Fadeï Serafim Vassili

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Chapitre 6 :

Pleine lune

Ce fut avec des yeux émerveillés que Fadeï découvrit pour la première fois les couloirs du manoir. Il regardait autour de lui les boiseries sombres et sculptées, les vases de porcelaines, les tableaux ensorcelés, les lustres de cristal, les tapis aux motifs élaborés... Il n'avait jamais vu un tel décor. Il avait l'impression d'être dans un palais. Il avait du mal à se dire qu'il allait vivre là, c'était splendide. Ils marchèrent tranquillement en silence, Nikolaï et Dean regardant le jeune vampire qui ressemblait à un enfant, posant ses yeux partout avec curiosité. Ils ne croisèrent personne et mirent quelques minutes à gagner leur destination.

- C'est grand, lâcha finalement l'adolescent faisant rire son père.

- C'est plutôt grand en effet, remarqua celui-ci.

- Ça fait dix ans que je vis ici et je crois que je n'ai pas encore vu toutes les pièces, ricana Dean.

- Si je n'avais pas construit aussi grand je n'aurais pas pu accueillir autant de monde, remarqua Kolia. Et puis c'est quand même plus classe, dit-il avec un faux air hautain qui fit sourire son fils et qui fit rire Dean.

Finalement, ils arrivèrent devant une grande porte sombre. On entendait déjà le bruit des discussions joyeuses ainsi que des éclats de rires provenant de la pièce. Fadeï devina tout de suite qu'il y avait pas mal de monde de l'autre côté. Il se tendit. Ça lui rappelait toutes ces fois où il était entré dans la grande salle à Poudlard. Tout les regards se tournaient alors vers lui et il pouvait y lire l'admiration, l'espérance, l'accusation, la curiosité, la jalousie, la colère, l'irritation, le ressentiment, l'exaspération, la cruauté... Ces regards lourds de reproches, d'attentes ou de mises en gardes silencieuses. Ces regards qui faisaient peser le poids du monde sur ses frêles épaules et qui le faisaient trembler de peur. Il n'avait aucune envie de voir ça de nouveau.

Sentant son âme sœur se tendre de plus en plus, Dean le serra un peu plus contre lui. Il déposa un baiser sur son front pour le rassurer. Glyf siffla en sentant l'angoisse de son maître. Hedwige se mit à hululer doucement et Oëlys vint effleurer sa main du bout de son nez.

- Hey, ne t'en fais pas, murmura Dean. Ils ne vont pas te manger, dit-il en riant.

- Non, c'est notre louveteau qui va les croquer en premier, ricana Nikolaï en posant une main sur son bras.

- Louveteau ? s'étonna Fadeï un peu amusé qu'un homme de la carrure de Dean soit surnommé ainsi.

- Et bien c'est un loup, remarqua intelligemment Kolia avec un sourire moqueur, et avant ton arrivée, il était le plus jeune du manoir. Alors tout le monde l'appel louveteau, expliqua-t-il.

- Je vois, sourit Fadeï. Louveteau, murmura-t-il en regardant Dean avec un sourire.

- J'adore quand c'est toi qui le dit, répondit celui-ci en déposant un baiser sur son nez.

Le jeune vampire eut un petit rire et ceux qui l'entouraient furent soulagés de voir qu'il s'était détendu. Nikolaï se tourna alors vers la porte et celle-ci s'ouvrit d'elle même sans un bruit. Fadeï écarquilla les yeux en découvrant la grande salle à manger. C'était une pièce vaste au haut plafond. Celui-ci était magique et représentait un ciel étoilé parcouru par une aurore boréale blanche aux reflets argentés. Un peu plus bas flottait une multitude de bougie. Blanches et rondes, elles avaient la particularité d'avoir la tête en bas, leurs flammes s'étendant étrangement vers le sol sur plusieurs centimètres avant de se transformer en pluie de paillettes dorés s'évanouissant dans l'air.

L'espace au sol était occupé par une vingtaine de tables rondes pouvant accueillir une quinzaine de personnes chacune. Faites de bois sombre et laqué, elles étaient basses et entourées d'une multitude de chaises sans pieds de style japonais ou de gros coussins dans de multiples couleurs. Le tout était installé sur d'épais tapis colorés sobres. Au centre de chaque table trônait un bouquet de fleurs de cristal. Aux murs pendaient des miroirs mais aussi des tableaux représentant diverses créatures magiques rares.

Fadeï fut surpris et émerveillé de constater qu'en face de lui et donc de l'entrée, il n'y avait pas de cloison, la pièce étant entièrement ouverte sur l'extérieur. Elle donnait sur la forêt et l'on voyait, à quelques mètres de là, de gigantesques pins aux larges troncs entre lesquels volaient de petites billes lumineuses. Le sol était couvert d'un tapis de mousse, parsemé d'aiguilles. Le jeune vampire se rendit compte qu'il devait y avoir une sorte de barrière entre l'intérieur et l'extérieur puisqu'il faisait agréablement chaud dans la salle. Un espace restait libre au centre de la pièce et Fadeï se demanda pourquoi.

D'un rapide coup d'œil, il détermina qu'il devait y avoir environ quatre vingt dix personnes qui discutaient joyeusement. Le nouveau vampire resta profondément étonné par la diversité d'espèces qu'il trouva devant lui. Et comme c'était arrivé avec les gens qu'il connaissait déjà, à chaque fois qu'il posait les yeux sur un être, il en devinait l'appartenance et, dans certains cas, une capacité magique innée. Il y avait des elfes anciens, des vampires, mais aussi des démons, des lutins, des nymphes, des centaures, des métamorphes, des élémentaux, des fées à taille humaine ,d'autres minuscules, des satyres et des elfes de maisons. Il vit aussi un géant, une veela, un nain, une ningyo, une aswang et une harpie.

Il y avait une diversité impressionnante mais au final, ce n'était pas vraiment étonnant lorsqu'on savait que Nikolaï prônait la tolérance et le mélange des cultures. Le vampire était très cultivé et il trouvait dommage que certains ne veuillent pas s'ouvrir aux autres cultures que la leur, préférant se battre entre eux. L'exemple le plus proche d'eux étant la querelle qu'il jugeait stupide entre Quileute et Cullen. Lorsqu'il apportait son aide à quelqu'un, il ne prenait sûrement pas son sang en compte. Sinon Dean n'aurait pas été là.

À leur entrée, tous se tournèrent vers eux et Fadeï se tendit, attendant avec appréhension les réactions à sa présence. Les regards se posèrent d'abord sur Kolia et tous le monde le salua avec le sourire :

- Bonsoir Nikolaï, dirent-ils.

- Bonsoir, répondit celui-ci.

Les regards se tournèrent ensuite vers Dean qui le suivaient et tombèrent rapidement sur Fadeï blottit dans ses bras. Il n'échappa à personne que le jeune vampire était tendu et angoissé. Il les regardait avec une appréhension palpable, tintée de peur et tous surent que leurs premières réactions à son égard seraient déterminantes. Pendant tout le mois qui s'était écoulé, depuis ce jour où pour la première fois ils avait vu l'adolescent dans les bras du vampire, tous dans le manoir avaient suivi son évolution. C'était Gricha qui s'était chargé de leur donner des nouvelles presques quotidiennes, à chaque repas commun qu'ils prenaient tous ensemble le soir. Tous avaient suivi avec attention. Ils avaient angoissé la première semaine en le sachant entre la vie et la mort. Ils avaient fêté la venue Oëlys et l'invocation miraculeuse de Glyf. Et ils avaient attendu avec impatience son réveil pendant les trois semaines qui avaient suivies.

Tout le monde s'étaient pris d'affection pour lui sans même l'avoir rencontré. Ils avaient été touchés par les récits de Gricha et Evania décrivant la douceur de Nikolaï à son égard ainsi que la détermination que mettait Arenne dans ses soins. Ils avaient ensuite appris la formation du lien d'âme sœur entre le loup et le jeune vampire et beaucoup croyaient encore à une blague, attendant de voir le couple, le Quileute ne s'étant pas vraiment montré depuis le réveil de Fadeï. Ils avaient appris par Kirsan qu'il n'aimait pas qu'on l'appel « jeune maître » et qu'il préférait qu'on l'appel par son prénom. Et tous s'en souvenaient alors qu'ils le saluaient :

- Bonsoir Fadeï, dirent-ils simplement avec le sourire.

L'adolescent fut réellement surpris et profondément ému. Après avoir salué son père, tous observèrent Dean avant de poser leurs regards sur lui. Et ce qu'il lut dans ces regards fut bien loin de ce qu'il avait connu. Il y avait de la chaleur, de la joie, une certaine affection mais rien de négatif ou de pesant. Juste des sourires sincères. Puis les voix s'élevèrent en cœur pour le saluer et il en fut incroyablement touché. Il ne put s'empêcher de sourire, soulagé par l'ambiance conviviale et amicale qui planait dans la pièce.

- Bonsoir, salua-t-il à son tour.

- Bonsoir louveteau, terminèrent-ils ensuite.

Tout le monde éclata de rire à l'air dépité du Quileute qui leur répondit tout de même avec le sourire avant de suivre Nikolaï qui avançait dans la salle. Le vampire alla s'asseoir à une table vers le centre de la pièce et Dean vint s'installer à sa droite, relativement proche de lui pour rassurer Fadeï. Il choisi une chaise sans pieds et croisa les jambes devant lui. Le jeune vampire se retrouva assis entre ses cuisses, son dos collé au torse du Quileute l'entourant de ses bras et qui avait posé son menton sur sa tête. Hedwige resta fièrement dressée sur l'épaule du loup et Oëlys s'allongea à droite de Dean.

