Chapitre XXII : Aide moi
Sous les branches suaves de l'amourette,
D'un été chaud et d'une sang pur guillerette,
Parviendrez-vous peut-être fabriquer la chrysalide,
Prompte à engendrer, ce qu'on appelle les Rosarides ?
Doués avec la flore, ils n'ont pas trop l'esprit de corps.
Mais ils sont parmi les plus doués,
Pour repérer les plants empoisonnés.
Il faudra à l'avenir sang des sangs, tenter de mélanger
Sangpoisonne et Rosaride pour un croisé plus raffiné.
Note au Don n. 9
Tom était furieux. Cela faisait bien vingt minutes qu'il serpentait dans l'obscurité en illuminant autour de lui. Méroé s'était enfuie à la seconde où ils étaient arrivés de l'audience tout comme Médusa. Il avait paré au plus pressé et enrageait de la voir continuer ce jeu stupide. Elle lui avait planté son épingle à cheveux dans la main en guise d'appât. Si naturellement des sorts le protégeaient des attaques physiques, elle avait réussi à la planter assez fort pour qu'il ait mal.
À la dernière seconde, l'ombre filait plus vite que lui. Sa cousine était rapide, car qui est fait d'ombre et in fine fait de lumière, ou plutôt de son absence. Il fallait donc aller plus vite que cette forme mouvante ou bien la cuire.
—Montre-toi ! siffla Tom durement. Ne tardons plus, n'était-ce pas ce que tu voulais ? Engloutir Dumbledore ?
—Assure-moi que tu ne me feras pas de mal ! hurla la voix de sa femme dans un coin de la pièce derrière lui.
Il illumina d'un lumos, l'ombre fila, il la poursuivit jusqu'au fond du marais en s'évaporant. Il reprit forme humaine en inspectant la noirceur des lieux. Il était au fond des marais de Salazar, loin de l'enclot des sombrals. Ici la magie était plus noire et plus sombre encore que dans le reste de la mangrove. La brume opaque et ensorcelée qui avait vu s'égarer des centaines de moldus au cours des siècles ne permettait pas de voir où était sa proie.
—Jure le ! siffla une voix à son oreille qui lui caressa la joue.
—Je te promets de ne pas te torturer, maintenant sors de ta tourbière si tu veux espérer engloutir quoi que ce soit, siffla-t-il en s'écartant.
Lentement il sentit la présence de la Sangsombre augmenter dans son dos. Il se retourna pour la saisir au poignet alors qu'elle essayait de lui asséner un coup. Ils s'affrontèrent du regard jusqu'à ce qu'elle ne lâche piteusement son arme de fortune, à savoir une branche d'arbre.
—Aurais-tu oublié que Dumbledore n'est toujours pas mort ? siffla-t-il. Ne m'enrage pas davantage où tu t'apprêtes à subir des semaines d'un supplice dont tu n'as pas idée. Tes petits jeux avec Prewett auront l'apparence de morsure de chatons à côté.
Elle le toisa impérieusement l'œil noir et brillant alors que les ailes de son nez palpitaient.
—Maudit soit ce procès et ces juges. Vos lois, tes lois ne valent rien, seul le prix du sang compte. Les deux vieillards ont humilié notre sang !
—Alors allons nous occuper d'eux, et vite.
Ses traits se creusèrent davantage quand elle ne put laisser échapper son air vorace et affamé. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas englouti un corps humain et ce vide appelait à être comblé.
L'instinct la calma, Tom se força à en faire de même. Il lui saisit plus durement le bras, et apposa des protections supplémentaires sur le marais. Ils transplanèrent immédiatement après.
Ils étaient au nord de l'Angleterre sur les côtes froides et glacées faisant face à la prison Azkaban.
Ici, la nuit et l'obscurité étaient puissantes et la lune était absente. Sa cousine était secouée de petits tremblements de magie tandis qu'elle avait presque disparu dans l'obscurité. Seule l'ossature de son long nez transparaissait légèrement des ténèbres comme une étrange bosse écumeuse dans la mer d'encre. Si semblable à la mer noire qui s'étendait devant eux tandis que la tour d'Azkaban n'était qu'un point dangereux dans l'horizon.
Avec un grondement impatient elle lui tendit sa main qu'il saisit. Elle ne lui prit pas d'énergie mais le tira dans l'obscurité en s'enfonçant dans les eaux ténébreuses. L'eau ne le mouilla pas, c'était comme si l'instant même où ils étaient entrés en contact avec les flots noirâtres ils avaient franchi un miroir vers un autre monde. Ici régnait l'obscurité, il convenait juste de se laisser porter tandis que sa cousine ouvrait un passage vers la tour. Il émergea froidement des ténèbres, ils se trouvaient au premier étage de la tour, servant de poste de garde d'Azkaban sans avoir déclenché la moindre alarme.
Exceptionnellement ce soir, le tour de garde avait été mal distribué par les aurors et aucun n'était présent dans la prison. Les détraqueurs ne les avaient pas remarqués et ondulaient à l'extérieur dans un ballet glaçant tandis que des hurlements perçants se faisaient entendre à travers les murs.
