Chapitre 10 : La fille de l'autre monde.

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Quatre aspect de … Cléa (Marvel) : Princesse : Écrire sur Myrcella Baratheon ou écrire sur un personnage de lignée royale

Avril 2018.

Dunkerque.

Depuis un an que Yara était là, elle devait l'admettre, elle était encore perdue.

Ce monde était si étrange et si différent de Westeros, et elle y avait été propulsée avec une violence incroyable, sans savoir où elle mettait les pieds, sans comprendre ce qu'il lui arrivait.

Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle se souvenait d'un monde qui n'existait probablement plus désormais, dans lequel elle ne pouvait plus se rendre, où les marcheurs blancs continuaient sans doute de tout ravager, enfin, ce qui restait, et que si elle en avait parlé à n'importe qui, elle aurait été vue comme une folle.

Westeros, les Sept Couronnes, Essos, les marcheurs blancs, le maître de la Lumière, les Sept, le dieu noyé, tout ça…

Qui aurait bien pu la croire ?

(Personne sans doute, ils auraient probablement cru qu'elle avait un peu trop lu une certaine saga, ou trop vu une série emplie de sang, de morts et de complots.)

Alors elle s'était tue, parce que c'était la meilleure chose à faire, parce qu'elle n'avait personne à qui parler, parce que personne ne l'aurait écoutée, parce qu'elle était seule.

Et jusqu'au moment où elle parviendrait à retrouver ceux qu'elle avait perdus, ceux qui avaient été maudits, elle le resterait, elle en avait la certitude.

Mieux valait qu'elle se cache et n'attire pas trop l'attention si elle voulait éviter d'être repérée et qu'on lui pose des questions auxquelles elle aurait été bien incapable de répondre.

Ça ne voulait pas dire qu'elle n'avait absolument rien fait, bien au contraire, elle était Yara Greyjoy, elle était une sèche, une fille de la mer, une guerrière, elle ne se laissait pas abattre, et surtout, elle ne renonçait jamais.

En un an, elle avait eu le temps de s'adapter, de découvrir un tout nouveau monde qui par moments ne faisait pas encore sens, mais qu'elle commençait un peu à aimer.

Si elle n'avait pas eu à devoir être séparée de tous ceux à qui elle tenait, elle aurait été sincèrement heureuse d'atterrir ici.

Mais voilà, il y avait eu la malédiction, tous les autres avaient perdu la mémoire, et elle, elle se retrouvait là, sans avoir la moindre idée de ce qu'elle pouvait faire pour changer les choses.

Elle avait une vie à Dunkerque, elle n'était plus une fugitive, elle ne se cachait plus, et même si elle restait solitaire (question d'habitude autant que de survie, personne ne devait savoir qui elle était réellement, personne n'avait le droit de s'en douter), elle ne l'était pas autant qu'avant.

Elle avait un travail déjà, après avoir passé plusieurs mois à voler pour survivre (hey, elle était une fer-née, piller les autres était la base de leur mode de vie, et puis ce n'était pas comme si elle avait réellement le choix), elle était désormais serveuse dans un restaurant.

C'était presque drôle ça, elle qui autrefois avait fait le tour des tavernes de Pyk pour y être la cliente, voilà que maintenant c'était elle l'employée.

Ça ne la dérangeait pas, tant que ça lui permettait de survivre, et de trouver à terme un moyen de rentrer à la maison.

Parce que c'était ce qu'elle voulait, c'était ce qu'elle avait toujours voulu.

Elle avait un logement aussi, et ce n'était pas l'idéal, vraiment pas, mais c'était tout ce qu'elle avait pour l'instant.

Aussi, celle que tout le monde connaissait sous le nom de Esgred Miller ne s'attendait pas à la manière dont tout son monde allait bientôt basculer.

Tout ça à cause d'un simple coup de fil et d'un nom.

Lancel Lannister n'était pour elle qu'un noble parmi d'autres, un soldat, rien de plus, un de ceux qui avait survécu, et qui, comme tant d'autres, s'était battu avec courage face aux Marcheurs Blancs, et qui, comme tous ceux qu'elle avait connus, ne savait plus qui il était vraiment. Et elle avait beau ne pas avoir été proche de lui dans leur autre vie, leur vraie vie, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir triste pour lui.

