Bonjour, Shadowhunters :)
Désolée, j'ai encore du retard pour publier mais bon, le principal c'est de le faire, non ?
J'ai répondu aux reviews des personnes enregistrées. Merci pour toutes les autres, les anonymes :)
ça me fait plaisir de vous lire à chaque fois et de voir que vous appréciez mes écrits.
Ce chapitre est assez intense en émotions, donc comme je sais que vous l'attendez avec impatience, je ne vais pas raconter ma vie.
On se retrouve en bas, bonne lecture.
Chapitre 14 : Représailles
Lorsque Magnus émergea du portail, la discussion avec Isabelle occupait toujours son esprit. Chairman Miaou vint se frotter contre ses jambes en ronronnant, mais le sorcier n'était pas d'humeur et ignora l'animal. En entrant dans sa chambre, son regard tomba inévitablement sur le cadre posé sur la table de nuit qui contenait une photo du couple. La seule que le Nephilim ait accepté de faire. Le sorcier soupira tristement en rabattant le cadre contre la table en bois. La rupture avec le jeune Chasseur d'Ombres était sa décision, mais cela ne voulait pas dire qu'il ne ressentait plus rien pour Alec. Bien au contraire. Il se coucha et dormit mal.
Le lendemain matin, il se leva tôt et se rendit à pied chez Simon. L'air s'était refroidi en cette fin d'août, le soleil était voilé par des nuages vaporeux, tandis qu'une légère brise rabattait les cheveux noirs du sorcier sur son visage. Magnus frappa à la porte de la maison de Simon. Il fut surpris de voir sa mère ouvrir la porte, une expression peu avenante sur le visage. Il n'avait pas prévu d'excuse et sortit la première chose qui lui vint à l'esprit.
– Bonjour, Madame, dit-il en tendant la main. Je suis Magnus Bane, agent artistique. Je viens voir Simon, on m'a dit beaucoup de bien de lui. Est-il ici ?
Il ponctua sa phrase d'un sourire éclatant et lui tendit une fausse carte de visite. Madame Lewis le dévisagea incrédule en prenant le bout de carton aux paillettes multicolores.
– Heu… oui, il est là, répondit-elle, avant de se tourner vers l'intérieur de la maison pour appeler son fils. Simon ! C'est pour toi.
Magnus entendit l'escalier craquer et le garçon apparut enfin. Il était visiblement debout depuis peu de temps. Mal coiffé et avec ses lunettes de travers, il mit quelques secondes à reconnaître le sorcier.
– Je vous laisse discuter, dit la mère de Simon, avant de s'éloigner.
Le garçon ferma la porte dans son dos, et posa un regard interrogateur sur Magnus.
– Visiblement, tu es toujours en vie, ironisa ce dernier. Isabelle s'inquiétait pour toi.
– Oh ! Vraiment ? fit Simon, gêné. Où est-elle ?
– Elle n'est pas à New York, elle te contactera sûrement à son retour. Fais-toi discret jusque-là, d'accord ?
– Oui, je vais essayer. Merci d'être venu.
Simon regarda Magnus s'éloigner et rentra chez lui. Le sorcier se dirigea ensuite vers le Beth Israël Hospital, où travaillait son amie, la sorcière Catarina Loss. Elle avait choisi de mettre son don de guérison au service des Terrestres, mais aussi des Créatures Obscures qui venaient parfois la voir.
– Magnus ! C'est gentil de venir me voir, fit Catarina en voyant son ami.
Ils s'étreignirent brièvement.
– Comment vas-tu ?
– Bien, merci. Et toi ? Tu as l'air soucieux. Tout va bien avec Alec, j'espère ?
Magnus soupira et tira une fiole de sa poche.
– À vrai dire, je ne suis pas venu te parler de mes amours. J'ai besoin de ton avis sur ce qu'il y a là-dedans, fit-il en agitant le flacon rempli d'un liquide visqueux de couleur doré.
Catarina s'empara de la fiole, les yeux brillants.
– On dirait de l'ichor..., hésita-t-elle, de l'ichor angélique. Où l'as-tu obtenu ?
Le sorcier grimaça.
– Cela ne va pas te plaire, répondit-il, avant de jeter un regard autour de lui. Je pense que ce n'est pas l'endroit approprié pour en parler.
– Viens, suis-moi, lança l'infirmière, en empruntant un couloir réservé au personnel soignant.
