Écrit par HateWeasel

340. Un Plan Machiavélique.

Naturellement, il est toujours bon de garder un œil sur ses employés, surtout lorsqu'ils ne sont pas humains. De ce fait, lorsqu'il a fallut surveiller le démon bleu préféré de la Table Ronde, la mission a été confiée à H.E.L.L.S.I.N.G. Aussi malpoli et un tant soit peu intrusif que cela puisse paraître, il ne faut pas oublier que Ciel Phantomhive était déjà une personne à la moralité douteuse, et avec toute cette histoire de paranormal en plus, il pouvait devenir une importante menace très, très facilement.

N'oublions pas qui est le démon Phantomhive ; une personne au sang chaud, et à la fois froide, avec un passif lié à la vengeance. Il était, et est toujours, quelqu'un qui tentera d'arriver à ses fins de n'importe quelle manière. Et si son but était destructeur ? Les moyens qu'il employait n'étaient pas toujours agréables, alors qu'en serait-il de ses objectifs ? L'imagination de la Table Ronde était débordante, s'interrogeant sur cela. Elle avait constamment peur de ce que le garçon était, et de ce qu'il pouvait faire, étant donné qu'elle ne comprenait pas tout à fait la nature de sa « condition ». Comme cela était commun chez les humains, ils avaient peur de ce qu'ils ne comprenaient pas. Ils ont peur de ce qui n'est pas comme eux. Ciel Phantomhive est un démon, et les humains à travers le monde ont été nourris d'histoire sur ce que sont les démons. Il pouvait être imprévisible et les traîner jusqu'aux profondeurs des Enfers, si cela se trouvait ! Les membres de la Table Ronde avaient de bonnes raisons d'avoir peur du garçon. Ils connaissaient les histoires de démons, et ils connaissaient l'histoire de Ciel Phantomhive.

Ils savaient qu'il avait été torturé, et presque tué lors du meurtre de ses parents et de la destruction de son foyer. Ils savaient que ce garçon de dix ans avait vendu son âme à un démon pour se venger, et qu'il avait plongé dans les méandres des ténèbres, animé par la colère et la haine. Ils savaient pour les meurtres, les complots, les tromperies, et comment il, à seulement treize ans, avait transcendé la mortalité et était devenu un démon. En effet, ils faisaient bien de se méfier du garçon. Il était une légende ; une légende dont le publique ne devait jamais entendre parler. Que de simples mortels essayent de commander une légende n'avait rien de « facile ». Ils devaient être aussi futé, aussi rusé, et aussi trompeur que la légende elle-même, et c'est pour cette raison que H.E.L.L.S.I.N.G avait reçu la mission de garder un coup d'avance.

Sir Arthur Hellsing avait été le premier à garder un œil sur le garçon. Il n'y avait pas tout à fait mis du sien, cependant, étant donné qu'il agissait toujours de manière familière avec le bleuté, pour une raison que le Phantomhive lui-même ignorait. Ils étaient en quelque sorte en bons termes, cependant, Arthur avait un travail à faire, alors il avait engagé plusieurs agents de H.E.L.L.S.I.N.G pour qu'ils lui donnent des informations sur la nature des activités récentes du bleuté. Il ne s'était jamais embêté à espionner le Manoir Phantomhive, lui-même, cependant, étant donné que le plus petit changement ou événement sortant de l'ordinaire ne passaient pas inaperçu pour le majordome de la bâtisse. Arthur savait que le bleuté ne ferait rien d'extraordinairement scandaleux, et cette confiance avait été transmise à sa fille, Sir Integra Fairbrook Wingates Hellsing.

Integra, cependant, était légèrement plus stricte, même si elle n'employait pas le même nombre de « gardiens » pour surveiller les faits et gestes du garçon. Elle avait une meilleure idée, en fait. Non seulement elle se servait de son influence pour contacter Scotland Yard, mais lorsqu'elle avait appris qu'un ancien employé de H.E.L.L.S.I.N.G travaillait justement à la même école que le démon Phantomhive fréquentait en couverture, elle avait, sans le vouloir, forgé le chemin pour de futures découvertes.

