai s'ils sont encore en vie."

La jeune fille écarquilla les yeux, sans doute surprise que sa demande ait été accepté. Elle se reprit rapidement et s'inclina respectueusement.

"Mer...merci mille fois !" S'exclama-t-elle. "Et aussi...vos noms ? Comment vous nommez-vous."

Harry émit un léger rire.

"Appelez-moi juste Mademoiselle, cela ira très bien" dit-il.

Momonga allait répondre mais aucun son ne sortit de sa bouche. Avait-il été surpris qu'Harry ne donne pas son vrai nom ou alors cherchait il peut-être à se trouver lui-même un surnom. Finalement, il ouvrit la bouche.

"Sois honoré d'entendre mon nom" dit-il sur un ton solennel. "Je suis Ainz Ooal Gown."

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Ils marchaient depuis quelques instants quand Harry s'arrêta. Il était figé au milieu du chemin, sans bouger. La tête baissée, ses yeux étaient cachés par sa frange. Quand il se rendit compte que son ami ne suivait plus, Momonga, se retourna. Albedo stoppa également.

"Harddyn?" Demanda le Squelette.

"Albedo, pourrais-tu commencer à avancer sans nous s'il te plaît ?" Dit-il d'une voix sombre.

"Mon Seigneur, je pense qu'il vaudrait mieux…"

"Maintenant !"

L'ordre claqua comme un fouet. Le silence qui s'en suivit fut pesant. Même Harry était choqué par le ton qu'il avait employé. Cela ne lui était jamais arrivé avant. Finalement, Albedo s'inclina et s'éloigna. Harry savait cependant qu'elle restait dans les parages. Tant qu'elle n'était plus à portée de voix, il s'en fichait.

"Ainz Ooal Gown…" dit Harry.

Momonga se sentit soudain mal à l'aise et commença à se tortiller. Pour un Squelette de sa carrure et avec ses robes imposantes sans compter ses bijoux le résultat était plutôt grotesque.

"Je suis désolé" dit-il. "J'aurais dû t'en parler. Je n'aurais pas dû...mais tu vois, l'inspiration du moment…"

"En effet" le coupa Harry d'une voix sèche. "Tu n'aurais pas dû. Pas s'en m'en parler. Qu'est-ce que tu crois que j'ai pu ressentir en entendant ça, comme ça !"

"Oui, tu as raison, je suis désolé, excuse-moi" dit Momonga en baissant la tête.

Harry souffla mais il se sentait déjà moins énervé. Il ne savait pas vraiment pourquoi il se sentait comme ça. Ce n'était pas à cause du nom en lui-même. Non, c'était plutôt parce qu'il avait pris une décision aussi importante sans l'avertir au préalable. Bon, comme il l'avait dit c'était l'inspiration du moment. Mais tout de même. Harry s'était sentit... laissé de côté. Trahit en quelque sorte. C'était un mot plutôt fort mais il le ressentait de fête façon.

Mais peut-être que ça n'avait pas vraiment avoir avec Momonga. Pas vraiment. Peut-être que son attitude avait fait ressortir des sentiments enfouis quelques part. Quand il était un arbre mort, tous ses sentiments avaient été étouffés. Cependant il possédait une mémoire eidétique, une mémoire parfaite. Cela voulait dire que tout ce qui lui était arrivé dans sa vie était aussi frais dans sa mémoire qu'au premier jour. Comme il n'avait pas eu la possibilité de ressentir des choses au moment où les évènements s'étaient produits, il les ressentait après coups avec tout autant de force.

La trahison de ses associés japonais, ceux avec qui il avait conçu YGGDRASIL était l'événement le plus proche où il avait ressenti ce sentiment de trahison. Ils avaient essayé de le saborder en usurpant son autorité et en lui faisant des cachotteries. L'attitude de Momonga n'était pas aussi grave mais cela avait remué les souvenirs et sa colère avait enflé comme si c'était la première fois parce que c'était la première fois. Et son pauvre ami en avait fait les frais.

"Pourrais-tu m'expliquer ce qui a motivé ce choix ?" Demanda alors Harry d'une voix plus posée mais dans laquelle il subsistait une certaine aridité.

"Je ne suis pas sûr" répondit l'Overlord. "C'est juste que nous ne sommes plus que deux. Ce n'est plus vraiment une Guilde. Cela voulait dire que personne ne pouvait plus porter le nom d'Ainz Ooal Gown et comme j'étais le Maître de Guilde...non, c'est stupide. Je n'aurais pas dû, ce n'est pas juste pour toi…"

"Non, tu as tort" dit Harry. "Je trouve en fait...que c'est une plutôt bonne idée. En effet, tu es le Maître de Guilde et en tant que tel tu es le plus à même de représenter les idéaux de ce qu'était notre Guilde, moi...je ne suis que l'Artisan."

"Non, ne dit pas ça !" S'exclama Momonga. "Tu as toujours été très important pour nous."

Harry eut un petit rire sans joie.

"Je le sais. Et je vous en ais toujours remercié. Cependant tous vous étiez des combattants...et pas moi. Je me suis toujours sentie en décalage avec ça. Je vous accompagnais mais mon rôle se bornait à explorer et à réparer vos équipements dans si besoin."

"Je suis désolé si tu t'es senti exclu."

"Ne le sois pas. Je n'en étais pas triste."

Et c'était vrai. Aucun des souvenirs qu'il avait de ces moments n'évoquait en lui de la tristesse.

"C'est juste que je ne me suis jamais vu comme représentatif de notre Guilde. C'est pour ça que j'ai insisté pour que ce soit toi notre Maître. Je savais que toi tu l'étais et que tu t'occuperais bien de nous. C'est pour cela que ce nom te revient...Ainz."

Il commença à s'éloigner seul. Il croisa Albedo et passa à côté d'elle.

"Peut-être devrais-tu aller lui parler" dit-il.

Il fallait que Momonga...Ainz, s'explique avec elle aussi. Après tout, en se donnant ce nom, il usurpant en quelque sorte quelque chose qui appartenait aussi à Tabula Smaragdina, le créateur d'Albedo. Il était normal qu'il se sente aussi mal à l'aise vis à vis d'elle en même temps que des autres Gardiens voir même de l'intégralité des PNJ de Nazarick.

C'était un peu idiot mais bon, c'était Momon...Ainz. il était comme ça. C'était sa personnalité. Harry de son côté avait un peu de mal à savoir qui il était. Il avait l'impression d'être plusieurs personnes à la fois. Il y avait Harry Potter, l'enfant battu devenu héro, celui qui se sacrifiait pour les autres. Et puis il y avait l'arbre mort, ce qu'il était devenu en perdant ses sentiments et surtout en partant d'Angleterre. Et puis il y avait Harddyn Emeryas, une personnalité alternative que l'arbre mort qu'il était avait créé et auquel il avait essayé de donner des sentiments pour qu'il s'adapte au milieu des humains de sa Guilde.

