Bonjour, bonsoir !

Alors si le texte précédent était un "essaie", celui ci l'est encore plus ! Je suis assez mitigée sur le rendu, je l'admets. Là où le précédent me plaisait assez bien, ici, j'ai l'impression d'un manquement. Je ne serais dire !

Bonne lecture !


Texte n°3 : Quiet

Couple : Aiolia & Shura


Il faisait encore sombre lorsqu'Aiolia arriva à la sortie de la ville. Le ciel était couvert de nuage, promesse d'une journée grise, peut être pluvieuse. Certainement pluvieuse. Du bout du nez, il le sentait, l'air se remplissait d'une lourdeur qui promettait une sacrée averse. Le chevalier du lion était étrangement sensible à ce genre de caprices météorologiques. Beaucoup s'étaient amusés à relier ce drôle d'instinct à la nature de sa constellation, et bien que cela avait tendance à l'exaspérer, il n'avait jamais su si cela était vrai. Au final, c'était un détail qui ne changeait pas tant le constat final : il allait probablement pleuvoir et il n'aimait pas ça.

Après quelques minutes de marche, le chevalier quitta le sentier aménagé pour la route et continuer son chemin sous les arbres. Plus il s'avançait, plus la civilisation s'éloignait. Il marcha à travers les herbes folles, se rappelant avec une certaine nostalgie de la difficulté de faire ce même trajet pour le Aiolia âgé de dix années seulement. L'esprit perdu dans ses souvenirs, ses pas se chargèrent de l'amener au pied d'une colline donnant sur la mer. Un bel endroit où le lion aurait pris plaisir à dormir au soleil, dans d'autres circonstances.

A quelques mètres de lui se tenait un homme dont il n'eut pas de mal à reconnaitre la silhouette malgré la distance. Droit, les mains dans ses poches, le regard concentré sur un morceau de bois vieillit. D'abord, ce fut la surprise, puis un autre sentiment que le chevalier avec du mal à nommer. Ou peut-être le savait-il, mais ne se permettait pas encore de prononcer ? Tout était encore trop bizarre. Le passé encore trop présent dans le cœur de chacun, la rancune et la colère étaient tenaces, même pour le valeureux qu'il était devenu.

Sans un mot, il s'avança. A quoi bon ? Aiolia savait que l'autre avait senti sa présence. Il avait compris comme lui avait compris. Alors encore une fois, à quoi bon ? Seuls les bruits de ses pas se faisaient entendre, puis encore une fois, le silence. Deux hommes devant un petit mont de terre.

Aiolia à droite, Shura à gauche et une tombe de fortune devant eux. Le bois était griffonné maladroitement, rendant difficile la compréhension de ce qui y était écrit. Aucun nom, juste une série de chiffres. Une simple date. La fin du bonheur et le début du calvaire.

« Depuis quand connais-tu cet endroit ? »

Sans trop le vouloir, Aiolia se mit à chuchoter. Ce petit coin de terre avait ce quelque chose de solennel, trop symbolique même, comme si une note trop allait briser tout ce qui avait vécu en ce lieu. Pensant sûrement pareil, la voix de Shura n'en était pas plus haute.

« Plusieurs années.

- Tu ne voudrais pas faire plus vague comme réponse ?

- Je ne sais plus exactement. Un peu plus d'un an après … cette nuit-là...

- Toujours du mal à citer ces mots, hein ? »

Shura resta muet. Les yeux rivés vers la tombe de fortune.

« Comment l'as-tu trouvé ? »

Il ne répondit pas de suite, laissant sans le vouloir un temps pour le ciel de gronder. L'air devenait de plus en plus lourd. Aiolia n'aimait pas ça.

« En te suivant.

- Tu comptais finir le travail ?

- Jamais ! »

Pour la première fois depuis le début de leur échange, Shura avait levé les yeux vers lui. Un regard trouble, débordant d'une culpabilité qui arriverait presque à le submerger.

