Écrit par HateWeasel
342. Guerre En Forêt Et Coup Bas.
Audrey n'entendait que le bruit du feuillage craquant sous ses pieds ainsi que son souffle saccadé. De la sueur s'amoncelait au niveau de ses sourcils alors qu'il courait, les jambes en feu. Son cœur battait la chamade tandis que ses ennemis gagnaient du terrain, battant si fort dans ses oreilles qu'il se demandait si ils pouvaient eux aussi l'entendre. Il craignait que ses protections et que son casque ne suffisent pas s'il venait à être attaqué, et il se cramponnait à son pistolet, se préparant au pire.
Le dieu de la mort s'arrêta subitement, trouvant refuge derrière un arbre. Il mit son dos contre le tronc, et tenta de reprendre son souffle. Ce n'était pas bon. Était-il le dernier survivant ? Il l'ignorait. Ses amis avaient été séparés durant le chaos de la première rafale, et il se faisait du soucis pour leur sécurité. Ce qui avait commencé comme un simple jeu s'était transformé en une chasse, et les Sept Sensationnels étaient les proies.
Preston était sans doute déjà éliminé, à moins qu'il ait, d'une manière ou d'une autre, trouvé Travis, ou Kristopherson. Kristopherson était sans doute avec Daniel, ce dernier les ayant probablement menés dans un piège par inadvertance. En effet, ils étaient clairement condamnés depuis le départ. Ils n'auraient jamais dû accepté de participer.
Oh ? Mais qu'en était-il du duo de démons ? Ils allaient très bien. Pourquoi ? Parce qu'ils étaient les chasseurs.
La majorité des Sept avait toujours voulu jouer au paintball, alors naturellement, lorsqu'ils avaient découvert le terrain de paintball au manoir Phantomhive, ils se devaient de jouer. Malheureusement, ils n'avaient pas pris en compte le fait que ceux qui s'en servaient étaient Ciel Phantomhive et Alois Trancy, pour de « l'entraînement ». Le duo de démons avait été formé à tuer ; aucune balle tirée par eux ne ratait, un fait que leurs pauvres amis découvrirent. Même Audrey, qui avait reçu un entraînement militaire de la part de H.E.L.L.S.I.N.G, portait des marques bleues et violettes sur le torse et le dos.
Des sociopathes surnaturels, enrôlés par le gouvernement pour « écarter » les menaces à la couronne et au peuple du Royaume Uni, étranger, natifs, humain, et plus encore ; il était étrangement facile d'oublier que de tels individus faisaient partis du groupe. Ils agissaient presque comme n'importe qui d'autre, avec quelques particularités, alors c'était trompeur. Pourtant, c'était une erreur qui allait leur coûter cher, alors que l'équipe jouait actuellement à un jeu qui demandait de tirer avec un pistolet sur les autres avec deux personnes qui pouvaient tuer sans remords, et rentrer nonchalamment chez elles prendre leur thé après.
Le duo était froid, rusé, rapide comme la lumière et puissant, avec un besoin absurde de victoire. Cela n'avait pas été pris en compte, cependant, les garçons pensant qu'ils donnaient un handicap à la paire en les séparant. Il y avait trois équipes au total ; Ciel, Alois, et le reste des Sept. Chaque démon comptaient comme une équipe en soi, ce que les garçons avaient trouvé hilarant jusqu'à ce que cela se retourne contre eux. On pourrait penser qu'une personne contre six autres garçons, l'un d'eux étant lui aussi solitaire, aurait des difficultés, mais ce n'était, en fait, pas le cas. Sans humains dans leur équipe pour les ralentir, Ciel et Alois pouvaient se déplacer librement, et faire comme bon leur semblaient. Audrey le constatait à présent, et il était sur ses gardes.
Les démons étaient furtifs. Les humains en plus auraient fait du bruit, mais les démons étaient silencieux. Les démons étaient en mesure de se cacher dans n'importe quelle ombre, et de prendre n'importe quelle forme. Les démons défiaient les lois de la nature, et riaient au visage de la physique. Sans même que le Baines le sache, l'un d'eux pouvait très bien être juste au-dessus de lui, et il ne le saurait pas jusqu'à ce qu'il soit trop tard.
« Merde », articula-t-il, sans faire un seul son. Le dieu de la mort écarta ses cheveux de son visage afin de mieux voir, sachant très bien que ses yeux ne l'aiderait probablement pas plus. Il ne voyait rien mais avait tout de même l'impression d'être observé.
Où ? Où ?! L'ennemi était-il derrière lui ? A sa gauche ? A droite ? Au-dessus ? Devant ? Audrey ne voyait rien ! Il n'entendait rien ! Il n'y avait rien, pourtant il savait que quelque chose était définitivement là. Est-ce que son esprit lui jouait des tours ? Mieux valait s'en assurer. Audrey bougea, cet endroit n'était pas sûr. Il devait fuir avant qu'il soit trop tard ! Mais c'était malheureusement déjà le cas, et il découvrit d'où le danger venait vraiment. D'en-dessous de lui.
Une racine d'arbre attrapa sa cheville, et monta le long de sa jambe avant qu'il ait le temps de faire une erreur. Audrey secoua son membre pour tenter de se libérer. Avant même qu'il puisse relever la tête, quelque chose de dur le heurta au torse, tachant la veste de protection du garçon de violet. Il regarda en direction de là d'où devait venir le projectile, droit devant lui, leva son arme et tira, visant dans le vide.