—Quel endroit terrible, susurra-t-elle envahie par l'aura malsaine des lieux. Tous ces cris de douleur qui appellent à être engloutis…
—Azkaban était auparavant le repère d'un mage noir Ekrizdis. Il a créé cet ilot pour attirer et torturer des moldus avant de les tuer. Les détraqueurs auraient été les choses les moins effrayantes trouvées sur place à sa mort, sourit-il en ouvrant la porte.
Il jeta un ensuite un coup d'œil glacé à sa collaboratrice.
— Je lui reconnais un certain sens du style et des avancées intéressantes sur la magie noire. Comment faire un détraqueur par exemple. Avec toi ce serait aussi facile qu'assassiner un nouveau né, ma chère.
Elle eut l'intelligence de ne rien rétorquer et filait dans les ténèbres derrière lui à travers les couloirs de la forteresse. Ce soir personne ne devait interférer, c'était sa victoire après toutes ces années à supporter Dumbledore. Il était enfin derrière les barreaux, seul, humilié et à sa merci. Tom allait le tuer et imaginer l'étincelle de vie quitter les yeux de ce vieillard lui procura un plaisir vif et brutal d'anticipation.
Ce soir, le monde serait à lui, il n'y aurait plus d'obstacle.
Dumbledore était incarcéré dans une cellule du cinquième étage comme le lui avait signalé Rosier qui avait fait préparer sa cellule avant même le procès. Ils disparaissaient dans l'obscurité sans être vus des autres prisonniers dans un concert d'agonie lugubre. Enfin, ils arrivèrent devant la cellule. Le vieil homme n'avait pas pu s'enfuir, il était donc seul, sans baguette et entièrement à son bon vouloir après ces années d'attente.
Tom s'avança en premier baguette tendue. Dumbledore était calmement assit dans sa ridicule prison de pierre, son visage fatigué à moitié dissimulé dans l'obscurité. Voir cet homme qui dès le premier jour l'avait affronté enfin à sa merci, lui procura des palpitations de plaisir cruel.
—Tu n'as pas tardé à venir Tom, cela m'aura épargné l'attente. Bonsoir Mrs Jedusor, croyez que je suis navré pour l'attitude de mon frère à votre égard. Il n'a jamais eut sa langue dans sa poche.
Elle grogna quelque chose d'acerbe dans sa barbe.
—Votre frère et vous allez mourir, Dumbledore, susurra Tom avec délectation. L'école m'appartient, vous êtes fini. Vous avez perdu. Inclinez-vous devant Lord Voldemort.
—La vieillesse et quelque chose comme un semblant d'estime pour moi même m'empêchent de faire une telle chose, Tom, répondit Dumbledore avec courtoisie. Mais je prends note de l'invitation.
Derrière lui, il sentit Méroé se rapprocher des barreaux d'un air inquisiteur, attendant la suite qui ne tarda pas à arriver. Il jeta le sortilège emprunt de joie perverse.
—Endoloris.
Le vieil homme dans sa cellule tomba à genoux en gémissant. Tom poussa le sortilège plus loin jusqu'à l'entendre crier de concert avec les autres condamnés.
—Le monde qui s'annonce sera meilleur grâce à moi. Je suis le plus puissant sorcier ayant existé et vous êtes à terre Dumbledore. J'ai su maîtriser les secrets les plus noirs et les plus sombres de la magie. Vous l'auriez vu si vous ne vous étiez pas complait dans cette médiocrité qui vous caractérise. Aujourd'hui, vous avez perdu, vous êtes seul et deux de vos ennemis sont dehors. Grindelwald ne tardera pas à te rejoindre dans la tombe, vieux fou.
—Grindelwald a refusé de te rejoindre, hoqueta finalement Dumbledore. En dépit du fait que vous lui avez très courtoisement ouvert les portes de Numengard, tous les deux. Travailler pour quelqu'un n'a jamais été dans les aptitudes de Gellert, un égo que vous partagez tous les deux. Tu ignores quel danger tu as libéré et quelle puissance tu veux mettre sous ta coupe avec le jeune Eddy Lee. Cela ne détruira pas que toi.
—Avada-
Au moment où il allait prononcer le dernier mot du sortilège, un éclair lumineux envahit la tour aveuglant Tom et sa femme derrière lui. Elle poussa un long hurlement de douleur. Désarçonné, le mage noir ne voyait plus rien jusqu'à ce qu'une maigre silhouette n'émerge. C'était celle de Dumbledore tenant Fumseck. Tom jeta un maléfice qui fut dévié par la puissance du Phénix.
—Cette manie de sous estimer les autres commence à être lassante, Tom. Nous nous reverrons bientôt.
Il leur fit un clin d'œil et s'apprêta à disparaître. Aveuglée Méroé bondit vers le mage blanc à travers la cellule pour l'attaquer. Elle poussa un glapissement aigu alors que Dumbledore lui saisissait le bras pour la tirer à sa suite dans l'halo du phénix. L'agonie se lit alors sur le visage de la femme qui parut lentement cuire sur place tandis que Dumbledore l'attirait à lui.
—Non ! Aide moi ! hurla-t-elle dans son supplice.
