Maître d'ombre
Chapitre 4 :
Spécial
Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil permise par les potions de Severus, ce fut bien plus en forme que Onyx ouvrit les yeux. Le soleil éclairait déjà sa chambre silencieuse. Il n'avait pas fait un seul cauchemar et c'était détendu qu'il se réveillait. La veille, il avait terminé sa journée sous les caresses de sa mère après le départ de Draco alors qu'il ne parvenait même plus à se concentrer. Il avait été néanmoins heureux de passer du temps avec son cousin, ça lui avait fait du bien. Il attendait maintenant avec excitation et anxiété sa visite dans l'après midi avec ses amis. Il connaissait les trois Serpentard, Pansy, Théodore et Blaise, mais seulement de vu. Il ne savait pas grand chose sur eux et il était un peu stressé de les rencontrer mais aussi soulagé de savoir que les trois verts et argents ne connaîtraient pas toute sa vie. Il n'avait pas envie que trop de gens sachent et ses parents lui avaient assuré que le secret était bien gardé.
Ce fut donc en imaginant la rencontre qu'il passa tranquillement sa journée. Severus vint le voir au matin et fut heureux de voir qu'il avait meilleure mine que la veille. Il recueillit ses remarques du jour et le questionna un peu sur les effets qu'avait eu la kiseru et son tabac, devenant franchement enthousiaste en confirmant leur efficacité. L'adolescent passa ensuite son temps avec sa mère qui se fit un plaisir de s'occuper de ses cheveux lorsqu'il revint de la salle de bain avec son père.
Puis il reçut la visite de son parrain. Il commençait à se rapprocher de Rabastan se montrant toujours chaleureux et souriant avec lui. Il avait une carrure relativement musclée, comme son père, qui avait impressionné le jeune sorcier mais l'homme savait se maîtriser. Avec le temps Onyx pensait qu'il pourrait devenir une figure rassurante comme Rodolphus l'était rapidement devenu. Il aimait déjà son parrain. Il passait pas mal de temps à discuter avec lui.
Celui-ci s'amusa d'ailleurs à le taquiner un peu lorsqu'il le vit fumer sa pipe, faisant rire le jeune sorcier en expliquant que s'il s'était risqué à fumer devant Bella à l'intérieur, il se serait fait vertement remonter les brettelles. Celle-ci lui avait d'ailleurs mis une tape amicale derrière la tête en disant que contrairement aux pipes et aux cigares que certains fumaient parfois, la kiseru d'Onyx était élégante, l'odeur de la fumée était tout à fait agréable, dégageant une fragrance de plantes récemment coupées, fraîche et plaisante, sans compter le fait que là il s'agissait d'un médicament et non d'une drogue et n'avait aucun effet nocif sur le fumeur ou son entourage. Alors elle n'avait aucune raison de désapprouver, au contraire, surtout si ça aidait son fils. Et elle termina en le prévenant qu'elle ne le laisserait sûrement pas fumer à l'intérieur ou à proximité d'Onyx et il lui assura qu'il ne se permettrait pas. La discussion, l'air enfantin de son parrain et autoritaire de sa mère avaient beaucoup amusé le jeune sorcier.
Lorsqu'il avait regagné les appartements de sa famille la veille, Draco était attendu par sa mère. Elle voulait savoir comment sa rencontre avec Onyx s'était passée. Elle fut heureuse d'entendre le récit de son fils qu'elle félicita pour son comportement. Ils discutèrent ensuite de la rencontre que le blond voulait organiser le lendemain. Narcissa lui proposa de d'abord faire venir ses amis dans leurs appartements, la blonde voulant s'assurer que les trois adolescents se comporteraient de la bonne manière en présence de son filleul. Ce fut ainsi que le lendemain, Draco alla chercher ses trois amis qu'il ramena dans son salon où sa mère les attendait.
- Alors Dray, que se passe-t-il ? demanda Pansy après avoir salué Narcissa.
- C'est vrai, tu ne nous as pas dit ce qu'on allait faire, remarqua Blaise. On passe toujours l'après midi ensemble ?
- Oui, ne vous en faîtes pas, assura le blond.
- Mais on ne s'en fait pas, se moqua Blaise.
- J'aimerais vous présenter quelqu'un mais il faut qu'on en discute avant, continua le blond sans faire attention à son ami.
- Tu m'as l'air bien sérieux, remarqua Théo. Une fiancée ? supposa-t-il en relevant un sourcil et en jetant un coup d'œil à sa mère qui sourit avec amusement.
- Non ! s'écria le blond rosissant doucement faisant rire ses amis. C'est mon cousin, s'empressa-t-il de préciser.
- Depuis quand tu as un cousin ? demanda Pansy surprise.
- Depuis toujours, répondit-il.
- Je ne savais pas, souffla Blaise. Pourquoi on ne l'a jamais rencontré ? Il vit à l'étranger ?
- Non. C'est compliqué, reprit le blond avec sérieux. C'est pour ça que je voulais vous en parler avant que l'on aille le voir.
- Comment s'appelle-t-il ? demanda Théodore.
- Onyx. Onyx Lestrange, répondit le blond peinant à retenir son rire face aux visages surpris de ses amis. C'est le fils de Bellatrix et Rodolphus et le filleul de ma mère et Rabastan, expliqua-t-il. Il a notre âge.
- C'est une blague ? fit Pansy en regardant Narcissa. Bellatrix et Rodolphus n'ont pas de fils, ça se saurait.
- Ce n'est absolument pas une blague, assura la blonde d'un air sérieux en prenant la discussion en main. Mais il est vrai que c'est un secret bien gardé pour de bonnes raisons, commença-t-elle.
Face à elle, les adolescents l'écoutaient avec attention bien qu'ils semblaient un peu perplexes. Draco attendait patiemment, préférant laisser sa mère raconter :
- Onyx est né deux mois après Draco, reprit-elle. Et il est bien le fils de ma sœur et de son mari. Si vous ne l'avez jamais vu et que vous n'en avez jamais entendu parler c'est parce que, lorsqu'il avait un an, il a été enlevé, lâcha-t-elle en récoltant des expressions choquées. Il a été kidnappé. Le Seigneur des Ténèbres, ses parents, toute la famille et le premier cercle s'est lancé dans les recherches mais nous ne sommes pas parvenus à le retrouver. Nous n'avons jamais perdu l'espoir et nous avons continué à le chercher. Finalement, le Lord l'a retrouvé par hasard il y a deux semaines, dit-elle en marquant une pause.
- Était-ce le jour où le maître était tellement furieux qu'il a fait trembler tout le manoir ? demanda Blaise.
- Oui, c'était ce jour là, confirma la blonde.
- Mais pourquoi était-il si en colère dans ce cas ? s'étonna Pansy. Il aurait dû être satisfait non ?
- Il a été satisfait de retrouver enfin Onyx mais c'est le traitement qu'il a subi qui l'a mis hors de lui, répondit Draco d'une voix basse.
- Oui, reprit Narcissa. On a eu de la chance de le retrouver mais lorsque le premier cercle est allé le chercher ce soir là, Onyx était en train d'agoniser, expliqua-t-elle alors que les jeunes sorciers pâlissaient dramatiquement. Pendant ces quinze dernières années, ses kidnappeurs lui ont fait subir un traitement inhumain. Il a été torturé, maltraité et affamé. La seule chose que ces gens voulaient, étaient attendre sa majorité et la maturité de sa magie pour lui voler son pouvoir, le tuant par la même occasion. Onyx était puissant.
- C'est affreux, murmura Pansy.
- C'est pire qu'affreux, renchérit Draco qui serrait les dents de colère.
- Exact, continua sa mère. Ils se sont tellement acharnés sur lui qu'ils ont brisé sa magie.
Les trois jeunes sorciers eurent des exclamations d'horreurs et pâlirent un peu plus.
- Il a survécu ? demanda Théo d'une petite voix.
- Oui, répondit la blonde. Tout juste. Il faut que vous sachiez que le traitement qu'il a subi été monstrueux au plus haut point. Il a gardé de très lourdes séquelles de tout cela, aussi bien psychologiques que physiques.
