VORACITY I — New World
Arc 3 : L'Être aux Mille Visages
Chapitre 2
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Harddyn prit une grande respiration pour se calmer. Pas qu'il ait vraiment besoin d'oxygène, mais ce simple comportement humain familier l'apaisait. Sans doute les miracles de l'auto persuasion.
Toujours est-il qu'il était possible de retirer trois bénéfices au moins de ce désastre.
Premièrement, des informations supplémentaires. Grâce aux souvenirs de Clémentine, il avait parfaitement identifié les combattants sur lesquels était tombé Shalltear comme faisant partie en majorité de la Sainte Écriture des Ténèbres. Celui-ci comptait 13 membres en tout et 12 se trouvaient sur les lieux. La dernière du groupe était la vieille femme qui portait Beauté Destructrice de Châteaux et d'Empires. D'après ce que savait Harddyn, elle n'appartenait pas à une Sainte Écriture quelconque. Elle était plus une indépendante de rang élevée soumise à l'Église.
Toujours est-il que grâce à la particularité de Rétrocognition, il avait été possible pour Harddyn de voir les caractéristiques des personnes présentes. La vieille femme, Kaire, était assez ordinaire, mais pour ce qui est des membres de la Sainte Écriture des Ténèbres, c'était une autre histoire. Ainz et lui avaient déterminé que le niveau de ce monde était assez faible étant donné que Gazef Stronoff, considéré comme le Guerrier le plus fort du Royaume, n'était que de Niveau 30. Le fait que Clémentine ait été d'une puissance identique à la sienne lui semblait à présent moins impressionnant en comparaison des combattants présents.
En effet, aucun d'eux n'était en dessous du Niveau 50. Leur Capitaine, un jeune homme d'une vingtaine d'années à peine aux longs cheveux aile de corbeau, culminait même à 65. De plus, chacun était équipé d'armes et d'armures d'une qualité très élevée, principalement de Rang Légendaire avec quelques artefacts de Rang Divin. Bien sûr, c'était loin d'être à la hauteur des Forces de Nazarick, mais au vu de leur nombre et de leur travail d'équipe assez exceptionnelle, nul doute que cette équipe était des plus puissante.
Et encore, elle n'était pas au complet. En effet, les membres de la Sainte Écriture des Ténèbres disposaient d'un système hiérarchique appelé les « Sièges ». Le Capitaine était considéré comme le 1er Siège et cela se continuait jusqu'à 12. Cependant, ainsi qu'il l'avait découvert dans la mémoire de Clémentine, il y avait également un 13e membre à cette faction, un Siège supplémentaire qui ne semblait ni au-dessus ni au-dessous des autres. La personne qui l'occupait était d'ailleurs une énigme même pour Clémentine. Dans son esprit, cela donnait l'impression qu'elle avait toujours été là.
Parmi les souvenirs de la Guerrière, Harddyn avait pu saisir un flash, un aperçu d'une jeune femme d'une beauté irréelle et dénuée de sentiments avec de longs cheveux blancs d'un côté et noirs de l'autre et avec un œil noir d'un côté et blanc de l'autre. Clémentine ne connaissait pas son nom. Ou plutôt c'était comme si elle n'en avait jamais eux. Cependant, elle semblait posséder un surnom. Un surnom étrange. La Fin de la Mort, la Fin de la Vie.
Toujours est-il que même sans elle, la Sainte Écriture des Ténèbres demeurait puissante et surtout, elle avait ce qui faisait défaut à Shalltear : calme, stratégie et diversité. La Vampire tenait plus du char d'assaut qu'autre chose. Elle n'était pas faite (pour l'instant) pour être lâchée dans la nature comme cela. Elle n'avait pas la réflexion nécessaire. Pourtant Harddyn espérait qu'un jour elle pourrait l'acquérir.
Mais fort heureusement, avant de succomber au pouvoir de l'objet de Rang Monde, elle avait réussi à tuer deux des combattants qui l'attaquaient. C'était le second bénéfice de cette catastrophe. En l'amputant de deux de ses membres, elle les affaiblissait, mais elle les désorganisait du même coup. Un groupe avec un important travail d'équipe est durement touché par la perte de l'un de ses membres. Il devra non seulement changer de tactique pour s'adapter, mais aussi tenter de les remplacer. Cela pouvait prendre un moment, notamment pour apprendre à agir ensemble. Cela voulait dire qu'ils ne seraient plus une menace avant quelque temps.
Enfin, le dernier bénéfice venait du fait que les dégâts provoqués par Shalltear n'avaient pas atteint que la Sainte Écriture des Ténèbres. En effet, la mort de ses deux membres était seulement due à un coup de chance. En attaquant, la Vampire n'avait jamais eu l'intention de s'en prendre à eux, mais à la femme qui tentait de contrôler son esprit. Dans un sursaut de lucidité, elle avait réussi à envoyer sa lance droit sur elle. Les deux Guerriers s'étaient alors interposés, mais l'arme les avait traversés comme du beurre, les tuant sur le coup. Malgré tout, d'après ce qu'avait vu Harddyn, sa cible originelle était toujours en vie.
Cependant, ses blessures étaient suffisamment graves pour qu'elle ne puisse plus utiliser l'artefact avant longtemps et surtout qu'elle puisse contrôler Shalltear. En effet, l'une des contraintes de toute domination mentale était que seul le lanceur pouvait donner des ordres à la personne envoûtée. Aux portes de la mort, la femme ne pouvait rien faire. C'était la raison pour laquelle ils avaient tout simplement abandonné Shalltear et qu'elle était restée là, jusqu'à ce qu'elle soit attaquée et qu'elle se défendre par réflexe de survie.
C'est ce que rapporta Harddyn à Ainz alors que tous les deux devisaient entourés d'Albedo, de la Meute et des trois Seigneurs.
« Je vois… » dit pensivement Ainz. « Cette situation est des plus fâcheuses, mais si cela nous a permis d'affaiblir des ennemis et d'obtenir des informations sur eux alors c'est déjà ça. »
« En effet » acquiesça Harddyn.
« Mais nous ne sommes pas sortis d'affaire pour autant. Si Shalltear est victime d'un Objet de Rang Monde, il sera difficile de la ramener. Même Prier la Bonne Étoile n'a pas fonctionné. »
Ce qui n'était pas rien. Ce Sort Suprême permettait d'exaucer les vœux. Dans le jeu, en sacrifiant un certain nombre de points d'expérience, on avait accès à différents choix de vœux parmi une sélection d'environ 200 possibilités. Bien entendu, plus on en sacrifiait et plus les souhaits étaient importants. Certains pouvaient aller jusqu'à offrir plusieurs Niveaux pour en obtenir un puissant.
Cependant, d'après ce que lui avait expliqué Ainz, ce n'était pas la même chose dans ce monde. En effet, il avait découvert que la demande formulée pouvait être n'importe quoi. Il suffisait de donner des points d'expérience et d'énoncer son vœu. Mais si le sacrifice n'était pas suffisant alors le souhait ne se réalisait pas, mais les points d'expériences, eux, étaient bien perdus.
Or, Ainz avait beau ne pas posséder ce Sort, il disposait un artefact très rare, une bague appelée Étoile Filante, qui permettait de l'utiliser par trois fois. En contrepartie, le vœu, quel qu'il soit, ne nécessitait aucune perte d'expérience. Ce simple fait faisait de l'objet une puissance sur laquelle compter… et pourtant elle avait été inutile contre ce qui contrôlait Shalltear.
« D'autant plus qu'avec le grabuge qu'elle a causé… »
« Boss ! Maître Ainz ! » S'exclama alors Devon en interrompant Harddyn. « Des Humanoïdes marchent dans notre direction. »
Il avait enlevé ses bottes et se tenait pieds nus sur la terre de la plaine. Grâce à sa Compétence [Censeur Tellurique] de sa Classe de Seigneur des Terres, il pouvait sentir et identifier tout ce qu'il y avait sur le sol aux alentours. Il s'agissait d'une sorte d'écholocation. À courte distance, il pouvait même décrire la cible, mais s'il ne pouvait savoir autre chose que le fait que ce soit des plantigrades marchant sur deux jambes (autrement dit, des Humanoïdes), c'est qu'ils devaient être encore assez loin.
Harddyn envoya néanmoins un Oeil Flottant vérifier de quoi il retournait. Dans son esprit apparut alors un groupe de Combattants. À la plaque de fer autour de leur coup, il identifia aussitôt des Aventuriers.
« Nous devons rentrer » dit Ainz. « Nazarick doit être mise en alerte et nous devons prendre plus de précautions. »
Harddyn hocha la tête. Ils avaient peut-être été un peu trop nonchalants jusque-là et Shalltear en avait fait les frais. Malheureusement, il existait une possibilité qu'ils ne puissent jamais s'excuser auprès d'elle, car le seul moyen de la faire revenir serait sans doute… de la tuer.
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Ainz avait rappelé tous les PNJ en dehors de Nazarick. Les seuls qui restaient étaient Sebas et Solution. Dans le pire des cas, ils serviraient d'appâts. Tous les deux étaient au courant et l'acceptaient. Ce serait pour eux un honneur de mourir pour leurs Maîtres. Ainz avait dû leur interdire d'arriver à de telles extrémités.
Harddyn, lui, était ailleurs. Ailleurs dans sa tête. Assis sur le trône de Nazarick à la place de Ainz qui s'occupait du rapatriement, il semblait avoir les yeux dans le vide. Ce n'était pas le cas. C'était juste qu'il regardait quelque chose que les autres ne pouvaient pas voir. Sa Fiche de Caractéristiques et en particulier ses Stats Généraux.
La décision que lui et Ainz avaient prise au sujet de Shalltear tournait dans sa tête. La Mort. Les PNJ pouvaient mourir. C'était dans l'ordre des choses, les règles du jeu. S'ils possédaient des PV et que ceux-ci atteignaient 0, alors comme dans YGGDRASIL, ils mourraient. Cependant, rien ne disait que, comme dans YGGDRASIL, ils pourraient être ressuscités grâce au système du Donjon contre une faramineuse montagne d'or.
