Écrit par HateWeasel

347. La Détresse En Rose.

En avant, se dirigeaient le démon bleu et son ami aux étranges yeux multicolores, en direction du belvédère où ils devaient rejoindre le dernier membre de leur groupe, un garçon aux cheveux décolorés du nom de "Kristopherson". Le faux-blond faisait attention à éviter tous les gardes sur son chemin en restant le plus à l'ombre. Pour être franc, il était plutôt nerveux, malgré le fait qu'il ait déjà participé à diverses escapades similaires, sous la demande d'un certain fils de politicien. Il ne s'était jamais retrouvé livré à lui-même en suivant un plan. En fait, c'était la première fois qu'ils avaient un plan ! Il n'aimait pas être seul dans cette situation. Il aurait vraiment voulu défigurer la statue avec le groupe de son meilleur ami, mais il était inutile de négocier avec le bleuté. Kristopherson ne voulait même pas essayer de le faire. On ne négocie pas avec Satan en s'en sortant "vainqueur", voyez-vous.

Son anxiété se décupla lorsqu'il arriva au belvédère, et qu'il fut seul. Le faux-blond voulait attendre, mais il se sentait comme exposé en restant au même endroit trop longtemps. Le vent se faufilant à travers le feuillage et créant un horrible bruit de froissement n'aidant en rien à calmer ses nerfs. Il avait l'impression d'être observé de tous les côtés, comme s'il était encerclé par une meute de loups qu'il ne pouvait pas voir. Curieusement, Kristopherson n'était pas loin de la vérité. Il n'y avait aucun "loups", mais il y avait un "chien", accompagné de Bones.

- Kristopherso-

Le faux-blond sursauta en lançant un petit jappement de surprise en entendant son nom. Il tourna brusquement la tête pour faire face à son attaquant, avant de froncer les sourcils avec agacement. La voix était familière, et pour une bonne raison. Elle appartenait au bleuté, qui, une fois encore, ne comprenait pas ce qu'il avait fait de mal.

- C'est quoi ton problème ?! T'essayes de me donner une putain d'attaque cardiaque ? demanda Kristopherson en essayant de chuchoter.

Ciel lança simplement un regard au Dieu de la Mort un instant, comme pour lui poser la question. Le garçon se contenta de hocher la tête en plissant les lèvres.

- Je te l'avais dit, dit-il au bleuté, se demandant si le garçon ne savait réellement pas comment approcher quelqu'un, ou s'il le faisait exprès.

Ciel regarda de nouveau le faux-blond, reprenant les choses en mains.

- Nous allons te faire sortir d'ici. Que pensais-tu que nous faisions ? demanda-t-il de son habituel ton quelque peu princier. Allons-nous rester planté ici et attendre que les gardes nous retrouve, ou partons-nous ?

Kristopherson soupira.

- Allons-y, dit-il. Je suis fatigué, et je veux retirer ce stupide masque de ski.

- Le noir n'est vraiment pas ta couleur, Kris, plaisanta Audrey, remarquant que le bleuté se remit en route sans dire un mot.

Le garçon n'était vraiment pas doué pour les interactions sociales, hein ?

- T'as vu ? répondit Kristopherson en le suivant. Alors, est-ce qu'on a un plan pour sortir d'ici, ou ?

- Oui, dit le Phantomhive. Nous trouvons le mur le plus proche, je vous porte pour que vous passiez par-dessus, et ensuite nous rejoignons les autres. Tout simplement.

- C'est tout ? Et les gardes ? demanda Bones.

- Si nous en voyons, nous changeons de direction, répondit Ciel.

- C'est tellement improvisé, dit Kristopherson. Je n'arrive pas à croire que tu planifies toute une opération sans plan de secours.

- Peut-être était-ce mon but ? suggéra le bleuté.

Son ami amoureux du rose, cependant, n'était pas amusé.

- Pourquoi est-ce que tu ferais une chose pareille ?

- Pour rendre les choses plus intéressantes, répondit Ciel. Se contenter de venir, de peindre une statue, et de repartir aussi vite qu'arrivé est un peu ennuyeux.

- Je t'en prie, dis-moi que tu n'es pas sérieux, dit Audrey. Tu es en train de dire que tu n'as pas prévu de plan de secours parce que tu t'es dit que ce serait drôle ?

- Oui, répondit Ciel.

Il était vraiment dur de dire s'il plaisantait ou non. Le sens de l'humour du démon était... différent, et les autres ne pouvaient pas non plus lui en vouloir, étant donné les péripéties qu'il avait traversé. Pour ce qui touchait au ridicule, Ciel était en deuxième place, juste derrière Alois. Daniel était troisième, pour la simple et bonne raison qu'il y avait des choses qu'il était incapable de faire.

Finalement, ils arrivèrent au mur. Il était fait de pierre et recouvert de mousse, dépassant les garçons d'une bonne hauteur. Ces derniers savaient que ni Kristopherson ni Audrey ne seraient en mesure d'escalader un tel obstacle tout seul. Bien qu'ils ne voulaient vraiment pas, ils devraient se servir de Ciel comme méthode de transport, ici. La douleur qu'Audrey ressentait dans son abdomen après avoir été porté tout à l'heure ne l'aidait pas à prendre cette décision, et l'idée d'être porté comme une espèce de demoiselle en détresse ne plaisait pas beaucoup aux garçons.