- C'est pour ça que je voulais vous en parler avant, pour vous prévenir, renseigna Draco. Je l'ai vu hier pour la première fois et il n'était vraiment pas bien. J'ai pensé que nous pourrions peut-être lui tenir compagnie et lui changer les idées. Sans compter le fait que des amis lui feront du bien.
Tout trois acquiescèrent immédiatement, faisant sourire le blond heureux de voir qu'ils étaient d'accord.
- J'ai tenu à vous parler avant que vous alliez le voir parce qu'il y a certaines précautions à prendre en sa présence, continua Narcissa. À cause de son état de santé mais aussi parce qu'il a été traumatisé profondément. Physiquement d'abord. Il est resté inconscient pendant une semaine et il était très lourdement blessé. Severus a dû déployer des trésors de magie pour le soigner et il l'examine encore chaque jour. Il a des problèmes de respiration. Il gardera une santé très fragile. Il va avoir des difficultés motrices toute sa vie et il sera plus faible qu'une personne normale. Pour le moment, il est vraiment très faible, il ne peut pas bouger correctement et sa magie brisée ne s'est pas encore stabilisée. C'est très, très douloureux pour lui malgré les potions de Severus et il a constamment de la fièvre. Lorsque vous irez le voir il faudra être calmes pour ne pas le stresser et le fatiguer.
D'un regard, elle demanda aux trois jeunes s'ils avaient compris et ceux ci approuvèrent d'un signe de tête. Elle continua alors :
- Ensuite, n'oubliez jamais qu'il a été traumatisé par tout ce qu'il a subi. Être battu et torturé à coup de doloris et de sorts en tout genre laisse de lourdes traces, dit-elle en les choquant un peu plus mais elle voulait qu'ils comprennent bien. On l'a traité comme un objet et il n'a jamais eu quelqu'un de gentil avec lui. Vous devez rester calmes autour de lui. Il ne faut pas l'approcher de trop près ou le toucher. Ne criez pas et n'élevez pas la voix. Ne faites pas de gestes brusques et ne sortez pas vos baguettes. À propos de magie, n'en faites pas autour de lui. Sa magie brisée est très fragile, le moindre sort, même le plus simple pourrait le tuer alors soyez très prudents. Ne lui posez pas de question sur son passé et n'abordez pas le sujet.
Il y eut un moment de silence alors que les trois Serpentard assimilaient tout cela. Draco reprit ensuite la parole.
- Je sais que ça fait peur mais il est très sympa vous verrez. J'ai passé l'après midi avec lui hier et c'était très agréable. Il a besoin qu'on lui change les idées et qu'on l'occupe un peu. Ça lui fera du bien. Et puis il va avoir besoin d'amis et de soutien. Je me suis dit qu'on pourrait aller lui tenir compagnie de temps en temps.
- Ce sera avec plaisir, sourit Pansy.
Draco lui sourit avant de se tourner vers Blaise et Théo qui approuvèrent à leur tour. Le groupe prit un moment pour laisser les trois verts et argents assimiler parfaitement ce qu'ils venaient d'apprendre puis ils se levèrent et prirent la direction des appartements du couple Lestrange. Pansy, Théo et Blaise, s'ils étaient choqués et révoltés par ce qu'ils venaient d'apprendre, étaient aussi très curieux de découvrir Onyx et pas très enthousiastes à l'idée d'aller chez les Lestranges. Eux restaient terrorisés par Bellatrix. Quant à Rodolphus, il n'avait pas vraiment une meilleure image. Draco toqua à la porte et ce fut Bellatrix qui vint lui ouvrir. Elle sourit en le voyant, stupéfiant les trois autres. Peu de gens pouvaient se vanter d'avoir vu Bellatrix Lestrange sourire sans que cela ne paraisse sadique ou cruel. Avoir retrouvé son fils l'avait visiblement changé. Elle les fit entrer et ils la saluèrent poliment, salut qu'elle leur rendit, les étonnant une fois de plus.
- Comment va-t-il ? demanda Draco avec une inquiétude que ne lui connaissaient pas ses amis.
- Il a bien dormi cette nuit alors il est plus en forme qu'hier mais il n'est pas encore au mieux, sa magie ne s'est toujours pas calmée, renseigna-t-elle. Alors pas de bêtises et pas d'énervement.
- Promis tante Bella, assura Draco. Je les ai prévenu avant de venir. Ne t'inquiètes pas.
- Je vais aller voir Narcissa. Mais Rodolphus, Rabastan et Regulus resteront ici cette après midi. Ils vont vous laisser entre jeunes mais n'hésites pas à les appeler si tu remarques la moindre chose chez Onyx, il ne dira rien lui même.
- Compris.
- Il est sur le balcon, renseigna-t-elle. Passez une bonne après midi.
Elle sortit et Draco mena ses amis vers le balcon en question. Des amis qui restèrent choqués par le comportement de la mangemorte la plus dangereuse du Premier Cercle. Lorsqu'ils atteignirent la porte fenêtre, Blaise, Pansy et Théo ne purent voir immédiatement le jeune sorcier, celui-ci étant installé dos à l'entrée. Mais ils virent les trois hommes assis avec lui, discutant calmement. Lorsqu'il les aperçut Rodolphus se leva :
- Bonjour Draco, salua-t-il tranquillement.
- Bonjour mon oncle. Oncle Rabastan, oncle Regulus, salua-t-il ensuite.
Les deux hommes se levèrent à leur tour et saluèrent les adolescents qui en firent de même. Rabastan et Regulus se dirigèrent ensuite vers l'intérieur.
- On va vous laisser entre jeunes, remarqua Rodolphus. Nous on va discuter entre vieux, ricana-t-il.
- Parles pour toi le vieux, lança Regulus en faisant pouffer les autres. Moi je suis un bel et jeune éphèbe, dit-il avec supériorité.
- C'est ça. C'est pour ça que tu es toujours célibataire, se moqua Rabastan en lui collant une claque derrière la tête.
- J'ai l'impression que je vais me transformer en babysitter, soupira Rodolphus. Amusez-vous bien.
Les quatre Serpentard le virent se pencher et, supposèrent-ils puisqu'ils ne voyaient pas tout, déposer un baiser sur le front de son fils en un geste doux qui les fit sourire, attendris. Il se redressa ensuite et rejoignit les deux autres à l'intérieur. Le blond s'approcha alors et vint s'asseoir à droite de son cousin que ses trois amis découvrirent en contournant son siège pour venir s'installer autour d'une table ronde en fer forgé qui se trouvait là. Ils observèrent discrètement et rapidement le jeune sorcier vêtu d'un pyjama de soie noire et enroulé dans une grande couverture. Il était beau et ressemblait à son père mais son état de santé précaire sautait brutalement aux yeux. Ils remarquèrent aussi qu'il était très tendu, horriblement crispé. Ils s'assirent calmement, souriant avec engagement et laissant les premiers mots à leur ami blond.
- Bonjour Onyx, salua Draco avec douceur.
- Bonjour Draco, répondit celui-ci d'une voix basse.
- Alors, reprit le blond d'un ton joyeux et engageant, je te présente mes amis les plus proches : Pansy Parkinson, dit-il en désignant la jeune fille qui lui sourit et le salua, Blaise Zabini, poursuivit-il alors que celui-ci lui adressait un signe de main, et Théodore Notts, termina-t-il alors que le dit Théo le saluait à son tour. Pansy, Théo, Blaise, voici mon cousin, Onyx Lestrange.
- Ravi de vous rencontrer, répondit Onyx avec un léger sourire tendu.