L'ancien agent H.E.L.L.S.I.N.G, Capitaine Robert Irons était sans doute surpris lorsqu'il avait été contacté par son ancien employeur, et encore plus surpris en apprenant que l'un des élèves dans sa classe n'était pas humain. On avait offert à l'homme une somme généreuse d'argent en échange d'informations sur le bleuté à H.E.L.L.S.I.N.G, de manière régulière ; une offre qu'il ne pouvait pas refuser. Comment aurait-il pu se permettre de payer l'éducation de son fils à Weston College ?

Non seulement cela, mais il était maintenant en mesure de mettre de côté pour les études supérieures du garçon, et tout cela avec un salaire de professeur.

Pendant des mois, il n'y eut rien de notable. Ciel allait en classe, assistait aux cours, et partait silencieusement sans dire un mot à personne. Jour après jour, le bleuté faisait cela, et son professeur commençait à s'inquiéter. Ciel ne parlait pas. Il ne disait rien à ses camarades de classe ; pas un mot. Parfois, l'homme allait jusqu'à oublier qu'il pouvait parler ! Curieux, ce dernier avait fait quelques recherches, en parlant aux élèves et à d'autres enseignants, et devint encore plus inquiet. Le garçon ne faisait parti d'aucun club, et il ne semblait avoir aucun ami. C'était comme si se rapprocher des autres lui était égal. Integra avait effectivement dit qu'il était un peu « distant », mais cela ne voulait pas dire « anti-social », tout de même ? Ciel ne voulait pas être là ; Monsieur Irons pouvait le voir sur son visage. Le garçon s'ennuyait, et était seulement là car il le devait. Quelle vie morose. Naturellement, tout cela s'était passé bien avant qu'il y ait quoi que ce soit à rapporter. Lorsque le professeur fit enfin une découverte, H.E.L.L.S.I.N.G fut aussi perplexe que lui.

Le bleuté devint agité en classe, et regardait souvent l'horloge, comme s'il mourrait d'envie de partir. Il avait l'air d'être pressé, et avec les informations de Scotland Yard, l'organisation appris pourquoi. Ciel avait un nouvel « animal de compagnie », semblerait-il, mais il fallut plusieurs mois pour mieux comprendre cette histoire. Un jour, Monsieur Irons eut de très intéressantes nouvelles à rapporter ; l'arrivée d'un nouvel élève à la chevelure platine et au goût vestimentaire particulier. Ciel Phantomhive s'était fait un ami.

Un ami ? Ciel Phantomhive n'avait pas « d'amis ». Il avait des collègues, des connaissances, et des employés, mais pas « d'amis ». Naturellement, H.E.L.L.S.I.N.G fut très intéressée par ce fameux blond. D'où venait-il, qui était-il, et comment faisait-il parler le Phantomhive aussi facilement ? L'organisation fit de nombreuses recherches sur le garçon, mais elle ne trouva rien d'utile. D'après ses documents, son nom était « Alois Trancy », et il vivait au Manoir Phantomhive en tant que « frère adoptif » du bleuté. Il était évident que ces documents étaient faux, mais pourquoi est-ce que le bleuté s'embêterait avec tout cela ? C'était un comportement étrange, même pour Ciel Phantomhive, et H.E.L.L.S.I.N.G voulait mettre au clair cette histoire.

Plus ils en apprenaient sur le blond, plus H.E.L.L.S.I.N.G et la Table Ronde se posaient des questions. Le blond était indiscipliné, un vrai délinquant. Cependant, il semblait écouter Ciel. Avait-il été entraîné ainsi, ou n'était-ce rien de bien inquiétant ? Personne ne savait. Ce n'était pas tout à fait nocif, cependant. Alors que Monsieur Irons continuait à surveiller les garçons, les informations commencèrent à changer.

Ciel se mettait à parler en classe, et avec l'aide de la menace blonde, il s'était fait davantage d'amis. Ces garçons étaient clairement humains, et ignoraient la vraie nature du bleuté. Le Phantomhive discutait, souriait parfois, participait aux événements de l'école, et partait en voyage avec ses amis. Il ne semblait plus ennuyé et distant. Maintenant, il prenait part à des activités normales d'adolescent. Ciel Phantomhive, lentement mais sûrement, devenait « ordinaire ».

