La face cachée de l'autre.

Titre du 26/11/2021 : La face cachée de l'autre

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prompt 120 : « Je t'aime. »

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Mobius (Marvel) : Jet-ski : Écrire sur des vacances à la mer ou sur une passion inavouée

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, prompts infinis, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Yara avait envie de hurler.

De joie pour une fois.

C'était si rare ces derniers temps pour qu'elle ait envie de le célébrer, ou même de le crier sur tous les toits.

Parce que, enfin, elle avait vu Sansa prendre son destin en main, se réveiller comme une partie des habitants de Kintzheim le faisait depuis leur arrivée, et redevenir la jeune femme forte et volontaire qu'elle avait finir par devenir en grandissant à Westeros au fur et à mesure que la guerre contre les marcheurs blancs prenait de l'ampleur et s'installait pour durer sans que qui que ce soit ne puisse savoir quand elle s'arrêtait.

Et tout à l'heure, elle avait vu cet éclat dans ses yeux, cette flamme, cette détermination qui était l'une des choses qui l'avaient fait tomber amoureuse d'elle, elle avait vu Sansa Stark, la louve, la guerrière, la combattante.

La femme qu'elle aimait, et qui jamais, plus jamais n'accepterait de se laisser faire, et qui se battrait jusqu'au bout, et Yara allait l'y aider.

Et cette flamme, elle espérait sincèrement qu'elle ne s'éteindrait plus jamais.

« Elle a réussi, murmura-t-elle à Marina la voix vibrante de joie, et les yeux pétillants d'espoir et d'enthousiasme, même si elle savait pertinemment que rien n'était gagné encore, que le combat n'avait pas été remporté, mais le plus dur était déjà fait.

La louve avait sorti ses crocs et ses griffes, et le lion réaliserait bientôt à quel point elle pouvait mordre quand elle se sentait menacée ou acculée.

Elle avait hâte de voir ça.

- Oui, approuva Marina avec le même sourire sur le visage. Elle a réussi. Et elle va gagner, ajouta-t-elle avec une assurance que Yara ne pouvait que partager à cet instant précis. On va gagner. »

Après tout, Vère d'abord.

Sansa maintenant.

Pourquoi pas Theon à l'avenir, qui sait ?

Et puis tous les autres, jusqu'à ce que la malédiction se désintègre d'elle-même sans qu'elle ait besoin de faire quoi que ce soit.

Et enfin, ils seraient tous libres.

Elle pouvait toujours rêver.

§§§§

Ce fut au cours du dîner que Sansa finit par réaliser quelque chose.

Une chose qu'elle n'avait jamais vue auparavant, à laquelle elle n'avait jusque-là pas prêté attention mais qui maintenant qu'elle y pensait deux minutes, lui paraissait tellement évidente, au point de lui sauter au visage.

Alors qu'elle regardait ses frères et sa sœur, elle ne pouvait pas ne pas le voir, et elle se demandait comment elle avait pu ne pas s'en être aperçue avant.

Oui, comment se faisait-il que jamais elle n'avait pu comprendre que les membres de sa famille ressemblaient tous de manière frappante à Eddard Stark ?

Maintenant qu'elle l'avait revu, c'était tellement… tellement…

Tellement visible qu'elle s'interrogeait sur le fait que personne n'en ait jamais fait la remarque.

Hormis elle, qui avait les cheveux de feu et les yeux bleus de la famille Tully, il y avait chez eux quelque chose qui rappelait de près ou de loin le policier, et ils ressemblaient tous à Catelyn, certes, mais il y avait quelque chose…

Plus elle les regardait plus elle se disait qu'elle n'aurait pas été étonnée qu'on lui dise que c'était lui leur père et non Petyr Baelish.

En fait, elle ne leur trouvait aucune ressemblance avec celui qu'ils appelaient tous papa depuis toujours, et c'était effarant, même alors qu'elle se regardait dans le miroir, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser la même chose à propos d'elle-même.

Elle ressemblait à sa mère, oui, mais pas à son père, et il y avait aussi dans ses propres traits quelque chose de définitivement Stark, même si c'était moins flagrant que chez les autres.

Mais Robb, Bran, Rickon, Arya…

C'était comme si elle les voyait vraiment pour la toute première fois de sa vie, et ça lui donnait le vertige.

Pourquoi ne s'en était-elle pas rendue compte avant cela ?

Et surtout, surtout, surtout…

Ça n'avait pas le moindre sens.

Pourquoi ?

Pourquoi est-ce qu'ils lui ressemblaient à lui et pas à celui qui était supposé être leur père biologique ?

Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, elle n'arrivait pas à comprendre, à réaliser…

Parce que la seule réponse qu'elle arrivait à trouver ne lui plaisait définitivement pas, et que pourtant c'était la seule qui avait une quelconque logique.