Il était donc possible que Shalltear ne revienne jamais. Il était également possible que les autres puissent mourir. Albedo, Sebas, Aura, Mare, Démiurge, Cocytus, les 100… Ainz. Tout puissants qu'ils soient, ils ignoraient encore les mystères de ce Nouveau Monde. Ils ignoraient s'il n'existait, quelque part, inconnu de tous, une créature ou un être capable de les vaincre. La Mort avait dit à Harddyn que c'était un monde pour lui. Cela ne voulait pas dire qu'elle ne lui avait pas laissé un peu de challenge.
Et c'est pour cela qu'il regardait ses Stats, ses PV. Parce qu'il avait des PV. Des Points de Vie. Il en avait énormément. Plus que quiconque même. Ils avaient beau être restreints par les Neufs Cercles des Enfers, il en possédait encore un grand nombre. Mais voilà, le fait est qu'il en possédait. Cela voulait dire qu'il n'était pas « immunisé » contre la mort. Plus maintenant. En entrant dans ce jeu, il avait perdu son invincibilité. Il fallait donc qu'il trouve quelque chose pour la remplacer. Il avait toujours été fort, mais pas autant qu'il était nécessaire à présent parce qu'il était invincible. On ne pouvait s'en prendre à lui et il n'avait personne dont le décès pouvait le toucher. Mais c'était différent maintenant. S'il voulait se protéger et protéger son monde, il allait devoir être plus fort encore.
Effaçant la fenêtre flottante devant lui, il se leva. L'anneau d'or décoré d'une pierre rouge qu'il possédait lui permit de se téléporter jusqu'à Ashurbanipal. La grande bibliothèque était calme. Personne ne le vit ouvrir la porte et se glisser dans l'Oasis. Pas même les 5 Doigts.
« Chess, bats le rappel des troupes » dit-il par la pensée à son serviteur alors que ses ailes le portaient dans le ciel azur parfait. « Les 100, la Multitude des Forts et l'Infinité des Deux. Je veux que tous soient présents le plus rapidement possible dans les gradins du Coliseum. »
« Même… »
« Oui, même elle. Aucune exception. »
« Comme il vous plaira, Nya » répondit le majordome. « Et qu'en est-il de la Totalité des Uns ? »
Harddyn se crispa. Il ferma les yeux et respira à nouveau.
« Je m'en occupe » dit-il.
« Très bien, Maître, Nya »
Harddyn coupa la communication. Il vola rapidement jusqu'au palais de l'Oasis, mais au lieu de se poser sur l'allée bordée de statues, il dériva sur la droite et atterrit sur le parvis du premier pavillon. Comme tous les autres, celui-ci semblait tout droit sorti des mille et une nuits et était décoré d'or et de pierre de toutes les couleurs formant un ensemble chamarré scintillant sous le soleil. Harddyn pénétra dans le vaste hall en forme d'octogone de marbre brillant puis leva les yeux vers le dôme qui la surplombait.
Il soupira à nouveau.
« Rassemblement ! » S'exclama-t-il alors.
Il n'eut pas longtemps à attendre avant de percevoir le bruit de portes qui s'ouvrent et celui des pas martelant le sol. Au bout de quelques secondes, les premières personnes arrivèrent dans la salle et se mirent en rang devant Harddyn. Ils étaient toujours pareils à eux-mêmes, grotesques silhouettes grises et imprécises. Ils marchaient avec pesanteur et se tenaient droits face à lui sans même remarquer qu'il était là.
Leur esprit était aussi inexistant que leur apparence. Ils n'avaient pas été créés pour être ou ressentir, seulement pour expérimenter. Ils vivaient dans ce palais magnifique, mais ils ne faisaient que rester debout, chacun dans une chambre à attendre qu'on veuille bien leur donner des ordres. Et voilà que c'était fait. Et comme il avait été inscrit dans leur code, ils se retrouvaient dans ce hall, à guetter le prochain que leur donnerait leur Maître et Créateur.
Celui-ci les regarda quelques instants. Il se souvenait quand il avait conçu chacun d'eux. À cette époque, ils n'avaient aucune importance. Ils n'étaient que des poupées programmées pour l'aider à améliorer le reste et ensuite abandonner, car devenus inutiles. Mais aujourd'hui, ils allaient enfin servir à nouveau. Pour la dernière fois.
« Suivez-moi » dit alors Harddyn.
Il ne reprit pas le même chemin que lorsqu'il était entré. Une allée plus petite reliait les pavillons au palais principal. Il la parcourut jusqu'à arriver devant d'imposantes portes qui menaient dans la grande salle de l'escalier. Il n'avait pas besoin de regarder en arrière pour savoir que les PNJ le suivaient. Il le fit pourtant. Il avait même adapté son allure à la leur, programmée pour être régulière. De même, il les entraîna ensuite dans les marches au lieu de simplement voler jusqu'en haut. Certes, ils auraient suivi sa trace. Ils auraient avancé de leur pas égal et auraient fini par le rejoindre, mais Harddyn ne le voulait pas. Il voulait les mener, ils voulaient que les autres le voient les mener, qu'ils sachent qu'ils étaient aussi importants qu'eux. Alors il monta les marchés sujets à une et conduisit la Totalité des Uns jusqu'au pont qui reliait le palais au Coliseum.
Les gradins n'avaient jamais été si pleins. En face de l'entrée se trouvaient les 100, tous différents, tous uniques. À leur droite, il y avait la Multitude des Forts, la plupart identiques, peu de variations, mais avec leurs propres personnalités. À l'opposé était assis l'Infinité des Deux, nombreux, amassés presque les uns contre les autres, poupées grises comme ceux de la Totalité des Uns, mais eux ne le resteraient pas. Harddyn s'en assurerait.
Celui-ci traversa alors la grande arène jusqu'au bout puis se figea et se retourna vers la longue colonne de PNJ informes à sa suite. D'un seul mot, les PNJ se mirent à bouger par eux-mêmes, s'étalant sur toute la surface de sable, en lignes droites et régulières. Harddyn les laissa face aux gradins et se téléporta dans sa tribune. Debout sur le large parapet de pierre, il était à présent visible de tous.
Sonorus
C'était étrange. Jamais auparavant il n'avait eu besoin de ce sort. Il n'avait jamais eu de foule à laquelle s'adresser. Mais cette fois, c'était le cas et il voulait être entendu.
« PNJ de l'Oasis, Serviteurs de Nazarick, mes Créations » dit-il d'une voix calme qui résonna pourtant dans les moindres recoins de l'amphithéâtre. « Depuis que nous sommes dans ce monde, nous avons exploré, nous avons appris et ce que nous avons appris, c'est que nous devons nous adapter. Nous adapter pour devenir plus fort. Changer nos façons de voir les choses, de combattre, changer la façon dont nous nous présentons au reste du monde. Chacun d'entre nous doit changer. Même moi. »
L'écho de ses derniers mots mourut dans l'arène. Le silence était à présent palpable. Harddyn pouvait sentir près d'un millier de regards braqués sur lui.
« Mais changer pour devenir plus fort peut demander des sacrifices. Aujourd'hui, celui qui va changer, c'est moi. Quant au sacrifice qui sera fait, il se trouve sous vos yeux. »
Harddyn entendit les bras et montra la Totalité des Uns dans l'arène, toujours figée.
« En tant que créateur d'YGGDRASIL et Administrateur, j'ai constamment été au-delà des simples Joueurs » poursuivit-il. « C'est encore plus vrai dans ce monde où il s'avère que j'ai le pouvoir de manipuler cette réalité qui est la nôtre à présent. »
En disant ces mots, son regard se promena parmi l'auditoire. À la limite entre les 100 et la Multitude des Forts, il croisa celui d'une femme aux boucles cuivrées et aux formes amples. Anya. La preuve de sa puissance. Elle se tenait droite, les mains sur ses cuisses recouvertes par le tissu soyeux de sa robe de taffetas. Jeanne-Elizabeth avait bien œuvré avec elle. La jeune demoiselle aux longs cheveux blancs était justement assise à côté d'elle. Elle avait remarqué le regard de son maître sur son élève et sa poitrine se gonflait de fierté. À ses côtés, les Petites Filles Modèles gloussaient entre elles.
« Cette position élevée me donne le pouvoir de me modifier moi-même, d'abandonner certaines de mes capacités et d'en acquérir de nouveaux presque à volonté. Grâce à cela, je ne suis plus exactement celui que j'étais quand je suis parti. »
Il entendit alors les mains d'où jaillirent des deux d'artifices qui crépitèrent dans les airs au-dessus du Coliseum.
« Certains l'ont remarqué. D'autres non. Qu'importe. Mais ce pouvoir à une limite. Si je veux changer, je dois répliquer la force de ceux que j'ai absorbés. Déjà, celle de mes anciennes existences est en moi. Leur Force, leur Magie, leur Sang et leurs Connaissances sont miens à présent. Mais cela ne suffit pas. Cela ne peut suffire. Il est une époque ou mourir n'était pas pour moi une option. Aujourd'hui, elle l'est. Tout comme le plus faible des monstres, si jamais il s'avérait que je rencontre un adversaire à ma mesure, il pourrait ôter ma vie. C'est un fait. »
Un léger brouhaha se fit alors entendre. Harddyn patienta quelques instants avant de lever les bras pour demander à nouveau le silence.
« Et c'est pour cela que je dois moi aussi devenir plus fort. Pour demeurer à vos côtés et vous guider. »
Il désigna encore une fois les PNJ dans l'arène.
« La Totalité des Uns est le pouvoir que je recherche. À eux tous, ils assemblent toute la Connaissance et le Sang d'YGGDRASIL. En eux s'incarnent toutes les Classes et Races que j'ai créées, toutes celles qui ont servi ou non à bâtir mon Monde. Et aujourd'hui, je souhaite qu'elles me reviennent afin de me rendre plus fort. »
Puis Harddyn fixa l'assistance avec intensité. Il voulait que chacun d'eux perçoive son regard comme s'il leur parlait à eux personnellement.