Elle ouvrit la porte d'une salle de repos et entra, après avoir vérifié qu'elle était vide. Elle laissa passer Magnus puis referma la porte derrière lui. Catarina créa alors un portail qui les déposa chez elle.
– Nous serons tranquilles, ici, dit-elle en se dirigeant vers la cuisine.
Elle sortit différentes choses, sous le regard attentif de Magnus, puis s'intéressa de nouveau à la fiole.
– L'as-tu testée ? demanda-t-elle à son ami.
– Non, j'arrive d'Idris. Pour tout te dire, je n'ai pas eu le temps. As-tu entendu les rumeurs du retour de Valentin Morgenstern ? (L'infirmière opina de la tête, tout en ouvrant une boite.) Et bien, ce n'est pas qu'une rumeur : il est bien de retour, et ce n'est pas bon signe.
Magnus observa son amie avec curiosité, en découvrant ce que contenait la boite.
– Comment as-tu eu ça ?
– J'ai une amie chez les Sœurs de Fer, elle m'en a fait cadeau, il y a longtemps.
– De l'Adamas pur, murmura Magnus, en fixant le morceau de roche lisse et translucide. J'avais oublié à quel point c'était beau.
Catarina fit couler une goutte du liquide doré sur l'Adamas. La roche s'activa et une lumière aveuglante s'en échappa.
– Wow ! On dirait bien que c'est positif ! s'exclama Magnus, en se protégeant les yeux.
– Oui, confirma Catarina. Seul le sang d'un ange peut activer de l'Adamas pur de cette manière.
Elle referma la boite et redonna la fiole à Magnus.
– Maintenant, tu me dois une explication !
Magnus lui raconta alors toute l'histoire. De l'enlèvement de Jocelyne à sa visite chez Ragnor, en passant par la découverte de l'ange Ithuriel dans la cave du manoir Wayland.
– Tu lui as volé ce flacon ! Voyons, Magnus, agir ainsi ne te ressemble pas. Ragnor est ton meilleur ami.
L'air désapprobateur, Catarina croisa les bras sur sa poitrine.
– Je sais, mais… j'ai senti qu'il me cachait quelque chose. Il était bizarre.
– Tu dois lui parler. Promets-le-moi !
– OK ! C'est promis, capitula Magnus.
– Oh ! Vu que tu es là… j'ai moi aussi quelque chose d'important à te dire. (Catarina sortit de la pièce et revint avec un journal dans les mains.) Tiens, regarde.
Magnus parcourut les pages d'un air soucieux. Plusieurs disparitions inquiétantes avaient eu lieu en seulement quelques jours dans le quartier de Brooklyn.
– Je n'aurais pas trouvé cela bizarre en temps normal, dit Catarina, mais avec ce que tu viens de m'apprendre…
– Si tu penses à ce que je pense, nous avons un gros problème ! Je dois retourner à Idris, il faut que je les prévienne.
Magnus ne perdit pas une minute de plus et ouvrit un portail à destination d'Alicante, puis se rendit directement chez les Penhallow.
– Bonjour, Magnus, dit Jia, en ouvrant la porte. Je suis surprise de te voir, Isabelle nous a dit que tu étais rentré à New York.
– J'en viens justement et j'ai de mauvaises nouvelles.
Le sorcier la suivit jusque dans le salon, où se trouvaient déjà Alec et ses parents, ainsi que le mari de Jia. Magnus commença à leur expliquer ce que Catarina lui avait rapporté. Peu de temps après son arrivée, on frappa de nouveau à la porte. Cette fois, ce fut Clary, accompagnée de Luke et Jocelyne, qui entrèrent dans la pièce.
– Clary, Jace n'est pas avec toi ? demanda Alec, étonné.
– Non, je ne l'ai pas encore vu, ce matin. Pourquoi ?
– Oh, rien… En général, il est toujours là quand il s'agit de parler stratégie, je suis surpris qu'il ne soit pas encore levé.
Clary se dirigea alors vers l'escalier qui menait aux chambres.
– Je monte le chercher.
Magnus expliqua au groupe sa théorie concernant Valentin et les disparitions de New York. Il y avait un lien, il en était sûr. Si l'ancien leader du Cercle était en train de se former une armée de Nephilim grâce à la Coupe Mortelle, l'Enclave devait se préparer à une guerre. Une guerre fratricide. Le sorcier était en pleine argumentation avec l'inquisitrice Penhallow quand Clary réapparut dans l'embrasure de la porte, blanche comme un linge. Tous s'arrêtèrent de parler.