Ciel était indifférent. Ce n'était pas lui qui était concerné, bien qu'il sache très bien ce qu'il ressentait à cause d'événements dans sa jeunesse. Il avait souvent été porté par son majordome, lorsqu'il était humain, car comme Kristopherson et Audrey, il n'avait tout simplement pas la force, l'agilité, et la grâce absurde d'un être surnaturel. C'était une particularité humaine qui ne manquait pas au Phantomhive. Il aimait bien être en mesure d'aller où bon lui semblait, quand il le voulait, et ne pas être "infantilisé" par un certain majordome.

- Nous pouvons faire cela de plusieurs manières, dit le bleuté. Je peux vous porter sur le dos, sur l'épaule, ou comme une "mariée". Choisissez.

- Sur le dos, c'est un peu gay, sur l'épaule ça fait mal, et la mariée, c'est vraiment gay... dit Audrey.

- Alors... ? demanda Ciel.

- Sur l'épaule, dit simplement Audrey, et aussitôt eut-il finit sa phrase qu'il fut envoyé en l'air, et comme le nom le sous-entendait, mit sur l'épaule du bleuté, le souffle coupé.

- Attends ici, ordonna Ciel à Kristopherson avant de s'écarter de quelques pas du mur.

Prenant de l'élan, il bondit dans les airs, atteignant sans aucun problème le haut du mur avec un Dieu de la Mort anxieux.

Kristopherson écouta, entendant le bruit des chaussures du bleuté toucher le trottoir en béton de l'autre côté, mais, ce ne fut pas tout. Le faux-blond leva un sourcil alors qu'il entendit des voix venir de l'autre côté du mur. Ce n'était sûrement que le bleuté en train de donner d'autres instructions à Audrey ; il était certainement en train de lui dire de ne pas partir.

Un moment passa, et le Miles commença à être mal à l'aise. Combien de temps allait-il rester sans défense dans l'enceinte du mur ? Il était à la vue de tous, en plus. Il n'avait nulle part où se cacher. Son anxiété se transforma en panique lorsqu'il entendit des voix se rapprocher derrière lui. Elles avaient l'air en colère. Proches, de plus en plus proches, proches de lui. Bien vite, elles ne furent plus étouffées, et les mots devinrent audibles alors qu'ils retentirent bruyamment dans les oreilles du faux-blond.

- Les mains là où je peux les voir ! cria l'un des gardes et le pauvre garçon faillit avoir une attaque cardiaque.

Où était passé Ciel ?

- Tourne-toi !

Kristopherson s'exécuta. Comme demandé, il leva lentement les mains en l'air, et se retourna pour faire face aux gardes. La lumière venant des lampes de poches des hommes l'aveuglait presque, surtout alors qu'ils se devaient de les braquer directement sur le visage du garçon. Les genoux de Kristopherson étaient fébriles alors qu'il était certain qu'il allait être arrêté. Génial. La dernière chose dont il avait besoin, c'était d'un casier judiciaire.

Les lumières étaient si fortes, qu'il dût finir par fermer les yeux et écouter les hommes aboyer des ordres contradictoires. On lui disait de se mettre à terre, et de rester où il était, de mettre ses mains derrière son dos, et derrière sa tête ; c'était comme s'ils ne savaient pas comment fonctionnait l'anatomie humaine. C'était confus, alors Kristopherson se contenta de rester debout, pétrifié tandis que les voix devenaient plus fortes et plus énervées. Le pauvre garçon avait peur d'être plaqué au sol, ou tasé. Il ne savait pas exactement ce qui était le pire. Il pouvait seulement espérer qu'ils aient la bonté de le menotter gentiment, ce qui était peu probable.

Plus improbable encore, cependant, furent les circonstances de son sauvetage. Soudainement, les cris cessèrent, suivit d'exclamations de peur et de surprise. Curieux, le faux-blond rouvrit un œil et ne vit rien. Suivant le regard des gardes, cependant, il découvrit un phénomène étrange se déroulant à ses pieds.

Des racines se tordaient, et se mouvaient, comme ayant une volonté propre. L'esprit du garçon n'eut pas le temps de comprendre ce qui arrivait lorsque les racines sortirent de la terre et s'enroulèrent autour de son corps. Il put seulement laisser échapper un cri de surprise alors qu'il fut jeté en l'air par ce qui semblaient être des lierres possédés, par-dessus le mur avant de tomber sur le béton dur. Du moins, c'était ce qui aurait dû arriver. A la place, il se retrouva attrapé par une certaine menace du nom de "Trancy", ou parfois, "Macken". La menace lança un grand sourire denté à Kristopherson alors qu'il tenait le garçon comme une femme lors de sa nuit de noce.

- Salut, toi, taquina Alois et le faux-blond fronça les sourcils tout en se mettant à gigoter pour échapper à l'autre garçon.

- Lâche-moi ! ordonna Kristopherson, pas très enthousiaste à l'idée d'être dans les bras du démon.

Une fois que ses pieds touchèrent le sol, il fut en mesure de voir que le bleuté ne l'avait pas abandonné, mais avait dû avoir affaire à un Alois Trancy récalcitrant. Maintenant, Kristopherson comprenait pourquoi le garçon n'était pas tout de suite venu à sa rescousse.

- Allons-y, dit le Phantomhive, alors que les autres et lui se mirent à courir vers la liberté.

Ils se retrouveraient tous au manoir Phantomhive, où ils discuteraient des résultats de leur mission en détail.

Ce qui voulait dire, bien sûr, célébrer, et faire les pitres.