Il fut à nouveau touché. Cette fois, ce fut son dos qui fut de la même couleur que l'avant. Audrey se retourna du mieux qu'il le pouvait sans pouvoir bouger l'une de ses jambes. Il tira, mais rencontra le même problème que plus tôt. Son adversaire avait encore changé de place. Bones fronça les sourcils avec frustration, et serra les dents en entendant du mouvement à sa gauche. Il se retourna une fois de plus, mais avant qu'il ait le temps de viser, il reçu un autre tir, encore, et encore. Une fois qu'il y eut un cessez-le-feu, le garçon entendit des gloussements, et il regarda sa veste.
- Trancy ! cria-t-il, n'étant pas amusé par le sourire violet qui décorait désormais son torse.
Son assaillant éclata de rire.
- Désolé, mec, 'pouvais pas m'en empêcher ! dit la voix du blond depuis Dieu sait où.
- Lâche ma jambe ! ordonna Audrey.
- Ce sera fait, t'inquiète ! répondit Alois. Enfin, dès que je serai trop loin. A plus !
Il y eut des bruits de mouvements, qui devinrent de plus en plus faible à mesure que le temps passait.
- Alois ! Reviens ici ! hurla le dieu de la mort, essayant frénétiquement de dégager sa jambe.
Une fois qu'il se dit qu'il n'était plus menacé, il posa son pistolet et se mit à tirer sur la racine en vain. Soudainement, il se pétrifia en entendant du bruit derrière lui. Il marqua une pause et reprit son arme avant de dire :
- Alois, je t'ai dit de me lâcher-
Il écarquilla les yeux.
- Oh merd- !
- … C'était quoi ça ? demanda Kristopherson, attirant l'attention de son ami.
Il s'aventurait dans la forêt accompagné d'un certain fils de politicien, et les deux garçons étaient de plus en plus anxieux avec chaque seconde qui passait.
Ni Kris ni Dan n'avaient d'expérience dans le tir, surtout pas pour tirer au paintball. Leur seule expérience venait des fléchettes en mousse NERF ; clairement pas quelque chose qui pouvait réellement blesser quelqu'un. Le fait que leurs ennemis aient une grande expérience avec les armes et la traque de cibles ne les rassurait vraiment, vraiment pas. Toutefois, la paire savait qu'elle s'en sortait probablement mieux que les autres.
- Je sais pas, répondit Daniel sur un ton ne dépassant jamais le chuchotement. Ils ont sans doute eu quelqu'un.
- On dirait que ce n'était pas très loin, répondit le faux-blond. On devrait se barrer d'ici.
- Ou, on peut les prendre par surprise pendant qu'ils sont distraits.
- T'es cinglé ? Ce sont des démons ! Ils vont nous anéantir !
- C'est pour ça qu'on devrait les prendre par surprise ! dit Daniel. On est deux, et comme ils ne sont pas dans la même équipe, il n'y a probablement que l'un d'eux. Impossible qu'ils nous attrapent tous les deux !
- Bien sûr que si, répliqua Kristopherson. Ce sont des démons, et des tueurs à gages. Tu penses vraiment que tirer sur une bande d'adolescents n'est pas dans leurs putain de capacités ?
- Oh, allez, fais pas ta chochotte, taquina le Westley.
- Alors ne fais pas l'idiot, répondit son ami. Tu ignores complètement le sens commun !
- Chuut ! fit Daniel, mettant un doigt devant ses lèvres.
Les deux garçons se figèrent, examinant leur environnement. Leurs oreilles étaient toutes ouïes, n'entendant que le bruit du vent entre les arbres. Kristopherson fronça les sourcils.
- Qu'est-ce qu'on fous ? chuchota-t-il. Est-ce que tu as entendu quelque ch-
Kristopherson fut interrompu par le Westley, alors que ce dernier l'attrapa par le bras. L'esprit du faux-blond n'arrivait pas à suivre ce qu'il se passait alors qu'il fut tiré en avant, se retrouvant caché derrière un arbre avec son ami. Mais ce qui était encore plus étrange, c'était le fait que l'autre garçon avait trébuché à un moment et avait amené Kristopherson dans sa chute, les amenant dans une position très embarrassante au sol. Daniel était dos à l'arbre, le Miles proche de son torse, les bras de chaque côtés du brun tandis que ceux de Daniel enlaçaient fermement les épaules de l'autre garçon. C'était curieux, comme de si larges épaules pouvaient presque parfaitement tenir. Très suspect, en effet.
- Qu'est-ce que tu branles ?! demanda Kristopherson, s'éloignant de son ami.
Son cœur s'affolait dans sa poitrine, et son visage était complètement rouge. Le faux-blond était vraiment content que le casque qu'il portait cachait son visage de la vue de son ami. Il aurait bien voulu que ce ne soit pas le cas de l'autre garçon, qu'il puisse voir à quel point il était dégoûté d'avoir été aussi proche d'un autre homme.
- Je sauve ta vie ! répondit Daniel, dépoussiérant son torse comme pour effacer toute preuve que Kristopherson ait été là.
Il mit ensuite une main derrière lui et se frotta le dos pour essayer de le soulager, réalisant ainsi que son gant était à présent violet.
