Écrit par HateWeasel
352. Crime et punition.
- Une minute et trente secondes, dit un certain blond, assis au bord du bureau de Ciel, avec un grand sourire.
Dans sa main se trouvait un chronomètre, et près de son postérieur, les pièces d'un pistolet étaient soigneusement étalées. Son bien-aimé fronça les sourcils.
- Pas assez rapide, dit Ciel. Sebastian peut le faire en dix secondes, au moins.
- Sebastian est à un niveau bizarre qui me fais douter de son existence même, répondit le blond, sautant de sa place afin de se mettre à côté du garçon. Sérieusement, qui d'autre arrive à démonter un pistolet en dix secondes ? Personne ! Sebastian est à un niveau supérieur à Jésus, Ciel. Tu sais, le Jésus ? Jésus H. Christ ? Le mec qui peut transformer l'eau en vin et marcher sur l'eau, mais Sebastian peut marcher sur l'eau et arrêter un train à pleine vitesse juste avec ses mains.
- Et dire que, tout ce temps, il n'a été qu'un simple majordome et un baby-sitter, dit le bleuté, un petit sourire sur le visage. Pense aux progrès que nous pourrions faire si nous le laissions juste faire notre travail.
- Tu as juste à le lui ordonner, répondit Alois. Pourquoi tu ne le fais pas ?
- J'aime mon travail. Qui plus est, je préfère juste m'occuper de ce genre de choses, personnellement.
- Ouais, qui sait ce qui se passerait si tu ne le faisais pas ? Tu pourrais accuser la mauvaise personne de meurtre et essayer de l'arrêter pour venger ton honneur.
- Déjà fait. Ce n'était pas très amusant, plaisanta Ciel. Mais le bon côté est que cette personne que j'ai accusée de meurtre s'est avérée être remarquable, et m'a beaucoup aidé plus tard dans la vie.
- Tu as l'air de pas mal l'apprécier, dit la menace blonde avec un sourire taquin.
Il s'assit sur l'accoudoir de la chaise du bleuté.
- Elle était mignonne, un peu ?
- La plus mignonne, répondit le Phantomhive tandis que l'autre garçon jouait avec ses cheveux.
- Est-ce que ça devrait m'inquiéter ?
- Non, elle est morte il y a bien longtemps, dit Ciel. Ceci dit, quelques années plus tard, elle est revenue, plus mignonne encore.
- J'espère sincèrement que tu ne parles pas de Revy, dit Alois et le bleuté ricana.
- Non ! Combien de temps allons-nous continuer à jouer à ça ?
- Jusqu'à ce que tu arrêtes de parler et que tu te mettes assembler ce pistolet, répondit le Macken d'un ton plaisantin avant de s'éloigner du bleuté.
Il était tôt au manoir Phantomhive, et tous les autres étaient endormis. Enfin, à l'exception d'un certain majordome, qui se contentait de se balader en accomplissant quelques tâches de sa liste de corvées avant que ces satanés adolescents ne l'y gênent. Le duo de démons en faisait de même, à un certain point, incapable de se rendormir après avoir découvert la paire d'intrus.
Sebastian avait été brièvement demandé afin de réparer la porte jusqu'à ce qu'une porte plus solide puisse être prise dans la matinée, tandis que Ciel et Alois s'étaient donnés comme mission de donner une leçon aux délinquants responsables de tout cela. A présent, le duo attendait juste que les autres garçons se rendent compte de ce qu'ils avaient fait. Ils passèrent le temps en voyant qui était le plus rapide pour démonter et remonter un pistolet. Pour l'instant, Ciel était à une minute et trente secondes pour le démontage, et deux minutes pour le remettre en place. Alois était derrière lui de peu, étant donné qu'une centaine d'années d'entraînement lui faisait défaut. Ainsi, il était à trois minutes pour le démontage, et cinq pour l'assemblage.