Les membres de la Table Ronde était d'accord pour dire qu'il s'agissait de bonnes nouvelles. Le garçon ne perdait pas en productivité, et devenait au contraire un peu moins effrayant. Il avait désormais une faiblesse. Il avait maintenant un cœur. Il n'était plus une sorte de monstre abominable ! C'était merveilleux ! Mais, le moment où ils devraient confronter le bleuté à propos de son « ami », le mystérieux « Alois Tranc y », approchait. Personne parmi les membres de la Table Ronde n'était en mesure de trouver une quelconque information sur le garçon, ou sur quel sorte d'impact il avait sur le bleuté. Du moins, jusqu'à ce qu'une information choquante soit transmise par leur informateur roux de Warwick.

A cette époque, de fausses rumeurs sur la menace blonde qui aurait apparemment couché avec le principal pour entrer dans l'école étaient propagées par un jeune acteur qui fut plus tard transféré à Tamworth Academy, Walter Hackett. Afin de mettre un terme à ces rumeurs, le duo de démons avait mis au point un plan pour prendre Walter et ses laquais en flagrant délit de harcèlement. Le plan avait d'ailleurs nécessité l'intervention de Monsieur Irons. Dans le chaos pour rassembler Hackett et ses complices, Monsieur Irons avait aperçu quelque chose de très particulier. Tandis que les autres élèves regardaient l'enseignant, Monsieur Irons regardait Ciel et Alois, alors que le bleuté s'était approché et avait embrassé l'autre garçon sur les lèvres.

Irons fut choqué, bien sûr, mais il n'en parla pas tout de suite. Non, non, il voulait s'assurer qu'il avait vraiment vu ce qu'il pensait. A mesure que le temps passait, l'homme avait commencé à croire qu'il s'était trompé. Il avait sans doute tout simplement vu les garçons d'un point de vue étrange alors qu'il disputait des voyous. Il crut cela un moment, jusqu'au jour où il vit les deux garçons se tenir la main dans les couloirs. Cela arriva une nouvelle fois, une autre, et encore une autre. Ciel Phantomhive et Alois Trancy étaient apparemment plus que de simples amis.

Il est vrai qu'il avait trouvé cela curieux que le blond porte des mini-short parfois, mais Monsieur Irons ne jugeait pas, surtout lorsque la menace blonde était connu comme étant un fauteur de trouble qui aimait l'attention. Il était vraiment particulier de voir qu'il était capable de se coller au bleuté sans que le Phantomhive sourcille. Ciel avait rapidement commencé à apprécier le garçon, et il était parti du principe que le besoin d'attention du blond avait fait céder Ciel. Clairement, le « gaydar » de Monsieur Irons ne marchait pas du tout. Quoi qu'il en soit, c'était un développement majeur, et ce devait être rapporté sur le champ.

Imaginez le choc du Conseil face à cette révélation. Le fait que Ciel Phantomhive, de toutes les personnes possibles, soit dans une relation romantique était déjà assez surprenant, mais que l'élu de son cœur soit un autre homme était tout simplement bizarre. Les membres du Conseil qui connaissaient le garçon depuis plus de cinquante ans ne l'avait pas vu venir. Son parent dans le Conseil, Sir Midford, était surpris, et même Sir Integra, elle-même, qui était en quelque sorte la « rivale » du garçon, n'avait pas la moindre idée que cela était possible. D'un autre côté, le bleuté non plus. A présent, ils devaient non seulement s'occuper du fait que le bleuté avait fait la connaissance de quelqu'un qui avait d'une manière ou d'une autre réussi à passer entre les mailles du filet administratif, et dont l'existence ne pouvait être décrite que comme « louche », mais ils devaient aussi prendre en compte les répercussions engendrées par la relation amoureuse entre les deux garçons. Clairement, ils avaient du plain sur la planche. Aucun d'entre eux n'avaient la moindre idée de comment procéder, du moins, jusqu'à ce qu'une certaine idée vienne à l'esprit de Sir Integra.

