Sans amour, sans choix.

Titre du 28/10/2021 : Sans amour, sans choix

Sagittaire : Jaime Lannister (GOT)

J – Jaime Lannister

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… citations de Kaamelott : J'irai me coucher quand vous m'aurez juré qu'il n'y a pas dans cette forêt d'animal plus dangereux que le lapin adulte ! : écrire une scène en pleine nature ou écrire sur une phobie qui paraît ridicule aux yeux des autres

257) 50 nuances de personnages LGBT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Il voyait Cersei d'un tout nouvel œil désormais depuis quelques jours.

Une semaine entière s'était écoulée depuis qu'il avait constaté ce changement chez lui, et c'était comme s'il voyait le monde qui l'entourait d'une toute autre façon.

Et il n'avait toujours pas la moindre idée de ce qu'il était censé en penser.

Était-il supposé s'en réjouir ou au contraire en avoir peur, lui qui ne comprenait même pas ce qui était en train de lui arriver ?

Alors que peu de temps avant, il avait l'impression de ne plus rien ressentir, maintenant, c'était le contraire, c'était comme s'il ressentait bien trop de choses à la fois, comme s'il n'avait plus l'habitude, presque comme si ce n'était plus ses émotions à lui.

Ce qui était absurde bien sûr, et il le savait pertinemment.

Ça ne changeait rien au fait qu'il se sentait actuellement complètement perdu.

Son univers avait basculé, il n'était plus le même homme, il se sentait vivant à nouveau, il n'était plus vide, et ça ne concernait pas seulement sa femme à vrai dire.

Mais aussi le reste de sa famille, il y avait l'amour qu'il ressentait pour ses enfants, pour Myrcella, pour Tommen et pour Joffrey (même si pour lui cet amour bien que sincère était également mêlé de crainte parce qu'il voyait enfin les ombres dans ses yeux et la noirceur, lui qui les avait ignorés pendant, oh, si longtemps et fait comme s'ils n'existaient pas parce que c'était plus facile comme ça), pour son frère Tyrion, pour ses proches pour ses collègues, pour ses amis.

Il aimait, il ressentait des choses, enfin, il respirait librement à nouveau.

Il n'était plus un fantôme.

Et il n'était plus amoureux de Cersei.

Il aurait dû comprendre ça plus tôt sans doute, l'accepter dès cette soirée si étrange et dérangeante durant laquelle il avait eu l'impression de lentement se réveiller après être resté endormi trop longtemps, comme prisonnier d'une sorte de brume qui refusait de le laisser partir.

Mais il n'avait pas pu, parce que ça aurait été reconnaître que sa vie, leur vie, qu'ils avaient bâti ensemble et pour laquelle il s'était tant battu autrefois était lentement en train de s'effondrer parce qu'elle ne lui convenait plus.

Parce qu'il n'était plus heureux avec elle.

Il aurait aimé savoir pourquoi, savoir ce qui avait changé, si ça venait de lui, d'elle, des deux ou juste du temps qui avait émoussé ce qu'il pensait autrefois être capable de durer pour l'éternité.

Il n'aurait pas pu savoir que la cause venait tout simplement d'une fer-née qui lui avait rendu son cœur et son humanité ainsi que son libre-arbitre en même temps.

Il avait passé une semaine dans le déni complet, en essayant de ne pas y croire, de ne pas voir ce qui était pourtant une évidence.

Ça avait été un échec total.

Et maintenant, quand il voyait Cersei, il ne voyait plus la femme qu'il aimait, son cœur ne battait plus elle, il le savait bien maintenant, c'était comme si tout son amour et son affection s'étaient évanouis en un instant, et il n'arrivait pas à comprendre pourquoi.

C'était désespérant vraiment.

Ce n'était pas le seul changement d'ailleurs.

Maintenant, il n'était plus toujours d'accord avec Cersei.

Avant, tout ce qu'elle disait, faisait, décidait, pour leur famille, leur couple ou la ville lui semblait logique, censé, pertinent, brillant même et il l'approuvait sans discuter.

Désormais, ce n'était plus forcément le cas.

Il n'avait pas exprimé son désaccord, pas encore en tout cas, parce qu'il n'avait pas eu de réelle divergence avec elle, mais il s'était retrouvé plusieurs fois à froncer les sourcils et à avoir envie de la contredire, ce qui n'était jamais arrivé avant cela.

C'était… perturbant.