Fadeï observa un peu plus autour de lui. Il vit Arenne qui vint s'installer à gauche de Kolia et Kirsan qui s'assit à côté de la licorne noire. À sa table il y avait un démon à l'allure très élégante et raffinée, deux vampires jumeaux, ce qui ne manqua pas de l'étonner, la veela, deux elfes anciens, deux métamorphes et une quinzaine de petites fées assises à même la table et entourant un elfe de maison.

Le jeune vampire fut agréablement surpris de voir que la dizaine d'elfes de maisons qu'il savait vivre au manoir grâce à son père, étaient tous installés dans la pièce et que visiblement, ils mangeraient avec eux. Tous étaient habillés de costumes simples et bruns. L'elfe de maison assis en face de lui semblait être en grande discussion avec les petites fées, lui jetant des regards réguliers. Il constata d'ailleurs que tout le monde le regardait mais il ne fut pas aussi gêné qu'il avait pu l'être dans le passé. Il ne sentait autour de lui qu'une curiosité naïve et enfantine teintée d'un brin d'excitation. C'était comme s'il était entouré d'enfants et il trouvait cela presque amusant, léger et rafraîchissant.

Ce fut la veela qui parla en premier. Elle était très belle. Elle était assez grande et fine avec tout de même des formes généreuses et féminines. Elle avait de longs cheveux blonds platines et lisses. Ses oreilles étaient pointues et l'on voyait deux petits crocs, plus courts que ceux des vampires, dépasser de ses lèvres. Ses yeux avaient la couleur de l'améthyste et elle était vêtue d'une robe blanche, fine et simple. Elle était assise et calée contre un elfe ancien qui lui ressemblait étrangement. Elle le regardait avec une certaine révérence et Fadeï l'entendit bredouiller l'air rêveur :

- Alors c'était vrai, des âmes sœurs, murmura-t-elle en passant ses yeux sur Dean puis sur Fadeï avant de revenir sur le loup.

- Alors c'est vraiment vrai ? s'exclamèrent les petites fées en se tournant vers le couple.

Visiblement, tous attendaient la réponse avec avidité. Fadeï bascula la tête en arrière pour regarder le visage de Dean. Celui-ci souriait. Il déposa un baiser sur son front et resserra son étreinte autour de lui. Le jeune vampire remit sa tête droite, se blottissant un peu plus contre son loup en soupirant d'aise. Le Quileute reposa son menton sur sa tête avant de répondre la voix douce :

- Oui c'est vraiment vrai.

Toute la salle éclata alors en applaudissements et en félicitations. Le jeune vampire sursauta, surpris mais il se laissa vite aller à sourire, détendu. Les petites fées s'envolèrent, entamant un ballet complexe et rapide. Elles firent apparaître deux couronnes de fleurs blanches de toutes sortes qu'elles vinrent déposer sur leurs têtes. Ce fut l'euphorie pendant un moment et le jeune vampire se détendit complètement entre les bras de son âme sœur, entouré par cet éclat de joie pure.

Nikolaï finit par ramener le calme pour annoncer le début du repas alors que vingt heure sonnait. Fadeï l'observa faire un moulinet avec son poignet et une boule de lumière apparut dans sa paume. Il la lança dans les airs où elle éclata en de nombreuses étincelles. Chacune d'entre elle se dirigea vers une personne, tombant sur la table devant eux pour faire apparaître le repas. L'adolescent regarda le spectacle avec intérêt et constata que chacun avait quelque chose d'adapté à sa condition devant lui. Il y avait des potions de substitut de sang pour les vampires, des plats végétariens pour les elfes, de petites piles de fruits pour les fées, des crustacés pour la nyngyo, des insectes pour la aswang, de la viande sanguinolente pour les démons… Bref, chacun en avait pour ses goûts. Tout était servi, soigneusement présenté, dans de magnifiques assiettes de porcelaine fine. Il y avait des couverts en argent et des verres de cristal soigneusement travaillés. Et toute la vaisselle était frappée de l'emblème Vassili. C'était splendide et luxueux.

Fadeï regarda devant lui et vit tout d'abord ce qu'il put assurément qualifier « d'assiette normale » accompagnée d'un verre de soda, destinés à Dean. Il y avait aussi un magnifique et grand verre en cristal entièrement décoré d'arabesques en argent. Il était ampli d'un liquide doré dont l'odeur sucrée parvint à ses narines et il sentit ses crocs sortir doucement, devinant que ce verre lui était destiné. Il y avait un plat plein de fruits et d'herbe sur lequel Oëlys s'était déjà jetée. Un petit bol contenait les friandises préférées d'Hedwige qui se retrouva vite à embêter le Quileute pour qu'il lui en donne. Et enfin, il y avait une coupelle où trônaient de magnifiques fraises qui n'avaient subi aucune transformation. Il se demanda à qui elles étaient destinées et le comprit bien vite quand Glyf s'anima de nouveau autour de ses bras. Les deux cobras quittèrent ses membres pour gagner la table et entourer les fruits rouges.

« Des fraises, mon pêché mignon. » siffla-t-il avec bonheur en respirant l'odeur des fruits.

« Tu manges des fraises ? » s'étonna Fadeï.

« Normalement je mange de petits animaux où des insectes comme tout les serpents mais j'adore les fraises et les fruits rouges en général. Je n'ai pas souvent l'occasion d'en manger. » expliqua-t-il alors que les deux reptiles prenaient un premier fruit.

Ils saisirent ensemble une même fraise qu'ils coupèrent en deux avant de l'avaler avec une délectation évidente.

« Exquis. » apprécia-t-il.

Fadeï sourit devant la quasi extase du reptile et il s'aperçut alors que beaucoup observaient Glyf avec curiosité. Il fut vraiment déstabilisé par le fait que personne ne sembla relever le fait qu'il avait parlé fourchelang. Pour une fois, il l'avait fait sans avoir l'impression d'être une bête de foire ensuite et il en fut incroyablement ému. Non, là tous semblaient plus curieux d'observer le serpent qui mangeait ses fraises avec bonheur.

Ce soir là, Fadeï eut droit à son premier repas agréable et convivial. Il se détendit rapidement et bien qu'il ne participa pas vraiment aux conversations, il se plut à les écouter, parlant avec Dean qui l'aidait à boire son verre lorsqu'il le souhaitait. Il observait avec joie l'amusement de tous. Rien n'était figé. Tout le monde riaient ou discutaient avec passion. Les gens voyageaient entre les tables et bientôt un vrai spectacle prit place dans l'espace libre au centre de la pièce. Les nymphes dansaient avec les petites fées, les elfes anciens chantaient, les lutins et les elfes de maisons jonglaient. Le jeune vampire fut vraiment surpris de découvrir une telle ambiance et il sut qu'il s'y ferait rapidement. Même dans ses rêves il n'avait jamais imaginé ça. C'était un simple instant de rire et de plaisir, un simple instant avec sa famille et des amis, mais un simple instant auquel il n'avait jamais eu droit et auquel il goûtait pour la première fois.

L'adolescent alla poser difficilement une main sur le bras de son père, attirant son attention. Nikolaï se pencha vers lui avec le sourire et Fadeï murmura avec émotion:

- Merci.

Bien sûr, ce simple mot n'échappa à personne dans la pièce puisque tous ou presque avaient des sens très développés et que ce soir, toute leur attention était discrètement dirigée vers le jeune vampire qu'ils rencontraient véritablement pour la première fois. Et tous sourirent, ravis de voir qu'il passait un bon moment.

- De rien, murmura Nikolaï. Je t'avais dit que tout n'était pas noir dans la vie. Tu n'as eu droit qu'au plus terrible que l'on puisse trouver mais à partir de maintenant, je te promets que tu auras droit à tout ce qu'il y a de bon. Et ça commence avec un repas convivial.

Encore une fois, tout le monde avait entendu. Ils ne connaissaient pas les détails de la vie du nouveau vampire mais il n'y avait qu'à voir l'état dans lequel il était arrivé, le peu que Nikolaï leur avait dit et surtout les émotions qui défilaient sur son visage. La crainte qu'il avait eu en entrant, son appréhension, ses sursauts à chaque bruit ou geste brusque, son émerveillement enfantin face à des choses simples... tout ça laissait clairement voir qu'il n'avait pas eu la vie qu'un enfant aurait dû avoir. À quel point cela avait déraillé ? Ils n'en savaient rien. Mais en tout cas, son sourire et son émotion présente étaient agréables à voir.

- Je croyais que ça commençait avec une garde robe géante, rigola Fadeï.

- Oui, pour la catégorie « objets de tout les jours », dit-il avec un faux sérieux qui fit pouffer l'adolescent, là on entre dans la catégorie « détente et divertissement ».

- Et il y a combien de catégories ? demanda Fadeï.

- Autant qu'on pourra en trouver, répondit Nikolaï.

- Merci papa, réitéra Fadeï avec le sourire.

Sous les regards attendris de tous, Kolia déposa un baiser sur son front et serra sa main dans la sienne avec une affection que personne ne lui avait jamais vu. Serein et heureux, Fadeï se blottit un peu plus contre Dean, posant sa main libre sur celles larges et chaudes qui étaient croisées sur son ventre. Il soupira d'aise et ferma les yeux, écoutant ce qu'il se passait autour de lui comme une berceuse. Il appréciait les rires, les chants ou de simples discussions. Et surtout, il analysait avec précaution cette ambiance chaleureuse et amicale qu'il n'avait jamais connu mais qu'il appréciait déjà.