Ciel se souciait de ce garçon. C'était aussi évident qu'étrange. Quoi qu'il en soit, le bleuté devenait moins distant avec les autres. Il devenait moins « monstrueux », et plus « humain ». La Hellsing voyait cela comme une bonne opportunité. Ciel pourrait être contrôlé plus facilement, et ce « Alois Trancy » pourrait devenir un nouvel atout. Cela fut confirmé lorsqu'ils apprirent que le blond était en fait, un démon. Au lieu d'avoir deux associés démoniaques et sujets de recherche, ils pourraient en avoir trois. Sebastian n'était pas dur à contrôler tant que Ciel l'était également, et Ciel semblait plus simple à contrôler avec Alois, et vice versa. La tendance où la Table Ronde était intimidée par le bleuté pourrait bien prendre fin.

Du moins, s'ils s'y prenaient correctement. La première chose que le Conseil fit, fut de dire au bleuté qu'il était au courant de l'existence du blond, et de demander à savoir son passé ainsi que comment il était apparu. Ensuite, ils devraient endoctriner le blond pour qu'il obéisse à leurs ordres. C'était simple, puisque Ciel ne voulait pas perdre son bien-aimé, et qu'Alois exécutait les demandes du bleuté. Les affects de la présence du blond étaient beaucoup plus important que ce qu'ils avaient pensés, surtout, après avoir découvert le passé de ce dernier.

A première vue, ils pensaient que le blond était un autre démon problématique, mais avec les plus amples recherches de Sir Integra, ce fut rectifié. Le blond donnait de toute évidence au bleuté quelqu'un avec qui il pouvait s'identifier, et se confier, ce qui était essentiel pour « l'humaniser ». Aussi merveilleux que cela pourrait être si le bleuté était une machine qui faisait tout ce qu'on lui demandait, il n'en était pas une. Il avait des pensées, des opinions, et que cela lui plaise ou non, des émotions, qu'il ne pouvait exprimer à personne. Tout était renfermé, ce qui était très dangereux pour quelqu'un comme Ciel. Cela le rendait plus facilement à bout, et si cela arrivait, que Dieu leur vienne en aide.

Et c'est ainsi que débuta le jeu. Les années passèrent, et Ciel Phantomhive était presque comme n'importe quel humain « ordinaire ». Il était plus heureux, et bien qu'il soit plus facilement distrait, sa productivité avait augmenté. Les connaissances de H.E.L.L.S.I.N.G sur les démons s'étaient grandement améliorées grâce à la variété de sujets vivants, chacun ayant sa propre personnalité aussi intéressante qu'unique. Les deux camps y gagnèrent beaucoup, tout cela grâce au plan que Sir Integra avait proposé. « Laissez le blond rester, tant qu'il suit nos règles ».

Pas de violence inutile, toutes les lois doivent être respectées à moins qu'il soit nécessaire de les transgresser sur l'instant, un individu doit être enregistré, et posséder une documentation avec son véritable nom, toujours finir son travail en un temps approprié ; etc. Tant que ces règles étaient suivies, il n'y avait aucune raison d'éliminer le blond, non ? Le but était d'avoir un outil plus utile et serviable, ainsi que quelques autres outils divers. Rendre Ciel moins menaçant, gagner plus d'agent, et avancer dans les recherches. Voilà l'intention recherchée.

On avançait également que l'on ignorait comment le bleuté réagirait si on lui prenait son « amant ». Ciel était attaché au blond, et se souciait de lui ; qu'arriverait-il si la Table Ronde donnait l'ordre de se « débarrasser » de lui ? L'histoire montre que lorsque les personnes qui sont chères à Ciel Phantomhive lui sont arrachées avec cruauté, ce dernier ne s'arrête pas tant que tous les responsables ne sont pas mort. Les histoires du bleuté étaient très persuasives.

Ciel Phantomhive deviendrait « humain ». Il obtiendrait un cœur. Il obtiendrait de la compassion, et un meilleur sens de l'empathie. La présence du blond, de ce que le Conseil voyait, était presque thérapeutique pour le garçon. Pour eux deux, en fait. Voilà ce qu'était le « plan machiavélique » de H.E.L.L.S.I.N.G.