– Jace n'est pas dans sa chambre, souffla-t-elle d'une voix à peine audible.
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– Oh non ! Max…, murmura Jace.
Il ne prêta plus attention à Valentin, qui disparut sous ses yeux. Tout son corps était tendu à l'extrême. Son cerveau se focalisa sur un unique objectif : regagner Alicante au plus vite. Le jeune Nephilim sortit sa stèle et se marqua. Il savait qu'il n'avait aucune chance d'arriver à temps pour empêcher l'enlèvement de son jeune frère adoptif. Le pouvoir des runes ne pouvait pas lutter contre l'anneau magique de Valentin, qui lui permettait de se téléporter où il voulait. Malgré tout, Jace se mit à courir de toutes ses forces, mu par la haine qu'il ressentait à présent pour celui qui l'avait élevé. Il ne ralentit qu'après avoir franchi l'enceinte de la Cité de Verre. À petites foulées, il rejoignit alors la maison des Penhallow. Quand il entra dans la maison, il s'écroula dans le vestibule, épuisé. Sa gorge et ses poumons étaient en feu alors que les muscles de ses jambes étaient tétanisés par l'effort qu'il venait de produire.
– Jace ! s'exclama Clary, en rejoignant le garçon. Est-ce que tu vas bien ?
Le jeune Chasseur d'Ombres avait du mal à reprendre son souffle. Chaque respiration brûlait ses poumons, l'empêchant même de parler. Il leva la tête et croisa le regard inquiet de la jeune fille.
– M… Max, réussit-il finalement à dire avec difficultés.
Clary ne comprit pas où il voulait en venir. En revanche, Isabelle qui se trouvait dans l'escalier, avait vu toute la scène et devint livide.
– Non… Non, non, non, souffla-t-elle, en remontant les marches deux par deux.
La jeune Lightwood ouvrit en grand la porte de la chambre de son petit frère. Elle était vide. Isabelle resta figée sur place, les yeux fixés sur la fenêtre ouverte. Jace et Clary entrèrent à leur tour.
– Izzy… Je..., bredouilla Jace d'une voix éteinte.
– Pourquoi ? Pourquoi lui ? hurla alors Isabelle. Où est-il, Jace, où est mon petit frère ?
Jace ouvrit la bouche pour répondre, mais le vent s'engouffra dans la chambre, faisant voler les rideaux. Une feuille de papier s'envola du lit où elle était posée, et atterrit aux pieds d'Isabelle qui la ramassa. Elle lut à haute voix les quelques mots, écrits à l'encre noire. « Je t'avais prévenu ! Aimer, c'est détruire… »
– Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda-t-elle, en dévisageant Jace.
Il baissa les yeux, rongé par la culpabilité.
– Valentin, souffla-t-il alors. C'est ma faute, il a enlevé Max pour me punir.
Il referma son poing sur la feuille de papier avec une telle force qu'elle se déchira entre ses doigts.
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Comme pour les autres enfants, Valentin n'eut aucun mal à s'emparer de Max. Il était toujours furieux contre Jace, car il ne s'attendait vraiment pas à ce que son « fils » refuse son offre. Sa déception était immense. Il était persuadé d'avoir encore de l'influence sur lui, mais Jace venait de lui prouver qu'il avait changé. Il s'était endurci et lui avait tenu tête. Valentin se téléporta au chalet et laissa tomber Max sur le sol, sans ménagement. Le petit garçon se réveilla en sursaut et ouvrit de grands yeux effrayés en voyant son ravisseur. Même sans ses lunettes, Max reconnut Valentin et se blottit contre un mur, le plus loin possible du Chasseur d'Ombres.
La lumière de sort éclairait faiblement la pièce, la rendant encore plus glauque qu'elle ne l'était déjà. Des ombres bizarres dansaient sur les murs, alors que Valentin faisait les cent pas. Il n'y avait aucun bruit dans la petite maison, mises à part les respirations des deux Nephilim. En effet, après son entrevue avec Jace, il avait ordonné à Jonathan de rejoindre le manoir avec les enfants. La grande bâtisse, qui appartenait à un membre du Cercle mort pendant l'insurrection, était restée à l'abandon pendant plusieurs années avant que Valentin ne se l'approprie et la restaure grâce à l'aide de Lilith. Il n'aimait pas l'idée que le démon supérieur y ait accès, mais il n'avait plus le choix. Le manoir était son dernier lieu de repli. Maintenant qu'il avait bêtement raconté tous les détails de son plan à Jace, Valentin s'attendait à voir débarquer les Chasseurs d'Ombres de l'Enclave au chalet. Après plusieurs minutes de silence tendu, il s'adressa enfin à l'enfant apeuré.
