VORACITY I - New World

Arc 4 : l'Écuyer Contrefait

Chapitre 9

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Gear McFly n'aimait pas tellement le sable. Les grains pénétraient ses articulations qui crissaient à chacun de ces gestes. Pourtant, il devait bien obéir aux ordres de ses Maîtres.

Il poussa un grognement semblable au mouvement de deux rouages extrêmement rouillés, remonta le col de son blouson d'aviateur et descendit le hayon de son vaisseau. Il grimaça en posant son pied sur le sol sec et poussiéreux de la zone aride.

« Je crois que je vais investir dans des fringues » grommela-t-il en sentant les grains s'infiltrer en lui.

Un rire gras accueillit ses propos. Gear leva alors les yeux vers la silhouette de bébé géant et difforme à quatre bras qui le surplombait à présent.

« Gluttony » dit simplement l'Androïde.

« McFly » répondit le Démon avec un gargouillis.

Sa voix provenait de la bouche qui ornait sa petite tête bouffie, mais toutes les autres qui parsemaient son corps avaient bougé en même temps.

« T'as fait vite. »

« C'est ce petit bijou qu'il faut remercier » dit-il en pointant du pouce l'énorme masse d'acier derrière lui. « Il est plus rapide qu'il n'y paraît. »

D'aspect très peu gracieux, le vaisseau volant ressemblait à un immense container pourvu d'ailettes sur les côtés (au niveau du sol) et un nez oblongs servant à lui donner un semblant d'aérodynamisme. Il était clair que sa fonction première n'était pas la vitesse et encore moins l'apparence. La comparaison avec un container était cependant la plus indiquée puisqu'il s'agissait d'un vaisseau cargo.

Le NCS Pélican (pour Nazarick Container Ship, préfixe de navire inspiré de ceux de la Terre) était le tout premier vaisseau cargo de la classe Pélican. C'était en fait le tout premier vaisseau tout court. En effet, il s'agissait du tout premier véhicule à sortir du Garage de McFly (sauf si on comptait la voiture et la moto qui avaient été confiées à Eodunn et Yong pour leur mission).

En lieu et place d'un bâtiment de combat pour la défense de Nazarick, Harddyn avait préféré que les ressources limitées du Grand Tombeau servent à l'élaboration de ce vaisseau. La raison en était justement ces ressources limitées. Leurs entrepôts avaient beau être pleins, les projets qu'Ainz et Harddyn avaient pour ce monde allaient nécessiter un apport bien plus important de matériaux divers.

C'est pourquoi ils se trouvaient là.

« Alors c'est ça… » dit McFly, pensif, en regardant le massif montagneux en face de lui.

Ça n'avait rien à voir avec la concrétion qui servait de refuge aux Puazis. Il s'agissait ici d'un véritable piton rocheux qui s'élevait à plusieurs centaines de mètres. Situé bien plus au sud, il faisait partie d'une cordillère qui semblait séparer la zone en deux. Au vu du niveau technologique et même magique des nations du Nord, il n'était pas étonnant qu'ils n'aient pas pu passer cet obstacle. Certains des sommets culminaient à plusieurs kilomètres, là où l'oxygène devait se faire extrêmement rare, mais c'était surtout les courants aériens qui rendaient la traversée presque impossible. Même un Mage utilisant le Sort Vol serait balayé par les vents qui soufflaient dans les hauteurs.

Du moins, c'était le rapport des équipes de Martial. Harddyn avait vu cela comme un signe et suspendu l'exploration du continent à ce niveau. Ils avaient déjà bien assez à faire de leur côté et si tous les habitants du Nord ignoraient ce qui était au Sud cela voulait dire que personne n'avait franchi cette chaîne de mémoire d'homme et qu'ils étaient tranquilles pour quelque temps.

Cependant, la présence de cette muraille naturelle n'était pas la seule raison pour laquelle les Souverains de Nazarick avaient arrêté les recherches. En effet, ils s'étaient rendu compte qu'il était pour le moment inutile de continuer plus loin puisqu'ils avaient déjà trouvé le plus important. Sous ses dehors dépourvus de la moindre vie ou du moindre intérêt, cette contrée dévastée allait devenir l'un des points névralgiques de la puissance de Nazarick. Si la surface du sol la rendait totalement inhabitable pour les populations, les sous-sols de la région étaient toutefois bien plus intéressants. Or, argent, mithril, adamantite, sel, obsidienne… Les profondeurs sous la zone aride regorgeaient de ressources de tout type. Vu que cette terre n'appartenait à personne, il serait donc normal que ces richesses reviennent à qui saurait les récolter.

« Et donc » dit le vieil Androïde, « pourquoi ici ? »

« Selon Maître Harddyn, il sera plus aisé de dissimuler l'exploitation en la creusant dans la montagne. »

C'était une plutôt bonne idée. Le lieu était désert, mais les précautions étaient tout de même de mise. Ils n'étaient pas encore prêts à révéler Nazarick aux yeux du monde et, l'auraient-ils été, ils n'auraient certainement pas attiré l'attention sur toutes ces richesses. Entre les machines faisant des va-et-vient hors des galeries, les installations de raffinage et même le Pélican, tout cela allait devenir extrêmement apparent et bruyant.

Certes, le cargo possédait un module d'invisibilité qui leur avait permis de venir jusque-là sans se faire remarquer. Cependant, celui-ci consommait énormément d'énergie. Une fois à terre, il serait impératif de l'éteindre pour éviter de finir à sec. Leur « base secrète » devrait donc contenir également un hangar pour le poser avec une entrée suffisamment discrète (probablement à l'aide de Magie d'Illusion).

« C'est de la montagne que devraient partir les galeries qui quadrilleront le secteur pour relier les différents points d'extraction » continua Gluttony.

En clair, le sous-sol de toute la région allait se transformer petit à petit en gruyère. Au fur et à mesure que les filons se tariraient, les tunnels s'étendaient de plus en plus loin sous la surface. En définitive, l'intégralité du réseau devrait faire plusieurs milliers de kilomètres. C'était la raison pour laquelle les soutes du Pélican étaient remplies de pièces pour le montage de foreuses géantes et également de petits vaisseaux de transport à même de tirer des containers de ressources.

« Mais pourquoi cette montagne et pas une autre ? » Demanda McFly.

Il avait étudié les rapports. Certains sites avaient un meilleur potentiel. Si leurs Maîtres leur avaient ordonné de s'implanter ici, il devait y avoir une raison. D'ailleurs, Gluttony devait la connaître, car toutes ces bouches souriaient d'un air entendu. Sa paire de bras supérieure (celle qui avait à peu près taille humaine) s'enfonça entre les lèvres de celle se trouvant en plein le long de son sternum. Elle sembla fouiller à l'intérieur et, finalement, en ressortit avec quelque chose de volumineux entre ses mains en coupe.

« Un Cristal de Mana ? » Demanda-t-il, les yeux écarquillés, en apercevant la surface multicolore et scintillante de l'objet.

Gluttony sourit à nouveau de toutes ces bouches.

Les Cristaux de Mana étaient la source principale d'énergie sur YGGDRASIL. Bruts, ils pouvaient alimenter certaines armes, des machines-outils, des véhicules, des vaisseaux même. Le Pélican fonctionnait avec des Cristaux de Mana provenant de Nazarick. Idem pour les foreuses et les transporteurs. Les Cristaux de Mana étaient en quelque sorte le pétrole de la technologie d'YGGDRASIL.

