Maître d'ombre

Chapitre 1 :

Explosion mentale

Il voulait mourir. Il voulait juste mourir et en finir avec cette immense blague qu'était sa vie. Une immense blague, une de celles dont on riait jaune. Une blague synonyme de cauchemar, d'enfer, de supplice, de douleur. Sa vie n'était qu'une mascarade dont-il était la victime. Il l'avait découvert véritablement un an auparavant, même s'il s'était douté que quelque chose n'allait pas depuis le jour où Hagrid, le demi-géant, était venu le chercher chez sa très sympathique famille moldue pour l'introduire au monde magique, comme dans un rêve. Un rêve digne des plus grandes illusions. Un mirage vous promettant monts et merveilles, vous promettant la fin d'une errance douloureuse en plein désert, mais qui n'était au final qu'une vision sans consistance, sans réalité véritable.

Sa vie ne lui avait jamais appartenue. Il avait été manipulé. Il avait été trompé, trahis, utilisé. Traité comme un objet, comme une chose, une arme, un bouclier, une source d'amusement mais jamais comme un être vivant. Cela faisait un peu plus d'une année maintenant qu'il avait réalisé l'horreur de son existence. Une année pendant laquelle il avait tenté de se battre, de tenir, de trouver une solution, une aide, un moyen... Une année de souffrance mentale et physique insoutenable. Une année qui avait amené Harry Potter, le Survivant, Celui-qui-a-survécu, le Sauveur du monde sorcier, à ne souhaiter plus qu'une seule chose. Une chose qu'il souhaitait avec toute l'ardeur dont il disposait, avec toute la volonté dont-il était capable. La seule chose qu'il pensait pouvoir faire cesser tout ceci. Une chose que l'on redoutait en général, que l'on repoussait de toute sa force, une chose que toute personne heureuse ne souhaitait pas : la mort. Il voulait mourir. C'était là sa seule aspiration, la dernière qu'il lui restait et la dernière qu'il avait la certitude de se voir réaliser. Il se demandait juste quand une âme charitable lui accorderait sa rencontre avec la faucheuse puisqu'il n'était pas en mesure de la réclamer lui même.

Harry Potter n'avait jamais été quelqu'un de stupide. Bien au contraire. Il était très observateur et très intelligent. Il était rusé et avait toujours eu une certaine ambition même si celle-ci était désormais réduite à souhaiter la mort. Il avait toujours été objectif et un brin calculateur. Seulement, il s'était bien gardé de le montrer à qui que ce soit. Le choixpeau n'avait pas eu l'envie de le mettre à Serpentard sans raison. C'était la seule victoire qu'il pouvait se vanter d'avoir obtenu sur ses ennemis : ils n'avaient jamais su et ne savaient toujours pas qui il était vraiment. Il avait vu depuis le premier jour que quelque chose n'allait pas. Il ne s'était tout simplement pas attendu à ce que tout ceci aille si loin. Et pour comprendre ce qu'il se passait en cette nuit du vingt quatre juillet 1996, il fallait remonter un peu dans le temps pour jeter un coup d'œil sur la vie d'un adolescent de seize ans à peine.

Lorsque le plus grand mage noir de cette époque, Lord Voldemort, avait tué ses parents alors qu'il avait un an, le jeune Harry Potter, s'était retrouvé à vivre chez son oncle et sa tante, sœur de sa mère. Cette décision fut prise par Albus Dumbledore, directeur de Poudlard, président du mangenmagot. Et sa vie avait directement pris le tournant vers l'enfer sans même s'être vue proposer une autre direction. Les dix années qui avaient suivies avaient été tout sauf le modèle d'une vie d'enfant. Sa famille le haïssait littéralement. Son quotidien n'était que corvées, faim, soif et séances de corrections brutales. Séances qui l'avaient toujours laissé au bord sinon inconscient et en sang. Et pourquoi ? Parce qu'il faisait de la magie accidentelle sans même comprendre de quoi il s'agissait vraiment. Parce qu'il était magique. Parce qu'il était le fils de ses parents. Parce qu'il était différent. Parce qu'il était là. Parce qu'il existait.

Pendant toutes ces années, il avait saisi sa différence. Il savait qu'il avait quelque chose de plus que son cousin. Quelque chose d'autre. Quelque chose de spécial. Quelque chose qu'il savait unique, magique sans jamais avoir le droit de mettre ce mot dessus. Il l'avait amèrement regretté lorsqu'il l'avait fait en toute innocence. Il avait toujours senti ce pouvoir en lui, il avait toujours entendu les murmures des ombres. Il ne savait pas ce qu'il était exactement mais il savait qu'il ne rêvait pas, qu'il y avait quelque chose. Et ce quelque chose avait été l'un des éléments le condamnant à la souffrance bien qu'il ne trouva jamais en lui la moindre colère envers ce don. Ce don qui faisait parti de lui, ce don qui faisait qu'il était lui. Il ne savait pas si c'était là le seul aimant qui attirait la haine des autres sur lui mais il savait qu'il s'agissait là de l'un des éléments de l'énigme.

Ainsi, il ne savait comment, il était parvenu à ses onze ans. Et à onze ans, il ne ressemblait pas aux autres enfants de son âge. Il était petit. Il était maigre. Il était chétif. Et il était très pâle car trop souvent privé de soleil. Ses cheveux bruns toujours en bataille étaient ternes, tout comme ses yeux d'émeraudes. Ils ne rayonnaient pas de l'innocence, de la naïveté, des rêves et de l'énergie propres à son âge. Non, il y régnait une certaine peur, habilement cachée derrière un masque de maîtrise et d'intelligence. Une peur viscérale accompagnée de solitude, de tristesse, de douleur. Son corps était déjà bardé de cicatrices. À ses onze ans, il avait cru voir sa vie changer lorsqu'enfin, on l'avait introduit au monde sorcier. On lui avait expliqué ce qu'il était. Qui étaient Lily et James Potter. Qui il était pour ce monde. Il était entré à Poudlard, à Gryffondor sous l'égide de son directeur qui avait fini par rapidement devenir son mentor. Il avait appris qui était Voldemort et il avait appris ce qu'on attendait de lui. Dés sa première année, il avait reçu des cours supplémentaires pour le préparer à toute éventualité. Éventualité qui n'avaient pas manqué de se présenter chaque année.

Il avait vite repéré des incohérences qu'il avait tardées pour lui. Au début, il avait cru qu'il rêvait mais son objectivité revenue au galop accompagnée de son réalisme l'avaient vite rattrapé pour se réinstaller fermement dans sa tête et ne plus en partir. On ne lui disait pas tout. Il le sentait. On ne répondait pas ou très peu à ses questions sous prétexte qu'il était trop jeune mais on le préparait subtilement à autre chose de bien plus gros. Enfin, le mot « préparer » n'était qu'une image car il avait bien saisi la chose. Une nouvelle guerre arrivait, il le sut dès sa deuxième année avec la seconde tentative du Seigneur des Ténèbres de revenir. Une guerre dont il serait l'élément central. C'était ce que tout le monde sous-entendait. Une guerre qu'il n'avait pas demandé. Personne ne s'était même posé la question de savoir s'il voulait prendre ce rôle qu'on lui avait préparé. Mais personne ne lui posait jamais de question, on imposait.

Il avait rapidement vu des choses qui ne lui plaisaient pas. Seulement, la guerre n'était pas encore là et il avait décidé de voir comment tout cela évolueraient, se contentant d'être ce que tout le monde voulait qu'il soit, regardant, observant en lui même. Il avait fait ses constatations. Tout d'abord, on lui cachait beaucoup de choses. On lui cachait presque tout, il le sentait. Mais il n'était jamais parvenu à obtenir quelques informations que ce soit sur lui même, sur ce qui l'entourait, sur le monde magique, sur Voldemort, sur Dumbledore. Non, on se contentait de lui donner des généralités et des préconçues qui convenaient à beaucoup de monde mais pas à lui. Il y avait trop d'incohérences, de blancs dans l'histoire. Mais le tout tenait la route et donc, il s'était dit que peut-être, il était paranoïaque. Cependant, il avait toujours tout gardé rangé dans un coin de sa tête.

Ensuite, on disait qu'on l'entraînait mais il était loin d'être idiot et il savait qu'il n'était pas du tout au niveau pour engager de véritables affrontements ne serait-ce qu'avec les élèves les plus âgés de l'école. C'était comme si on faisait semblant. Comme si on voulait juste maintenir une image, mais encore une fois, il n'était qu'un enfant donc c'était justifiable. Et puis il y avait ses amis qui, son instinct lui criait, n'étaient pas honnêtes. Il n'était pas dupe. Il ne sentait jamais à l'aise avec personne. Il se sentait épié même avec ses meilleurs amis : Ron et Hermione. Il ne se sentait pas en sécurité et certainement pas en confiance. Mais il s'était dit que peut-être, c'était là une réminiscence de son enfance.

