Chapitre 7 : Tout oublier.

Titre – Tout oublier

W – Westeros (GOT)

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

118. A chacune de ses phrases, [Cendrillon] pouvait sentir les murs du château en train de se resserrer autour d'elle.

2017.

Yara se souvenait de ce que Thoros lui avait dit avant de la propulser dans ce monde dont elle ne savait absolument rien.

Qu'il n'avait pas la moindre idée d'où exactement la malédiction allait les envoyer, mais que, cependant, d'une certaine manière, elle saurait comment faire pour les retrouver, qu'une part d'elle-même parviendrait toujours immanquablement à retrouver le chemin de la maison.

Elle ne s'était pas trompée en affirmant à Sansa qu'un jour, elles se retrouveraient.

Seulement, le changement de monde et d'univers n'allait pas faciliter les choses, et il l'avait prévenue.

Il lui faudrait du temps avant de réussir à retrouver leur trace.

Le fil d'Ariane avait été rompu, et c'était à elle de le reconstituer maintenant, quoi qu'il en coûte, et peu importe le temps que ça prendrait.

Elle les retrouverait.

Elle les retrouverait toujours, et elle les sauverait tous.

Par le dieu noyé, elle le jurait.

Yara Greyjoy venait tout juste de disparaître.

Et Esgred Miller avait fait son entrée.

§§§§

Ce n'était pas facile de laisser celle qu'elle était vraiment de côté, d'autant plus pour s'adapter à un monde qui n'était pas le sien.

Ce monde, cet univers, cette Terre était si étrange, si différente du Westeros dans lequel elle avait grandi et qu'elle avait toujours connu.

Elle n'était pas à sa place, et les choses auraient certainement été plus simples pour elle si elle avait été prise par le sortilège comme les autres, si elle avait oublié absolument tout ce qu'elle avait été et qu'elle était toujours.

Mais elle était heureuse de se souvenir, parce que choisir la facilité n'aurait été que de la lâcheté, et ce n'était pas ce qu'elle voulait, ce n'était pas elle.

Ce ne serait jamais elle, et les habitants des Sept Couronnes méritaient mieux que ça, ils méritaient quelqu'un qui se batte pour eux.

Quitte à ce que cette personne se retrouve seule et perdue, mais ce n'était pas grave.

Elle se souvenait, elle pouvait changer les choses, elle pouvait faire la différence.

Peut-être.

En attendant, elle s'accrochait au souvenir d'un kraken et d'une louve qu'elle se devait de retrouver, et surtout de ne jamais, jamais oublier.

C'était une promesse.

Et Yara Greyjoy avait peut-être changé de nom, mais une chose ne changeait pas, ne changerait jamais.

Elle tenait toujours ses promesses.

Rien ni personne ne l'empêcherait de mener à bien sa mission.

They danced through the day
And into the night through the snow that swept through the hall
From winter to summer then winter again
Til the walls did crumble and fall

And she never wanted to leave, never wanted to leave
Never wanted to leave, never wanted to leave
And she never wanted to leave, never wanted to leave
Never wanted to leave, never wanted to leave

High in the halls of the kings who are gone
Jenny would dance with her ghosts
The ones she had lost and the ones she had found
And the ones
Who had loved her the most.

Ça non plus elle ne l'avait pas oublié.

Elle pria pour qu'eux non plus.

§§§§

Elle n'était pas à sa place.

La France, le Nord, Dunkerque, tout ça, ce n'était pas chez elle.

Elle n'était pas adaptée à ce monde, mais cela ne voulait en revanche pas dire qu'elle ne pouvait pas y survivre.

Elle venait d'un monde rude et cruel, et ce monde-ci pouvait l'être aussi, mais elle réussirait malgré les obstacles.

Elle était une fer-née.

Elle était une guerrière.

Elle s'en sortirait.

§§§§

Mélisandre savait pertinemment que Stannis serait très probablement furieux contre elle et le lui ferait bien savoir si jamais elle se retrouvait dans la même pièce que lui, mais ce n'était pas important.

Le seigneur de Peyredragon avait bien le droit de savoir ce qu'il se passait, et si elle servait avant tout le Maître de la Lumière, elle le servait lui aussi.