Le garçon était abasourdi. Tout ce temps, Sir Integra tirait les ficelles. Elle avait gardé un œil sur le blond et lui, sur eux deux. C'était rusé. Si elle n'avait pas été là, un désastre aurait eu lieu, étant donné que le Conseil des Douze avait pris une décision stupide causée par la peur sans d'abord prendre en compte tous les facteurs. Tout ce temps, Sir Integra avait permis au duo de démon de rester « le duo de démons ». Non seulement elle avait accepté les sentiments de Ciel pour Alois, mais elle les avait encouragés. Comment Ciel avait-il pu rater cela ? Le garçon se tenait droit, fixant silencieusement la femme d'un air hébété tandis que cette dernière fumait un cigare avec un sourire hautain.

- Voilà, vous savez tout, dit-elle en concluant son explication. Je dirai que ce plan a plutôt bien fonctionné pour tout le monde, n'êtes-vous pas d'accord ?

Le bleuté ne pouvait pas répondre. Il ne savait pas quoi dire.

- Je pense que Sir Ciel Phantomhive n'est pas coupable des actions causées par le venin, commença-t-elle en levant une main. Sommes-nous tous d'accord ?

Onze des douze membres du Conseil levèrent la main, le cynique Sir Arthur Kirkland inclus. Le seul à ne pas lever la main était Sir Hugh Islands, pauvre homme. Il s'était endormir sur sa chaise. Étant donné que l'homme avait déjà bien plus de quatre-vingt-dix ans, personne ne s'embêta à le réveiller. Sa retraite était déjà bien loin. Il ne pouvait plus marcher, et il était aussi aveugle qu'une chauve-souris, mais il était toujours là. Lui trouver un remplaçant, cependant, était presque impossible.

- Très bien, reprit Sir Integra en baissant le bras, un geste que les autres dans la pièce imitèrent. Maintenant, concernant ce que nous devrions faire par rapport à la Black Annis. Étant donné les circonstances, j'aimerais demander à ce que l'affaire soit réassignée à H.E.L.L.S.I.N.G.

- Quoi ?! demanda le bleuté. Pourquoi ?! C'est mon affaire. Pourquoi est-ce que je devrais l'abandonner ? demanda-t-il obstinément, et son bien-aimé introduisit la paume de sa main contre son front.

Et dire qu'ils venaient de se tirer d'affaire…

- H.E.L.L.S.I.N.G a plus accès aux recherches et aux données, répondit la femme. De plus, il est beaucoup trop dangereux de vous exposer à nouveau au venin démoniaque.

- Et si des humains y étaient exposés, alors ? demanda Ciel. Cela vous irait, Integra ?

- Non, dit Integra. Mais les humains n'ont pas la capacité de détruire des bâtiments avec leurs poings.

- Laissez-moi aider…

- Vous pouvez aider en nous faisant part de toutes les informations que vous avez rassemblées jusqu'à maintenant.

Elle se tourna vers ses collègues.

- Cela vous convient-il ?

Elle reçut des acquiescements ainsi que des hochements de tête de la part du reste des Douze, tous mais le taciturne Sir Islands.

- J'ai bien peur de devoir être d'accord avec Integra, dit Sir Midford au bleuté. Aussi horrible et inhumain que cela puisse paraître, vous perdre serait coûteux. Les soldats humains sont plus simples à remplacer. Qui plus est, H.E.L.L.S.I.N.G a accès à des informations que vous n'avez tout simplement pas, Ciel. Je suis navré.

Ciel fronça les sourcils. Il n'était pas ravi de la tournure des événements. Non, absolument pas. Ces gens devaient être annihilés, et il voulait être celui qui les annihilerait. Ils avaient pénétré dans l'esprit de Ciel, l'avait fait se sentir faible, et il avait blessé Alois à cause d'eux. Il était toujours hanté par la sensation de la cage thoracique du blond se brisant sous l'impact de son poing, hanté en se rappelant avoir senti et entendu le crâne du blond être écrasé contre la brique par sa main. Ciel était agacé par le fait qu'à ce moment-là, une partie de lui y avait pris du plaisir. Ce n'était, cependant, pas lui. C'était le venin du démon à la coupe au bol qui avait fait cela, et il voulait se venger. Integra le voyait dans son œil, ce qui était une des raisons pour lesquelles elle avait proposé cette nouvelle idée, et ce pourquoi Sir Midford avait accepté. Il ne voulait pas non plus que les progrès fait aujourd'hui soit en vain.