Mais ce n'était pas leur seule utilité. En effet, une fois raffinés, ils pouvaient être façonnés en Cristaux Élémentaires. Ils devenaient par là même chargés en énergie alignée à l'un des éléments Primaire (Eau, Terre, Feu, Air) ou Secondaire (Foudre, Glace, Lave, Sable, Boue et Vapeur). Ils servaient ainsi de matériaux d'artisanat ou de sources d'énergie secondaires.

Les Cristaux de Mana étaient donc une ressource primordiale pour Nazarick. Il était alors logique que ce soit à cet endroit précis que les explorations devaient commencer.

« Ce truc, c'est pas une montagne, c'est un volcan » dit-il en désignant l'éminence. « Et il est pas n'importe où, il est positionné juste sur un nœud tellurique majeur. »

Les courants telluriques étaient un ensemble de lignes de Mana souterraines formant un réseau à travers le monde. De temps en temps, certaines de ces lignes se croisaient et formaient un nœud. Si celui qui se trouvait sous leurs pieds était majeur, cela voulait dire qu'au moins 5 ou 6 lignes se rejoignaient à cet endroit.

« Les fluctuations du Mana font vibrer la terre et augmentent la pression exercée par le magma » expliqua alors Gluttony. « Au moment de l'éruption, la puissance de l'explosion fait également jaillir le Mana qui se cristallise et tapisse le cratère ainsi que différentes galeries souterraines. »

« Et c'est sans danger ? » Demanda Gear, soucieux de devoir travailler aussi près d'une poudrière.

Gluttony ricana.

« Oh, un petit peu, mais Maître Harddyn a fait des calculs. Les fluctuations suffisantes pour provoquer une éruption n'arrivent que tous les trois ou quatre cents ans. »

Gear McFly roula des optiques. Il avait visionné quelques films parmi la bibliothèque audiovisuelle rassemblée par Maître Harddyn et quand une personne disait ce genre de réplique, cela voulait dire que la catastrophe était proche.

« T'inquiète ! » S'esclaffa Gluttony, qui avait compris ses pensées, en lui tapant dans le dos. « Amaryllis et Fangor vont poser des barrières pour nous protéger de la lave et des secousses sismiques. Tout ira bien. »

« J'espère bien parce que je suis trop vieux pour ces conneries » grogna l'Androïde.

Il se retourna et remonta sur le vaisseau cargo. Ce n'était pas tout de discuter, mais ils avaient du travail à faire tout de même. Il fallait décharger les matériaux, monter les machines et commencer le forage de la montagne. Mine de rien, il faudrait tout même encore plusieurs mois avant de pouvoir exploiter quoi que ce soit ici.

Ils devaient donc s'y mettre… et vite.

0o0o0

Démiurge regarda la jeune femelle humaine devant lui. Une peau nacrée, un corps fin, un cou gracile, une poitrine discrète, un visage en forme de cœur, des lèvres en pétale de rose, de grands yeux bleus et de longs cheveux blonds. Nul doute que pour le commun des mortels elle devait paraître d'une stupéfiante beauté. Cependant à ceux du Démon, Elle demeurait assez banale comparée à des Créatures comme Albedo, Solution ou Narberal Gamma.

Il devait toutefois avouer qu'il appréciait son expression. Son regard était vide de toute compassion ou bienveillance. Il était certain qu'il abritait une âme entièrement dévouée à la satisfaction de ses besoins et désirs personnels. Une chose que Démiurge respectait profondément. Son sourire, lui, déformait son visage tant il étirait sa bouche. Il accentuait la folle étincelle qu'il pouvait apercevoir dans ses iris bleutés et donnait l'impression que la Princesse était une personne téméraire et un peu arrogante.

« Je ne t'avais jamais vu sous ta véritable forme » dit-elle alors que ses prunelles scrutaient la forme parfaite de son Maître.

Face à cette remarque d'une incroyable effronterie, Démiurge plissa les yeux. Arrogante et impertinente.

« Surveillez votre langage, humaine. Vous vous adressez à Harddyn Emeryas, l'un des Êtres Suprêmes de… »

« Laisse tomber les trompettes, Démiurge » le coupa le Seigneur Harddyn en soupirant. « Renner est mon amie et j'apprécierais que tu… »

« Excusez-moi de vous interrompre, mais Maître Demiurge a raison » intervint alors Renner en se levant.

Elle se tourna vers lui, se saisit des pans de sa jupe et le releva alors qu'elle exécutait une gracieuse révérence.

« Veuillez pardonner mon franc-parler, Seigneur Emeryas. Vous êtes présent ici à titre officiel afin de présider aux négociations entre moi et le Grand Tombeau de Nazarick représenté par Maître Démiurge et je vous remercie de veiller à mes intérêts. »

Démiurge vit son maître hésiter quelques instants puis il se redressa et ramena ses deux mains sur son ventre l'une sur l'autre en une position plus protocolaire.

« J'accepte vos excuses Princesse Renner Théière Chardelon Ryle Vaiself et je vous sais gré de votre confiance. »

Puis, dans un mouvement gracieux, il s'assit sur le sofa tapissé de soie qui constituait le plus beau meuble du petit salon. Sachant qu'il était ainsi prêt à écouter les négociations, le Démon ou enfin faire face à la jeune Altesse.

« Tout d'abord, je voudrais préciser une chose » dit celui-ci en dardant, par derrière ses lunettes, ses prunelles sombres sur son interlocutrice. « Êtes-vous bien consciente que travailler pour nous équivaut à une trahison envers votre propre pays ? »

« J'en suis consciente » répondit Renner immédiatement.

« Dans ce cas, pourrais-je vous demander pour quelle raison êtes-vous aussi peu fidèle envers un pays qui, non seulement vous a vu naître, mais que vous représenter par votre titre ? »

« Je pourrais vous retourner la question » répliqua la Princesse. « Qu'est-ce qui vous rend, vous, si fidèle à vos Maîtres ? »

« C'est très simple. Ils m'ont créé. Je leur dois mon existence. »

À ces mots, le sourire de la jeune femme se déforma encore plus pour former un rictus dément.

« Amusant. C'est exactement la même raison qui fait que je suis aussi peu fidèle à mon pays, comme vous dites. Parce qu'ils m'ont créé. Je suis le reflet de ce qu'ils sont : pourris et méprisables. »

« Vous les rendez responsables d'avoir gâché votre intelligence » déduit Démiurge.

« Ils n'ont pas arrêté de me mettre des bâtons dans les roues » dit Renner. « Mon sexe, mon rang, l'ordre de ma naissance… tout cela a été un prétexte pour tenter de me brimer. »

« Vous désirez vous venger ? »

« Je ne désire que deux choses. Me libérer de leur carcan et obtenir ce que je chéris le plus au monde et qu'ils me refusent. S'il faut les détruire pour cela et bien soit. »

« Donc il y a quelque chose que vous désirez et que vous ne pouvez obtenir » résuma le Démon. « Cela veut dire que si je peux, moi, ou plutôt si Nazarick peut vous le fournir, nous pourrons acheter votre loyauté. »

« C'est exact » approuva Renner.

« Et donc, quelle est cette "chose", que vous désirez ? »

« Climb » intervint alors Harddyn avec un léger sourire.

« En effet » dit la jeune femme dont la voix commença à s'échauffer. « Nos rangs respectifs sont des barrières entre nous qui m'empêche de le posséder complètement. Le Royaume a mis ces barrières entre nous. Je veux donc qu'il disparaisse. »

« Mais éliminer ces barrières ne sera pas suffisant, j'imagine » reprit Démiurge en se frottant le menton. « La simple possibilité de posséder quelque chose n'assure pas de sécuriser ladite possession. »

« C'est exact. C'est la raison pour laquelle, en payement de mes services, je demanderais à obtenir un cadre suffisamment propice pour me permettre de passer le reste de mes jours aux côtés de Climb. »

« Pourquoi s'arrêter à cela » intervint à nouveau Harddyn.