Pendant ces quatre premières années, il avait eu des soupçons mais jamais de preuves flagrantes de quoi que ce soit, juste des impressions, des détails. Il s'était senti surveillé en toute circonstance. Il avait senti le regard de Dumbledore sur lui, un regard qui l'avait mis mal à l'aise. Il avait senti les regards de tous sur lui. Il avait remarqué des choses, des petites choses étranges mais il s'était dit que peut-être, il rêvait. Il avait voulu rêver parce qu'il avait souvent souhaité cette nouvelle vie. Une vie où il pouvait montrer sa vraie nature. Avoir des amis, des professeurs, des protecteurs. Un monde de merveilles. Il avait voulu oublier cette étrange angoisse qui persistait, il avait mainte fois voulu ignorer les murmures des ombres qui lui disaient que quelque chose n'allait pas dans ce monde. Elles lui murmuraient qu'il n'était pas à sa place, qu'il était dupé, qu'il était manipulé. Et c'était ce que son instinct lui disait aussi. Mais il avait espéré qu'il se trompait. Il avait vécu la vie de Harry Potter comme on l'avait subtilement poussé à le faire, accumulant pourtant les erreurs commises à son égard.

Et puis un jour, tout avait explosé. Il avait vu la vérité pour se retrouver complètement coincé. Pour se retrouver à vouloir souhaiter la mort. Tout ce qu'il croyait, même avec faiblesse, s'était vu devenir faux. Il s'était attendu à des cachotteries mais certainement pas à la bombe qui lui explosa en pleine figure le jour de la renaissance du Seigneur des Ténèbres, lors de la dernière épreuve du Tournoi des Trois Sorciers. Pendant sa quatrième année, son entraînement s'était incroyablement durci et le directeur avait même commencé à le soumettre au Doloris, « pour l'endurcir » avait-il dit, pour le préparer à ce sort très utilisé des mangemorts. Cette année avait été incroyablement difficile en plus du Tournois et il en avait appris un peu plus sur les partisans de Voldemort. Pourtant, rien ne l'avait préparé à ce qui l'attendait.

La vérité lui était donc venue à la résurrection du Lord. Alors qu'il revenait à la vie dans ce cimetière, l'esprit d'Harry avait été envahi d'images. Des images entrant par le lien qu'il sentait exister entre lui et le Seigneur. Et il avait vu. Il avait vu la vie entière de Tom. Il ne se rappelait plus rien de cette vision aujourd'hui mais il avait réagi au quart de tour une fois revenu à Poudlard. Il avait fait comme si de rien n'était, ramenant Cédric mort avec lui. Il avait fait son petit cinéma parfaitement joué, il s'était fait piégé par Barty Croupton junior et avait été sauvé par Dumbledore. Puis le directeur l'avait laissé à l'infirmerie, ayant des problèmes plus urgents à régler. Il savait que le Lord était revenu, bien que Harry n'ait rien dit à ce sujet.

Une fois seul à l'infirmerie, il avait écris une lettre. Une lettre à lui même. Très vite, le plus vite possible. Il n'avait pas de temps à perdre. Il devait protéger Tom et qu'il savait désormais comment Dumbledore risquait de réagir. Dans cette lettre, il avait écris :

Harry,

Je sais que tu ne t'en souviens plus mais c'est toi même qui a écris ceci. Je dois faire vite alors lis attentivement. Tu te souviens de la résurrection de Tom aujourd'hui ? Je sais qu'il a essayé de te tuer mais à sa place tu aurais fait la même chose. Ce que tu as oublié, c'est une vision que tu as eu alors qu'il revenait à la vie. Dans cette vision, tu voyais toute sa vie et tout ses secrets.

Tu avais raison lorsque tu supposais qu'on te cachait des choses mais c'est encore pire. En vérité, Dumbledore ne t'a jamais dit une seule vérité. Dans cette vision, tu as appris que Tom Riddle avait eu une enfance affreuse, comparable à la tienne d'une certaine manière. Lorsqu'il a appris l'existence du monde magique, ça a été une véritable révélation pour lui. Une nouvelle vie. Ce que tu as cru toi même avoir lorsque Hagrid est venu te chercher chez les Dursley. Il s'est investi à fond et il était un très bon sorcier. Il a appris tout ce qu'il y avait à savoir sur ce monde et il s'est rendu compte qu'il courrait à sa perte. Alors il est devenu un homme politique et il a voulu révolutionner ce pays, améliorer les choses.

Il était brillant et il avait de grandes idées pour sauver la magie de son extinction progressive et de la folie des sorciers. Il était strict et dur, ambitieux mais je te promet que ce qu'il voulait était pour le bien de tous. Il a alors réuni beaucoup de sorciers et de créatures autour de lui pour le soutenir et il est très vite devenu gênant pour beaucoup de monde.

Une lutte de pouvoir s'est engagée. Opposant principalement Tom à Dumbledore. Tom était très intelligent et il prenait l'ascendant. Dumbledore n'était pas du tout disposé à lui laisser le pouvoir même s'il menait le monde magique à la ruine totale. Ce qu'il veut le vieux, c'est le pouvoir et la gloire, rien d'autre. Tom devenant gênant et ralliant de plus en plus de monde autour de lui, il a décidé de ruiner sa réputation. Il voulait l'éliminer, le tuer, le faire oublier tout simplement. À cette époque, il y avait déjà quelques attaques d'un camps vers l'autre, quelques combats mais rien d'extraordinaire. Et puis le vieux fou a lancé son plan. Tu sais les attaques sanglantes sur les moldus, ce n'était pas Tom, c'était Dumbledore se faisant passer pour lui pour anéantir ses efforts et faire de lui un ennemi public.

Je te l'accorde, Tom n'a jamais été un enfant de cœur. Il est strict et dur. Il n'aime pas les moldus et à raison. Pour les mêmes que toi d'ailleurs mais aussi pour d'autres, les moldus tuent la magie. Il est exigeant et ses punitions en cas d'échec sont terribles mais il est juste. Il n'est pas le monstre sanguinaire qu'on t'a présenté. Il n'a jamais massacré des moldus pour le plaisir, il ne se noie pas de bonheur dans la mort et la torture. Toutes les horreurs qu'on lui reproche sont l'œuvre du vieux fou. C'est lui le monstre dans l'histoire. Je ne dis pas que Tom n'as pas tué et torturé, c'était la guerre, mais il l'a toujours fait avec de bonnes raisons. Il n'est pas un tortionnaire avec ses mangemorts au contraire.

Il ne faut pas le tuer, il faut l'aider sans quoi le monde magique disparaîtra. Dumbledore n'est qu'un fou qui veut le pouvoir et lui est véritablement un être sanguinaire qui aime faire souffrir et le pire c'est qu'il croit qu'il en a tout les droits. Il se prend pour une sorte de dieu tout puissant. Je te jure que ton intérêt est avec Tom pas avec le vieux. Le monde dont tu rêves c'est Tom qui est capable de le construire. Ne te laisse pas utiliser par Dumbledore, c'est la pire erreur de ta vie si tu décides de le suivre.

Dans cette vision, je n'ai pas vu grand chose qui nous concerne. Juste ce que l'on sait déjà : lorsqu'il a eu connaissance de la prophétie, il est venu t'éliminer parce que tu étais un danger pour lui. Il était en guerre et il ne pouvait pas se permettre de mourir, beaucoup de gens comptaient sur lui et lui avaient confié leur vie. Il a donc pris les mesures qui s'imposaient même si ça ne lui plaisait pas vraiment. Tu aurais agi pareil à sa place mais je suppose que tu es déjà arrivé à cette conclusion et que tu comprends ses actes. Je ne sais rien de plus que ce que l'on sait déjà sur ce qu'il s'est passé cette nuit là : la magie de maman t'a sauvé, en tout cas, c'est l'hypothèse la plus probable.

Dans cette vision, j'ai vu tout les secrets de Tom, sans exception. Et j'ai immédiatement su que si je devais me battre dans cette guerre, ce serait à ses côtés, pas au côté de Dumbledore. Son idéal, c'est le mien, le nôtre. C'est quelqu'un de bien et son idéologie est celle dont notre monde a besoin, j'en suis convaincu. J'ai donc décidé que je changerai de camp. Bon d'accord on s'est un peu chamaillé et j'ai dû me sauver pour ne pas qu'il me tue mais c'est une réaction normale je pense. Il faut juste trouver un moyen d'entrer en contact avec lui maintenant. Je sais que tu trouveras et que tu le persuaderas de t'accepter. C'est quelqu'un de réfléchi et intelligent, il t'écoutera, ce n'est pas un monstre. Mais voilà, avec la vision j'ai appris que Dumbledore était un fou furieux et qu'il est un légilimens incroyable, il peut entrer dans les esprits des autres à sa guise.

