Bonjour,
On se retrouve aujourd'hui avec un nouvel OS, qui est, je préfère le dire avant, triste, très triste. Sortez les mouchoirs avant de lire.
Bonne Lecture
Tout c'était passé comme dans un film. La minute d'avant, il discutait avec Hélène dans la cour de l'IML, et celle d'après, il était sur le sol, allongé face contre terre, sans vraiment savoir comment il était arrivé là, et un peu plus loin, Hélène était allongée sur le dos, une main sur son ventre, secouée par des tremblements.
Il évalua rapidement son état de santé pour voir si il était blessé quelque part, mais il ne semblait rien avoir de trop grave. Ensuite il essaya de se souvenir ce qu'il c'était passé il y a quelques instants et comment ils avaient fait pour en arriver là…
Le tout ne dura pas longtemps, mais comme il avait été un peu sonné par le choc, il avait du mal à s'en souvenir. De plus, Hélène ne s'était toujours pas relevée. Pris de panique, il s'approcha d'elle avant de remarquer qu'elle avait été touché par une balle. Il posa ses mains sur la plaie, appuyant de toutes ses forces pour empêcher le sang de quitter le corps de son amie. Et tout lui revint en tête…
Un homme s'était approché d'eux avant de sortir une arme et le reste avait duré une fraction de seconde. Hélène avait crié son nom pour qu'il se pousse mais devant son absence de réaction, elle avait pris le temps de le pousser de la trajectoire, se prenant donc une balle… Elle avait à peine eu le temps de sortir son arme pour riposter. Étant une excellente tireuse, le suspect devait être blessé, mais Balthazar ne le voyait nulle part.
Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé, sûrement moins d'une ou deux minutes, puisque il vit Delgado débarquer comme un fou à proximité d'eux. Il lui hurlait dessus pour savoir ce qui c'était passé, mais la vérité c'est qu'il n'en savait absolument rien… Tout ce qu'il savait, c'était qu'on avait tiré sur Hélène parce qu'elle avait voulu le protéger.
Eddy et Fatim avaient aussi débarqué, et ils étaient actuellement au téléphone avec une ambulance pour l'un, et avec possiblement la DPJ pour l'autre, il ne savait pas bien, et puis, il n'avait pas envie de chercher à comprendre ce qu'il se passait. De toute façon, il fallait absolument retrouver l'homme qui lui avait tiré dessus, il ne pouvait pas avoir été très loin, c'était impossible.
Finalement, devant l'absence de réponse de Balthazar, le lieutenant s'était levé, et tournait comme un lion en cage, attendant ses collègues et l'ambulance qui devait arriver. Balthazar lui, ne regardait que Hélène, dont les yeux avaient bien du mal à rester ouverts. Elle luttait pour ne pas sombrer.
"Ça va aller Hélène" sourit Balthazar "L'ambulance est en route, tiens bon" il appuya de nouveau sur la plaie.
"Balthazar…" murmura Hélène "Je ne vais pas tenir" elle souffla doucement "Je vais…" commença la blonde.
"Stop, je t'interdis de dire ça" coupa Balthazar. Non seulement, il l'avait empêché de finir sa phrase, mais en plus, Hélène avait commencé à tousser et un petit filet de sang s'écoulait au coin de sa bouche.
"Tu sais aussi bien que moi ce qui se passe, Raphaël" murmura la blonde "Tu sais aussi bien que moi les conséquences de ma blessure. Tu es médecin…"
"Justement, si il faut, je la retire moi-même, cette balle" contra le légiste "Il est hors de question que je te laisse ici" il soupira, ses yeux commençaient à être humides, il refusait d'admettre ce qui allait se passer.
Au loin, trois personnes observaient la scène, et tous se doutaient qu'elle allait vers une issue fatale, issue qu'aucun des trois ne voulait accepter. Hélène ne pouvait pas les abandonner, ils avaient besoin d'elle, seulement, il y avait peu de chance que l'ambulance arrive a temps et qu'elle survive au transport… C'était trop grave, et tout le monde dans la cour le savait.
