Merci pour vos commentaires ! ça fait trop plaisir ! merci au guest, comme toujours. et à Tifounettte avec trois t. c'est trop bien de voir que ce qu'on écrit plaît. je suis trop contente :)
Je suis allé nager hier, après la discussion avec Charlie et mes parents. Y avait Swan au bord de la piscine, comme elle en a pris l'habitude. Je crois qu'elle aime bien qu'il n'y ait personne. Comme on vient à des heures indues, on est tranquille. Et comme je nage, je suis même pas là pour l'emmerder.
J'ai nagé tellement fort que l'eau est devenue solide sous mes mains. Ma colère remontait à la surface de ma peau : ça m'a même étonné de voir que l'eau bouillait pas sur mon passage.
Je suis rentré chez les Swan explosé mais apaisé : c'est Swan qui a conduit. Elle était un peu plus fraîche que moi, apparemment. Je me suis laissé tomber sur leur canapé et j'ai dormi comme un bienheureux.
« Debout ! »
Les réveils par Swan sont pas des plus agréables. Dès le matin elle casse les couilles.
« Allez, Cullen, bouge ton cul ! Faut que tu me déposes au gymnase. Ou alors je t'emprunte ta caisse et tu te démerdes pour aller à ton entraînement. »
Ça, ça veut dire que Charlie est déjà parti au poste. Sinon elle se permettrait pas de me faire chier comme ça.
J'ouvre les yeux et l'attrape en flagrant délit d'arrachage de plaid.
J'attrape son bras, je la tire vers moi. Elle tombe sur moi, lâche un petit cri.
« Bas les pattes ! »
Je suis plus grand et plus musclé qu'elle. Je bataille pas longtemps avec elle avant de la coincer sous moi.
Elle fulmine, coincée contre le canapé. Ses cheveux ébouriffés lui font comme une crinière d'animal sauvage. Elle est jolie, je dois le reconnaître.
« Faut que tu sois gentille avec moi, Swan. J'aime pas quand t'es méchante avec moi. On va habiter ensemble, faut prendre de bonnes habitudes, et me réveiller comme ça, c'est clairement pas une bonne habitude.
- Je serais gentille le jour où tu seras courtois !, elle crache. Laisse-moi partir ! »
Son corps est chaud contre le mien. Son attaque matinale m'a bien réveillé, elle gigote mais je la tiens bien.
« Je te lâche pas tant que tu t'es pas montrée polie.
- Va mourir ! »
Elle me fixe.
C'est l'éternel recommencement, avec elle. Je sais jamais sur quel pied danser. Parfois j'ai l'impression que la hache de guerre est enterrée, et juste après elle me renvoie dans mes buts sans que j'aie rien demandé. Pourquoi, je sais pas.
En même temps j'ai jamais trop cherché à comprendre. Et là, je me dis que comme on va habiter ensemble, il serait peut-être temps que j'essaie de comprendre comment Swan fonctionne.
Elle se tortille, grogne, essaie de me mordre. Je la tiens bien : j'ai lutté avec Alice suffisamment de fois pour savoir comment maintenir une personne immobile. Quand j'étais petit, elle gagnait toujours : j'ai appris de mes erreurs.
Le jour où je l'ai dépassée d'un centimètre, je lui ai fait payer.
Swan est plus sauvage qu'Alice. Ma sœur a toujours eu un côté civilisé. Swan, c'est autre chose : c'est pas une fille comme les autres. Déjà, elle ne s'avoue pas vaincue alors que c'est clair que je la tiens trop bien pour qu'elle puisse s'échapper. Elle continue de rouspéter.
« Putain, Cullen, l'heure tourne !
- C'est pas moi qui ai un cours de gym à donner. Tu sais ce qu'il te reste à faire. »
Elle grommelle, bat des pieds. Je la tiens bien et pour la première fois depuis une semaine, j'ai enfin le dessus et c'est vachement cool. Je l'observe à mon aise.
Elle a les joues rouges, les traits tirés, comme si elle dormait peu. Elle a un peu d'acné sur le menton, qu'elle a pas essayé de cacher sous du fond de teint : je lui en sais gré. C'est pas super beau, les boutons sous le fond de teint. Elle a de grands yeux marron, chauds comme un jour d'automne, et des lèvres... Je sais pas si j'ai envie de l'embrasser, et… pourquoi je pense à ça ?
J'aurais plutôt envie de la mordre.
Putain.
J'espère pas avoir la gaule, ça serait gênant.
Mais qui parle comme ça ? Qui dit 'la gaule' à part les mémères dans les vieux pornos des années 80 ? Misère…
Elle a arrêté de se débattre, j'avais pas remarqué. Elle me regarde, les yeux légèrement plissés. Elle me détaille.
J'ai la gorge sèche.
Je savais pas que ça faisait cet effet là, d'être dévisagé.
Je saurais pas dire comment ça se fait mais on ne se bat plus. J'ai desserré mes mains autour de ses poignets et elle a arrêté de se tortiller. On se fixe, et c'est long.
Elle a vraiment de beaux yeux.
« Cullen… »
Sa voix est bizarre. Ou alors, mes oreilles bourdonnent trop pour que le son passe correctement.
« C'est pas le moment. »
Je tique puis me relève, un peu hagard.
Elle a raison.
Elle me regarde toujours, immobile, avec ses grands yeux marron et ses joues rougies. Je lui tends la main. Je la tire vers moi : elle vole presque pour atterrir dans mes bras.
Elle est légère mais pas en porcelaine. Sa peau est chaude et souple contre la mienne. Sans réfléchir je la serre contre moi et j'enfouis mon nez dans ses cheveux. Elle soupire : ça me chatouille le torse. Elle sent le shampoing et une vague odeur de chlore qui date d'hier, je suppose.
« T'as vraiment besoin d'un câlin, Cullen ?
- Ta gueule. » je grommelle.
Elle ricane mais passe ses mains autour de ma taille.
Au bout d'une petite minute, elle tapote le bas de mon dos.
« T'es toujours à moitié à poil et faut vraiment que tu m'emmènes bosser. »
Je la lâche. Pas suffisamment vite à son goût, puisqu'elle en profite pour me pincer les hanches.
« Eh ben ! Du gras, Cullen ?
- Si tu veux tâter la marchandise, t'as qu'à demander, je riposte, pas peu fier.
- Contrairement à toi, j'ai quelques petits souvenirs de notre nuit ensemble. Je sais ce que je rate. »
Je me sens rougir.
Je la repousse et file dans la salle de bains prendre une douche rapide pour m'éclaircir les idées.
Sous la douche, je me morigène : il s'est rien passé. J'ai eu un coup de blues (vu la semaine que j'ai passée, n'importe quel psy trouverait que je m'en sors bien), j'ai eu besoin d'un câlin, ma mère n'était pas là, et Swan m'a laissé faire.
Elle m'a servi de doudou et elle a même pas râlé.
Et j'ai aimé ça.