Cependant, les quatre verts et argents parvinrent rapidement à le détendre un peu et ils commencèrent à faire connaissance tranquillement. Blaise, Pansy et Théo firent très attention à ce qu'ils faisaient et disaient, constatant que Narcissa n'avait vraiment pas exagéré l'état du jeune sorcier. Tout trois furent heureux de constater qu'il était de bonne compagnie. Il semblait vraiment gentil et ils passaient un bon moment avec lui. Ils en vinrent rapidement à la même conclusion que Draco : ils deviendraient des amis pour lui s'il le voulait. Il semblait tellement fragile qu'ils avaient envie de le protéger. Onyx de son côté, appréciait de découvrir ces trois camarades à qui il n'avait jamais parlé à Poudlard. Ici, ils quittaient d'ailleurs leurs expressions de sangs purs pour laisser leurs émotions transparaître sur leurs traits, les rendant bien plus accessibles. Et il commençait déjà à les apprécier. Il avait tellement rêvé d'amis, même si une petite voix s'entêtait à lui dire qu'il n'en n'aurait jamais, qu'il voulait essayer. Leur discussion simple et sans enjeux le détendait et lui changeait les idées.
Il ne vit pas le temps passer en leur présence mais encore une fois, son corps le rattrapa lorsque sa respiration se fit difficile. Il regarda autour de lui avant de se souvenir que sa pipe était restée à l'intérieur. Il regarda un instant son cousin qui débattait avec Blaise des meilleures équipes de Quidditch sous les commentaires de Pansy et de Théo. Il décida immédiatement qu'il était hors de question de le déranger pour ça. Il ne voulait pas le gêner, il était déjà bien gentil de venir passer de son temps avec lui. Il ne dit donc rien, il avait supporté sa respiration une longue semaine, il pouvait bien le faire encore.
Cependant, le fait qu'il devait faire plus d'efforts pour respirer et qu'il perdait un peu de sa concentration ne sembla pas passer inaperçu pour son cousin qui se tourna vers lui en entendant un léger sifflement dans son expiration. Comme la veille, il posa doucement une main sur son avant bras le faisant sursauter violemment. Blaise, Théo et Pansy l'observèrent avec un pincement au cœur. Le blond ne fit aucune remarque mais ne retira pas sa main. Il voulait que Onyx comprenne qu'il ne lui ferait pas de mal.
- Onyx, ça ne va pas ? demanda-t-il.
Celui-ci voulut répondre mais à peine avait-il ouvert la bouche qu'une quinte de toux le prit. Il se calma pourtant rapidement et tenta de reprendre une grande inspiration. Il n'y parvint pourtant que peu et Draco comprit rapidement. Il chercha la pipe de son cousin autour de lui puisqu'il lui avait expliqué la veille à quoi elle servait. Ne la trouvant pas, il demanda :
- Où est ta kiseru ?
- Elle est restée à l'intérieur, souffla-t-il difficilement.
- Je vais la chercher, lança le blond en se levant et en retournant vers les appartements.
Il trouva rapidement Rodolphus qui lui donna l'objet qu'il cherchait ainsi que la pochette de tabac, le priant de venir le chercher si ça ne se calmait pas d'ici quelques minutes. Le blond repartit vers le balcon où il retrouva son cousin qui peinait à respirer normalement sous le regard inquiet de ses trois amis qui ne savaient pas trop quoi faire. Il se rassit à côté d'Onyx et lui donna sa pipe :
- Tiens, ça va aller pour la préparer ? demanda-t-il.
- Oui, répondit le jeune homme en commençant les mains tremblantes. Merci, dit-il avec reconnaissance.
- La prochaine fois, demande moi, pria doucement le blond. Inutile de souffrir en silence. Ok ?
- Ok, bredouilla Onyx tout bas en terminant de préparer sa pipe qui s'alluma d'elle même grâce à un sort astucieux posé par son parrain.
Il prit une première bouffée et retrouva rapidement plus de confort dans sa respiration.
- Ça va mieux ? interrogea le blond.
- Oui, merci Draco, dit-il d'une voix basse.
- Ce n'est rien.
- Alors là il va falloir qu'on m'explique, intervint Pansy en faisant sursauter Onyx par sa voix forte. Comment fumer a pu t'aider ? demanda-t-elle plus calmement sa curiosité revenue au galop.
Draco ricana et Onyx commença à expliquer calmement ce qu'avait mis au point Severus. Les discussions reprirent alors. Ce fut deux bonnes heures plus tard que Draco décida qu'il était temps qu'ils s'en aillent pour laisser Onyx se reposer. Celui-ci ne s'était pas plaint une seule fois et n'avait pas donner de signe de faiblesse mais sa mère lui avait expliqué à quel point il était doué pour cacher son état. Elle lui avait dit aussi que même s'il était épuisé, il ne leur demanderait pas de partir par peur de représailles. Le blond décida donc de lui même choisir le moment de leur départ. Cela faisait plus de quatre heures qu'ils étaient là et l'après midi touchait presque à sa fin. Le temps se rafraîchissait et cela faisait quelques minutes qu'il voyait son cousin frisonner doucement. Il fit donc signe à ses amis et ils dirent au revoir au jeune homme, lui promettant de vite revenir lui tenir compagnie.
Onyx les remercia chaudement. Il avait passé un excellent moment en leur compagnie et il s'était sentit relativement à l'aise. Cela avait été bien différent des relations fabriquées et fictives qu'il avait eu avec les Gryffondor. Là, il n'y avait pas eu de faux semblants même s'il avait senti la prudence des verts et argents à son égard. Mais il avait compris qu'ils agissaient ainsi par inquiétude pour lui et il avait été très touché. Il avait su faire la différence parce qu'il avait tellement expérimenté l'hypocrisie, le mensonge, la duplicité et la tromperie qu'il la reconnaissait très vite. La seule chose était qu'il avait vraiment du mal à croire que l'on se comportait aussi gentiment avec lui maintenant. C'était étrange, comme un rêve dont il avait peur de voir la fin à tout instant. Il n'osait pas y croire.
Deux minutes après le départ de son cousin et des ses amis, son père le rejoignit. Il s'accroupit devant lui et évalua silencieusement l'état de son fils comme il le faisait très souvent. Il voulait être sûr qu'il faisait tout ce qui était possible pour le soulager au mieux. Onyx semblait un peu fatigué mais ça avait l'air d'aller vu les circonstances.
- Ça s'est bien passé ? demanda doucement le père en posant ses mains sur les frêles genoux de son enfant.
- Oui, répondit celui-ci avec un petit sourire. Ils étaient très sympas. C'était agréable.
- Tant mieux alors. Je crois qu'ils vont se faire une mission de te divertir vu comme ils complotaient en sortant, remarqua son père en ricanant et amusant son fils au passage. Tu veux retourner sous ta couette ? demanda-t-il ensuite en le voyant frissonner. Il commence à faire frais.
Le jeune sorcier approuva et Rodolphus le prit délicatement dans ses bras, emportant aussi la kiseru avec lui. Onyx soupira d'aise et tourna un peu plus son visage vers son père. Il se sentait tellement bien avec lui. Il fut rapidement installé au chaud sous sa couette, presque assis, le dos calé dans les oreillers et il en fut heureux. Il commençait vraiment à avoir froid dehors. Son père s'assit au bord du lit et remonta la couverture sur lui.
- Ça va ? demanda-t-il.
- Très bien merci, répondit l'adolescent.
- Qu'est ce que tu dirais de boire un thé ? proposa l'homme.
Le jeune sorcier approuva et son père appela un elfe de maison qui amena rapidement un service à thé et quelques biscuits. Ils partagèrent tranquillement leurs boissons en discutant, Rodophus lui posant des questions sur son après midi. Mais ils furent bientôt interrompus par quelqu'un toquant à la porte.
- Je reviens, annonça Rodolphus en se levant.
Il quitta la chambre et se dirigea vers l'entrée. Il fut surpris de trouver le Lord en ouvrant la porte. Il s'empressa de le saluer, s'inclinant légèrement avant de s'écarter pour le laisser entrer.
- Bonjour Rodolphus, salua celui-ci d'une voix neutre. Je suis venu rendre visite à Onyx, dit-il sans préambule. Comment va-t-il aujourd'hui ?