Elle avait l'impression que sa tête était sur le point d'exploser.

Il fallait qu'elle parle à sa mère, qu'elle lui demande, qu'elle tente de comprendre.

Elle avait besoin de réponses là tout de suite.

§§§§

Elle aimait sa famille, c'était une évidence.

Mais jamais ça n'avait été aussi vrai que durant cette soirée qu'ils passèrent tous ensemble, à parler de tout autre chose que ce que Sansa avait vécu (elle en avait discuté avec eux avant, dans la journée, et ils l'avaient écoutée et ça avait été si bien d'enfin pouvoir en parler), à jouer des jeux, à rire, et à regarder un film ensemble.

À juste être une famille.

Ça lui avait tellement manqué, elle qui avait été seule, isolée et malheureuse pendant tellement longtemps, qui avait été forcée à se taire, qui avait tant souffert.

Leur père était absent, et personne ne le releva, et ça ne fit qu'augmenter le malaise qu'elle ressentait déjà mais essayait à tout prix de cacher.

Son père et sa mère étaient-ils déjà si éloignés l'un de l'autre autrefois ?

N'avait-elle pas vu ça non plus tout comme elle n'avait pas vu tout le reste ?

Et elle se souvenait avoir éprouvé de la tendresse et de l'amour pour son père, avant, même quand il ne l'avait pas aidée face à Joffrey et pourtant…

Maintenant, elle ne ressentait plus rien quand elle pensait à lui, hormis de l'amertume et des regrets, de la colère aussi.

Beaucoup de colère oui.

Et c'était comme si ce qu'elle avait pu éprouver avant n'avait jamais été réel, avait été fabriqué, et n'était rien de plus qu'un mensonge.

Ça lui faisait moins mal qu'elle ne l'aurait cru, et ça la dérangeait, il s'agissait de son père, de celui qui l'avait élevée, et elle avait des souvenirs de lui, de moments en famille, qui remontaient à longtemps et qui étaient anciens, mais elle s'en rappelait malgré tout.

Ça aurait dû lui briser le cœur de voir tout cela se briser en mille morceaux jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.

Hormis des cendres.

Sauf que désormais, tout cela sonnait faux.

Comme si cette configuration n'était pas la bonne, que quelque chose clochait et déraillait tel un disque rayé.

Ce qui la ramenait encore et toujours à Ned Stark.

Parce que, quand elle fermait les yeux, elle imaginait une autre réalité, un autre monde où peut-être…

Elle avait vu les regards qu'ils s'étaient échangés, et elle savait qu'ils se connaissaient autrefois, qu'ils avaient été amis même, mais jamais elle n'en avait appris plus à ce sujet.

Elle n'avait jamais posé la question à vrai dire, ne s'y était jamais vraiment intéressée avant.

Elle regrettait maintenant, peut-être que tout lui aurait paru moins confus si elle avait eu toutes les réponses.

« Maman ? Demanda-t-elle à sa mère une fois qu'elles se retrouvèrent toutes seules. Je peux te poser une question ?

Catelyn lui sourit.

- Bien sûr ma chérie, qu'y-a-t-il ?

- Je… je voulais savoir… C'est à propos du policier que nous avons vu aujourd'hui au commissariat, Ned Stark.

Sa mère leva un sourcil étonné, arrêtant momentanément ce qu'elle faisait, à savoir broder quelque chose pour sa fille.

En regardant rapidement le motif, Sansa s'aperçut que c'était une meute de loups qu'elle était en train de broder, et sans savoir pourquoi, elle ne put empêcher un sourire de se dessiner sur ses lèvres et l'affection d'envahir son cœur, et ça non plus ça n'avait pas le moindre sens.

Mais ça faisait bien longtemps que plus rien n'avait de sens à Kintzheim, elle avait fini par s'y habituer.

- Comment ça ?

- D'où est-ce que vous vous connaissez et aussi… est-ce que vous étiez ensemble avant ? Je vous ai vus ensemble tout à l'heure, et… je ne sais pas… j'avais le sentiment qu'il y avait eu… quelque chose entre vous. Avant. Avant que tu n'épouses papa et qu'on ne naisse tous les cinq.

Sansa vit le moment précis où sa mère sursauta, surprise, avant de se piquer avec son aiguille, pour ensuite la regarder avec un air stupéfait avant de se soupirer et de poser sa broderie pas encore terminée.

Elle croisa ensuite les bras en regardant sa fille droit dans les yeux.

- Pourquoi… pourquoi est-ce que tu me poses la question ? Pourquoi maintenant ?

Parce que je crois que Ned Stark est mon père.