La paire fit cela pendant des heures tout en parlant de tout et de rien, profitant de la compagnie de l'autre. C'était comme si cela faisait une éternité depuis la dernière fois qu'ils avaient été en mesure de parler normalement entre eux sans meurtre, crime, ou amis perturbateurs pour occuper ou interrompre la discussion. Oui, il y avait des pistolets impliqués, mais pas de violence, du moins, jusqu'à ce que la porte du bureau s'ouvre subitement, brisant le bref moment de lien entre les deux.
- C'EST QUOI CETTE MERDE ?! demanda Daniel d'un ton énervé en levant le poignet.
Le poignet de Kristopherson suivit le mouvement, et tout comme le Westley, le faux-blond était très loin d'être amusé.
- Des menottes, enfin, à quoi ça ressemble ? répondit simplement Ciel, et son bien-aimé gloussa. Tu as des yeux, non ?
- POURQUOI JE SUIS MENOTTE A KRIS ?! répliqua le fils de politicien.
- Tu ne savais pas ? demanda Alois. Les criminels qui entrent par effraction quelque part se font menotter.
Kristopherson fronça les sourcils de plus bel.
- Bon, je comprends que vous essayiez de nous faire payer, mais ce n'est pas un peu extrême ? demanda le faux-blond. Comment est-ce qu'on est censé ne serait-ce que s'habiller comme ça ?
- Je dois aller pisser ! dit Daniel. Je dois aussi me doucher ! JE PEUX RIEN FAIRE ATTACHE A KRIS !
- Bonne chance, dit Ciel. Ceux prêts à commettre un crime doivent s'attendre à accepter ou fuir les conséquences.
- Combien de temps doit-on rester comme ça ? demanda Kristopherson.
- Bonne question, répondit le bleuté. Je m'assurerai de vous le faire savoir lorsque j'aurais une réponse.
- Et puis quoi encore ! On a cours demain ! protesta le Westley. Comment est-ce qu'on est censés mettre nos uniformes ? Et même juste se rendre à l'école ?!
- Tu es gaucher, non ? demanda Alois. Kristopherson est droitier. On s'est assurés de ne pas menotter vos mains dominantes. L'un de vous peut conduire. Vous avez toujours vos pieds pour les pédales, et une main suffit.
- Je dois manier le levier de vitesse… dit Kristopherson.
- Comme si on ne savait pas déjà ça, Kris ! plaisanta la menace. Dans ce cas, Dan peut conduire.
- Ça ne résout pas le problème des vêtements et des toilettes, sans parler du fait que ma mère va nous tuer ! protesta Daniel. Relâchez-nous !
- Désolé. Les règles sont les règles, dit le Phantomhive. Voyez le bon côté, nous saurons qui arrêter pour votre meurtre.
- Donnez-nous juste la putain de clé ! ordonna le fils de politicien.
Malheureusement pour lui, Ciel Phantomhive ne prenait pas d'ordres. Au lieu de créer de la peur chez le bleuté, la demande du garçon lui donna une idée.
- Oh… dit le Phantomhive en mettant une main dans sa poche. Cette clé ?
Il tendit la clé devant les deux humains, d'un air suffisant. Pendant ce temps, Alois se mit derrière lui, et ouvrit une fenêtre.
- Oui ! Donne-la ! dit Daniel en tendant sa main valide.
Au lieu d'obéir à sa requête, cependant, le bleuté pouffa. Le démon jeta ensuite l'objet derrière lui à travers la fenêtre qu'Alois avait préparé pour qu'elle atterrisse quelque part dans le jardin, Dieu sait où. Le duo de démons était, vraiment, en parfaite synchronisation. Ainsi, les deux autres garçons eurent l'air horrifiés. La chaleur de leur colère disparue alors qu'ils blêmirent. Finalement, cependant, le choc passa, et la révolte revint encore plus forte.
- POURQUOI T'AS FAIT CA ?! demanda Kristopherson en frappant de sa main valide sur le bureau du bleuté.
Ciel se contenta de se pencher sur sa chaise, posant son menton dans sa paume.
