Un sauvetage du cœur

Titre du 15/02/2022 : Un sauvetage du cœur

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects d'… Edwin Jarvis : Majordome : Écrire sur Alfred Pennyworth ou sur une personne qui aide discrètement

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, de secondaire à principal, alphabets, de secondaire à principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Yara se sentait presque déçue de constater à quel point il avait été facile de découvrir où Cersei Lannister avait caché le cœur de son jumeau.

Enfin, si caché était le bon mot…

Et si son hypothèse se révélait être la bonne, ce dont elle n'était pas encore sure.

Mais d'un autre côté…

Qu'est-ce que la mairesse pouvait bien dissimuler dans cette magnifique boite ornée d'un lion qui se trouvait sur son bureau ?

(Elle était venue un autre jour, quelques jours plus tard, par précaution, la plus discrète et invisible possible, quand la blonde était là en train de travailler et pensait qu'il n'y avait personne.

Elle avait ses petits oiseaux, mais Yara aussi savait voler.)

Et elle avait vu la boite, juste une simple boite à première vue.

Et elle avait su.

Elle l'avait senti dans ses tripes, et elle ne savait pas avec certitude si c'était bien un battement de cœur qu'elle avait entendu alors ou si elle avait juste rêvé, si elle avait tellement voulu que ce soit réel qu'elle avait réussi à se persuader que ça l'était.

Peu importe après tout.

Elle devait essayer d'y croire, elle devait s'accrocher à ça, quitte à devoir entrer à nouveau par effraction, à devoir forcer toutes les serrures, quitte à ce que Cersei sache ce qui était arrivé.

Parce que si le cœur disparaissait, alors elle comprendrait presque immédiatement, évidemment, le coffret était fermé, bien sûr, mais la fer-née se doutait qu'elle devait l'ouvrir parfois, si il contenait bien le cœur, juste pour être sure qu'il était toujours là.

Et si jamais le comportement de Jaime changeait après cela, ce qu'il ferait invariablement, parce qu'il serait enfin lui-même à nouveau, alors elle comprendrait sûrement encore plus tôt, et Yara voulait qu'elle sache, elle voulait la faire souffrir, même si sa douleur n'atteindrait jamais ce qu'elle avait pu leur infliger à tous.

Le regard de la guerrière se reporta sur l'objet.

Il n'était même pas fermé à clef.

Yara comprenait, vraiment, ou pensait comprendre.

Après tout, personne n'était censé pénétrer dans son bureau quand elle y était et qu'elle travaillait, qu'elle n'avait pas de rendez-vous, et encore moins quand elle n'était pas là, la pièce était fermée à clef en permanence.

Et surtout, personne n'était supposé savoir, connaître la vérité, savoir ce qu'elle avait osé faire à Jaime, elle-même venait à peine de le comprendre, et encore n'était-elle même pas complètement certaine qu'elle avait raison à ce sujet.

Une partie d'elle-même espérait toujours avoir tort d'ailleurs.

Et puisque personne ne savait, personne ne se soucierait de cette boite, de ce qu'il y avait dedans, et pire encore, il était même possible que personne ne soit capable d'entendre le sourd battement de cœur qui se faisait probablement entendre depuis l'intérieur de sa prison.

Quelque chose de clairement visible aux yeux de tous mais que personne ou presque ne parvenait à voir parce qu'on avait volé leurs yeux et leurs souvenirs…

C'était un assez bon résumé de la malédiction.

Elle s'esquiva.

Elle en avait assez vu.

Cersei avait sans doute également mis la boite aux yeux de tous parce que mettre au grand jour une chose qu'on pouvait vouloir chercher, si jamais quelqu'un connaissait cette information, permettait de pousser les gens à ne pas s'attarder sur quelque chose de facilement accessible alors qu'on imaginerait l'objet en question bien caché.

Et puis…

Elle songea que c'était sans doute son orgueil qui avait poussé Cersei à faire ça.

L'orgueil des lions…

Des Lannister.

Afin de dire à l'univers entier, de le lui hurler à pleins poumons, sans en avoir l'air, sans même qu'il s'en doute une seule seconde « regardez, il est à moi et je tiens son cœur littéralement dans le creux de ma main et personne ne pourra jamais me l'enlever », et elle ne put étouffer un frisson de dégoût.

Par le Dieu noyé, qu'elle détestait cette femme.

Mais au moins, ça servait ses plans.

Elle lui prendrait le cœur de Jaime Lannister, et elle le rendrait au lion.

Elle se le jurait sur tout ce qu'elle avait de plus cher.

§§§§

Une semaine plus tard.

Yara devait l'admettre, elle n'était pas sûre de ce qu'elle faisait.