J'ai acquis la certitude qu'il ne se gênerait pas pour fouiller ma tête pour avoir des infos sur le retour de Tom. Et je suis incapable de me protéger, je ne sais rien de l'occlumencie qui est le seul pouvoir capable de l'en empêcher. Je savais je ne pourrai pas lui cacher son retour, il le savait déjà quand je suis rentré après tout mais il faut absolument préserver les secrets de Tom que j'ai vu. Alors j'ai eu l'idée d'écrire cette lettre pour me rappeler de tout ce qui était nécessaire, rien que Dumbledore ne sache déjà mais que je ne savais pas. Ces infos, je le sais, seront suffisantes pour te montrer ce que tu dois absolument savoir, ce que l'on t'a caché pour, je suppose, te garder « du côté de la lumière » tu parles ! Pour que tu puisses enfin diriger ta vie du bon côté en oubliant cette stupide prophétie. Je me suis ensuite lancé un oubliette dans lequel j'ai mis toute ma puissance pour effacer la vision de ma mémoire, en effacer les secrets de Tom pour le protéger. Dumby ne pourra jamais récupérer ces informations, pas par moi en tout cas, hors de question ! Et j'ai effacé aussi toutes les pensées que j'ai eu à propos de la vision et pendant que j'écrivais ceci. Voilà la raison de cette lettre.

Encore une chose, la magie de Tom vibre bien plus comme la tienne, je l'ai senti à travers la vision. J'ai toujours eu un blocage, un malaise étrange avec la magie que l'on m'enseignait. Je crois que Tom pourras te dire pourquoi. J'ai l'impression que ça a un rapport avec la magie blanche ou noire. Je crois que la mienne est plus noire que blanche d'après ce que j'ai vu avec Tom et que c'est pour ça que la magie blanche que l'on m'a enseigné ne me convient pas. Ne me demande pas pourquoi nous aurions de la magie noire avec des parents à la magie blanche, je n'en sais rien. C'est juste une intuition.

Je n'ai plus le temps, il faut faire vite je ne sais pas quand Dumbledore va revenir. Je n'ai plus qu'une chose à dire : j'aurais dû écouter les murmures des ombres, elles ont toujours eu raison.

Il s'était donc lancé l'oubliette pour protéger Tom. Il avait ensuite lu sa lettre et il s'était convaincu lui même que ce n'était pas un piège grâce à la mention du « murmure des ombres » dont il n'avait jamais parlé à personne. Il avait ensuite brûlé la lettre et commencé à chercher un moyen de rejoindre l'autre camp. La première bombe venait de lui exploser à la figure. Mais ce n'était pas fini. À ce moment, il se croyait encore libre de ses choix.

Deux minutes après l'épisode de la lettre, il s'était vu convoqué dans le bureau du directeur, escorté par sa directrice de maison. Il n'avait pas eu le temps de préparer quoi que ce soit et il avait eu peur de ce qui l'attendait avec ce qu'il venait d'apprendre sur le vieil homme. Il avait eu raison d'avoir peur. Dumbledore lui avait demandé des comptes sur ce qu'il s'était passé et il avait essayé d'inventer un mensonge pour n'avoir à donner aucun détail, ne sachant pas ce qui avait de l'importance dans ce qu'il s'était produit au cimetière. Le vieux fou avait vu la supercherie, il ne savait comment. Il était un bon acteur pourtant, il l'avait souvent prouvé. Il était entré en force dans sa tête, faisant céder ses jambes sous son poids. Et il avait vu le subterfuge de la lettre, il avait vu ce qu'il avait appris grâce à elle, il avait vu sa nouvelle résolution. Il était entré dans une rage folle et avait fait du dégât dans son esprit, tentant de retrouver la fameuse vision et ses précieux secrets, en vain. Ça avait été une souffrance atroce et ce jour là, à cet instant, Harry avait commencé à sentir sa magie s'abîmer sous le choc. Ça avait été affreux mais le vieux directeur s'était finalement retiré de son esprit.

L'adolescent se souvenait du regard fou qu'il avait alors et il avait explosé. Il avait insulté le jeune homme à terre et incapable de se défendre, il lui avait lancé il ne savait combien de Doloris. Et puis il avait finalement tout révélé dans sa colère. Il avait tout révélé sur Harry Potter qui en fait, n'était pas du tout Harry Potter.

Il avait raconté que le véritable Harry Potter était mort peu de temps après ses un an. Seulement, il avait préparé un plan qui dépendait de l'enfant. Il avait inventé une fausse prophétie pour attirer Tom dans un piège et le tuer, récoltant la gloire et le titre de sauveur du monde qu'il se serait approprié après le meurtre des Potter dans leur intégralité par Tom, ou par lui s'il le fallait. Il avait longuement préparé un piège magique à Godric's Hollow pour tuer Tom et il ne voulait pas laisser tomber ce plan. Aussi, il avait kidnappé un enfant pour prendre sa place, manipulant l'esprit de James et Lily pour qu'ils ne se rendent compte de rien.

Il avait choisi un enfant de mangemort, un enfant qu'il avait senti très puissant et il pensait faire une pierre deux coups en se débarrassant d'un potentiel futur ennemi en même temps. Il n'avait seulement pas prévu ce qu'il s'était passé ce jour là, cette fameuse nuit. Il avait dit qu'en arrivant, il n'y avait pas que la magie ancienne de Lily qui flottait partout mais aussi la sienne puissante au point d'avoir détruit tout son piège avec le Lord, toutes les barrières à plusieurs kilomètres. Cette nuit là, il avait décidé de faire de l'enfant une arme pour son utilisation personnelle. Il voulait sa puissance pour en faire son arme, se l'approprier. Il avait donc placé des sorts sur lui pour le faire passer pour Harry Potter plus longtemps et faire de lui le Survivant, sous son contrôle exclusif.

Il avait raconté comment il l'avait placé chez les Dursley en sachant pertinemment ce qui lui arriverait. Il voulait le briser pour qu'ensuite, lorsqu'il viendrait le chercher pour l'emmener à Poudlard, il le voit comme son sauveur. Ce qui aurait marché si l'enfant avait été naïf. Il voulait le maintenir sous contrôle pour qu'une fois sa magie mûre et formée lorsqu'il serait majeur, il puisse se l'approprier, lui voler. En attendant, il était son jouet et il lui faisait croire qu'il allait faire de lui une célébrité qui devait sauver le monde sorcier en tuant Tom.

Ainsi, il avait essayé de lui faire croire qu'il voulait son bien et qu'il se souciait de lui tel un grand père alors qu'il attendait juste de pouvoir prendre son pouvoir. Et il avait pris des précautions. Il avait dit que l'Ordre du Phénix qu'il avait reconstitué récemment, sentant les choses bouger, était au courant qu'il était un enfant de mangemort et tous le surveillaient. Il avait dit que les Weasley au complet et Hermione étaient au courant et qu'ils étaient grassement payés pour le surveiller et jouer le rôle « d'amis ». Il avait dit que toute sa maison avait été très subtilement chargée de le surveiller sous prétexte d'une possible trahison du Survivant pour Voldemort à cause d'une connexion entre eux. Pour le protéger et le garder dans le droit chemin. C'était en tout cas ce que pensaient ses camarades de maison, la chose renforcée par quelques sorts pour terminer de les persuader. Qu'il était pratique d'avoir tout les Gryffondor à la même table et dans le même dortoir pour les ensorceler facilement et maintenir l'enchantement.

L'adolescent avait alors su pourquoi il se sentait toujours épié, pourquoi on ne lui disait et rien on ne lui apprenait pas vraiment. On se servait de lui tel un outil. On s'assurait de le garder docile et manipulable en lui faisant endurer toujours plus et on s'assurait qu'il n'en n'apprenne pas trop. En faite, il avait juste été un enfant de mangemort puissant que l'on faisait lentement mûrir pour récolter son pouvoir. Un simple objet en somme. Le directeur lui avait dit qu'un enfant de mangemort, un enfant de la magie noire n'avait pas droit à la vie, qu'il était juste un jouet pour les gens puissants comme lui et qu'il devait lui obéir.

Ivre de rage, le jeune homme s'était évidement rebellé face à ses révélations, disant qu'il ne l'aiderait jamais, qu'il ne lui laisserait pas sa magie, qu'il irait rejoindre Tom ou qu'il se tuerait si nécessaire. Il voulait se venger et ne plus laisser la moindre victoire à ce fou. Dumbledore avait ri et s'était largement défoulé sur lui, le laissant en sang. Sous ses airs très maîtrisés, le vieil homme cachait une impulsivité toute Gryffondor et lorsqu'un de ses plans échouait, sa rage explosait. Ce jour là avait été la première fois où il l'avait vu dans cet état mais il s'était vite repris. Il avait ensuite bridé sa magie. L'adolescent avait eu l'impression de sentir des poignards se planter dans son corps pour ensuite exploser. Ça avait été terrible, la pire douleur qu'il avait jamais ressenti. Il avait été incapable de se défendre dés l'attaque mentale. Le directeur avait ensuite posé divers sorts sur lui pour le priver totalement de liberté. Et le jeune sorcier s'était retrouvé avec tout un tas de restrictions qui le coinçaient complètement.