– Tu te demandes sûrement ce que tu fais là, pas vrai ?
Max répondit en hochant la tête. La terreur se lisait dans les yeux du pauvre garçon, alors qu'un sourire cruel étirait les lèvres de Valentin. Il aimait inspirer la peur. Pour lui, être craint était synonyme de respect et donc de pouvoir.
– Tu n'es pas un enfant comme les autres, dit-il en s'agenouillant près du jeune Lightwood. Cela m'attriste de ne pas pouvoir t'ajouter à ma petite armée, mais… je dois donner une bonne leçon à Jace.
À l'évocation de son frère adoptif et modèle, le jeune Max se rebiffa.
– Jace va nous retrouver et il vous fera payer pour ça !
Valentin se mit à rire.
– Tu as du cran, petit, j'aime ça. Tu sais, Jace aurait pu éviter que je m'en prenne à toi. Il aurait pu protéger toutes les personnes qui lui sont chères en acceptant de me rejoindre. Si tu es là avec moi, c'est uniquement de sa faute.
– Jace est quelqu'un de bien, vous, non ! rétorqua Max avec aplomb.
Valentin prit alors une dague à sa ceinture et la brandit devant le visage de l'enfant.
– Tu aurais fait un très bon Chasseur d'Ombres, j'en suis persuadé. Malheureusement si je te garde avec moi, ta famille n'aura de cesse de te chercher, ce qui pourrait nuire à mon plan. Et puis… comme je te l'ai déjà dit, Jace a besoin d'une bonne leçon. Ta mort l'anéantira. Il va se le reprocher, ce qui le rendra vulnérable.
À cet instant, le jeune Max réalisa qu'il était réellement en danger. Il devait tenter quelque chose pour sauver sa vie avant qu'il ne soit trop tard. Malgré son jeune âge, il rassembla son courage et analysa la situation avec intelligence. Valentin ne s'attendait pas à ce qu'il tente quoi que ce soit, il devait donc faire vite. Il n'aurait qu'une seule chance. Max poussa alors le Nephilim de toutes ses forces. Surpris, Valentin perdit l'équilibre et bascula en arrière tout en lâchant son arme. Le jeune Lightwood ne perdit pas une seconde et se rua vers la porte entrouverte. Il faisait nuit noire dehors, la lune était dissimulée par un épais nuage. Max hésita, mais entendit un grognement furieux dans son dos et se mit à courir dans l'herbe humide. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. La voix de Valentin, forte et menaçante, retentit alors dans la nuit.
– Tu ne peux pas te cacher, Maxwell, je vais te trouver. Tu ne fais que retarder l'inévitable.
La décharge d'adrénaline qui lui avait donné le courage d'agir s'étant estompée, la peur s'empara de lui et le paralysa. Ses pieds nus étaient meurtris par le sol irrégulier. Il trébucha sur une ronce et s'étala de tout son long. Frigorifié, il trouva malgré tout la force de ramper jusqu'à un arbre auquel il s'adossa. Max sentait l'humidité de l'herbe imprégner son pyjama tandis qu'il luttait pour ne pas claquer des dents. Valentin perdit soudain patience et devint plus agressif.
– À ta guise ! grogna-t-il. Personne ne sait où tu es, de toute façon. Si tu préfères mourir de froid, soit… je n'ai pas de temps à perdre à te chercher. Adieu !
Sur ces mots, Valentin fit tourner son anneau et rejoignit Jonathan au manoir.
– Père ! Vous voilà enfin. Tout s'est bien passé ?
Valentin soupira et décocha un regard furibond à son fils.
– À ton avis ?
Jonathan baissa les yeux.
– Tu as fait ce que je t'ai demandé ?
– Oui, Père. Les enfants sont dans une chambre, à l'étage. Je l'ai protégée à l'aide de runes. Aucun démon ne pourra y entrer.
– Bien, enfin une bonne nouvelle. On va devoir accélérer les choses et passer à l'attaque. Je vais leur montrer de quoi est capable un Morgenstern.
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Alec entra dans la chambre peu de temps après Jace et Clary. Il comprit immédiatement que quelque chose n'allait pas, en voyant le lit vide et la fenêtre ouverte.
– Valentin ? murmura-t-il en ancrant son regard azur à celui de son parabataï.
Jace acquiesça de la tête.