- Alois, dit le Miles, bougeant de manière à être en mesure de jeter un œil autour de leur cachette ingénieuse, à la recherche de leur assaillant. D'où est-ce qu'il a bien pu venir ? Je ne le vois pas.
- C'est pour ça qu'on doit les surprendre, répondit Daniel. Comme ça, ils ne peuvent pas nous surprendre, Kris !
- Va chier. Ton idée ne marchera jamais.
- Mais si ! protesta le Westley, s'éloignant de son ami.
- Être capable de jouer à Call of Duty ne te rend pas capable de battre quelqu'un entraîné pour l'assassinat, Dan !
- C'est de l'entraînement !
- C'est un jeu, et un jeu stupide !
- Ça simule parfaitement le fait d'être soldat !
- Oui, à part pour la partie où ça montre une interprétation réaliste de la guerre ! Ciel te botterai le cul pour ça, dit Kristopherson, se retournant pour faire face au garçon, avant de grogner de douleur alors qu'une petite chose dure heurta son torse.
Il baissa les yeux et vit du violet.
- Oh, merde ! s'écria Daniel en ramassant son arme alors que son ami cherchait la sienne.
Il était bien trop tard, cependant, alors que leur attaquant les décorait de sa couleur signature. Kristopherson et Daniel auraient jurés entendre des gloussements alors qu'ils faisaient de leur mieux pour se protéger de l'attaque, se servant maladroitement de leurs armes comme d'une barrière en vain.
- Cette couleur vous va à merveille ! dit une voix, de toute évidence celle de la menace blonde avec une once peu subtile d'amusement.
- Bordel de merde, Trancy ! aboya Kristopherson. Ça ne va jamais partir ! Putain…
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Daniel, essuyant de la peinture de son viseur afin de pouvoir voir à nouveau.
- Ça a taché mon pantalon… répondit le faux-blond en gigotant mal à l'aise, et le démon éclata de rire.
- Vous… ha… vous auriez dû voir ça ! Haheha-haha ! s'écria le blond. Vous vous recroquevilliez comme des cloportes !
- Ferma ta putain de gueule avant que je te démonte ! cria Daniel. T'es où ?! Montre-toi !
- Tu n'y connais vraiment rien au combat, hein ? demanda Alois. Si l'ennemi ne peut pas te voir, il ne peut pas te tirer dessus, et ne pas se prendre de balle est le but. Peut-être que si tu n'étais pas en train de câliner Kristopherson par terre, tu t'en serais mieux sorti.
- On n'était pas en train de se « câliner » ! cria Daniel, son embarras clairement présent dans sa voix.
- Hm-hm. C'est ça, répondit le démon. Comme tu veux, Dan. Ne t'inquiète pas, je ne dirai pas à Anna que tu faisais des papouilles avec son frère. J'ai d'autres cibles à abattre. A plus~ !
- On ne faisait PAS de « papouilles » ! hurla presque le Westley. Je ne suis pas gay, Trancy ! Tu m'entends ? Pas. Gay !
- Putain, Dan. Laissa tomber. Il essaye juste de t'énerver, interrompit Kristopherson en se relevant et en s'étirant.
Il se frotta les bras là où il avait pris plusieurs coups pour tenter de soulager la douleur. Il ne pouvait, cependant, pas soulager la douleur causée par les paroles du Westley. Il comprenait que le brun n'était pas de la même orientation sexuelle, mais cela restait douloureux.
- Est-ce que je suis vraiment aussi répugnant ? demanda-t-il sans le vouloir.
Il regarda l'autre garçon, et réalisa qu'il devait vite couvrir ses arrières.
- Merci, hein, ajouta-t-il d'un air sarcastique pour détourner la question.
- Tu sais que ce n'est pas ce que je voulais dire… répondit Daniel en se relevant.
Lorsqu'il croisa le regard du faux-blond, il inclina la tête avec confusion. Le garçon était pétrifié, regardant droit devant lui.
- Quoi ? demanda le Westley, avant que l'autre garçon se mette à lentement pointer du doigt derrière lui en réponse.
Il se retourna, et se raidit.
- Oh, merde…
- Comment est-ce que les autres s'en sortent, à ton avis ? demanda Preston en faisant tourner la petite roue avec de nombreux chiffres. Six. « Perdez une jambe dans la forêt enchantée »… Merde… A toi, mec.
Travis prit la roue et la fit tourner alors que les deux garçons étaient assis à l'intérieur du manoir et jouaient à des jeux de société tandis que tout le monde était dehors. Leurs affaires de paintball étaient par terre, à côté de leurs chaises. Après l'accrochage initial qu'il y avait eu au début du match, Preston et Travis avaient réalisé l'erreur qu'ils avaient fait en se mettant d'accord pour jouer avec une paire de démons, et ils avaient sagement décidés d'abandonner leurs postes. A la place, ils étaient rentrés à l'intérieur pour jouer, accompagnés d'un autre démon plus petit.
- Je suis sûr que grand frère les a battus à l'heure qu'il est… dit Luka en observant le Sullivan finir son tour, … Ou Ciel. Je pense qu'ils vont se garder pour la fin.
- Pourquoi ? demanda Travis en mettant la roue devant le Macken, qui se tenait sur ses genoux afin d'utiliser correctement l'objet sur la table qui était trop haute pour lui.
- Parce qu'ils sont des démons, répondit-il simplement. Ils sont tous les deux supers compétitifs, et ils aiment les défis. Je me demande comment Ciel va faire, par contre, avec ce qu'il s'est passé avec Jim.