C'était absurde, stupide et insensé.

Petyr Baelish était son père, elle le savait, elle l'avait toujours su, elle en avait l'absolue certitude et il était impossible qu'il puisse en être autrement.

Seulement, seulement, seulement…

Seulement une petite voix dans sa tête commençait à lui dire autre chose.

Et elle se surprenait de plus en plus à vouloir l'écouter.

Et à avoir envie de la croire.

Parce que Ned Stark était quelqu'un de bien et qu'il l'avait aidée, lui, contrairement à Petyr Baelish.

Elle allait mal, elle souffrait, et pourtant, son propre père n'avait rien fait pour la secourir.

Et ce n'était pas juste.

Alors peut-être que si elle découvrait qu'il n'était pas son père, ça rendrait les choses plus simples et moins douloureuses.

Elle haussa les épaules avec une nonchalance qu'elle espérait crédible.

- Juste… comme ça. Vu que… enfin… vous aviez l'air de bien vous connaître. Je suis… enfin, je suis juste curieuse. Tu nous parles rarement de ton passé. Et j'aimerais en savoir plus.

(Et pour cause, ce passé, aucun d'entre eux ne s'en souvenait réellement.

Leur passé était un mensonge et aucun d'eux ou presque ne le savait.

Peut-être que si elle avait essayé de se souvenir un peu plus, de dépasser le brouillard nébuleux de sa mémoire trouée de mille blessures, Sansa l'aurait su.)

Catelyn hocha la tête, semblant accepter son excuse.

Ce n'était pas vraiment un mensonge après tout, la nuance, c'était que Sansa ne lui disait pas toute la vérité.

Un sourire triste et nostalgique apparut alors sur son visage.

- Il y a longtemps, quelques années avant la naissance de ton frère aîné, nous étions effectivement ensemble, oui. Nous étions amoureux et heureux ensemble, très heureux ensemble et je pensais que ça durerait pour toujours. J'avais tort.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Le suicide d'Ashara Dayne. Les choses… n'ont plus été les mêmes après ça, ça nous a fait un tel choc, nous étions encore au lycée alors et je… je n'ai plus exactement en tête la manière dont les deux événements sont liés, cette mort et notre rupture et… Je ne sais plus précisément ce qu'il s'est passé, mais je sais que nous nous sommes séparés peu après cela. Et une fois à la fac, je suis tombée amoureuse de ton père. »

Sansa ne put se retenir de froncer les sourcils en entendant cela, et quelques mots en particulier.

Je ne sais plus.

Je ne sais plus.

Je ne sais plus.

Ce qu'elle disait en somme c'était je ne me souviens pas.

Pourquoi ?

Pourquoi ne se souvenait-elle pas d'une chose aussi importante ?

Le traumatisme peut-être, le désir d'oublier à tout prix, mais…

Mais Sansa aussi avait oublié certaines choses dont elle n'arrivait pas à se rappeler, et elle s'en rendait de plus en plus compte, et elle savait qu'elle n'était pas la seule à Kintzheim.

Ce n'était pas normal et elle n'avait pas d'explication logique à ça et c'était tout simplement insupportable.

Elle serra les poings.

Depuis un moment, elle était tout le temps en colère, et ça ne semblait pas prêt de s'arrêter.

« Je suis navrée maman, sincèrement. »

Est-ce que tu es toujours amoureuse de lui ? Voulut-elle lui demander, pour savoir s'il y avait une passion cachée entre sa mère et lui, qui durait depuis des années et dont elle n'avait pas connaissance et qui aurait expliqué ce dont elle venait de se rendre compte, cette ressemblance qui ne faisait pas sens.

Elle n'osa pas.

Elle n'osait plus parler ou risquer de poser des questions qui fâchent, pas après Joffrey, pas après toutes les fois où il l'avait forcé à se taire alors qu'elle voulait parler.

Elle n'arrivait plus à faire entendre sa voix, et ce constat l'emplit de rage.

Elle aurait aimé que ce ne soit pas le cas, mais ce n'était pas comme si elle pouvait y changer grand-chose.

Alors elle se tut.

Elle poserait la question plus tard, quand elle en aurait la force et le courage.

« Merci maman. Merci de me l'avoir dit.

Le sourire de Catelyn lui revint.

- De rien ma chérie. Je t'aime.

- Moi aussi je t'aime maman. »

Oui, elle devait se souvenir de ça, malgré les blessures et les traumatismes.

Elle était aimée.

(Tellement aimée, même si elle ne s'en souvenait pas.)

Et ça, jamais Joffrey ne pourrait le lui enlever.

Mais maintenant, elle avait autre chose à faire.

Il fallait qu'elle parle à Jon Stark.

A suivre…