Dans les jours qui suivirent, Fadeï visita tout d'abord le manoir avec Dean, Kirsan et son père. Hedwige et Oëlys le suivaient parfois et Glyf avait vite pris l'habitude de s'enrouler autour de ses bras. Il découvrit avec stupéfaction que le manoir était un mélange du monde sorcier et moldu. Il y avait une salle de cinéma pourvu d'une incroyable collection de films. Il y avait également un salon musical encore une fois pourvu de toutes les musiques possibles et imaginables, aussi bien moldus que sorcières ou venant des différents peuples magiques. Une pièce qui suscita particulièrement son attention fut une salle télé aménagée pour les jeux vidéos. Il y avait une grande bibliothèque, de grands salons dans plusieurs styles, des salles de sports, des laboratoires de potions, une splendide pièce sous une coupole de verre destinée à l'observation des étoiles, une gigantesque serre pleine de plantes ordinaires ou magiques et toutes plus extraordinaires les une que les autres, des serres de cultures pour les besoins du manoir . Il y avait aussi plusieurs très grandes pièces destinées à la pratique des sports, du combat, de la magie...

Une aile entière était dédiée aux chambres dont chacune avait son salon, son bureau et sa salle de bain. Il y avait de multiples salons et salles à manger privées. Des salles de travail et de réunion. Une salle de bal et une salle de réception, toutes deux dans des proportions royales. Il y avait encore des dizaines de pièces mais ils n'en firent pas le tour complet.

Tout les soirs à présent, Fadeï venait avec plaisir manger avec tout les autres et il découvrait petit à petit les autres habitants. Au troisième repas, il commença à discuter avec ceux qui se trouvaient à sa table et qui changeaient presque tout les soirs. Il n'y avait qu'une seule personne qui y était restée chaque jours et Dean lui avait dit que la personne en question ne changeait jamais de place et s'installait systématiquement au même endroit. Le personnage intriguait particulièrement Fadeï et malgré son allure froide, il fut la première personne avec qui il parla. Il ne savait pas pourquoi mais ce personnage lui plaisait.

C'était un homme assez grand et filiforme. Mince, il ne semblait pas musclé du tout. Il avait une peau très pâle comme les vampires bien qu'il n'en soit pas un. Toutes ses dents étaient pointues et acérées dépassant un peu de ses lèves fines lorsqu'il ouvrait la bouche. Il ne souriait pas vraiment et se contentait, à quelques occasions, de relever légèrement les coins de sa bouche. Il avait un visage fin et très élégant, princier. Il avait de courts cheveux noirs qui lui couvraient les oreilles et qui étaient savamment ébouriffés. Il avait des yeux d'un noir profond dont on ne distinguait plus la pupilles et qui avaient de discrets reflets bordeaux. Il portait toujours des costumes classiques et sombres. Ceux-ci étaient constitués de chemises dont le col était accompagné de jabots de soie noire et ornés d'une broche en onyx. Il portait aussi des pantalons de lin aux coupes droites, des ceintures aux boucles travaillées, des chaussures de cuir ciré, des gilets et des vestes de costume longues. Il avait également des capes ou des demi capes. C'était un personnage qui semblait avoir traversé l'histoire et qui intriguait profondément Fadeï.

Il y avait une élégance constante dans ses gestes même lorsqu'il mangeait son morceau de viande sanguinolente, il le faisait avec une grâce envoûtante. Il se tenait toujours droit et avait une présence discrète mais fascinante. Il s'agissait d'un démon prénommé Erasenoss. Il était plutôt silencieux pourtant c'était avec lui que le jeune vampire avait le plus facilement entamé la discussion.

L'adolescent avait vite appris que les gens du manoir étaient souvent particuliers. Aussi, il avait découvert que c'était un curieux duo qui tenait l'immense bibliothèque et qui se chargeaient de nouvelles acquisitions. D'après Kolia, cela faisait quatre cent ans qu'ils étaient là. Tout deux vêtus de costumes d'apparences anciennes, ils avaient un air de professeurs avec leurs petites lunettes sur leurs nez et leurs cheveux soigneusement attachés en un catogan impeccable. Fadeï était cependant resté très étonné lorsqu'il les avaient rencontré et découvert leur rôle puisque non seulement ils n'avaient pas la tête de l'emploi mais en plus leur duo avait quelque chose de comique. Il s'agissait d'un nain, Eosam, et d'un géant, Rokeiner. Dramatiquement sérieux, ils n'aimaient absolument pas que l'on fasse une remarque sur leur différence de taille et même s'ils se chamaillaient continuellement, débattant sur un sujet ou un autre, ils étaient très amis.

Il avait ensuite fait connaissance avec la paire que formaient la nymphe Tarania et la démone Ipiski et qui étaient vraisemblablement les images de mode de la demeure. Elles aussi étaient radicalement différentes. Tarania était espiègle et enfantine. Pas très grande, elle avait une peau de pêche, des cheveux dorés méchés d'un magnifique vert et ornés de feuilles. Son visage rond était paré de deux yeux verts et d'un immense sourire. Elle portait souvent des robes très courtes dont les bretelles fines tombaient sur ses épaules en un air négligé ravissant. Mince, elle avait cependant de belles formes. Ipiski était complètement opposé. Filiforme et presque maigre, elle était grande et avait l'air froide. Elle avait de longs cheveux noirs et ondulés, des yeux sombres et une peau grisâtre. Elle était belle et portait ces robes anciennes aux larges jupons, brodés de dentelles et de perles. Fadeï aurait pu la croiser dans une salle de bal du dix neuvième siècle qu'il n'aurait pas été étonné. Pourtant, elles étaient très proches. La sobriété et le classicisme de la démone se mariait étonnamment avec l'exubérance et l'excentricité de la nymphe.

Il avait ensuite fait connaissance avec un autre groupe, les cinq lutins : Zetta, Zetti, Zette, Zetto et Zettu. Ils étaient parfaitement identiques et il n'y avait pas vraiment moyen de les différencier surtout qu'ils s'habillaient de manière identique. Haut comme trois pommes, ils avaient réussis à faire rire le jeune vampire. Complètement farfelus, ils avaient des airs de savants fous avec leurs cheveux en pétard sous leurs petits chapeaux pointus de travers. Ils étaient constamment surexcités, ils parlaient tous ensemble dans un babillage qu'eux seuls comprenaient.

D'après Nikolaï, ils étaient de véritables génies des potions. C'étaient eux qui préparaient toutes les potions du manoir et ils avaient même réussi à donner différentes saveurs de sangs aux potions destinées aux vampires et ceux-ci étaient ravis de goûter les nouvelles trouvailles souvent réussies des petits lutins. Ils étaient même parvenus, pour les vampires une fois de plus, à créer une nourriture qui avait tout les aspects des aliments traditionnels mais qui une fois en bouche fondaient et donnait du sang qui avait parfois des saveurs inattendues. Beaucoup de vampire en étaient enchantés. Mais toutes leurs inventions restaient dans le secret du manoir, les petits êtres ne voulant les offrir qu'à des personnes qu'ils appréciaient. Lorsqu'ils avaient appris le problème de Fadeï, ils avaient aidé Arenne à trouver la solution. Leur nouveau projet étant maintenant de lui permettre d'avoir une certaine diversité dans son alimentation. Le nouveau vampire avait été très touché de leur attention lorsque les cinq petits êtres lui avaient dit qu'ils travaillaient à essayer de lui inventer de nouvelles choses pour se nourrir.

Fadeï avait aussi fait plus ample connaissance avec la veela, Cydraï qui voyait les liens et donc son lien d'âme sœur qui la fascinait littéralement. Elle était très douce est charmante tout comme son compagnon qu'elle avait trouvé grâce à Kolia. Il s'agissait de l'elfe Sergeï. Ils étaient tout le temps ensemble. Souriant, gentil et patient, Fadeï les trouvait très agréables et y avait aussi les centaures, Enefer, Iorrel et Clavyn qui étaient, très étrangement, des passionnés de mécanique et entretenaient les nombreux véhicules qui se trouvaient dans les garages de la demeure. Il y avait bien sûr encore beaucoup de monde mais c'était là les personnes qui avaient le plus attiré l'attention du nouveau vampire.

Il eut également, pendant ces quelques jours, une très intéressante conversation avec Glyf qui était venu le voir pour lui parler d'une chose qu'il avait perçu chez le jeune vampire le jour de son invocation. Il lui expliqua que le venin de basilic qui avait failli le tuer était tout de même resté dans son organisme malgré le fait qu'il soit devenu inoffensif pour lui. Glyf lui avait dit que grâce à sa transformation en vampire alliés à ce venin et à sa forme animagus, le boa astral, il avait acquis une capacité dont-il n'avait même pas conscience.

Premièrement, il pouvait contrôler ses injections de venin lorsqu'il mordait. Il pouvait choisir de le faire ou non selon son choix. Deuxièmement, il pouvait sécréter le même venin que le basilic. Et enfin, il pouvait utiliser la caractéristique principale du boa astral. Le serpent avait la capacité de produire des venins multiples et de leur donner les propriétés qu'il voulait. Il pouvait aussi bien être le plus dangereux poison que l'on pouvait imaginer comme il pouvait être un médicament miraculeux, une drogue ou tout ce qu'il pouvait imaginer. Il pouvait lui donner les propriétés qu'il voulait. Seulement, la synthèse de ce venin requérait plus ou moins de magie suivant l'effet désiré et il ne pouvait donc pas se permettre d'utiliser cette capacité sauf s'il n'avait pas le choix. En faîtes, Glyf lui avait dit que la seule chose qui avait manqué à l'éveil de ces capacités était un moyen d'injecter le venin, chose résolue par l'apparition de ses crocs. Et Fadeï était le seul vampire capable de contrôler ses injections lors de ses morsures.