Et à présent il était... ça. C'est bien simple il ne savait pas ce qu'il était. Un mélange d'ancien et de nouveau. Il avait tous ses souvenirs d'avant mais il était incapable d'avoir la même personnalité qu'autrefois. A la place il avait des réactions étranges qu'il avait du mal à assimiler à sa propre personnalité. L'indifférence face à la vie humaine, les taquineries envers Ainz et Albedo, sa façon d'être à l'aise en se déguisant en fille...ce n'était pas lui, pas celui qu'il était avant. Pourtant cela faisait plus de 100 ans qu'il ne l'avait plus été. Pouvaient ils redevenir celui-là ou devait-il abandonner ce qu'il était pour cette toute nouvelle personnalité ? Il ne savait pas. En fait il était perdu.

Cet état n'était pas physique car, sans vraiment s'en rendre compte, au fil de ses pensées, il avait atteint le village. C'était le son d'une trompette qui lui avait fait lever les yeux. Malheureusement, il y avait une troupe de chevaliers qui gardait l'entrée. Sans doute pour empêcher les habitants de fuir. Malheureusement, le fait est qu'Harry était plutôt sans défense face à des adversaires même faibles.

L'un des hommes le vit alors et le prit dans doute pour l'un des villageois car il s'approcha de lui en brandissant son épée. Comme tout à l'heure, Harry sentit un étrange sentiment de colère s'emparer de lui à cette vision. Était-ce la vision d'un fort qui attaquait un faible ou alors l'énervement face à l'outrecuidance de cet homme qui osait l'attaquer. Il ne savait pas trop bien. Toujours est-il que, sans penser un instant à se défendre, il jeta un regard noir à l'homme qui se précipitait vers lui.

Il se passa alors quelque chose d'étrange. L'homme se mit à crier et son corps s'affaissa. Harry vit alors du sang s'écouler des moindres interstices de son armure. Se pourrait-il que ce soit… mais déjà un autre homme avançait vers lui. Harry lui jeta à son tour un regard noir pour prouver son hypothèse. Comme celui-là ne portait pas de casque, Harry put distinctement voir sa tête exploser et des fragments d'os et de cervelle se reprendre tout autour. Il sourit de joie à cette vision.

[Regard Explo-Sang]

C'était une compétence active propre aux Arch-Incubes, les Incubés Supérieur. C'était la capacité à faire bouillir le sang de la cible d'un seul regard et en quelques instants provoquant l'explosion de tout son corps. Une attaque assez impressionnante mais qui nécessitait que l'ennemi soit plus de 20 niveau inférieur à lui. Manifestement c'était le cas des soldats. De ceux-là en tout cas.

Ravi, Harry se tourna alors vers les deux autres. Voyant ce qui était arrivé à leurs camarades, ceux-ci se mirent en garde mais ils n'avancèrent pas. Ils semblaient ferme sur leurs pieds mais la pointe de leur épée tremblait. L'Incube se mit alors à réfléchir à comment les tuer. Malheureusement, il n'avait pas beaucoup d'autres armes à son arsenal. il aurait pu les affronter à l'épée mais il n'était pas sûr du résultat. Il avait appris à se battre avec une épée à l'époque où il était un arbre mort mais il préférait ne pas tenter le diable. pas encore. De plus (et il trouvait cet argument étrangement superficiel de sa part), il n'avait pas envie de tâcher sa belle robe et ceci même si ce n'était qu'une illusion.

Il vit alors son ombre frémir. Doudou voulait-il intervenir ? Il n'avait pourtant aucune capacité d'attaque. Mais peut-être se tenait-il tout simplement prêt au cas où Harry serait attaqué.

Heureusement, il n'aurait sans doute pas à intervenir puisqu'il avait une autre solution. En tant que Mage d'Esprit, il était le en quelque sorte le maître des auras. Il avait déjà utilisé [Aura d'Innocence] mais il en avait d'autre à sa disposition dont une qu'il avait déjà utilisé : [Aura du Désespoir]. Les Auras avaient la capacité de diminuer des Statistiques et de causer des Altérations d'État différentes selon le niveau. Apparemment, dans le Nouveau Monde, les effets étaient plus subtils mais le résultat restait le même. Momonga, Ainz, et lui avaient utilisés [Aura de Désespoir] sur les Gardiens. Ceux-ci n'avaient pas été affectés totalement par l'Altération d'État mais ils avaient ressenti quelque chose.

Ici la situation était différente. Harry ne voulait pas effrayer ses ennemis, il voulait les tuer. Or [Aura de Désespoir] avait ce pouvoir. Au niveau 1, elle provoquait la Peur, au niveau 2, la Panique, au niveau 3, la Confusion, au niveau 4, la Folie...et au niveau 5, la Mort. Instantanée. Bien entendu, cet effet pouvait être entravé par des équipement qui protégeait contre cette Altération d'État ou encore une différence de niveau. Cependant, Harry avait déjà établi que ces soldats étaient plutôt faibles quant à savoir s'ils possédaient quoi que ce soit qui puissent les protéger de la Mort, il ne voyait rien. Il pouvait toujours essayer. Au pire, il y avait des chances, comme dans le jeu, qu'ils soient frappés par des Altération d'État de niveau inférieur.

[Aura de Désespoir V]

Une sorte de de vague déferla dans l'air. Sur son passage, l'air sembla devenir légèrement plus sombre. Quand elle atteignit les deux chevaliers, ceux-ci s'effondrèrent simplement sur le sol. Tout simplement. Pas de mouvements étranges, pas de contraction, pas de cris. Juste la mort. Leurs yeux étaient tout simplement froids et sans vie. Des souvenirs revenaient à Harry. Celles des nombreuses victimes de l'Avada Kedavra. Il se souvenait de ses émotions de l'époque mais pourtant, il n'arrivait plus à les ressentir. encore une fois ses multiples existences chamboulaient son être sans qu'il n'arrive à comprendre ce qui se passait en lui.

Il ferma les yeux et se concentra pour chasser ses doutes et ses troubles. Ce n'était vraiment pas le moment. Il devait remettre ça à plus tard.

Il entendit du bruit derrière lui. Mo...Ainz et Albedo arrivaient aux abords du village.

"Tu les as tué ?" demanda Ainz.