C'était presque comme si ces derniers temps, il n'avait rien été de plus qu'une simple marionnette dont on manipulait les fils dans l'ombre sans qu'il puisse s'y opposer ou même s'en rendre compte et que d'un seul coup, les fils en question avaient brusquement été coupés et qu'il était enfin libre et conscient en plus du reste.

Qu'il pouvait à nouveau se mouvoir, penser, agir en ayant enfin le choix.

C'en était presque terrifiant.

Et ça n'avait aucun sens.

Alors il ne dit rien à Cersei, il ne dit rien à personne, il se tut et enfouit son secret en lui-même.

Parce que c'était mieux comme ça.

Et puis, ce n'était pas comme si les choses allaient réellement changer, pas vrai ?

(Une paire d'yeux bleus saphir allaient bientôt lui donner tort.)

§§§§

Elle aurait déjà dû être là.

Yara n'aimait pas ça, pas du tout, Sansa était en retard à leur leçon de conduite, et ce n'était pas normal, elle aurait dû, elle aurait dû…

Elle aurait dû être arrivée.

Elle n'avait jamais été en retard jusque-là, et la fer-née ne se souvenait que trop bien de la réaction de la rousse alors qu'elle constatait qu'elle était en retard pour voir Joffrey, et elle pria de toutes ses forces le Dieu noyé pour que ce foutu lion ne soit pas responsable de ce retard sinon elle allait lui faire comprendre que son comportement était inacceptable.

Et pas avec des mots mais avec des poings, ça rendrait probablement le message plus clair et plus limpide.

Ou du moins elle l'espérait, et puis ça lui permettrait de se défouler un peu sur le blond, ce qui était toujours ça de pris.

Quand elle vit enfin son ancienne petite-amie apparaître, le soulagement l'envahit, avant qu'elle ne voie la trace de sang encore visible sur le visage de la jeune femme avant que celle-ci n'essaie de la faire disparaître, et la rage l'envahit à nouveau.

Elle ne dit rien pourtant, parce que Sansa ne voulait pas en parler et parce qu'elle n'était toujours pas prête à fuir, pas encore en tout cas.

Qu'aurait-elle pu faire pour l'aider de toute façon ?

Alors elle ravala sa haine et se jura qu'un jour, oh, un jour…

Un jour elle le ferait payer…

§§§§

Jaime n'était pas comme d'habitude.

Cersei avait mis un peu de temps à s'en rendre compte, à le voir, à le réaliser, parce qu'il avait bien su le cacher, mais…

Elle le lisait dans ses yeux, que quelque chose avait changé, qu'il n'était plus le même, mais elle ne savait pas pourquoi ni comment, mais elle avait bien l'intention de le découvrir et de faire redevenir les choses telles qu'elles étaient avant.

Pour que jamais rien ne change, comme c'était le cas depuis qu'elle avait créé Kintzheim.

Elle avait été la reine des Sept Couronnes après tout.

Alors rien ni personne ne lui faisait peur, et surtout pas son jumeau.

§§§§

Brienne.

Ce n'était qu'une collègue, une amie, et ce, depuis toujours, depuis qu'il la connaissait, à savoir depuis… depuis tellement d'années qu'il ne savait même plus à force, comme si les souvenirs s'étaient effacés les uns après les autres.

Ça aussi ça avait changé, le fait qu'il ait finalement réalisé le nombre de choses dont il n'arrivait pas à se rappeler clairement quand il essayait précisément de s'en souvenir, et une partie de lui-même commençait doucement à s'en affoler.

Pourquoi ?

Pourquoi n'arrivait-il pas à se souvenir, pourquoi les souvenirs se brouillaient-ils dans sa tête, pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

C'était à n'y rien comprendre.

Et il y avait Brienne, au milieu de tout ce fatras, de ce chaos improbable qu'était devenu son esprit, véritable champ de bataille meurtri et ensanglanté, Brienne qu'il n'avait jamais vraiment remarquée avant cela.

Et maintenant, c'était comme s'il la voyait pour la première fois.

Comme s'il la voyait vraiment, après être resté aveugle pendant des années.

Ça non plus ça n'avait pas le moindre sens.

Elle était la même qu'autrefois, et ce n'était pas comme s'ils étaient plus proches qu'ils ne l'étaient dans le passé, non, rien n'avait changé.

C'était lui qui avait changé.

Ça aurait pu être bien, comme changement, de sentir son cœur battre à nouveau, comme avant, de le sentir s'emballer dès qu'il voyait la blonde, de reconnaître les signes, de réaliser qu'il était en train de tomber amoureux.

(Il l'aimait déjà, il avait juste oublié.

L'esprit oublie, mais le cœur se souvient.

Toujours.