Pourtant, une seule personne, plus que les autres, ne pouvait pas accepter cette issue, et cette personne était actuellement penchée sur Hélène pour la maintenir en vie. La flic elle-même semblait en paix avec ce qui allait lui arriver, elle avait sûrement déjà accepté l'issue fatale qui se rapprochait à mesure que les secondes s'écoulaient.
Pourtant ses yeux se remplissaient eux aussi de larmes. Elle ne voulait pas les laisser. Ni Eddy et Fatim, qui étaient tellement brillants et plein d'avenir, et qui allaient sans doute devoir ramasser à la petite cuillère leur patron après son départ. Ni Jérôme, son meilleur ami, un flic hors pair, qui allait se retrouver seul, avec son équipe et un légiste sûrement plus ingérable que jamais… Encore moins ses enfants, ils étaient bien trop jeunes pour perdre leur maman, même si elle avait, il y a bien longtemps accepter les risques de son métier, eux, allait le détester pour toujours…
Et elle ne voulait pas laisser Balthazar, il était un homme incroyable, qu'elle avait appris à apprécier, et qu'elle avait fini par aimer. Il allait plonger, complètement, et elle ne savait pas si il allait pouvoir s'en relever, il avait déjà tellement perdu et elle voyait bien dans ses yeux que l'idée de la perdre lui était totalement inconcevable.
Elle toussa de nouveau, plus violemment que la première fois, et à nouveau, du sang sortit de sa bouche, la fin se rapprochait, et l'ambulance n'était toujours pas là… Cela devait sans doute durer une éternité pour eux, qui attendait ceux qui allaient la sauver. Même pour elle, cela commençait à être long, et plus c'était long, moins elle avait de chances de survivre.
Avant de partir, elle se devait de dire ce qu'elle avait sur le cœur au légiste, de lui faire comprendre qu'il allait devoir se battre, encore plus, et qu'elle serait toujours là, à veiller sur lui. Elle ne voulait pas le laisser, pourtant, elle n'allait pas avoir le choix, désormais, il ne lui restait plus que quelques minutes et elle ne voulait pas partir avec des regrets…
"Hélène ça va ?" demanda Balthazar alors qu'elle toussait de nouveau. "Respires calmement, ça va aller" il la regarda avec tendresse "Je suis là, ça va aller"
"Raph…" commença Hélène, elle aurait voulu dire son prénom en entier mais elle essayait de garder des forces "Regarde moi s'il te plait" demanda la blonde, au bord des larmes.
"Non Hélène, tu ne vas pas mourir, tu m'entends, tu ne vas pas mourir, tu vas vivre encore longtemps, et tu vas être tellement heureuse." il refusait d'y croire, elle n'avait pas le droit de partir
"Si, je vais mourir" commença Hélène "Et je ne veux pas partir avec des regrets." continua-t-elle "Alors tu vas m'écouter attentivement"
"T'as pas le droit de mourir" commença Balthazar en larmes "Comment je vais faire sans toi ? Je peux pas, je ne vais pas y arriver…" il souffla "C'était moi qui aurait dû me prendre cette balle, pourquoi t'as fait ça ?"
"Parce que c'est mon job, parce que j'ai voulu te protéger" expliqua Hélène "Ne t'en veux pas, je t'ai sauver parce que je tiens à toi, parce que je t'aime" elle essaya de sourire "Tu es un homme merveilleux, drôle, prévenant, intelligent et j'en passe." elle regarda Balthazar au travers de ses larmes "Je veux que…"
"Arrêtes de dire ça, t'es pas en train de mourir" coupa Balthazar "T'as pas le droit de me laisser. J'ai trop besoin de toi, t'es ma lumière, je ne veux pas retourner dans le noir" soupira Balthazar
"Non, c'est toi qui arêtes, Raphaël" repris Hélène "Je veux que tu saches à quel point t'as changé ma vie en bien, merci d'avoir rendu ses dernières années beaucoup plus joyeuses, drôles, lumineuses…" elle leva une main pour caresser doucement sa joue "Je vais toujours être dans ton coeur, et je vais veiller sur toi depuis là où je serais"
Respirer devenait de plus en plus difficile pour Hélène, la fin se rapprochait. Doucement elle attrapa une des mains de Raphaël qui était sur sa blessure pour la serrer dans la sienne, pour la garder avec elle, jusqu'au bout.