Alec prit alors Isabelle dans ses bras et tenta de la rassurer. Les jeunes Nephilim sortirent de la chambre et tombèrent sur les adultes, qui les attendaient en bas de l'escalier. Ce fut Alec qui annonça la terrible nouvelle à ses parents. Robert encaissa sans rien laisser paraître, mais ce ne fut pas le cas de Maryse. Elle, qui d'habitude, maîtrisait parfaitement ses émotions, s'écroula littéralement. Elle tomba à genoux dans un cri déchirant. Robert la réconforta comme il pouvait, puis l'aida à se relever.
– Je te promets qu'on va le retrouver, dit-il à sa femme. Tu devrais monter te reposer un peu, d'accord ?
Jia se proposa pour accompagner Maryse à l'étage. Robert regarda les deux femmes monter les marches, puis il se tourna vivement vers Jace, le regard sévère.
– Toi, mon garçon, tu as des explications à nous donner ! dit-il en pointant son index sur son fils adoptif. D'où reviens-tu comme ça ?
Jace soupira. Son regard, assombri par la culpabilité, passa alternativement de Robert à Alec.
– Parle, bon sang ! Il s'agit de Max, ajouta Alec, en perdant patience.
– Je sais, Alec… Crois-moi, je suis assez mal comme ça, rétorqua Jace, embarrassé. Allons nous asseoir, ça risque d'être long.
Ils regagnèrent tous le salon et Jace commença à s'expliquer, en parlant du message de Valentin. Au bout de quelques minutes, Alec se leva brusquement et interrompit son ami.
– Pour l'amour de l'Ange, Jace, ne me dis pas que tu as été assez stupide pour aller à ce rendez-vous seul, et sans avertir le moindre de tes proches. Tu avais promis !
Jace grimaça et, d'un geste nerveux, passa une main dans ses cheveux dorés.
– S'il te plait, Alec, calme-toi… Laisse-moi tout t'expliquer, d'accord ?
L'ainé des Lightwood prit une profonde inspiration pour se calmer et se pinça l'arête du nez.
– Aucun de vous n'aurait accepté de me laisser y aller seul, se justifia alors Jace. Je suis conscient que c'était irresponsable, dangereux, et… tout ce que vous voudrez, mais j'avais besoin de réponses. (L'expression du jeune Nephilim devint plus grave.) Je crois que… j'avais besoin de le revoir, de me retrouver face à lui, après toutes ces années. Bref, le principal c'est que je sache ce que Valentin manigance. Ça compte, non ?
Alec rejoignit son parabataï en une fraction de seconde et l'attrapa par le col de sa chemise, l'air furieux.
– Je ne sais pas ce qui me retient de t'en coller une ! gronda-t-il. Par l'Ange, tu t'entends parler ? Il s'agit de Max, je croyais que tu tenais à lui. Tu crois vraiment que le fait d'obtenir des informations sur le plan de ce monstre va me faire oublier l'enlèvement de mon petit frère ?
Jace n'essaya pas de se dégager. La colère de son ami était légitime.
– Je n'ai pas dit ça, répliqua-t-il en soutenant difficilement le regard d'Alec.
À la surprise des deux garçons, Clary intervint pour les séparer.
– Vous n'allez pas vous battre quand même ! (Elle se tourna vers le Nephilim brun.) Jace est ton ami, tu le connais, tu sais qu'il pensait bien faire… même si c'était stupide de sa part.
Elle prononça les derniers mots de sa phrase après s'être tournée vers Jace, lui adressant un regard exaspéré. Alec soupira et lâcha la chemise de Jace, avant de lui faire signe de continuer.
– Il y a quelque chose de très important que vous devez savoir : je sais pourquoi Valentin a enlevé des enfants.
– On n'a plus le temps pour les devinettes, Jace. Viens-en au fait ! s'impatienta Alec, qui se tenait toujours debout face à son parabataï, les bras croisés sur le torse.
– Tous les enfants qui ont été enlevés ont un point commun. Ils sont comme moi.
Jusque-là, Magnus n'écoutait que d'une oreille les paroles du jeune Chasseur d'Ombres. Il était bien trop occupé à regarder Alec. Il était tiraillé entre l'envie de lui parler et la promesse qu'il s'était faite, d'oublier le jeune Lightwood. Cette fois, les mots de Jace retinrent son attention.
– Comment ça « comme toi » ?
– Valentin dit qu'ils sont améliorés. Ils auraient tous reçu du sang d'Ithuriel in utero.