« Mais je ne voulais pas faire cela dans l'ombre. Je ne voulais pas vous enlever vos frères et sœurs sans que vous ayez pu vous dire au revoir et eu l'assurance qu'un tel sacrifice ne serait plus jamais nécessaire. »
Le silence qui suivit ces mots fut pesant. Certains des PNJ de l'assistance le regardaient lui. D'autres se regardaient la Totalité des Uns ou leur camarade dans les gradins. Harddyn, lui, attendait. Il attendait que quelqu'un bouge, réagisse pour lui dire… il ne savait pas. Pour protester ? Pour l'encourager ? Le dissuader ? L'insulter même ? Peu importe. Il voulait juste que quelqu'un réagisse.
Et c'est ce qui se passa. Au bout de quelques minutes, quelqu'un se leva parmi les 100. Une femme. Suprema. Longiligne, elle possédait une ample chevelure argentée qui ressortait sur son teint de porcelaine et elle fixait Harddyn avec ses yeux intégralement lavande.
« Nous, PNJ de l'Oasis, vivons pour vous servir Maître Harddyn » dit-elle.
Sa voix était claire et douce, mais comme pour celle d'Harddyn, elle était audible partout dans l'amphithéâtre.
« Et nous mourrions également pour vous servir » poursuivit Suprema. « Le sacrifice que vous nous demandez n'en est pas un à nos yeux. C'est un honneur qui est partagé par tous ici, même par nos frères et sœurs sans âme de la Totalité des Uns. »
Elle baissa alors le regard vers l'arène et sourit aux figures grises alignées sur le sable.
« Être absorbé par vous serait la plus grande récompense qui soit. Ils ont tellement de chance. »
Sa voix n'était qu'un murmure, mais pourtant tous l'entendirent. D'autres s'élevèrent alors dans les gradins pour acquiescer aux paroles de la PNJ. Suprema eut un petit sourire gêné et se rassit, mais tout autour d'elle, le stade bruissait de voix qui approuvaient et encourageaient même Harddyn.
Celui-ci ouvrit alors ses ailes et se posa délicatement sur le sable de l'arène. Son corps se mit à fondre et à couler sur le sol en devenant une boue noirâtre aux reflets de pétrole. Celle-ci commença à frémir puis à se tortiller et ondoyer doucement en prenant plus d'ampleur. Un tentacule jaillit alors de la masse et s'éleva dans les airs, pareil à un long cou de cygne.
C'est alors que le miracle se produisit. Les marionnettes de la Totalité des Uns, qui depuis le début n'avaient pas bougé et étaient orientées vers le fond de l'arène, se tournèrent vers Harddyn. Chacun à sa propre vitesse, comme mue par une volonté propre, chacun d'eux se mire face à leur créateur.
Voyant cela, Harddyn hésita. C'était impossible. Ils ne pouvaient pas soudain être en vie… n'est-ce pas ? Et s'ils l'étaient, pouvait-il décemment les sacrifier ? Est-ce que c'était juste ?
Mais à ce moment-là, tous se mirent à genoux face à sa forme imposante. Chacun d'eux posa un genou à terre et baissa la tête. Ils étaient prêts. Ils acceptaient. Ils se soumettaient. Comme Suprema l'avait dit, c'était un honneur pour eux de mourir pour lui.
Alors Harddyn plongea. L'arène fut envahie de son flot visqueux et grouillant et tous les PNJ disparurent à l'intérieur de ce magma noir qu'était leur Maître. Dans les gradins, les autres s'étaient tus. Par respect pour leur Créateur et leurs frères et sœurs, ils conservaient le silence.
Ce n'est qu'au bout d'un moment que la masse sombre se contracta lentement jusqu'à ce qu'il ne reste plus au centre qu'une sphère ondulante qui prit la forme d'un être humanoïde pourvut de cornes et de deux grandes ailes. À ce moment-là, une voix s'éleva.
« Gloire à nos frères et sœurs de la Totalité des Uns ! » Dit celle-ci. « Ils vivront éternellement en notre Maître Bien-Aimés. Gloire à lui ! Gloire à Harddyn Emeryas, notre Créateur, l'Être aux Mille Visages ! »
Car oui, à présent Harddyn pouvait être qui il voulait. Il n'avait plus de limites.
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Harddyn se sentait encore légèrement engourdie par l'afflux de pouvoir dans son corps. Certes, aucun des PNJ de la Totalité des Uns n'était puissant, mais leurs forces mises bout à bout pouvaient représenter une somme assez conséquente. Heureusement, les Neuf Cercles de l'Enfer avaient parfaitement absorbé la différence et lui-même parvenait à présent presque à la maîtriser.
Cependant, l'éclat qui l'accueillit à son arrivée dans le hall principal de la Trésorerie de Nazarick lui fit plisser les paupières et chassa la brume de son esprit. Bien entendu, l'amoncellement d'or qu'il avait sous les yeux était loin d'être aussi prodigieux que l'immense océan qui se trouvait sous l'Oasis. Pourtant, la vaste salle aux murs sans fin parés de niches remplies de richesses restait impressionnante.
Le spectacle était si impressionnant que deux soupirs d'admiration se firent entendre. Pour leur voyage dans l'un des endroits les plus secrets du Grand Tombeau, Ainz, qui avait demandé à son ami de l'accompagner, était escorté par Albedo et deux des Pléiades, Yuri Alpha et CZ2128 Delta. C'était l'émerveillement des deux premières qui avaient résonné et pour cause, elles n'avaient jamais contemplé ce spectacle.
La Trésorerie n'était pas connectée aux autres niveaux. À l'époque du jeu, l'unique moyen pour s'y rendre était d'utiliser les Anneaux d'Ainz Ooal Gown. Or jusqu'à récemment, il n'y avait que les membres de la Guilde qui en possédaient un. Aujourd'hui, tous les Serviteurs de Nazarick avaient des objets similaires pour se déplacer à loisir dans le Grand Tombeau. Cependant, seuls les Anneaux originaux permettaient d'accéder à cette pièce, c'est-à-dire ceux d'Ainz et d'Harddyn. Pour qu'une autre personne puisse s'y rendre, il fallait que l'un d'eux leur donne une autorisation temporaire. C'est ce qui avait été fait pour Albedo et les deux soubrettes.
« 66 % d'émerveillement » dit la voix d'Ainz dans la tête d'Harddyn.
« Hein ? » Demanda celui-ci.
« Deux sur les trois ont été impressionnés par notre salle du trésor » lui précisa son ami.
Harddyn hésita quelques instants puis son regard tomba sur les trois femmes.
« En même temps, tu ne peux pas demander des miracles à CZ » lui répondit-il en utilisant le surnom de la servante.
Comme son nom, qui ressemblait plus à un numéro de série, le suggérait, CZ2128 Delta était un Automate. Elle faisait partie de la catégorie des Races Synthétiques à l'instar des Androïdes, les Méchas et les Intelligences Artificielles. Cependant, contrairement à des PNJ comme Nyan Nyan Katz ou Sarin qu'Harddyn avait créés, CZ était d'une nature plus silencieuse et montrait moins ses émotions. Elle en possédait pourtant si l'on considérait son dégoût pour l'anthropophagie et son goût pour les choses mignonnes.
Comme toutes les Pléiades, elle était très belle. Son visage était celui d'une enfant, parfait en tout point à l'exception d'un grand cache-œil noir. Son autre œil était d'un vert amande avec une pupille en forme de cible de sniper. Ses cheveux, eux, descendaient jusqu'à ses cuisses et étaient d'une teinte blond-roux. Elle portait également une tenue de soubrette renforcée par des plaques d'armures ainsi que des collants, des gants, une écharpe et une coiffe aux motifs camouflages.
Ainz commença à s'avancer dans la pièce suivie par Harddyn. Celui-ci ne savait pas bien pourquoi son ami lui avait demandé de le rejoindre. Et lui n'avait pas posé de questions. Quand il avait reçu la communication mentale, il venait juste de finir de dévorer ses fidèles PNJ et était encore plus dans le brouillard qu'à son arrivée ici.
« Maître Ainz ? Maître Harddyn ? » Appela alors Yuri Alpha en redressant ses lunettes sur son nez. « Je me demandais pourquoi ces trésors n'étaient pas mieux entreposés. Même s'ils sont protégés par un sort, je doute que cette méthode de conservation soit des plus appropriés. »
Yuri Alpha était la meneuse des Pléiades. Après Sebas, bien sûr. Elle était plus grande que les autres et ses lunettes ainsi que ses cheveux noirs soigneusement coiffés en chignon lui donnaient un air plus mature. Sa robe de soubrette était longue et moins renforcée que celles de ses sœurs pour lui permettre une mobilité plus importante à cause de ses Classes de Guerrière de mêlée. Elle avait d'ailleurs à ses poignets d'épais gantelets remontants presque jusqu'à ses coudes et recouverts de piques. D'un style très épuré, elle ne portait aucun ornement à part un collier-de-chien autour de son cou. Cependant, loin d'être un simple bijou, celui-ci lui était essentiel pour garder la tête sur les épaules. Littéralement puisqu'elle était une Dullahan, une sorte de Mort-Vivant féerique dont la tête était détachée du corps.
D'une nature calme, elle était également autoritaire quand il s'agissait de ses devoirs. En effet, elle avait un grand sens des responsabilités. Sens assez exacerbé puisqu'elle ne supportait pas le désordre qu'elle voyait autour d'elle. Ce n'était pas digne de Nazarick.
« Si vous nous en donnez l'ordre, nous pourrions… »
« Regarde plus attentivement autour de toi » l'interrompit Ainz.
La femme observa les trésors sous ses yeux. Outre les pièces de monnaie, il y avait des coupes ciselées, des sceptres parés de joyaux, des fourrures chatoyantes, des statuettes de pierres exotiques, des autels votifs en albâtre et en obsidienne, des fleurs de cristal… en clair, seulement de la camelote sans valeur.
« Veuillez nous pardonner, nous et notre manque de réflexion » dit alors la servante en s'inclinant.
Ainz hocha simplement la tête puis utilisa le sort Vol de Masse pour les transporter lui et les deux de l'autre côté des montagnes d'or. Harddyn et Albedo, eux, avaient leurs propres ailes donc ils le suivirent par-dessus les trésors et surtout le poison qui saturait l'atmosphère, première ligne de défense des possessions du Grand Tombeau de Nazarick. Toutes les personnes présentes étaient immunisées, Ainz et Yuri en tant que Morts-Vivants, CZ en tant qu'Automate et Harddyn et Albedo en tant que Démon.