Il eut un léger rire puis reprit rapidement une expression plus sérieuse.

« En tant que maître des négociations, voici ce que je propose » dit-il. « Si Renner Théière Chardelon Ryle Vaiself se montre à la hauteur de nos exigences et accomplit nos attentes, le Grand Tombeau de Nazarick lui offrira l'asile et une position qui lui permettra de continuer à nous servir. De même, il lui sera attribué la propriété de l'entité du nom de Climb à condition que celui-ci jure allégeance et serve également Nazarick. Et enfin, Nazarick s'assurera que cet arrangement ainsi que leur service à nos côtés durent aussi loin que l'éternité. Avons-nous un accord ? »

« Cela me paraît des plus raisonnable » dit Démiurge en s'inclinant devant son maître.

« Je suis également d'accord » ajouta Renner en exécutant une nouvelle révérence face à Harddyn.

« Puisque nous sommes d'accord » reprit le Démon en s'adressant à nouveau à la Princesse, « commençons à planifier nos méfaits à venir. »

« Volontier » répondit celle-ci avec un sourire sincère. « Qu'ils crèvent tous ! »

0o0o0

Le soleil se levait quand les Roses Bleus arrivèrent au palais de Ro-Lente. Elles avaient apporté avec elles leur équipement, rangé dans de gros sacs qui émirent un puissant bruit métallique quand elles les posèrent au sol. Malgré leur Rang Adamantite, il ne leur était pas permis d'entrer dans la résidence royale vêtue de leur attirail. Une exception était pourtant faite dans le cas d'Evileye. En effet, personne ne songea à lui demander d'enlever son masque en dépit de l'air menaçant qu'il lui conférait. Elle ne le retirait de toute façon jamais.

Connaissant parfaitement le chemin, elles se dirigèrent ensuite toutes ensemble en direction des appartements de la Princesse Renner. Une fois devant la porte, Lakyus, leur chef, frappa. Il fallut quelques secondes pour qu'une servante ne leur ouvre. La Guerrière l'avait déjà vu aux côtés de la Princesse, ce n'était pas une étrangère. Tant mieux au vu de la raison qui les amenait ici.

Elle remarqua toutefois quelque chose de curieux. La jeune femme semblait comme d'habitude à l'exception d'un ruban noir noué autour du cou. Ce n'était pas un colifichet très voyant, mais ce n'était pas dans les usages du palais qu'elles en portent. Ce détail lui sortit cependant de l'esprit quand elle se rendit compte qu'il y avait déjà deux autres personnes avec la Princesse dans son salon.

Elle n'avait aucun mal à reconnaître Climb ou à comprendre le but de sa présence. Il était le protecteur de la Princesse et donc toujours à ses côtés. De plus, il était au courant de l'affaire. Le tenir à l'écart n'avait alors aucun sens.

Pour ce qui était de la seconde personne, elle la reconnaissait aussi évidemment. Cela ne faisait pas si longtemps qu'elle avait rencontré Aliz Jouvelon, mais elle se souvenait parfaitement de la jeune femme volontaire à qui elle avait proposé, mi sincèrement, mi pour plaisanter, de rejoindre les Roses Bleues. Ce qu'elle ignorait cependant, c'était le motif de sa présence ici. Elle aussi était dans la confidence, du moins en partie. Toutefois, Lakyus voyait mal son rôle dans cette affaire.

Elle décida pourtant de faire confiance à son amie. Si Renner l'avait invité, c'est qu'il y avait une raison. Pour le moment, elle était plus intriguée par la gravité de l'expression sur son visage. Son regard était toujours bienveillant, mais l'Aventurière pouvait voir que quelque chose se tramait.

« Lakyus » dit-elle simplement en guise de salut. « Je voudrais que vous vous occupiez de notre affaire sans délai une fois les préparatifs terminés. »

La jeune femme se figea. Ce n'était pas ce qui était prévu.

« Pourquoi ce changement de dernière minute ? » Demanda Evileye. « D'après le rapport d'hier, il était convenu d'attaquer nos adversaires en secrète planque après planque. »

« Il se trouve qu'un incident s'est produit hier, dans la soirée. Cet événement m'a incité à presser un peu le plan. Pour ce qui est des détails. »

Les Roses Bleues écoutèrent le résumé succinct, mais complet de Renner sur l'assaut de la maison de plaisir. De temps en temps, elles lançaient des regards impressionnés en direction des deux jeunes gens présents avec eux. Lakyus observait plus particulièrement Aliz, se disant que finalement, l'avoir dans leurs rangs ne serait pas une idée aussi stupide que ça.

Bien entendu, Climb subissait plus qu'il n'écoutait le rapport, les joues rouges de gêne. Il estimait que Sebas, Brain et Aliz étaient ceux qui avaient véritablement du mérite dans cette affaire. Lui n'avait en fait servi à rien. De plus, il se sentait extrêmement honteux que, par sa faute, la Princesse soit obligée de changer ses plans.

« Pas mauvais, puceau » commenta Gagaran à la fin du récit.

Climb rougit encore plus et tenta de refuser le compliment, mais seuls des marmonnements inintelligibles sortirent de sa bouche.

« En effet » approuva Tina. « C'est une sacrée prouesse d'avoir réussi à capturer l'un des Six Bras. »

« Zéro, le "Démon du Combat", leur chef, puis Peshurian, le "Trancheur de Vide", Edström, la "Danseuses aux Cimeterres", Malvist aux "Mille Meurtres", Davernoc, le "Maître de la Mort" et bien sûr Succulent, le "Fantôme Infernal" » résuma Tia.

« Maître de la Mort » murmura Aliz.

« Ouais. Une vraie Liche en chair putréfiée et en os » commenta Gagaran. « T'as bien raison d'avoir peur. »

La Guerrière avait très bien remarqué le frémissement de la jeune femme, mais elle l'avait pris pour de la terreur ce qui n'était absolument pas le cas. C'était de l'indignation face au surnom grandiloquent de ce vulgaire zombie.

« On dit que Peshurian est capable de trancher un adversaire à distance » dit Evileye. « Edström, elle, maîtrise des armes magiques volantes, Malvist est un bretteur et un empoisonneur, quant à Zéro, c'est un maître en arts martiaux et en combat à main nu. Il est inutile de parler de Succulent, mais sache que chacun d'eux est considéré comme équivalent à un Aventurier de Rang Adamantite. »

« Sauf que ce n'est pas moi qui l'ai arrêté » se défendit Climb.

« Tu m'as affronté et tu as survécu suffisamment longtemps pour qu'il le soit » intervint Aliz. « J'imagine que ce n'est pas donné à tout le monde. »

« En effet » approuva Lakyus. « Le Fantôme Infernal a énormément de morts à son actif. Et il s'agit seulement de celles que nous connaissons. »

« Mais le combat n'était pas loyal » reprit le jeune homme. « Il était handicapé par le fait qu'il devait protéger Cocco Doll. »

« Et tu t'es servi de son handicap contre lui comme un vrai Guerrier, puceau » affirma Gagaran en levant le pouce.

« Et le fait qu'il soit coffré nous offrira un sacré avantage » ajouta Evileye.