Il devait obéir à Dumbledore. Il lui était impossible de parler de ce qu'il savait. Il ne pouvait parler de sa situation à personne. Il ne pouvait, par aucun moyen, se suicider. Il devait se comporter en bon petit Harry Potter. Obéir, se battre si on lui ordonnait, tuer si on lui ordonnait. Et il ne pouvait rien dire, par aucun moyen. Même si quelqu'un entrait dans son esprit, Dumbledore avait enfermé toute information sur lui et Tom, sur tout ce que pouvait savoir le jeune homme et toutes ses pensées concernant son complot et sa situation dans une sorte de bulle d'acier mentale que personne ne pouvait percer sans prendre le risque de le tuer sur le champs en perdant son contenu.

Il avait ensuite brisé la baguette de l'adolescent pour lui en fournir une qui ne marchait qu'à moitié. Et il s'était retrouvé coincé, forcé d'obéir et de respecter les règles. S'il ne le faisait pas, non seulement il recevait une punition magique des plus douloureuse mais la magie le forçait tout de même à faire ce que Dumbledore voulait. Le jeune sorcier n'avait plus eu aucun moyen de se sortir de là. Il ne pouvait quasiment plus faire de magie à cause des sorts qui l'entravaient. Il avait l'impression constante, depuis ce jour, d'avoir des poignards plantés dans le corps qui le faisaient souffrir à tout instant.

Et lors de sa cinquième année, il s'était retrouvé à se battre contre le camps qu'il voulait rejoindre sans pouvoir leur dire qu'il voulait les aider. Il ne pouvait pas souffler le moindre mot ou faire le moindre sous entendu et encore moins l'écrire. Ça avait été une torture affreuse. Surtout lorsqu'il s'était retrouvé face à ses parents. Dumbledore se servait de lui pour tendre des pièges à Tom qui voulait sa mort.

Puis en plus des combats, le directeur ne se gênait pas pour lui faire payer sa rébellion, veillant toujours à le garder en vie. Combien de tortures avait-il essuyé ? Il ne s'en souvenait plus. Dés que quelque chose n'allait pas, Dumbledore passait ses nerfs sur lui. Il n'avait plus d'amis, ou plutôt plus de faux amis puisqu'au final c'était tout ce qu'il avait jamais eu. Ceux qui étaient au courant qu'il était un fils de mangemorts savaient qu'il avait tout découvert mais qu'il était piégé et ils ne se gênaient pas pour lui rendre la vie encore plus dure. Le reste de l'école était assaillie par une rumeur selon laquelle il allait trahir, qu'il refusait de se battre, alors il n'avait plus personne. Il avait même appris que Sirius aussi avait joué avec lui pour son plus grand plaisir. Celui-ci avait d'ailleurs testé quelques sortilèges forts douloureux sur lui après que le vieux fou lui ait tout révélé.

Les Serpentard le regardaient étrangement mais ne l'approchaient pas et lui ne pouvait rien faire, rien. Il avait bien essayé de déjouer les règles, de tester les limites de sa magie bridée qui s'abîmait avec le temps mais il l'avait toujours amèrement regretté. Il avait essayé de contacter Tom sans succès. Il avait même essayé avec leur lien mais même ses pensées étaient sous contrôle alors il n'était parvenu à rien. Sa cinquième année avait été affreuse. Il avait souffert autant mentalement que physiquement et sa combativité s'était éteinte tout doucement avec sa volonté. Il n'avait rien demandé de tout cela. Il ne voulait plus se battre, il voulait juste vivre tranquillement mais il ne pouvait plus aspirer à rien d'autre que la mort. Il voulait juste qu'elle vienne avant que le vieux fou ne puisse lui voler sa magie, pour lui faire un dernier pied de nez. Mais ça semblait impossible, le vieux sorcier avait trop bien monté son coup.

Pendant un moment, il s'était raccroché à une idée, à un rêve qui existait toujours au fond de lui. Celui de retrouver sa véritable famille. Dumbledore avait adoré lui raconter comment il l'avait arraché à ses parents qui étaient de précieux fidèles et visiblement amis de Tom. Il avait jubilé en lui racontant comment sa mère était devenue presque folle à sa perte. Comment le Lord avait remué ciel et terre pour essayer de le retrouver. Comment ses parents le cherchaient encore et toujours même aujourd'hui. Il avait adoré lui dire qu'il se ferait un plaisir de le mettre face à eux et de le forcer à se battre contre eux sans que ceux-ci ne se rendent compte qu'ils essayaient de tuer leur enfant chéri.

Le directeur ne s'était jamais gêné pour entrer dans sa tête depuis la résurrection de Tom et lorsqu'il avait trouvé cet espoir de vivre avec sa famille, il en avait joué, torturant l'adolescent de la pire des manière qui soit. Pourtant, le jeune sorcier avait toujours ce rêve irréalisable. Il se souvenait de la première fois qu'il avait vu sa mère, lors d'un combat et il avait gravé son visage dans son esprit. Lorsqu'il se retrouvait à combattre de force sa famille, il luttait toujours farouchement contre les sorts. Bien que ça ne serve à rien, il le faisait parce qu'il ne voulait pas se laisser battre complètement. Il finissait toujours dans un piteux état mais il le faisait et il en était fier. Il rêvait souvent de sa mère le berçant dans ses bras et son père lui souriant. Il imaginait la vie avec eux. Et Dumbledore, le découvrant, c'était amusé à prendre leurs apparences pour le torturer. Toutefois, même submergé par la douleur et la souffrance, il ne s'était jamais trompé, il n'avait jamais confondu le vieux fou avec ses parents.

Il n'entendait plus le murmure des ombres. Alors il s'était juste raccroché à sa famille qu'il n'aurait jamais. Il savait qu'il se berçait d'illusions mais il ne lui restait plus que cela de toute manière. Depuis le jour où il avait appris qu'il n'était pas un Potter, il n'avait plus jamais pensé à sa personne en tant que Harry Potter. Il utilisait intérieurement son véritable nom, celui que ses véritables parents lui avaient donné et qu'il espérait entendre de leur bouche au moins une fois. Son véritable nom : Onyx Enaël Black Lestrange, fils de Bellatrix et Rodolphus Lestrange. Seule l'image fictive de sa famille lui permettait d'échapper à la folie en attendant la mort. Et dire qu'ils le cherchaient toujours. D'un côté ça lui réchauffait le cœur et d'un autre il enrageait de ne pouvoir leur dire à chaque fois qu'il se retrouvait face à eux. Mais c'était réconfortant de savoir qu'il comptait pour quelqu'un en tant que personne.

Il n'en pouvait plus, à subir torture sur torture, il voulait juste mourir et en finir. Et ce soir c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Comme tout les étés, il revenait chez les Dursley. Dumbledore disait qu'ainsi il n'avait pas à le surveiller puisque les protections autour de la maison ne le laisseraient pas sortir et ne laisseraient personne entrer pour lui. Et comme chaque été, il subissait les foudres de la famille. Mais cette année, c'était pire que jamais et il se doutait que le vieux fou avait passé un petit mot à Vernon. Après tout, il était payé pour « faire son éducation », il devait le faire bien comme avait ri le directeur.

Vernon avait été plus violent que jamais comme son cousin. Pétunia le faisait travailler avec joie, quand il pouvait bouger. Ça les amusait beaucoup. Il n'avait quasiment rien mangé ou bu depuis qu'il était là et il avait reçu un nombre incalculable de blessures. Et évidement, les sorts du directeur le soignaient toujours tout juste assez pour qu'il reste en vie. Mais tout juste. Alors ses os brisés le faisaient souffrir comme les lacérations qui constellaient sa peau. Il souffrait mais sa vie n'était pas en danger et il le savait, il le déplorait. Les sorts étaient programmés ainsi. Le vieux fou ne voulait pas lui laisser le plaisir de mourir mais il adorait le faire souffrir pour le garder tranquille, pour être certain qu'il ne puisse pas se rebeller, pour le punir d'avoir garder cette vision secrète, pour qu'il ne puisse réfléchir... Ainsi, il s'assurait qu'il n'aurait pas la force de tenter quoi que ce soit, qu'il ne deviendrait pas un danger, qu'il resterait docile...

Ce soir, ça avait complètement dégénéré. Il pouvait dire qu'il avait vu toutes les sortes de tortures avec Dumbledore et Sirius, qui reportait la haine de sa cousine sur lui. Sans compter les quelques fois où ça avait été Maugrey ou un autre. Ils le haïssaient tous. Dumbledore n'y était peut-être pas pour rien mais il fallait quand même une répulsion et une haine minimal pour que des sorts puissent pousser cela encore plus. Il savait aujourd'hui que le directeur était capable d'ensorceler tout le monde autour de lui, peut-être même de se servir de la magie de Poudlard pour toucher largement tout les élèves. Et cette haine que tous avaient pour Voldemort et les mangemort était déversée sur lui. Il connaissait la torture par cœur pour en avoir subi un panel impressionnant. Mais il y avait une chose qu'on ne lui avait jamais faite et Vernon avait eu la brillante idée de lui faire subir ce supplice : le viol.