Ainz se posa finalement devant une haute porte qui semblait faite de ténèbres solides. Il hésita quelques instants, essayant de se souvenir du mot de passe.
« Gloire à Ainz Ooal Gown » dit Harddyn.
Une phrase apparut alors sur la partie supérieure de la porte. Les lettres calligraphiées étaient d'un blanc lumineux. Le texte, lui, était en latin et issu de « la Table d'Émeraude », d'Hermes Trismégiste, le fondateur mythique de l'alchimie.
« Ascendit a terra in caelum, iterumque descendit in terram, et recipit vim superiorem et inferiorem. »
Harddyn connaissait le latin. Cela datait de vacances ennuyeuses quand il avait commencé à voyager d'université en université au début du XXIe siècle. Rétrospectivement, il pensait que cela aurait été utile de comprendre cette langue durant ses études à Poudlard vu que la majorité des sorts en provenaient. À son avis, il était essentiel de saisir exactement ce que l'on disait pour éviter les problèmes en faisant de la magie.
Cependant, il n'avait pas besoin de traduire la phrase pour connaître sa signification. En effet, il avait déjà lu et retenu cet ouvrage en entier depuis des décennies. Cette partie du texte voulait dire : « Il monte de la terre au ciel, derechef descend en terre et reçoit la force des choses supérieures et inférieures. »
Il y avait plusieurs portes aux alentours de la pièce, chacune disposant de sa propre citation tirée du recueil alchimique. Il faut dire que la Trésorerie avait été l'œuvre de trois personnes en particulier : Genjiro, Tabula Smaragdina et Ainz (qui a l'époque était bien sûr encore appelé Momonga). La première, qui était une vraie maniaque du rangement, avait trié toutes les possessions de la Guilde selon leur nature : armes et armures, accessoires, objets consommables, objets originaux, etc. Le second, avec son souci du détail, s'était occupé de la sécurité. Il avait choisi des citations de son livre préféré (dont son nom était en fait la version latine du titre) pour chacun des espaces. Celle-ci était découpée en deux parties, la première servait d'indice et s'inscrivait sur la porte et la seconde devait être prononcée par la personne qui désirait entrer. Autant dire que seuls ceux avec une excellente mémoire se risquaient à descendre ici.
En tout les cas, les mots que les deux amis avaient sous les yeux ne voulaient dire qu'une chose, qu'ils se rendaient à l'armurerie. Harddyn comprit aussitôt pourquoi.
« Voyons, je crois que la phrase est… "Tu auras par ce moyen la lumière du Monde et toute l'obscurité s'éloignera de toi". C'est ça ? »
Harddyn hocha la tête. Fort heureusement, Tabula n'était pas assez sadique pour forcer ses camarades à retenir des citations en latin. Cela restait tout de même beaucoup à se rappeler. Pour Harddyn, cela ne posait bien sûr pas de problème. Cependant, il savait que s'il n'était pas là, Ainz pourrait toujours compter sur CZ. En effet, son créateur, Garnet, avait programmé en elle l'intégralité des systèmes de sécurité de Nazarick. Elle pouvait donc aider qui que ce soit à les débloquer. Bien qu'il ne l'ait jamais dit, Harddyn était sûr que son geste était motivé par le fait qu'il avait une très mauvaise mémoire, trop mauvaise pour retenir tous les mots de passe tordus de ses compagnons de Guilde.
La porte de ténèbres se dissipa et ouvrit sur un long couloir à la lumière douce et tamisée. Il semblait s'étirer à l'infini et était large d'une dizaine de mètres et haut de cinq. Le sol était dallé de marbre noir. Les murs, eux paraissaient faits d'une multitude de parpaings verticaux de béton ciré. Sur chacun d'eux étaient encastrées des vitrines contenant armes et armures de toutes les sortes, couleurs, formes et tailles. Le rêve de n'importe quel Combattant. Pourtant, Ainz n'y jeta pas un coup d'œil et Harddyn non plus. Ce qui les intéressait n'était pas là.
« Tu nous emmènes au Mausolée, n'est-ce pas ? » Demanda Harddyn à son ami.
« Oui » acquiesça celui-ci.
« Excusez-moi, Maîtres, mais qu'est-ce que le Mausolée ? » Interrogea Albedo.
« Donc tu ignores ce que c'est » murmura Ainz pour lui-même. « Est-ce que tu connais au moins Pandora's Actor ? »
« Oui » répondit la femme. « Il est apparu dans les documents de gestion du Grand Tombeau… Pandora's Actor : Gardien de la Zone de la Trésorerie. Aussi puissant que Démiurge et moi. Son rôle consiste à administrer la salle du trésor et de préparer les pièces d'or a utilisé lors du déploiement du système de défense de Nazarick, entre autres. Pour faire simple, c'est notre comptable. »
« Tu n'as pas tort » lui répondit Ainz. « Mais c'est loin d'êtres complet. Il est également… »
Soudain, il se figea et le groupe avec lui. La réaction la plus vive provint d'Albedo qui écarquilla les yeux et porta ses mains à sa bouche pour étouffer un cri de surprise.
« Maître Tabula Smaragdina » s'étrangla-t-elle.
Ils étaient arrivés dans une vaste salle décorée exactement comme le couloir qu'ils venaient de traverser. Au centre de celle-ci se trouvait un canapé et, assis dessus, un être qui se leva à leur entrée. Longiligne et dégingandée, sa peau était d'un blanc marbré de veinules sombres. Sa tête ressemblait à un poulpe dont les tentacules descendaient presque jusqu'au sol. Elle était percée de morceaux de métal formant une auréole noire et un masque grotesque figurant deux yeux globuleux. Il était vêtu d'une tenue sado-maso de vinyle noir et brillant qui recouvrait tout le bas de son corps notamment ses pieds en forme de sabots et une ample cape de satin qui trainait sur les dalles. Ses bras démesurés étaient terminés par des mains aux doigts presque tout aussi longs et crochus, comme d'immenses serres.
L'être ressemblait en effet en tout point à leur ami Tabula Smaragdina, le Créateur d'Albedo, mais Ainz, comme Harddyn, savait parfaitement que ce n'était pas lui. Albedo, elle aussi finit par s'en rendre compte. C'était celui qui était à l'origine de son existence après tout. Cependant, contrairement à ses maîtres, elle ignorait qui pouvait être l'imposteur.
« Qui es-tu ? » S'exclama-t-elle alors que les soubrettes derrière elle se préparaient au combat. « Tu auras beau imiter l'apparence d'un Être Suprême, on ne saurait me berner avec celle de mon Créateur. »
L'être hocha simplement sa tête sur le côté sans répondre. De leur côté, Harddyn et Ainz ne dirent rien non plus.
« Très bien » siffla la Succube d'une voix glaciale. « Tuez-le ! »
Yuri et CZ étaient prêtes, mais aucune d'elles ne bougea. Elles étaient troublées. Elles avaient du mal à ne pas reconnaître en cet être l'un de leurs Maîtres.
« Ça suffit, Pandora's Actor » dit finalement Ainz en soupirant d'exaspération. « Reprends ta forme d'origine. »
Aussitôt, la silhouette de poulpe de Tabula se mit à fondre et il ne fallut que quelques instants pour que l'être qui se tenait devant eux change totalement d'apparence. Il était toujours longiligne, mais il était plus humanoïde. Ou plutôt il ressemblait à une caricature d'humain, a ces sortes de bonshommes dessinés par les enfants. Des jambes interminables comme des spaghettis, des bras souples, des mains à quatre longs doigts et une tête d'œuf sans relief avec seulement deux trous ronds pour les yeux et un plus grand pour la bouche.
Un Doppelgänger.
Ou plutôt, si l'on considérait le nombre de ses doigts, un Doppelgänger Supérieur, capable de prendre de très diverses formes et de pouvoir utiliser 80 % de pouvoirs de chacune d'elle. Pandora's Actor, lui, pouvait prendre celle de chacun des 41 Êtres Suprêmes de Nazarick.
Il était vêtu d'un uniforme de SS jaune canari à doublure rouge avec des bottes serrées noires, un long manteau brun posé sur ses épaules et une casquette. Il assortit sa transformation d'un claquement de ses talons et d'un salut militaire formel, le tout fortement exagéré.
« Je suis enchanté de votre visite, mon cher Créateur, Maître Momonga ! »
Car, en effet, Pandora's Actor était bien le PNJ qu'avait créé Ainz comme l'insigne sur sa casquette, celle de Momonga, l'attestait.
« Tu as l'air d'aller bien… » dit prudemment Ainz.
« Oui. Je suis en parfaite santé ! Que me vaut l'honneur de votre visite ? Et en si glorieuse compagnie que Maître Harddyn lui-même dont le charme ne peut-être égaler que par la Régente des Gardiens elle-même qui se trouve à vos côtés avec ces deux charmantes petites servantes. »
Il parlait avec un ton grandiloquent et de grands gestes exagérés.
« Nous devons nous rendre au Mausolée pour… »
Ainz ne termina pas sa phrase et se tourna vers Harddyn.
« Je sais pourquoi tu veux aller au Mausolée et ce que tu comptes y prendre et je suis d'accord. C'est dangereux, mais nécessaire. Avec ce qui s'est passé, nous avons besoin des Objets de Rang Monde. »
Eux seuls pouvaient les protéger contre les pouvoirs subjuguant déployés par la Beauté Destructrice de Châteaux et d'Empires.
« Comment ? L'heure est-elle venue de montrer au monde leur puissance ? » Demanda Pandora's Actor avec un air choqué (ou autant que faire se peut sur son visage inexpressif).
« Sérieux… c'est ringard… » marmonna Ainz pour lui-même.
Mais Harddyn l'entendit parfaitement et ricana. Ainz avait dû trouver que cette attitude et cet accoutrement devaient faire cool à l'époque où il avait programmé son PNJ. Aujourd'hui, ce devait être plus gênant qu'autre chose.
« J'ai l'intention d'emporter Avarice et Désintéressement, la Coupe de Hygeia, Un Million de Lames et Carte de la Nature et de la Nation » dit Ainz pour couper court à une autre réaction.