- Peut-être qu'il va déclarer forfait ? suggéra Preston tandis que Luka bougea son pion en forme de gargouille sur le plateau.
La roue lui fut ensuite présenté avant que le petit garçon réponde.
- J'en doute, dit Luka. Jim se retenait la dernière fois.
- Alors il va y aller à fond ? demanda l'Omid, bougeant son pion.
- Ouaip. Il aime pas l'admettre, mais il aime vraiment se la raconter devant Ciel, répondit le plus jeune alors que Travis fit tourner la roue. Ciel s'est entraîné à la magie, mais Jim s'est pas juste contenté de se tourner les pouces en le regardant, vous savez…
- Oh, j'ai gagné… dit soudainement Travis alors qu'il atteint la fin du plateau.
Luka se leva sur sa chaise.
- Quoi ? Sérieux ?! demanda-t-il avant de se rasseoir et de croiser les bras. Merde.
- Un enfant ne devrait pas dire ça… dit le Sullivan, choqué de constater que ce garçon connaissait un tel mot.
Le responsable, cependant, était dehors, se déplaçant furtivement à travers les arbres.
Ils ne sont pas là… pensa Alois en tenant son pistolet. Ils ont dû abandonner. Bon… ce n'aurait pas été drôle de les éliminer maintenant de toute façon…
A présent, le blond tournait en rond à la recherche de sa véritable cible. Les bois qui entouraient la propriété n'était pas si immense, et certaines parties avaient été vendues par le propriétaire des terres, Ciel Phantomhive, durant le siècle précédent. Alois était de plus en plus impatient à l'idée d'affronter à nouveau le bleuté, mais il était également prudent, étant donné qu'il ne voulait pas se faire avoir, lui aussi. Ciel était un adversaire remarquable, après tout. Même avec leurs nouvelles affinités, ils se considéraient comme des rivaux. Le duo de démons prenait du plaisir à s'affronter dans tout et rien, et le paintball ne faisait pas exception. Peu importe de quel jeu il s'agissait, que ce soit dit ou non, ils avaient l'impression de devoir gagner.
Mais avant que l'un d'eux puissent y arriver, ils devaient se trouver. Alois se méfiait des ombres au vu de la capacité du bleuté, surtout alors qu'il n'y avait que ça dans la forêt. Le blond s'y camouflait lui aussi, étant fier d'avoir maîtrisé cette capacité, grâce à Sebastian. Tandis que Ciel étudiait une magie plus avancée avec un certain sorcier, Alois observait, et apprenait en autonomie, y revenant plus tard en apprenant les bases avec le majordome Phantomhive. Le blond avait l'impression qu'il était grand temps qu'il devienne un "véritable" démon, et le fait que le bleuté ne s'en doute pas tout à fait lui donnait un avantage.
Se sentait-il coupable de cacher ces capacités à Ciel ? Oui. Il savait que dès qu'il s'en servirait, la question "pourquoi ne t'es-tu pas servi de cela durant l'affaire de la Black Annis" serait posée. La réponse était simple, cependant. C'était parce qu'Alois n'était pas assez entraîné et qu'il craignait de blesser le bleuté par accident. Et si Alois utilisait trop de force sous la pression ? C'était une réponse naturelle, et une possibilité que le blond préférerait éviter à tout prix.
Cela dit, il ne comptait pas laisser sa recherche de pouvoir rester un "secret", il considérait simplement que ce n'était pas assez important pour en parler, peu importe à quel point il aimait faire le beau auprès de son bien-aimé. Bien qu'il adorerait aller voir l'autre garçon et se vanter, il avait peur d'échouer d'une manière ou d'une autre à cause de son manque d'expérience, et de passer pour un imbécile à la place. Il ne se servirait que de ce qui était nécessaire, et de ce qu'il avait appris à maîtriser. Il n'avait rien de comparable à "l'Umbra Regalia" du Phantomhive, mais ce qu'il possédait devrait suffire.
Son sixième sens était son ami. Même en passant par des endroits familiers, quelque chose "clochait". Il tomba par hasard sur la zone où il avait laissé Audrey, et quoique tout était normal, il y avait quelque chose "d'étrange".
Il y avait la racine qui avait piégée le dieu de la mort, désormais inutile comme la menace blonde avait relâché Audrey comme promis, et il y avait des taches de peinture violette sur l'arbre où le garçon s'était trouvé. Mais il y avait quelque chose de différent. Quelque chose qui ne devrait pas être là. En plus de la peinture violette, il y avait des éclaboussures bleues.
Ciel était passé par ici, et à en juger par la forme de la peinture sur l'arbre, il était arrivé peu de temps après que le blond soit parti, et avait tiré sur Audrey alors qu'il était encore coincé. Ciel avait été juste derrière lui, et si c'était bien le cas, qu'en était-il de Kristopherson et Daniel ? Les avait-il également eu ? Plus important encore, où se trouvait-il à présent ?
En un éclair, Alois s'écarta alors qu'un pigment bleu s'écrasa contre l'arbre devant lui. Il atterrit sur l'une des nombreuses branches dudit arbre, et marqua une pause afin de comprendre d'où provenaient les projectiles avant de tirer dans cette direction. Pour son plus grand plaisir, son attaquant esquiva, sortant de sa cachette dans le feuillage, se précipitant dans la clairière. Il n'était pas stupide, cependant, et il tira à son tour en mouvement, poussant le blond à trouver refuge derrière le tronc de l'arbre.