Rodolphus resta un moment abasourdi. Il ne s'attendait pas vraiment à voir son maître venir rendre visite à son fils. Il savait que Severus lui donnait régulièrement des nouvelles mais il ne s'attendait pas à le voir venir en personne, et encore moins à ce qu'il demande comment allait Onyx. S'il savait que le Lord faisait attention à ses partisans, même s'il ne le montrait pas, il était rare, même extrêmement rare qu'il demande ouvertement des nouvelles de quelqu'un. Il se reprit rapidement pour lui répondre :
- Il est toujours faible, fatigué et sa magie ne se calme toujours pas mais ça va relativement bien. Surtout depuis que Severus a trouvé un moyen pour faciliter sa respiration. Ça l'aide à se fatiguer moins vite je crois.
- Oui, il m'a parlé de ça. Plutôt astucieux je dois dire, remarqua le Lord. Puis-je le voir ? demanda-t-il plus par politesse que pour vraiment demander la permission.
- Bien sûr. Il est dans sa chambre, il se repose, précisa-t-il.
Le Lord se dirigea alors sans hésiter vers la chambre et Rodolphus sut en l'observant que sa présence n'était pas requise. Un peu angoissé, il se rassura cependant rapidement. Même si le Lord pouvait paraître froid, c'était un fin psychologue et il ne ferait pas de mal à Onyx, il en était sûr. Et puis, lui, il avait véritablement vu ce qu'avait subi l'adolescent et Rodolphus savait qu'il pouvait avoir confiance en son maître pour ne pas brusquer son fils mais cela ne l'empêcha pas de s'inquiéter de cette rencontre. Malgré tout, son Lord n'était pas la personne la plus délicate et patiente qu'il connaissait.
Onyx fut un peu surpris lorsque ce ne fut pas son père mais le Seigneur des ténèbres qui entra dans sa chambre. Une constatation soudaine s'imposa à lui alors qu'il observait l'homme : il était vraiment beau. L'adolescent l'avait évidemment reconnu pour l'avoir croisé plusieurs fois sur les champs de batailles mais il ne l'avait jamais vraiment observé, occupé à essayer de survivre en se débattant contre les sorts et la douleur. Là, il avait tout le loisir de le regarder vraiment pour la première fois. C'était un homme vraiment majestueux et imposant par sa seule présence. Élégant et beau. Il referma la porte derrière lui d'un geste de la main et avança lentement vers lui.
- Bonjours Onyx, salua-t-il d'une voix amicale.
- Bonjour... euh, bredouilla bêtement l'adolescent en se rendant compte qu'il ne savait pas comment s'adresser au Lord.
Il savait que tout le monde ici, l'appelait « maître » ou « Lord » ou « Seigneur » mais il ne savait pas lequel il devait choisir. Il n'avait pas eu à le faire jusque là et ce même s'ils avaient discuté chaque jour via le lien. Chaque jour, le Lord s'était servi de leur connexion pour le saluer et prendre de ses nouvelles. L'adolescent s'étonnait encore de l'attention que lui portait l'homme pourtant, il accueillait toujours avec plaisir le contact avec l'esprit du Seigneur des ténèbres. Depuis qu'il ne forçait plus le passage brutalement et qu'il entrait en douceur, Onyx trouvait l'expérience tout à fait agréable. Ça donnait l'impression d'une caresse et ça le réchauffait et l'apaisait sans qu'il ne se l'explique. Sa force impérieuse et imposante était, contre toute attente, extrêmement rassurante pour lui. Il s'était surpris à attendre impatiemment leurs petites entrevues. Mais il ne savait toujours pas comment il devait se comporter avec lui, il avait peur des représailles s'il faisait une erreur. Et en ce moment il s'empêtrait doucement dans ses réflexions sur la façon dont-il devait s'adresser au Lord, paniquant lentement mais sûrement.
Le Seigneurs ténèbres vit immédiatement son trouble et décida d'y couper court rapidement. Il s'était beaucoup attaché au jeune homme. Voir tout ce qu'il avait subi ne laissait pas indifférent. Mais il y avait autre chose. En découvrant sa vie, il avait aussi découvert sa personnalité. Onyx était fort, loyal, intelligent... il avait une montagne de qualités. C'était un battant. C'était un être exceptionnel, mais un être brisé par des fous dangereux. Pour la première fois, le Lord avait trouvé une personne qui l'attirait, l'intriguait. Une personne pour laquelle il avait ressenti l'envie de la protéger et de la découvrir un peu plus.
Il avait découvert qu'il aimait le contact avec l'esprit du jeune homme. C'était rapidement devenu son moment préféré de la journée. Ça le détendait et le réchauffait. Il avait senti que le lien s'était ouvert un peu plus à chaque nouveau contact et il en avait été très intrigué. Il avait commencé à faire des recherches sur cette mystérieuse connexion mais il n'était pas encore très avancé. Le fait était que Onyx était déjà devenu très important pour lui. Il ne se l'expliquait pas, ou plutôt, si. Il se l'expliquait. Il savait parfaitement ce qui lui arrivait mais il n'était pas sûr. Pour la première fois de sa vie, il n'était pas sûr que le chemin qu'il avait terriblement envie de prendre dans cette situation soit le bon. Mais il avait décidé de voir comment évolueraient les choses. Il laisserait le temps faire son œuvre et il verrait bien comment ça se passerait. Il n'était pas le seul concerné après tout.
La seule chose dont-il était sûr, pour le moment, était qu'il avait envie de passer un peu de temps avec le jeune homme. Qu'il avait envie de s'occuper un peu de lui, de le protéger, de veiller, de s'assurer en personne de ses yeux que tout était fait pour l'aider. Severus lui avait fait des rapports régulièrement sur la santé de l'adolescent qui ne s'améliorait que peu malheureusement. Ce qui avait le don de l'angoisser et de l'agacer même s'il ne le montrait pas. Il lui avait aussi parlé des cauchemars la veille et cela l'inquiétait. Pour avoir vu la vie du jeune sorcier, il pouvait se faire une idée de ce à quoi devaient ressembler ses rêves et ce n'était vraiment pas réjouissant. Il savait aussi que Onyx faisait des cauchemars depuis longtemps et de manière de plus en plus violente. Il espérait que le maître des potions trouverait rapidement une solution et lui même se demandait si l'occlumencie ne pourrait pas l'aider un peu.
Il mit cependant toutes ces idées de côté pour ce concentrer sur le moment présent. Il devait rassurer le jeune sorcier qui ne savait visiblement pas comment il devait se comporter. Avançant lentement, il alla s'asseoir d'autorité au bord du matelas, tout près de l'adolescent le regardant faire avec appréhension et sans savoir comment réagir. Il tremblait un peu et le Lord décida qu'il devait rapidement le rassurer et le calmer, sachant que le stress n'était pas bon pour lui. Dans ce but il avança une main lentement et prit l'une de celle du jeune homme face à lui. À peine se touchèrent-ils que tout deux sentirent un agréable frisson les parcourir. Le Lord vit Onyx fermer les yeux et soupirer de bien être, chose que lui aussi avait envie de faire mais il se retint de justesse, préservant son image. Il se demanda un instant ce qui avait provoqué cela, il aurait juré avoir senti un léger courant de magie. Mais il se contenta du fait que le contact avait détendu et calmé le jeune sorcier. Il continua donc son mouvement et prit la main frêle dans la sienne. Elle était froide et ce fait lui fit froncer légèrement les sourcils mais il reporta son regard sur le visage d'Onyx qui l'observait avec curiosité, désormais calme.
- Tu peux m'appeler Tom, commença-t-il en se souvenant du bafouillage à son entrée. C'est comme ça que tu pensais à moi avant ton arrivée ici alors ne changes pas tes habitudes, dit-il doucement.
Et c'était vrai. Depuis un an, depuis qu'il savait la vérité, quand Onyx pensait au Seigneur des ténèbres, c'était en l'appelant Tom. Mais il savait aussi que personne ne s'adressait à lui en l'appelant par son prénom, à part Dumbledore. Mais dans ce cas c'était loin de plaire au Lord.
- Je croyais que vous n'aimiez pas ça, ne put-il s'empêcher de remarquer d'une petite voix.