Lui dont elle était persuadée qu'il était le Prince qui fut promis, l'homme destiné à leur épargner la Longue Nuit…

Car la nuit est sombre, et pleine de terreurs après tout…

Elle avait eu tort sur bien des choses, et celle-ci n'était que l'une d'entre elles, sur une longue liste dont elle n'arrivait même pas à voir la fin.

Peut-être était-ce Davos qui avait eu raison, peut-être que Lady Catelyn Stark avait eu raison elle aussi.

Peut-être que son dieu l'avait réellement abandonnée…

Sans doute même les avait-il tous abandonnés finalement, eux, les habitants de Westeros et d'Essos, et elle ne savait absolument pas comment réagir à cette idée.

Elle avait peur, peur comme elle n'avait jamais eu peur de sa vie, elle, si vieille, si ancienne qu'elle était, elle avait peur de ne pas réussir.

Elle n'avait plus beaucoup de temps, ils n'en avaient plus beaucoup, et elle soupira.

Le tableau qui l'accueillit dans la pièce était plutôt surprenant, ou du moins, l'aurait été sept ans plus tôt.

Stannis était là bien entendu, sa femme Selyse elle aussi, sans oublier bien sûr la petite (enfin, plus si petite que cela désormais) Shireen Baratheon, ainsi que Davos Mervault.

Jusque là, rien de vraiment surprenant, mais Renly était là lui aussi, chose qui n'aurait pas pu arriver avant, les deux cerfs n'avaient jamais réellement été proches, mais durant ces sept dernières années, bien des certitudes qu'on croyait inébranlables s'étaient révélées être en réalité aussi friables que du sable.

À force de vivre au même endroit, dans la crainte, à force de se croiser et de partager les mêmes événements, les gens changeaient et les relations évoluaient.

Myrcella Baratheon était là elle aussi, et en voyant la main de la blonde glissée dans la main de sa cousine, la rousse sentit une certaine tristesse et une profonde lassitude l'envahir.

Combien de gens, de couples, d'amants, d'amis, de parents, combien d'entre eux allaient être séparés les uns des autres suite à cette nuit funeste ?

Beaucoup trop malheureusement, et elle n'en avait que trop conscience, et c'était insupportablement douloureux.

Elle-même n'aurait personne à perdre, mais ça n'avait rien à voir, parce qu'elle avait perdu tout le monde il y a bien longtemps.

Sauf que contrairement à eux, jamais elle n'avait pu oublier.

« Ce n'était pas ce que nous vous avez dit, l'accueillit froidement Stannis avec ces mots, ce qui ne la surprit pas le moins du monde. Ce n'était pas ce que vous nous aviez promis.

- Je le sais bien, lui rétorqua-t-elle en soutenant son regard. Et j'en suis désolée. Mais j'ai été trompée et dupée, et maintenant… Maintenant nous n'avons plus assez de temps malheureusement. »

À chacune de ses phrases, Mélisandre pouvait sentir les murs du château en train de se resserrer autour d'elle.

Ce n'était pas juste.

Ce n'était pas juste que cela se termine comme cela, ce n'était pas juste qu'ils aient eu à choisir entre la nuit éternelle et l'oubli de l'autre, non, ce n'était pas juste.

Alors, puisqu'elle n'avait plus beaucoup de temps, elle s'esquiva immédiatement de la pièce après leur avoir expliqué ce qu'ils devaient faire.

Elle avait une mission à mener.

§§§§

Stannis ne savait pas exactement qui avait eu cette idée, mais en tout cas, elle était incroyablement cruelle.

Il se souvenait.

Il se souvenait de tout, il savait qui il était, il avait deux vies dans la tête, et il avait envie de hurler à plein poumons.

Mais il ne le ferait pas, bien sûr, parce que personne d'autre ne savait, personne ne se souvenait, en dehors de ceux qui avaient jeté le sort, il se souvenait de deux vies, dont une était totalement fausse.

Par moments, il n'arrivait pas à s'empêcher de penser qu'il était en réalité complètement fou.

Et surtout…

Shireen.

Le sortilège lui avait volé Shireen, Selyse était toujours sa femme dans cette réalité, mais sa fille n'était officiellement plus sa fille, elle était la fille adoptive de Renly et Loras désormais (quelle ironie tout de même), son cœur était déchiré en deux, tout son univers lui avait été arraché, et il ne savait pas quoi faire.

Si ce n'est attendre que les choses s'arrangent, tout en sachant que cela n'arriverait jamais.

A suivre…