Chaque matin, Nikolaï était venu l'aider à prendre son bain. Il passait une heure à le masser, si bien qu'en trois jours, le jeune vampire avait retrouvé bien plus de mobilité bien que ses jambes restaient faibles. Il avait un peu de mal à marcher sans trébucher mais il pouvait désormais boire ses verres de « sang d'or », comme tout le monde appelait la sève magique qu'il buvait, seul, se laver et s'habiller sans aide. Cependant Dean ne manquait jamais une occasion de l'aider ou de le porter dés qu'il fatiguait. Le loup semblait toujours savoir quand il était trop fatigué pour marcher et Nikolaï avait dit que c'était grâce au lien. Ainsi, l'adolescent n'avait pas à demander son aide que son âme sœur avait déjà réagi, attentionnée. Mais il n'était jamais envahissant et il avait très rapidement appris à se servir du lien et de ses instincts de loup pour savoir quand Fadeï avait besoin de son assistance.

Dans le manoir, tous avaient été prévenus qu'il ne fallait sous aucun prétexte soumettre Fadeï à une quelconque magie. En effet, il y avait parfois quelques plaisantins qui aimaient faire des blagues magiques. Rien de méchant, c'était toujours très drôle mais le moindre sort pouvant faire du dégâts sur le jeune vampire, tout le monde avait été prévenus. Et tous faisaient très attention lorsqu'ils utilisaient une magie à proximité du nouveau vampire. Tous avait aussi très vite compris que l'adolescent n'aimait pas qu'on s'approche trop de lui, qu'il n'aimait pas les contacts si ce n'était ceux de Dean ou de Nikolaï et qu'il prenait facilement peur pour un rien. Ça se lisait dans son corps et dans ses yeux aussi, tout le monde avait fait attention, contribuant ainsi à mettre Fadeï à l'aise. Ils y parvinrent rapidement et le jeune vampire fut très vite parfaitement dans son élément au manoir.

Finalement, les six jours qui les avaient séparé de la première pleine lune passèrent. Ce jour là, alors que Fadeï se promenait dans le manoir au bras de Dean, tous purent voir que que quelque chose n'allait pas. Depuis qu'il marchait et bougeait de nouveau seul, la gestuelle du jeune vampire en avait émerveillé plus d'un. Chacun de ses mouvements était lent et calculé. Il ne faisait aucun geste inutile. On sentait sa faiblesse et sa fatigue mais pourtant, le tout restait d'une élégance envoûtante. Il était gracieux, léger et fluide. Mais aujourd'hui, il était maladroit et lourd. On avait l'impression qu'il allait s'effondrer à chaque pas. Il fut évident, dés le matin et pour tout le monde, que quelque chose n'allait pas.

Dean qui marchait tranquillement à ses côtés, Fadeï ayant pris son bras, était inquiet. Il sentait que le jeune vampire n'allait pas bien. Il s'appuyait bien plus qu'à l'habitude sur lui. Il ne posait pas autant de questions qu'il avait pu le faire les jours précédents. L'adolescent avait été très curieux lors de leurs balades dans le manoir, posant ses yeux partout et voulant tout voir sans pour autant s'éloigner une seconde du loup qu'il collait étroitement. Là, il était silencieux et regardait le sol. À travers leur lien, se renforçant de jour en jour, d'heure en heure et de minute en minute, il sentait que l'adolescent se sentait mal, plus fatigué qu'il ne l'avait été depuis son réveil. Il était raide.

Ils se promenaient présentement dans les couloirs du manoir non loin de la chambre aux cascades, Fadeï ayant décidé d'exercer son corps quotidiennement pour retrouver sa mobilité. Comme souvent, ils étaient accompagnés d'Oëlys, d'Hedwige et de Glyf enroulé autour des bras de son maître. Les trois familiers observaient l'adolescent dans un silence assez lourd. Il ne fallut pas longtemps avant que Fadeï ne trébuche et manque de tomber. Dean le rattrapa avec douceur et le souleva d'autorité dans ses bras. Le jeune vampire se laissa faire sans protester et sa tête vint naturellement trouver sa place contre son épaule.

- Qu'est-ce qui t'arrive Fadeï ? demanda-t-il avec inquiétude.

- Je ne me sens pas très bien, murmura celui-ci le regard un peu vague.

- Pourquoi ne l'as tu pas dit ?

- Je ne veux pas t'embêter, répondit celui-ci. Ce n'est rien.

- Ce qui m'embête c'est de te voir dans cet état, remarqua le loup. Et en plus je commence à vraiment le sentir à travers le lien alors inutile de me le cacher. Tu peux tout me dire, dit-il doucement.

- Excuse moi.

- Ce n'est rien. On va retourner dans ta chambre et tu vas te reposer, annonça le Quileute.

Le jeune vampire acquiesça simplement et ferma les yeux, calant son visage dans la chemise de son âme sœur. Celui-ci regagna la chambre aux cascades, croisant quelques regards inquiets sur son passage. Une fois qu'il eut atteint la pièce, Dean s'avança vers le lit et y déposa son petit vampire avec mille précautions.

- Je vais appeler Nikolaï et Arenne, annonça le loup en écartant les mèches qui barraient le visage de l'adolescent.

- Non, ça va. Ne les déranges pas pour ça, c'est juste un coup de barre, murmura le jeune vampire.

- Je ne crois pas que ce soit juste un coup de barre, remarqua Dean en caressant sa joue. Tu n'as vraiment pas l'air bien. Et tu ne dois jamais avoir peur de déranger en nous disant quand quel que chose ne vas pas, même une toute petite chose que tu juges sans importance. C'est important pour nous parce que ça concerne ton bien être. N'hésites jamais à nous le dire, pria-t-il en venant coller son front à celui du jeune vampire qui le regardait dans les yeux. D'accord ?

- D'accord, bredouilla Fadeï avec un maigre sourire.

Dean embrassa son front et se servit de sa télépathie pour contacter Nikolaï et Arenne. Alors qu'il le faisait, il retirait les chaussures et les chaussettes de l'adolescent à côté du quel il était assis. Fadeï roula difficilement sur le côté avec l'intention de se rapprocher de son loup. Sa présence le rassurait alors qu'il se sentait complètement épuisé. Il se gorgeait de sa chaleur. Le voyant faire, le Quileute l'aida immédiatement et déposa sa tête sur ses genoux, se mettant ensuite à caresser ses cheveux avec affection.

Il ne fallut que quelques secondes après l'appel de Dean pour que Nikolaï arrive, ayant visiblement utilisé sa vitesse vampirique pour venir. Il entra l'air détendu mais Dean vit son inquiétude. Il avança jusqu'au lit et offrit un sourire rassurant à son fils. Il s'assit près de lui et prit l'une de ses mains toujours gantée dans la sienne.

- Arenne arrive mon cœur, dit-il avec douceur. On va voir ce qu'il se passe. Tu as besoin de quel que chose ?

- Non ça va. Merci, bredouilla l'adolescent en serrant doucement sa main.

Ils n'eurent pas à attendre longtemps avant que l'elfe ne toque à la porte. Nikolaï lui permit d'entrer et la blonde gagna le lit sans attendre. Elle avisa l'air épuisé de son jeune patient et s'accroupit entre Dean et Kolia qui entouraient le jeune vampire, lui souriant avec douceur :

- Qu'est-ce qu'il t'arrive bonhomme ? dit-elle en utilisant le surnom qu'elle avait rapidement commencé à employer.

Elle avait vite compris que le jeune vampire appréciait ces marques d'affections aux quelles il n'avait jamais eu droit et qu'elles contribuaient à le détendre. Elle l'aimait beaucoup et elle travaillait tout les jours à acquérir la confiance de l'adolescent qui était devenu son petit protégé. Avant le retour de Kolia au manoir, elle habitait dans une maison perdue dans une forêt mais depuis qu'Evania l'avait appelé de toute urgence pour soigner le nouveau vampire, elle avait élu domicile au manoir et travaillait constamment pour améliorer la vie du fils de son ami de toujours. Elle se souviendrait toute sa vie, peu importerait sa durée, de ce qu'elle avait vu dans l'esprit de Fadeï en le soignant le jour de son arrivée. L'enfer, il n'y avait que ce mot pour elle. Elle voulait maintenant qu'il goûte au paradis et elle aiderait Nikolaï et Dean à lui apporter. Le voir dans cet état l'attristait, il ne méritait pas de subir tout ça.

- Je ne me sens pas bien depuis ce matin, bredouilla le jeune vampire. Je suis plus fatigué que d'habitude, je n'arrive pas à me concentrer et je me sens raide, expliqua-t-il d'une petite voix.

- Je vais voir ça, dit-elle en souriant doucement.

L'adolescent acquiesça mollement et elle avança alors lentement sa main vers son front. Comme toujours Fadeï se tendit mais il n'avait plus ce mouvement de recul instinctif qu'il avait pu avoir au début. Elle déposa délicatement ses doigts tièdes et doux sur la peau froide et comme à chaque fois qu'elle se servait de son pouvoir, sa main s'auréola d'une lumière verte. Elle resta concentrée quelques secondes avant de retirer sa main. Nikolaï l'interrogea du regard et elle répondit :

- C'est la malédiction du loup garou qui s'agite, expliqua-t-elle. La pleine lune est ce soir. Je ne sais pas comment ça va se passer. Je vais rester avec toi aujourd'hui et si tu ressens quoi que ce soit tu me le dis d'accord ?