- Tu peux me tutoyer, remarqua Tom avec douceur. Et c'est vrai que dans la bouche de certains, je n'aime pas ça mais si c'est toi ça ne me dérange pas.
Onyx le regarda avec surprise, ne sachant que penser de cela. Puis il baissa le regard vers sa main que Tom tenait encore. C'était bien la première fois, depuis longtemps, depuis toujours même, qu'il ne ressentait aucune gêne, aucun malaise, même le plus petit, au toucher d'une autre personne. La peau de l'homme était douce et chaude et il avait l'impression que cette chaleur remontait dans son bras et se propageait dans tout son corps. Ça le détendait incroyablement et il espéra que leurs mains resteraient ainsi le plus longtemps possible. Cette sensation nouvelle l'électrisait même s'il ne comprenait pas. La seule chose qu'il savait était que c'était divinement agréable et qu'il voulait en profiter. C'était une sensation vraiment incroyable.
- Comment vas-tu ? demanda ensuite le Lord.
- Ça va, répondit-il simplement et automatiquement.
- Tu sais, ici, c'est bien différent de tout ce que tu as connu, commença l'homme en parlant d'une voix tranquille mais convaincue. Personne ne te reprochera de te plaindre, bien au contraire. Je sais que tu ne peux pas t'en rendre compte puisque tu n'as connu rien d'autre, mais une personne ordinaire n'aurait pas supporté le quart de ce qui t'es arrivé. Tu as le droit de le dire si tu as mal, si tu es fatigué, si tu as envie de quelque chose, si tu as envie de crier ou de pleurer ou juste de te plaindre. Personne ici ne t'en tiendra rigueur, nous serions plutôt heureux que tu nous le dises. Et nous ferons tout ce que l'on pourra pour t'aider. Tu ne dois pas avoir peur qu'on te rejette, nous ne le ferons pas. Et nous ne laisserons personne te faire le moindre mal. Ça prendra sûrement du temps mais tu verras qu'ici, avec ta famille, c'est l'opposé total de ce que tu as connu.
Il marqua une pause, constatant que le jeune homme face à lui l'écoutait avec une très grande attention, puis il reprit :
- Je sais tout de toi, j'ai vu toute ta vie, toutes tes pensées, toutes tes émotions. Je ne m'en servirai jamais contre toi et je garderai tout secret. Le premier cercle sait bien sûr ce qui t'es arrivé, je leur ai moi même raconté mais tout ce qui fait que tu es toi, tes secrets et ce que les autres n'avaient pas besoin de savoir, je l'ai gardé pour moi. Mais je te connais à présent et je sais que tu as l'habitude de souffrir en silence, seul. Je sais aussi que tu as une incroyable tolérance à la souffrance et que tu sais la cacher, mais tu n'as plus besoin de faire ça. Tu peux le dire et la laisser sortir, ça t'aiderait sûrement. Alors je te le redemande : comment vas-tu ?
Onyx le regarda un moment, indécis. Tout le monde lui avait dit qu'il avait le droit de le dire quand ça n'allait pas mais il avait toujours peur de le faire, peur de recevoir des moqueries pour sa faiblesse, peur de représailles. On avait eu beau lui dire, il n'avait pas encore réussi à le faire. Pourtant, Merlin savait qu'il en avait envie, qu'il avait envie de pleurer pour essayer de soulager ses souffrances aussi bien physiques que morales. Il avait parfois envie de gémir et de crier quand la douleur se faisait trop forte, sa magie brisée s'agitant parfois durement. Mais il ne le faisait pas, c'était automatique pour lui. Même lorsqu'il faisait un cauchemar, il avait appris à réprimer ses cris. Sinon, s'il faisait du bruit, s'il se plaignait, on lui faisait amèrement regretter. Alors maintenant qu'on lui en laissait le droit, il n'y arrivait pas. Il avait trop peur que le passé se reproduise.
Mais inexplicablement, alors que c'était cette fois-ci Tom qui lui disait, il était sûr de pouvoir lui faire confiance. Il était sûr que ce qu'il lui disait était entièrement vrai, sans aucun mensonge. C'était un sentiment étrange. Tom savait tout de lui et il était très surpris de constater que ce fait ne l'effrayait pas. Bizarrement, ça le soulageait même de savoir que l'homme le connaissait parfaitement, lui et ses faiblesses, et que malgré tout, il ne le rejetait pas, ne se moquait pas, agissant avec douceur et sans menace aucune. Sa main tenant la sienne lui faisait du bien et il avait envie de répondre honnêtement à sa question. Il sentait qu'il pouvait lui dire, qu'il ne risquait rien en le faisant et le regard rougeoyant, insistant et calme posé sur lui l'y encourageait. Il décida de prendre le risque et il répondit à sa question :
- Je suis fatigué, bredouilla-t-il d'une petite voix.
- Et ? poussa un peu plus Tom qui voulait qu'il voit qu'il ne lui arriverait rien.
- Ma magie me fait mal, ajouta-t-il en fixant ses yeux de saphirs dans ceux rubis du Lord.
N'y voyant aucune attention agressive, aucun jugement, juste de l'inquiétude et une certaine affection qui le surprit, il décida qu'il pouvait continuer :
- J'ai l'impression qu'elle ne se calmera jamais, dit-il sa voix tremblante d'angoisse et de peur. Ça fait tellement mal, dit-il alors qu'un sanglot commença à lui étrangler la voix.
Il se figea. Il ne devait pas se mettre à pleurer devant Tom ! Surtout pas. Il allait le prendre pour un gamin pleurnichard et il ne voulait surtout pas ça, surtout pas avec Tom. Il voulait être fort devant lui. Il avait déjà craqué une fois devant ses parents, il ne voulait pas que cela se reproduise, que penserait-on de lui ? Qu'est-ce que Tom penserait de lui ? Il paniqua presque lorsqu'une première larme s'échappa sans qu'il puisse la retenir mais il avait tellement envie de laisser tout ça sortir. Il ne l'avait encore jamais fait et maintenant qu'il avait commencé avec ces quelques mots avouant sa douleur, il avait l'impression qu'il avait enclenché un processus qui ne voulait plus s'arrêter. Mais il ne voulait pas que cela arrive devant Tom. Il aurait préféré être seul, sans personne pour voir sa faiblesse.
Mais ce qu'il n'avait pas prévu était de se retrouver enfermé dans deux bras forts. Il se retrouva, sans comprendre comment ni pourquoi, plaqué contre le torse de Tom. Une soudaine décharge de magie le traversa et il trembla un moment mais tout se calma en une seconde. Il sentit alors une vague de chaleur le traverser, agréable et douce. Il se sentit plus en sécurité que jamais et il se sentit à sa place. Et c'était une chose incroyable. Durant toute sa vie il s'était senti indésirable et là c'était tout l'inverse, il avait la sensation qu'il ne devait plus jamais bouger de cette place. Il avait la certitude que ces deux bras le protégeraient du monde entier. C'était chaud et doux. Tout son être semblait vibrer à la présence de Tom et il put presque oublier sa douleur. Sans même s'en rendre compte, il leva ses mains et alla les accrocher à la chemise écarlate du Lord, se blottissant un peu plus près de lui sans hésiter.
Tom avait agi instinctivement en voyant une larme rouler sur la joue pâle du jeune homme. Son cœur s'était serré à cette vision et quelque chose en lui l'avait poussé à agir, il se sentait obligé de tout faire tout effacer sa peine et sa douleur. C'est sans vraiment y réfléchir qu'il attira l'adolescent dans ses bras, poussé par un instinct plus fort que lui. Son âme se serrait douloureusement en réponse à la souffrance du jeune sorcier. Il ne voulait pas voir ses larmes. Il le serra contre lui et alors qu'il le faisait, il sentit une vague de magie douce et chaude le parcourir, le faisant trembler un bref instant. Il se demanda ce que c'était mais il mit cela de côté en sentant Onyx se blottir un peu plus contre lui.