« Et puis tu as… enfin, tous les deux, vous avez rencontré Brain Ungleus » fit remarquer Lakyus. « Il vous a fallu une certaine chance. »

« Je savais que c'était une bête d'épéiste, mais de là à ce qu'il dézingue Succulent en un coup… »

« Cela montre qu'il est au moins au niveau de notre Capitaine des Guerriers. Ce qui fait que je suis assez intrigué par ce Majordome qu'Ungleus lui-même s'est dit incapable de vaincre. »

« J'ignore où se trouve la demeure de Messire Sebas » assura Climb.

« Idem » dit Aliz.

« Est-ce qu'il a été trop méfiant pour vous le dire ou est-ce que vous avez été trop poli pour demander ? »

« Les deux, Dame Evileye » dit la jeune femme.

« Peut-être est-ce qu'il nous l'aurait dit si on le lui avait demandé, mais je ne voulais pas le mettre dans l'embarras alors qu'il nous avait aidés. »

« Tu es trop gentil » déclara l'une des jumelles.

Ce n'était pas un compliment.

« Laissons cela de côté pour l'instant » intervint Lakyus. « À l'heure qu'il est, nous sommes ses débiteurs puisque c'est lui qui a trouvé la maison de plaisir et capturé Cocco Doll. »

« Vrai » approuva Evileye. « Rêve-t-on donc à nos moutons. J'imagine que les lieux des attaques vont être réétudiés, Princesse ? »

« C'est bien ça » acquiesça Renner. « Climb et Aliz ont mis le pied dans la fourmilière. L'ennemi doit s'agiter. C'est pour ça que nous devons frapper toutes les cibles simultanément pour éviter de leur donner le temps de se reprendre. »

Un silence gêné s'installa. C'était vraiment un changement radicale de leur plan. Au départ, l'idée d'attaquer les lieux les uns après les autres avait été émise parce que justement elles n'étaient pas assez pour s'occuper de toutes en même temps. Dans cette affaire, les Roses Bleues agissaient en indépendantes et seulement à cause de l'amitié entre leur cheffe et la Princesse.

La politique de la Guilde des Aventuriers était de ne pas se mêler des conflits entre Humains. Leur crédo était de les défendre contre les menaces extérieures et pas de mener des guerres pour eux. C'est pour cela que, non seulement, aucun d'eux ne les suivrait, mais qu'il était également impossible d'en recruter à la manière des Mercenaires… ou des Stipendiés, des personnes avec les compétences d'Aventuriers, mais qui acceptaient de se salir les mains avec n'importe quel type de contrat.

En aidant la Princesse, les Roses Bleues jouaient avec la ligne. Elles étaient clairement en infraction du code, mais leur Rang Adamantite ainsi que leur renommée les protégeaient des conséquences. Aucune autre équipe (à part peut-être les Larmes Rouges et Ténèbres, les deux seules autres équipes possédant le même Rang dans le Royaume) ne pouvait se permettre ce genre de transgression et s'en sortir indemne.

« On ne peut pas non plus impliquer les gardes. On ne sait pas lesquels pourraient travailler pour eux » analysa Evileye. « Et les soldats sont aux ordres des nobles. Vu que certains sont corrompus, mais qu'on ignore lesquels, on ne peut pas prendre le risque. »

« Les seuls auxquels on pourrait se fier, ce serait Stronoff et ses Guerriers » ajouta Lakyus. « Et encore. Je ne sais pas jusqu'à quel point on peut faire confiance à ses subordonnées. »

« Nous sommes handicapés par notre manque d'information. On ne sait pas jusqu'où s'étend la toile que les Huit Doigts ont tissée dans le Royaume. On ne sait pas à qui faire confiance. Si jamais on se trompe alors, notre opération finira par se solder par un échec où se transformer en jeu de taupe. »

« C'est pour cela que j'ai dans l'idée d'emprunter le pouvoir d'un noble de confiance » intervint Renner.

« Un tel noble existe, Princesse ? »

À ce moment-là, Aliz toussota pour rappeler aux autres qu'elle était elle-même noble et que jusqu'à là, son honnêteté avait été sans faille. Evileye tourna alors son masque dans sa direction et la toisa. La jeune femme soutint son œillade.

« Oui, en effet, j'en connais même plusieurs » intervint Renner en interrompant le duel de regard. « Mais un seul parmi eux aurait suffisamment d'influence pour nous être utile. »

« Et tu es sûr de lui ? »

« Autant que possible. »

« Ça risque sans doute de ne pas être suffisant. »

« Mais est-ce que vous avez le choix ? » Intervint Aliz.

Les Roses Bleues se tournèrent alors vers elle.

« Le plan initial est à présent impossible » développa la jeune femme. « Vous pourrez sans doute détruire une ou deux des planques, mais à cause de l'état d'alerte, cela risque de prendre du temps et d'en donner aux autres suffisamment pour évacuer. Le seul moyen est de parvenir à s'occuper de chacun simultanément, mais vous êtes loin d'être assez nombreuses pour que cela fonctionne. Vos options sont donc, soit d'abandonner soit de faire confiance au plan de Son Altesse. C'est un risque, mais un risque calculé. »

« Je n'aime pas vraiment ça, mais comme dit la Jeune Aliz, nous n'avons pas vraiment le choix » concéda Lakyus après un moment.

Evileye claqua sa langue de dépit, mais elle n'ajouta rien. Elle aussi savait que c'était la seule solution.

« Très bien, dans ce cas, Climb, j'aimerais que tu ailles demander une rencontre en mon nom avec le Marquis Raeven. »

0o0o0

Gazef hésitait entre dormir directement ou manger quelque chose avant quand on frappa au battant de son entrée. Il soupira de frustration et alla ouvrir seulement pour ressentir une bouffée de chaleur en voyant la personne qui se tenait sur le pas de sa porte.

« J'ai entendu que tu avais été debout toute la nuit et que tu n'avais mangé ni hier soir, ni ce matin, alors… » dit Aliz en levant le large panier qu'elle avait à la main.

« Oh… » dit simplement Gazef en tendant la sienne pour le prendre. « C'est gentil, je… »

« Alors on fait comme ça » dit la jeune femme en passant à côté de lui pour entrer dans la maison sans y être invitée. « Par où est ta cuisine ? »

Trop étourdi pour répondre, Gazef se contenta de pointer une direction du doigt.

« Mais… euh… en fait, je ne suis pas seul chez moi » Dit-il finalement.

« Je sais » dit simplement Aliz en disparaissant de la vue de l'homme.

À ce moment-là, il entendit un bruit dans les escaliers. Il leva les yeux et vit que c'était Brain qui descendait.

« Tu te réveilles tard » dit-il.

« Et toi tu t'es couché tard. Je t'ai attendu un peu puis je suis allé dormir. Désolé. »

« Pas grave. Je ne suis pas rentrée. Il y a eu du grabuge en ville hier. Un trafic d'esclaves a été mis à jour dans un bordel et pas mal de monde a été arrêté. J'ai dû rester auprès du roi quand il a travaillé pour calmer les choses. »

« Ah…. À propos de ça… »

« Je pose le vin sur la table. Servez-vous pendant que je réchauffe les plats » dit alors Aliz en arrivant dans la pièce et en faisant sursauter les deux hommes. « Bonjour, Brain, bien dormi ? »

« Vous vous connaissez ? » Demanda rapidement Gazef.

Il ressentait une sensation étrange au creux du ventre. Une espèce de douleur. Et dans le même temps, une légère vague de colère incompréhensible monta en lui.

« Je l'ai rencontré hier. On a aidé Climb et un vieux Majordome assez fort à démanteler la maison close dont tu parlais. »

Elle s'approcha de Gazef et tapota doucement sa joue.

« Désolé de t'avoir donné du travail » ajouta-t-elle avant de disparaître à nouveau. « Si tu veux savoir exactement ce qui s'est passé, Brain va t'expliquer. »

Gazef jeta un coup d'œil à l'autre homme qui se mit à se dandiner d'un pied sur l'autre.