"Oui, ils étaient suffisamment faible pour que je les tue avec un [Regard Explo-Sang]" répondit simplement Harry.

"Je vois que tu as aussi utilisé [Aura de Désespoir V]" dit Ainz après avoir observé les cadavres.

Albedo se tenait droite à ses côtés.

"Je vois que vous avez discuté" dit-il.

"Mon Seigneur bien aimé Ainz est si bon" dit-elle d'une voix pleine d'émotion. "Je trouve que ce nom va à ravir à celui qui est resté auprès de nous et nous à chérie alors que beaucoup des autres Créateurs nous ont abandonnés. j'aurais toujours le plus profond respect pour les 41 Êtres Suprêmes mais le Seigneur Ainz sera toujours auprès de nous."

"Et moi non ?" demanda Harry sur un ton mutin."

"B...Bien sûr que si Seigneur Harddyn ! Mon assertion ne visait aucunement à vous déprécier. Je suis désolé ! Si vous désirez que je mette fin à mes jours, je le ferais sans attendre."

"Je plaisantais Albedo" dit Harry avec un soupir amusé. "Il n'y a rien que tu puisses dires qui ne me pousserait jamais à te demander de mettre fin à tes jours."

"Mon Seigneur est trop bon."

Harry ricana puis redevint sérieux.

"Cela fait longtemps qu'on n'entend plus trop de bruit en provenance du Village" dit-il. "Le Chevalier de la Mort à dû finir son travail."

"Il serait donc temps de nous enquérir de l'état des survivants" dit Ainz.

Il commença à avancer vers le village quand Harry lui barra le chemin.

"Tu n'oublies pas quelque chose ?" lui demanda-t-il.

Ainz le regarda sans comprendre. Harry soupira.

"Ce qui s'est passé avec les deux filles ne t'as pas appris la leçon."

Il pointa son doigt sur le Squelette.

"Tu fais peur à voir" dit-il.

"A...Allons, Seigneur Harddyn ! Le Seigneur Ainz est l'un des êtres le plus bel homme qu'il ne m'ai jamais été donné de voir !" s'écria Albedo.

"Je n'en doute pas, mais son aspect effraye les humains."

Ainz regarda alors ses mains puis se mit à réfléchir quelques instants en se tenant le menton.

"Tu as raison" dit-il finalement.

Il plongea sa main dans son inventaire et en sortit un masque. Celui-ci était rouge avec une bouche grimaçante pleine de crocs et de larges yeux bleus. le tout était cerclé de vert. Harry l'avait créé en s'inspirant du Démon Barong de la Mythologie Balinaise. Ce n'était pas un artefact puissant; En fait, il ne possédait aucun pouvoir et ne pouvait pas non plus être amélioré. C'était en fait une sorte de blague de potache fait aux joueur quelques années auparavant. Le masque était donné comme récompense d'évènement aux joueurs qui étaient resté connectés entre 19 et 22h le soir de Noël. En fait c'était surtout destiné aux japonais. En effet, au Japon, Noël n'était pas une fête que l'on passait en famille (contrairement au jour de l'an) mais avec sa petite amie ou son petit ami. Avoir reçu le masque voulait dire qu'on n'avait ni l'un ni l'autre pour Noël.

Bien sûr, Harry n'en avait pas eu l'idée lui-même. Ce genre de choses lui passait généralement au-dessus de la tête à cette époque (et encore aujourd'hui en fait). Il avait seulement répondu à une demande de fan comme il le faisait le plus souvent. Celui-ci était désespéré de ne pas avoir de petite amie à Noël et voulait se sentir moins seul dans ce cas. S'il rencontrait des joueurs possédant le masque, alors il saurait qu'ils étaient comme lui. Dans le cas contraire...C'était la raison pour laquelle il avait été nommé Masque des Personnes Envahies par l'Envie ou tout simplement Masque de l'Envie. Les réactions à cet objet avaient été...diverses et variées.

Ain mit donc le masque pour cacher son visage et referma sa robe pour dissimuler sa cage thoracique apparente. Il retira ensuite deux gants d'acier de son inventaire, des copies des Járngreipr que portait Thor dans la Mythologie, et les mit pour cacher ses mains. Son aspect était étrange mais au moins à présent il ne faisait plus peur.

Fin prêt, il utilisa le sort Vol et Albedo fit de même. Harry se demanda quelques instants s'il allait pouvoir voler même si ses ailes n'étaient pas apparentes et il s'avéra que c'était le cas.

"Chevalier de la Mort" appela alors Ainz, probablement par son lien mental avec le Monstre. "Si des chevaliers sont encore en vie, ne les tue pas. ils pourraient s'avérer utiles."

Bien entendu, la réponse ne fut entendu que par Ainz seul. Cependant comme il ne réagit pas plus, Harry sut que cela avait fonctionné.

Leur vol les mena rapidement au-dessus du village, là où se trouvait la créature invoquée. Autour de lui, le sol de terre était noir, gorgé de sang. Des cadavres de chevaliers étaient éparpillés un peu partout. D'énormes trous béants sortaient de leurs poitrines. Ils avaient dû recevoir des coups d'épée. L'un d'eux avait même été coupé en deux. D'autre étaient totalement disloqués sur le sol ou leur armure tordue. C'était probablement dû à des coups de boucliers. Harry vit également des fragments de métal au sol et des épées brisés. Donc certains avaient essayés d'attaquer le Chevalier de la Mort et leurs épées s'étaient brisés sur lui. Cela montrait à quel point ils devaient être faibles. Il y avait également des survivants. Quatre. Ils étaient épuisés, blessés mais ils étaient en vie.

"Cela suffit Chevalier de la Mort" dit Ainz.

Sa voix avait résonné dans le silence qui avait suivi le massacre perpétré par le Monstre. Les chevaliers avaient arrêté de bouger en s'apercevant que fuir ne faisait qu'amener l'attention de la créature sur eux. les habitants, en revanche, ne savaient pas comment réagir. Les survivants se serraient les uns contre les autres, apeurés, ne sachant pas s'ils devaient se réjouir d'avoir été sauvé où avoir peur du monstre qui avait tué leurs assaillants.

la voix de Ainz, calme et détachée, avait résonné encore plus incongrûment dans ce silence de mort. Il se posa ensuite au sol, suivit par Harry et Albedo et s'approcha des survivants.

"Enchanté mes chers" dit-il. "Je me nomme Ainz Ooal Gown.

Personne ne lui répondit.

"Je vous garantit la vie sauve si vous capitulez" poursuivit alors le Squelette déguisé. "Par contre, si vous voulez continuer…"

Une épée tomba bruyamment aux au sol, suivit de trois autres.