"Regarde moi" murmura Hélène "S'il te plait, regarde moi" demanda-t-elle presque suppliante… Et quand il céda à sa demande elle le fixa au travers de ses larmes et murmura une nouvelle fois "Merci…" elle sourit "Je t'aime…"
Ses dernières paroles moururent dans un souffle alors qu'elle fermait les yeux définitivement. Ceux de Raphaël se remplirent de larmes alors qu'il se penchait sur elle. Il lui embrassa délicatement le fond puis les lèvres.
"Moi aussi je t'aime" son visage ravagé par les larmes était collé contre le sien.
Au loin on pouvait entendre les sirènes de l'ambulance qui arrivait, mais trop tard, Hélène était morte. Balthazar n'avait pas entamé de massage cardiaque, réalisant que de toute façon, cela n'allait servir à rien…
Il sanglotait sur le corps de cette femme qu'il n'avait pas eu le temps d'aimer à sa juste valeur. Et au fond, Jérôme pleurait lui aussi en silence alors qu'Eddy et Fatim serrait fort l'un et l'autre, pleurant eux aussi à chaudes larmes.
Quand les ambulanciers arrivèrent, le spectacle qui s'offrait à eux était bien triste. Quatre personnes en larme en entourant une cinquième étendue sur le sol… Ils étaient arrivés trop tard… Ils s'approchèrent tout de même pour constater le décès, sous les protestations de Balthazar qui ne voulait pas s'éloigner d'elle.
Une fois fait, et comme elle avait été assassinée, elle fût directement portée dans l'IML, il n'y avait pas besoin d'autopsie, de toute façon c'était fini, rien ne pourrait changer cela, une lumière s'était éteinte et un ange avait rejoint le ciel.
Le corps d'Hélène fût déposé sur une des tables, c'était Balthazar qui l'avait porté, il refusait de laisser quelqu'un l'approcher. Pourtant au loin, Eddy, Fatim et Delgado l'avaient accompagné. Le laisser seul n'était pas une option, ils avaient bien trop peur de ce qu'il pourrait faire.
Cependant, ils n'osaient pas l'approcher. Le légiste était replié sur la table, caressant le visage d'Hélène. Tous avaient bien du mal à accepter la réalité, c'était trop dur, Hélène ne pouvait pas être partie… Seulement le téléphone de Delgado sonna pour lui dire que le suspect avait été arrêté, les ramenant vers la dure réalité des choses.
En entendant le téléphone, Balthazar se tourna vers les trois autres personnes présentes dans la pièce, dont il n'avait pas remarqué la présence avant ça et les fusilla du regard. Il voulait absolument être seul, et si Delgado devait partir pour aller s'occuper du suspect, Eddy et Fatim, eux, restaient plantés sans bouger, regardant le spectacle se déroulant devant eux, comme on regarde un film.
"CASSEZ-VOUS" hurla Balthazar à leur attention "PARTEZ ! LAISSEZ MOI SEUL AVEC ELLE" trop surpris par cet élan de colère, les jeunes légistes ne bougeaient pas de là où ils étaient. "DÉGAGEZ" hurla à nouveau Balthazar avant de lancer dans leur direction, un bécher vide qui traînait non loin de lui.
Comprenant qu'ils ne pouvaient rien faire pour lui actuellement, Eddy et Fatim quittèrent la pièce, le laissant enfin seul avec ses démons, mais surtout avec ses regrets. Une fois la porte fermée, les deux jeunes légistes ne purent retenir plus longtemps leur tristesse. Ils venaient de perdre Hélène, quelqu'un à qui, ils tenaient énormément. Et en perdant Hélène, ils venaient aussi de perdre Balthazar. Le légiste n'allait pas survivre à cela, c'était impossible. Ils allaient faire leur possible pour l'aider, mais ils ne voulaient pas le forcer.