—Méroé ! hurla Tom en explosant de rage.
Sa magie expulsa la femme de Dumbledore et ce dernier disparut dans un grand brasier. Dumbledore venait de prendre la fuite devant lui. La silhouette de sa femme était encore fumante, la cellule était totalement détruite, les détraqueurs et aurors allaient arriver et son ennemi s'était joué de lui. Dans un cri de rage, il saisit Méroé par le bras.
—Ramène nous au rivage !
Dans la douleur elle s'exécuta et bascula en l'emmenant avec elle. Ils retombèrent lourdement sur le rivage face à la tour d'où s'échappait des fumeroles quelques secondes plus tard. Tom remarqua alors que Méroé était évanouie, ses blessures étaient bien plus graves qu'il ne l'avait cru. Toute une partie de son corps était gravement brûlé et elle gémissait de douleur courbée sur elle même, comme embrasée par un feu invisible tandis qu'elle vagissait.
Une odeur de chair brûlée se fit sentir et le paniqua quelque peu, il n'avait plus de temps à perdre. Il avait à faire un choix et ne pouvait pas partir à la poursuite de Dumbledore maintenant.
Il transplana avec elle et une fois arrivé chez lui il poussa un long cri de rage, si puissant que les sombrals au fond des marais émirent un hennissement lugubre dans les ténèbres tandis qu'une nuée de corbeaux s'envolaient dans un croassement de terreur. Il les téléporta jusqu'au grenier. Nagini s'y trouvait cachée et sursauta à leur arrivée.
—Par les kalis, souffla la Maledictus tétanisée en parvenant à peine à reconnaître sa camarade.
—Aide là ! Donne lui de ton énergie, ordonna-t-il.
Méroé émit un long gargouillement de douleur en se crispant dans tous les sens. Les flammes du phénix semblaient la brûler dans un brasier éternel. Nagini posa ses lèvres contre le front de la cracmole.
Il fit venir à lui plusieurs potions pour la soulager, mais aucune ne fonctionnait et n'éteignait l'incendie au creux des côtes de sa cousine. Il jeta un maléfice pour la calmer, puis un autre sans aucun autre effet que lire davantage de douleur dans les yeux révulsés devant lui. Pour la première fois, la situation le dépassait et il sentit quelque chose de glacé lui envahir les entrailles.
Il transplana aussitôt vers la chambre de Médusa. Il savait que ses enfants se trouvaient là, ils les avaient entendus plus tôt. Médusa était endormie, contrairement à Salazar qui lui servait d'oreiller. Il écrivait son carnet à la lueur de la baguette et parut terrorisé de le voir débarquer car il ne put retenir un petit « Oh !» de peur panique.
—Viens, ta mère a besoin de toi.
Tom eut la satisfaction de le voir obéissant et soumit. Sa seule satisfaction dans cette journée horrible. Salazar se releva délicatement en s'arrachant à la prise de sa jumelle. Il eut un instant d'hésitation comme s'il craignait qu'il n'attaque Médusa dans son sommeil puis prit sa main alors qu'il l'emmenait en une seconde vers le grenier. Nagini avait donné beaucoup de sa vitalité à Méroé sans autre résultat qu'augmenter sa douleur. Elle criait comme une possédée tandis que la Malédictus semblait être sur le point de s'évanouir.
Salazar était figé et perdu devant ce spectacle.
—Fais quelque chose ! siffla Tom à bout de nerf en le saisissant par le col. Soigne-là !
Salazar murmurait des mélanges de mots, en essayant de soulager la peine de sa génitrice, mais rien ne semblait faire effet. Le corps de sa femme se contracta devant eux dans un angle grotesque puis s'apaisa quelque peu.
—La douleur diminue… Comme si le mal s'éloignait d'elle. Mais il y a une flamme. En elle, il y a une flamme allumée.
—Le Phénix de Dumbledore l'a marquée, c'est une brûlure qui ne peut s'arrêter que si le phénix est tué, comprit Tom furieusement. Plus le phénix sera proche d'elle, plus elle souffrira.
Et tuer un phénix était quasiment dans l'ordre de l'impossible. La haine déforma ses traits et ses poings se serrèrent. Il lui fallait décharger sa rage absolument sur quelqu'un, mais dans cette pièce là, aucun à leur état de détresse ne lui parut être envisageable. Il discernait à peine les traits brûlés de la Sangsombre dans son lit, mais il avait quelque chose d'amer en bouche. Dumbledore avait voulu enlever Méroé et avait failli mortellement la blesser avant de fuir comme le lâche qu'il était. Ce soir, Dumbledore l'avait floué, humilié et avait réussi à l'atteindre. Il se devait de l'avouer.
Une guerre déclarée s'était engagée entre eux après des années de faux semblant. Il rendrait à Dumbledore les coups au centuple.
.
.
« Albus Dumbledore déclaré coupable de négligence, meurtre et enlèvement, s'enfuit d'Azkaban la nuit même de son incarcération ! »
C'était ce que clamait la Gazette du sorcier qu'Eddy, Newt et Tina avaient lus les yeux ronds ce matin là au Cottage Scamander. Depuis l'ambiance était étrange dans le salon de la maisonnée. Eddy rattrapait ses devoirs en retard les yeux fiévreusement baissés sur ses manuels tandis qu'il caressait Charme d'une main.
