Mai 1998

Sally-Anne avait des courbatures et le visage couvert d'égratignures et de sang séché. Ses cheveux étaient tout emmêlés et elle retenait sa nausée.

Les yeux noirs d'Alecto Carrow la fixait même lorsque Sally-Anne avait les paupières fermées. Lorsqu'elle l'avait vue, la blonde l'avait poursuivi et elles s'étaient affrontées.

Sally-Anne n'avait pas vraiment voulu la tuer.

Mais elle l'avait fait, et c'était ce qu'elle était devenue.

Une meurtrière.

La meurtrière d'une meurtrière.

Était-ce pire ? Ou peut-être que la nature de sa victime rendait Sally-Anne un peu moins coupable ?

Tout s'était passé si vite et dans un élan de colère et de peur à l'idée de mourir, face aux yeux assassins d'Alecto, Sally-Anne avait fait voler un rocher qui s'était explosé contre son crâne.

Elle ne regrettait rien.

Elle savait qu'elle aurait dû.

Mais ce n'était pas le cas.

Elle essaya de les compter, de les visualiser, ces courbatures, et de commander à son corps de lui faire moins mal. Elle grimaça dans son lit, en se retournant péniblement. Elle n'avait jamais été très sportive. De toute façon, elle n'était pas fait pour les activités collectives. Elle n'avait jamais été très douée pour s'intégrer dans un groupe.

Il n'y avait jamais eu que sa tante pour se souvenir de son existence et l'aimer. Ses parents n'avaient jamais vu en elle qu'une héritière bonne à marier.

Elle se redressa. Il posa ses deux jambes sur le sol. Ça tanguait un peu. Elle aurait aimer boire trois ou quatre bon verres de whiskey-pur-feu. Elle s'ancra un peu plus sur la terre ferme, mais ses mollets, eux aussi, le faisaient souffrir. Il expira par la bouche, bruyamment. Ça n'apaisa en rien ses épaules tendues, son dos noué, son cou bloqué, ni même ses jambes, verrouillées.

Elle se mit à rire.

Au moins, la douleur lui permettait de se rappeler qu'elle n'était pas complètement morte à Poudlard.

Hier, la bataille de Poudlard avait eue lieu. Et elle avait laissé derrière Théodore Nott et le cadavre pourrissant d'Alecto Carrow. Elle était partie une fois le calme revenu, alors que tout le monde célébrait la victoire et pleurait les morts en même temps. Les amis s'étreignaient, les amoureux s'embrassaient, les familles se consolaient et elle, au milieu de tout ça, elle était là, invisible et perdue dans ce décor. Elle avait posé une main à plat sur son ventre et regardait l'heure.

Personne ne l'avait retenue. Personne n'avait même noté sa présence. Personne ne discuta avec elle, ou n'échangea un regard avec cette Serpentard ou maquillage qui avait coulé.

Alors elle avait prit son portoloin de midi pour le Canada.

Et maintenant, elle était seule avec elle-même. Seule pour réfléchir à la suite de sa vie, à l'avenir et à ce qu'elle allait faire ou ne pas faire.

Personne n'entendit plus jamais parler d'elle. Personne ne se rappelait même qu'elle avait été là. Personne ne chercha donc à la retrouver. Personne ne la félicita, de s'être battue.

Non pas qu'elle aurait qu'on le fasse.

Ou peut-être que si, au moins pour que l'on reconnaisse qu'elle n'avait finalement pas baissé les bras, au moins pour qu'elle se dise qu'elle n'était pas cette petite Serpentard que personne n'avait jamais remarqué à part Théodore Nott. Au moins pour qu'elle se dise qu'elle avait peut-être participé à changer les choses.

La blonde choisit la liberté et la solitude, ce jour-là.

Elle fut heureuse, vous pouvez en être assuré.

Mais l'Histoire effaça complètement Sally-Anne Perks et on ne réentendit le nom de Perks qu'un peu plus de onze ans plus tard, lorsqu'une petite Sélina se présenta sous le Choixpeau.

Là encore, personne n'eut la moindre réaction dans la Grande et les autres élèves applaudirent comme ils le faisaient pour tous les élèves, lorsque Selina Perks s'essaya à côté d'un certain Teddy Lupin.

Sauf peut-être Nathaniel Crimson, assis à la table des Professeurs, qui lui, échangea un sourire plus attendri que tous ceux qu'ils avaient auparavant fait et qu'il adressait à tous ses nouveaux élèves.