Moi. Toi. Nous contre l'univers.
Titre du 13/05/2021 : Moi. Toi. Nous contre l'univers
Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)
Défi à l'unité d'Almayen n°4
Y : Yara Greyjoy
Yara Greyjoy
Prénom 67 : Marina
Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert
UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT
Quatre aspects de… Viktor (Underworld) : Père : Écrire sur Howard Stark (Marvel) ou sur la paternité
257) 50 nuances de personnages LGBT
10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)
La dernière fois que Stannis Baratheon avait vu Yara Greyjoy, leur monde était sur le point d'être englouti par un enfer blanc et glacial.
Désormais, près d'un an et demi plus tard, ils étaient toujours en enfer, mais un enfer différent.
Un enfer qui, peut-être, du moins l'espérait-il, allait bientôt enfin cesser.
Il le fallait.
Parce que, dans le cas contraire, cela signifierait que tous leurs efforts n'auraient servi à rien.
Qu'ils avaient perdu et que les marcheurs blancs avaient peut-être été vaincus (encore que non, parce qu'ils n'avaient en aucun cas gagné, non, ils avaient fui, comme les lâches qu'ils étaient tous et parce qu'ils n'avaient pas d'autre choix.) mais que ça ne voulait pas dire qu'ils avaient remporté une quelconque victoire.
Ou alors, si victoire il y avait, elle était bien amère, et les vainqueurs étaient bien peu nombreux.
Il ne considérait pas qu'il en faisait partie, parce qu'il avait conservé sa mémoire, certes, mais il avait été séparé de sa fille et ne pouvait-on pas lui infliger punition plus terrible que celle-là ?
Il fixa Yara Greyjoy avec le même air stupéfait et incrédule.
Elle était là.
Elle était vraiment là, et surtout, elle se souvenait, alors ça voulait dire que…
Qu'il n'avait pas tort.
Qu'il avait raison.
Et surtout, qu'il n'était pas fou, chose de plus en plus difficile à croire chaque jour qui passait alors que ses deux vies se bousculaient dans sa tête et que ses souvenirs s'entrechoquaient et s'entremêlaient au point où il ne savait plus ce qui était réel et ce qui ne l'était pas.
La jeune femme et lui avaient décidé de se rendre au Dragon Quincaille, laissant à Lancel Lannister le soin de ramener l'inconnue (Marina, si il se souvenait bien, ce n'était pas comme si ça avait réellement une grande importance pour lui, pas alors qu'il était à deux doigts d'enfin reprendre pied à nouveau après passé tant de temps la tête sous l'eau) dans la chambre qu'elles louaient toutes les deux.
Elle n'avait pris qu'un verre d'eau là où le cerf avait commandé un café, et pendant quelques secondes, le silence régna entre eux, comme si ils avaient peur qu'en parlant, l'illusion ne se dissipe et que la réalité ne reprenne sa place, froide, cruelle et implacable.
Et qu'ils ne réalisent qu'ils s'étaient trompés tous les deux depuis le début et qu'il n'y avait pas d'issue.
« Combien de temps ? Finit par lui demander Stannis après quelques minutes.
Yara fronça les sourcils.
- Quoi ?
- Vous venez de l'extérieur, alors vous devez savoir… Depuis combien de temps est-ce qu'on est là ? Depuis quand la malédiction a-t-elle été lancée ? Ici, le temps ne passe pas et comme les jours se ressemblent tous, c'est difficile de garder une trace quand on vit tout le temps à Kintzheim sans pouvoir en sortir.
Elle soupira.
- Depuis un an et demi. On est le 22 février 2019 (note de l'autrice : fun fact, j'écris ce chapitre le 22 février 2023 et… ouah il s'en est passé des trucs depuis, genre je vais peut-être enfin avoir mon permis, le truc de fou quoi.) et… Comment ça se fait que vous vous souveniez de qui vous êtes ?
Stannis Baratheon était beaucoup de choses, mais il était surtout honnête et droit, et la seiche savait bien que jamais il ne se serait allié à Cersei Lannister, surtout après l'assassinat de son frère des mains de la blonde reine.
- Je ne sais pas, lui répondit-il avec franchise. Je me suis réveillé le lendemain de la malédiction, et… Je me souvenais. Mais j'étais les deux à la fois. J'étais Stannis Baratheon, frère du roi Robert, seigneur de Peyredragon, mais aussi… Stannis Baratheon, simple habitant de Kintzheim et comptable… Et je… Je ne comprenais pas au début, comment ça pouvait être possible, comment je pouvais me souvenir de deux vies aussi contradictoires et qui pourtant devaient forcément être réelles parce que… je m'en rappelais. Et si elles ne l'étaient pas, alors ça voulait dire que j'étais fou et je… je ne pouvais pas l'être. Je ne pouvais pas être fou, je ne peux pas l'être.