« Et si on faisait comme elle a dit et qu'on prenait un verre » proposa-t-il en se dirigeant vers la table de la salle à manger.

Gazef le suivit. Tous deux s'assirent et se servirent le vin de la bouteille qu'Aliz avait apportée plus tôt. Ils commencèrent donc à boire alors que Brain racontait les événements de la veille.

« Je n'ai eu accès qu'à peu de détail sur les personnes qui ont mené l'intervention » dit finalement Gazef. « Alors tu dis que Climb était avec toi ? »

« Tu le connais ? »

« C'est le garde de la Princesse. C'est aussi un bretteur amateur enthousiaste. Il n'a malheureusement aucun "talent", mais… »

« Aucun talent à l'épée, c'est vrai » approuva Brain. « Mais dans un autre domaine. Comme le mental, il me surpasse et de loin. »

Gazef hocha la tête et porta son verre à ses lèvres. Il devait avouer que Brain avait raison. Lui aussi avait remarqué la puissance de volonté du garçon. Ses entraînements intensifs alors même que ses capacités restaient médiocres, son investissement dans sa mission, son sérieux perpétuel… est-ce que cela suffirait à faire de lui un véritable Guerrier, il ne savait pas. Cependant, cela pouvait devenir sa force.

« Quand je l'ai rencontré, il voulait s'entraîner » reprit Brain. « Il est resté de marbre face un danger devant lequel j'aurais fui la queue entre les jambes… je l'ai fait d'ailleurs. »

Il avait ajouté ces derniers mots d'une voix plus sombre et son expression changea quelque peu. Gazef comprit que cela avait à voir avec ce qui l'avait mis dans l'état dans lequel il l'avait trouvé plusieurs mois auparavant.

« Tu veux en parler ? »

Brain soupira.

« Non. Mais je me dis que je devrais » dit-il.

Il leva son verre et le vida cul sec. Il se resservit encore et le but à nouveau entièrement.

« J'ai croisé une abomination » déclara-t-il en grimaçant.

« Une abomination ? Un Monstre ? »

« Une Vampire. Probablement… Elle s'appelle Shalltear Bloodfallen. Elle a repoussé toutes les techniques que j'ai inventées pour te vaincre avec son petit doigt. »

« Je vois » dit simplement Gazef.

Mais son ton en apparence calme ne trompa pas Brain. Son souffle plus court, ses yeux légèrement écarquillés avant qu'il ne se reprenne, la tension dans son corps… il comprenait le désir qui animait le Capitaine des Guerriers, celui d'un adversaire à sa hauteur ou même plus fort. Depuis des années, il était confiné au palais. Il devait se languir de ces combats où l'avenir devenait incertain et où on mettait sa vie en jeu.

« Jamais entendu parlé » dit-il finalement après que Brain en ait fini la description. « Cependant… »

« Quoi ? » Demanda Brain.

Gazef prit une gorgée de vin et reposa son verre sur la table.

« À peu près à l'époque où je t'ai trouvé, il y a eu des rumeurs à propos d'un Vampire dans les environs d'E-Rantel. C'est bien dans ce coin-là que tu étais ? »

Brain, nerveux, hocha la tête.

« Un Aventurier du nom de Momon est apparu. Il avait déjà gagné son rang Mythril après avoir jugulé une vague de Morts-Vivants invoqués par un Nécromancien renégat quelques jours à peine après avoir intégré la Guilde. »

« Vraiment ? »

Gazef hocha la tête.

« Il a dit qu'il venait de terres lointaines au sud à la poursuite de deux Vampires. Il a identifié celui qui posait problème comme s'appelant Honyopenyoko. Peut-être que cette Shalltear était la seconde. »

« Peut-être… » marmonna Brain. « Qu'est-ce qu'il est arrivé à cette Hono… Honyo… machin ? »

« Momon l'a vaincu et ils lui ont donné le Rang Adamantite à lui et à sa coéquipière. »

« Alors c'est peut-être pas ça. Cette Shalltear est vraiment puissante… je doute qu'un homme seul… »

« On dit qu'il a utilisé une invocation capable d'utiliser des Sorts de Niveau 6 pour ça. À ce qu'il paraît, la zone autour du combat était dévastée. »

« Alors peut-être que c'est possible finalement » concéda Brain.

Mais il n'était pas vraiment convaincu.

« En tout cas… si jamais tu en entends parler, n'affronte pas cette chose » dit-il. « J'ai vu sa force. Même si nous la combattions ensemble, elle nous vaincrait en quelques secondes. »

« Tu ne penses pas que tu exagères ? »

« Si seulement » répondit le mercenaire avec un rire amer.

Parler de Shalltear le mettait mal à l'aise. Au souvenir, du carnage de cette nuit-là et de la terreur qu'il avait ressentie se mêlaient à ces sensations troubles qui faisaient réagir certaines parties de son anatomie quand il pensait à elle.

« Shalltear Bloodfallen, tu as dit ? » Demanda finalement Gazef. « Je m'en rappellerai… mais sans doute que tu ferais mieux de m'en reparler une fois que je serais sobre. »

Sans vraiment s'en rendre compte, les deux avaient déjà fini plusieurs bouteilles. Le fait qu'ils aient bu autant avec l'estomac vide rendait leur esprit bien plus embrumé qu'il n'aurait dû pour des hommes de leur carrure et de leur expérience avec l'alcool.

À ce moment-là, un plat fumant qui dégageait un fumet délicieux fut posé sur la table entre eux. Gazef tourna inconsciemment la tête dans la direction d'où il venait et vit qu'il s'agissait d'Aliz. Celle-ci portait une sorte de grand tablier d'une couleur rose. Cependant, un détail frappa l'homme assez rapidement malgré l'ivresse et lui dit recracher le vin qu'il était en train de boire. En effet, sous son tablier la jeune fille était… nue.

« Que… mais… Aliz… tu… que… » bégaya-t-il. « que… qu'est-ce que c'est que cette tenue ? »

« Ça ? » Demanda celle-ci en désignant son unique vêtement. « J'en mets toujours un pour cuisiner. »

« Mais pourquoi tu… tes habits… »

« Tu sais, il fait chaud dans une cuisine. Je me sens mieux comme ça. »

Elle ponctua ses paroles d'une pirouette qui permit notamment à Gazef, mais également à son invité de voir ce qui se cachait derrière et qui était totalement à découvert. Face au spectacle, Brain avait les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Un filet de vin coulait sur son menton.

« Je vais chercher le reste » dit finalement Aliz en retournant vers la cuisine.

Elle amena plusieurs autres plats, des assiettes, des couverts, une mouche de pain blanc et encore plus de bouteilles de vin. Le repas se passa en silence, les deux hommes trop abasourdit pour parler, mais heureusement pas pour manger, grâce notamment à Aliz qui les encouragea en leur donnant donnant de temps en temps la becquée.

« J'espère que ça vous a plu » dit la jeune femme quand les plats eurent tous été vidés.

« C'était très… » commença Brain.

« Bon… c'était très bon. Merci » acheva Gazef.

« C'est gentil. Je n'étais pas sûr que les compétences dans une cuisine soient suffisantes. »

C'était un mensonge évidemment. À un moment de son existence en tant qu'arbre mort, Harddyn avait été Chef dans un grand restaurant Parisien. Le temps avait beau passer, quand il s'agissait de cuisine, Paris était toujours Paris.