Newt et Tina discutaient à voix basse dans la cuisine ouverte sur le salon. Il parvenait à repérer quelques bouts de phrases, et savait que ses tuteurs l'observaient d'un air inquiet.
Depuis qu'il était rentré, il se tenait à la baguette selon les ordres de Tina. S'il leur avait expliqué pourquoi il avait fugué, il était resté très vague sur ce qu'il s'était passé chez les Jedusor. À la lumière des derniers évènements, ils étaient troublés et ne savaient plus vraiment qui croire.
—Dumbledore pense toujours être dans le vrai, mais soustraire des enfants à leurs parents, ce n'est pas quelque chose d'entendable, Newt, entendit-il souffler Tina à son mari.
—Je sais, souffla piteusement Newt. J'aurais aimé connaître ses raisons.
Comme il ne parvenait pas à se concentrer sur son manuel de défense contre les forces du mal, il finit par reporter les yeux sur l'article posé sur la table basse. Il l'avait lu pas moins de trois fois encore complètement décontenancé.
« … Enfin, Albus Dumbledore a sciemment avoué la tentative d'enlèvement des enfants de l'un de ses collègues dans le but sordide d'étudier leur magie. Après la grave attaque ayant vécu Poudlard et son évasion, il est désormais clair qu'Albus Dumbledore est et a toujours été dangereux à Poudlard comme le craignaient les membres du Conseil d'Administration de l'Ecole. Il n'est pas de notre côté et ne l'a jamais été. Alors que Grindelwald est lui aussi en liberté, nous pouvons nous poser la question sur les liens qui unissent encore les deux mages alors que les aurors sont toujours en train d'enquêter sur son évasion de cette prison réputée inviolable.
Le Professeur Jedusor ayant repris le poste de Directeur de l'Ecole de Sorcellerie Poudlard, celui-ci a assuré à votre fidèle reporter que des changements étaient bientôt prévus pour l'école. ''La vision obtuse et dangereuse de la magie de Dumbledore a fait beaucoup de mal, nous avons beaucoup à rattraper'' a-t-il déclaré.
Tandis que Dumbledore est désormais un criminel recherché (voir avis de recherche, annexe), nous avons au moins l'assurance que nos chers petits sorciers seront en sécurité désormais. »
Eddy doutait fortement que sécurité puisse être associé à Jedusor et craignait déjà les changements qu'il s'apprêtait à faire. Jedusor n'avait pas eut besoin de l'utiliser lui pour attenter à Dumbledore. Il avait lentement rabattu ses cartes et le vieil homme était tombé.
—Si tu arrêtais de lire cet article pour mettre la table, Eddy, l'interpella Tina. Le contenu ne changera pas miraculeusement entre deux relectures.
Elle partit arroser le jardin d'un coup de baguette tandis que Newt terminait de préparer le dîner. Eddy se leva alors que Charme sautait pour se faufiler entre ses jambes. Il marcha jusqu'au buffet pour récupérer les couverts en se sentant très faible et vaseux.
—Ça va, mon grand ? demanda Newt qui faisait cuire un pain fourré aux épinards du bout de sa baguette. Tu as besoin de ta potion ?
—Non, ça ira, répondit-il doucement.
Depuis qu'il était rentré, Eddy n'avait pas repris de son traitement. Ses tuteurs avaient remarqué son état de fatigue mais surtout comment toute crise ou colère s'étaient apaisées. Il était calme et faisait exactement ce qu'on lui disait. Cela paraissait troubler un peu ses tuteurs qui avaient décidé de le laisser sans traitement en observation.
Eddy saisit les assiettes et les couverts et les disposa tandis que dans l'évier se baignaient Peak le botruc et deux petits niffleurs. Ils s'arrosaient d'eau et faisaient des concours de plongeon depuis le porte-éponge en laiton. Newt les observait avec un petit sourire sage et doux. Le plat une fois prêt se posa sur la table entre les couverts qu'Eddy disposait.
—Il faudra rajouter une assiette, mon grand. Queenie vient diner.
Si la nouvelle ne lui plut pas, il s'exécuta tandis que retentissait dans le jardin le bruit caractéristique d'un transplanage. Tina ne darda pas arriver en compagnie de sa sœur. Queenie était revêtue d'un petit châle rose pâle au dessus de son manteau beige. Elle était habillée de façon bien plus saillante que sa sœur qui portait une robe d'intérieur pratique et confortable. D'une certaine façon c'était leur complémentarité qui faisait l'essence même de leur complicité, remarqua l'adolescent alors qu'elles rentraient dans la cuisine en riant. Queenie se figea légèrement en le voyant, il baissa les yeux par réflexe en se souvenant de leur catastrophique dernière rencontre au Trois Balais.
Il y eut un petit instant de flottement que combla Charme en miaulant pour recevoir de l'attention. Cela coupa toute gêne. Queenie entra naturellement et le serra dans ses bras.