« Et les deux restants ? » Demanda le Doppelgänger.
« Ils ne peuvent être utilisés qu'une fois, mieux vaut réfléchir à comment les employer pour un bénéfice optimal » répondit Harddyn avant de se trouver vers Ainz. « N'est-ce pas ce que tu pensais ? »
« Oui, j'espérais que peut-être nous pourrions les utiliser pour en trouver d'autres. »
L'idée n'était pas mauvaise, mais à ce moment-là, Harddyn se rendit compte qu'il y avait un bien meilleur moyen pour cela. Il voulut en parler à Ainz, mais celui-ci était en train de se disputer avec Pandora's Actor. Il devait probablement lui commander de mettre ses réactions en sourdines. Il préféra abandonner pour le moment, mais il s'assura que son ami l'écoute une fois les précieux objets dans son inventaire.
« Pourrais-tu venir avec moi, s'il te plait ? » Lui demanda-t-il. « Il faut que je te montre quelque chose. »
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Ainz fut ébloui par le soleil de l'Oasis. Malheureusement, il ne pouvait plisser des paupières puisqu'il n'en avait pas. Cette fois, ce fut Harddyn qui utilisa le Sort Vol de Masse sur son ami ainsi que sur Albedo. Cette dernière ne savait pas où ils allaient.
Grâce à la magie, l'Incube s'élança dans le ciel avec ses deux passagers et les conduisit jusqu'à son magnifique palais perdu dans son écrin de sable.
« Incroyable… » murmura Ainz.
Celui-ci n'était encore jamais venu ici. Harddyn l'avait invité à y aller quand il le désirait, même en son absence, mais jamais l'Overlord n'avait osé. Cependant, à présent qu'il voyait le spectacle sous ses yeux, il se disait qu'il aurait dû.
Harddyn les fit pénétrer dans son domaine et les conduisit dans divers couloirs jusqu'à une grande porte fermée. Avant celle-ci, toutes celles qu'ils avaient croisées étaient ouvertes et donnaient sur des chambres remplies de richesses qui faisaient paraître la Trésorerie qu'ils venaient de quitter pour un tas de bibelots de pacotille. La mâchoire de Ainz s'était même décrochée quand il avait vu un coffret plein d'Étoiles Filantes. Dire que lui avait dû dépenser presque l'équivalent d'un mois de salaire pour réussir à en avoir une seule aux jeux de tirages alors qu'il y en avait des centaines juste à portée de main.
« Albedo. Attends-nous ici, je te prie » dit alors Harddyn.
« Comme il vous plaira, Maître. »
Harddyn hocha la tête puis posa ses deux mains sur les portes avant de pousser fortement. Celles-ci étaient lourdes. Très lourdes. Tellement qu'elles s'ouvrirent en raclant le sol. À l'intérieur, tout ce que l'on pouvait voir était un trou noir.
« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda Ainz.
« La Bibliothèque Interdite » lui répondit le Slime en s'avançant.
Aussitôt, des torches s'enflammèrent, illuminant un long couloir dont les murs étaient couverts d'étagères pleines de livres. Harddyn se mit à marcher d'un pas assuré et son ami le suivit. Par curiosité, il regarda les titres des livres sur les rayonnages. Il se rendit d'abord compte que chacune d'elle comportait le même livre répété à l'identique sur toute la largeur et jusqu'au plafond ce qui représentait des centaines et des centaines d'ouvrages à chaque fois.
Et puis l'un d'eux lui sauta aux yeux : Asura. C'était le nom du Boss final que la Guilde avait dû affronter pour prendre possession de ce qui allait devenir le Grand Tombeau de Nazarick. Ainz prit l'un des livres et l'inspecta. En voyant l'image de l'être à six bras en armure et couverts de sang que ses camarades et lui avaient terrassés, il comprit ce qu'était ce livre. Ashurbanipal était pleine de ce type d'objets, mais beaucoup, beaucoup moins puissants.
Pour s'en assurer, Ainz continua à lire les titres des ouvrages qui se trouvaient sous ses yeux. Cainabel, Kraken, Tortue Météorique… que des Boss, des Monstres dépassant le niveau 100. Quant à ces livres, ce n'était ni plus ni moins que les moyens de les invoquer. Une fois par livre et il y en avait des dizaines de chaque. Cette bibliothèque entière ne représentait pas moins que la plus puissante armée qui puisse exister, une armée qui pourrait balayer Nazarick si elle venait à en être la cible. Mais heureusement, tout ce pouvoir était aux mains du seul être dans lequel Ainz avait totalement confiance pour ne jamais l'utiliser contre lui ou leur foyer.
Le couloir paraissait interminable. Il faut dire que les Boss étaient nombreux dans le Jeu : Boss de Donjon, Boss de Raid, Boss d'Événements…
Finalement, Harddyn arriva au bout. À cet endroit se trouvait une salle octogonale. Ses murs étaient recouverts de magnifiques peintures quasiment imperceptibles dans la faible lueur des torches, mais elle semblait vide par rapport à ce que Ainz avait déjà vu avant. La seule chose qu'il y avait là était un piédestal sur lequel était posé un coffret.
« Voici l'un des secrets les plus importants de toute l'Oasis » dite Harddyn en plaçant délicatement sa main dessus.
Ainz sentit l'excitation monter en lui. À ses yeux, cet endroit était plein de secrets plus importants les uns que les autres. Il se demandait donc ce que celui-ci avait de particulier. Il refréna cependant son avidité quand il s'avança pour voir ce qu'il contenait. Il attendait que son ami ouvre le couvercle et puis se pencha. À l'intérieur, il y avait… des feuilles d'arbres. Ou plutôt des fragments de feuilles d'arbres. Le coffret en était rempli.
Pendant quelques instants, Ainz éprouva une certaine déception. Et puis quelque chose lui revient en mémoire. Au début des temps d'YGGDRASIL, l'Arbre-Monde était couvert de feuilles qui étaient autant de mondes différents. Et puis était venu le Grand Dévoreur, le Dragon qui engloutit les feuilles ne laissant derrière lui que neuf mondes encore intacts et des débris des autres sous forme de feuilles qui furent utilisées pour fabriquer les Objets de Rang Monde.
« Est-ce que c'est bien ce que je crois ? » Demanda-t-il.
« En effet » répondit Harddyn avec un sourire. « Sauf bien sûr que ce ne sont pas vraiment des feuilles, seulement des fragments de codes fondamentaux qui me permettaient de créer des Objets Mondes en les complétant. »
« Et tu pourrais… enfin… »
« Je pense oui. Grâce à ces feuilles, je devrais pouvoir créer de nouveaux Objets Mondes. Autant qu'il y en a dans le coffre. »
Si Ainz respirait, il en aurait eu le souffle coupé. Des Objets de Rang Monde. Autant qu'ils voulaient et de la puissance qu'ils désiraient. C'était inimaginable. C'était…
« Imbattable… » murmura Ainz.
Mais Harddyn ricana.
« C'est vrai. Avec ça, on pourrait devenir imbattable… et avec le reste encore plus. »
« Le… le reste ? »
« Oui. Si l'on excepte les feuilles, il y a dans cette pièce des pouvoirs à même d'éclipser ce que tu as vu dans le couloir en venant. »
Un pouvoir capable de rivaliser avec des centaines de versions de tous les Boss du jeu en même temps. Mais où ? Harddyn fit alors apparaître une lueur magique qui illumina la salle.
« Regarde autour de toi » dit-il.
Ainz prit quelques instants pour s'habituer à la soudaine luminosité avant d'obéir. Grâce à la lueur magique, il pouvait à présent mieux voir les murs. Chacun des sept côtés de la pièce était décoré d'une fresque différente qui entourait une alcôve creusée dans la paroi et contenant une petite dizaine de livres. Devant chacune d'elle se trouvait un lutrin avec un exemplaire de chaque déposé dessus.
« Non, ce n'est pas… »
Le regard vide d'Ainz passa sur chacune des peintures. Là se trouvait huit dragons géants, là, cinq Bouddhas multicolores, ici, dix anges avec trois paires d'ailes chacun, et encore ici, sept Démons. Enfin sur le mur du fond se trouvait un dernier dragon. Plus grand que les autres et d'un noir profond, il était posé sur les branches d'un arbre gigantesque et était occupé à en engloutir les feuilles.
« Le Grand Dévoreur… mais alors… »
Harddyn eut un grand sourire victorieux.
« Oui, c'est cela. Chaque fresque de cette salle représente l'un des Ennemis des Mondes, les Boss les plus puissants d'YGGDRASIL et pour chacune d'elle nous disposons des livres nécessaires pour invoquer cette puissance destructrice. »
Ainz regarda alors son ami avec stupeur. Pour la première fois, il réalisa que celui-ci avait raison.
Rien dans ce monde ne pouvait vraiment leur faire peur.
0o0o0
Il y avait six personnes dans la pièce à l'exception de Momon quand celui-ci entra dans la salle de réunion du palais seigneurial d'E-Rantel. Un homme d'une petite cinquantaine, bien bâtie, des cheveux courts et gris et une moustache lui proposa de s'asseoir et entreprit de lui présenter chacun en commençant par lui. Bien entendu, c'était inutile pour Harddyn. Celui-ci avait seulement besoin de les regarder pour savoir qui ils étaient.
Celui qui parlait se nommait Pluton Ainzach et c'était le Maître de la Guilde des Aventuriers d'E-Rantel. Il passa ensuite directement à leur hôte et employeur potentiel qui n'était autre que l'échevin de la ville, Panasolei Gruze Day Rettenmaier. Contrairement à la majorité des grandes villes du Royaume, E-Rantel n'était pas le fief d'un Seigneur. À cause de son positionnement stratégique, elle était sous l'autorité directe du Roi. C'était donc lui qui désignait l'échevin à sa tête. Bien entendu, celui-ci était un noble et aussi l'un de ses soutiens.
