Petit mot de l'auteure : j'ai mal à la tête


Jour 4 : Feu

Contexte : post canon


Depuis la mort de Matthias, Kaz était étrange avec elle : il se souciait de son moral. Voir le grand Dirtyhand faire preuve de sollicitude aurait pu l'effrayer – on parlait de Kaz, bordel – mais, pour une étrange raison, ses mots arrivaient souvent à l'apaiser. Ainsi, lorsqu'elle rentra dans le Crow Club, elle ne fut pas surprise de l'entendre la questionner sur son rendez-vous.

- Comment ça s'est passé ?

- Bien, répondit-elle en haussant les épaules.

Sûrement fut-il inquiet par son ton négligé puisqu'il insista.

- As-tu vu ta thérapeute aujourd'hui ?

Si l'idée d'aller voir un « médecin de mercurien » comme les psychologues étaient appelés dans le Barrel avait franchement étonné Kaz, il était aujourd'hui celui qui veillait le plus à ce quelle aille à ses rendez-vous. Pour preuve, il avait même chargé un Drags de surveiller de temps en temps le thérapeute, histoire d'être sûr que personne ne l'assassine. Il ne lui avait bien évidement pas dit, mais Nina l'avait su. Ce geste la touchait suffisamment pour qu'elle s'efforce de répondre à Kaz.

- Oui. Elle m'a dit d'écrire des lettres aux personnes que je déteste, puis de les brûler.

- Tu l'as fait ? S'enquit-il.

- Oui, mais je ne sais plus quoi faire des lettres, maintenant.

Si Nina avait pu prendre en photo la tête de Kaz à cet instant, elle l'aurait fait. Celui-ci manqua de s'étouffer avec sa propre salive, et balbutia :

- Et bien, je... c'est radical mais... mérité. Mais depuis quand tu sais brûler des gens, toi ? Je sais que le jurda t'as donné des dons particuliers, mais quand même.

- C'est tout nouveau, dit-elle en chantonnant. Je peux brûler qui je veux d'un claquement de doigts. D'ailleurs, mes incroyables pouvoirs d'incendiaire se réveillent quand j'ai faim. Tu ne voudrais pas aller m'acheter trois bonnes gaufres ? Mais pas n'importe lesquelles, celles de...

Son ton emphatique lui fit comprendre qu'elle s'était moquée d'elle dès le début. Nina le vit ainsi se refermer pour grommeler :

- Très drôle.

- Oui, en effet, ta crédulité m'enchantera toujours. Mais sinon... non, je n'ai pas écrit ces lettres. J'ai plus envie de jouer avec le cadavre de cet assassin que de lui écrire quoi que ce soit. Mais c'était une piste de réflexion intéressante.

Elle se retint de dire à Kaz qu'il devrait peut-être y réfléchir lui aussi. Après tout, même s'ils n'avaient jamais vraiment parlé de son passé, elle se doutait qu'il devait avoir de nombreux démons. De toute manière, celui-ci avait déjà hoché la tête avant de passer à l'exposé d'un de ses plans. Nina lui en était reconnaissante ; il se souciait d'elle, mais ne l'excluait pas non plus de ses coups tordus. Elle aurait détesté qu'il la traite comme une chose fragile et trop endeuillée pour être concertée. Elle s'engouffra donc avec plaisir dans la conversation, tout en se promettant qu'un jour, elle arriverait à le remercier.