« C'était… parfait. Vraiment » la rassura Gazef. « Maintenant, si tu… enfin… si tu remettais tes vêtements ? »

« Mais il reste encore le dessert » répliqua Aliz.

« Personnellement, j'ai déjà bien mangé. Brain ? »

L'autre homme se contenta de hocher la tête.

« Quel dommage » dit alors Aliz.

Sa voix était différente de tout à l'heure. Alors que depuis le début elle avait eu l'air assez douce et innocente, elle était à présent plus basse. Plus séductrice.

D'un geste preste, elle grimpa sur les genoux de Gazef. L'homme sursauta et se figea de stupeur alors que la jeune femme se serrait contre son torse.

« Je suis pourtant sûr que tu vas l'a-do-rer » ronronna-t-elle.

Elle commença à caresser la poitrine et le ventre de l'homme toujours tendu et abasourdi puis se mit à déposer des baisers dans son cou, sur sa mâchoire et ses joues.

« C'est bon n'est-ce pas ? » Demanda-t-elle tout bas en se collant à son oreille.

Elle en mordilla ensuite le lobe et fit courir sa langue dans la partie interne de l'hélix. Gazef, de son côté, semblait flotter sur un nuage. Il ressentait le plaisir des caresses mélangé aux vapeurs de l'alcool et à autre chose qu'il n'arrivait pas à définir. C'était comme si son envie était plus forte, plus impérieuse et que ses inhibitions tombaient les unes après les autres.

C'est à cause de cela que quand il éprouva le violent désir de se relever pour plaquer sa jeune amante sur la table et dévorer ses lèvres, il s'exécuta immédiatement alors même qu'il était parfaitement conscient de la présence de Brain avec eux.

Celui-ci était à peu près dans le même état que le Capitaine. L'alcool se mélangeait dans son esprit avec cette sorte de langueur qui faisait tomber les barrières de la décence. Il regardait avec insistance l'homme large et puissant plaquer la frêle jeune femme sur la table et parcourir son corps fin avec ses lèvres. Bouche, mâchoire, cou… il poursuivit plus bas après avoir arraché le tablier qui la recouvrait d'un geste pressé. Il le vit ensuite prendre l'un des petits seins entre ses doigts épais et en aspirer le téton avec force alors que des gémissements jaillissaient de la gorge de la victime consentante.

Comme douer d'une vie propre sa main se posa directement sur la bosse qui se formait entre ses jambes. Il se mit à la caresser jusqu'à ce qu'une tâche humide apparaisse à l'endroit où le tissu était le plus tendu. D'un geste maladroit, il décompressa son pantalon, plongea sa main à l'intérieur et en sortit son sexe bandé qu'il commença à masturber vivement.

De son côté, Gazef lâcha finalement le sein, passa à l'autre, l'aspira à son tour avant de continuer à descendre le long du ventre plat et ferme de son amante. Arrivé au niveau de son mont de Venues. Il s'accroupit sur le sol puis posa l'une de ses mains puissantes sur chacune des cuisses d'Aliz et les écarta. Son sexe, à présent familier, était niché au centre d'une toison de poils clairs. Il y plaqua sa bouche avide et se mit à passer sa langue dans la fente en insistant bien sûr le petit monticule de chaires à son sommet.

Les gémissements d'Aliz étaient maintenant des miaulements et des cris. Elle avait relevé ses jambes et les avait croisés derrière la nuque de Gazef, l'obligeant à continuer l'excitante stimulation qu'il effectuait sur son clitoris et le long de ses lèvres sans compter le délicieux frottement de sa barbe à l'intérieur de ses cuisses.

Puis, la sensation cessa. Gazef était parvenu à se libérer des jambes de sa partenaire et s'était redressé. D'un mouvement brusque et déterminé, mais tout de même précautionneux, il la retourna sur la table. À présent sur le ventre et les pieds touchant le sol, Aliz écarta consciemment ses cuisses et releva ses fesses en un geste d'invite sans équivoque.

Gazef souffla comme un animal. Rapidement, il défit sa ceinture et releva sa tunique avant de la passer par-dessus sa tête et de la jeter au loin. Son torse poilu était déjà luisant de sueur. Il défit ensuite les lanières de sa braguette déformée par une bosse impressionnante et en sortit son sexe lancinant et trempé de mouille.

Il se pencha puis posa une main sur la table pour garder l'équilibre alors que l'autre guidait l'engin vers la fente accueillante. Il passa le gland le long des lèvres, les écartant et les maculant de liquide visqueux et brillant.

« Vas-y » dit simplement Aliz.

C'était la première fois qu'elle parlait depuis qu'ils avaient commencé. C'était d'ailleurs la première fois que quiconque parlait depuis ce moment-là. Les seuls bruits qui avaient été entendus étaient les gémissements et les cris de la jeune femme ainsi que les halètements et grognements des hommes.

Ce simple mot prononcé d'une voix ferme eut l'effet d'un coup de tonnerre au milieu de ce demi-silence. Gazef sentit un frisson violent parcourir sa colonne vertébrale et le désir enflamma ses veines. D'un seul mouvement leste et puissant, il poussa son sexe dans le vagin d'Aliz qui laissa échapper un petit bruit ravi. Il se saisit ensuite de ses hanches et se mit à la marteler avec vigueur.

Brain, lui, était toujours assis sur sa chaise avec sa bite à la main, mais il était complètement nu. Quelques instants plus tôt, un orgasme déchirant avait traversé ses testicules et était remonté jusqu'au sommet de sa verge. Plusieurs jets de foutre blanc avaient alors maculé le devant de sa tunique. La pression était si forte que certains avaient atteint son visage. Il avait même quelques gouttes dans ses cheveux noirs aux reflets bleutés. D'un geste absent, il avait passé ses doigts sur ses joues pour récupérer un peu du fluide et les porter passionnément à sa bouche. Il avait ensuite abandonné tunique, pantalon et bottes afin de se rassoir sur sa chaise, nu comme au jour de sa naissance, le sexe toujours raide et avide de se soulager.

Quand Gazef commença sérieusement à baiser sa compagne, celle-ci releva la tête pour se mettre à pousser de puissants gémissements de contentement. Par la même occasion, elle posa son regard séducteur sur Brain et passa sa langue sur ses lèvres. Y voyant un signal autant qu'une invitation, le Mercenaire se leva puis grimpa directement sur la table. Il s'avança vers Aliz et s'agenouilla face à elle, talon sur les fesses et cuisses écartées, son sexe raide dressé devant lui.

La jeune femme baissa alors son visage et le goba d'un seul coup. Brain poussa un cri étranglé et se mit à haleter comme un chien. Une main en arrière pour se retenir, il posa l'autre sur la chevelure courte et douce d'Aliz afin d'accompagner le mouvement de va et viens de ses lèvres sur sa queue.

Comme il continuait à marteler toujours plus fort son amante, le regard de Gazef était fixé sur l'arrière de sa tête alors qu'elle donnait sa bouche à un autre homme que lui. Loin d'être puritain, Gazef n'avait jamais envisagé une seule seconde une telle situation et pourtant, à présent, il la vivait sans arriver, il ne savait comment, à ressentir de honte.

Ce qu'il ressentit, cependant, c'est un désir de dominance bestial sur sa compagne et aussi sur leur amant. Il fit alors remonter ses mains jusque sous les épaules de la première et, uniquement par la force de ses bras, souleva son buste de la table pour le poser sur son torse large. Il saisit ensuite Aliz par dessous les cuisses au niveau des genoux avant de la faire rebondir sur son sexe tout en observant Brain pour lui signifier qu'il était celui qui dirigeait.