—Bonjour Eddy. Tu as encore grandi j'ai l'impression, ou bien c'est que je deviens de plus en plus petite avec l'âge.
—Peut-être un peu des deux, sourit-il maladroitement en s'écartant.
Queenie fit elle aussi un pas en arrière avant d'aller embrasser son beau frère. Elle salua Charme d'une caresse tandis qu'ils prenaient place à table.
—Lally est bien arrivée en France ? demanda Newt tandis qu'il les servait de ses petits pains fourrés, -une nouvelle invention culinaire de sa part.
—Oui, elle est en Camargue, je la rejoins par le premier Portoloin à la fin de la semaine, s'enthousiasma Queenie. Merci Newtie. Un seul pain suffira.
—Qu'est-ce que vous allez voir là-bas ? demanda Eddy.
—C'est une réserve naturelle très importante, et les sels sont réputés très bons pour la peau dans certaines potions. Lally fait quelques recherches, répondit doucement Queenie en coupant un bout de son pain pour l'offrir à Charme.
Le félin renifla le petit pain frit circonspect avant de l'ignorer simplement et quitter la cuisine d'un air indigné. Tina et Newt rigolèrent de ce comportement et Eddy tacha de garder les yeux fermement baissés sur son pain fourré qu'il découpait précautionneusement du bout de son couteau.
Les trois adultes échangèrent quelques banalités mais semblaient toujours légèrement inquiets de son silence affiché.
—J'ai reçu une lettre de Thésée, finit par dire Newt. Il espère prendre quelques jours cet été pour qu'on se voie. Apparemment il a rencontré une jeune sorcière.
—Et tu ne me l'as pas dit ? s'exclama Tina. C'est que c'est sérieux, oh j'ai tellement hâte de la rencontrer !
—S-Sérieux ? bafouilla son tuteur. Tu crois ?
—S'il t'en parle c'est que ça commence à être sérieux, oui, se moqua gentiment sa femme.
—Oh j'ai tellement hâte de préparer le mariage, s'exclama Queenie. Tu me laisseras tout préparer, n'est-ce pas ?
Devant ces deux tourbillons, Eddy et Newt étaient un peu dépassés et mangeaient leur petit pain frit en se jetant des coups d'œil un peu complices. Pour une fois depuis son retour, l'ambiance était un peu détendue et il ne sentait plus au dessus de sa tête l'inquiétude de ses tuteurs. Car, Eddy savait qu'ils avaient toutes les raisons du monde de s'inquiéter.
—Tu retournes bientôt à Poudlard, finit par dire Queenie en l'apostrophant. Avec… un tout nouveau directeur.
—Etant donné que l'ancien est devenu un criminel recherché, il fallait peut-être en changer, remarqua-t-il en avalant tout rond le reste de son quignon frit.
—Dumbledore n'est pas un criminel, murmura Newt. Le professeur Jedusor n'est pas un enfant de cœur et ce procès n'avait pour but que le discréditer. Albus a fait beaucoup d'erreur.
—Comme vous demander de vous occuper des petits Jedusor ? demanda Queenie.
—Queenie ! s'écria Tina en détournant le regard vivement, toute confuse.
Tina était si mal à l'aise qu'Eddy était bouche bée, il ne l'avait jamais vu à ce point bouleversée, pas même après le passage catastrophique de Médusa et Salazar dans leur salon.
—Pardonne-moi, tes pensées étaient tournées sur ce sujet ! se défendit la légilimens.
—De quoi parle Queenie, Popentina ? demanda Newt en fronçant les sourcils.
Tina avait le dos droit et tendu, elle fixait son assiette en cherchant ses mots.
—J'aurais dû vous en parler plus tôt… ce n'est que quand j'ai vu Salazar et Médusa chez nous que j'ai compris… Il y a dix ans de cela, le professeur Dumbledore m'a envoyé une lettre. Il me parlait de jumeaux avec de puissants pouvoirs qui avaient besoin d'une famille. Il voulait savoir si nous pouvions leur offrir un foyer pour les protéger… Il… Il ne m'a pas donné leurs noms, Newt, Eddy… Je vous le promets. Il m'avait dit que leurs parents étaient morts ! Je comptais t'en parler Newt pour savoir ce que tu en pensais, mais à ce moment là nous nous disputions beaucoup avec Thésée… alors j'ai repoussé… Puis il m'a envoyé une lettre quelque mois plus tard pour m'avertir que notre aide n'était plus nécessaire, sans plus d'information. Je ne sais plus quoi penser…
Dumbledore lui avait menti à elle aussi et avait pensé éloigner les enfants Jedusor de leurs parents en les confiant à des nomades, souvent en mouvement donc difficile à tracer. Tina était bouleversée avec des larmes coulant entre les plissures sous ses yeux. Elle les essuya d'un revers de main rapide pour se redonner une contenance.
—Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? souffla Eddy.
—C'était une proposition d'Albus, rien de concret, enfin ! Comment pouvais-je me douter que tu deviendrais ami avec ces enfants et qu'ils avaient des parents bien vivants ? Dumbledore m'a caché la vérité et a fuit le pays.