"Vous me semblez épuisés" dit Alors Ainz en s'approchant des hommes en flottant sur le sol grâce à la magie. "Néanmoins, je vous trouve bien arrogants face au Chevalier de la Mort."

Péniblement, les hommes se mirent à genoux et, sans dire un mot, baissèrent la tête. Ils avaient l'air de condamnés à mort. Ils savaient sans doute qu'ils avaient peu de chance de survie.

"Vous allez rentrer chez vous" dit cependant Ainz, "et transmettre un message à vos employeurs."

Il retira le heaume du chevalier le plus proche et le regarda droit dans les yeux. L'homme ne pouvait pas voire l'étincelle rouge qui scintillait dans les orbites autrement vides de Ainz mais il était cependant terrifié.

"Ne causez plus de grabuge dans la région. Dites-leur bien que la prochaine fois que vous commettrez des méfaits ici, j'irai apporter la mort dans votre pays."

Harry pensé que c'était à la fois sexy et...assez risqué. Ils n'avaient pas encore assez d'information sur l'endroit d'où venaient ces hommes pour savoir s'ils pouvaient se permettre de l'attaquer sans subir une défaite. mais en même temps, l'inverse était sans doute vrai. Les "employeurs" de cet homme n'en savait pas assez sur eux pour prendre des risques. Enfin il l'espérait.

Le chevalier hocha frénétiquement la tête et Ainz lui fit signe de partir avec les autres. Harry remarqua alors que d'autres corps bougeaient encore sur le sol. Mais ça ne voulait pas dire qu'ils étaient vivant. En fait, une autre compétence des Chevaliers de la Mort était qu'à chaque fois qu'une cible de ses attaques mourraient, un zombie de même niveau, appelé Zombie Écuyer, prenait sa place. En fait ici, les cadavres des morts se ranimaient tout seul et attaquaient les cibles du Chevalier.

Comme cela faisait désordre, Ainz demanda à celui-ci de se débarrasser d'eux avant de s'adresser aux villageois. A présent, se dit Harry, il allait devoir faire attention. En effet, si les villageois n'avaient rien dit jusque-là, c'était parce qu'ils ne savaient pas s'ils pouvaient s'estimer sauvés. Tout ce qu'il savait c'était que Ainz était fort, ou commander des êtres puissants et qu'ils ne connaissaient pas ses intentions à leurs égards. Ainz allait donc devoir les mettre en confiance. Cela était difficile car il allait devoir encore endosser un autre rôle et que tout ce jeu d'acteur le mettait mal à l'aise et le fatiguait beaucoup.

Il se rapprocha donc des villageois mais pas trop. juste assez pour leur parler mais pas suffisamment pour les effrayer. Harry, lui, se mit à côté de lui et leur sourit en espérant que cela les aiderait. Si nécessaire il utiliserait son [Aura d'Innocence] mais il n'en était pas encore là.

"Vous êtes en sécurité à présent, rassurez-vous" dit Ainz en écartant les mains pour montrer qu'il ne leur voulait pas de mal.

les villageois se regardèrent pendant quelques instants avant qu'un vieil homme se détache du groupe.

"Qui...Qui êtes...Mais qui êtes-vous ?" Demanda-t-il.

Il était nerveux, il transpirait et avait du mal à lâcher le Chevalier de la Mort du regard.

"J'ai vu que votre village était attaqué" répondit Ainz. "Alors je suis venu vous sauver."

Il y eut alors des chuchotements dans le groupe. Les gens semblaient à la fois inquiets et méfiants.

"Attention !" Dit alors Harry à son ami. "L'altruisme désintéressé à tendance à être considéré comme suspect"

"Alors je sais quoi faire" répondit Ainz.

"Cela dit" annonça-t-il à voix haute, "mon aide ne sera pas gratuite. Je souhaiterais recevoir une compensation équivalente aux nombres de survivants."

Harry connaissait Ainz. il savait ce qu'il demanderait.

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Seul, Harry se rendit à l'endroit où ils avaient laissé Enri et sa sœur. Les villageois semblaient mal à l'aise envers lui. Sans doute que sa belle apparence et ses vêtements riches et fin la faisait passer à leurs yeux pour une princesse ou au moins une demoiselle de haute naissance. Les vêtements de Ainz étaient également riches mais il était à la fois un homme et leur sauveur. De plus il était leur principal interlocuteur.

Harry avait donc proposé d'aller chercher les jeunes filles et de les ramener ici. Il s'était enquis de ses parents et on leur avait dit qu'ils étaient mort. cela ne fit ni chaud ni froid à Harry. C'était juste une information. Albedo avait hésité à le laisser seul mais elle ne voulait pas quitter les côtés de Ainz. Harry lui dit simplement qu'il n'avait pas besoin de protection. Après tout, il avait Doudou à ses côtés même si elle l'ignorait.

Il y avait une autre raison pour laquelle il voulait aller chercher les filles. Elles avaient vu la véritable apparence de Ainz. Il devait donc faire en sorte qu'elle ne le dise à personne. Comme il ne leur faisait pas confiance pour se taire, il se dit qu'il allait modifier leur mémoire. C'était une capacité mineure de sa Classe de Mage d'Esprit qui permettait de faire oublier à des assaillants (non Joueurs) qu'ils l'avaient remarqué, lui et/ou les membres de son équipe, et donc de repartir. Il espérait qu'ici, elle lui serait plus utile.

Quand il émergea dans la clairière, Enri tenait toujours sa sœur contre elle d'une main et les deux cors de l'autre. quand elle le vit, cependant, elle se releva.

"Mademoiselle !" s'exclama-t-elle. "Vous êtes revenu !"

"Je suis venus vous chercher" dit Harry avec un sourire.

"Est-ce que le village…"

"Nous avons pu arrêter les soldats, la plupart des villageois sont saufs."

"Nos parents…"

Le sourire d'Harry s'effaça et ses yeux se firent triste.

"Je suis désolé" dit-il en secouant la tête.

Bien sûr, il n'en pensait pas un mot. En fait, cela n'avait pas d'importance. Pas vraiment. Après tout, il ne comprenait pas ce que c'était de perdre ses parents. Il était trop jeune quand les siens était mort et il avait trop peu de souvenirs. Tout le monde pensait que penser à ses parents le rendait triste mais en fait, le plus triste était qu'il ne ressentait rien. peu importe qu'ils aient été ses parents, peu importe qu'ils se soient sacrifiés pour lui, ils étaient mort sans qu'ils n'aient pu les connaître. Ça avait été la même chose avec Sirius. il avait beau être son parrain, l'attachement qu'il avait envers lui était artificiel. il tenait à lui parce qu'il était sa dernière famille mais il n'avait jamais eu le temps de bien le connaître. De plus, il cachait en lui, une certaine colère à son encontre qu'il avait encore du mal à comprendre, même aujourd'hui.