Une fois seul dans la salle, Balthazar se remit à pleurer, comme si, il n'avait pas encore vidé son corps de toute l'eau qu'il avait. Hélène était étendue sur la table en métal, inerte, et il s'attendait à ce qu'elle bouge à tout moment. Il ne voulait pas accepter sa mort, ce n'était pas possible.
Il n'y avait plus qu'elle qui comptait, seulement elle… Et il se devait de la rendre présentable. Doucement, il alla chercher de quoi nettoyer le visage de sa capitaine, et aussi, de quoi couvrir la blessure par balle qu'elle avait subie. Refusant de la déshabiller par respect pour elle, il préféra la couvrir le plus possible avec un champ opératoire. De cette façon, il ne voyait plus ce qui avait causé la mort de celle qui avait pris une si grande place.
Il prit ensuite le temps de nettoyer le sang au coin de sa bouche, avec une telle douceur qu'on aurait dit qu'il avait peur de la casser. Il prit aussi le temps d'effacer les traces de maquillage qui avait coulé alors qu'elle pleurait. Si elle était partie sans regret, en tout cas, en apparence, lui en était rempli, n'ayant pas eu le temps d'être avec elle comme il l'aurait réellement voulu, et surtout de lui avoir dit alors qu'elle était déjà partie…
Une rage soudaine s'empara de lui, un homme avait pris la vie d'Hélène, Hélène qui était morte pour le protéger lui, et là, c'était lui qui avait des envies de violence. Il savait que la police avait le suspect, il avait entendu Delgado le dire, et désormais, tout ce qu'il voulait, c'était faire payer l'homme qui lui avait pris la plus belle personne qu'il avait croisée depuis la mort de Lise.
Il se décida alors à quitter l'IML pour la DPJ, il fallait que tout sorte. Ses assistants l'avaient vu partir, et avaient prévenu Delgado que le légiste était sans doute en route pour la DPJ, histoire qu'il soit préparé et qu'il l'empêche de faire une grosse connerie. Quand il arriva à la DPJ, tout le monde se poussa sur son passage, le légiste avait la rage et les poings serrés, prêt à en découdre.
"Balthazar" le stoppa Delgado, alors que le légiste avançait vers les cellules de garde à vue pour aller faire du mal à la personne qui lui avait prit Hélène "Balthazar" essaya de nouveau le flic
"Il est où ?" demanda le brun "Il est où ce connard ?" continua t'il plein de fureur.
"Balthazar, ça ne sert à rien" commença Delgado en essayant de le calmer "Lui casser la gueule ne va pas nous ramener Hélène" continua le flic "Crois moi, on a tous envie de le faire ici, de le massacrer pour nous l'avoir enlevé, et personne t'en voudra si tu le fais… Mais appart te défouler et te faire du mal, ça ne va pas changer les choses, tu ne te sentiras pas mieux après…"
"Il a tué Hélène" commença le légiste "Je veux qu'il souffre… Il doit souffrir" murmura-t-il
"Je sais… Je sais…" murmura Delgado en essayant de calmer le légiste "Hélène était mon amie, et elle me manque déjà terriblement. Mais crois moi, lui écraser ton poing sur le nez ça ne va rien changer. Ca n'a rien changé pour moi…" soupira le flic
"Tu l'as frappé ?" demanda Balthazar perdu
"Oui, et ça m'a soulagé l'espace de quelques instants… Mais c'est tout…" expliqua Jérôme "Maintenant, si tu tiens aussi à aller lui écraser ton poing sur le nez, vas-y, personne ici ne te le reprochera…"
"Hélène ne voudrait pas que je me défoule sur lui… Elle se mettrait en rogne si j'en venais aux mains avec un suspect…" murmura le légiste "J'peux pas lui faire ça…"
"C'est ton choix…Tu fais comme tu veux. Si tu ne veux pas le frapper, tu devrais rentrer chez toi, je n'ai pas envie que tu sois en plus confronté à la douleur de ses enfants" soupira Jérôme, il avait dû appeler Manon et Hugo, et maintenant, il allait devoir leur expliquer ce qu'il c'était passé avec leur maman.