Maintenant, il était bel et bien brisé. Mentalement d'abord, au fond du gouffre sans la moindre lumière. Il n'arrivait même plus à voir l'image heureuse de sa famille qu'il s'était fabriqué. Physiquement ensuite, baignant dans son sang dans sa chambre miteuse. Il avait un nombre ridiculement élevé de fractures et de plaies, d'hématomes, de brûlures... bref, de lésions en tout genre. Et enfin magiquement. Un viol était un acte affreux et il arrivait que lorsqu'un jeune sorcier dont la magie n'était pas stable subissait une telle chose, sa magie se rebelle violemment pour tenter de le protéger. Ce genre de relation n'était pas sans effet en magie et dans le cadre d'une relation consentie, voulue, avec de l'amour, c'était une magie réputée très agréable. Mais dans une telle situation, c'était d'une grande violence, la magie devenant folle dans ce sacrilège. Cela s'était produit avec lui. En se débattant contre les chaînes qui la bridaient, sa magie déjà abîmée s'était totalement déchirée, disloquée. Il avait senti la chose arriver petit à petit cette dernière année, son pouvoir dégradé par les chaînes mais là, alors que Vernon lui faisait ça, elle avait explosé, provoquant une souffrance abominable, physique, magique et psychique.

Dumbledore lui avait dit qu'il se fichait que cela arrive puisque ça ne l'empêcherait pas d'obtenir son pouvoir alors rien ne le protégeait contre une telle chose. Et maintenant, alors que le silence était retombé autour de lui dans sa chambre miteuse, il pleurait sa magie qu'il ne pourrait plus jamais utiliser comme avant. Il pleurait sa vie. Il pleurait pour sa famille, pour ses douleurs, pour tout ce qu'il avait subi. Il pleurait parce qu'il avait peur, parce qu'il était désespéré, parce qu'il n'en pouvait plus, parce qu'il voulait mourir. Le vieux fou voulait le détruire, et bien il avait réussi : Onyx était brisé et sans plus aucun espoir. Il voulait juste mourir vite, il n'attendait plus que ça.

Ce soir, il crut que pour une fois on avait entendu sa prière. Alors qu'il était paralysé de douleur, déchiré dans tout les sens du terme, il sentit la présence de Tom dans son esprit. Il ne pouvait rien dire, rien montrer, rien penser qui pourrait avertir le mage noir ami de ses parents. Celui qu'il aurait aimé aider et qu'il avait protégé. Le Lord venait souvent, l'attaquant sans délicatesse pour tenter d'avoir des informations. Onyx avait vite compris qu'en ne résistant pas, Tom ne se montrait pas brutal. Il n'en avait pas besoin. Il fouillait sans jamais rien trouver puisque le jeune sorcier ne savait rien ou alors c'était enfermé dans la bulle d'acier que le Lord, bien qu'il l'avait assurément remarqué, n'avait jamais forcé. Et puis il repartait, désespérant l'adolescent qui rêvait de l'appeler à l'aide. Cela se produisait toujours en pleine nuit et le mage devait le croire endormi.

Cette nuit, il était venu aussi, ne pouvant remarquer l'état de celui dont-il infiltrait l'esprit. Onyx voulait mourir et il sentait que le mage voulait vraiment des informations. Il était déterminé cette fois, plus qu'à l'habitude. Tom était toujours déterminé. Alors il eut une idée : il le poussa vers la bulle d'acier mentale comme il pouvait et il souhaita qu'il s'y attaque. Il savait qu'il y avait de grandes chances pour qu'il meurt si cette bulle était détruite. Le vieux comptait sur le fait que Tom ne voudrait prendre le risque de perdre sa source d'information, chose peu probable puisqu'il voulait sa mort, ou qu'il ne voudrait pas risquer un piège. C'était une magie puissante après tout et ça se sentait. L'adolescent souhaita qu'il s'y attaque, que tout ceci puisse enfin prendre fin puisqu'il n'y avait pas moyen de s'en sortir. Avec un désir assez puissant, il pouvait peut-être l'influencer inconsciemment. Son désir de mourir n'avait jamais été aussi puissant que ce soir et il pourrait mourir si Tom détruisait cette bulle. Ses lèvres tressautèrent en une parodie de sourire lorsque le mage noir s'y attaqua finalement avec toute sa puissance, causant un peu plus de douleur au jeune sorcier qui s'y était perdu totalement.

Cela ne prit pas autant de temps qu'Onyx l'avait pensé, ou alors il avait perdu cette notion, ce qui était fort probable. La bulle éclata brutalement sous les assauts du mage noir. Un raz de marée d'images, de sons, de pensées, de paroles et de sensations déferla. L'adolescent se sentit presque exploser de l'intérieur avant de sombrer brutalement, soulagé d'en finir enfin alors qu'il venait tout juste d'avoir seize ans en ce vingt quatre juillet, son véritable anniversaire.

Ce soir, Lord Voldemort avait décidé d'avoir des informations. Il en avait besoin, l'Ordre du Phénix et Dumbledore ne lui mettaient que trop de bâtons dans les roues, il fallait que ça change. Et quel meilleur endroit où chercher que l'esprit du Survivant, l'Élu qu'il s'évertuait à essayer d'éliminer depuis son retour. Il ne pouvait prendre le risque de disparaître à nouveau, il avait un projet et il voulait le réaliser. Il avait besoin d'informations. Cette dernière année, il avait retrouvé une bonne partie de sa force mais il y avait encore du travail et son principal souci était le vieux fou. Il avait déjà fait tellement de dégâts depuis le début de leur affrontement pendant la première guerre. Aussi, il tenta encore une fois de pénétrer l'esprit du Survivant, le centre de la résistance face à lui, le bijou de Dumbledore et des amoureux des moldus. Il s'étonnait toujours du contact de l'adolescent. Ses pensées étaient étrangement statiques, comme paralysées. C'était vide et pourtant, il n'y avait pas de barrière d'occlumencie. Il entrait sans difficulté.

Comme à chaque fois, l'adolescent devait dormir puisqu'il n'opposa aucune résistance. Et encore une fois, il ne vit rien, même pas l'ombre d'une pensée ou d'un rêve. C'était étrange et il se demandait ce que le vieux directeur avait inventé. Alors qu'il cherchait, il se sentit attiré vers cette mystérieuse bulle qu'il avait déjà détecté lors de ses précédentes visites. Il n'avait jamais rien vu de tel. Il ne savait pas trop ce que c'était, sûrement une sorte de coffre fort mental. Il ne l'avait jamais pris d'assaut. Mais il était persuadé que ce qu'il cherchait était caché là dedans. Il avait remis ça à plus tard, ne sachant pas à quoi s'attendre mais il en avait assez. Il voulait ces informations. Bizarrement, il sentit son envie de briser cette chose se renforcer, il ne savait pas pourquoi mais il ne s'en inquiéta pas : c'était trop faible pour être significatif.

Résolu, il s'attaqua à la tâche, se préparant à tout ce qu'il pouvait se passer. Il était maître en magie de l'esprit. S'il y avait un piège il saurait se défendre. La chose fut ardue et lui demanda toute sa puissance psychique. Mais ce ne fut pas long avant que la chose ne cède et qu'il accède à ce qu'elle contenait. Cependant, rien ne l'avait préparé à ce qu'il allait voir et jamais il ne s'était attendu à une telle chose. Tout se passa très vite, en une seconde mais elle lui sembla durer des heures, des années, une vie entière.

Tout déferla sur lui en un instant et il vit. Il vit d'abord l'enfance d'Harry Potter, une enfance horrible qui ne ressemblait pas du tout au monde doré qu'il avait imaginé. Il vit la clairvoyance de l'enfant face à sa magie. Il vit ensuite son entrée à Poudlard. Il découvrit sa méfiance vis à vis de ce qu'il se produisait autour de lui. Il vit sa perspicacité, son sens de l'observation, son jeu d'acteur pour passer pour un bon Gryffondor. Un véritable Serpentard. Il vit toutes les petites choses qu'il avait remarqué et trouva cela troublant lui aussi. Il vit ses premières séances « d'endurcissement ». Et il revit ce fameux soir au cimetière. Il perçut comme une sorte de blanc pendant ce passage et il en comprit l'origine lorsqu'il assista au subterfuge de la lettre.

Il en fut véritablement soufflé. Alors qu'il sentait la résolution de changer de camp du jeune sorcier. Il se demanda pourquoi ça n'était pas arrivé. Il sentait sa détermination et il était impressionné par la façon dont-il l'avait protégé, n'hésitant pas une seule seconde à se lancer un oubliette. Il comprit vite quand il arriva à la scène suivante. Il assista, ahuri, au déballage du vieux fou explosant de fureur en voyant son œuvre s'effondrer. Il en resta sans voix. Comme ça, il n'y avait pas de prophétie et Harry Potter n'était autre qu'Onyx Lestrange, le fils adoré de deux de ses amis. Il se souvenait encore de la manière dont Bellatrix s'était effondrée à la perte de son fils chéri. Elle l'aimait plus que tout. Elle et son mari s'étaient lancés à sa recherche, s'épuisant. Il les avait aidé à essayer de retrouver le bébé mais ils n'avaient jamais rien découvert. Bella avait viré un peu plus chaque jour vers la folie et Rodolphus était devenu de plus en plus froid et distant. Pourtant le couple était resté soudé et aujourd'hui encore, ils cherchaient leur bébé. Seule cette idée les avaient préservé de la démence lorsqu'ils avaient été enfermé à Azkaban. Dumbledore avait osé se servir d'Onyx ainsi. Il sentit une haine nouvelle monter en lui contre son ennemi.