Les traits du sorcier se figèrent alors que les autres commençaient à s'agiter. Chacun y allant de son commentaire, sur le fait que c'était impossible.
– Comment Valentin aurait-il pu approcher toutes ces femmes enceintes ? demanda Robert. Je n'y crois pas. Il t'a sûrement raconté cela pour t'amadouer.
Jace allait répliquer quand Magnus se leva et prit la parole.
– Je crois savoir comment, dit-il, avec un air énigmatique. Il faut que je vérifie quelque chose, je connais quelqu'un qui pourra me donner des réponses. Je vais faire vite.
Le sorcier se dirigea vers la porte tout en parlant. Avant qu'il n'y parvienne, Alec se mit sur son chemin.
– Je viens avec toi.
Magnus évita le regard déterminé du Chasseur d'Ombres.
– Non, répondit-il sèchement en voulant contourner son ex.
– Ce n'était pas une question, Magnus, insista le jeune homme. Je viens avec toi. Fin de la discussion.
Cette fois, Magnus scruta le regard du Nephilim avec étonnement. Alec avait beaucoup changé depuis leur première rencontre. Cela lui rappela toutes les raisons pour lesquelles il était tombé amoureux. Il vit qu'il ne pourrait pas le faire changer d'avis et se radoucit.
– Tu vas me retarder. Je fais vite, d'accord ?
– Si tu as une piste pour retrouver Max, je viens avec toi. Je ne peux pas rester là, à ne rien faire… s'il te plait.
Le sorcier ne put résister au regard implorant du jeune homme et capitula.
– OK. On y va.
Jace reprit ses explications. Lorsqu'il arriva au moment où Valentin le menaçait de s'en prendre aux siens, Maryse et Jia entrèrent dans la pièce. Il suspendit sa phrase et lança un regard à Robert.
– Je vais bien, les rassura Maryse, sans trembler. (Elle avait les yeux rougis, mais semblait plus sereine. Déterminée.) Continue, Jace.
– Quand j'ai refusé, Valentin s'est mis en colère, et m'a juré que j'allais le regretter. Il m'a laissé en plein milieu de la plaine de Brocelinde. J'ai couru aussi vite que j'ai pu, mais je ne suis pas arrivé à temps. Maryse, je suis tellement désolé.
Maryse le regarda tendrement, et le prit dans ses bras.
– Tu n'y es pour rien, voyons, lui dit-elle en caressant ses cheveux.
– Oh ! J'ai oublié de vous mentionner un détail important. Si Valentin a enlevé Max, ce n'est pas juste pour nous atteindre. Lui aussi a reçu du sang d'ange.
Maryse était déboussolée, mais Robert réagit aussitôt.
– Non, c'est impossible ! Nous n'aurions jamais laissé Valentin s'approcher de nous.
– Il a pourtant trouvé un moyen, marmonna Jace.
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– Où allons-nous ? demanda Alec, en sortant de la maison.
– Cela risque d'être un peu long à t'expliquer, répondit Magnus, en prenant une ruelle déserte. Pour faire court, la personne que j'ai été voir à notre arrivée… tu te rappelles ? (Alec acquiesça.) C'est un sorcier qui vit ici. Un de mes meilleurs amis. Ragnor Fell, ça te dit quelque chose ?
– Oui, vaguement. Quel est le rapport avec mon frère ?
– J'y viens. Tu sais que je ne donne pas ma confiance à beaucoup de gens, je faisais confiance à Ragnor… jusqu'à ce que je trouve ça.
Il sortit la fiole de sang angélique de sa poche et la lança à Alec.
– Qu'est-ce que c'est ? On dirait de l'or liquide.
– Raté. Une autre idée ?
Alec réfléchissait, les yeux braqués sur le liquide doré, quand soudain ...
– Par tous les anges ! Mais oui, on dirait de l'ichor… de l'ichor angélique.
Magnus sourit. Le Chasseur d'Ombres avait tapé dans le mille.
– Pourquoi un sorcier fidèle à l'Enclave aurait-il du sang angélique ? Je croyais que c'était interdit.
– Ça l'est ! confirma Magnus, les sourcils froncés. C'est pourquoi j'ai bien l'intention d'obtenir la vérité sur cette histoire.
Le portail les déposa à quelques mètres de la maison de Ragnor, Magnus envoya une salve d'étincelles bleues sur la porte qui s'ouvrit en grand.
– Tu aurais pu frapper, le réprimanda Alec.