Cela faillit arriver lorsque Ciel ouvrit la bouche pour prendre la parole, avant d'être arrêté en sentant la menace blonde attraper sa main. Le Phantomhive regarda son petit ami qui en retour secoua la tête, lui disant silencieusement de laisser tomber. Même s'ils perdaient leur affaire, ils gagnaient tout de même une petite victoire en devenant plus « humain » aux yeux du Conseil, ce qui était nécessaire pour leur survie dans le monde moderne. On pouvait leur faire confiance. Mieux valait ne pas perdre cette confiance accidentellement. Bien qu'il mourrait d'envie de débattre avec la Hellsing pour reprendre ce qui lui « appartenait », Alois avait raison. Il fallait savoir choisir ses combats. A la place, il se concentra sur la douce sensation de la main du blond dans la sienne. Cela lui avait vraiment manqué. Il avait obtenu la faveur du Conseil, et était presque réconcilié avec son bien-aimé. Il y avait encore des choses qui devaient être dites et faites, mais tout perdre pour un débat d'orgueil avec sa rivale n'en valait pas la peine. Ainsi, le bleuté céda à contrecœur.

- Compris, dit-il en se retournant vers le Conseil. J'enverrai les informations durant le cours de la journée de demain.

- Merci pour votre coopération, dit Integra avec un sourire. Vous pouvez y aller. La séance est levée.

Ainsi, le bruit de chaises crissant contre le sol retentit alors que le Conseil des Douze rassemblait ses affaires afin de se lever et de partir, certains restant pour essayer de réveiller Sir Islands. Ciel et Alois, eux aussi, partirent, main dans la main. Ils marchèrent le long des grands couloirs vides pour retrouver leurs confrères surnaturels, qui en avaient probablement finis avec leurs propres interrogatoires. Toutefois, ils n'en avaient pas tout à fait terminé. Non, pas encore. Il y avait encore des choses qui devaient être dites ; le plus tôt, le mieux.

- Jim ? dit soudainement Ciel, ralentissant leur marche.

- Ouais ? répondit le blond.

- Merci de m'avoir couvert tout à l'heure. Je n'ai aucune idée de ce qui se serait passé sans toi.

- Tu aurais probablement été jugé comme un psychopathe qui aurait plus de chances de tous les tuer qu'ils le pensent. T'inquiète, va, dit Alois avec un grand sourire. Désolé d'avoir fait perdre l'affaire, par contre… ajouta-t-il tristement.

- Ce n'est pas grave. Je ne sais pas si nous étions en mesure de la résoudre, de toute manière. Au moins je sais qu'elle est entre de bonnes mains.

Alois leva un sourcil.

- « Nous » ? répéta-t-il d'un air confus. Alors, tu comptais me laisser aider ?

Il fut surpris lorsque le bleuté arrêta de marcher et se tourna vers lui. Il s'attendait à une réplique espiègle, comme d'habitude, mais à la place, il eut autre chose.

- Oui… et, d'ailleurs… commença Ciel, ayant l'air d'avoir du mal avec ses propres mots. Je suis désolé. Je ne cherchais pas à vous bloquer toi et les autres. C'est juste que… je ne sais pas vraiment comment gérer ce genre de choses…

- Personne ne sait vraiment, après, dit le blond.

- Certains plus que moi, répondit son bien-aimé. Donc, si je t'ai froissé ou si je t'ai donné l'impression de ne pas être désiré, j'en suis vraiment navré.

- Tu agis comme si je ne t'avais pas déjà pardonné. Tu es têtu, et vraiment maladroit avec les gens. Je sais pour quoi j'ai signé.

- Mais si cela te gênait, tu aurais pu me le dire et j'aurais fait quelque chose…

- Hmm… Non, c'est faux, dit simplement le blond. Tu étais encore giga flippé par le jus de chaussette de Bob au bol, alors tu avais besoin d'un peu de tranquillité. Ce n'est rien, mon cœur. Je suis presque sûr que c'est une réaction plutôt normale, mais bon, je ne suis pas vraiment bien placé pour parler de « normalité ».