Elle grimpa encore davantage lorsqu'il assista à la suite. Il le vit torturer l'adolescent, il le vit brider sa magie et lui imposer toutes ses règles. Il observa ensuite, impuissant, l'année qui avait suivi pour le jeune Onyx. Il le vit se faire torturer de toutes les manières possibles et imaginables, même lui n'était pas aussi sadique et créatif en la matière. Il sentit ses larmes intérieurs lorsqu'il se retrouva face à lui et face à ses parents, forcé de se battre. Il n'avait jamais rien vu de l'extérieur et il s'en voulu presque immédiatement, sentiment qui lui était totalement inconnu. Il le vit lutter de toutes ses forces pour s'empêcher de les attaquer malgré la magie qu'il le forçait. Il bouillait alors qu'il apprenait peu à peu ce qu'avait été la vie du jeune homme. Il le vit endurer en se raccrochant à l'image de ses parents qui le cherchaient. Et il le vit dépérir, se briser lentement. Terriblement lentement.

Il assista à tout, dans les moindres détails, percevant les moindres pensées du jeune sorcier désemparé, désespéré. Il arriva finalement au jour présent, au coup de grâce. Et il regarda avec horreur la scène de son viol. C'était affreusement brutal alors que l'adolescent était déjà en miette. Il sentit sa magie céder et se déchirer. C'était une sensation qu'il aurait aimé ne jamais percevoir. Pour la première fois, il se sentit très mal face au calvaire de quelqu'un.

Puis le calme revint alors qu'il digérait et qu'il sentait le désir de mort de l'adolescent. Cela n'avait rien d'étonnant après un tel calvaire. Il assista ensuite à son intrusion mentale, il sentit Onyx le pousser vers la bulle espérant que tout prendrait fin ce soir. Il se vit attaquer la chose et causer encore plus de souffrance au jeune sorcier. Il perçut l'explosion de la bulle, le déferlement et il sentit l'esprit du jeune homme sombrer. Soudain, la vision prit fin. Ça n'avait duré qu'une seconde et il sentit véritablement le jeune sorcier en train de mourir. Il n'hésita pas une fraction de seconde. Il projeta toute sa force dans les pensées d'Onyx et il le soutint, le retint, il fit tout ce qu'il put pour l'empêcher de partir définitivement. Et il y parvint. Il recueillit son esprit minuscule et faible au creux du sien, l'entourant et lui transmettant sa force. Une fois qu'il fut sûr que le lien était assuré et qu'il retenait fermement la vie du jeune sorcier, lui transmettant sa force, il revint à lui.

Il ouvrit brutalement ses yeux rouges. Il avait retrouvé le sublime physique de ses vingt cinq ans. Ses cheveux noirs d'encres tombant sur sa nuque. Sa peau pâle, ses traits fins. Sa haute stature et sa musculature élégante. Il était très beau, fier de ce constat. Il se leva d'un bond de son fauteuil. Sa magie crépitait violement autour de lui et avait fait exploser tout ce qu'il y avait dans la pièce, fait trembler le manoir entier. Il était fou de rage. Comment ce vieux fou avait osé faire ça à un enfant ? L'enfant de Bella et Rodolphus. Il allait payer ! Mais avant, il devait sauver le jeune homme. Il était hors de question qu'il meurt. Il allait le ramener à ses parents ce soir et même immédiatement.

Son explosion de magie avait réveillé tout le monde dans la demeure et bon nombre de mangemort se dirigeaient vers ses appartements en catastrophe alors qu'il sortait. Il ne fallait pas être devin pour voir qu'il était hors de lui, plus que jamais. Tout le monde s'écarta de sa route mais Lucius, son bras droit, se plaça à sa hauteur, avançant presque en courant pour le suivre.

- Que se passe-t-il maître ? demanda-t-il prudemment .

Il l'avait déjà vu en rage mais là, c'était vraiment débordant. Il se serait presque évanouit face à la magie qui l'assaillait. Elle était étouffante lorsqu'il était dans une telle colère.

- Je veux tout le Premier Cercle avec moi sur le champs. Nous partons en mission, dit-il de sa voix autoritaire.

En vérité, ils étaient déjà tous là, alarmés par l'explosion de leur maître. Il y avait Lucius bien sûr, Severus, Bellatrix, Rodolphus, Rabastan, Regulus Black, Nott, Zabini, Parkinson et Macnair. Ils étaient tous là puisqu'ils étaient censés avoir une réunion dans quelques minutes.

- Que se passe-t-il maître ? demanda Severus qui fut le dernier à arriver trois secondes plus tard alors qu'il remontait des souterrains où se trouvaient les laboratoires de potions.

- Pas le temps d'expliquer, dit-il sèchement avant de faire transplaner tout le Premier Cercle avec lui.

Ils réapparurent devant la maison des Dursley, les mangemorts abasourdis par la lourde magie chargée de colère, de haine et... d'inquiétude de leur maître qui ne fit aucun préambule. Il se jeta comme une bête sauvage sur les puissantes barrières qui entouraient l'endroit et qui malgré leur force, cédèrent en quelques secondes face à la rage du Seigneur des Ténèbres. Ils suivirent le Lord alors que celui-ci se dirigeait vers la maison, ne comprenant toujours pas ce qu'ils faisaient là. Voldemort défonça littéralement la porte en entrant.

- Parkinson et Mcnair, vous surveillez l'extérieur, ordonna-t-il. Black, Zabini, Notts, il y a trois moldus dans cette maison. Je les veux dans mes cachots au plus vite et inutile de les ménager, cracha-t-il avec haine alors que les désignés s'attelaient à leurs tâche sans discuter. Severus, appela-t-il ensuite en faisant signe de le suivre alors qu'il montait l'escalier quatre à quatre.

Le maître des potions se pressa à sa suite, vite imité de tout les autres. Il ne fallut pas une seconde à Tom pour trouver la bonne chambre et il poussa un cri de rage en voyant les verrous sur celle-ci. Il les explosa d'un sort et se précipita dans la pièce pour se figer face à la vision encore plus horrible car réelle, de l'adolescent baignant dans son propre sang. Il était nu et son corps était parsemé de blessures en tout genre.

- Severus, fait tout ce qu'il faut pour le sauver, ordonna-t-il.

Après un léger temps d'arrêt devant la scène qui s'offrait à ses yeux, le professeur se jeta au chevet de l'adolescent en sortant sa baguette et se mit au travail. Bella, Rodolphus, Rabastan et Lucius s'étaient placés autour de leur maître et certains n'avaient pu retenir leurs exclamations à la scène qui s'offrait à eux.

- Maître, qu'est-ce que... ? commença Lucius hésitant.

- Il agonise, souffla Severus alors qu'il lançait sort sur sort. Je ne sais même pas pourquoi il n'est pas mort.

- Parce que je le retiens, informa Tom. C'est moi qui l'empêche de sombrer. Soigne le et dés que l'on peut partir, préviens moi. Fait vite, Dumbledore ne va pas tarder.

- C'est Potter, remarqua Rabastan qui fixait l'adolescent.

- Pas vraiment, répondit le Lord alors qu'un hoquet de surprise secouait les autres. J'ai fait des découvertes ce soir. J'expliquerai lorsque nous serons rentrés. Avec lui. En attendant, restez sur vos gardes. Le vieux fou peu débarquer à tout moment. S'il vient, la priorité et de laisser le temps à Severus de le stabiliser pour ensuite le mettre en sécurité. À tout prix, précisa-t-il. Hors de question qu'il meurt ou que le vieux le récupère.

Abasourdis, ils acquiescèrent tous, se demandant ce qui avait mis leur maître dans cet état et pourquoi tout d'un coup, il voulait sauver Potter. Ils restèrent en silence un long moment alors que Severus s'affairait, le visage grave et sérieux. Il était pâle, plus pâle qu'à l'habitude et ça, tous l'avaient remarqué. Voldemort prit le parti d'attendre de rentrer au manoir pour révéler l'identité du jeune homme. Il jeta un coup d'œil au couple Lestrange. Ils seraient sûrement ravis de retrouver leur fils et furieux de ce qu'il avait subi. Il fallut un long moment au maître des potions mais finalement, il se redressa :

- Nous pouvons y aller, déclara-t-il. On peut le bouger.