- Vous ne l'êtes pas, le rassura immédiatement Yara. Sinon ça veut dire que je le suis moi aussi et dans ce cas ça veut dire que j'ai beaucoup de soucis à me faire.
Stannis eut un léger sourire, si petit que quelqu'un ne le connaissant pas y aurait vu un simple rictus mais Yara l'avait côtoyé pendant près de sept ans, alors elle sut qu'elle l'avait amusé, au moins un peu, qu'elle lui avait peut-être un peu remonté le moral, et s'en réjouit.
Ils n'allaient arriver à rien si ils se complaisaient tous les deux dans un désespoir morbide.
- Comment avez-vous fait ? Pour fuir.
- Thoros m'a permis de m'échapper par un portail. Une seule personne pouvait le franchir malheureusement. Je me suis retrouvée à Dunkerque et… me voilà.
- Pas à l'autre bout du monde donc, ni même du pays, fit-il remarquer d'un ton pincé, qui était tellement Stannis que Yara aurait sans doute ri dans d'autres circonstances, si elle avait pu se payer le luxe de le faire. Pourquoi avez-vous mis autant de temps dans ce cas lady Greyjoy ?
Elle ne le blâmait pas pour cette réaction, parce qu'au delà du simple reproche, qui était certes présent dans sa voix, il y avait aussi surtout la détresse, le désespoir sous-jacent et pourtant si présent qui faisait craqueler ce masque d'impassibilité qu'il tentait de porter en permanence, et elle comprenait ce sentiment.
Elle avait déjà failli s'effondrer durant l'année et demi qui venait de s'écouler, alors qu'elle n'avait pas eu à vivre au milieu de gens qui ne se souvenaient pas de la vérité, alors qu'aurait-elle fait si elle avait dû le faire avec en plus deux vies dans la tête ?
C'était un miracle qu'il ne soit pas déjà devenu complètement fou.
Peut-être que si il avait dû passer encore plus de temps ainsi, tout seul, c'est ce qui se serait finalement passé à la fin.
Comme avec Jefferson…
- J'étais seule. Presque sans moyens de subsistance, sans connaissances sur ce monde, seule au monde, sans amis, sans alliés et sans savoir où vous étiez. Vous avez eu tous ou presque la mémoire effacée, mais au moins en arrivant ici, ce monde n'avait plus le moindre secret pour vous. Ce n'était pas mon cas. Lord Stannis, j'étais seule, et le temps que je comprenne comment ne serait-ce que trouver un moyen pour survivre… J'étais perdue… J'ai fini par trouver un emploi de serveuse et à Dunkerque, j'ai fini par rencontrer Marina, qui est devenue ma colocataire et mon amie.
Alors, Stannis se souvint de cette femme qu'il avait croisée plus tôt, à laquelle il n'avait pas prêté de réelle attention, et alors, il tiqua enfin sur sa présence.
- Attendez une seconde… Elle… Vous dites qu'elle vient de l'extérieur ? Pas de Kintzheim ?
Ça n'avait pas le moindre sens.
Personne ne pouvait entrer à Kintzheim, c'était le principe même de la malédiction.
Elle hocha la tête.
- Marina vient de Dunkerque, pas de Westeros.
- Mais… comment est-ce possible ?
Et alors, pour la première fois depuis le début de la conversation, la guerrière s'autorisa à sourire.
- Parce que c'est Marina. Je doute qu'il y ait une autre explication possible. Plus sérieusement, ajouta-t-elle, dans notre malheur, nous avons eu de la chance… en quelque sorte.
Le cerf fronça les sourcils.
- Que voulez-vous dire ?
Le sourire de son interlocutrice se fit alors malicieux.
- Laissez-moi donc vous parler du monde merveilleux de Game of Thrones et du Trône de fer… »
§§§§
Une fois qu'elle eut terminé, le noble la fixa avec un air abasourdi, la bouche ouverte et les yeux écarquillés, ressemblant à un poisson hors de l'eau.
« Vous… vous voulez dire que… qu'il y a… une série télévisée sur nous ? S'écria-t-il, essayant de parler le moins fort possible pour que personne ne les entende.
- Et oui.
- Et aussi… des romans ?
- C'est ça oui. Une sorte… de versions alternatives de nous-mêmes. Ils sont nous et en même temps… ils ont vécu des choses que nous n'avons jamais vécues, mais ils ont notre passé et… En fait, tout a divergé à partir du moment où Jon Arryn est mort. Dans notre monde, nous avons découvert que les marcheurs blancs étaient de retour peu de temps après alors que dans cette version de l'histoire… ce n'est pas arrivé avant un long moment. Et ils n'ont pas lancé de malédiction non plus sans compter que… de nombreuses personnes qui sont encore vivantes à Kintzheim ont péri.