"T'as raison" murmura Balthazar avant de faire demi tour, sa rage était envolée aussi vite qu'elle était arrivée, et elle avait fait place à un profond désespoir à l'évocation des enfants de sa partenaire. Ils venaient de perdre leur maman, d'une façon extrêmement cruelle… Il avait déjà du mal avec sa propre douleur et ne pouvait pas croiser leurs regards, pas maintenant…
Il reprit donc la direction de l'IML, la tête basse, il avait à nouveau envie de pleurer. Hélène lui manquait terriblement. Il avait l'impression d'avoir un énorme trou dans le cœur. Il y a des années, il avait perdu Lise, et depuis ce jour, il était hanté par son souvenir. Maintenant qu'il venait de perdre Hélène il se demanda si le souvenir de Lise n'allait pas être remplacé par celui de la flic. Ou bien si celui de la flic allait rejoindre celui de Lise, et qu'elles allaient venir le hanter toutes les deux…
Il finit par rentrer chez lui, saisit plusieurs bouteilles d'alcool et s'enfonça dans son canapé. Ne prenant même pas la peine de prendre un verre, il choisit de boire directement au goulot. Il voulait oublier, oublier qu'il venait de perdre la seule personne qui lui redonnait un peu goût à la vie, celle qui aurait pu réparer complètement son cœur. Il était désormais complètement détruit, et plus jamais le légiste ne voulait se laisser à ressentir de tels sentiments pour n'importe qui.
Hélène était douce, tendre, belle, drôle, intelligente, merveilleuse… Il ne l'avait pas voulu, sans doute trop obnubilé par Lise et son souvenir, sans doute par peur de trahir celle qu'il avait toujours considéré comme la femme de sa vie, mais il était tombé fou amoureux d'Hélène, et elle aurait réellement pu réparer son cœur meurtri par l'amour. Elle avait tant à donner et maintenant elle n'était plus là pour le faire, et il était seul, désespérément seul…
Il buvait une trop grande quantité d'alcool, mais après tout, Hélène n'était plus là, il se sentait vide, il devenait une épave… Il aurait préféré mourir à sa place, elle lui avait sauvé la vie au prix de la sienne, et maintenant, il était tout seul. Visiblement la mort ne voulait pas de lui, non elle préférait lui prendre toutes les personnes, toutes les femmes qu'il aimait…
"Je sais pas pourquoi j'aurais dû m'en douter…" commença une voix qu'il ne connaissait que trop bien "C'est pas boire qui va résoudre tes problèmes tu sais…"
"A quoi tu t'attendais…" commença le légiste, la voix pâteuse "T'es morte… Comment tu voudrais que je réagisse ?" demanda-t-il à la personne qui venait de faire son apparition dans son salon
"Je sais pas…" murmura la blonde "Mais pas à ça… Tu vaux bien mieux que toutes ses bouteilles vides…" soupira-t-elle "Tu cherches quoi ? Te rapprocher de la mort ?"
"Ça serait si grave que ça ?" il bu une nouvelle gorgée. "Lise est morte, et puis toi aussi… J'ai plus rien dans ce monde… Tu m'as laissé… J'avais besoin de toi et tu m'as laissé…" il souffla
"J'ai pas eu le choix…" soupira Hélène "Si j'avais pu, je ne serais pas morte… Mais tu ne mérite absolument pas ça…"
Balthazar haussa les épaules en soupirant… Ce qu'il avait redouté se produisait, Hélène avait remplacé Lise, et désormais c'était la belle blonde qui allait le hanter… Il aurait préféré garder Lise, au moins il avait l'habitude… Hélène c'était encore plus cruel, parce qu'il n'avait pas eu le temps de tout lui dire, parce qu'on lui avait arraché avant qu'ils n'aient eu le temps de s'aimer… De toute façon on lui avait arraché les deux femmes les plus importantes de sa vie de la façon la plus cruelle possible…
"Tu vois, je te l'avais dit qu'il serait en train de boire pour noyer sa peine" commença une autre voix, et Balthazar soupira, non seulement, il avait Hélène, mais aussi Lise… C'était encore pire que tout…
"Non tu ne vas pas t'y mettre toi aussi…" grogna le légiste "J'ai assez d'une seule personne pour me faire la morale…"