L'adolescent approuva légèrement, pas vraiment rassuré par la situation. Nikolaï décréta qu'il restait aussi et bientôt Kirsan arrivait à son tour. Il passait beaucoup de temps avec Dean et Fadeï et ce dernier l'appréciait de plus en plus. D'un simple sort, Kolia changea les vêtements de son fils pour un pyjama plus confortable et l'adolescent le remercia d'un sourire. Il lui avait laissé ses gants et si tous se posaient la question de savoir pourquoi il en portait, personne n'avait rien demandé.

La journée passa ainsi. Dean garda son âme sœur contre lui, jouant avec ses cheveux et tout deux discutaient avec Kirsan mais aussi avec Nikolaï et Arenne même si ces derniers s'isolaient parfois ensembles dans le salon de la chambre pour discuter entre eux. Ce qui fut d'ailleurs sujet d'amusement pour le roux et le couple. Il n'échappait à personne que Nikolaï était attiré par Arenne et Arenne par Nikolaï. D'après Kirsan qui était au manoir depuis un moment, ça avait toujours été comme ça. Ils se tournaient autour sans jamais se rapprocher vraiment. En entendant cela, Fadeï se promit qu'il ferait quelque chose. Cela lui avait sauté aux yeux qu'ils se plaisaient.

La journée parut bien longue pour tout le monde et dans l'après midi, Dean montra pour la première fois sa forme de loup à Fadeï. L'adolescent resta émerveillé devant le magnifique loup noir dont le pelage semblait rayonner par endroit de l'éclat de la lune, le jeux de reflets bougeant avec ses mouvements. Il était vraiment impressionnant. Un détail attira l'attention générale car une chose avait changée sur le loup depuis la dernière fois qu'ils l'avaient vu dans sa forme animale. Désormais sa tempe gauche était ornée du même serpent que dans sa forme humaine sauf qu'il était plus grand et de la couleur argentée de la lune.

Sachant qu'il devrait passer la nuit sous cette forme, le Quileute resta ainsi. Il grimpa dans le grand lit qu'il occupait presque entièrement avec cette apparence et Fadeï s'installa contre son flanc, l'air tout à fait à l'aise. Souriant doucement, il perdit ses mains dans l'abondante et douce fourrure sombre. C'était chaud et très confortable. Dean arqua tout son corps autour de lui, protecteur.

- Je sais que je me répète encore, ricana Fadeï en se blottissant contre lui, mais tu es vraiment très très douillet.

- N'est-ce pas ? ricana le loup de sa voix grave et profonde.

- Tu as vraiment touché le gros lot avec lui, rigola Kirsan en s'adressant à l'adolescent, tu as le « mode peluche » intégré. C'est qu'il est multi fonctions le louveteau.

Les autres rigolèrent doucement, franchement amusés.

- Le louveteau a aussi des dents acérées, grogna Dean, et mes canines sont plus grandes et plus dangereuses que les tiennes l'allumette.

- Allumette ? interrogea Fadeï.

Pour seule réponse, Kirsan claqua des doigts en souriant et une petite flamme s'alluma au dessus de sa main. Le jeune vampire se rappela alors qu'il maîtrisait le feu et comprit alors d'où venait le surnom.

- Allumette ou pétard mouillé, entre les deux mon cœur balance, ricana Dean.

- Pétard mouillé ! se vexa Kirsan. Non mais dit donc c'est comme si je t'appelais petit chiot. Il y a des limites tout de même, dit-il en croisant les bras l'air complètement offensé.

- Va pour allumette alors, soupira Dean. Et ne m'appelles jamais petit chiot, je ne suis pas un petit chiot, bredouilla le loup amusant Fadeï.

- Si tu ne m'appelles pas pétard mouillé, insista Kirsan.

- Marché conclu l'étincelle, termina le Quileute.

Tout le monde se mit à rire devant la mine déconfite du roux face au nouveau surnom. Et bientôt, le soir arriva. Le soleil se couchait et Fadeï regardait la coupole de verre qu'était le toit de sa chambre. Il avait été émerveillé la première fois qu'il l'avait vu en pleine nuit. Le verre était opaque mais il y avait tout de même des centaines de petits cercles de verre translucide, semblables à des bulles. La journée, elles étaient toutes agglutinées au même endroit, au centre. Mais la nuit, chaque bulle se déplaçait pour suivre une étoile, permettant ainsi de voir les astres à travers le verre opaque. C'était splendide.

Au plus la journée avait avancé, au plus Fadeï avait senti que quel que chose bougeait en lui. Il avait été de plus en plus fatigué et le soir venu, il était plus épuisé que jamais. Mais les choses empirèrent lorsque le soleil eut entièrement disparu. La pleine lune brillait au dessus de la chambre et Fadeï en sentait l'énergie qui s'amplifia d'un coup lorsque le soleil lui eut totalement cédé la place. Immédiatement, le jeune vampire eut l'impression qu'une bête sauvage remuait en lui, l'attaquant de l'intérieur. C'était le loup garou, il le savait et c'était comme ci celui-ci se débattait pour sortir. Ça faisait mal.

Pendant toute la journée, même si tous avaient poussé l'ambiance à la détente, ils s'inquiétaient de voir la nuit arriver. Il n'avait échappé à personne que l'adolescent fatiguait d'heure en heure même s'il ne se plaignait pas. Arenne veillait sur lui et vérifiait régulièrement son état ne pouvant que constater son affaiblissement et l'éveil de la malédiction. Elle ne fit part de ses craintes qu'à Nikolaï alors qu'ils discutaient tout les deux et malheureusement, celles-ci se réalisèrent.

Tous étaient crispés alors que le soleil se couchait et le silence s'installa. Finalement le jour laissa place à la nuit et il ne fallut que quelques secondes pour voir une première réaction chez Fadeï. Le jeune vampire se crispa violemment, se recroquevillant sur lui même contre Dean et il lâcha un cri de douleur déchirant. Dean redressa les oreilles et approcha son museau de son âme sœur à moitié cachée par son abondante toison.

- Fadeï, appela-t-il avec inquiétude.

- Ça fait mal, murmura celui-ci les dents serrées.

Il lâcha bientôt un nouveau cri et enfouit son visage dans le fourrure du loup, accrochant ses mains à la toison noire. Nikolaï et Arenne voulurent approcher mais Dean, sentant leur approche, tourna brutalement la tête vers eux et grogna, montrant les crocs, l'air menaçant. La panique montait en lui. À travers le lien, il sentait la souffrance de son âme sœur. Tout son être criait qu'il devait faire quelque chose pour que cette douleur cesse. Il devait le protéger. Alors quand il sentit l'approche des deux autres, son instinct, plus éveillé en cette nuit de pleine lune, prit le relais. Il devait le protéger et le loup, déboussolé parce ce qui se passait, par la douleur de son âme sœur, avait réagi en tant que protecteur. En cette instant, tout ce qui n'était pas Fadeï était une menace potentielle.

L'elfe et le vampire reculèrent immédiatement en voyant l'hostilité non simulée de Dean. Nikolaï, Arenne et Kirsan le regardèrent avec surprise avant de comprendre ce qui se passait dans sa tête. Sa confusion, sa panique, sa peur et ses instincts éveillés se lisaient facilement dans ses yeux de lune. Le jeune vampire lâcha un nouveau cri étouffé par la toison du loup et celui-ci se tourna vers lui l'air affolé. Il reporta ensuite son regard sur Kolia et sembla réaliser ce qu'il avait fait :

- Je suis désolé, je..., dit-il.

- Ce n'est rien, répondit Nikolaï les yeux vissés sur son fils.

- Je peux ? intervint Arenne en désignant le jeune vampire roulé en boule.

Dean approuva mais il paniquait et cela se voyait. L'elfe s'approcha du jeune vampire et posa une main sur son front alors qu'il gémissait, les yeux clos, le corps tendu et la mâchoire crispée. Pendant ce temps Kirsan fit le tour du lit, s'approchant de la tête de Dean dont le regard ne quittait pas le jeune vampire. Il attrapa l'énorme museau du loup et le força à se tourner vers lui pour le regarder dans les yeux. Encore une fois, le Quileute perçut le geste comme une menace et ce fut de justesse que le roux esquiva le coup de mâchoire qui manqua de lui arracher un bras. Aussitôt qu'il se rendit compte de ce qu'il faisait Dean parût encore plus confus, il se contrôlait parfaitement d'habitude. Mais là, la seule chose importante pour lui était de protéger son âme sœur. De le protéger et de trouver un moyen de faire cesser cette souffrance qu'il ressentait à travers le lien. Celle-ci ne lui portait pas atteinte, lui même ne ressentait pas de douleur mais il percevait et comprenait celle de Fadeï et il fallait que cela cesse, immédiatement. Chaque cri et chaque gémissement sortant de la bouche du jeune vampire semblait presque les tuer tout deux à petit feu. Il posa son regard sur son ami, terrifié par tout ce qui se bousculait en lui :

- Excuse moi, dit-il, je... excuse moi, répéta-t-il sa voix grave rendu un peu plus aigue par l'émotion.

- Ce n'est rien, rassura immédiatement Kirsan. Louveteau, il faut que tu te calmes, dit-il doucement.

Il s'approcha plus lentement cette fois-ci et reprit l'imposant museau entre ses deux mains, forçant son ami à le regarder dans les yeux. Le diamètre de la gueule du loup, même fermée, était plus important que la tête du roux. Dean était au moins une demi fois plus grand qu''un loup Quileute normal, si ce n'était plus et il aurait pu croquer le vampire sans sommation, mais Kirsan ne fit pas attention à cela. Il planta son regard ambré dans celui d'argent, approchant son visage au maximum. La tribu Quileute et les Cullen auraient sûrement étaient malades de voir une telle scène d'amitié entre un loup et un vampire.