- Je ne prends pas d'ordres, répondit le bleuté. Je les donne. Ne forcez pas les portes fermées de ma maison alors qu'il y a des choses qui peuvent tuer de l'autre côté. Si vous voulez être libre, trouvez un moyen de le devenir.
- Tu es vraiment un démon ! cria Daniel.
- Merci, mais je suis déjà au courant, répondit le Phantomhive. Et en tant que démon, j'apprécierais que tu arrêtes de t'en étonner, et de jouer avec de dangereux objets surnaturels. Est-ce que tu m'écoutes au moins ?
- Alors c'est juste une punition à cause de ça, hein ? demanda Kristopherson en soupirant. Viens, Dan, commençons à chercher… ajouta-t-il en tirant sur le poignet de l'autre garçon.
Ainsi, ils battirent en retraite, mais pas sans lancer quelques regards haineux aux démons alors qu'ils se dirigeaient vers la porte. Kristopherson avait hâte d'être détaché du garçon pour des raisons personnelles, ainsi que pratiques. Daniel était en colère car il ne pouvait pas aller aux toilettes. Kristopherson était contrarié car s'il le faisait, il devrait tout subir en se tenant à côté de lui. C'était un châtiment plutôt cruel, mais comme l'avaient dit les garçons, leurs bourreaux étaient des démons. C'était pour leur bien. Comment apprendraient-ils de ne pas s'approcher du surnaturel et du danger autrement ?
Un soupir s'échappa des lèvres du bleuté alors que la porte fut violemment refermée. Alois referma la fenêtre avant de rejoindre le garçon, arrivant derrière lui pour passer ses bras autour du cou de Ciel. Un gloussement vibra dans sa gorge.
- Je m'attendais à ce qu'ils soient plus énervés, dit-il.
- Encore heureux que ce ne fusse pas le cas. Cela aurait été d'autant plus casse-pieds, répondit Ciel en se frottant le front. D'ailleurs, comment as-tu su qu'il fallait ouvrir la fenêtre ?
- J'ai deviné, répondit Alois. Tu tenais la clé et parlais d'une manière qui me donnait l'impression que tu allais t'en débarrasser, alors, j'ai ouvert la fenêtre.
- Bien joué, fit remarquer le bleuté en mettant ses mains sur les avant-bras de l'autre garçon. Tu penses qu'ils vont avoir du mal à trouver ?
- Ouais, mais c'est le but après, non ? J'imagine que s'ils ne retrouvent pas la clé ou ne cassent pas les menottes, on peut toujours les libérer, non ?
- Oh, mais j'ai jeté la clé ? dit Ciel. Comment allons-nous les libérer ?
- Nous sommes des enquêteurs. Nous avons plus d'une paire. Les clés de menottes sont universelles, alors n'importe quelle clé peut fonctionner, répondit Alois. Et, si je me trompe ; force démoniaque.
- Ah, oui, la violence est toujours la réponse, n'est-ce pas ? songea le Phantomhive.
- Je ne te le fais pas dire, répondit son bien-aimé. Au fait, pendant que tu étais distrait, j'ai réassemblé le pistolet.
- Quoi ?!
Ciel se pencha en avant, mettant ses mains sur le bureau devant lui, fixant l'endroit où un méli-mélo organisé de pièces de pistolet s'était trouvé ; un pistolet à la place. Sa surprise ne fit qu'amuser la menace blonde qui se mit à rire alors qu'elle se pencha en même temps que le garçon.
- Ah, oui. C'est vrai, dit le blond. J'ai la niaque.
- Beurk, répondit le bleuté. Je n'avais pas besoin de savoir ça.
- La ferma, tapette, tu sais ce que ça veut dire.
- Dis-moi donc, s'il te plaît, en quoi suis-je une « tapette » ? Qu'est-ce que ça fait de toi ?
- Alois Trancy.
- C'est encore pire, dit Ciel, riant lorsque l'autre garçon lui donna un coup de tête.