– Perte de temps.
– Si tu le dis !
Le sorcier de Brooklyn entra dans la modeste maison et tomba sur son ami.
– M… Magnus ? Tu aurais pu frapper, voyons !
– C'est ce que je lui ai dit, ironisa Alec, en entrant à son tour.
Magnus reprit la fiole des mains d'Alec et la lança vers Ragnor, qui la rattrapa au vol.
– Je n'ai pas le temps pour les politesses, Ragnor. Tu m'expliques ? La vie d'un enfant de neuf ans est en jeu.
Alec n'avait pas encore eu l'occasion de voir Magnus aussi déterminé. Il était évident qu'il ne rigolait pas. Des flammèches bleues tirant sur le vert dansaient dans la main du sorcier, prêtes à être utilisées.
Ragnor grimaça.
– C'était donc toi, soupira-t-il. J'aurais dû m'en douter, tu as toujours été un fouineur de première.
– Que fais-tu avec de l'ichor angélique ?
– Magnus, tu me connais, quand même ! Je te promets que je n'ai rien fait de mal.
– Dans ce cas, dis-moi que tu ne travailles pas pour Valentin Morgenstern ou son fils.
Ragnor recula d'un pas.
– Ce n'est pas ce que tu crois.
Un masque de tristesse se posa sur le visage du sorcier aux yeux de chat.
– Comment as-tu pu ? Tu n'es qu'un traître !
Magnus leva la main, les flammes bleues formaient à présent une boule d'énergie.
– Attend ! Je n'aurais jamais fait de mal volontairement aux enfants. Jamais ! Oui, j'ai accepté l'argent de Valentin, mais il m'a dit qu'il voulait se racheter. Magnus… Pitié, laisse-moi t'expliquer.
– Magnus, souffla Alec, en posant une main sur l'épaule du sorcier.
– Je t'écoute, dit-il alors, en fermant le poing pour étouffer sa magie.
– Plusieurs années après l'Insurrection, alors que tout le monde le croyait mort, Valentin est venu me voir. Au début, j'ai refusé de lui parler, en lui claquant la porte au nez. Il a insisté et est resté devant ma porte pendant des heures jusqu'à ce que j'accepte enfin de l'écouter. Il n'avait rien à voir avec le leader charismatique et impitoyable du Cercle. Il avait les traits tirés et l'air si sincère quand il m'a dit qu'il regrettait. Il m'a demandé mon aide, en disant que j'étais le seul à pouvoir le faire et que je serais très bien récompensé. Il m'a aussi parlé de ses expériences, de ses fils. Jace l'enfant ange et Jonathan l'enfant démon. Le yin et le yang. Il regrettait d'avoir créé Jonathan, mais c'était son fils, son propre sang. Jace, en revanche, était sa fierté. C'est là qu'il m'a donné l'ichor, en me disant qu'il avait un plan pour se racheter. Moi, je n'avais rien d'autre à faire à part continuer de m'occuper des femmes enceintes d'Alicante, en ajoutant seulement cet ingrédient spécial à mes potions.
– Et… tu as accepté ? s'étrangla Magnus. Tu n'as pas trouvé ça louche ?
Ragnor baissa la tête et soupira, visiblement honteux.
– Non. J'y ai cru. Pour être honnête, j'ai même trouvé l'idée géniale. Le combat des Nephilim contre les démons est si inégal. Je ne comprends pas pourquoi les anges ne les aident pas en renforçant leurs lignées.
– Nous sommes des sorciers, Ragnor, cela ne nous concerne en rien ! Nous ne sommes pas là pour prendre parti.
– Je sais, mais j'ai fini par dire oui. Valentin m'avait assuré qu'il ne ferait de mal à personne, que son geste était altruiste. Il m'a prié d'être discret, personne ne devait savoir qu'il était en vie. J'ai accepté. Il m'a alors demandé un dernier service. Poser un sort de protection sur sa maison, où il vivait avec ses fils. Je n'ai pas posé de questions, je ne savais pas qu'il comptait enlever les enfants quand ils seraient grands. Je te le jure ! (Ragnor se tourna vers Alec.) Après la naissance de ton frère, Valentin m'a payé et a disparu. C'était il y a des années, je n'ai eu aucun contact avec lui depuis.
– Mon frère ? demanda Alec, confus.
– Oui, c'était le dernier de la liste. Le dixième enfant.
– Non… Max ne peut pas être… J'ai besoin d'air ! gémit le jeune Nephilim, en se ruant dehors.