Le Lord s'avança sans hésitation et souleva l'adolescent dans ses bras sous les indications d'un Severus déstabilisé par la scène lui disant comment le prendre pour ne pas le blesser davantage. Le Seigneur des Ténèbres le serra contre lui avec attention et douceur, étonnant au plus haut point les autres. Ils transplanèrent ensuite en un instant et réapparurent dans les appartements de Tom qui s'empressa d'aller installer sa charge sur le lit de la chambre d'ami. Il le fit avec milles précautions puis le maître des potions reprit son travail, appelant un elfe de maison qu'il renvoya chercher toute une liste de potions. Macnair, Parkinson, Regulus, Zabini et Nott les rejoignirent à cet instant, les trois derniers confirmant que leur tâche était accomplie.

- Comment va-t-il ? demanda Tom en se tournant vers le lit.

- Mal, très mal, répondit Severus.

- Il survivra ? questionna-t-il avec une inquiétude qui intrigua tout le monde.

Le Seigneur des Ténèbres ne montrait que très rarement des sentiments. Certes le Premier Cercle avait déjà vu cette partie de lui parce qu'ils tenaient bien plus des amis que des serviteurs, mais ils ne savaient quoi penser de cette angoisse à l'égard du Survivant.

- Je vais tout faire pour maître, répondit le potionniste. Je suis presque sûr de pouvoir le sauver mais ça va être juste et il est clair qu'il n'en sortira pas indemne. Loin de là. Pouvez-vous le supporter encore un peu ?

- Tout le temps qu'il faudra, annonça Tom.

- Cela m'aidera à le sauver avec votre soutient, confirma l'homme.

- Très bien, fait.

Le Lord conjura ensuite un siège et s'assit, le regard vissé sur l'adolescent. Il enjoignit d'un geste les autres à en faire de même et ils formèrent bientôt un cercle au bout du grand lit à baldaquin.

- D'abord, ce n'est pas Harry Potter, commença le Seigneur des Ténèbres d'une voix redevenue calme et neutre.

Il était rassuré de savoir que Onyx était entre des mains expertes, n'envisageant rien d'autre que sa survie et il avait repris le contrôle de lui même. Leurs esprits étaient toujours mêlés et il sentait la faible étincelle de vie fuyante du jeune sorcier reprendre racine doucement, très lentement.

- Ça n'a jamais été Harry Potter. Le vieux fou nous a trompé, expliqua-t-il.

Tous étaient pendus à ses lèvres et même Severus écoutait d'une oreille. Le Lord noir expliqua comment il avait décidé d'obtenir des informations via le lien qu'il avait avec le Survivant. Il décrivit la bulle mentale et sa décision de la percer.

- J'étais sûr que les informations que je voulais étaient cachées là. Mais j'ai trouvé tout autre chose. Ce jeune sorcier n'est pas Harry Potter. Harry Potter est mort il y a longtemps et le vieux fou a mis ce jeune homme à sa place alors qu'il n'était qu'un bébé. Il y a des sorts pour changer son apparence, expliqua-t-il.

- Si ce n'est pas Potter, qui est-ce ? demanda Lucius.

- Quelqu'un que nous avons cherché partout, répondit le Lord en se tournant vers Bellatrix et Rodolphus assis l'un à côté de l'autre. C'est votre fils, lâcha-t-il en les fixant sérieusement. C'est Onyx que Dumbledore avait kidnappé.

La pièce entière ce figea mais fut de nouveau animée par Severus qui sortit de sa stupeur rapidement, redoublant d'ardeur à sa tâche. Le couple Lestrange fixait l'adolescent, ne semblant pas y croire, comme tout le monde. Ils se tournèrent finalement vers leur maître, le regard plein de questions, incapables de parler. Le Lord raconta alors ce qu'il s'était produit et tout ce qu'il avait vu. Il ne cacha pas les détails, préférant tout lâcher d'un coup. Il savait qu'il pouvait avoir confiance en chaque personne présente. Il s'était demandé un instant s'il ne devait pas ménager le couple Lestrange mais il préféra finalement tout leur dire. Cela faisait assez longtemps qu'ils cherchaient leur fils dans l'angoisse. Ils avaient le droit de savoir et il était plus simple de tout raconter d'un seul tenant.

Il dépeignit tout ce qu'il avait appris sur l'adolescent, dans l'ordre où il l'avait vu. Son enfance, son entrée à Poudlard, ses doutes, ses observations... Puis il parla du Tournois et des premiers entraînement au doloris. Il en vint à sa résurrection et à ce qu'il avait découvert via la vision et comment il avait rapidement pris la décision de se jeter un oubliette pour les protéger. Alors que sa colère remontait doucement, il expliqua ce que Dumbledore avait ensuite fait, ce qu'il avait révélé et l'année qui avait suivi pour enfin arriver à ce soir.

Il avait vu tout cela en une seconde dans l'esprit de l'adolescent mais il lui fallut un très long moment pour tout raconter. Tous l'écoutaient en silence, de plus en plus pâles. Rodolphus et Bella semblaient presque malades et il y avait de quoi. Le Lord leur expliqua comment le jeune sorcier s'était raccroché à leur image et il se passa alors une chose que peu pouvaient se vanter d'avoir vu : des larmes roulant sur les joues de Bella qui serrait la main de son mari. Il parla de la fausse prophétie et du piège tendu à Godric's Hollow. Il termina en disant qu'il était sûr que tout ce qu'il avait vu ne pouvait être factice. Il en était certain grâce à la magie qu'il avait senti.

- Quand je suis sorti de la vision, je l'ai senti mourir. Je l'ai retenu comme je pouvais puis nous y sommes allés, conclut-il alors qu'il fixait toujours Onyx.

Un long silence s'étira alors que tous digéraient ce qu'ils venaient d'apprendre. Severus était complètement concentré sur sa tâche alors qu'il bandait les blessures du jeune sorcier.

- Severus, appela la voix tremblante de Bella, il va... ?

- Il va survivre Bella, assura le maître des potions. Mais son état est grave, il va garder des séquelles.

La femme se leva et s'approcha un peu du lit d'un pas mal assuré suivie de son mari. Ils se postèrent au bout du matelas pour ne pas gêner Severus. Le couple n'en revenait pas, ils avaient enfin retrouvé leur enfant. Mais dans quel état ?! Ils étaient incroyablement heureux et bouleversés parce qu'ils avaient entendu. Ils étaient aussi tristes et s'en voulaient de n'avoir rien vu toutes les fois où ils avaient croisé leur enfant. Bon sang, ils avaient failli tuer leur bébé plusieurs fois mais merci Merlin, ils n'y étaient jamais parvenus. Et surtout, surtout, une haine incroyablement puissante avait vu le jour. Une haine nouvelle envers Dumbledore, envers Sirius, et envers tous ceux qui avaient participé au malheur de leur enfant. Ils se vengeraient mais pour le moment, il n'était même pas envisageable pour eux de s'éloigner de ce lit.

Severus termina finalement. Il soupira et s'éloigna de l'adolescent pour aller s'écrouler dans l'un des sièges laissés libres par le couple. Bella s'approcha alors de son fils avec lenteur. Il était très pâle, respirait faiblement et difficilement, il était couvert de bandages, dramatiquement maigre et son visage était couvert d'une fine pellicule de sueur. Elle s'assit élégamment près de lui et tendit une main vers sa joue. Ses doigts effleurèrent la peau froide puis sa paume vint s'y accoler et elle caressa légèrement ses traits. Pour la première fois depuis quinze ans, depuis la disparition de son bébé, plus aucune lueur de folie ne planait dans les yeux de Bellatrix Lestrange. Il n'y avait plus que de l'amour et une extrême inquiétude. Elle se pencha finalement et colla son front à celui de son fils retrouvé. Elle ferma les yeux alors que les larmes roulaient sur ses joues. Elle encadra son visage de ses mains et murmura son nom avec tendresse. Rodolphus s'assit derrière elle et c'est avec révérence qu'il prit la petite main de son fils dans la sienne avant de soupirer.

- Merci de l'avoir sauvé maître, remercia Bella en se redressant.

Elle se tourna vers Tom avec un léger sourire, les joues tachées de larmes :

- Merci d'avoir sauvé notre bébé, réitéra-t-elle en prenant la main libre de son mari.

Celui-ci adressa lui aussi un signe de tête reconnaissant à son maître avant de reporter son attention entière sur son fils dont-il tenait la main.

- Il était hors de question de le laisser mourir, répondit Tom. Il est votre fils et j'avais promis de vous aider à le retrouver. J'aurais dû le voir plus tôt. Dumbledore et tout les autres paieront pour ce qu'ils lui ont fait subir. En attendant, nous allons faire en sorte de nous occuper de lui. Je ne sais pas si le vieux fou tient assez à son pouvoir pour tenter de le récupérer mais dans tout les cas, nous le protégerons, annonça-t-il.

- Merci maître, répondit Rodolphus alors que Bella caressait le visage d'Onyx. Severus, tu peux nous dire tout ce qu'il a ? demanda-t-il ensuite.