Cependant, Harry joua son rôle et quand Enri s'effondra en serrant à nouveau sa jeune sœur et éclata en sanglots, il s'agenouilla près d'elle et la serra dans ses bras avec compassion. Il profita aussi de la proximité pour entrer dans son esprit afin de modifier les souvenirs qu'elle avait d'Ainz pour dissimuler sa vraie nature.

C'est alors qu'il fit une découverte assez incroyable. Sa compétence [Manipulation Mémorielle] lui permettait aussi de pénétrer les souvenirs d'Enri. En pénétrant son esprit il avait donc accès à tout ce qu'elle avait vécu et appris.

Son nom complet était Enri Emott et sa jeune sœur s'appelait Nemu. Le village, lui, s'appelait Carne. D'autres noms défilèrent dans son esprit. Des noms forts, des gens qu'elles connaissaient, probablement des gens du village. et puis des noms comme Nfirea Bareare qui était l'herboriste magicien qu'elle connaissait et qui vivait à E-Rental, la grande ville la plus proche et une ville du Royaume de Re-Estize où ils se trouvaient et qui était dirigé par le roi Ramposa III. D'autres noms de gens affluèrent alors, des noms de lieu aussi comme celui de cette forêt, la Grande Forêt de Tob. Il pouvait voir sa vie avant l'attaque, le levé à l'aurore, les corvées quotidiennes, la récolte, les voyages en chariot…

Tout ce qu'Harry voyait lui confirmait que ce monde avait bien un niveau de civilisation équivalent à celui du Moyen-Âge Européen, du moins pour ce qui était du Royaume de Re-Estize : Villes fortifiés construites autour de châteaux forts, Monarchie absolue, nobles, chevaliers, technologie quasi inexistante, transport à cheval...S'il n'y avait la magie, cela ressemblerait à l'Angleterre ou à la France du XII ou XIIIe siècle.

Mais les images étaient trop nombreuses et Harry ne pouvait pas tout voir d'un coup, surtout qu'il avait un travail à faire. Il se demanda alors s'il lui était possible de copier la mémoire d'Enri et de la stocker dans son esprit jusqu'à ce qu'il l'ait traité. Comme à chaque fois qu'il utilisait une compétence dans ce monde, ce fut d'une facilité déconcertante et bientôt, un paquet de souvenirs et de connaissance étiquetés "Enri Emott" passa dans son esprit. Rapidement, il se concentra ensuite sur ses souvenirs liés à son sauvetage et les altéra pour que Ainz ressemble à ce qu'il était à présent déguisé. Il s'intéressa ensuite à Nemu et fit la même chose. C'était assez facile, sa sœur l'avait empêché de regarder pendant une bonne partie de l'action. De plus, Harry ne prit pas la peine de copier ce qu'il y avait dans son esprit. il doutait de trouver quelque chose de plus.

C'est ainsi que quelques minutes plus tard, il aida les deux filles à se relever et les ramena au village où elles furent accueillit avec forces embrassades et pleurs. Harry, lui, se détacha du groupe et se rendit à la maison du vieil homme qui avait parlé plus tôt et qui s'avérait être le Doyen, c'est à dire une sorte de Maire. Quand Harry était partit, l'homme lui avait dit qu'ils pourraient parler à leur aise là-bas mais qu'auparavant, il devait donner des ordres pour que les autres commencent à nettoyer le village et à panser leurs plaies. Il avait vu une vieille femme, probablement son épouse se précipiter vers une grande maison sans doute pour y mettre de l'ordre en prévision de la venue de leurs hôtes.

Quand il arriva, la conversation ne semblait pas avoir commencé. Ainz était assis à une table et le Maire s'asseyait en face. Le Chevalier de la Mort était absent mais à nouveau l'homme était absorbé par quelque chose d'autre. En effet à coté de Ainz, près de la table flottait le Sceptre de Guilde. Son aspect avait de quoi impressionner même si Ainz avait désactivé tous les effets spéciaux de l'objet. Cela ne l'avait pas empêcher de se maintenir droit sur le sol une fois lâché. En tous les cas, il était suffisamment impressionnant pour subjuguer le vieil homme et sa femme et les faire se tenir tranquille.

Enfin, Harry disait vieil homme parce qu'il semblait l'un des plus vieux mais il ne semblait pas avoir plus de 45 ans. De constitution robuste, il avait un visage buriné et des vêtements simples mais en bon état. La maison aussi était simple, très simple mais bien entretenu si on ne tenait pas compte des dégâts récents. Sa femme aussi n'était pas une si vieille femme. Ses cheveux étaient encore noir et on pouvait encore voir des traces de son éclatante jeunesse. Elle avança vers la table et posa un verre de thé fumant devant Ainz. C'était un modeste gobelet de terre. Heureusement qu'Albedo n'était pas là pour se scandaliser. Ainz devait l'avoir envoyé en patrouille.

C'était cependant une perte de temps puisque Ainz, en tant que Mort Vivant, ne buvait pas. de toute façon, il lui était impossible d'enlever son masque. Harry en profita pour intervenir et s'avança vers la table.

"Votre attention est très gentille mais sachez qu'il est de coutume pour Ainz de ne jamais enlever son masque devant d'autres personnes. Même avec moi, vous vous rendez compte ? Cependant je me ferais un plaisir de faire honneur à votre hospitalité."

Il accepta la chaise que la femme lui amena en s'inclinant et s'assit dessus, amenant la tasse à lui. D'après ce qu'il avait de la cuisine, la femme avait dû allumer un feu et faire bouillir l'eau dans un chaudron avant d'y verser des herbes. C'était déjà un processus assez long quand il cuisinait au gaz pour la Tante Pétunia alors il n'osait même pas imaginer ce que c'était au feu de bois.

"Veuillez m'excuser de ne pas faire honneur à votre table" dit alors Ainz.

"Je sais que tu es Japonais et que c'est dans ta nature mais je t'en prie, n'incline pas la tête, tu vas les stresser pour rien" le prévint Harry.

Momonga lutta contre l'habitude et resta droit...ou presque.

"Tout d'abord, nous tenons à vous offrir nos plus profonds remerciements pour nous avoir sauver" dit le Maire avec déférence en inclinant la tête. "Sans votre intervention, notre village tout entier aurait été décimé."