Magnus soupira.
– Tu nous as mis dans un sacré pétrin ! gronda-t-il. Le sort sur la maison, lequel est-ce ?
– Une protection contre les runes et les sorts de localisation. Tu penses qu'il y détient les enfants ?
– Plus maintenant. Valentin est trop malin, il a déjà dû les déplacer. Il peut être n'importe où.
– Je veux t'aider, Magnus, dis-moi ce que je dois faire !
– Commence par annuler le sort de protection, et donne-moi ce dont j'ai besoin pour localiser Max Lightwood. Vite !
Ragnor fouilla dans ses placards et donna à son ami tous les ingrédients nécessaires à la réalisation du sort.
– Voilà, il te manque juste un objet personnel de l'enfant.
– Je sais. Alec et moi retournons chez les Penhallow sans perdre de temps. J'espère pour toi que nous allons retrouver Max à temps ! dit Magnus sur un ton sévère, avant de sortir à son tour.
Il rejoignit Alec et ouvrit un portail qui les déposa juste devant la porte de la grande maison aux murs dorés.
– Merci, dit Alec en attrapant le bras du sorcier. Tu n'étais pas obligé de faire ça.
Magnus capta alors le regard de son ex-petit ami, puis posa doucement sa main contre la joue du jeune homme.
– Tu n'as pas à me remercier. Max est ton petit frère, ce n'est qu'un enfant. Je te promets de tout faire pour le retrouver.
Alec lui répondit par un sourire reconnaissant. Une fois à l'intérieur, des éclats de voix leur parvinrent depuis le salon. Alec reconnut la voix de Jace, puis celle de son père. Toutes les personnes présentes dans la pièce se retournèrent alors vers les deux nouveaux arrivants. Ils n'étaient pas partis longtemps et, visiblement, Jace n'avait pas fini de s'expliquer. Magnus prit la parole le premier, répondant aux interrogations des Lightwood concernant Max.
– Jace a raison, dit-il, l'air sombre. Valentin a bien trouvé un moyen de vous approcher. Il a payé quelqu'un pour administrer le sang d'ange aux femmes enceintes d'Alicante. Il y a dix enfants concernés, dont Maxwell.
– Comment peux-tu en être aussi sûr ? rétorqua Maryse, d'une voix vacillante.
– Vous connaissez Ragnor Fell, n'est-ce pas ?
– Oui, il m'a été recommandé par une amie lors de ma dernière grossesse. Il m'a conseillé des potions à base de plantes vraiment efficaces, et tout ça gratuitement… Oh non… Pourquoi n'ai-je rien vu ?
– Le principal, maintenant, c'est de retrouver votre fils, continua Magnus, avec une lucidité étonnante. (Il posa les ingrédients pour le sort sur la grande table ronde.) Je vais tenter de le localiser. J'ai besoin d'un objet appartenant à Max, quelque chose qu'il affectionne particulièrement.
– Nous avons apporté si peu de choses, regretta Robert, soucieux.
Les yeux de Jace s'éclairèrent soudainement.
– Je sais ce qu'il nous faut, dit-il en sortant du salon, d'un pas rapide. Je reviens.
Il disparut pendant deux minutes à tout casser, montant et descendant les marches en marbre quatre à quatre, et réapparut en arborant un grand sourire.
– Tiens, je pense que ça fera l'affaire. Il ne s'en sépare jamais, dit-il en tendant un petit soldat en plomb à Magnus.
– Bien… Écarte-toi, s'il te plait. J'ai besoin d'espace et de silence.
Le sorcier commença par faire apparaître une carte d'Idris, qu'il étala sur la table en bois. Puis, il prononça des mots dans une langue étrange. Il serrait le jouet dans une main, tandis que les flammes dansaient autour de sa main libre. Les flammes grandissaient à mesure que le sorcier se rapprochait de l'endroit où se trouvait l'enfant. Au bout de seulement quelques minutes, la voix de Magnus retentit. Triomphante.
– Je l'ai trouvé !
Alec se rua vers le sorcier.
– Alors, il est vivant, pas vrai ? Max est vivant !
Voilàààààà, oui, oui je sais la fin n'est pas très sympa. Mais ça finit sur une note positive quand même, non ? :p
Comme j'ai du retard et que j'arrive bientôt à la fin, je compte vous poster le prochain dans quelques jours, donc restez connecté.
Un petit sondage du coup :
Vous pensez que Max sera retrouvé vivant ?
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:p
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Aly