Il s'installa un peu mieux sur le lit. Et il se rendit rapidement compte qu'il aimait tenir le jeune homme dans ses bras. C'était comme s'il avait trouvé une chose qui lui avait toujours manquée. Toutes ces nouvelles sensations le perturbaient mais elles étaient tellement agréables, spontanée et instinctives. Toutefois, il avait autre chose à penser pour le moment. Il resserra délicatement son étreinte sur le frêle corps qu'il tenait et qui tremblait légèrement.
- Tu as le droit de pleurer si ça te fait du bien, murmura-t-il à son oreille. Ça ne changera pas mon opinion sur toi. Tu n'es pas faible parce que tu pleures, tu es simplement humain.
Il avait à peine fini sa phrase que Onyx éclatait en sanglots silencieux contre lui. Il n'avait jamais vu quelqu'un pleurer en silence. Il se surprit lui même lorsqu'il commença à murmurer des mots rassurants à l'oreille du jeune sorcier, tentant de le calmer et de le rassurer. Jamais, de sa vie entière, il n'avait fait une telle chose. Mais à cet instant, il lui semblait qu'un autre instinct s'était réveillé et avait pris le dessus. Un instinct qu'il ne se connaissait pas mais qui semblait entièrement dirigé sur Onyx. L'adolescent pleura un long moment contre lui sans jamais s'écarter ne serait-ce que d'un millimètre. Il laissa couler toute sa tension avec ses larmes, se gorgeant de la chaleur de Tom. Il était bien là, bien comme jamais. Tom se mit à lui caresser les cheveux alors qu'il se calmait doucement, suivant toujours cet instinct nouveau.
- Ça va mieux ? demanda-t-il finalement d'une voix douce.
- Je suis désolé, murmura l'adolescent.
Tom bougea un peu et prit son menton entre deux doigts. Il lui releva délicatement le visage taché de traces de larmes pour le regarder dans les yeux :
- Toute ta vie tu t'es excusé pour tout et n'importe quoi. Pourtant, tu n'as jamais rien fait de mal. Tu t'excuses tout le temps. Tu n'as pas à le faire. Après tout ce que j'ai vu dans cette bulle, je peux te le promettre : tu n'as jamais rien fait de mal et rien de tout ce qui s'est produit n'était de ta faute. C'est clair ? demanda-t-il avec douceur en le regardant dans les yeux.
- C'est vrai ? demanda le jeune homme visiblement un peu perdu.
Tom décida alors de se servir du lien. Il l'ouvrit et comme à chaque fois, l'un comme l'autre se détendirent au contact chaud et réconfortant. Le Lord nota cependant que la sensation était plus forte qu'à l'habitude et il supposa que Onyx devait ressentir la même chose puisqu'il soupira légèrement de bien être. Il se servit de la connexion pour prouver toute sa sincérité au jeune homme et il assura:
- C'est vrai, c'est promis. Tu n'as rien à te reprocher. Rien tu tout. Tu t'es battu de toutes tes forces, avec beaucoup de volonté et de détermination. Tu as fait tout ce qu'il fallait et plus encore. J'ai même une dette envers toi pour la façon dont tu as protégé mes secrets, remarqua-t-il en sachant que Onyx pouvait sentir s'il mentait ou non avec le lien ouvert. Tu n'as vraiment aucune raison de t'excuser, d'accord ?
Onyx le regarda, sentit sa sincérité grâce à la connexion et il finit par approuver d'un signe de tête.
- C'est bien. Alors, ça va mieux maintenant ? redemanda-t-il.
- Oui, répondit le jeune sorcier. Tu avais raison, ça fait du bien, remarqua-t-il en sentant que partie de ses tensions étaient partis avec ses larmes.
Tom lui sourit mais alors qu'il allait poursuivre la discussion, il sentit le jeune homme se tendre légèrement dans ses bras. À travers le lien qu'il n'avait pas encore refermé, il sentit la douleur que ressentait constamment l'adolescent prendre de l'ampleur et ce fait l'inquiéta.
- Qu'est-ce qu'il se passe Onyx ? demanda-t-il.
- Les effets de la potion pour la douleur commencent à s'estomper, expliqua-t-il en serrant imperceptiblement les dents.
- Tu en as d'autres ? Des potions ? demanda-t-il.
- Dans la table de nuit, les potions blanches, répondit-il.
Tom fit alors un geste vers le meuble qui s'ouvrit. Il y jeta un coup d'œil et d'un autre geste il fit léviter l'une des fioles de cristal jusque dans sa main, vérifiant rapidement qu'il ne s'était pas trompé de breuvage. Il la donna à l'adolescent qui la bu sans attendre. Il ne fallut pas longtemps avant que le Lord ne sente l'amélioration dans son état. Cependant, il constata aussi que la douleur restait bien présente.
- Est-ce que je peux entrer dans ton esprit pour jeter un coup d'œil sur ta magie ? demanda le Seigneur des ténèbres.
Onyx approuva sans même y réfléchir, se remettant tranquillement de la poussée douloureuse qu'il venait de subir. C'était toujours plus difficile à supporter en fin de journée, lorsqu'il fatiguait. Il fut toutefois heureux que Tom demande la permission d'accès à son esprit. Il aurait plutôt pensé qu'il était du genre à prendre ce qu'il voulait. Mais il devait reconnaître qu'il ne l'avait jamais fait depuis qu'il était au manoir. Lorsqu'il pénétrait son esprit désormais, il le faisait juste assez pour lui parler et jamais il n'allait plus loin sans sa permission. Et s'était toujours un contact doux et précautionneux. Cette fois encore, l'expérience fut des plus agréable. Il sentit l'esprit de Tom entrer largement dans le sien et il fit en sorte de lui laisser le passage. Il était en confiance et il sentait les intentions de Tom. Il voulait observer sa magie pour comprendre et pour essayer de l'aider. Ça le touchait beaucoup et il se blottit un peu plus dans les bras du Lord. Il s'y sentait tellement bien.
Il ferma les yeux et se concentra sur la présence de Tom dans son esprit. Il avait l'impression que sa force, sa puissance extraordinaire, englobait son âme. Comme ses bras le tenaient et le protégeaient physiquement, il avait la sensation que son esprit le protégeait et le réchauffait moralement, l'entourant et le rassurant. Il savoura la sensation agréable et laissa Tom faire ce qu'il voulait. Il n'avait pas peur, il sentait ses bonnes intentions et les précautions qu'il mettait dans sa tâche pour ne pas lui faire de mal, alors il lui laissa le champs libre. De toute manière, Tom savait déjà tout de lui alors il pouvait lui laisser l'accès sans craindre ses réactions puisqu'il n'avait rien qu'il ne sache déjà.
Le Lord était bien décidé à essayer de trouver une solution à ce problème de magie brisée. Il se souviendrait toute sa vie de la sensation que provoquait la dislocation de sa magie. Sensation qu'il avait expérimenté lorsqu'il avait éclaté la bulle mentale et qu'il en était arrivé à ce moment de la vie de l'adolescent. Il avait vu beaucoup de choses mais même avoir son âme séparée de son corps, comme cela lui était arrivé ce fameux soir d'Halloween, n'avait pas été si terrible comme expérience. Depuis, il savait que la magie était vraiment le bien le plus précieux de toute créature magique, source de leur puissance mais aussi le meilleur moyen de les faire souffrir.
Il avait étudié en profondeur le fonctionnement de la magie interne d'un sorcier, parce qu'il savait que maîtriser parfaitement sa magie et ses flux dans le corps était la clef pour devenir un puissant sorcier. Le contrôle de son noyau de magie était sûrement la meilleure arme d'un sorcier mais c'était une chose des plus complexes. Lui même avait mis des années à y parvenir. Mais il savait tout du sujet à présent et peut-être pourrait-il aider Onyx. Il dirigea donc son esprit vers la magie de l'adolescent. Pour cela, il devait aller dans les tréfonds de son esprit et il sentait donc chaque état d'âme du jeune sorcier. Il sentait sa confiance à son égard à ce moment précis et il avait totalement ouvert son esprit au lien pour le laisser faire. Flatté par tant de confiance sincère, il resserra son étreinte autour de lui et continua son exploration.