Pour lui comme pour tous ceux qui étaient obligés d'endurer un sort pareil sans même le savoir, sans en avoir conscience la moindre seconde.

Elle serra les poings.

Son service venait tout juste de se terminer, et elle put donc à loisir observer de plus près l'inconnue.

Celle-ci, qui venait de finir de manger, attendait qu'on lui apporte l'addition avant de partir et Yara, curieuse, ne put s'empêcher de la scruter, se demandant si tous les noms qu'elle venait d'entendre n'étaient rien de plus qu'une coïncidence, ou si il y avait plus là-dessous.

Yara Greyjoy était beaucoup de choses, mais pas le genre de personne à croire aux coïncidences, pas dans ces circonstances en tout cas, et pas après être passée d'un monde à l'autre par un portail magique.

Si elle pouvait croire aux malédictions, aux marcheurs blancs et à l'existence de mondes différents, elle pouvait croire à ça aussi.

Elle avait envie d'y croire en fait, de croire que, peut-être, la présence de cette femme n'était pas due au hasard.

De croire qu'elle n'était plus seule, à se battre contre le vent sans espoir de réussir à faire ce qu'elle voulait faire.

C'était une jeune femme, et elle était environ dans ses âges, put en juger la fer-née, elle était de taille moyenne et ronde, la température douce lui ayant permis de mettre un T-shirt, la seiche put voir qu'elle avait des grains de beauté sur les bras.

Son visage était poupin, ses joues roses, et elle avait des yeux en amandes, verts grisés, quant à ses cheveux, ils étaient courts, châtain clairs, et Yara put y voir quelques reflets roux. Elle souriait, les yeux fixés sur son téléphone portable, manifestement en train d'écrire quelque chose.

Yara Greyjoy ne le savait pas encore, mais elle venait tout juste de rencontrer Marina Leszczynska, la plus grande fangirl existante de Lancel Lannister.

La fille de Balon Greyjoy n'était définitivement pas ce qu'on pouvait qualifier de personne timide, mais là tout de suite, elle ne savait pas comment l'aborder.

Qu'aurait-elle pu lui dire au juste ?

« Bonjour je suis Yara Greyjoy, je viens de Westeros, et comme vous avez dit quelques noms que je connais, est-ce que vous connaîtriez par hasard un endroit où vivent des gens qui ont été embarqués par une malédiction et qui ont perdu la mémoire ? Parce que là je suis légèrement perdue. »

Ouais, non, ça le ferait pas…

Elle prit une profonde inspiration, cherchant désespérément quoi lui dire, ne trouvant rien, parce qu'après tout, son histoire était complètement folle et qui l'aurait cru au juste ?

Elle-même, parfois, elle en doutait, elle doutait de sa propre mémoire, de sa propre réalité, par moments, elle avait le sentiment de devenir complètement folle, voire de l'avoir toujours été.

Mais elle le sentait, confusément, cette femme pourrait l'aider, peut-être, et alors qu'elle posait les yeux sur sa table, elle y aperçut un livre, dont le titre l'interpella.

Le Trône de Fer.

Un frisson glacé courut le long de son dos, et était-ce vraiment une coïncidence là aussi, qu'elle possède un ouvrage qui évoquait un objet qui était présent dans son monde à elle ?

Elle ne savait pas, elle ne savait plus, elle n'était plus sure de rien, et c'était tout bonnement terrifiant.

Au moment où elle prit enfin son courage à deux mains, quitte à passer pour une folle devant une inconnue, elle réalisa alors qu'il était trop tard.

L'inconnue en question avait déjà disparu.

Yara sentit l'amertume l'envahir, elle avait peut-être manqué sa chance, et celle-ci ne se représenterait sûrement pas une deuxième fois, tout ça parce qu'elle avait manqué de courage, elle qui se trouvait si brave d'ordinaire.

D'un autre côté, ce monde avait détruit toutes ses certitudes, tous ses repères, elle n'était plus chez elle, et elle le reconnaissait, maintenant, elle avait tellement peur.

Elle avait déjà eu peur autrefois, à Westeros, mais ça, c'était un genre de peur différent, c'était la peur de l'incertitude, celle qui lui nouait le ventre et l'estomac en permanence, la peur de ne pas s'en sortir, que la malédiction ne soit jamais brisée (elle ne savait même pas comment elle était supposée l'être bon sang), et de ne jamais réussir à retrouver le chemin de la maison.