"Ce n'est rien" dit alors Ainz. "Relevez la tête. Comme je vous l'ai dit, j'espérais en retour une certaine compensation."

"Bien sûr. Nous tenions cependant à vous remercier. Nombreux sont les villageois qui sont en vie grâce à vous."

"Dans ce cas, commençons les négociations au plus vite "dit Ainz. "Je suppose que vous n'avez pas que cela à faire. Vous avez tout un village à reconstruire.

"Il n'y a rien de plus important que le temps que nous pouvons vous accorder ; mais oui, commençons."

Harry savait que Ainz n'avait rien à faire de l'argent. Ce qu'il voulait, c'était des informations. Sauf que cela, c'était une chose qu'Harry pouvait obtenir facilement aussi. L'Overlord connaissait des sorts pour le faire également mais il voulait le faire sans magie et Harry était d'accord. Le but n'était pas seulement d'obtenir des informations même si c'était la priorité. Ce village était le plus proche de Nazarick. Il fallait donc qu'ils puissent avoir de bons rapports afin d'obtenir, par la suite d'autres informations. Harry laisserait donc Ainz mener les négociations.

"Parlons sans ambages. Combien pouvez-vous me payer ?"

"Je ne veux rien vous cacher...Il nous faudrait d'abord vérifier le nombre de pièce de cuivre et d'argent que nous possédons avant de l'affirmer, mais je dirais environ 3000 pièces de cuivre."

Au moment où Harry se brancha sur la fréquence mentale de Ainz, il put l'entendre se morfondre.

"Je ne pige rien, dis comme ça. J'ai complètement loupé ma façon d'aborder le sujet. J'aurais dû avoir une approche différente. Mes techniques de négociations reflètent bien ma nullité de commerçant."

"Calme-toi, Ainz !" S'exclama alors Harry. "Réfléchis ! Oui, tu es mal partie mais nous avons des informations importantes. Apparemment, ils n'utilisent pas le système à étalon. Leur monnaie à la valeur de leur composition et non pas une valeur significative en fonction de la valeur d'une richesse qui sert d'étalon. S'ils utilisent comme métaux de valeur l'argent et le bronze alors il est probable qu'ils utilisent également l'or et qu'il vaut plus cher."

Ainz hocha intérieurement la tête, rasséréné.

"Il serait contraignant de transporter cette somme en petite monnaie. Pourriez-vous me payer avec des pièces de plus forte valeur ?"

"Veuillez nous pardonner" répondit l'homme. "Il serait plus pratique de vous payer en pièces d'or, seulement nous ne les utilisons pratiquement pas dans ce village."

"Là ça va mieux" soupira-t-il. "La conversation prend un tournant que je peux suivre. A présent, on peut lui poser quelques questions pour connaître la valeur des pièces de cuivre."

"Pas forcément, on peut déjà en faire une estimation."

"Comment ?"

"Déjà, nous savons qu'ils possèdent un système à triple devise or, argent et cuivre."

Il avait déjà vu cela puisque les gobelins utilisaient le même système depuis de siècles voir même des millénaires. N'ayant confiance qu'en la valeur pur de toute chose, ils n'étaient jamais passé au système étalon. Chacune de leurs pièces avaient une valeur en fonction de la pièce plus forte et du marché, raison pour laquelle les équivalences n'étaient pas régulières et comme ils détenaient le monopole, celle-ci changeait rarement. Quand Harry était entré dans le Monde Sorcier, 1 Gallion d'or valait 17 Mornilles d'argent et 1 Mornille, 29 Noises de bronze. Le taux n'avait pas évolué en au moins cent ans et quand il était partit, l'argent avait à peine prit plus de valeur. Cela venait du fait que le Monde Magique était totalement dissocié du monde moldu et des fluctuations de son marché.

"De plus" reprit-il, "Par déduction, nous pouvons nous faire une petite idée de la valeur des choses. S'ils n'utilisent pas les pièces d'or, c'est qu'ils ne possèdent rien qu'ils puissent vendre avec. Hors d'après ce que j'ai vu, ils sont plutôt de type agriculteurs. Les champs que nous avons vu sont des champs de blé qui sont généralement les plus communs. J'ai également vu des paniers de plantes et de feuilles à certains endroits prouve qu'ils font également de la récolte dans la forêt."

"Comment sais-tu qu'ils ne les font pas pousser."

Aucuns champs de ces types de plantes aux alentours. j'ai vérifié quand nous avons survolé le village. De plus ils ne font pas de commerce de viande ou autre puisqu'il n'y a aucun élevage. Comme tu as pu le voir, les blés sont mûr, ce qui veut dire d'ailleurs que nous devons être en été, aux alentours de juillet-août...enfin, selon notre calendrier. Ils vont donc bientôt avoir les moissons. Ils vont récolter le blé, en garder une partie pour eux, sans doute payer des impôts avec puis vendre le reste à la ville la plus proche. Ils ne possèdent pas de moulin ou de système qui leur permettrait de le transformer en farine donc ils ne pourront pas avoir de valeur ajoutée à leur produit."

Ainz essayait de rester calme en écoutant l'exposé. Il se sentait partir dans la dépression. heureusement que son état de Mort-Vivant l'en empêchait. Harry, cependant, ne s'en rendait pas compte.

"S'ils sont prêt à donner 3000 pièces d'or alors qu'ils sont vers la fin de leur année, c'est qu'ils doivent en avoir encore assez pour vivre jusqu'à la vente du blé dans un ou deux mois après avoir dépensé pour l'hiver."

"Mais à ce moment-là, cela voudrait dire que le blé leur rapporte au bas mot suffisamment d'or pour passer l'année et nous payer 3000 pièces de cuivre. Tu penses que l'or vaut autant que ça que...par exemple 10.000 pièces de cuivres ne soient pas équivalent à au moins 1 pièce d'or ?"

"Non, ce n'est pas ce que je veux dire. Il est plus que probable que cela en vaille largement plusieurs mais ils n'en ont pas l'usage. il est probable qu'une partie de la vente du blé serve directement à acheter des produits de première nécessité dont ils ont besoin pour vivre comme du sel, des semences de légumes, des ustensiles, du nécessaire de ferronnerie, etc. Ils dépensent donc une partie de l'argent et gardent le reste pour de menus achats. Dans ce cas-là, ils n'ont pas besoin d'or mais de plus petite monnaie. Sans compter qu'une fois au village, il est possible qu'ils divisent l'argent entre les habitants en fonction des efforts fournis."