Il n'y resta pas longtemps, alors que le bleuté courut sur le côté. Alois avait du mal à esquiver à cause de la vitesse de l'autre garçon. Ils savaient tous les deux quand esquiver, et quand tirer, ce qui était problématique. Fallait-il attaquer, s'enfuir ? Ou les deux ? Le blond choisit les deux en tirant sur Ciel, gagnant plus de temps pour s'échapper tandis que l'autre garçon prit son ancienne cachette.
- Pas mal, songea Ciel. Es-tu devenu plus rapide ?
- Un peu, répondit le Trancy en ricanant. Je me suis entraîné.
- Comment n'ai-je pas remarqué ? J'ai vraiment été occupé, hein ? dit le bleuté.
- Ouais, mais maintenant j'ai toute ton attention, pas vrai ? demanda Alois en réponse.
- Oui, tout à fait, dit le bleuté en quittant sa cachette afin de tirer dans la direction du blond.
Ledit blond évita les tirs lents avec facilité, mais le bleuté avait de très bons reflex. Il tirerait avant même que le blond bouge, se servant de son sixième sens pour anticiper où il devrait viser.
Il était impressionné par la capacité du blond, mais il faisait de son mieux pour garder à l'esprit son objectif. Cela lui porta préjudice, cependant, alors qu'il entendit le petit "click" d'une arme vide. En se focalisant sur l'envie de toucher la menace blonde, Ciel n'avait pas gardé en tête le nombre de ses munitions, permettant au blond de lui tomber dessus.
Étonnamment, au lieu de tirer avec sa propre arme, son bien-aimé réduit la distance entre eux et frappa du poing, poussant le bleuté à sauter en arrière afin de fuir. En faisant cela, il activa le piège du blond. Ainsi, il fut coincé dans les racines d'arbres que l'autre garçon avait préparé alors que le bleuté était distrait.
Depuis quand Alois était-il capable de faire une telle chose ? D'ordinaire, il aurait dû rester à un même endroit pour rassembler son énergie, mais maintenant, il courrait et sautait dans tous les sens. Qui plus est, il ne devrait pas être en mesure d'invoquer de plantes aussi puissantes, ou de leur ordonner de s'enrouler autour du corps du bleuté aussi rapidement. Effectivement, Alois s'était entraîné. L'idée fit apparaître un sourire narquois sur le visage de Ciel alors que savoir que son bien-aimé avait obtenu une telle puissance le réjouissait. Ordinairement, il aurait pris cela comme une invitation pour améliorer ses propres compétences, mais pas cette fois. Pas maintenant. Il était fier de sa menace blonde. Le Phantomhive prenait du plaisir à voir le petit garçon craintif qu'il connaissait s'améliorer, en sachant qu'il était en partie responsable de cela. Hélas, il n'avait pas le temps d'y penser davantage, alors qu'il fut touché en plein milieu du torse.
- Aïe ! Jim ! Qu'est-ce que-?! grogna-t-il avec chaque projectile.
De toute évidence, Alois ne perdait pas de temps à se débarrasser de lui, une leçon qu'il avait apprise après la première fois que le bleuté et lui s'étaient battu en un-contre-un.
- Argh ! Arrête!
- Parler...
Un autre tir.
- ... voilà comment...
Un autre.
- ... ton adversaire...
Et un autre.
- ... trouve le temps...
Un de plus.
- ... de riposter.
Il continua de tirer, malgré les protestations du bleuté. Ciel était content que le garçon prennent les choses au sérieux, mais des balles en plastiques remplies de peinture le heurtant à répétition était quelque peu agaçant, surtout qu'aucun des démons ne portaient une quelconque protection, comme toujours lorsqu'ils jouaient à ce jeu. Normalement, le premier à capituler était le perdant, et Alois le savait. Il tirait rapidement, et sans pitié, attendant que Ciel déclare forfait. Ce dernier, cependant, était connu pour son entêtement, et il ne vacillait pas face à l'adversité. A la place, il répliquait.
Des flammes noires recouvrirent son corps, et Alois sut ce qui allait arriver ensuite. Il cessa de tirer en réponse, toute balle tirée sur le bleuté dans cet état ne servirait à rien. Les racines furent réduites en cendres alors que des flammes diaboliques les consumaient. En ce qui concernait le bleuté lui-même, il avait pris sa forme démoniaque, oreilles pointues, cornes, et queue, et ainsi de suite. Son bien-aimé siffla une simple tonalité en réponse.
- On sort l'artillerie lourde, à ce que je vois, songea Alois, affichant tout de même un grand sourire en constant que le bleuté était désormais quelque peu "sérieux".
- En effet, dit le bleuté. En parlant d'artillerie... s'estompa-t-il en envoyant d'un coup de pied son pistolet de paintball vide sur le côté, avant de se précipiter dans les buissons.
La menace blonde était sur ses gardes, mais il n'était pas prêt pour ce qui allait suivre. Un projectile le toucha au torse, et il écarquilla les yeux. Ciel n'avait pas deux pistolets, si ? Alois baissa les yeux, et vit de la peinture rose sur son torse.
- Enfoiré ! accusa-t-il en pointant du doigt le bleuté qui souriait. Tu as volé le flingue de Kristopherson!