- Il faut que tu te calmes, réitéra Kirsan d'une voix qui se voulait sereine.

- Mais Fadeï, il... et je sens tout et il faut que... bredouilla rapidement le loup.

- Je sais, je sais, répondit doucement le roux, mais Arenne fait déjà tout ce qu'elle peut, expliqua-t-il alors que l'elfe usait déjà de son pouvoir.

Il jeta un rapide coup d'œil à Fadeï qui étouffait ses cris dans le pelage noir de Dean. Il était tendu comme un arc et agrippait presque avec désespoir la fourrure du loup, se collant à lui comme si sa vie en dépendait. Et la toison de nuit, longue et abondante le cachait en partie. Le voir comme ça lui était insupportable mais il savait que l'état de son meilleur ami était bien pire que le sien et qu'il devait se calmer.

- Paniquer n'aidera en rien, dit-il en regardant de nouveau le loup dans les yeux. Il faut que tu te calmes. Tu sais, comme je ne comprenais pas votre lien, j'ai fait des recherches à la bibliothèque avec pas mal de monde du manoir. Tout le monde voulait en savoir plus sur les âmes sœurs alors on a cherché et j'ai appris pas mal de choses. Il faut que tu te calmes parce que comme tu sens sa souffrance, lui il sent ta panique et ça ne l'aide pas. Si tu te calmes tu pourras essayer de le détendre et ça ira peut-être un peu mieux pour lui.

- Il a raison, renchérit Nikolaï qui ne quittait pas son fils des yeux et avait posé une main sur son épaule frêle. Ça peut l'aider si tu te calmes.

En apparence, le vampire semblait presque serein mais ses yeux montraient que lui aussi luttait pour se maîtriser, terriblement inquiet.

- Tu vois, appuya Kirsan sans lâcher le regard de son ami. Alors respire doucement et concentre toi sur le fait de le soulager. Il faut que tu repousses ta panique, il ne faut pas que tu te laisses submerger. Tu sais le faire, tu l'a déjà prouvé de nombreuses fois.

Kirsan parla à son ami de longues minutes, le forçant à le regarder et il l'aida à reprendre le contrôle sur lui même. Poussé par l'idée d'aider Fadeï, Dean lutta contre sa panique comme il avait lutté contre les instincts primitifs du loup en lui par le passé. Il l'avait fait jusqu'à trouver l'équilibre parfait entre son côté humain et son côté animal, gagnant un contrôle total sur ses émotions. Il devait arriver à maîtriser le lien pour aider son âme sœur. Et puis, il devait trouver une solution et dans son état, il ne pouvait aligner deux pensées et donc réfléchir. Se calmer, il devait se calmer. Cela lui prit de longues minutes mais il y parvint finalement, fortement aidé par Kirsan qui lui parlait constamment.

Lorsque le roux vit que son ami avait retrouvé sa maîtrise malgré son inquiétude et sa peur, il relâcha son museau. Tout deux se tournèrent alors vers Fadeï. Sa respiration s'était accélérée et Dean se souvint alors qu'Arenne avait dit que c'était un signe de dérèglement de sa magie. Il savait que ce n'était pas bon du tout. Mais il se contrôla alors que la panique regagnait du terrain. L'adolescent avait enfoui son visage contre lui mais on entendait encore régulièrement ses cris et ses gémissements. L'elfe avait déjà cessé son examen et Kolia serrait doucement l'épaule de son fils d'une main en guise de soutient.

- Alors Arenne ? demanda le vampire.

- C'est la malédiction, elle s'éveille partiellement à cause de la lune. Il ne se transformera pas mais la malédiction se débat en lui. Elle ne peut fonctionner comme elle le devrait et donc elle déraille. D'où la douleur. Je ne peux rien faire, dit-elle avec tristesse.

- Et ça va durer longtemps comme ça ? cria presque Dean dont le cœur et l'âme se déchiraient un peu plus chaque seconde.

- Jusqu'au levé du soleil, répondit-elle tout bas alors qu'elle avait déposé une main dans les cheveux noir de son protégé.

- Mais on ne peut pas le laisser comme ça toute la nuit ! s'écria le loup qui luttait pour ne pas paniquer de nouveau.

- Est-ce que ça risque d'abîmer encore plus sa magie ? demanda Nikolaï tendu à l'extrême.

- Normalement non comme la malédiction y est totalement intégrée, annonça l'elfe. C'est comme un sursaut de sa propre magie. Ça ne devrait pas faire de dégâts malgré la violence du phénomène.

- Devrait ? interrogea Kirsan sur les nerfs.

- Je vous l'ai dit la dernière fois : un tel déchirement de la magie d'une personne la rend totalement imprévisible dans ses réactions face à un phénomène. Je ne peux pas prédire avec certitude ce qui va se passer. S'il y a eu des dégâts, je ne le saurais que demain matin.

- Et on ne peut vraiment rien faire pour le soulager ? demanda Dean qui fixait son âme sœur avec douleur et peur.

- Non rien. Je ne peux pas utiliser de sorts ou de potions pour contrer la douleur. Utiliser de la magie sur lui à cet instant serait encore plus dangereux qu'en temps normal. Et il ne pourra pas s'endormir non plus. Sans magie je n'ai aucun moyen ne serait-ce que de le mettre dans un sommeil artificiel pour lui épargner ça. On peut juste attendre.

Un silence lourd tomba, entrecoupé des cris étouffés de Fadeï perdu dans son calvaire. Tous tremblaient presque d'impuissance. La peur et l'angoisse se lisaient sur tout les visages et Dean semblait souffrir avec l'adolescent. On voyait presque son cœur se fendre à chaque gémissement. Si dans les scènes tendres on pouvait presque voir les sentiments qui unissaient les deux âmes sœurs, c'était aussi vrai dans les scènes de douleur. Kirsan, Nikolaï et Arenne l'apprenaient aujourd'hui. Oëlys s'était approchée, observant le jeune vampire avec une peine palpable. Hedwige avait pris place sur la tête de lit et hululait d'inquiétude. Quant à Glyf, il avait son double regard noir posé sur son maître, indescriptible et fixe.

Dean lui, refusait d'admettre qu'il n'y avait rien à faire. Il ne pouvait pas laisser sa perle souffrir ainsi. Non. Il ne méritait pas ça en plus de tout le reste. Ce n'était pas possible, il y avait forcément quelque chose à faire pour l'aider. Mais Arenne disait que non et lui n'y connaissait rien en magie. Il luttait pour ne pas céder de nouveau à la panique. Calme. Calme. Rester calme, pour lui. Il devait lui communiquer du calme pour essayer de l'aider. Et si c'était la seule chose qu'il pouvait faire alors il le ferait.

Il ferma les yeux et régula sa respiration. Il devait se contrôler. Et c'était un exercice qu'il maîtrisait mieux que personne. Chasser la panique, appréhender la peur, laisser place à la réflexion, faire dominer la sérénité. Trouver le juste équilibre entre toutes ses émotions car malgré tout, bonnes ou mauvaises, elles étaient toutes indispensables. Soumises, domptées et exploitées correctement, elle étaient toutes de précieux indicateurs qu'il pouvait ensuite analyser, obtenant ainsi les réponses que son instinct lui soufflait.

Il retrouva son calme presque total. Il le rassembla et le poussa à travers le lien qu'il pouvait sentir dans son esprit, puissant et fort. Il y poussa aussi son soutient et son amour, son affection et sa douceur. De l'extérieur, on vit Fadeï se détendre légèrement et les regards se posèrent sur le loup aux yeux clos, immobile. Tous comprirent alors qu'il tentait d'aider au mieux son âme sœur. Nikolaï posa une main sur l'épaule du loup en marque de remerciement, d'encouragement et de soutient. Lui ne pouvait rien faire mais Dean semblait pouvoir arriver à quelque chose. Kirsan posa également une main dans la fourrure noire, soutenant son ami et Arenne en fit de même.

Sa quiétude retrouvée, Dean put de nouveau entendre cette petite voix en lui. Celle de ses instincts, celle du loup qu'il était. La sienne. Celle qui lui révélait toujours ce qu'il ne voyait pas au premier abord. Et là, une idée lui vint. Il y avait une chose qu'il pouvait essayer. Lui aussi il connaissait la malédiction du loup garou, même si pour lui elle avait été presque totalement éradiquée, assimilée. Il l'avait combattu, il la connaissait et il savait une chose que les autres ignoraient sans doute. La malédiction était activée par la magie de la lune et elle y réagissait. La transformation en loup servait à aider à capter cette magie naturelle. Le loup garou en Fadeï voulait sortir pour atteindre cette magie mais il ne le pouvait pas, causant cette douleur. Mais lui, il contrôlait cette magie de la lune, surtout cette nuit. Il pouvait en capter et la faire passer à travers le lien et il était presque sûr que ça calmerait la malédiction. Parce que c'était ce qu'elle recherchait. Elle cesserait de se débattre en obtenant cette magie.

Dean en était sûr : ça marcherait. Il se demanda ensuite s'il ne risquait pas de faire du mal à l'adolescent en faisant cela. Avec sa magie instable, c'était risqué. Mais son instinct ne l'avait jamais trompé. Cependant pouvait-il jouer la santé de sa perle sur son instinct ? Oui, il le pouvait. Il le pouvait parce qu'il n'y avait pas que son instinct de loup qui le lui criait, il y avait aussi son âme, son lien. Ce lien qui le poussait à ne jamais faire de mal à son âme sœur. Le lien le plus puissant qui existait, le plus pur et le plus sincère. Il pouvait avoir confiance en tout ça, il le savait. Alors il devait essayer et il s'y attela instantanément. De toute façon, il n'y avait qu'une seule manière d'en avoir le cœur net.