Le Seigneur Rettenmaier avait à peu près le même âge qu'Ainzach. Cependant, une vie peu active physiquement avait laissé une trace dans sa chair. Il était petit et joufflu, mais la rondeur de ses joues ne suffisait pas à amoindrir l'impression de vieillesse prématurée qui émanait de ses traits. Au contraire, son double menton, son absence de cou et sa bedaine faisaient paraître ses bras et jambes plus courts qu'ils ne l'étaient et ne faisaient qu'accentuer son aspect décati. Il portait cependant des vêtements et bijoux en accord avec sa haute charge et sa tout aussi haute naissance.
Ensuite venait Théo Rakeshir, le Maître de la Guilde des Magiciens de la ville. C'était un homme émacié, aux traits délicats, chauve et vêtu d'une longue robe qui semblait l'avaler. D'après ses souvenirs, il avait auparavant été un Aventurier dans la même équipe qu'Ainzach. Les deux étaient restés amis ce qui expliquait les liens particulièrement fort entre les deux guildes à E-Rantel. Ce n'était pas le cas partout.
En effet, les deux avaient des rôles différents. La Guilde des Magiciens était centrée sur la recherche en matière de magie et celle des Aventuriers dans l'élimination des monstres (principalement). Comme souvent quand on opposait le mental et le physique, il y avait des frictions, chacun méprisant copieusement l'autre. Ce n'était pas le cas dans la ville forteresse grâce à l'amitié entre les deux Maîtres qui poussait les membres de ces Guildes à se respecter mutuellement. C'était pour cela qu'E-Rantel était connue pour être la métropole dans laquelle le plus grand nombre de Magiciens faisaient partie des deux.
Les trois dernières personnes présentes étaient des Aventuriers. Et pas n'importe lesquels puisqu'il s'agissait des chefs des trois plus puissantes équipes de la ville, des équipes de rang Mithril. Leur stature impressionnante était au diapason de celle de leur Maître de Guilde, mais ils étaient tous les trois en armes. Selon les critères de Nazarick, tout leur équipement n'était que de la pacotille. Cependant pour ceux de ce monde, c'était une qualité supérieure digne de leur niveau.
L'un d'eux, Igvarge, chef d'équipe de Kralgra, était un homme ombrageux, au corps massif et à la mâchoire imposante et carrée qui avait immédiatement jeté un regard courroucé à Momon dès son arrivée. Apparemment, il considérait le Guerrier comme un parvenu parce que, malgré son Rang, il n'avait jamais entendu parler de lui. C'est pour ça que la première chose qu'il demanda était ce qu'il avait fait pour porter sa plaque de Mithril et être avec eux à cette table.
Les événements du cimetière étaient encore récents, à peine trois ou quatre jours. De plus, selon l'échevin, ils étaient gardés secrets. Cela n'empêcha pas Moknach de l'Arc-en-ciel d'être au courant. Dans un monde aussi peu évolué que celui où ils se trouvaient, il n'y avait pas de moyen de communication plus fiable et rapide que les ouï-dire. Ce n'était pas parfait, mais cela permettait souvent de découvrir certains secrets importants. Toujours est-il qu'à la fois le Seigneur Rettenmaier et Ainzach confirmèrent que ce haut fait (ainsi que la soumission du Roi-Sage de la Forêt) avait motivé la promotion de Momon.
« Rien qu'avec cet incident ! » S'exclama Igvarge. « Les Aventuriers qui ont passé des examens dans l'ordre ne seront pas satisfaits ! »
Il accompagna sa phrase d'un regard dédaigneux à l'encontre du nouveau venu.
« Et quand il parle des Aventuriers, il veut sans doute dire lui, je suppose » commenta Harddyn.
Debout alors que tout le monde était assis, il se tenait juste derrière son ami en armure noire. Il possédait sa forme d'Incube, mais personne ne l'avait remarqué. Son Charme d'Occlusion Mentale empêchait quiconque de se rendre compte que quelqu'un d'autre était dans la pièce avec eux. Il pouvait ainsi à loisir scruter les esprits des hommes autour de lui pour en retirer les informations qu'ils ne dévoilaient pas et les transmettre à Ainz. Enfin… à Momon.
Quelque temps plus tôt, alors qu'ils se trouvaient encore dans l'Oasis. Ainz avait reçu un Message de Narberal. Le Maître de la Guilde des Aventuriers d'E-Rantel demandait à rencontrer le Guerrier Momon. Soucieux de préserver sa couverture et curieux de ce qu'on lui voulait malgré la situation, Ainz avait accepté de s'y rendre.
« Je pense que des précisions sont nécessaires, mon cher Pluton » rajouta calmement Rakeshir. « Je fais également partit des mécontents de la promotion de Momon à la classe Mithril. »
Igvarge ne remarqua pas le ton sardonique de l'homme et tourna vers lui visage reconnaissant.
« Voyez, même le vénérable Maître de la Guilde des Magiciens est d'accord avec moi »
Theo Rakeshir renifla de mépris. C'était bien la seule fois que l'homme considérait sa Guilde en générale et lui en particulier comme vénérable. La relation entre les deux Maîtres de Guilde ne faisait, après tout, pas l'unanimité. C'est pour cela qu'il dit ravi d'éclairer l'Aventurier du fond de sa pensée.
« En fait, je pense que nos avis divergent complètement, Igvarge. »
« Comment cela ? »
« C'est simple. Vous pensez que son action n'était pas suffisante pour mériter le rang Mithril et moi je considère que le rang Mithril n'était pas suffisant compte tenu de son action. À mon avis, il aurait au moins mérité un rang Orichalque. »
« C'est… c'est ridicule ! » S'étouffa l'Aventurier. « Tuer quelques Morts-Vivants ne peut pas justifier… »
« Ils étaient en fait plus d'un millier » l'interrompit Rakeshir. « Et ils les ont éliminés à deux. Trois, si l'on compte le Roi-Sage de la Forêt. »
« Quiconque avec un bon sort de camouflage peut parfaitement… »
« J'entends bien, mais ceci seulement ne leur aurait pas permis de battre non pas un, mais deux Dragons d'Ossements.
« D...Deux ? En même temps ? » Bafouilla Igvarge.
Les deux autres Aventuriers se mirent à chuchoter entre eux. Ils considéraient que cet exploit était effectivement extraordinaire pour un Guerrier seul (puisque la prétendue immunité à la magie du Monstre empêchait sa partenaire de participer). Harddyn renifla. S'ils savaient.
« Pour résumer, un groupe de trois personnes a survécu à des milliers de Morts-Vivants, détruit deux Dragons d'Ossements et tué les responsables du Rituel de Nécromancie qui avait provoqué l'invasion. Et le tout en peu de temps » dit Rakeshir pour enfoncer le clou. « En tant qu'habitant de cette ville, je ne peux que remercier Maître Momon de sa prompte intervention ainsi que de sa mansuétude puisqu'il a accepté que celle-ci soit sous-évaluée en ne lui donnant qu'un rang Mithril alors que cela aurait dû lui valoir un rang Orichalque. Même un rang Adamantite ! »
D'après ce qu'Harddyn avait pu voir, c'était un homme plutôt calme et placide. Cependant, il pouvait se montrer assez véhément quand il le fallait. Maintenant par exemple.
« Je ne mérite pas vos remerciements, Maître Rakeshir » dit alors modestement Momon (et Harddyn savait qu'il le pensait). « Je n'ai fait qu'accomplir la quête qui m'a été confiée par Dame Bareare. »
« Et si dous en benions au bif du zujet ? » Intervint le Seigneur Rettenmaier.
Il avait un rhume et parlait fortement du nez. Il passait également son temps à renifler, chose qui agaçait particulièrement Harddyn. Il aurait aimé soit lui envoyer un sort de soin des maladies, soit carrément baigner la pièce de sa morve, de son sang et de sa matière cérébrale en lui explosant la tête.
« Avant cela, ce ne serait pas là meilleur des politesses que d'enlever son heaume ? » Le coupa Igvarge.
« Et ça, c'est ce que j'appelle une bonne dose d'hypocrisie » renifla Harddyn. « Sa maman ne lui a jamais appris à ne pas interrompre les gens ? »
« Je pense que vous avez raison » temporisa Momon. « Ce n'est effectivement pas de la plus grande politesse. »
Il porta alors les mains à son casque et l'enleva. En dessous, il n'y avait pas son crâne, mais une illusion créée par Ainz et qui lui donnait les traits d'un Japonais dans la fin de la trentaine. Harddyn savait que ces traits étaient ceux de Suzuki Satoru, l'homme qu'il avait été et qu'il n'était plus.
« Comme vous le voyez, je viens de l'étranger. Je préfère donc éviter les ennuis en portant ce heaume » dit-il.
Tous hochèrent la tête à l'exception d'Igvarge qui renifla de mépris avec une remarque d'une xénophobie assumée. Celle-ci fut cependant rapidement réprouvée par Ainzach. La voix calme de Momon ainsi que son ton respectueux lui apportèrent l'approbation des personnes présentes, encore une fois à l'exception d'Igvarge qui se trouva plus en colère qu'il ne l'était précédemment. Cela n'empêcha pas le Maître de Guilde d'inviter le Seigneur Rettenmaier à expliquer les raisons de leur convocation. Bien entendu, pour Ainz et Harddyn, celles-ci étaient évidentes : Shalltear.
Le massacre qu'elle avait causé deux soirs auparavant avait déjà été rapporté. De plus, une équipe de secours avait été envoyée pour investiguer sur l'affaire et aucun n'en était revenu. C'était probablement les Aventuriers de Fer qui les avaient interrompus Ainz et lui dans leur discussion quelques heures plus tôt. Apparemment, ils avaient dû engager le combat avec la Gardienne, car ils étaient tous morts. Cela voulait dire que le seul témoignage qu'ils avaient été celui des survivants du premier groupe, Brita ainsi que le guetteur. Leurs descriptions étaient vagues ce qui était tant mieux.
Cependant, l'affaire était suffisamment importante pour que le Seigneur Rettenmaier ainsi qu'Ainzach veuillent confier l'élimination de ce qu'ils croyaient être un Vampire Supérieur à toutes leurs équipes de rang Mithril. En effet, il avait été estimé qu'en fonction de sa nature et de ses capacités, Shalltear seule était aussi forte qu'une équipe complète de rang Platine (le rang en dessous de Mithril). À la demande de l'échevin (qui semblait plus intelligent et vif que son apparence ne le suggérait), Rakeshir avait jugé que cela équivalait une armée de 10 000 hommes. Bien entendu, cela ne voulait rien dire. Le niveau des soldats du Royaume était assez faible.