- Rien ne me l'interdit, répondit Ciel, content de son plan de génie. Peut-être que tu aurais dû y penser quand tu en avais l'occa-
PAN!
Le garçon fut interrompu au milieu de sa phrase par un tir au torse. Ciel fronça les sourcils et leva le menton.
- Alors c'est comme ça que ça va se passer, hein ? demanda-t-il.
- Ouaip, dit Alois. J'aime gagner.
- Moi aussi, répliqua le bleuté avec un sourire, braquant son arme sur l'autre garçon.
Bien qu'il détestait se battre contre le blond, lorsqu'il s'agissait d'un jeu, c'était différent. Le côté ludique de leur relation devait y jouer un rôle. Il adorait surpasser la menace, et bien qu'il ne l'admettrait jamais, il adorait être lui-même surpassé. Tant qu'il s'agissait d'Alois, ça lui était égal, même si ce dernier s'en vanterait jusqu'à la fin des temps.
Serait-ce le cas aujourd'hui ? Les deux garçons mourraient d'envie de savoir. Les balles fusèrent dans les airs plus vite que ce que l'œil humain pouvait voir, et les garçons utilisaient leur magie dans l'espoir de vaincre leur adversaire. Alois tentait de reproduire son piège, essayant de garder Ciel à un endroit précis avec divers plantes, et Ciel s'échappait en se servant de son Umbra Regalia sur son manteau, encore et encore, et encore.
- Qu'y a-t-il ? taquina le bleuté, évitant les attaques du blond. Je croyais que tu t'étais entraîné ? N'as-tu donc appris aucun nouveaux tours de passe-passe ?
- Bien sûr que si ! répliqua Alois. Par exemple... s'estompa-t-il, mettant le bleuté sur ses gardes.
Le blond allait l'attaquer avec quelque chose de nouveau ? Bon, si c'était le cas, mieux valait qu'il continue à bouger s'il devait fuir. Ciel resta sur ses gardes en courant, ayant complètement perdu de vue le garçon. Où était-il ? A sa gauche ? Droite ? Au-dessus ? En-dessous ? Peut-être était-il juste derrière Ciel, ou...
Ciel se retourna pour voir où il se dirigeait, et un mur de flammes noires apparut. Il tenta de faire de son mieux pour ralentir, mais avec la vitesse qu'il avait accumulée, il eut du mal à s'exécuter, et il se prit l'obstacle. Les flammes ne brûlaient pas, elles étaient tout simplement chaudes. Ciel ne sentit aucun mur le heurter, mais à la place, il avait percuté une personne. Il était tombé droit sur l'autre garçon alors que ce dernier était en train de mettre en place son petit tour.
Instinctivement, le bleuté lâcha son pistolet et mit ses bras autour du blond alors qu'ils tombèrent tous les deux à terre dans un bruit sourd. Ce fut à cet instant qu'il réalisa que quelque chose n'allait pas, mais pas du tout. Le garçon écarquilla les yeux avec choc et horreur en sentant quelque chose de particulier contre son visage.
Ses narines étaient emplies de l'odeur du blond, mais cette silhouette était étrangère. C'était bien trop svelte, et curieusement formé. Le bleuté tenta de bouger, mais ses jambes étaient emmêlées avec celle d'un autre, et ses mains étaient sur l'arrière de la tête de ce dernier, le tenant en place. Il était pétrifié, confus par la situation, et surtout par l'étrange sensation moelleuse contre son visage. Soudain, l'objet étranger vibra alors que son propriétaire gloussa. Le bruit était familier, mais plus aigu. Non, impossible...
Ciel se releva brusquement, se séparant de l'individu. Il tomba sur son postérieur, et fixa le blond devant lui. Une peau pâle, des cheveux clairs, des yeux bleus glacés félins, des traits familiers, à part pour le fait que la personne en question avait de la poitrine. Le visage du bleuté devint rouge comme une tomate alors qu'il réalisa.
- J-J-Jim ?! bafouilla-t-il, et la, ahem, "fille", éclata de rire devant lui.
- Oh mon Dieu ! Ta tête !
Des larmes coulaient presque sur le visage de la blonde alors qu'elle riait et se tenait les côtes.
- C'est magnifique ! Inestimable ! Je veux m'en souvenir !
- Arrête de rire ! aboya Ciel, tentant de faire de son mieux pour maintenir ne serait-ce qu'une once de dignité, mais échouant misérablement. Mais qu'est-ce qu-qui se passe ?!
- C'est évident : c'est une transformation ! Tous les démons peuvent le faire, répondit Alois en se relevant et en ramassant son pistolet. Je me suis entraîné.
La rafale de tirs qui suivit fut lancé sans pitié, bombardant le bleuté alors qu'il était encore au sol. Chaque fois que Ciel avait l'impression de pouvoir riposter, il posait les yeux sur cette apparence inhabituelle de la menace blonde et était déstabilisé. Pauvre garçon, il ne pouvait que se protéger avec ses bras et sa queue. La torture sembla durer des lustres, jusqu'à ce qu'elle s'arrête subitement, le bruit d'un pistolet de paintball vide tombant au sol étant la seule chose audible. La curiosité l'emporta, et le bleuté ouvrit les yeux. Il les écarquilla instantanément, et regretta simultanément, étant étrangement reconnaissant en même temps.
