Sa main formait par automatisme les mots que la bleutée entendait alors que son regard était figé ailleurs.
Complètement perdue dans sa contemplation, elle perdit même le fil de la phrase que venait de dicter le professeur d'histoire, madame Mavis, dispensant le tout premier cours de cette matinée.
La main sous le menton regardant droit devant lui, Gajeelgrimaça.
— Arrête de me fixer, dit-il, agacé.
— Hein ? sursauta t'elle, prit sur le fait. Euh non... Je regardais juste si tu étais attentif à la leçon, se justifia t'elle, déviant enfin son regard sur son cahier.
— Et toi, est-ce que tu l'es ?
Levy serra plus fort son stylo.
Pas vraiment, elle était complètement perdue dans ce qu'elle rédigeait et en relisant ses notes elle se rendait compte que ça n'avait pas vraiment de sens.
Parce qu'elle l'observait lui.
— Et bien comme je le disais... je veillerais à ce que tu ne t'endormes pas, dit-elle, lui offrant un sourire.
Il ne répondit pas et se contenta de détourner la tête.
Embarrassée, Levy se demandait si elle venait de l'énerver et un étrange picotement lui saisit au cœur.
— Ah... soupira t'elle douleuresement.
Peut-être qu'il sera mieux pour elle de se concentrer sur la leçon que dispensait le professeur.
Le visage dans la main depuis tout à l'heure, Gajeel n'avait osé soutenir le regard de la bleutée.
— Putain ! jura t'il silencieusement.
Elle réussissait toujours à le prendre par surprise.
Ah... Elle est vachement belle.
Tenté, il jeta un coup d'oeil vers sa voisine. Elle avait l'air plus concentré que plus tôt.
Alors discretement, il observa chacun de ses gestes, quand elle recopiait avec serieux, écoutait attentivement ce qu'expliquait la jeune professeur et surtout, il ne resta pas impassible quand elle remit négliment ses mèches de cheveux balayant son front l'empêchant de voir nettement dans son livre.
Elle se proposa de faire la lecture quand Mavis demanda un volontaire.
Et celle-ci lui recommanda de ne pas prendre la peine de se mettre debout.
Insconsciemment, Gajeel se mit à être attentif, écoutant la voix de Levy se repandre dans la salle de classe quasi silencieuse.
Ses vibrations délicates.
Cette lecture lui était drôlement agreable à entendre.
" Même pour lire elle fait son intéressante. "
"C'est quoi cette voix toute fausse ?!"
" Lit normalement bon sang, ça fait mal aux oreilles. Haha. "
Le son de la voix de la bleutée se mit alors à trembler, perturbée.
Pourquoi trouvait-ils toujours à redire quand elle posait un acte bienveillant ?
Remarquant son changement, madame Mavis préfera mettre un terme à la lecture, voyant Levy incommodée.
Franchement, ses élèves.
— Tu peux t'arrêter là. Euh... Qui pour continuer ?
D'autres élèves se désignèrent volontaire et elle en choisit un.
La bleutée quant à elle resta crispé sur sa chaise, la tête baissée.
Elle n'aurait pas dû montrer que leurs paroles l'affectaient – Ses yeux se fermèrent obstinément – Elle était vraiment trop sensible à ce qu'on pourrait penser ou dire d'elle.
Parce que c'était la première fois qu'elle vivait de telle situation. Elle avait du mal à le vivre.
Gajeel regarda tour à tour ses camarades. Qu'ils étaient misérables. C'était facile pour eux de s'en prendre à quelqu'un d'inférieur selon les ''normes de la societé''.
Une handicapée. Une cible facile même pour des moins que rien.
Pourtant lui, il remarquait à peine ce détail. Peut-être parce qu'il s'en foutait la plupart du temps de la condition des autres en bien comme en mal.
Il ferma les yeux.
Ça commençait à bien faire.
Sans prendre la peine de noter quoi que ce soit, le cours s'était terminer ainsi et Gajeel bailla un bon coup.
Qu'il avait sommeil !
— Gajeel, tu peux venir un instant ? demanda Mavis conciliante, rédigeant dans le cahier de texte.
Hein ? Qu'est-ce qu'elle lui voulait celle-là ? Alors qu'il était sur le point de s'adonner à son moment favori.
Dormir !
Il s'était maîtrisé tout le long du cours parce qu'elle lui en avait empêcher, justement !
Irrité, il se leva tout de même et alla à sa rencontre sous l'oeil attentif mais discret de la bleutée.
— Pourquoi je suis là ? demanda t'il.
— Est-ce que tu as pu réfléchir à ma proposition ?
Ce dernier haussa un sourcil, ne sachant pas de quoi elle parlait.
La jeune enseignante soupira.
— Je parle du programme personnalisé de réussite éducative.
— Ouais et c'est non.
— Pourquoi ?
Et pourquoi il était aussi catégorique ?