- Est-ce que Shireen… Demanda-t-il aussitôt, ne parvenant pas à finir sa phrase, tant cette possibilité lui paraissait invraisemblable.
Alors pourquoi le regard de Yara se chargea-t-il de tant de tristesse ?
- Elle est morte, mon seigneur. Et c'est vous qui l'avez tuée.
- Quoi ? S'exclama-t-il.
C'était impossible enfin, jamais il n'aurait pu…
- Je rentrerai dans les détails plus tard, je vous le promets…
- Quel rapport cela a-t-il avec… avec votre amie ?
- Elle est une grande fan de la saga littéraire et de la série, elle écrit des fanfictions dessus d'ailleurs, je ne sais pas si…
- Je sais ce qu'est une fanfiction, la coupa Stannis, Shireen en lit et en écrit, et elle…
Sa voix se brisa et elle sentit la compassion l'envahir.
Elle savait ce que ça faisait d'être séparée de son petit frère et de sa petite-amie, et ça faisait atrocement mal.
Mais elle n'osait même pas imaginer ce qu'on pouvait ressentir en étant séparé de sa propre enfant et que celle-ci ne vous reconnaissait même plus, ignorait qui vous étiez totalement.
Ça avait dû lui briser le cœur quand il avait compris.
Et ne pas pouvoir se confier à qui que ce soit à ce sujet, pendant plus d'un an et demi ?
Il avait dû errer comme un lion en cage durant tout ce temps (ironique considérant le fait que c'était bien une lionne qui était la cause de son malheur), enrageant, pieds et poings liés et impuissant.
Elle qui détestait tant cette sensation, elle ne pouvait que comprendre à quel point il avait souffert, et souffrait encore.
- Elle m'a oublié, cracha-t-il finalement, elle a oublié que j'étais son père, pour elle je ne suis plus que son oncle maintenant, et rien de plus et pour elle, Renly et Loras sont ses pères, je n'ai théoriquement même plus de liens du sang avec elle.
Théoriquement.
Tant de théories qui auraient pu être balayées d'un revers de la main grâce à un simple test ADN qu'ils n'avaient malheureusement aucune raison valable de demander.
- Je sais. Je sais et j'en suis désolée. Je suis tellement désolée.
- Elle est heureuse, ajouta-t-il, je le sais, je le vois tous les jours, Loras et Renly sont de bons parents pour elle, et elle a une petite-amie, elle… elle a tout ce qu'on pourrait souhaiter à son âge, enfin je suppose, mais je voudrais juste… Je suis son père, et je voudrais revenir dans sa vie, que tout ça soit réel, et elle… Lady Yara, si vous saviez à quel point ma fille me manque.
Il était rare, très rare de le voir se livrer ainsi.
Mais la guerre les avait changés, la malédiction les avait changés aussi.
Ils n'étaient plus les mêmes personnes qu'avant et ils ne le seraient plus jamais.
Et Yara Greyjoy ne pouvait s'empêcher de détester l'univers entier pour ça.
- Je ne peux pas le savoir, je n'ai pas d'enfant, je ne peux que me l'imaginer mais… ma petite-amie et mon frère m'ont été enlevés alors je pense avoir une petite idée du genre de douleur que l'on ressent.
Il hocha la tête.
- Je suis désolé pour ça aussi, pour vous, pour tout ce que vous avez perdu.
- Pas autant que moi, lui répondit-elle avec tristesse.
- Vous savez le plus drôle dans tout ça ? Lâcha-t-il avec un rire rauque et triste. C'est qu'ici… Cersei Lannister est née Baratheon, donc elle et moi nous sommes de la même famille d'après la malédiction… Ça me rend tellement malade.
- Elle paiera pour ça, lui rétorqua Yara avec la rage au cœur et des flammes dans les yeux, je le jure par le Dieu noyé et tout ce qui m'est cher, je la ferai payer pour ça, elle et tous les autres.
Il la regarda avec attention.
- Est-ce que vous avez un plan ?
- Je… je crois, admit-elle. J'ai… un début de plan.
Ce qui n'était pas un mensonge, et était déjà mieux que rien.
Après tout, il se souvenait de qui il était, alors peut-être se rappelait-il des paroles qu'elle avait oubliées et dont elle avait tant besoin.
(High in the halls of the kings who are gone
Jenny would dance with her ghosts
The ones she had lost and the ones she had found
And the ones who had loved her the most.)
Il hocha la tête.
- Très bien… Voyons ce qu'on peut faire alors. »
Elle, lui et Marina, contre une ville entière et amnésique et/ou corrompue.
Ça partait bien tout ça…
A suivre…