Et son cœur commençait à peine à se rappeler mais sans que l'esprit ne suive ou qu'il ne comprenne, malheureusement.)

Sauf qu'il était marié à une autre.

Et il aimait toujours Cersei, forcément, des années de relation et d'amour sincère ne pouvaient pas s'effacer comme ça, en un claquement de doigts, en à peine quelques jours, et ce ne serait qu'une passade et bientôt tout redeviendrait normal et comme avant, comme si rien ne s'était passé, n'est-ce pas ?

N'est-ce pas ?

§§§§

La forêt de Kintzheim était l'endroit parfait pour réfléchir tranquillement.

Il s'était disputé avec Cersei, pour la première fois depuis… depuis… depuis…

Depuis…

Il n'y arrivait pas.

Il n'arrivait même pas à se rappeler d'une seule fois depuis qu'ils étaient ensemble où ils avaient bien pu s'engueuler comme n'importe quel couple ou presque le faisait, que ce soit pour des conneries ou quelque chose de plus important, et il était sûr que ça avait dû arriver, ils n'étaient pas un couple parfait, mais il n'en avait pas le moindre souvenir.

Mais bon Dieu, qu'est-ce qui n'allait pas chez lui bordel ?

Le problème venait de Joffrey, et de la manière dont il traitait la fille aînée de Baelish (Jaime avait du mal à croire qu'elle puisse être sa fille, elle lui ressemblait si peu. Aucun de ses enfants n'avait hérité de son caractère à vrai dire), chose que Cersei ne voyait pas, ou ne voulait pas voir.

Il ne la blâmait pas en réalité.

Lui non plus n'avait rien vu.

Sauf que maintenant, il voyait, et il refusait de fermer les yeux plus longtemps, parce que c'était injuste.

Mais elle avait refusé de l'écouter, et il…

Il voulait juste faire quelque chose de bien, aider les gens, arranger les choses, et même si ça passait par accuser son propre fils hé bien soit.

Cette situation n'avait que trop duré de toute façon.

Et il arriverait à convaincre Cersei, il en était sûr.

Et si ce n'était pas le cas…

Il n'était pas franchement sûr de ce qu'il ferait alors.

Et alors qu'il croisait le regard de Brienne, pendant quelques brèves secondes, il sentit sa colère diminuer, un peu, et son cœur battre un peu plus vite.

Il avait vraiment envie de croire que ce qu'il était en train de ressentir s'effacerait bientôt et disparaîtrait dans le néant, ça rendrait les choses plus faciles et mieux vivables.

Malheureusement, il sentait au fond de lui-même que les choses ne seraient pas aussi simples.

Rien n'était jamais simple à Kintzheim, ça se saurait si c'était le cas.

§§§§

Il était en train de lui échapper.

Maintenant, Cersei n'avait plus le moindre doute à ce sujet, elle était en train de perdre Jaime petit à petit, bribe par bribe, et elle s'en rendait de plus en plus compte chaque jour qui passait.

Et elle n'arrivait pas à le retenir, elle ne savait pas ce qui était en train de se passer, mais elle se voyait incapable d'enrayer le processus, elle perdait le contrôle.

Elle n'aimait pas ça, pas du tout, et surtout elle n'aimait pas le fait de ne pas comprendre ce qui leur arrivait, à tous les deux.

Sans doute un effet de la venue de Yara Greyjoy et Marina Leszczynska qui perturbait non seulement la malédiction mais aussi les habitants eux-mêmes.

Après tout, l'évasion de Vère ainsi que son accouchement avaient été provoquées par leur présence, parce que l'horloge avait recommencé à tourner à cause d'elles, et maintenant Jaime agissait bizarrement.

C'était de leur faute.

Mais ce n'était pas grave, elle avait toujours son cœur, et elle se réjouit alors d'avoir choisi de le garder avec elle, bien à l'abri dans sa boite, elle allait pouvoir le contrôler à nouveau, le faire redevenir comme il était avant, lui faire comprendre avec quelques mots qui il était vraiment.

Et tout rentrerait dans l'ordre, son ordre.

Un ordre que personne n'avait le droit de perturber ou de troubler, pas même son propre mari.

Elle se rendit alors un lundi après-midi à la mairie, sure et certaine de trouver ce qu'elle cherchait dans son bureau.

Elle ouvrit la boite, qu'elle n'avait pas ouverte depuis des mois, n'en voyant pas l'utilité, et son visage se décomposa immédiatement.

Le cœur avait disparu.

Et à la place, il y avait une pomme rouge.

Quoi ?

A suivre…