—Il a ses raisons, murmura Newt. Tu as bien vu ce que ce Jedusor a fait à Eddy.
—Jedusor ne m'a rien fait, mentit-il en esquivant les yeux scrutateurs de Queenie. Mais Dumbledore a failli faire de vous des criminels.
—Oui, murmura Tina, il nous a manipulés et-
—Et peut-être que nous aurions pu faire quelque chose de bien en élevant ces enfants, rétorqua Newt avec une étonnante fermeté. Mais avec des si, nous mettrions Poudlard en flacon. Le professeur Jedusor est quelqu'un de dangereux, et je ne veux pas qu'Eddy soit en danger.
—Dans tous les cas, je suis un danger et en danger, répondit l'adolescent en repoussant son assiette vide.
Les adultes et Eddy se turent. Queenie essayait toujours de lire dans sa tête, il le sentait. Une seconde, il leva un œil et leurs regards se croisèrent avant qu'il ne retourne à son observation des lattes de bois de la table, complètement mortifié. L'atmosphère de la petite cuisine de bois clair lui parut aussi insoutenable que s'il s'était trouvé dans un chaudron.
—Je vais faire un tour dans le jardin. Je ferai la vaisselle en rentrant, s'esquiva-t-il.
Il quitta la table rapidement alors que Tina ouvrait la bouche pour protester. Il franchit la baie vitrée et se retrouva dehors dans la fraicheur de la nuit.
Le jardin était à peine illuminé d'une faible applique contre la pierre blanche. Au loin il apercevait à peine la mer cachée derrière les dunes, mais le bruit du ressac marin mêlé à l'odeur de sel de la mer lui firent du bien. Il s'assit sur la balancelle sous le grand hêtre où s'agitaient des petits vers luisants. Ils ressemblaient à des petites loupiotes jaunes au milieu des ténèbres.
—Eddy, il fait froid mon grand, rentrons, l'interpella Tina qui avait passé un plaid sur ses fines épaules.
Il fit celui qui n'avait pas entendu mais la balancelle s'abaissa légèrement tandis que Tina s'asseyait doucement près de lui.
—Tu es tellement distant depuis des semaines, Eddy. Depuis cet hiver tu as changé, tu es renfermé et ne parle presque plus.
—Si ça me permet de ne pas mourir dans l'année, autant essayer ce nouveau protocole, baragouina-t-il en fixant ses chaussures posées dans l'herbe. Je me suis souvenu de ma tante, murmura-t-il finalement. C'était après avoir essayé de partir de Poudlard à Noël. Elle a dit que j'apporterai le malheur. Ma mère m'a laissé avec mon père à cause de ça. Elle doit avoir raison, peut-être qu'il y a des gens qui n'apportent que du malheur à leur entourage.
Il songeait au professeur Jedusor et à la douleur de Salazar et Médusa.
—Peut-être, murmura lentement Tina. Mais tu n'es pas comme cela, Eddy. Tu ne nous as pas apporté de malheur, bien au contraire. Malgré les épreuves, te voir grandir nous a apporté beaucoup de bonheur et de joie.
—Même si l'Obscurus grandit en même temps que moi ? Vous m'avez permit de grandir alors que vous avez déjà affronté des Obscurials, vous savez le mal que je peux faire. J'ai failli te tuer Tatina.
—Je sais, répondit doucement Tina en essayant de poser sa main sur la sienne alors qu'il s'esquivait. Nous étions au courant des risques et je reste persuadée que nous avons pris la bonne décision. Tu vas bientôt retourner à Poudlard… Newt ne voulait pas que je t'en parle tout de suite mais nous pensons t'inscrire à Castelobruxo pour la rentrée prochaine.
—Quoi ? Mais je n'ai pas encore trouvé ma famille, je ne parle pas portugais, j'ai des amis ici et-
—Ils ont le meilleur programme en botanique et beaucoup de plantes pour se soigner… et puis vu la vitesse à laquelle tu as réappris l'anglais, en quelques mois tu seras bilingue. Castelobruxo a un excellent système d'échange, répondit Tina qui avait préparé ses arguments.
—Mais ce n'est pas ce que je veux-
—Ecoute Eddy, il devient très dangereux pour toi de rester dans ce pays. Je ne sais pas quelle est la position de Dumbledore, mais j'ai assez côtoyé Grindelwald et vu Mr Jedusor pour savoir qu'il faut rester loin d'eux. Nous en reparlerons plus tard, mais promets-moi d'y réfléchir, d'accord ?
Il hocha vaguement la tête avant de se lever péniblement de la balancelle. Sans un autre salut qu'un bref signe de la main, il quitta le jardin.
.
.
.
Les jours suivants furent assez silencieux et calmes jusqu'à la rentrée. Newt et Tina ne lui avaient pas reparlé de leur projet de transfert vers Castelobruxo et Eddy n'était pas désireux de le leur rappeler.
Il monta dans le Poudlard Express pratiquement en retard, car Bounty le Crabe de Feu avait mit bas dans la matinée retardant leur départ. Tina et Newt ne purent lui faire quelques recommandations alors qu'ils le jetaient littéralement dans le train.