Il savait qu'il était en train d'entrer dans ce qu'il pouvait appeler le dernier bastion d'une personne. À ce point plongé dans l'esprit de quelqu'un, il pouvait la tuer sans problème et découvrir tout ses secrets, il pouvait la manipuler. Et Onyx lui faisait assez confiance pour lui laisser l'accès à son être, à son esprit et à son âme, entièrement. Il se sentait responsable de lui et de sa sécurité en cet instant. Il avait envie d'honorer cette confiance exceptionnelle que personne d'autre n'offrirait, surtout pas à lui. C'était un contact très intime et l'adolescent était à présent totalement vulnérable, soumis à son bon vouloir. Mais il ne lui ferait aucun mal, jamais. Il voulait le protéger. Avec cette expérience, il ne manqua pas le fait que leur lien se renforçait à vu d'œil. Il brillait tel un courant d'or entre leurs deux esprits. Tom se promit de faire des recherches sur ce lien jusqu'à ce qu'il sache ce que c'était exactement. La chose ne faisait que prendre de l'ampleur depuis que Onyx avait été libéré et qu'il était ici. Le lien se renforçait et s'intensifiait de jour en jour et il fallait découvrir ce dont il s'agissait.
Ainsi plongé dans son esprit, il pouvait aussi sentir chaque chose qui n'allait pas dans son corps. Il sentait la douleur que provoquait sa magie, entêtante et violente. Il perçut sa difficulté à respirer, à bouger, il voyait sa faiblesse, la lourdeur de son corps, son manque de force. Il sentait son énergie drainée par sa magie agitée tentant de se stabiliser... il appréhendait chacun de ses problèmes physiques, magiques et il sut que même lorsque son pouvoir se serait calmé, l'adolescent aurait pas mal de soucis de santé. Severus lui avait dit mais le réaliser ainsi était bien différent. Ça prenait une autre dimension, une dimension plus réelle et pire que ce qu'il avait imaginé.
Il continua son exploration et trouva finalement ce qu'il cherchait : le noyau de magie d'Onyx. Il resta paralysé un moment par ce qu'il trouva. Habituellement, ça se présentait sous la forme d'une sphère lumineuse dans un espace noir. La couleur, la luminosité et la taille variaient suivant le sorcier, sa puissance, son niveau, son entraînement, ses rapports à la magie, son type de pouvoir, son lignage... bref sa dépendait de pas mal de choses. Cependant, il s'agissait toujours d'une sphère dans un espace noir. Mais chez Onyx, c'était bien différent.
La sphère semblait avoir explosée en des milliards de petites particules blanches. Leur lumière grisâtre était ternes. Elles dansaient en une tempête furieuse dans tout l'espace. C'était violent et très puissant. Tom n'eut aucun mal à croire que c'était cela qui provoquait l'immense douleur de l'adolescent. En temps normal, le noyau ne bougeait pas et il émettait des ondes de magie qui parcouraient le corps lorsque le sorcier utilisait ses pouvoirs. Là, non seulement s'était complètement éparpillé en une fine poussière, mais en plus, ça tourbillonnait dans tout les sens et chaque particule émettait de légère pulsations d'énergie de façon anarchique sans que le jeune sorcier n'ait sollicité ses pouvoirs. Les ondes de magie s'entrechoquaient et explosaient constamment. C'était un beau bazar aux yeux du Lord. Il comprit bien mieux d'où venaient la douleur, l'épuisement et les difficultés de mouvement du jeune sorcier. L'état de la magie d'un être influençait beaucoup son état de santé et là, elle était dans en miette et déboussolée. Cette tempête lui pompait toute son énergie en plus de faire du dégât sur son corps. Il observa le phénomène avec attention, notant chaque détails pour pouvoir y réfléchir et essayer de trouver un moyen d'arranger ça le mieux possible. Mais il savait déjà que rien ne réparerait jamais sa magie. Jamais plus il n'y aurait une belle sphère lisse et calme ici.
Il termina et recula en douceur constatant au passage que sa petite observation avait fatigué le jeune homme. Il se retira de son esprit, laissant toutefois le lien largement ouvert pour pouvoir le surveiller. Reprenant ses esprits, il constata que Onyx avait la respiration plus lourde et difficile qu'auparavant. Sans attendre, il attrapa la kiseru qui reposait sur la table de chevet. Il demanda au jeune homme quel tabac il devait prendre puis il prépara la pipe et la donna à l'adolescent qui la prit d'une main tremblante.
- Merci, bredouilla-t-il avant de commencer à fumer doucement.
- Ce n'est rien. Ça va ? Combien de temps cela m'a-t-il pris ? demanda-t-il en sachant que la notion du temps ne comptait plus lors de ces analyses mentales à un niveau si élevé.
- Ça va, répondit-il en recrachant la fumée en faisant bien attention à ne pas le faire vers Tom. Une demi heure à peu près, ajouta-t-il ensuite.
- Je vais réfléchir à ce que j'ai vu et je vais essayer de trouver une solution. Je m'y connais en magie interne, dit-il avec assurance.
- Merci, mais tu n'es pas obligé, murmura-t-il.
- Personne n'oblige Lord Voldemort à faire quoi se soit de toute façon, ricana-t-il en faisant sourire Onyx.
Tom se surprit à beaucoup aimer cette expression, se disant qu'il devrait la faire apparaître plus souvent sur son visage d'ange.
- Mais j'ai envie de le faire, continua-t-il avec plus de sérieux.
- Pourquoi ? demanda le jeune sorcier d'une voix basse. Pourquoi est-ce que tu m'aides ? Je n'ai rien de spécial, je...
- Tu ne te vois peut-être pas comme quelqu'un de spécial, l'interrompit Tom avec douceur, mais à mes yeux, et aux yeux de ta famille tu es quelqu'un de spécial et d'irremplaçable. Si Bella et Rodolphus ont tenu le coup à Azkaban, c'est parce qu'ils pensaient à toi. Tu as été leur pilier, leur espoir, parce que tu es leur fils et qu'ils t'aiment plus qu'eux même. Tu es le fruit de leur amour, leur perle comme ils disent. Et ça juste parce que tu es toi. Rien de plus et rien de moins. Tu n'as pas besoin d'essayer d'être quelqu'un d'autre. Sois juste comme tu en as envie pour te construire comme tu as envie d'être et non comme les autres veulent que tu sois. Tu es spécial pour eux.
- Et pour toi, qu'est-ce que j'ai de spécial ? demanda Onyx hypnotisé par ses paroles.
- Pour moi ? Et bien, je trouve que tu es très fort. Tu ne t'en rends pas compte parce que tu as fini par croire ce que Dumbledore et les autres n'ont cessé de te dire. Et s'ils te disaient ça, c'est parce qu'ils ne t'aimaient pas et qu'ils t'enviaient. Ils enviaient ta force et ton pouvoir, c'est pour ça qu'ils voulaient te le voler. Mais maintenant, tu commences une nouvelle vie. Alors oublies tout les mensonges qu'on t'a raconté. Tu n'es pas faible, tu es fort. C'est moi qui te le dit. Et je pense que mon jugement à une certaine valeur, dit-il avec un sourire arrogant. Ensuite, je trouve que tu es très intelligent, très astucieux et observateur. Tu es aussi loyal et déterminé, tu as de la volonté, ce que j'apprécie beaucoup. Tu es quelqu'un de vrai. Tu es réaliste et rusé. Tu aimes la magie et le monde sorcier malgré ce qu'il t'a fait. Tu es spécial pour moi, parce que tu as quelque chose de magique. Quelque chose de magique dans ta façon d'être, dans ta façon de penser et de voir le monde. Tu es une personne spéciale à mes yeux, tu es unique et tu n'es certainement pas une chose sans importance comme on a voulu te le faire croire.