- Mai.. Mai... euh-euhm... fut tout ce qu'il réussit à dire face à cela.
La vile menace blonde avait relevé le devant de son t-shirt, s'exposant comme distraction tandis qu'elle s'accroupit et prit le pistolet avec les munitions roses que le bleuté avait lâché. Courbes, formes, poitrine, le même blond que d'ordinaire mais d'une toute autre manière. Naturellement, Ciel était envoûté. Comme si elle scellait un pouvoir profane, Alois lâcha son haut et braqua le pistolet sur le bleuté.
- Tu aimes ce que tu vois ? taquina la blonde, ramenant Ciel à lui.
Le bleuté fronça les sourcils et tenta d'avoir l'air intimidant, même avec son air embarrassé et confus.
- Qu... Qu'est-ce que tu fous ?! demanda-t-il, ne convainquant pas tout à fait la blonde de son honnêteté.
- De la magie de transformation. Je te l'ai dit, répondit Alois d'une voix plus aiguë que d'ordinaire, avec un quelque chose d'étrangement plus féminin. C'est une spécialité des démons, tu sais.
- Mais pourquoi une femme ?!
- Ça pourrait être utile, dit simplement le blond. Et s'il y a une affaire un jour où une femme attirerait moins l'attention ? Mais c'est surtout pour t'embêter. Est-ce que ça marche ?
Ciel se contenta de détourner le regard en réponse.
- Je prends ça pour un "oui".
- D'accord. Qu'importe. Tu gagnes, grommela le Phantomhive. Tu as mon arme. Je ne peux plus jouer. Peux-tu, s'il te plaît, revenir à la normale ?
- Oui ! dit le blond pour fêter sa victoire avant de vider le dernier pistolet de paintball fonctionnel. J'adore voir que gagner grâce à ta libido est toujours une possibilité.
- La ferme ! répondit Ciel. Ce n'est pas pour ça ! N'es-tu pas, tu sais, embarrassé ?
Alois marqua une pause pour y réfléchir un moment.
- Bah, ouais, je suppose, répondit la blonde en haussant légèrement les épaules. Surtout parce que ça fait vraiment bizarre de rien avoir "en bas", et ces trucs sont un peu sensible, ajouta-t-elle en prenant sa poitrine devant un bleuté embarrassé.
- Je... Je n'avais pas besoin de savoir ça... répondit Ciel, se relevant tout en se dépoussiérant.
Se mettant droit, il reprit son air habituel.
- Allez, nous devrions aller retrouver les autres.
- Tu es sûr que tu ne veux pas les toucher, d'abord ? taquina Alois.
- Oui, j'en suis sûr ! Nous sommes au milieu d'une forêt, avec nos amis qui y errent, alors ce n'est pas vraiment le moment ou l'endroit pour être "aventureux", dit le bleuté en se mettant à marcher.
La blonde le rattrapa en trottant, souriant jusqu'aux oreilles.
- En es-tu à cent pour cent sûr? demanda Alois.
- Oui !
- Vraiment ?
- J'ai dis que oui ! Je ne veux pas toucher ta poitrine !
- Je veux juste être sûr, dit la blonde. Je ne peux garder cette forme que quelques minutes à la fois, et ça prend un moment avant que je puisse le refaire. Je ne veux pas que tu rates accidentellement ta chance, tu sais ?
Ciel s'étouffa avec sa propre salive.
- J'ai déclaré forfait, et tu serais revenu à la normale en quelques minutes ?! demanda le bleuté.
- Plus ou moins, répondit Alois avant de lever un sourcil. Une minute, je croyais que tu avais abandonné parce que j'avais ton pistolet ?
- Eh bien, oui, c'est ça ! dit Ciel. Et je ne peux pas non plus jouer alors que le sein est contre moi !
- Tu veux dire le "sort" ? demanda la blonde.
- C'est ce que j'ai dit.
- Non, tu as dit "sein"...
Ciel marqua une pause afin de rejouer la phrase qu'il avait dit dans sa tête.
- Je... C'est... bafouilla-t-il, ses sourcils se rejoignant alors qu'il cherchait une excuse. Ma langue a fourchée. Ces choses sont une distraction.
- Ouais, c'est un peu pour ça que j'ai pris cette forme, mon gars.
- Génial. Maintenant que c'est fait, peux-tu, s'il te plaît, reprendre ta forme ?
- Nan, je veux un peu voir si mon temps s'est amélioré, dit la blonde. Mon record c'est quatre minutes pour l'instant, et je veux voir si ça a changé. En plus, te torturer, c'est amusant. Ça te gêne ?
- Plus que tu ne l'imagines, grommela le bleuté. Si nous tombons sur les autres, et que tu n'es pas revenu à la normale, je ne serai pas celui qui donnera une explication.
- Ooh, monsieur le grand, méchant, Chien de Garde est embarrassé par des nichons ! On ne peut pas laisser qui que ce soit l'apprendre, hein ? répondit Alois, commençant à être essoufflé. Ne t'inquiète pas, je pense que je n'en ai plus pour longtemps. Dernière chance~!
Le rougissement de Ciel revint de plus bel.
- Je ne toucherai pas ta poitrine ! protesta-t-il, se retournant afin de faire face à l'autre... démon.
- Oh, allez ! Je vois la tête que tu fais, tu en meurs d'envie !
- Hors de question ! Je ne le ferai pas. J'aurais l'impression de te tromper, quelque chose comme ça...