Le problème était bien sûr que, pour eux, Shalltear était trop puissante. Ils allaient donc devoir faire appel à des équipes plus puissantes encore, probablement celles d'Orichalque voir d'Adamantite. Le battage autour de la Gardienne allait être important.
« Il faut réagir. Et vite » dit alors Harddyn. « Si on laisse les choses dériver de cette façon, nous allons être submergés. Plus il y aura de monde, plus il sera difficile d'agir comme nous le voulons. »
« Il faudrait qu'ils décident de me confier cette mission à moi seul. Mais comment faire ? »
« Pour cela, il faudrait qu'ils soient certains que tu sois le plus à même de la remplir. »
« J'ai peut-être une idée » dit alors Ainz.
La conversation entre les autres personnes présentes avait continué. Ils en étaient venus à l'hypothèse que les événements du cimetière et la Vampire pouvaient être liés. Après tout, les deux impliquaient des Morts-Vivants. De plus, dans le premier cas, les responsables faisaient partie de Zurernorn, une secte occulte bien connue pour utiliser justement ce type de Monstre.
« Laissez-moi corriger une chose » intervint Momon. « Ce Vampire n'a aucun lien avec Zurernorn. »
« Qu'est-ce qui vous fait penser ça ? » L'interrogea Ainzach. « Auriez-vous des informations sur elle ? »
« Je connais bien le nom de ce Monstre. Après tout, je l'ai poursuivi jusqu'ici. »
« Ah vraiment ? » Demanda Igvarge.
« C'était pas du tout suspect comme raison… » commenta Harddyn.
Ainz l'ignora.
« Ce sont des Vampires particulièrement puissants, voyez-vous » reprit-il-il. « Pour tout vous dire, c'est pour récolter des informations sur eux que je suis devenu Aventurier. »
« Vous avez bien dit "eux" ? » Demanda Ainzach. « Il y en a plusieurs ? »
« Oui, Ainz, pourquoi il y en a plusieurs ? »
« Si je veux qu'ils me confient la quête, je dois leur montrer que je suis depuis longtemps dédié à cette mission et que c'est le motif de ma venue. Mais si je dis qu'il n'y a qu'un seul Vampire, quand Shalltear sera… ne sera plus là, Momon n'aura plus de raisons officielles de rester. »
Harddyn ouvrit la bouche et se figea. Un frisson d'excitation parcourut son corps. Cela faisait des lustres que quelqu'un ne l'avait pas surpris de cette façon. Ainz avait beau ne pas se considérer comme tel, il était intelligent et son esprit éclairé était capable d'imaginer des choses auxquelles même le cerveau supérieurement puissant d'Harddyn n'avait pas pensé. C'était grisant et il n'en aimait son ami que plus.
« Oui » répondit alors Momon à Ainzach. « Ils sont deux. La femelle aux cheveux argentés se nomme… »
Et là, il y eut un blanc.
« Ne me dis pas que tu n'as pas pensé à un nom ? »
« Je pensais à Camilla, mais ce serait trop cliché pour un Vampire. Je ne voudrais pas me faire griller par un Joueur. »
« Mais puisque je t'ai dit qu'il n'y a pas… »
« Honyopenyoto » répondit alors Ainz.
« Quoi ? » Demandèrent plusieurs personnes dans l'assistance (dont Harddyn).
« Son nom. Elle se nomme Honyopenyoko. »
« Je ne te laisserai plus jamais choisir de nom » grinça le Slime.
« Tu peux parler, tu as vu les tiens ? »
« Moi au moins je n'en donne pas deux différents successivement. »
« Je me disais bien aussi que j'avais fourché. »
« Peu importe, reste sur le même sinon mon estime pour toi va encore baisser. »
« Honyopenyo… » commença à prononcer Ainzach avant de se figer.
« Ko. Honyopenyoko. »
« Je… je vois… et donc cette Honyo… machin, si vous la connaissez, je pense qu'il est temps de nous révéler votre identité. D'où venez… »
« Je suis désolé » l'interrompit Ainz. « Malheureusement, je ne peux pas répondre. "Je suis en mission secrète. Si vous aviez cent de ces informations, alors je devrais quitter le pays sur le champ et vous seriez dans l'obligation délaminée ce Vampire par vous-même. Je ne veux pas en faire un problème international. Je suis sûr que Messire Rettenmaier comprend mon dilemme."
« Encore une fois, c'est pas du tout suspect. »
« Si tu avais mieux, tu n'avais qu'à le dire, non ? »
« J'avoue… »
Mais cela n'empêcha pas Ainz de se demander si son histoire était vraiment convaincante alors même que l'échevin avait semblé l'approuver. Le regard des autres et en particulier celui du Maître de Guilde cependant, était moins accort. À cause de cela, les craintes se multipliaient dans le cerveau (inexistant) de l'Overlord.
« Désolé de te dire ça maintenant, mais il faut que tu continues sur ta lancée » lui dit alors Harddyn. « Ne t'inquiète pas. Même si ton histoire paraît bancale, il n'y a pas de contradiction. Veille cependant à plus la travailler à l'avenir et à ne pas oublier ce qui a été dit aujourd'hui. Tu devrais peut-être le noter d'ailleurs. »
« Ou… oui, je vais faire ça. »
Harddyn se retint de soupirer. Son ami pouvait se montrer génial, mais il n'avait pas assez confiance en lui. Heureusement, il était aussi assez bon acteur.
« Mon équipe se chargera d'enquêter sur les lieux » dit-il d'une voix calme qui ne reflétait pas du tout son état d'esprit. « Et si la Vampire se trouve là-bas, nous l'exterminerons. »
« Très bien » dit le Maître de Guilde en soupirant. « Je vais préparer d'autres équipes. »
« Inutile, je ne veux personne dans mes pattes. »
C'était des paroles un peu dures de l'avis d'Harddyn. Cependant, la majorité des personnes présentes ne prit pas ses mots trop mal. Tous avaient déjà été confrontés à la mort ce qui avait aiguisé leurs sens. Ils avaient compris d'instinct que ce n'était pas de l'orgueil, mais une analyse sur leurs capacités comparées. Ils avaient beau être pairs, le Guerrier noir savait que s'il acceptait d'autres personnes avec lui, ils le généraient et il ne pourrait pas les protéger. De plus, il pourrait même lui-même se faire tuer. Encore une fois s'ils savaient la vérité…
« Et pour la récompense ? » Demanda Ainzach.
« Nous verrons plus tard, mais j'aimerais au minimum le rang Orichalque. Cela me permettrait plus facilement de rechercher le second et de l'affronter sans devoir faire étalage de ma force à chaque fois. »
À leurs yeux, c'était logique. Le rang Orichalque lui apporterait le prestige nécessaire pour obtenir des informations et des quêtes qui pourraient le mettre sur la voie de son prétendu adversaire. De plus, comme il serait en quelque sorte originaire d'E-Rantel, sa gloire rejaillirait sur la ville et sur sa Guilde. Bien sûr, les Aventuriers ne dépendaient ni de villes ni même de pays en particulier. Cependant, la majorité avait tendance à se fixer à un endroit qu'ils utilisaient comme base d'opérations. Beaucoup espéraient que c'est ce que ferait Momon avec E-Rantel après cela.
Donc, laisser Momon agir n'avait que des avantages. Pourtant, tout le monde n'était évidemment pas de cet avis.
« Je ne peux pas croire en ta force » cracha Igvarge en se levant. « Et puis nous ignorons vraiment l'étendue des pouvoirs de cette Vampire. Mon équipe vient aussi. »
« Cesse de te comporter comme un enfant, Igvarge » soupira Bellote des Loups Célestes, le seul qui n'avait pas encore parlé.
« S'il veut venir qu'il vienne » dit Ainz. « Mais si vous me suivez, vous pourrez certainement. »
Igvarge frémit. Tous les autres présents également. Ils savaient que ce n'était pas une blague. Cependant, le chef de l'équipe Kralgra ne revint pas sur ses paroles. Sa colère ou son orgueil l'en empêchait.
« Je vous aurais averti » dit simplement Ainz.
« Je viens » confirma Igvarge, buté.
Il y eut comme des étincelles entre les deux hommes. L'atmosphère en devint tellement lourde qu'Ainzach jugea préférable d'intervenir.
« Je suis content de voir que vous êtes aussi sûr de vous, Momon » dit-il. « Cependant, j'aurais aimé savoir ce qui vous donne votre confiance en vous. Vu la puissance de cette Vampire, cela n'a rien d'une mission de débutant. Nous ressentons une certaine crainte à laisser la totalité de cette mission entre vos mains. Si… si vous veniez à perdre, nous devons prendre des contre-mesures rapides… »
« Ne vous inquiétez pas » intervint Ainz. « J'ai un atout dans ma manche. »
Ou plutôt dans sa poche d'où il sortit un cristal qu'il montra à l'assemblée. Harddyn le reconnut immédiatement. C'est celui qui était en possession de Nigun Grid Luin, le Chef de la Sainte Écriture du Soleil, toujours pensionnaire des geôles de Nazarick.
« Mais… mais c'est… c'est impossible ! » S'exclama alors Rakeshir en découvrant le joyau.
Le Mage se leva carrément pour se rapprocher du Guerrier et de l'objet qu'il tenait.
« J'ai déjà vu un objet semblable dans un livre rare. La Théocratie de Slane possède des objets magiques aux pouvoirs incommensurables qu'elle nomme "reliques". Comment pouvez-vous détenir quelque chose d'aussi rare ? »
Il était devenu fébrile. Ses yeux étaient écarquillés et détaillaient les moindres facettes de l'objet.
« Vous êtes bien érudit » le complimenta Ainz. « C'est en effet un objet de ce genre. D'ailleurs, il contient une magie de rang huit. »
« De rang huit ? Impossible ! » Glapit le Mage d'une voix suraiguë.