Il s'arrêta et regarda silencieusement le jeune homme qu'il tenait toujours dans ses bras. Onyx avait ses yeux plongé dans les siens et ses prunelles brillaient d'étoiles, ce que le Lord trouva splendide. Le jeune sorcier était bouleversé parce qu'il venait d'entendre. On ne lui avait jamais parlé ainsi. Il n'avait jamais entendu de tels mots pour parler de lui. Il avait l'impression d'être un bijou précieux dans les mains du Lord et c'était un sentiment formidable pour lui. Mais ce qui le touchait le plus était la sincérité qu'il entendait dans la voix de Tom mais qui résonnait aussi à travers le lien, l'empêchant de douter. Il y avait de la sincérité mais aussi de l'affection, de la douceur, une grande estime pour lui, de la bienveillance, une envie colossale de le protéger et de la tendresse. Il sentait tout ça à travers le lien. C'était tellement beau, la plus belle chose qu'on lui ai offert. Il se sentait comme un trésor important, comme une personne, un être précieux et non un objet. Il regarda les yeux rubis de Tom qui l'observaient simplement :
- Merci Tom, merci, murmura-t-il alors que les larmes lui montaient aux yeux.
Il posa sa pipe et alla se blottir contre le Lord sans aucune hésitation. Celui-ci referma ses bras autour de lui et il restèrent ainsi en silence. Se calmant, Onyx remarqua enfin que leur connexion était devenue bien plus puissante.
- Tom, le lien, commença-t-il, il est...
- Plus fort, termina le Lord. Oui, j'ai remarqué. Je ne sais pas comment ça se fait mais je vais chercher.
- Est-ce que tu sais ce que c'est, cette connexion ?
- Non, c'est un vrai mystère pour moi. Je n'avais jamais entendu parler une telle chose mais je vais étudier la question et je te dirais si je trouve quoi que se soit, annonça-t-il.
- Elle ne te dérange pas ? demanda l'adolescent.
- Non, pas du tout. Au contraire, j'aime bien le contact avec ton esprit. Ça me détend, expliqua-t-il en tirant un sourire rassuré à l'adolescent.
Celui-ci était d'ailleurs maintenant complètement détendu dans ses bras et un léger sourire flottait sur ses lèvres. Il avait l'air vraiment à l'aise, apaisé, et Tom se rendit compte que lui aussi se sentait particulièrement bien. Le Seigneur des ténèbres ne pu cependant s'empêcher de constater aussi bien en regardant Onyx qu'en étant attentif au lien que le jeune homme était épuisé. Il commençait à se faire tard et il décida qu'il devait le laisser se reposer même s'il n'avait pas vraiment envie de partir. Mais l'adolescent avait besoin de repos et il avait eu bien assez d'émotions pour aujourd'hui. Onyx se mit d'ailleurs à bailler, ses yeux mi clos.
- Je vais y aller, annonça-t-il.
- Déjà, bouda automatiquement Onyx qui rougit furieusement en se rendant compte de ce qu'il disait.
Tom sourit avec amusement cependant touché par sa réaction.
- Oui, dit-il avec douceur. Tu as besoin de repos. Mais je reviendrai demain si tu veux. Je n'ai toujours pas répondu à tes questions je crois. Alors si tu veux, demain on passe l'après midi ensemble.
- Tu auras le temps ? Papa m'a dit que tu travaillais beaucoup.
- Je vais prendre le temps, répondit-il. Une après midi de pause ne va pas me faire de mal, au contraire. Et puis comme je te l'ai dit, j'aime beaucoup ta compagnie alors oui, j'aurai le temps.
- Demain après midi alors, sourit le jeune homme.
- Demain après midi, confirma le Lord. En attendant, tu vas prendre un bon repas et tu vas te reposer. Et aussi, tu vas me faire le plaisir de le dire à tes parents si tu as un problème ou que tu as mal quelque part ou que tu as envie de quelque chose. D'accord ? Tu as le droit et personne ne te fera de mal pour ça, au contraire, ils s'efforceront de t'aider au mieux et le plus vite possible, fais moi confiance. Et souviens toi que ça fait quinze ans que tes parents attendent pour te chouchouter sans retenu alors laisse leur le plaisir de le faire en leur disant ce dont tu as envie.
- C'est compris, assura Onyx.
- C'est bien. Je vais t'aider à te réinstaller, dit-il.
L'homme s'exécuta alors, replaçant le jeune homme correctement dans son lit avec douceur et attention. Quitter les bras du Lord fut comme un coup de masse pour Onyx. Il avait soudain froid et il se sentait seul. C'était presque douloureux et il ferma les yeux pour tenter de chasser la sensation. Il sentit alors une main sur sa joue et il rouvrit les yeux, trouvant Tom en face de lui qui le regardait.
- Ça va ?
Le jeune sorcier hésita mais il finit par dire la vérité :
- Je suis fatigué et j'ai froid, avoua-t-il.
Le Lord remonta alors la couverture sur lui, veillant à ce qu'il soit bien au chaud.
- Un repas te réchauffera et dort ensuite, conseilla-t-il d'une voix douce.
Il sortit sa baguette mais son geste ne provoqua aucune réaction de peur chez Onyx. Il ensorcela soigneusement les draps qui chauffèrent doucement. Le jeune sorcier le remercia avec un beau sourire qui le rendit inexplicablement heureux. Il tenta ensuite de refermer le lien mais il ne put le faire complètement. Une connexion fixe semblait s'être installée. Gardant leurs esprits en contact constant. Il n'y avait pas beaucoup d'effets mais tout deux continueraient visiblement à sentir la présence de l'autre dans ses pensées.
- On dirait que le lien ne veut plus se couper, remarqua-t-il. C'est étrange, dit-il en fronçant les sourcils. Je vais commencer mes recherches dés ce soir pour savoir ce qu'il en est. Mais ne t'inquiètes pas pour ça, rassura-t-il en sentant une légère angoisse chez l'adolescent qui s'était tendu. Ça n'a rien de dangereux ou d'alarmant. Et puis jusqu'à présent, ce lien s'est révélé être une bonne chose.
- Tu m'as sauvé grâce à lui, remarqua Onyx avec un léger sourire.
- Oui. Alors ne t'inquiètes pas pour ça, je vais trouver ce que c'est. En attendant, tu vas sentir ma présence dans ton esprit.
- Ce n'est rien, j'aime bien, avoua-t-il tout bas un peu gêné.
- Nous sommes deux alors, sourit Tom. N'oublies pas que toi aussi tu peux te servir du lien pour me parler si tu en as envie. À demain et passe une bonne nuit, dit Tom en se relevant.
- Bonne nuit Tom. À demain, répondit le jeune homme avec un sourire.
Le Seigneur des ténèbres sortit alors, retrouvant automatiquement son expression froide et neutre qu'il avait laissé tomber avec Onyx, naturellement. Il trouva Bella et Rodolphus dans le salon et ceux ci se levèrent lorsqu'ils le virent. Bella le salua en s'inclinant puis il prit la parole :
- Je reviendrai demain après midi, dit-il simplement. Bonne soirée, termina-t-il avant de s'en aller.
Presque immédiatement, Bella et Rodolphus se dirigèrent vers la chambre d'Onyx, un peu inquiets malgré la confiance qu'ils avaient en leur maître. Ils furent très agréablement surpris en le retrouvant. L'adolescent semblait épuisé mais il était complètement détendu et un léger sourire habillait ses lèvres. Léger mais sincère et ils trouvèrent ça simplement magnifique. La visite du Lord semblait avoir eu un bon effet sur lui. Et ils en eurent la preuve un moment plus tard lorsque leur fils leur réclama pour la première fois un repas en leur disant ce qu'il aimerait manger. Habituellement, c'était eux qui commandaient les repas. Jamais le jeune sorcier ne disait quand il avait faim et il disait encore moins ce qu'il aimerait manger. Mais il le fit ce soir là, tendu comme un arc et visiblement angoissé mais il le fit et ses parents furent ravis de combler sa demande avec des sourires. Et la bonne humeur fut au rendez vous alors que la petite famille mangeait au milieu du lit.