Il se concentra. S'il ne maîtrisait pas du tout sa magie en temps normal, les nuits de pleine lune, il était un maître. Ça n'avait rien de compliqué pour lui et ses instincts le guidaient. Il sentait la magie de la lune tout autour de lui, elle était partout cette nuit. Il commença à en rassembler. Arenne, Kirsan et Nikolaï ne manquèrent pas de constater que le loup utilisait son pouvoir. Sa fourrure était maintenant parcourue par de longues vagues de lumière d'argent suivant le sens de son poil. Tout trois se demandèrent ce qu'il faisait mais ils n'osèrent pas l'interrompre. Il semblait très concentré et ils lui faisaient confiance. Ils se contentèrent donc d'observer.

Lorsqu'il eut rassemblé suffisamment de magie, Dean rouvrit les yeux. Ils brillaient, semblables à deux lunes, splendides. Ses iris se fixèrent sur Fadeï, ses oreilles dressées. Prêt à observer le résultat de ce qu'il voulait tenter, attentif au lien. Il commença à transmettre très doucement l'énergie lunaire à son âme sœur. Le serpent sur la tempe du Quileute s'illumina et le loup sur celle du jeune vampire en fit de même.

- Il utilise le lien, remarqua alors Nikolaï en observant attentivement.

- Mais qu'est-ce qu'il fait ? demanda Arenne.

- Je ne sais pas, répondit Kolia, mais attendons de voir.

À travers le lien, Dean établit un flux doux et lent de magie entre lui et Fadeï. Et dès que la première once d'énergie parvint à l'adolescent, il sut que ça marcherait. La magie se dirigea directement vers la malédiction et fut absorbée par celle-ci. Le loup resta un instant surpris de la manière précise dont il ressentait ce qui se passait dans le corps de son petit vampire mais il ne resta pas à s'interroger sur la question. Il assura le flux de magie de sorte qu'il reste ouvert et constant alors qu'il captait toujours la magie lunaire. Il continua également à faire passer tout son calme retrouvé, sa tendresse et son amour à travers le lien. Pendant plusieurs minutes au cour desquelles il regardait le jeune vampire, guettant un changement quelconque, il ne se produisit rien.

Un silence tendu régnait, toujours entrecoupé des cris étouffés du jeune vampire. Tous l'observaient. Et puis finalement, un quart d'heure après que Dean ait commencé à transmettre la magie, Fadeï cessa de crier. Tous retinrent leur respiration, écoutant les gémissements qui persistaient. Nikolaï, Kirsan et Arenne ne savaient pas du tout ce qu'avait fait Dean mais ils savaient qu'il avait fait quelque chose et ils en guettaient le résultat. Pendant la demi heure qui suivit, l'adolescent se détendit à vue d'œil. Il ne criait plus et ses gémissements de souffrance s'éteignaient. Ses mains se desserrèrent de la toison noire et bientôt sa respiration redevint régulière.

De son côté, Fadeï s'était rapidement perdu dans la douleur, occultant tout ce qui se passait autour de lui. Il avait connu pire mais aujourd'hui, il n'avait plus la force de résister comme il le faisait par le passé. Aussi, il ne chercha même pas à retenir ses cris comme il le faisait auparavant. Il n'était plus Harry Potter, il était Fadeï. Harry Potter cachait ses faiblesses derrière une image forte et fausse. Harry Potter ne montrait pas sa douleur, ça lui était interdit et donc il serrait les dents. Mais Harry Potter n'existait plus, seul Fadeï demeurait. Et Fadeï montrait sa faiblesse, il exprimait sa douleur, il recherchait aide, protection et amour. Fadeï était la véritable apparence derrière le personnage de Harry Potter. Et il n'avait pas honte de crier. Il ne se cachait plus.

Il avait peur alors que la douleur le submergeait et il ne sentait ni ne voyait plus ni son père, ni Arenne, ni Kirsan. Mais il sentait encore son lien fort et solidement ancré. Et à travers lui, il sentait la présence de Dean, sa fourrure douce sur sa peau. Il chercha à s'approcher le plus possible de sa source de chaleur et de réconfort, s'y accrochant désespérément. Il tenta de se concentrer sur le lien, sur Dean, sur son âme sœur et il sentit sa panique et sa peur, son angoisse pour lui. Si d'un côté ces sentiments l'enfonçaient un peu plus, amplifiant sa propre terreur, ils le réconfortaient aussi. Savoir que quelqu'un s'inquiétait à ce point pour lui le réchauffait de l'intérieur. Puis le calme revint petit à petit chez son loup. La sérénité reprit sa place et elle fut même poussée vers lui, venant agir comme un baume apaisant sur son esprit.

Mais une chose toucha particulièrement le jeune vampire concentré sur son lien : l'amour que le Quileute poussait vers lui. Un amour énorme, sincère et puissant. Le même qu'il ressentait pour le loup. Il savait qu'ils avaient les mêmes sentiments mais le percevoir ainsi c'était bien différent. Il n'y avait aucune possibilité de mensonge, juste une vérité qu'il ne pouvait pas ignorer. Pour Fadeï, c'était la plus belle déclaration que l'on pouvait faire et il parvint un instant à isoler son esprit de son corps, se laissant bercer par la chaleur et la douceur de ce sentiment qu'il n'avait jamais ressenti ainsi. Il connaissait l'amour, celui d'un père, celui de Nikolaï, celui qui lui avait permis de tenir toutes ces années. Et il ne voulait le perdre ou le remplacer pour rien au monde. Il n'aurait pas à le faire puisque l'amour que lui transmettait Dean était bien différent. C'était un même mot pour deux choses différentes. Deux choses dont-il savait qu'il ne pourrait plus se passer.

Il se gorgea de ce sentiments d'être important et étrangement, malgré la situation, il s'était rarement senti si heureux. Quelques minutes passèrent encore et à leur issue, il sentit son lien avec le loup s'ouvrir d'un coup alors qu'un flux de magie doux, frais et parfaitement maîtrisé commençait à s'insinuer en lui. Il sentit immédiatement cette énergie être absorbée par la bête sauvage qu'il sentait se débattre en lui. Soudain, cette bête sembla s'acharner à dévorer cette énergie, se désintéressant de sa personne. C'était comme si elle s'était débattue pour sortir trouver de la nourriture, affamée, et que brusquement, on lui donnait cette nourriture sur laquelle elle se jetait. Cela prit encore un moment mais la douleur s'éteignit petit à petit et la bête se calma, occupée à absorber la magie que le lien lui transmettait.

Fadeï ne savait pas ce que Dean avait fait mais il l'avait fait et il était parvenu à effacer presque totalement sa souffrance. Il continuait à lui transmettre amour et soutient, indéfectiblement. Le jeune vampire continuait à ressentir une légère douleur, le loup garou remuant encore brusquement, se jetant sur la magie fraîche, mais ça devint largement supportable pour lui. Ce n'était plus rien comparé à ce qu'il avait ressenti quelques minutes plus tôt. Il se détendit et retrouva ses esprits peu à peu. La première chose qu'il fit fut de rassembler son propre amour, toute la tendresse dont-il était capable, il y ajouta le bien être qu'il avait ressenti grâce aux sentiments que le loup lui avait transmit et termina par une bonne dose de reconnaissance. Il envoya cette boule d'émotions vers le Quileute, se servant à son tour du lien. Et il sentit cette boule éclater dans l'esprit de Dean tel un feu d'artifice coloré.

Le Quileute fut surpris par la vague de sentiments qui déferla sur lui. Surpris et incroyablement ému par l'amour qu'il y sentait. Son regard s'adoucit et se fit d'une tendresse incroyable. Rassuré par le bien être qu'il sentait désormais chez son petit vampire malgré une légère douleur persistante, il se décontracta enfin. Il avança son museau vers le jeune vampire désormais détendu. Celui-ci avait les yeux clos mais il sentit sans difficulté le souffle chaud sur son visage. Tout les présents purent alors le voir entrouvrir les yeux. Il semblait épuisé et la souffrance se lisait encore dans les deux perles vert d'eau mais ce qui frappa tout le monde, fut l'amour qui y brillait alors qu'il regardait le loup. Un mince sourire s'étira sur ses lèvres et il leva difficilement une main qu'il posa lourdement sur le large museau pour ensuite se mettre à le grattouiller lentement.

- Merci Dean, murmura-t-il.

Le loup ne répondit pas et posa simplement sa tête devant le jeune vampire, l'entourant complètement de son corps et s'appliquant à continuer à lui transmettre la magie lunaire calmant la malédiction.

- Comment as-tu fait ça ? demanda Arenne.

Dean expliqua alors ce qu'il avait fait, Fadeï se reposant contre lui les yeux mi-clos et une main posée sur son nez. Une fois l'explication terminée, Arenne examina de nouveau l'adolescent et constata la totale efficacité de ce que faisait le Quileute. Tout le monde soupira de soulagement et les sourires s'installèrent. Nikolaï remercia chaudement Dean, soulagé de voir que son fils allait mieux.

- Et ça ne risque pas d'abîmer sa magie ? demanda-t-il tout de même.

- Non, répondit Arenne avec un sourire. C'est une magie naturelle, comme celle que l'on absorbe en respirant. En plus, comme elle passe par le lien d'âme, elle s'intègre parfaitement à son corps et elle se dirige même directement sur la malédiction. Ces magies issues de la nature sont douces et non agressives, donc il n'y a pas de risques. Dean a trouvé la solution parfaite.