Oui, il avait également fait des études d'économies lors de sa tournée des Universités. Il y a 108 ans, il avait passé l'Atlantique pour les États-Unis et avait décidé de commencer par Harvard et avait passé un diplôme de droit mais également d'économie. De plus, il y a 73 ans, il avait monté une petite société pour commercialiser quelques-unes de ses inventions. Au départ cela ne devait pas être grand-chose mais son entreprise s'était transformé en puissance économique en à peine 2 ans.

Finalement Harry s'était lassé. Comme c'était la période où il était encore acteur, il avait saisi le prétexte d'aller faire un film pour fuir. Il n'avait plus jamais été dans le business. Même quand il a créé YGGDRASIL, il se contentait de la partie gestion de produit en laissant tout le reste à ses associés. C'est d'ailleurs ce qui avait posé problème..

"Mais il n'en reste pas moins qu'il nous faut une idée plus précise de la valeur de la monnaie ici.

"C'est vrai."

"J'ai une idée" dit alors Ainz.

"Procédons comme suit" dit-il. "Je vais acheter un article de ce village à sa valeur réelle mais j'en conserverai le prix de vente à titre du dédommagement."

Ainz mit sa main dans l'une de ses poches et fouilla discrètement dans son Havresac Infini. Il en tira finalement deux pièces d'or différentes. Sur le côté face, l'une avait le profil d'un homme et l'autre celui d'une femme. La première était l'ancienne monnaie, celle qui avait été créée dès le début du jeu. La seconde était une seconde devise mise en circulation lors de la grande mise à jour "La Déchéance de la Valkyrie". Ce qui s'était passé, c'est que le marché avait connu une inflation trop importante et qu'Harry avait dû agir.

Le système d'achat et de vente était tout aussi libre que le reste en YGGDRASIL. Certains objets de bas-niveaux pouvaient être achetés à des prix raisonnables mais les autres, les matières premières récoltés, les matériaux transformés, les équipements et les décorations créés par des artisans, etc., étaient vendus par les Joueurs eux-mêmes. Or, à un certain moment, il y avait eu des dérives dans le marché virtuel. Tous s'étaient mis petit à petit à vendre leurs produits plus chers à commencer par les récolteurs. Or, pour faire une marge de bénéfice, les artisans devaient également répercuter cela sur leurs propres prix. Résultat, de nombreux joueurs débutants avaient finis par quitter le jeu rapidement à cause des prix trop élevés des équipements parfois les plus basiques.

Evidemment, Harry ne pouvait pas agir directement sur le marché. il avait donc dû créer une nouvelle monnaie plus forte et commencer à l'imposer dans les transactions du marché. puis pendant un certain temps, il avait permis aux joueurs d'échanger leurs anciennes devises contre un nombre équivalent de nouvelles devises afin de pouvoir suivre les prix du marché. Enfin après quelques temps où tous les joueurs s'étaient enrichis, il avait fait en sorte que le change soit équivalent à la nouvelle valeur des pièces (environ 1/1000) mais avait changé les pièces que les joueurs pouvaient trouver sur les monstres et dans les coffres en gardant le même nombre de pièces distribué à chaque fois.

Le marché avait ainsi été régulé et Harry avait fait passer un message pour expliquer le phénomène et qu'il était prêt à le refaire en cas de nouvelle inflation puisqu'il s'agissait au final seulement de monnaie virtuelle. Cela faisait environ cinq ans et personne n'avait recommencé depuis. La seule chose avait été que les anciennes pièces avaient pris de la valeur du fait de leur rareté et étaient devenus des objets de collections vendus (ironiquement) à prix d'or tellement elles étaient introuvables.

Harry, cependant, n'était pas étonné de voir que Ainz en possédait. Après tout, il était un grand sentimental. Il avait commencé à jouer avec l'ancienne monnaie et quand l'inflation était survenu il n'avait pas vraiment été touché. La nouvelle monnaie n'avait pas non plus été un grand changement car il avait déjà acheté tout ce dont il avait besoin. De plus, Ainz Ooal Gown, enfin, leur guilde était déjà là et Harry pouvait aisément fabriquer n'importe quoi tandis que certains de leurs camarades pouvaient, eux, faire de la récolte. Comme l'ancienne monnaie était celle de ses débuts, celle qu'il avait eu tant de mal à collecter, il en avait gardé avec lui à titre de souvenir.

Regardant les deux, Ainz rangea rapidement l'ancienne pièce de monnaie pour montrer au Maire la plus récente.

"Si je souhaite acheter quelque chose avec ceci, que pourrais-je obtenir?"

C'était très bien joué. Harry avait su où il voulait en venir dès qu'il avait sorti les pièces mais il pensait vraiment que c'était une très bonne tactique.

"C'est…" commença l'homme.

"Une devise utilisée dans un contrée lointaine, très lointaine" répondit Ainz à la question sous entendue. "Est-elle utilisable dans la région ?"

"Je pense que oui" dit l'homme en regardant la pièce mais sans oser y toucher. "Mais...Veuillez patienter un instant."

Il se leva et alla cherche un objet qu'Harry n'avait plus vu depuis ses cours de Potions. Une balance à poids. Enfin pas vraiment. Elle était bien plus petite car c'était en fait une balance de changeur. Elle avait des poids déterminés non pas à partir d'unité de mesures de masse mais de devises.

Il donna ensuite l'objet à sa femme qui saisit la pièce et la compara à l'un des poids. Ce devait être l'équivalent de la pièce d'or. Même taille et même poids mais bien sûr elle n'était pas en or mais dans un métal moins noble comme du plomb. En faisant cela, il lui était possible de comparer la taille des deux. Elle posa ensuite chacun sur un plateau différent de la balance. Celui contenant la pièce chuta. Elle prit un poids identique au premier et le rajouta au plateau le plus haut. Celui-ci commença à descendre puis se stabilisa approximativement au milieu.

"Son poids équivaut à deux pièces d'or inter" dit-elle. "Puis-je gratter la surface ?"

"Idiote ! Ne sois pas impolie !" S'exclama son époux avant de s'incliner devant Ainz. "Veuillez pardonner son indiscrétion."

Harry se retint de rire. Cela lui rappelait le principe d'Archimède, quand le souverain de Syracuse lui avait demandé si sa nouvelle couronne était faite d'or pur ou si c'était seulement plaqué. Le poids correspondait au volume d'or mais le roi voulait être sûr sans pour autant la détruire. Selon la légende, c'est en prenant un bain qu'Archimède aurait compris le principe (il aurait alors crié son fameux "Eurêka", ce qui veux dire ",j'ai trouvé" en grec et serait sorti dans la rue en oubliant de s'habiller). Le poids était le même mais chaque matière possédait une masse différente. En plongeant la masse d'or équivalente à celle qui avait été utilisé pour la couronne et la couronne elle-même, il avait noté la différence à la hauteur de l'eau dans le baquet. La couronne était bien fausse….ce qui n'était pas le cas de la pièce. Harry le savait et Ainz aussi.