—On se voit cet été, fais très attention à toi. Je suis sérieux, murmura Newt. Reste loin de ton directeur.
—Je pense qu'il va avoir d'autres priorités que moi, avoua l'adolescent alors que le train démarrait.
Tina lui fourra Charme dans les bras puis lui envoya un baiser avant que ses jambes de femme âgée ne la dissuade de le poursuivre sur tout le quai. Elle cria alors que le train quittait la gare.
—Fais très attention à toi ! Je t'aime mon grand !
Cela le mortifia un peu au milieu du couloir plein d'élèves mais déclencha aussi quelque chose de chaud au creux de sa poitrine. Il lâcha Charme pour le laisser marcher devant lui et prit ses affaires. Il n'avait pas envoyé une lettre à Salazar et encore moins à Médusa. Il ignorait comment ils se sentaient. L'adolescent ne savait pas ce qui arriverait maintenant que leur père était le directeur de l'école.
—Ah te voilà ! lâcha Gwendal en ouvrant la porte de son compartiment. J'ai cru que tu avais raté le train.
—Du calme, tout le monde ne s'est même pas installé, grogna-t-il alors que son camarade le laissait rentrer avec un gloussement. Vous avez vu Sal et Médusa ?
—Oui, nous aussi on a passé de bonnes vacances, merci de nous le demander, siffla Kheiron plus moqueur que vexé. Et pour te répondre, non. Ils doivent être déjà au château.
Londubat le cousin de Gwendal était sur la banquette en face et lisait une édition de Sorcier Viril d'un air très intéressé. Il lui fit un vague signe de tête en guise de salut. Il avait sur le genou Noise, le petit niffleur de Gwendal et Eddy dut tirer Charme pour qu'il n'aille pas asticoter la petite créature.
—Pardon, grogna l'adolescent à Kheiron. Tes vacances se sont bien passées ?
—Si on veut. 'Pas pu finir la dissertation en Défense contre les forces du mal, baragouina Kheiron. Cent cinquante centimètres de parchemin en dix jours ? Qui a le temps de faire ça ? Maintenant que Jedusor est directeur, j'imagine que c'est Prince qui nous donnera cours. Elle donne moins de devoirs au moins.
—Ça explique tellement de choses, pensa Gwendal à voix haute. L'attitude bizarre de Salazar à l'école. Moi aussi si j'étais au même endroit que le sorcier qui a essayé de m'enlever je ne serai pas bien.
—Je ne crois pas que Dumbledore ait tenté d'enlever des enfants sans une très bonne raison, fit Londubat en fermant son magazine. Ma mère est persuadée qu'on ne nous dit pas tout.
—Si tante Augusta a les mêmes gouts vestimentaires que Dumbledore ce n'est pas une raison pour croire à tout ce qu'il raconte, rétorqua Gwendal à son cousin.
—Elle a été en cours avec le professeur Jedusor, elle m'a toujours dit de me méfier de lui, rétorqua l'adolescent.
—Voilà pourquoi les Gryffondors sont insupportables, pavoisa Kheiron. Ils suspectent tout le monde d'être un mage noir alors que c'est notre maison qui compte le plus de membres des quatre maisons. Nous ne sommes pas tous des Mages Noirs, Londubat.
—Les Serpentards aiment aussi nous mettre dans des cases, remarqua Londubat. Mais nous, au moins on fait les choses avec bravoure, sans mauvaise ambition.
Devant leur compartiment passa à cet instant Molly Prewett. Elle était seule sans être entourée de sa bande d'ami habituelle. La jeune fille semblait triste et honteuse et avança vers le prochain compartiment en baissant la tête de peur de croiser le moindre regard. Eddy avait lu dans la Gazette que son frère disparu s'était présenté au procès pour avouer ses crimes. Si elle avait retrouvé un de ses frères, la réputation de sa famille avait été entachée par ce scandale.
—Et Dumbledore a tué le frère de Prewett, rajouta Kheiron quand cette dernière se fut éloignée. Non, crois moi, on sera mieux sans lui à Poudlard.
Londubat abandonna la joute verbale car cela ne valait pas la peine à ses yeux et rejoignit Gwendal et Kheiron dans une partie de bataille explosive. Eddy n'aimant pas trop les jeux de carte, s'appuya confortablement contre la banquette et sortit le livre sur les Romanis que lui avait prêté Charity. Il l'avait feuilleté pendant les vacances. Si la plupart des informations étaient intéressantes, Eddy n'avait aucune idée de leur véracité. À part le langage qu'il avait conservé, ses souvenirs sur sa culture étaient épars et confus. Il ne lut que quelques pages avant que la fatigue des derniers jours n'ait raison de lui. Il s'endormit.
Quand il rouvrit les yeux, il vit qu'il faisait nuit. Ses camarades étaient déjà en uniforme et le train commençait à ralentir. Il avait dormi pendant tout le trajet.
—Tu devrais te changer, le train est à quai dans cinq minutes, lui fit remarquer Kheiron en rangeant ses affaires.