— Est-ce qu'au moins tu y as vraiment réfléchit ? J'ai déjà inscrit plein d'élèves. Vous avez droit à un accompagnement individuel et vous serez...
— J'ai pas besoin de votre machine chose là, coupa t'il court.
— Mais pourquoi ? redemanda t'elle, ne comprenant vraiment pas.
— Je déteste ce genre de chose.
— Et comment tu comptes t'en sortir alors ? Tu es discret à tout tes cours ou bien tu ne fais que dormir.
— Vous me ficherez la paix si je reçois de l'aide ailleurs ?
— Pardon ?
Gajeel se retrouna et son regard se porta directement sur la bleutée qui elle, n'avait cessé de porter son regard sur lui depuis tout ce temps.
Leur regard se croisant, Levy baissa le sien se sentant en faute.
— Hoye Levy, vient là, l'appela t'il d'une voix forte, pour qu'elle puisse l'entendre par dessus le bruit de la classe.
Hein ?
Elle releva le visage et l'interrogea du regard.
— M-moi ? mima t'elle.
— Ouais, j'ai besoin de toi là, clama t'il.
Il a... Besoin d'elle ?
Son coeur s'emballa pour si peu et hésitante, elle récupéra sa béquille et alla le retrouver près de madame Mavis à l'avant.
La jeune fille se tint au côté de Gajeel et celui-ci posa ses mains sur ses épaules faisant sursauter la belle.
— On travaille ensemble, dit-il.
— Vraiment ? fit Mavis surprise, regardant avec insistance Levy.
Travailler ? Ah il parlait sans doute...
— Oui, acquiesça cette dernière. On étudie ensemble. Il m'avait demandé si je pouvais l'aider vu ses difficultés et j'ai accepté. On a commencé le week-end passé et...
Gajeel fit une légère pression sur ses épaules.
— C'est bon.
— D-désolée, s'excusa t'elle tout bas.
— De base c'est elle qui a dit que je pouvais la voir si j'ai besoin d'aide, précisa Gajeel. Vous imaginez rien.
— Haha mais bien sûr, rit Mavis, gênée.
C'est vrai qu'elle s'était demandée comment quelqu'un considéré comme la brute du lycée se retrouvait à étudier avec une fille aussi studieuse, appliquée et calme que Levy Mcgarden.
Elle avait pensé qu'il l'avait peut-être menacé ou fait du chantage.
Étant donné qu'elle était nouvelle, elle ne devrait pas avoir vent des rumeurs qui circulaient sur lui, de ses précédents agissements.
Mais c'est vrai que cette année il était plutôt calme.
— Bon très bien. Si t'as préféré l'aide d'un camarade qu'un programme offert par le lycée. Mais si tu ne remonte pas, on a reparlera.
— C'est ça, murmura t'il.
— Tu peux retourner t'assoir. Je veux discuter avec Levy un moment, dit-elle toute souriante, les mains jointes.
Délaissant enfin les épaules de la bleutée, celle-ci ressenti cette maigre chaleur la quitter.
Elle se tourna de suite, le regardant retourner sur son siège et tomber raide dessus.
— Gajeel...
— Levy, est-ce que tout va bien avec tes camarades ? S'il y'a un quelconque problème tu peux venir m'en parler. Il ne faudrait pas ce qui t'es arrivée la dernière fois se reproduise.
— Il y'a pas de problème majeur, répondit-elle, prêtant attention à son interlocuteur.
— Et avec Gajeel ?
— Il est aimable avec moi.
Aimable ?
Lui qui avait évité de justesse plusieurs renvois pour cause de violence ?
— D'accord. Tu peux retourner t'assoir.
— Passez une bonne journée madame, souhaita t'elle gentiment.
— Merci, c'est très gentil.
Mavis regarda son élève s'en aller quand la porte s'ouvrit sur le second professeur de la journée.
— Mr Bluenote Stinger, vous êtes déjà là, rit la femme blonde, embrassée.
— Comme on se revoit mademoiselle vermillon.
— Désolée d'avoir occupée nos élèves plus longtemps que prévu.
— Oh je crois que je vais devoir m'en habituer.
— Vous êtes drôles. Je vous laisse. Ne les surmenés pas trop.
— Évidemment.
Lorsqu'elle traversa la porte de la classe, le professeur de mathématiques perdit de suite son sourire.
— Faîtes silence et rangez vos tables. On a une interro surprise.
— Quoi ??
Gajeel crut s'évanouir, il voulait simplement dormir. Était-ce trop demandé ?
Paresseusement, il sortit simplement un stylo attendant la distribution des copies.
Après cela, un silence de mort s'installa. Ce prof était vraiment un malade, ça n'avait presque rien à voir avec ce qu'ils avaient déjà eu à faire.
C'était juste une façon de leur dire, indirectement. Travailler plus souvent.
Des minutes s'égrainèrent, pendant lesquelles même pas un stylo se grattait contre la feuille.
— C'est vraiment difficile, évalua Levy.