En ce lundi 23 mars 2019 (note de l'autrice : fun fact, j'écris aussi durant le mois de mars, juste pas de la même année), elle allait enfin mettre en place ce sur quoi elle et Marina travaillaient depuis désormais un bon moment, en n'étant même pas sures d'arriver à leurs fins.

Ni même que ce qu'elles étaient en train de faire ait réellement un intérêt ou même un sens, peut-être n'allait-elle que tomber sur un simple objet précieux dans cette boite, une broche, un bijou quelconque, une bague ou autre chose qui venait de Westeros et dont la reine n'avait pas voulu se séparer, qu'elle n'avait pas accepté d'oublier parce qu'il lui rappelait son passé, et surtout le fait qu'elle avait gagné.

Aussi, elle s'était levée ce matin-là en ayant la boule au ventre et l'angoisse lui nouant le cœur, pas seulement parce qu'elle avait peur d'échouer (même si cela arrivait, il n'y aurait que Cersei qui pourrait comprendre ce qu'elle avait l'intention de faire) mais parce que si elle avait eu tort, si elle s'était trompée sur toute la ligne, alors ça voulait dire…

Qu'elles allaient faire ça pour rien.

Qu'elles allaient se mettre en danger et risquer de s'exposer pour quelque chose qui n'en valait pas la peine.

Plusieurs fois, elle fut tentée d'abandonner, avant de finalement se ressaisir.

Elle devait au moins essayer, elle lui devait ça au moins, s'il était bel et bien le prisonnier de sa sœur comme elle le pensait.

Elle prit une profonde inspiration.

Elle allait le faire.

Elle allait y arriver.

§§§§

La panne de courant qui frappa inexplicablement la mairie de Kintzheim et quelques bâtiments aux alentours pendant un total d'une quinzaine de minutes fut sans doute la coupure la plus importante qu'avait enregistré la ville ces derniers temps.

Cela amena un sourire sur les lèvres de Yara.

Elle ne savait pas comment Stannis avait fait, mais il avait réussi.

Pas de courant, pas de caméras.

Pas de caméras, pas de risque qu'elle se fasse repérer par qui que ce soit, surtout à un moment où la mairesse se trouvait en réunion ailleurs dans la mairie.

Personne ne l'avait vue entrer, personne ne la verrait sortir.

Et quinze minutes, ce serait parfaitement suffisant pour ce qu'elle avait à faire.

Elle ne perdit pas de temps une fois arrivée dans le bureau de Cersei Lannister et ouvrit instantanément la boite, et alors elle sut.

Elle avait eu raison.

Depuis le début, depuis qu'elle avait entendu les paroles du Régicide, elle avait vu juste, et son intuition avait été la bonne.

C'était bien son cœur, l'objet mystérieux que sa jumelle gardait dans cette boite.

Elle sentit un haut-le-cœur l'envahir alors qu'elle entendait finalement les battements de cœur de l'ancien membre de la garde royale.

C'était réel.

C'était vraiment réel.

Et surtout, c'était absolument abominable.

Ce n'était pas juste aussi, parce qu'il ne méritait pas ce qu'elle lui avait fait.

Elle referma la boite pendant quelques secondes, réprimant avec difficulté son envie de vomir, et en n'entendant plus de battement de cœur, elle réalisa alors que c'était pour ça que personne n'entendait rien, parce que la boite était insonorisée.

Elle comprenait mieux maintenant, et à vrai dire, ça l'arrangeait plutôt, parce que tant que Cersei n'ouvrirait pas le coffret, elle ne se rendrait pas compte que quelque chose avait changé.

Ou du moins elle l'espérait.

Sortant sa propre boite de son sac, elle y mit le cœur du policier, avant de remplacer ce dernier par un pomme rouge d'environ la même taille et qui pourrait faire illusion tant qu'on n'ouvrait pas la boite.

Elle se doutait bien que la référence à Regina échapperait à Cersei, mais ce n'était pas grave, elle au moins, elle saurait.

Elle aurait aimé pouvoir voir la tête de Cersei au moment où elle allait réaliser ce qui s'était passé.

§§§§

Elle n'avait rien vu.

Certes, les choses avaient changé en ville ces derniers temps mais une coupure de courant ne voulait rien dire du tout, il y en avait déjà eu par le passé durant l'année et demie précédente, et il n'y avait rien de changé dans son bureau, tout était à sa place et il était toujours fermé à clef quand elle était rentrée.

Et de toute façon, elle avait plus important à s'inquiéter que de savoir si oui ou non le cœur de son époux était toujours à sa place, dans sa petite boite.

Ça avait toujours été le cas les fois précédentes lorsqu'elle était revenue.

En quoi est-ce que cette fois-ci aurait-elle été différente d'une quelconque façon ?