"Ça ne me gêne pas" dit alors celui-ci. "Vous pouvez même la détruire."

"N...Non, ça ira" dit la femme. "Veuillez m'excuser.

"Ce n'est rien, nous sommes en négociation après tout. Que pensez-vous vraiment de cette pièce d'or ? Sa gravure, n'est-elle pas artistique ?"

"Oui, elle est vraiment belle" dit l'homme. "De quel pays vient-elle ?"

"D'un pays disparu" répondit Ainz. Oui, elle vient d'un pays à présent disparu…"

"Concentre-toi, Ainz" le reprit Harry qui sentait son ami partir dans un accès de mélancolie.

"Hum, Hum" se reprit alors le Squelette. "Vous avez parlé de deux pièces d'or "inter", donc si vous prenez en compte sa valeur artistique, elle mériterait une meilleure estimation encore. Qu'en dites-vous ?"

"Vous avez peut-être raison...cela dit nous ne sommes pas marchand" le prévint l'homme. "Nous ne pouvons pas nous prononcer sur son côté artistique."

"de plus si nous vendions ces pièces tels quels nous risquerions d'attirer l'attention sur nous" le prévint Harry. "Mieux vaudrait au pire les faire fondre pour en faire des lingots que nous vendrions au compte-goutte pour éviter de saturer le marché et de dévaluer le cours de l'or."

"Je comprends" dit Ainz pour répondre à la fois à Harry et à l'homme. "Je peux donc considérer que cette devise équivaut à deux pièces inter lors de mes achats ?"

"B...Bien sûr" bégaya l'homme.

" Bien, Il se trouve que je possède plusieurs de ces pièces. Combien de ressources m'est-il possible de vous acheter ? Evidemment, je vous donnerais une somme honnête. Vous pouvez me proposer un taux similaire à celui en cours en ville. Vous êtes également libre de vérifier l'authenticité de la pièce jusqu'à satisfaction, Alors…"

"Messire Ainz Ooal Gown !" S'exclama alors le Maire en bondissant de sa chaise.

"Euh...Ainz suffira."

"Messire...Ainz ?" commença l'homme incertain avant de continuer, plus sûr de lui. "Messire Ainz, je comprends où vous souhaitez en venir."

"Oh, Oh…" pensa Harry.

"Je comprends que vous ne souhaitiez pas être sous-estimé et que vous réclamiez une rémunération raisonnable pour préserver votre réputation."

"Hein ?" s'exclama Ainz dans sa tête.

"J'aurais dû le voir venir" soupira Harry. "Tu as trop insisté sur l'achat de leurs biens. Il pense que tu veux gonfler la note pour le sauvetage."

"Mais vous savez, notre village à beaucoup perdu avec cette attaque, notamment en main d'œuvre. Si vous nous prenez plus que les 3000 pièces de cuivres que nous vous proposons alors nous ne pourrons pas survivre jusqu'à la prochaine saison. Il va falloir que nous engagions de la main d'œuvre pour les moissons car nous n'aurons pas assez de personne pour tout récolter à temps et si nous avons des pertes, nous risquons de ne pas pouvoir vendre assez pour assurer notre survie. Je suis vraiment embarrassé de demander ça à notre sauveur mais...Pourrions-nous au moins vous payer en plusieurs fois ?"

"Sauvé !" s'exclama mentalement Harry. "Avec ça, on va pouvoir s'en sortir."

Bien évidemment, le but de la conversation n'avait jamais été de demander de l'argent, seulement d'avoir une idée du système monétaire avant de bifurquer afin d'obtenir d'autres types d'informations. Malheureusement, Ainz s'était embourbé dans des questions de prix. Si le Maire lui offrait une alternative, alors...

"Très bien" dit alors Ainz. "Je ne veux pas de rétribution."

"Hein ? Mais...Mais pourquoi ?" s'exclama le Maire.

"En fait, comme vous pouvez le voir, je suis un mage. j'ai vécu en reclue pendant quelques temps dans un lieu appelé Nazarick puis je me suis mis à voyager donc je sais peu de chose sur la région. Si au lieu d'argent vous pourriez m'offrir des informations j'en serais reconnaissant. Et si vous pouviez également garder le secret de mon existence ainsi que sur nos échanges, ce serait une sorte de rétribution suffisante."

Le sourire du Maire et de sa femme indiquèrent à Ainz qu'il avait gagné; S'il avait demandé des informations tout de suite alors les deux se seraient méfiés. Mais à présent, ils étaient trop soulagé de garder leur argent pour avoir des doutes sur lui.

"très bien, nous n'en parlerons à personne" dirent l'homme et sa femme d'une même voix.

Ainz tendit la main et serra celle de l'homme. Donc la poignée de main existait ici aussi. Bonne nouvelle en soi.

Soulagé que la discussion ait prit le tour qu'ils espéraient. Harry prit la tasse de liquide devant lui et en bu une gorgée. Une sorte d'infusion?. il ne reconnaissait pas le goût. Il y avait cependant une note sucrée. Mais ça ne venait pas de sucre, sans doute trop cher. Des fruits ? non, plutôt du miel. Il n'avait pas vu de ruches donc c'était quelque chose qu'ils avaient récoltés ou achetés. En tous les cas une sorte de produit de luxe pour ces paysans car ce n'était pas facile à récolter dans la nature et il y en avait donc peu.

En tous les cas, la vraie discussion allait pouvoir commencer ainsi qu'un autre jeu. Ainz allait devoir déterminer si ce que lui disaient le Maire et sa femme étaient la vérité. Harry pensait que ce serait le cas (ils étaient trop heureux que le prix de leur vie soit si peu élevé) mais rien n'était moins sûr. Heureusement, Harry avait un moyen de vérifier. il lui suffisait d'une petite plongée mentale…

A suivre…

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Et voilà pour le nouveau chapitre. j'espère qu'il vous a plus. J'ai eu du mal à l'écrire mais au final j'en suis très content.

Alors, il y a une grande partie qui concerne l'économie dans ce chapitre. Sachez que je ne suis pas un spécialiste même si j'adore lire des trucs dessus; j'ai essayé de faire un truc cohérent mais si certains d'entre vous s'y connaissent un peu plus alors n'hésitez pas à me le faire savoir. Il est probable cependant que de telles parties arrivent de temps à autre. j'espère que ce ne sera pas trop gênant.

En tous les cas, n'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à la prochaine fois.