"Mon Caramel…" soupira Lise "Je sais que tu as mal, mais boire ne va pas régler tes problèmes… C'est comme aller lui casser la gueule… Ça ne change rien… Tu l'as bien vu avec Sarlat…"
"Lise… S'il te plait… Arrêtes…" Balthazar était en train de pleurer, les entendre lui faisait tellement de mal…
"Il n'a jamais vraiment su gérer la douleur" commença Lise à l'adresse de Hélène "Il va reprendre de très mauvaises habitudes maintenant… Il va encore plus flirter avec la mort… Au final ça l'arrangeait bien, il serait avec nous comme cela…"
"Je vois ça" soupira la blonde "Mais j'ai pas envie de le voir comme ça… Il faut qu'il se batte. On est plus là mais on veille sur lui" ajouta-t-elle
Balthazar lui se tenait la tête entre les mains, en fond il avait la conversation entre Lise et Hélène et cela lui donnait mal à la tête et l'envie de se la fracasser contre un mur était très forte… Il ne voulait plus les entendre, ça lui faisait mal, très mal, trop mal…
"Arrêtez. Arrêtez !" cria tout à coup Balthazar "Arrêtez de me torturer s'il vous plait…" sa voix était nouée par l'émotion, il ne voulait plus les entendre, ça lui faisait trop mal…
Et tout à coup, plus de voix, plus de bruit, plus d'apparitions… Il était seul, complètement seul. Vide de tout, dans un silence plus que pesant. Sans elles…
Les jours passaient, et rien ne changeait. Hélène était toujours morte, elle ne revenait pas. Pourtant le légiste s'attendait à la voir apparaître à chaque fois, à la voir débarquer dans son bureau et lui demander le rapport qu'il attendait. Sauf que personne ne venait, personne ne viendrait plus…
Le joyeux légiste, bon vivant, drôle, espiègle avait laissé place à un légiste terne, triste, malheureux, renfermé sur lui-même. Plus personne n'osait lui parler, plus personne n'osait lui faire le moindre reproche, lui poser la moindre question. Au pire, le légiste allait s'énerver, devenir rouge de colère et envoyer voler à travers la pièce tout ce qui tombait sous sa main. Au mieux, il irait dans son bureau et ne parlerait plus à personne jusqu'à nouvel ordre…
Tout le monde compatissait avec lui, tout le monde le voyait sombrer, mais personne ne faisait rien. Le légiste refusait toute aide, il ne voulait pas être aidé, par personne. Même pas par ceux qui souffrait tout autant que lui de la perte de la blonde. Non, il voulait être seul, avec pour unique compagnie, son souvenir qui venait le hanter, accompagné de celui de Lise, brisant toujours plus son cœur.
Le jour de l'enterrement arriva plus vite qu'il ne le pensait, et il aurait préféré rester au fond du lit à ne rien faire. Mais ce n'était pas du goût des deux femmes qui le hantaient en permanence et qui le poussèrent à sortir de son lit, lui disant que si il n'y allait pas, il allait fortement le regretter.
Depuis le jour funeste, Balthazar n'avait pas revu Hélène, il avait refusé, comme il refusait cette réalité. Aller à l'enterrement signifiait une forme d'acceptation, qu'il refusait en bloc. Pourtant, d'autres personnes n'allaient pas lui laisser le choix et étaient prêtes à le traîner par la peau des fesses si il le fallait. Les seules qui lui restaient… Eddy, Fatim et Delgado.
Alors, il enfila un costume noir, et prit un bon verre de whisky pour le petit déjeuner, pensant que cela allait être une bonne idée pour pouvoir affronter la douleureuse épreuve qui l'attendait. Appuyées dans l'encadrement de la porte, Hélène et Lise secouaient leurs têtes devant le comportement que l'homme qu'elles avaient aimé si fort adoptait… L'alcool n'allait rien changer, pourtant Balthazar essayait de se persuader du contraire.
Quelques heures plus tard, il était au cimetière, encadré par ses amis. Il titubait vu qu'il avait choisi de boire d'autres verres avant l'arrivée de ses amis qui essayaient de le faire marcher droit pour ne pas qu'il se couvre de honte en plus.