Autour de la table, tous s'étaient figés à cette nouvelle. Ainzach, lui, n'avait jamais vu son ami aussi excité.
« Je vous en prie, laissez-moi voir cet objet ! » S'exclama alors Rakeshir.
« Pourquoi ? »
« Et bien… par curiosité de mage ! Je vous jure de ne rien faire d'étrange avec. Je peux même vous donner en gage tout ce que j'ai sur moi. Tenez, ma ceinture… » dit-il en débouchant celle-ci.
« Un strip-tease ! Un strip-tease ! Un strip-tease ! » S'exclama Harddyn, hilare, dans la tête de Ainz.
Mais celui-ci, pour s'épargner un tel spectacle, préféra lui prêter l'objet. Mal lui en prie, car après l'avoir expertisé et s'être extasié sur la véracité des paroles de Momon, il se mit à lécher le cristal et à me caresser de la joue.
« Mais… mais ça ne vas pas ! Arrête ! » S'exclama alors Ainzach en essayant de reprendre l'artefact à son ami.
Mais celui-ci l'esquiva et se tourna de nouveau vers Ainz.
« Je vous en prie, dites-moi où vous l'avez trouvé ! »
« Cela ne vous servirait à rien de le savoir, c'était des ruines de mon pays. J'ai trouvé le cristal avec d'autres objets que j'ai fait expertiser par un Mage. Maintenant si vous voulez bien me le rendre… »
La restitution sembla être de la torture pour le Maître de la Guilde des Mages. Il voulut même persuader les autres de ne pas envoyer Momon tuer la Vampire pour qu'il n'ait pas à utiliser le précieux artefact. Bref, le cristal lui avait fait perdre la tête.
Heureusement, Ainzach fut suffisamment rassuré pour permettre à Ainz de s'occuper seul de la mission… ou presque puisqu'Igvarge était toujours de la partie. Du moins pour le moment. En effet, Ainz lui donna rendez-vous avec son équipe à la porte de la ville pour qu'ils se rendent ensemble sur les lieux.
Bien entendu, le chef de Kralgra ne savait pas que ce serait sa dernière chevauchée.
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Igvarge courait à perdre haleine dans la forêt. Les cris de ses compagnons en train de mourir résonnaient à ses oreilles alors qu'il fuyait les mieux du massacre.
Il ne comprenait pas. Quelques instants plus tôt, ils chevauchaient avec Momon et puis… et puis il s'était arrêté, ce traître. Il avait accueilli une étrange femme en armure complète qui s'était mise à tuer tout le monde. Et lui, lui comme un lâche s'était enfui. Il ne pouvait rien faire d'autre.
Il avait voulu le nier. Nier que ce Momon lui était en tout point supérieur. Il avait occulté les signes, sa prestance, la bête mystique qui lui servait de monture, ses exploits récents… il ne voulait pas rester sur la touche. C'est pour ça qu'il avait insisté pour venir. Il voulait le surveiller et revenir pour témoigner. Peu importe ce qui se serait passé, il aurait raconté des mensonges pour le salir, salir sa réputation, son nom, sa force et lui, lui aurait été le héros. Il aurait ainsi pu accomplir son rêve de devenir Aventurier Orichalque et même Adamantite pourquoi pas.
Derrière lui, les cris s'estompèrent et finalement se turent. Mais il continua à courir jusqu'à ce que ses poumons soient en feu. Alors il s'arrêta pour souffler. Il ne pouvait pas rester trop longtemps au même endroit, mais il devait se reposer quand même un peu. Il finit par se redresser et regarda autour de lui.
C'était étrange. Il n'était jamais venu dans cette forêt c'est vrai, mais il ne pouvait pas être aussi perdu que ça. Il avait une bonne mémoire et il était un Pisteur, il devait pouvoir se retrouver. Pourtant il ne reconnaissait pas l'endroit où il se trouvait. Il tourna en rond pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'il entende un bruit. Il sursauta en se rappelant la créature que ce traître de Momon avait envoyée contre lui et son équipe.
Par instinct, il en chercha fébrilement la source et la vit derrière un arbre. Il se retint de soupirer de soulagement. Ce n'était qu'un enfant. Puis il remarqua ses oreilles et son teint foncé. Un Elfe Noir. Il ne savait pas qu'il y avait un village d'Elfes Noirs tout proche. Selon les récits, ils vivaient bien plus au sud.
L'Elfe sortit de l'ombre et Igvarge aperçut sa jupe. Une fillette se dit-il. Il l'interpella.
« Hey ! »
« P...Pardon ! » S'exclama l'Elfe.
« Tu n'as pas besoin de t'excuser, j'aurais juste quelque chose à te demander. Approche. »
« Oui… je… pardon » s'excusa à nouveau l'Elfe.
Mais au lieu d'approcher, elle leva le bâton qu'elle avait à la main. Aussitôt les plantes qui se trouvaient alentour de mirent à pousser et capturèrent les jambes de l'Aventurier.
« S... sale peste ! » S'écria-t-il alors. « Si tu ne me relâches pas, je te tue ! »
L'Elfe s'avança timidement en baissant les yeux. Cependant, elle ne libéra pas Igvarge. Les mains fermement serrées autour de son bâton, elle le leva au-dessus de sa tête.
« Hey ! A… Attend ! Qu'est-ce que tu fais ? Non ! »
Mais la dernière chose que vit l'Aventurier fut le beau regard de la fillette Elfe alors que celle-ci lui assénait le coup qui mit fin à son existence… et à ses rêves.
0o0o0
Ainz se tenait debout à une distance raisonnable de l'endroit où se trouvait Shalltear. Il avait troqué ses lourdes robes noires luxueuses contre une bure de couleur brune élimée. Son choix n'était pas dû au hasard bien entendu.
Si Ainz était bien connu pour une chose dans sa Guilde, c'était le pour le JcJ, le combat Joueur contre Joueur. Que ce soit en Franc-Tireur ou officiel, il était l'un des meilleurs. Pas parce qu'il était le plus puissant, mais parce qu'il était le plus malin. Et quand on était le plus malin, le plus important était la préparation.
« Vous m'avez bien compris ? » Demanda alors Ainz à Aura et Mare qui se trouvaient derrière lui. « Si jamais quelque chose devait mal se passer, vous devez vous replier à Nazarick. Les objets que vous portez sont les trésors de la Guilde. Vous devez faire en sorte qu'en aucun cas ils ne tombent entre les mains des ennemis. »
Les objets dont il parlait étaient une paire de gantelets dépareillés pour Mare et d'un immense rouleau de parchemin pour Aura. Tous deux étaient des Objets de Rangs Monde et étaient destinés à protéger les esprits de deux Elfes Noirs au cas où.
« Oui, Maître Ainz » répondirent ceux-ci d'une même voix avant de disparaitre.
Ils devaient observer le combat de loin.
Ainz tourna alors à nouveau son attention vers Shalltear. Avant de commencer, il devait vérifier quelque chose.
« Corps de Béryl Rayonnant »
Un halo vert entoura alors le corps d'Ainz en même temps que sa résistance aux dégâts contondants augmentait. Shalltear ne bougea pas. Donc cela voulait dire qu'elle n'attaquerait qu'en cas de mouvement dirigé sur elle. C'était une bonne nouvelle.
« Vol, Bénédiction du Mage, Muraille infinie, Protection Magique : Sacrée, Essence Vitale, Renforcement du Potentiel, Libertés, Falsification de Données : Vie, Clairvoyance, Intuition Paranormale, Renforcement de la Résistance, Manteau de Chaos, Indomptabilité, Augmentation Sensorielle, Renforcement de la Chance, Augmentation Magique, Pouvoir Draconique, Renforcement de la Solidité, Aura Divine, Absorption, Augmentation de la puissance de Perforation, Renforcement du Bouclier magique, Essence de Mana, Triple Magie Amplifiée : Mine Explosive, Triple Magie : Renforcement du Sceau Magique, Triple Magie Augmentée et Amplifiée : Flèche magique… »
À chaque sort, le corps de l'Overlord s'était mis à briller d'une couleur différente, augmentant un peu plus ses Capacités. Augmentant un peu plus ses chances de battre son adversaire. Et finalement, quand il finit. Le silence revint dans la plaine.
« À présent, commençons… » dit-il.
Aussitôt, une sphère de lumière bleutée entoura Ainz et des dizaines de cercles magiques de la même couleur se mirent à flotter tout autour de lui, devant lui, au-dessus de lui, partout où les yeux se posaient. Le pouvoir se rassemblait. Il allait pour la première fois dans ce monde jeter un Sort Suprême.
Mais Shalltear ne bougeait toujours pas. Le Sort n'était pas encore actif. Elle n'était donc pas encore attaquée. Mais cela viendrait. Quand il serait finalement chargé.
En attendant, Ainz sortit des petits bâtons de bois décorés de l'une de ses poches et les coinça dans sa ceinture. Puis il prit une fine bande de plastique blanc et l'approcha de son poignet aussitôt, elle s'y enroula parfaitement et se fixa alors qu'une voix féminine, charmante et affectueuse émanait de l'objet.
« Momonga ! Mon frère adoré ! Attention, je règle l'heure ! »
Ainz sourit de nostalgie. C'était Bukubukuchagama qui lui avait donné cette montre. Elle parlait avec la voix qu'elle utilisait quand elle faisait des doublages. Elle le faisait même dans certains des jeux vidéos érotiques que son frère, Peroroncino, adorait. Ainz se souvenait du nombre de fois où il avait écouté les plaintes de son ami quand la voix de sa sœur avait interrompu une séance de masturbation frénétique sur le tout dernier jeu qu'il venait d'acheter. C'était le bon temps.
Et voilà qu'il devait détruire Shalltear, la création même de son meilleur ami alors que la voix de la sœur de celui-ci résonnait à ses oreilles. Ironiquement, ce seraient ses créations à elle, Aura et Mare, qui seraient les témoins de ce meurtre.
Mais Ainz n'avait pas le choix. Il devait le faire. Et surtout, il devait le faire seul.
« Chute de la Voûte Céleste ! »
À suivre…
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Wouaaaaahhhhh ! Encore un chapitre bien remplit, non ? La prochaine fois, ce sera le combat. Tenez-vous prêt !