Ce dernier resta quelques instants stupéfait par le spectacle du mince corps de l'Écuyère plaqué contre celui, plus volumineux, de l'homme et presque déchiré en deux par sa verge imposante qui apparaissait brièvement entre ses cuisses écartées avant d'être à nouveau enterrées dans le vagin accueillant.

Finalement, il se remit à quatre pattes et avança jusqu'au bord de la table. Il se pencha en avant et posa sa bouche sur le clitoris déjà surstimulé d'Aliz. Il commença à le sucer puis passa sa langue dessus, léchant à la fois le petit bout de chaire féminine et également le mât de chair très masculine de Gazef qui continuaient de pénétrer à cet endroit.

Finalement, la jeune femme dressa son cou afin de pouvoir murmurer quelque chose à l'oreille de son amant. Celui-ci, le regard rendu flou par le désir, l'alcool et l'étrange envoûtement désinhibant finit par stopper ses mouvements. Il souleva sa compagne pour la dégager de son sexe et la déposa enfin au sol.

Celle-ci se dirigea alors vers Brain et le força à s'asseoir sur le rebord de la table puis d'une main impérieuse posée sur son torse glabre, à s'allonger dessus. Elle monta ensuite à son tour sur le meuble et se mit à califourchon sur l'homme. Celui-ci sentit ses doigts fins prendre sa verge puis la guider dans son vagin déjà bien ouvert. Un cri étranglé jaillit de sa gorge quand son gland commença à pénétrer la fente humide et chaude. Il crut qu'il allait encore avoir un orgasme, mais quelque chose l'en empêcha. Il ressentit alors la douloureuse et merveilleuse sensation de vouloir jouir, mais sans pouvoir aller jusqu'au bout.

Gazef attendit que les fesses de sa compagne touchent les cuisses de l'autre homme pour grimper sur la table à son tour. Il se plaça derrière Aliz et, la maintenant par l'épaule, la força à se pencher sur le torse de Brain. À nouveau, il utilisa sa main pour guider son sexe et en posa le gland sur la vulve humide. Celle-ci était déjà étirée par celui de Brain, mais il augmenta un peu plus la pression et parvint finalement à s'insérer.

L'étroitesse du fourreau de chair le fit pousser un gémissement de plaisir, mais celui-ci fut couvert par les cris synchronisés d'Aliz et Brain. La première parce qu'elle sentait son conduit vaginal se distendre et se remplir de façon satisfaisante et le second à cause de la sensation de la verge rigide de Gazef glisser contre la sienne.

Ce dernier mit quelques instants à s'habituer à la pression sur son organe. Il se plaqua ensuite contre le dos d'Aliz et amorça le mouvement d'avant en arrière. Dans sa position, c'était impossible pour Brain, mais il avait l'impression d'être masturbé par la bite de Gazef. Il la sentait aller et venir, pulser… il sentait sa chaleur, sa rigidité, sa force. Grâce à cela, son plaisir n'en était que plus fort.

Au bout d'un moment, Aliz se pencha vers lui et fit taire ses gémissements avec ses lèvres. D'abord surpris, Brain prit le contrôle du baiser. Il aspira la langue de la jeune femme alors que ses mains caressaient ses reins et ses fesses, effleurant parfois la chaire ferme et chaude de Gazef.

Ce dernier, sans doute jaloux, le sépara rapidement. Il tourna ensuite la tête d'Aliz aussi loin qu'il le pouvait et se mit à l'embrasser à son tour. Celle-ci finit par se dégager doucement puis posa sa main derrière celle de Gazef. Elle le fit se baisser encore et encore tout droit vers le visage de Brain. Finalement, les deux furent à portée de souffle l'un de l'autre. Une pression supplémentaire de la part d'Aliz et les lèvres des deux hommes se rejoignirent, les faisant partager un baiser fougueux et viril.

À ce moment-là, les mouvements de hanches de Gazef s'accélèrent et il se mit véritablement à marteler le sexe écartelé d'Aliz tout en continuant d'embrasser Brain. Un cri puissant de la jeune femme, signe d'orgasme, s'éleva dans la pièce. Au même moment, son vagin se resserra, piégeant les queues turgescentes et vibrantes de ses deux amants. Gazef rugit dans la bouche de Brain et celui-ci fit de même dans la sienne alors que la jouissance les emportait également.

Sonné, Gazef se détacha de Brain et s'effondra sur le dos d'Aliz comme une poupée de chiffon. Tous les trois haletaient, le cœur battant, et l'esprit embrumé par l'orgasme. Finalement, Gazef glissa sur le côté et roula sur la table à côté de Brain. Aliz se dégagea également, mais sur le côté opposé et, au lieu de s'allonger, resta assise sur le bois ciré, cuisse ouverte sur son sexe dégoulinant de foutre. Son corps fin et nerveux était luisant de sueur. La lumière des bougies de la maison de Gazef faisait des reflets dorés sur sa peau.

Hypnotisés par sa pose alanguie, les deux hommes se redressèrent finalement. À genoux, ils se rapprochèrent de leur amante. Celle-ci leur sourit et posa ses mains sur leurs joues avant de les attirer à elle. Écartant les cuisses encore plus, elle les guida jusqu'à son vagin ouvert et maculé par leur virilité. Elle n'eut rien à dire, car ils se mirent d'eux-mêmes à nettoyer la fente élargit avec leur bouche, chacun aspirant le sperme de l'autre, leurs langues fouillant le sexe de la jeune femme et parfois, moins par accident que par excitation, jouaient ensemble.

Ce n'est que plusieurs heures plus tard que l'appétit insatiable d'Aliz se calma et qu'elle défit son emprise psychique sur les hommes, les libérant de son pouvoir de succube de la même façon que le sexe les avait libérés des valeurs de l'alcool et de leur désir brûlant.

Pendant tout ce temps, le corps de trois amants s'était mêlé, chacun des deux rivalisant pour plaire à la jeune femme et celle-ci les guidant pour prendre leur plaisir avec l'autre. Après avoir goûté leur semence et leur salive respective, chacun avait également goûté le sexe, la peau et l'anus de l'autre, aveuglé par leur désir, entrainés par leur maîtresse et parfois, même, leur consentement. Aucun des deux n'avait jamais expérimenté de tel plaisir et, à présent que les voiles sur leurs esprits s'étaient dissipées, ils ne savaient que penser. Allongés sur la table, ils se contentaient de fixer le plafond pour éviter à tout prix de croiser le regard de l'autre.

« Au fait » dis finalement Aliz qui semblait aussi fraîche qu'une rose malgré l'effort. « Si j'étais venu chez toi au départ, c'était pour te prévenir que la Princesse allait lancer un assaut important sur les Huit Doigts ce soir et que toi et tes Guerriers étiez convoqués pour faire partie de la force d'attaque. »

« Quoi ? » Balbutia Gazef, les yeux écarquillés.

« Attaque. Ce soir. Huit Doigts. La Princesse Renner t'en parlera mieux que moi, d'ailleurs je crois qu'elle t'attend bientôt au palais. »

Gazef cligna des yeux de surprise pendant quelques secondes puis il sursauta, tomba presque de la table, se releva, récupéra ses affaires et monta les escaliers quatre à quatre jusqu'à sa chambre espérant pouvoir se nettoyer de la sueur et du sperme qui le recouvrait avant de se changer et de retourner faire son devoir.

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Il était impossible pour Sebas et Solution de partir au milieu de la nuit pour retourner à Nazarick. Ils avaient beau avoir des remplaçants, ceux-ci devaient être formés à les remplacer, à assurer leurs tâches internes pour la gestion du réseau d'espionnage, mais aussi à s'installer dans la vie que les deux agents avaient créée ici. En tant que commerçants, ils avaient noué des contacts au sein de la capitale. Des contacts importants qu'il aurait été dommageable de perdre avec une transition bâclée.