Une vague de soulagement parcouru le bleuté. Il était certain que le blond était terrifié et confus, mais il semblerait qu'il avait, une fois de plus, mal jugé la force du garçon. Il nota quelque part dans son esprit d'être plus attentif à cela à l'avenir. Souriant, il posa sa main libre sur la joue du blond, et déposa un baiser sur les lèvres du garçon. Alois souriait, ce qui par conséquent fit encore plus sourire le bleuté.

- « Jus de chaussette » ? répéta-t-il, levant un sourcil pour réagir à l'expression obscure du blond. Ça a l'air dégoûtant.

- Ouais, il y avait probablement une meilleure façon de dire ça, répondit Alois.

Il haussa les épaules.

- Mais c'est trop tard, je suppose.

Passant ses bras autour de la taille du bleuté, il ajouta :

- Je préférerai avoir ton « jus », par contre.

- Bon sang, Jim, c'est obscène. Nous sommes toujours en public, dit le bleuté avec un petit sourire, mettant ses mains sur les biceps de l'autre garçon.

Il s'approcha à nouveau, et embrassa son bien-aimé, découvrant à quel point cela lui avait manqué. Alois sourit en l'embrassant, et réciproqua bien volontiers le geste. Il savait déjà bien à quel point il voulait être avec le Phantomhive, et il se tint à lui fermement. Mais, ils étaient effectivement, dans un espace public, alors cela ne pouvait pas durer. Le duo se sépara, mettant fin à cette interaction. Ils étaient tous les deux tout de même ravis. Il y avait une personne, cependant, qui ne l'était pas, que le duo découvrit en rouvrant les yeux.

Sir Arthur Kirkland se tenait devant eux dans le grand couloir, les sourcils froncés, la bouche ouverte, les joues rouges, sa paupière tiquant légèrement. La rougeur de son visage semblait être contagieuse, étant donné qu'elle se répandit rapidement aux deux autres garçons. Il semblerait qu'ils aient été pris en flagrant délit, et par l'une des rares personnes du Conseil qui ne l'ignorerait pas.

- Mais qu'est-ce que vous faites, bon sang ? demanda-t-il.

Le bleuté avait été complètement pris de court. Il n'arrivait pas à trouver quoi que ce soit à dire. Pas d'excuse, pas de répartie intelligente, rien. Dieu merci il n'était pas seul dans cette situation, alors qu'Alois eut l'audace de parler.

- J'embrasse mon petit ami, dit simplement le blond. Pourquoi ?

- Ne trouvez-vous pas que faire preuve de geste intime en public est quelque peu disgracieux ? demanda l'homme, et la menace fronça les sourcils.

- Diriez-vous cela si j'étais une femme ? demanda-t-il. C'est curieux, de s'emballer en voyant deux hommes qui s'aiment se le montrer. C'est quelque peu « louche », vous ne trouvez pas, Sir Kirkland ?

- Peu importe, répondit l'homme vexé, fronçant davantage les sourcils. Essayez juste d'être plus respectueux des autres à l'avenir.

Ainsi, il fuit, laissant les deux ensembles. Il était grand temps qu'ils suivent son exemple, et s'en aille.

- Ce mec est clairement dans le placard, non ? dit Alois avec un grand sourire.

- Allons, allons, ne tirons pas de conclusions hâtives, Jim, répondit Ciel. Nous n'avons aucunement le droit de faire cette supposition, juste parce qu'il est très sensible aux relations entre hommes, et reçoit souvent des appels d'un diplomate français très « haut en couleur ».

Le blond répondit en gloussant et en relâchant le bleuté.

- Nous devrions y aller, dit le blond. Les autres nous attendent, et ils sont probablement inquiets.

- Oh, alors nous n'allons pas continuer ? plaisanta le bleuté avec un sourire espiègle, avant de sursauter lorsque son bien-aimé lui toucha le derrière.

- Ce sera en privée ça, mon chéri~ !