Incapable de soutenir son regard, Shura baissa de nouveau les yeux vers le bloc de terre, se raccrochant comme il le pouvait à ce vieux bout de bois à l'allure un peu pathétique. Aiolia se demanda ce que le capricorne avait lu dans son regard. Qu'est-ce qui se jouait dans ses yeux à lui lorsqu'ils étaient amenés à croiser celui qui avait tout causé ? Pourrait-il l'aider à comprendre ? Tant que le capricorne gardait les yeux au sol, certainement pas. Il était conscient que son caractère n'aidait pas. Aiolia n'était pas de ceux à manier le cynisme et le sarcasme - ça, il les laissait volontiers à des personnes comme Aphrodite et Kanon. Mais là, il s'agissait de Shura. Shura et ses mains tachées de sang, Shura et ses yeux qui demandaient pardon, Shura qui était aussi perdu que lui.

« J'étais inquiet pour toi. »

Aiolia ne comprit pas, alors d'un simple regard, il lui fit comprendre qu'il attendait la suite.

« En rentrant de mission, j'ai entendu un groupe de chevalier parler de toi. Ils se vantaient de t'avoir battu. Lorsque j'ai compris qu'il t'avait abandonné à ton sort, je t'ai cherché. Je t'ai cherché longtemps. J'ai fini par trouver l'endroit où ces gens t'avaient frappé. J'ai suivi les traces de sang et je suis arrivé ici.

- Je ne m'en souviens pas. »

Ce n'était peut-être pas ce qu'il y avait à dire dans ce genre de moment-là, mais c'était la seule réponse qui lui venait. Ce scénario, il l'avait tellement connu, c'était un simple jour de la semaine pour lui. Les années qui avaient suivis la mort de son frère, l'officialisation de sa trahison, ce ne fut qu'un cycle de violence qui recommence encore et encore.

« Je comprends… »

Il ne rajouta aucun mot. Au-dessus d'eux, l'orage approchait. Le ciel gris avait laissé sa place à de gros nuages sombres, quelques éclairs se faisaient ici et là, le premier coup de tonnerre était une sommation, le gros de l'orage ne tarderait pas à s'exprimer.

« J'aimerais savoir quelque chose. » Fit finalement Aiolia. « Personne ne connait cet endroit et pourtant, depuis des années, quelqu'un venait y déposer des fleurs. Cette personne en profitait pour nettoyer tout autour de la tombe. Cette personne, c'est toi ? »

Shura écoutait religieusement le récit du lion, l'expression grave, il ne se permit qu'un hochement de tête.

« Pourquoi n'avoir rien dit ?

- M'aurais-tu écouté ?

- Très peu de chance.

- Tu as ta réponse. »

L'air devenait électrique, une ambiance qui chatouilla le bout du nez du lion. Le sentiment était désagréable, cette discussion aussi, d'ailleurs. Décidément, il aurait dû rester au lit, ça lui aurait évité cette situation étrange.

« Tu sais » Commença Shura d'une voix basse. « Je ne pouvais pas m'empêcher de venir, mais je n'étais pas naïf. Tu… Enfin, j'avais peur que mes visites soient mal interprétées. J'aurais bien été incapable d'expliquer pourquoi … pourquoi je venais sans cesse … ici.

- Et maintenant ?

- Maintenant ?

- Tu serais capable de l'expliquer ? »

Si le silence fut une réponse suffisante, toute l'attitude du capricorne empêchait un quelconque doute. Tendu, les poings serrés, la tête baissée et les yeux troubles, perdus, hantés. Comme lui, comme tant d'autres depuis la nouvelle ère de la résurrection. Rien n'était évident, forcément…

D'un geste de la main, Aiolia créa un rayon de lumière qu'il lança sur la tombe sans nom.

« Rentrons, Aioros nous attend. »

Il ignora sciemment le choc sur le visage de son camarade, il ne réagit pas plus lorsque ce dernier se décida à le rattraper. Dans un silence dont ils avaient à présent l'habitude, en attendant d'être de nouveau capable de parler, ils rentrèrent vers le sanctuaire.