Ma vie c'est de la merde avec cet enchaînement. Tant pis : on continue sur du Hawks's appreciation. (et encore sur du cul, oupsi)


Doré [Writober 06-10-03]

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Son monde était doré. Doré. Doré. Doré.

Des montagnes d'or qui dévalaient la pente de son âme. Des cascades ambrées s'écroulant de toutes leurs tonnes sur lui pour mieux l'étouffer. Des enivrants tintements de chrysocale lui abrutissant les tympans.

Tant d'or, juste pour lui. Plus d'or que tous les empereurs du monde réunis. Plus d'or que tous les contes pouvaient bien imaginer. De l'or liquide, bouillonnant, bien plus brûlant que son propre alter. Il pénétrait en lui par intraveineuse pour engorger ses artères, bloquer l'arrivée d'air dans ses poumons, empêcher ses organes de travailler correctement. Ils lâchaient les uns après les autres, il pouvait clairement le sentir. En cet instant, il doutait même que son cœur n'ait jamais fonctionné un jour.

Une vision de la petite mort.

Dabi se rappela qu'une réalité existait peut-être là, autour, lorsqu'une main douce se posa sur sa joue. Il lui semblait qu'il avait arrêté de respirer depuis une éternité. Son alter roulait dangereusement dans sa gorge. S'il pouvait véritablement cracher des flammes, il l'aurait probablement fait pour tenter d'extérioriser un minimum le trop plein qu'il ressentait actuellement.

— Dabi...

La voix était tout aussi mordorée que le reste. À la fois trop lointaine et assez proche pour assommer un peu plus son reste de matière grise. Il eut la sensation qu'elle lui faisait un peu plus perdre pied. Le haut et le bas se confondaient. Il aurait aimé dire qu'il ne savait même plus s'il existait réellement, mais tout à coup, il se sentit violemment renaître des pieds à la tête. L'explosion fut tel un feu d'artifice à bout portant. Violente et bienfaitrice. Meurtrière et libératrice.

Soudain, il se mit à flotter, l'âme définitivement arrachée de son corps.

Et il était persuadé que le liquide qui le retenait au monde matériel avait des reflets ocre.

— Dabi... ?

Il tenta de cligner des yeux, mais cela lui semblât être l'effort le plus difficile qu'il n'ait jamais eu à faire de sa vie. Plusieurs sensations parasites tentaient de lui envoyer des signaux d'alarmes pour le réanimer, mais pour le moment...

Ses pensées confuses furent brutalement balayées par la paire de lèvres qui s'abattirent sur les siennes. Ses muscles semblèrent vouloir recommencer à réagir, car il parvint à répondre à ce baiser par automatisme.

Mais ce fut un baiser trop court. Bien trop court.

— Dabi, s'il te plaît, réponds-moi. Tu m'inquiètes, là.

Cette fois, ses yeux s'ouvrirent pour de bon.

Il y avait définitivement trop d'or.

— Quoi... ?

Il replaça enfin le visage de Keigo. Si délicieusement près du sien, ses mèches dorées - dorées, dorées, dorées - détrempées par l'effort s'emmêlaient en milliers de fils dispendieux sur son front.

— T'es toujours avec moi... ? lui demanda son amour, ses iris tels des ducats hypnotisants anormalement alertes.

— ... Peut-être, arriva-t-il péniblement à articuler, encore trop ébloui.

Les billes d'or brillèrent d'un sourire.

— Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée d'inverser... Tu fais vraiment flipper quand t'as un orgasme prostatique, tu le sais ça ?

Le cerveau de Dabi répondait définitivement aux abonnés absents. Les paroles de Keigo peinaient à former quelque chose de cohérent.

En revanche, la chaleur, l'humidité et la dureté en lui : tout cela lui paraissait très cohérent.

— ... Pourquoi t'arrêtes ? s'agaça-t-il alors tout en essayant de remuer des hanches pour reprendre le mouvement.

— Parce que j'ai vraiment cru que t'étais en train de mourir ?!

— Je suis vraiment mort.

Le sourire revint, encore plus aveuglant que plus tôt.

— Okay... J'ai plus qu'à t'achever, donc ?

— S'il te plaît.

— Putain, railla Keigo en reprenant alors ses coups de reins. J'en ai marre que tu ne sois poli qu'au pieu...

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