Cela a également été l'occasion d'introduire auprès de ces derniers le fameux marchand de l'Empire, père de demoiselle Solution et maître de Sebas. Ce serait dorénavant lui qui se chargerait d'entretenir le réseau de commerce et de renseignement à la place des deux autres. Cela permettrait à leur Doppelgänger de se consacrer à des tâches de gestion nécessaire au quartier général du service d'espionnage de Nazarick dans le Royaume.

Afin de faire d'une pierre deux coups, Harddyn avait décidé que Charade Logogrif, nom qu'il avait donné à son négociant fictif, serait depuis peu associé à la Maison de Commerce Venceol. Cela serait l'occasion de commencer à étendre le réseau commercial qui possédait déjà dans l'Empire jusqu'au Royaume. Bien entendu, il était pour le moment hors de question d'y créer un système postal. Harddyn savait que l'Empereur verrait d'un mauvais œil cet avantage tactique chez leur adversaire de toujours.

Cependant, il savait également qu'il ne serait pas contre le fait de recevoir certains biens produits sur place tels que par exemple… des cartes. Des cartes précises et détaillées du territoire de leur ennemi. Le tout, bien entendu, sans que la réciproque ne soit vraie et que les informations sur l'Empire détenu par les Venceol restent dans l'Empire.

La matinée avait donc été assez chargée et la maison de la capitale avait fourmillé d'activité. À présent que le « chef de famille » était présent en ville, il était impossible de penser qu'il ne soit pas accompagné d'un personnel important : domestiques, cuisiniers, palefreniers, secrétaires… tous prétendant évidemment venir de l'Empire, mais chacun d'eux étaient une Créature à forme humaine au service de Nazarick. Chess lui-même avait constitué une équipe dont les Races et Classes différentes étaient les mieux adaptées aux missions qui seraient nécessaires par la suite. Son plan de recrutement était tellement précis qu'il pourrait servir de référence pour la formation des équipes de terrain à l'avenir.

Finalement, c'est au début de l'après-midi que l'activité se calma. Le manoir ainsi que les divers réseaux étaient à présent bien en main de leurs successeurs ce qui fait que Sebas et Solution pouvaient retourner à Nazarick.

Il ne leur restait plus qu'à récupérer Tuare.

Pour lui éviter l'agitation, le Majordome avait déplacé la jeune femme dans une chambre assez éloignée du centre de la maison. Il l'avait également enfermé, d'abord parce que c'était une consigne de leurs Maîtres et ensuite pour qu'elle ne soit pas effrayée par des étrangers venus la déranger.

Arrivé devant la porte, il sortit la clé et entra le penne dans la serrure. Il voulut l'actionner, mais il se rendit compte qu'elle était déjà déverrouillée.

« Il y a quelques rayures fraîches autour de la poignée » remarqua Solution qui l'avait accompagnée, presser qu'elle était par leur départ. « Il y a de grandes chances que quelqu'un ait forcé la… »

Elle n'eut cependant pas le temps de finir que Sebas ouvrait la porte à la volée et se précipitait dans la pièce.

« Tuare ? Tuare, es-tu là ? » appela-t-il alors même que ses sens amplifiés lui disaient qu'il n'y avait personne à la ronde.

Il fit toutefois le tour de la maison, mais aucun des membres du personnel ne l'avait vu. Ils étaient tous au courant de leur présence, mais à aucun moment ils ne l'avaient aperçu. Une humaine, ils s'en seraient rendu compte. Il n'y avait de plus aucune trace de lutte. S'il n'y avait pas eu les marques sur la serrure, on aurait pu croire qu'elle se serait enfuie. Là, elle donnait simplement l'impression de s'être évaporée.

Sebas serra les poings, furieux contre lui-même. Il avait cru que l'activité intense du manoir découragerait ses poursuivants d'agir et que le temps leur manquerait pour trouver un plan plus efficace. Il l'avait surveillé toute la nuit pour être sûr que personne ne tente d'utiliser l'absence de lumière pour se faufiler. Comme il n'était rien arrivé au matin, il s'était dit qu'elle ne craignait plus rien. Il ne le sait pas qu'ils agiraient au grand jour dans une maison pleine de monde. Ces malfrats étaient décidément très téméraires, mais aussi très malins.

« Maître Sebas, par ici » dit alors Solution.

« Tu l'as trouvé ? » Demanda le Majordome avec espoir.

Un espoir bien évidemment vain puisque tout ce qu'avait Solution, c'était un morceau de parchemin qu'il lui arracha presque des mains. Celui-ci confirma au vieil homme ce qu'il craignait. La jeune femme avait bien été enlevée. Non seulement cela, mais ses ravisseurs avaient l'outrecuidance de le sommer de venir la récupérer.

« Je vais la chercher » dit le Majordome en froissant le message.

« Ce serait sage en effet » approuva Solution à la surprise la plus totale de son supérieur. « Toutefois qu'en est-il des ordres de Maître Ainz de nous retirer ? »

« Cet ordre comprenait également Tuare. »

« Certes. Cependant si vous agissez une nouvelle fois sans permission, la situation pourrait bien à nouveau dégénérer. »

« Une heure et un lieu sont indiqués sur ce message. Il est plus que probable qu'ils soient liés à l'organisation qui tenait la maison de plaisir que j'ai détruite. »

« Je vois. C'est en effet plausible. Mais avant de vous y rendre, il serait plus sage d'en référer à Maître Ainz et Maître Harddyn. Vous avez déjà agi dans leur dos une fois. Si vous deviez recommencer, cela serait pris pour une nouvelle trahison, n'est-ce pas ? Mais plus important encore, avez-vous oublié les mots que Maître Ainz a prononcés ? »

Sebas s'en souvenait. Il avait juré que Tuare serait sauve. Sur son nom. Sur celui d'Ainz Ooal Gown, le nom du Royaume créé par les Êtres Suprêmes et dont il s'était revêtu lorsqu'ils s'étaient retrouvés ici.

« Très bien » dit-il finalement. « Contacte notre Maître. Dis-lui que Tuare a été enlevé et demande lui… demande-lui ce que nous devons faire. »

Solution s'inclina puis ôta le bracelet doré qui ornait son poignet. Elle le déplia et passa son doigt sur la surface pour l'activer. Le CrysTel s'illumina et elle put ainsi entrer en contact avec leur Souverain.

Nul besoin de dire que la colère de l'un des maîtres suprêmes de Nazarick fut terrible. Alors que le destin de cette organisation était encore incertain quelques heures auparavant, il était à présent scellé : une purge serait nécessaire pour qu'ils puissent expier leur crime.

À suivre…

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Et voilà un autre chapitre. Cela faisait longtemps n'est-ce pas ? Désolé. Mon mois de novembre a été un peu chaotique. Figurez-vous que je suis partie au Japon cette année. Pendant 2 semaines. C'était un voyage prévu depuis déjà 2020, mais avec le COVID, il avait été reporté. J'ai donc passe les deux premières semaines de novembre a finir de tout préparer, et les deux dernières… à en profiter.

Oui, je sais que j'avais dit que je me calmerai niveau scènes de sexe pour laisser l'histoire progresser. C'est juste que ça faisait déjà pas mal de temps que je voulais faire ce Threesome-là et que j'ai pu le caser qu'ici. En tout cas, j'espère qu'il vous a plu.

En tous les cas, n'hésitez pas à me laisser un commentaire. À la prochaine fois et Bonnes Fêtes !