Au trop, elle pouvait répondre à trois ou quatres questions mais la dernière était vraiment difficile.
Comment s'en sortait Gajeel ?
Il lui suffit de jeter un regard pour qu'elle comprenne. Son visage en disant long.
Et si elle l'aidait ? À cette allure il allait se prendre un zéro.
Bien que c'était vraiment pas dans ses habitudes, elle détestait même faire ça.
Mais juste cette fois.
— Gaj...
— Mademoiselle Mcgarden, vous avez un problème ? chuchota le professeur derrière Levy.
Cette dernière écarquilla les yeux. Depuis quand était-il derrière elle ?
— N-non, aucun...
— Pourquoi regardez vous votre voisin alors ? Vous lui devez quelque chose ?
— Pas... Pas du tout.
— Tâchez de ne pas faire quelque chose qui serait embêtant pour vous.
Levy hocha timidement la tête, heureusement qu'elle n'avait rien tenté de stupide.
*
Les élèves sortirent de la salle de classe épuisé à la sonnerie de fin de cours, comme vidé de leur énergie par ce petit test
C'était la première pause déjeuner.
La bleutée sortit son repas toujours préparer avec soin par son père tout en jetant un coup d'œil à sa droite.
La place à côté d'elle était vide, il était directement sortit après avoir remis sa copie.
La bleutée soupira grandement, déjà qu'elle-même avait eu du mal à terminer ce test, elle se demandait comment il s'en était sorti.
Mr Bluenote n'avait pas cessez de la surveiller et c'était la première fois qu'une chose pareille l'arrive.
Elle en avait encore des frissons.
Consommant doucement son repas, la bleutée entendit des coups bizarres portés à la fenêtre.
Elle devia automatiquement sa tête par là pour savoir de quoi il s'agissait mais à sa grande surprise, elle fut étonnée de voir Gajeel toquant dessus.
Il voulait quelque chose ?
Il lui fit des gestes lui disant d'ouvrir la fenêtre et de s'approcher.
Bien qu'hésitante, elle obéit après avoir récupéré sa béquille et maintenant face à lui, elle lui sourit légèrement.
— Il y'a un problème ? demanda t'elle.
— Traduit moi ça, dit-il, plaçant son téléphone devant elle.
— Comment ?
Il lui recommanda de prendre le dit appareil ce qu'elle fit.
— Qu'est-ce que ça dit ? demanda t'il, croisant les bras.
— Euh et bien ''Derrière le bâtiment sud, rejoint moi après''
— Putain ! Pourquoi pas le dire clairement, que d'utiliser cette langue où je comprend que dalle, maugréa t'il.
Il ne cherchait qu'à l'énerver, c'est sûr.
— Répond.
— Je... Je réponds ? s'étonna t'elle. Je réponds quoi ?
— T'en doué en anglais, non ? T'en connais des injures ?
— Euh... Quelques ?
Fallait avouer qu'elle s'était un peu aventurer dessus, car connaître le vocabulaire et les expressions qualifier de ''vulgaires'' d'une langue permettait de s'imprégner de la culture du pays. Mais elle ne les utilisait jamais. S'était un peu gênant pour elle.
— Ouais parfait. Envois-en plein dans ce cas.
— Est-ce que tu as envie d'y aller ?
— Non.
Levy se permit de répondre, se demandant bien de qui il s'agissait.
— T'as répondu ?
— Ah oui.
— T'as dis quoi ?
— J'ai dis que tu ne pourrais pas y aller.
— C'est pas ce que je t'ai demandé.
— Désolée.
— T'es du genre polie toi.
— Un peu oui.
Levy lui rendit son téléphone et elle se souvint que jusqu'à présent, il n'avait même pas prit contact avec elle.
Pourquoi il avait prit son numéro dans ce cas ?
Elle gonfla les joues. Il avait oublié ou quoi ?
Quand il se retourna, Levy l'arrêta.
— Ga-Gajeel attend.
— Quoi ?
Levy se mit à murmurer tout bas que Gajeel l'entendrait sûrement à peine.
— Est-ce que je... Je pourrais avoir ton... Euh ton... commença t'elle, la voix si faible, le regard fuyant.
Elle se mit à rougir automatiquement. Jamais elle ne pourrait lui demander son numéro comme ça.
— Non rien.
— Parle, où je te force à parler.
Qu'est-ce qu'elle voulait lui demander au point qu'elle était si... Gênée et mal à l'aise ?
— Je demandais si... Si je... je peux rester avec toi ? dit-elle, changeant de demande.
La main sur sa poitrine et les yeux fermés, elle appréhendait sa réponse. Pourquoi elle avait demandé ça ? C'était osé de sa part.
Il allait refuser c'est sûr.
J'ai personne avec qui trainer de toute façon.
Hum...
Ses doigts se serrèrent.
— Fait comme tu veux, dit-il, détournant la face.
Surprise, elle releva subitement la face et sourit.
— Merci.
