Petit mot de l'auteure : ma soeur arrive à 20h ce soir


Jour 3 : Corps

Contexte : post canon


Quand elle se regarda dans le miroir, Katniss ne se reconnut pas. Ses pieds étaient enflés, ses seins gonflés. Mais ce qui la choqua le plus, c'était son ventre. Un ventre qui avait toujours été si fin, souvent creux à cause de la malnutrition, et qui aujourd'hui était près à exploser. Ce reflet lui paraissait tordu, étrange, anormal. Faux, d'une certaine manière.

Il fallait dire qu'elle n'aurait jamais pensé que son corps se déformerait de cette façon. Il avait toujours été hors de question pour elle d'avoir un jour des enfants. Pas pour les condamner aux Hunger Games, à la fin, à la violence quotidienne.

Sauf que voilà.

Peeta, lui, en voulait, des enfants.

Au début, elle avait dit non, bien évidemment. Snow et Coin étaient peut-être morts, mais cela ne changeait rien. Les dictateurs pouvaient naître des endroits les plus inattendus. Les riches du Capitole pouvaient vouloir reprendre leurs privilèges. La faim n'était pas résolue, tout comme ne l'étaient pas le manque d'argent, de repères démocratiques, de justice. Partout où elle allait, elle pouvait entendre le frémissement de la guerre, qui menaçait d'exploser à chaque nouvelle crise, même minime. Dans ce monde, aucun enfant n'avait sa place.

Du moins, c'est ce qu'elle croyait.

Tout avait changé avec une abeille.

Peeta et elle étaient dans leur jardin. Elle lisait, Peeta jardinait. Il était en train de s'occuper d'une orchidée lorsqu'une abeille s'était posée sur son bras. Son premier réflexe à elle aurait été de l'écraser. Mais Peeta, lui, n'avait pas bougé, laissant à l'insecte le temps de s'habituer à la drôle de surface sur laquelle il avait atterrit. Puis, délicatement, il l'avait fermement mais doucement poussée vers la fleur. Quand l'abeille avait commencé à explorer les pétales du végétal, Peeta avait sourit.

C'est magnifique, la nature... avait-il murmuré. Regarde ses toutes petites pattes se frotter l'une contre l'autre !

Et là, Katniss avait comprit.

Panem était un endroit brisé, brûlé, cabossé. Ce n'était pas un monde pour des enfants.

Mais Peeta, lui, était un monde beau. Un monde où les fleurs et les plus petits êtres avaient leur place. Un monde où le temps était suspendu, où l'amour pour l'univers tout entier n'avait pas de limites.

Alors aujourd'hui, même si Katniss se reconnaissait pas son corps, elle était heureuse de le voir prendre peu à peu la forme d'une vie future.

Car dans ce monde qu'était Peeta, un enfant avait sa place.