§§§§

C'était une belle demeure.

C'était la première fois que Yara Greyjoy voyait la maison des Lannister, et de l'extérieur (elle n'allait pas y entrer, une seule effraction dans la journée était largement suffisante, elle n'allait pas tenter sa chance, ça aurait été stupide), elle était splendide et gigantesque.

Mais elle était aussi sinistre et macabre quand, comme la jeune femme, on savait ce que dissimulaient ses murs, à savoir les mensonges et la manipulation.

Et elle allait tout faire pour changer ça.

Désormais, elle connaissait les emplois du temps des membres de la famille par cœur, les enfants n'étaient pas ici, soit parce qu'ils ne vivaient plus à la maison, où ils passaient certes de temps en temps mais rarement, soit parce qu'ils étaient en cours ou avec leurs amis ou leur petite-amie.

Enfin, petite-amie, c'était beaucoup dire concernant Joffrey…

La seiche serra les poings, en faisant tout pour ne pas s'énerver.

Ce serait inutile, et elle n'était pas là pour ça de toute façon, elle n'était pas là pour Sansa mais pour Jaime.

Ne t'en fais pas mon amour.

On y arrivera un jour.

Je te le promets.

Mais pour l'instant…

Cersei était encore à la mairie, quant au lion, il n'allait pas tarder à rentrer du travail si elle ne se trompait pas, et en le voyant se rapprocher de la maison, elle sourit, soulagée, se sentant soudainement libérée d'un poids.

Tout se passait bien, et il n'y avait aucune raison pour que ça change.

Elle ouvrit la boite et essaya de surmonter sa nausée, provoquée par ce qu'elle était sur le point de faire.

Le principe de contrôler quelqu'un grâce à son cœur la répugnait depuis toujours, depuis qu'elle savait que ça pouvait exister et c'était pire depuis qu'elle avait compris que ce n'était pas seulement quelque chose de fictif mais que ça avait pu arriver à l'un des leurs.

Et que ça avait été fait par quelqu'un qui prétendait l'aimer mais qui n'avait fait que l'enfermer dans une cage.

Mais elle n'avait pas le choix, elle devait le faire si elle ne voulait pas qu'il risque de s'enfuir en courant et en hurlant en la voyant venir vers lui avec un cœur battant dans les mains.

Elle prit une profonde inspiration.

Il n'y avait personne autour d'eux heureusement, et elle pria pour que ça continue comme ça.

« Allez dans le jardin derrière la maison, lui commanda-t-elle, et il se figea pendant quelques imperceptibles secondes, avant de s'exécuter et elle le suivit ensuite. Restez là, ajouta-t-elle une fois qu'elle fut certaine qu'ici, au milieu des arbres et des fleurs, personne ne pouvait les voir, les surprendre.

Et même si ça avait été le cas, la personne aurait-elle compris ou même accepté ce qu'elle voyait ?

Yara en doutait sincèrement.

- Bien… Dormez, lui ordonna-t-elle, et les yeux de Jaime se fermèrent aussitôt, je vais remettre votre cœur à sa place, dans sa poitrine, et ensuite… vous ne vous réveillerez que lorsque je serai partie et que vous n'entendrez plus le bruit de mes pas… Vous ne vous souviendrez pas de ce qu'il s'est passé et vous vous direz que vous êtes simplement fatigué après une longue journée de travail et que vous avez décidé d'aller vous reposer quelques heures dans le jardin. »

Une fois cela dit, elle se rapprocha de lui et, faisant comme elle l'avait vu à la télévision dans Once Upon a Time, elle poussa son cœur contre sa poitrine en priant de toutes ses forces le Dieu noyé pour qu'il rentre, elle aurait eu l'air fine s'il était resté bloqué contre le torse du pauvre lion.

Et, miracle, cela marcha.

Toujours inconscient, Jaime prit alors une grande respiration, comme si il revenait d'un seul coup à la vie, qu'il respirait de nouveau pour la première fois depuis une éternité, et Yara sentit les larmes lui monter aux yeux.

Elle avait réussi.

Elle l'avait fait.

Il pouvait redevenir lui-même désormais, se libérer de l'emprise de ce monstre qu'il croyait pourtant aimer, et elle sourit, émue.

« Bonne chance Jaime Lannister, lui murmura-t-elle, consciente que les jours à venir allaient être difficiles pour lui, vous allez en avoir besoin. »

Puis elle partit, le plus discrètement possible, ayant pour la première fois l'impression que petit à petit, elle était en train d'écarter les murs qui se trouvaient autour d'eux, les tenant enfermés.

Et bientôt, elle allait les faire exploser en mille morceaux, tous ces murs.

A suivre…