La peur de ne pas s'en sortir.

Elle soupira.

Elle n'avait plus qu'à espérer que la jeune femme reviendrait un autre jour et qu'elle pourrait lui parler cette fois.

Quant à elle, elle avait quelques petites recherches à faire sur Internet (comment aurait-elle fait sans, ça, elle se le demandait), afin de vérifier quelques petites choses.

Parce que franchement…

C'était quoi Le Trône de Fer au juste?

§§§§

Ce n'était pas juste.

Shireen Baratheon s'était déjà dit cette phrase à elle-même des dizaines de fois, mais jamais elle ne lui avait semblé aussi vraie que ce jour-là.

Le monde allait bientôt s'effondrer, disparaître, et ils ne pouvaient tout bonnement rien y faire.

« C'est de sa faute, murmura alors Myrcella. C'est la faute de ma mère, c'est elle qui…

Shireen s'empara de sa main et la serra dans la sienne.

Quand la blonde princesse l'avait appris, quand elle avait compris, elle avait fui la pièce, et Shireen l'avait suivie.

- Tu n'es pas responsable des crimes de ta mère, lui dit la biche, j'espère que tu le sais ça au moins.

Sa cousine essaya de lui sourire.

- Je le sais oui, seulement… Je ne peux pas m'empêcher de me demander… est-ce que j'aurais pu faire quelque chose ?

- Je ne pense pas, je veux dire… Tu la connais, c'est ta mère, elle… Elle a toujours été très obstinée.

Une larme roula le long de la joue de la lionne.

- Oui je sais. Elle se tourna vers la jeune fille de dix-sept ans. Mais ça ne change rien à tous les et si que j'ai dans la tête et maintenant… Maintenant nous allons oublier.

Elle aurait préféré ne pas avoir à y penser, son cœur saignait bien assez comme ça.

Shireen entrelaça alors leurs doigts, et lutta contre ses propres sanglots.

Puis elle se tourna vers elle et l'embrassa.

- N'oublie jamais que je t'aime. Je t'aime Myrcella, d'accord ? Pour toujours et à jamais.

- Pour toujours et à jamais. Je t'aime aussi mon amour, et je te promets de ne jamais l'oublier, si toi aussi tu promets de toujours te souvenir.

- Je te le promets, dit-elle, scellant leur promesse d'un baiser. »

(Elles oublièrent, bien sûr.)

§§§§

Myrcella savait que quelque chose n'était pas normal.

Elle ne savait pas quoi, et elle ne savait pas pourquoi, mais elle le sentait.

Quelque chose flottait dans l'air, quelque chose de sombre et de mauvais, quelque chose qu'elle ne pouvait pas fuir.

Elle était heureuse pourtant, elle le savait, mais…

Mais ce n'était pas le cas de tout le monde.

Elle sentait qu'elle était la seule à le voir dans sa famille, sa mère était parfaitement heureuse, son père semblait l'être aussi (même si il y avait parfois cette lueur dans son regard, ce vide qu'elle ne s'expliquait pas, qu'elle ne comprenait pas et qui lui faisait peur, qui lui faisait mal), son frère Joffrey était bien trop occupé à être cruel et à se soucier de sa petite personne, et Tommen, lui…

Son petit frère était un petit peu trop innocent pour son propre bien, et lui aussi était heureux, mais contrairement à elle il ne semblait pas voir…

Quoi exactement ?

Que quelque chose clochait à Kintzheim ?

Sans doute oui.

Myrcella ne pouvait pas se l'ôter de la tête, et le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne savait même pas de quoi il s'agissait finalement.

Voilà pourquoi elle n'avait rien dit à personne, parce que…

Parce qu'elle n'avait rien à dire finalement.

Et cette incertitude la bouffait de l'intérieur, sans qu'elle puisse rien y faire.

Elle ne pouvait pas penser à autre chose que ça, qu'au fait que quelque chose de terrible était arrivé, et qu'elle n'avait rien fait pour l'en empêcher.

Mais quoi au juste ?

Elle n'en savait rien.

Mais elle avait bien l'intention de le découvrir.

A suivre…