Il y avait du monde, beaucoup de monde, possiblement trop de monde pour Balthazar qui préférait largement la solitude de son appartement. Au moins là-bas, il était avec elles… Il y avait les enfants d'Hélène, en larmes, qui avaient pris le temps de prendre dans leurs bras, chaque personne qui avait fait partie de l'équipe de leur mère. Même, et à leur plus grande surprise, les légistes. Antoine était là aussi… Lui passait son temps à fusiller Balthazar du regard, le tenant pour responsable de la mort de son ex femme, alors que le légiste avait tout fait pour la sauver, pour lui sauver la vie et qu'il aurait donné n'importe quoi pour être à sa place, à ce moment précis…
Il y avait aussi une femme blonde, que Balthazar identifia de part sa grande ressemblance avec Hélène, comme étant sa mère. De plus, elle se tenait à côté de ses petits enfants, ce qui lui confirma qu'il avait correctement identifié la personne. Puis plein de collègues étaient là… Toutes l'équipe de la troisième DPJ de Paris, mais aussi le procureur, et des gens qu'il n'avait jamais vu… Sans doute des personnes qui avaient travaillé avec elle à Valence.
Le temps sembla durer une éternité pour Balthazar, il toucha une dernière fois le cercueil, laissant sa main s'attarder sur la plaque où avait été gravé le nom d'Hélène avant qu'il ne descende en terre. Puis, au moment de balancer les fleurs, il sanglota. Il prit la fleur et la serra contre lui, avant de l'embrasser et de la balancer. Il ne retrouva pas ses amis, non, il préféra fuir et rentrer chez lui… Aller boire un coup en l'honneur d'Hélène avec toutes ses personnes ? Très peu pour lui. Il allait boire seul, chez lui, avec le souvenir d'Hélène qui allait l'observer, puis quand il aurait trop bu, il s'écroulerait sur son canapé avant de reprendre son train-train quotidien…
Il ne le voulait pas, mais c'est ce qu'il fit, il essaya de reprendre une vie normale, si on pouvait dire cela, mais rien à faire, le légiste que tous avait connu était partit en même temps que la belle capitaine qui avait réussi à recoller les morceaux de son cœur.
Les jours passaient, et Balthazar était dans le même état en permanence. Moitié dans le monde réel, moitié dans son monde, avec elles. Il avait essayé d'avancer, de continuer à vivre, où plutôt survivre, mais il était lessivé, il n'en pouvait plus, et désormais en finir ne semblait pas être une si mauvaise idée. Au moins, il allait les rejoindre.
Quand Lise était morte, il avait trouvé la force d'avancer, il avait essayé de reprendre goût à la vie, et petit à petit, il avait réussi. Puis, une certaine Capitaine de Police, blonde, répondant au doux nom de Hélène, était entrée dans sa vie. Et là, tout avait explosé. Il avait retrouvé des couleurs, des odeurs, des sensations qu'il avait l'impression de ne pas avoir ressenti depuis tellement longtemps. Hélène avait illuminé sa vie d'une façon inexplicable, lui donnant de nouveau cette petite étincelle. Mais, maintenant qu'elle était partie, plus rien n'avait de saveur, tout était gris autour de lui, et plus rien n'aurai jamais de couleur…
Ce soir-là, il buvait encore. Il avait pris cette mauvaise habitude, et comme à chaque fois, une jolie blonde venait assister au spectacle, bien vite rejointe par une tout aussi jolie brune. A chaque fois elles lui disaient la même chose, qu'il devrait arrêter, mais le légiste ne les écoutait pas, préférant continuer de noyer sa peine dans l'alcool.