- Me tromper, avec moi ? Logique, répondit la blonde.
- La ferme ! Tu sais ce que je veux dire-
Le cheminement de pensées de Ciel s'arrêta brusquement lorsque la menace blonde attrapa son poignet et mit sa main sur sa poitrine. Le bleuté écarquilla les yeux, la bouche ouverte et ses doigts avaient des spasmes en sentant la douce bosse tenant parfaitement dans sa main. Le visage du garçon était complètement rouge, rien à voir avec les reflets bleus de ses cheveux, et de sa boucle d'oreille qui ressortaient alors que son rougissement atteignit ses oreilles. Alois, d'un autre côté, était incroyablement divertie par les bruits incohérents qui s'échappaient de la bouche du bleuté alors que le pauvre garçon tentait de formuler une pensée.
Le sourire de la blonde s'agrandit davantage lorsque des flammes les entourèrent, et que "elle" devint à nouveau un "il". L'action suffit à faire relever le regard du bleuté vers le visage d'Alois, et il fronça les sourcils alors que ce dernier avait un si grand sourire que ses joues lui faisaient mal. Ainsi, le blond perdit contrôle de lui-même et partit en fou rire.
- JIM ! hurla le Phantomhive, sa voix craquant avec l'embarras.
Cela ne fit qu'empirer les choses. Des larmes coulaient le long du visage de son bien-aimé alors que le blond le cachait contre l'épaule du bleuté, se tenant au garçon en l'utilisant pour étouffer le son de ses propres ricanements absurdes. C'était comme s'il avait besoin de la source de son amusement pour tenir le coup.
- Ce n'est pas drôle ! insista Ciel, en ayant assez d'attendre que l'autre garçon s'en remette.
- C'est putain d'hilarant ! s'écria enfin son petit ami. Ta tête ! Oh, purée... Ta têteeee !
Il rit.
- Alors ça, c'était vraiment magnifique à voir ! Hah !
- Silence ! Bien sûr que je vais être pris de court si mon petit ami devint ma putain de petite amie et me fait attraper un nichon ! Je n'ai jamais attrapé de nichon, Jim ! Je ne sais pas quoi en faire !
- Tu as dit "nichon" ! s'écria le blond avant de se remettre à rire. Deux fois !
- Ne recommence pas !
- Peut pas promettre, répondit Alois. Ciel Phantomhive est faible face aux pouvoirs des nichons tout puissant~!
- Peut-on arrêter de parler de cela, s'il te plaît ?
Il fallut un bon moment pour que la menace blonde réponde enfin aux demandes du bleuté et réduise son amusement à de petits ricanements ici et là alors qu'ils retournaient au manoir. Ce fut le seul son audible provenant des garçons pendant un long moment, jusqu'à ce que le responsable commence à se demander pourquoi le bleuté était si silencieux et pourquoi il grimaçait ainsi. Il n'y eut plus un bruit alors qu'Alois se mit à craindre le pire. Ciel était orgueilleux, et le blond l'avait humilié. L'histoire avait montré que l'on ne s'en tirait pas si facilement après avoir commis un tel crime. Le silence entre les deux était à rendre fou ; presque assourdissant, et bientôt, il devint trop pesant au blond.
- Ciel ? dit-il. Tu m'en veux ?
Il n'y eut pas de réponse.
- Je suis désolé... ajouta-t-il, regardant le sol en marchant. Je m'amusais juste...
- Je ne suis pas en colère, dit le bleuté en interrompant l'autre garçon. Juste... embarrassé... et confus, surtout. C'est incroyablement étrange de sortir avec un homme à un moment, puis avec une femme qui est en fait la même personne juste après, et les trouver tous les deux sexuellement attirant.
- Je ne le referai plus... dit le blond.
- Je n'ai jamais dit que tu ne devrais pas... répondit Ciel. C'est en réalité une capacité utile qui pourrait nous venir en aide à l'avenir. C'est juste que... tu m'as pris par surprise, voilà tout...
- Comment est-ce que j'étais censé savoir que tu piquerais une crise pour des seins ?
- Comment étais-je censé savoir que tu pouvais en obtenir ? J'ai besoin de temps pour me préparer mentalement à ce genre de choses, dit le bleuté, marquant une pause afin de se tourner vers l'autre garçon. J'ai eu à faire cela avant de m'habituer à toi en homme.
- Je peux comprendre, répondit Alois. Je péterai sans doute aussi un câble, maintenant que j'y pense. C'est juste plus drôle quand tu le fais, parce que tu es toujours si calme, cool et sérieux tout le temps.
- Je ne suis pas sûr que cela justifie le fait de se transformer en femme durant une partie de paintball...
- Tu es celui qui a pris sa forme démoniaque, tu te rappelles ? Et je suis celui qui a recours à des méthodes inutiles ?
- Oui, répondit Ciel. N'es-tu pas celui qui passe son temps à dire qu'il n'est "pas une fille" ? Que tu en deviennes une, c'est vraiment désespéré !
- Eh, ce n'est pas comme si ça me plaisait, dit Alois. Je voulais juste tester mes capacités.
- En devenant une femme ? taquina le bleuté.
- Oui. Pourquoi pas ? Mais ne t'attends pas à ce que j'adopte cette forme souvent.
- Vraiment ? Pourquoi pas ?
- Ma bite me manquait.