- Il avait de nombreuses fractures, commença l'homme fatigué. J'ai pu ressouder ses os mais ils vont rester longtemps fragiles. Il y avait aussi beaucoup de dommages internes. Je les ai soigné aussi mais il va lui falloir du repos pour guérir complètement. Et puis il y a toutes ses blessures, brûlures et coups. Avec les potions, ça devrait être réglé d'ici trois ou quatre jours. Pour les sorts qui sont posés sur lui, pour son apparence et le reste, je les enlèverai demain quand j'aurais repris des forces et il retrouvera son apparence d'origine. Le sort qui bridait sa magie a lâché quand... sa magie s'est déchirée ce soir.

- Qu'est-ce que ça va avoir comme conséquences sur lui ? demanda anxieusement Rodolphus. Pourra-t-il encore faire de la magie ?

- Un déchirement aussi brutal de sa magie est la pire chose qui puisse arriver à un sorcier, on y survis pas normalement, expliqua le maître des potions la voix grave. Il n'y a pas beaucoup de cas à travers l'histoire donc je ne peux pas vous dire avec certitude. Cependant, je pense qu'il pourra encore faire de la magie mais d'une manière sûrement bien différente de nous. Il va devoir apprendre à maîtriser sa magie comme elle est maintenant et ça ne va pas être facile en plus du reste.

- Du reste ? demanda Bellatrix avec inquiétude.

- Tout ce qu'il a subi a laissé des traces, soupira Severus.

- Expliques nous Severus, demanda Rodolphus, tout, précisa-t-il.

- Premièrement, commença le maître des potions. Avec l'enfance qu'il a eu, il a hérité d'un physique plus faible que les autres à cause des carences. Il tombera plus facilement malade, surtout avec ce qu'il a subi cette dernière année qui a considérablement abîmé son corps. Il tombera plus facilement malade et sera vite fatigué, sera facilement blessé s'il y a choc ou quoi que ce soit. Il risque d'avoir des douleurs chroniques. Il aura aussi du mal à marcher et à bouger avec tout les dégâts que ses jambes et sa colonne vertébrale ont pris en plus des doloris qui ont abîmés son système nerveux. Heureusement, si on peut dire, il n'y a pas de dommages sur ses facultés psychiques, uniquement sur ses facultés motrices. Le plus compliqué va être sa magie, dans l'état où elle est, elle est très instable. Il risque d'avoir des explosions incontrôlées comme chez les jeunes enfants. Ça ne causera pas de dégâts autour de lui mais ça risque de le blesser lui. Et puis, il faudra être très prudent avec la magie exercée sur lui. Avec sa magie déchirée, un sort mal placé ou mal exécuté pourrait le tuer. Les prochains mois vont-être difficiles pour lui.

Un long silence plana puis ce fut le Lord qui prit la parole :

- Quand se réveillera-t-il ? demanda-t-il.

- Pas avant une semaine au moins, répondit le maître des potions. Il est dans un coma magique et il vaut mieux qui y reste encore quelques jours. Ça lui épargne la douleur de ses blessures et du déchirement de sa magie qui ne s'atténuera pas avant un moment.

Tom, qui se trouvait toujours dans l'esprit de l'adolescent via le lien, commença à s'en retirer en surveillant attentivement sa flamme de vie. Il se rassura lorsqu'il constata que bien que faible, elle resta fermement en place. Il se retira alors complètement, le laissant se reposer.

- Vas te reposer Severus puis tu retiras les sorts et tu veilleras sur sa santé. C'est la seule mission que tu auras ces prochaines semaines. Il va falloir que l'on revoit ta couverture. D'après ce que j'ai vu, quasiment tout l'Ordre du Phénix était au courant pour Onyx, si tu ne l'étais pas et je sais que tu ne l'étais pas, c'est que Dumbledore te soupçonne plus que nous l'imaginions. Maintenant que nous avons récupéré Onyx, il te soupçonnera encore plus alors tu vas devoir faire très attention s'il te convoque. Si tu sens qu'il y a trop de danger, tu reviens. Tant pis pour ta couverture.

- Très bien maître, répondit Severus.

- Rodolphus et Bella, reprit-il ensuite. Évidemment, vous êtes dispensés de toute mission. Occupez vous de votre fils, dit-il alors que les deux parents lui adressaient un sourire reconnaissant. Rabastan et Regulus, je n'ai pas de mission pour vous pour le moment donc vous veillerez à sa sécurité. On ne sait pas si le vieux fou va tenter de le récupérer. Je ne crois pas qu'il puisse trouver cet endroit mais nous ne sommes pas à l'abri d'un espion dans nos rangs. Pour les autres, rendez vous au matin. Grâce à ce que j'ai vu dans son esprit, j'ai quand même appris pas mal de choses. Il est très observateur et intelligent, il a noté beaucoup de détails qui nous seront utiles. Nous en discuterons.

- Peut-on le bouger Severus ? demanda Rodolphus. J'aimerais l'installer dans nos appartements si ça ne vous dérange pas maître.

- Vous pouvez le bougez avec précaution, répondit le maître des potions alors que le Lord noir approuvait d'un signe de tête. Faites attention à ses blessures, elles ne sont pas encore refermées.

- Bien. Je vais aller réfléchir un peu à tout ça. Rendez vous dans quelques heures pour ceux que j'ai convoqué, rappela Tom en se levant. Cela va sans dire que seules les personnes de confiance peuvent être mises au courant de ce que nous venons de découvrir.

Il sortit ensuite et fut bientôt suivi par Parkinson, Zabini, Macnair et Nott qui adressèrent tout de même des paroles d'encouragement et de soutient au couple, leur promettant de les aider à venger leur fils. Ils étaient presque tous parents et ce qu'avait subi l'enfant de leurs amis les révoltait. Severus s'en alla prendre un peu de repos suite à la grande quantité de magie qu'il avait dépensé pour stabiliser et soigner Onyx. Bella et Rodolphus le remercièrent et il les prévint qu'il reviendrait vite pour lever les sorts. Lucius voulut le suivre mais Bella l'interpella :

- Tu veux bien prévenir Cissy pour moi ? lui demanda-t-elle. Et lui demander si elle veut bien passer nous voir quand elle en aura le temps ?

- Je pense que tu la verras arriver dans moins d'une heure, répondit le blond avec un sourire. Je la préviens tout de suite. Elle va être ravie de savoir que l'on a retrouvé son filleul.

- Merci Lucius, termina Bella alors que le blond sortait.

- On va aller s'installer dans nos appartements, annonça Rodolphus.

Sa femme se leva alors et l'homme prit son fils dans ses bras avec une délicatesse extrême, faisant bien attention à ne pas lui causer de tort. Il le serra contre lui alors que le visage pâle était posé contre son épaule, se promettant qu'il ne laisserait plus jamais personne toucher à sa famille et encore moins à son fils chéri. Il l'avait enfin retrouvé et il ne s'était jamais senti aussi heureux de toute sa vie. Bellatrix conjura une couverture qu'elle déposa sur son bébé qui ne portait rien d'autre qu'un boxer en plus des bandages. Elle le couvrit soigneusement avec un léger sourire écartant ensuite ses cheveux de son visage d'un geste doux. Elle suivit son mari qui sortit en marchant doucement pour ne pas secouer sa précieuse charge. Regulus et Rabastan emboîtèrent le pas au couple en silence, heureux eux aussi.

Ils gagnèrent les appartements qui leur étaient réservés à l'étage du Premier Cercle. Ils traversèrent le riche salon et entrèrent dans une grande chambre juste à côté de la chambre parentale. Rodolphus s'approcha de l'immense lit à baldaquin qui trônait dans la pièce. Bella alla tirer les couvertures et draps de soie noire pour que son mari puisse installer Onyx. L'homme le fit avec délicatesse, déposant doucement sa tête sur les grands oreillers. Ils ne le couvrirent que légèrement pour ne pas empirer sa fièvre et Bellatrix s'assit à côté de lui. Elle appuya son dos dans les coussins et passa son bras autour de la tête de son fils, se mettant à jouer de son index sur sa joue. Rodolphus s'assit de l'autre côté, les deux parents encadrant ainsi étroitement l'adolescent, et il passa lui aussi son bras au dessus de la tête du jeune sorcier, ses doigts allant effleurer l'épaule de sa femme plongée dans la contemplation du visage endormi. Regulus et Rabastan prirent place dans des fauteuils et le Black prit la parole :

- On a enfin rassemblé toute la famille, remarqua-t-il avec un léger sourire.

- Oui, je vais enfin pouvoir gâter mon filleul comme il se doit, lança Rabastan avec légèreté.

- Tu vas devenir un parrain gâteau, se moqua son frère.

- J'ai toujours voulu l'être, répondit-il en faisant doucement rire les autres. J'ai pas mal d'années à rattraper, dit-il plus tristement en regardant Onyx.

Un lourd silence retomba dans la chambre alors que tous regardaient l'adolescent endormi. Oui, ils avaient beaucoup à rattraper, beaucoup à soigner mais ils avaient la possibilité de le faire désormais et c'était le plus important.