"Encore en train de boire" soupira Hélène en venant prendre directement place sur le canapé, à côté de lui "Tu devrais arrêter. Recommencer à vivre. Il y a plein de belles choses qui t'attendent"
"Elles ne valent pas la peine d'être vécues…" murmura le légiste "Surtout si tu n'es plus là…" il bu de nouveau
"Balthazar" commença Hélène sur un ton ferme "Ca suffit maintenant ! Il faut arrêter de se détruire"
"J'ai pas envie" répondit le légiste sur un ton monocorde "J'ai plus envie de rien…" continua t'il "Tu es morte, ça sert à rien… Lise aussi, elle est morte… Et après, t'as fini par rentrer dans ma vie, t'y a apporté toute ta lumière et puis t'as fini par me laisser dans le noir… Je ne veux plus vivre… Pas sans vous…"
"C'est d'un pathétique…" commenta la voix de Lise qui venait de faire son entrée … "Tu vas vraiment te suicider ?" demanda-t-elle, mais ce n'était pas vraiment une question, parce que, la réponse elle la connaissait
"Et pourquoi pas ?" demanda Balthazar "Je suis tout seul, sans personne… Sans vous…"
"C'est égoïste Balthazar" gronda Hélène "Tu penses à Fatim ? A Eddy ?" demanda-t-elle "Ils ont besoin de toi ! Et Delgado hein ? Lui aussi il a besoin de toi. Tu ne vas pas les abandonner ?"
"C'est déjà le cas… Je ne suis plus là, je suis parti… Et puis c'est mieux comme ça… Ils peuvent pas continuer éternellement avec un con comme moi" il vida son verre d'une traite, et s'en resservit immédiatement un autre.
"Tu sais…" commença Lise à l'adresse d'Hélène "Ma mort, il y a survécu… Je sais pas comment, mais il a fini par se relever et continuer à vivre… Je pense même qu'il a gravi la dernière marche le jour où tu es entré dans sa vie" expliqua la jeune femme "Mais maintenant que tu n'es plus là, il a tout perdu… Ma mort la mit à terre, la tienne l'a achevé…" elle soupira "Il n'y a que le corps qui continue à vivre… L'esprit est sans doute parti avec toi…"
"Donc on va le laisser se suicider ? Comme ça ?" demanda Hélène
"Je crois pas vraiment qu'on puisse faire quelque chose… On est mortes… Et puis, il a déjà pris sa décision, il y a un moment… Il ne l'avait juste pas mise en place…"
"Hey ! Je suis là, j'vous signale" commenta Balthazar "Alors arrêtez de parler de moi comme si je n'étais pas là…"
"Du coup, tu vas faire quoi ?" demanda Lise "T'ouvrir les veines ? Te tire une balle ?" commença à énumérer l'apparition
Balthazar se leva, ignorant les apparitions qui discutaient encore… Il fouilla dans sa cuisine et retourna sur le canapé une boîte de médicaments dans les mains. Il souffla, avant de l'ouvrir et d'en vider le contenu dans une de ses mains.
"Médocs plus alcool… Intéressant…" commenta Lise pendant qu'il étudiait toujours les médicaments dans sa main.
"Tu ne laisses pas de note ?" demanda Hélène en le regardant
"Tout le monde sait pourquoi je le fais… Tout le monde sait ce qui m'a conduit à mettre fin à mes jours… Pas besoin d'explications…"
"Comme tu voudras…" murmura la voix d'Hélène.
Il bu alors une gorgée d'alcool, avant d'avaler une partie des médicaments, puis, finalement, il prit le reste et bu une nouvelle gorgée. Il se sentit vite partir, il allait s'endormir, pour toujours. Autour de lui, les visions d'Hélène et Lise veillaient, jusqu'à ce qu'il ne meurt complètement, finissant par disparaître de l'appartement.
Le lendemain, inquiets pour leur patron, Eddy et Fatim allèrent le voir. Comme il ne répondait pas, ils utilisèrent le double des clés qu'ils avaient. Bien vite, ils virent devant leurs yeux ce qu'ils redoutaient depuis des jours. Balthazar était allongé, inanimé sur son canapé… Mort… Ils savaient ce qui avait conduit le légiste à sa perte… Il avait tout perdu ce jour funeste, dans la cour de l'IML, et il n'aurait jamais pu s'en remettre. Au moins, maintenant, il était avec elles, pour l'éternité, et ils espéraient qu'il avait enfin trouvé cette paix, qu'il avait tant cherché…
Et voilà
Je suis désolée de briser vos cœurs.
On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel OS
Kiss