De long soupirs se firent entendre alors que le soulagement tombait dans la chambre. Kolia remit les cheveux de son fils en place, lui caressant la joue au passage. L'adolescent sourit en profitant de l'attention.

Tous restèrent autour du couple et la nuit passa en discussions calmes. Fadeï se concentrait sur leurs débats pour éloigner ses idées de la malédiction. Par moment, un élan douloureux le secouait encore et il grinçait des dents mais ce ne fut plus aussi grave qu'au début. Il avait du mal à se concentrer mais il participait quand même aux discussions. Dean surveillait le flux de magie qu'il avait établi tout en participant lui aussi, comprenant que Fadeï cherchait à se changer les idées. Et le couple profitait aussi pleinement de l'échange de sentiments qui s'était établis entre eux avec force, les réchauffants mutuellement. Autour d'eux, Kirsan, Arenne et Nikolaï surveillaient le jeune vampire mais ils constatèrent vite que l'action du loup fonctionnait parfaitement. Ils se rassurèrent, se concentrant ensuite sur le fait de distraire l'adolescent des effets encore peu agréables et toujours présents de la malédiction.

Au bout de cette longue nuit, le soleil se leva enfin et dès que le premier rayon se montra Fadeï sentit la malédiction du loup garou se rendormir. Le courant de magie lunaire s'effaça entre les deux âmes sœurs, le loup en perdant le contrôle. Tout deux soupirèrent alors que la douleur s'effaçait totalement du corps du jeune vampire, le laissant épuisé et perclus de courbatures. Mais c'était fini, enfin. Dean aussi était fatigué à cause de la magie et de la concentration mise en œuvre, même si ce n'était presque rien comparé à Fadeï. Arenne examina l'adolescent pour vérifier qu'il n'avait rien subi qui n'aggrave son état de santé. Tout le monde termina de se détendre lorsqu'elle annonça qu'il n'y avait pas eu de dégâts supplémentaires sur sa magie.

Les deux âmes sœurs avaient besoin de sommeil, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Maintenant que l'adolescent ne risquait plus rien, Nikolai, Kirsan et Arenne se décidèrent rapidement pour les laisser dormir quelques heures tranquillement. L'elfe et le roux sortirent les premiers. Kolia prit son fils dans ses bras alors que le loup sortait du lit pour reprendre forme humaine. Il le serra contre lui et embrassa sa tête, terminant de calmer la peur qui l'avait pris toute la nuit. Le nouveau vampire dû le sentir puisqu'il murmura :

- Je vais bien maintenant, ne t'inquiètes pas, dit-il pour le rassurer.

- Je m'inquiète toujours pour toi, répondit-il avec un sourire. C'est le propre des parents. Tu es sûr que tu n'as plus mal du tout maintenant ?

- Oui. Je suis juste épuisé, souffla-t-il.

- Bon, je vais te laisser dormir avec ta peluche alors, répondit-il en déposant un nouveau baiser sur son front.

Dean qui avait repris forme humaine revint vers le lit. Lui aussi avait l'air érinté. Il reprit son âme sœur dans ses bras, nichant son nez dans ses cheveux et respirant son odeur. Nikolaï se leva et posa une main sur l'épaule du loup. Il l'avait observé toute la nuit lui aussi et la profondeur des sentiments qu'il avait exprimé sans s'en rendre compte prouvait son attachement à Fadeï. Kolia le savait, ils étaient des âmes sœurs après tout, mais le voir le rassurait quant au fait qu'il y avait quelqu'un d'autre que lui pour veiller avec attention sur le jeune vampire. Il serra l'épaule de Dean doucement et celui-ci releva le regard vers lui. Le vampire lui sourit et lui adressa un signe de tête en remerciement de ce qu'il avait fait cette nuit. Le Quileute lui sourit en réponse.

- Reposez vous, dit doucement Kolia.

D'un geste de la main, il activa l'une des fonctions magiques de la chambre et le verre du toit et des baies vitrées se teinta de façon à ne pas laisser entrer le soleil, installant l'obscurité. Il quitta ensuite la chambre, une surprise l'attendant dans le couloir où étaient aussi restés Kirsan et Arenne. En effet, il semblait que les ouïes fines du manoir aient entendu les premiers cris de douleurs du jeune vampire et toute la demeure s'était inquiétée. Tout le monde s'était attaché à lui, parce qu'il était gentil et simple, ouvert et tolérant. Et tout le monde ressentait le besoin de le protéger. Parce qu'il semblait si fragile. Parce qu'il était le plus jeune du manoir juste après Dean. Et tout deux avaient un écart d'âge conséquent avec les autres. Ils étaient les « bébés » du domaine. Tout le monde veillait déjà sur Dean, sur leur louveteau. Et maintenant ils avaient Fadeï qui semblait avoir subi les épreuves de plusieurs vies tellement son regard reflétait ce qui l'avait détruit. Tous l'avaient senti et l'adolescent avait quelques chose d'attirant qui faisait qu'on l'appréciait immédiatement. Alors tout le monde s'était inquiété, rassemblé devant la chambre sans oser déranger ses occupants et ils avaient passé leur nuit là, attendant des nouvelles.

Nikolaï fut réellement surpris de les voir agglutinés dans le couloir. Arenne et Kirsan étaient déjà en train de leur expliquer ce qu'il s'était passé. Kolia regarda et repéra ceux qui étaient tout particulièrement attentifs et visiblement très inquiets. En tête, il y avait Erasenoss. Il était très difficile de lire les émotions du démon au visage figé mais rien que le fait qu'il s'était déplacé, qu'il attendait au premier rang et qu'il s'était approché de l'elfe et du roux pour écouter les explications prouvait qu'il tenait beaucoup au jeune vampire. Il ne l'aurait jamais fait pour quelqu'un d'autre. Kolia avait bien vu cette semaine que son fils et le démon avait déjà lié une amitié. Habituellement Erasenoss ne discutait que très rarement avec les autres, c'était un personnage froid avec un caractère particulier et difficile à comprendre. Mais Fadeï savait lire même à travers les personnes les plus complexes et lui aussi avait été intrigué par le démon. Au fils des longues discussions qu'ils avaient eu lors des repas de ces derniers jours, Nikolaï avait su qu'ils deviendraient de grands amis.

Il y avait ensuite, Gricha et Evania mais aussi Cydraï et Sergeï qui trépignaient d'inquiétude. Les autres venaient ensuite mais tout le monde étaient là et cela fit chaud au cœur du vampire qui sut alors que tous veilleraient sur son fils. Ils écoutèrent tous les explications en silence et soupirèrent de soulagement en apprenant que le pouvoir de Dean apaisait la malédiction et que Fadeï ressortait de cette longue nuit sans séquelles. Kolia les remercia et leur expliqua que le couple se reposait et qu'ils les verraient peut-être au repas du soir. Tous repartirent alors à leurs occupations, rassurés.

Dans la chambre, le silence régnait. Le loup était assis au bord du lit, son petit vampire sur ses genoux et étroitement serré dans ses bras. Celui-ci s'était niché contre lui et avait fermé les yeux. Tout deux profitaient de leur lien qui s'était largement ouvert pendant la nuit, il s'était renforcé, finalisé, et ils le sentaient. Maintenant qu'il n'y avait plus d'échange de magie, ils ressentaient encore mieux les sentiments qu'ils n'avaient cessé de s'envoyer toute la nuit. Tout deux recevaient silencieusement l'amour de l'autre. Ils en profitèrent sans bouger pendant de longues minutes, se gorgeant de la présence aussi bien physique que morale de leur âme sœur. Finalement, Fadeï prit la parole, disant à haute voix ce qui n'avait pas encore était dit mais qu'ils ne cessaient de se déclarer par leurs envois d'émotions :

- Je t'aime Dean, murmura-t-il avec tendresse.

Le loup prit alors délicatement son menton entre deux doigts et lui releva délicatement le visage pour le regarder dans les yeux :

- Je t'aime moi aussi, dit-il de sa voix suave.

Avec lenteur, il déposa ses lèvres chaudes sur celle gelées de Fadeï qui sourit doucement. Le jeune vampire leva lentement ses mains qu'il alla perdre dans les cheveux noirs de son loup cherchant instinctivement à le rapprocher de lui. Dean frissonna en sentant ces doigts dans ses cheveux. Fadeï entrouvrit bientôt la bouche et le Quileute ne se fit pas prier pour approfondir le baiser qui devint vite brûlant malgré leur fatigue respective. Le nouveau vampire sentit le bras de son âme sœur se resserrer autour de lui. Et il posa ses mains sur ses joues en réclamant d'avantage. C'était un véritable feu d'artifice en eux à cet instant. Ils se sentaient légers et à leur place, parfaitement bien, aimés et importants. En cet instant, il n'y avait plus que l'autre et sa présence qui comptait. Leur lien chantait alors qu'il s'embrassaient avec tendresse et passion.

Ils se séparèrent finalement, tout sourire et Fadeï alla caler son visage dans son cou, embrassant au passage la peau halée et faisant frissonner Dean de plaisir. Le loup le serrait contre lui, posant sa joue dans les cheveux noirs de l'adolescent.

- Mon premier baiser, murmura Fadeï l'air rêveur.

- Et comment l'as tu trouvé ? demanda le loup l'air taquin.

- Parfait, merci, souffla le jeune vampire.

- Pour moi aussi il était parfait, répondit-il.

Ils se câlinèrent ainsi encore un moment puis ils s'installèrent pour dormir un peu. Ils échangèrent encore un ou deux baisers avant de s'endormir blottis sous la couette, Fadeï enfermé étroitement dans l'étreinte du loup.