Il s'exécuta tandis que Gwendal faisait une blague sur ses habituels ronflements. En sortant du train, ils virent Skeeter en pleine conversation avec Lovegood et Bellatrix qui marchait seule vers les calèches. La brune avait délaissé les frères Lestrange mais ne chercha pas à parler à Skeeter. Cette dernière rejoignit leur carrosse quand elle remarqua Eddy.
—Med et Sal ne sont pas montés dans le train, observa inutilement la blonde en s'asseyant entre Gwendal et Londubat d'un air tranquille. Tu as pu leur envoyer des lettres, Lee ?
—Non, et toi ?
Au petit regard courroucé qu'elle lui adressa, Eddy avait sa réponse. Leur calèche tirée par deux sombrals avança brusquement manquant de les faire tomber de leur siège tandis qu'une légère pluie tombait. Le reste du voyage se passa dans un silence uniquement perturbé par le bruit des gouttes sur la toiture. Quand ils arrivèrent en vue du parc, Eddy remarqua qu'Hagrid n'était pas là pour accueillir les élèves, seul le concierge s'acquittait de cette tâche.
—Hagrid est aussi recherché, lâcha Rita tandis qu'ils descendaient. Il paraît que c'est lui qui a élevé des araignées au départ. Depuis que Dumbledore s'est enfui, il a totalement disparu, on raconte même que c'est un demi géant !
—Qu'est-ce que ça peut faire qu'il soit un demi géant ? grogna Eddy. C'était un très bon garde chasse.
Rita eut envie de rétorquer quelque chose mais elle s'interrompit en remarquant Salazar. Ce dernier se trouvait sous la pluie, attendant les calèches avec un air très sombre. Ils s'approchèrent sous la pluie se déversant à torrent dans le parc. Apollon Picott peinait même à arrêter les roues des calèches qui s'enlisaient dans la boue glacée. Eddy avait froid, il voulait par dessus tout rentrer et Charme dans ses bras grelottait, pour autant, l'adolescent était très inquiet du regard glacé de Sal.
—Ça va, Jedusor ? demanda Kheiron mal à l'aise devant ce regard froid.
Ce dernier ne répondit pas. Il semblait attendre quelqu'un dans les calèches. Gwendal et Kheiron se jetèrent un regard circonspect puis prirent le chemin vers la Grande Salle en s'égouttant du mieux qu'ils pouvaient. Londubat les suivit en jetant un regard suspicieux au jeune Jedusor. Rita s'était mise à l'abri dans l'entrée mais brûlait d'interroger le jeune homme.
—Sal ? redemanda Eddy cette fois. On va attraper froid si on reste là. Il faut rentrer.
Il réitéra sa demande jusqu'à ce que Sal ne finisse pas quitter ses pensées et le suive. Il continua à jeter des coups d'œil derrière lui pour voir qui émergeait des calèches. Il avait l'air tendu et en colère, Eddy l'avait rarement vu dans cet état.
—Tu… Médusa, comment va-t-elle ? demanda Rita après une hésitation.
—Mal, répondit l'adolescent d'un ton sombre en les devançant complètement trempé.
Ils le suivirent pour se rendre vers la Grande Salle. Les portes étaient grandes ouvertes et la plupart des élèves déjà attablés se séchaient soit avec leur serviette en lin soit du bout de leur baguette. Eddy repéra Médusa au bout de la table des Serpentard. Elle fixait le bout de sa fourchette figée comme une statue et ne s'intéressait à rien autour d'elle. Ses yeux étaient creux et fatigués et elle ne les leva même pas quand Rita s'assit près d'elle pour lui parler.
À la table Mr Jedusor trônait à la place du directeur. Ses collègues oscillaient entre l'approbation et une certaine gêne compte tenu de l'éviction particulière de son prédécesseur. Charity était en bout de table et se remettait encore lentement de ses blessures. Jedusor souriait, fier et altier et adressa même un petit sourire à Eddy et Salazar qui ne purent retenir un frisson. Les derniers élèves arrivèrent. Eddy remarqua Rosier entrant dans la Grande Salle. Il avait perdu son air fier et goguenard pour un air un peu plus inquiet car il alla s'asseoir en baissant la tête. Salazar le regarda faire, la mâchoire crispée, puis quelques secondes plus tard McGonagall demanda le silence.
Les élèves tournèrent la tête vers la table des professeurs. Mr Jedusor se leva dans un mouvement savamment étudié de cape noire et offrit à l'assemblée de jeunes sorciers un sourire charmeur.
—Bonsoir à tous. J'ai conscience que cette fin d'année prend une saveur particulière après les évènements troublés que nous avons vécus dans cette école. Albus Dumbledore nous a tous beaucoup déçus et son évasion peut inquiéter. Mais croyez-moi, tout ceci est désormais derrière nous. Le passé est passé et c'est vers l'avenir que nous devons nous tourner. Des changements sont prévus pour l'école à la rentrée. Dès lors, je vais devoir laisser mon poste aux mains de Mrs Prince qui aura sans aucun doute toute la poigne nécessaire à cette activité à plein temps. Je vous remercie.
Il n'y eut pas un son, juste un vague air confus sur quelques visages avant que finalement McGonagall ne lance les applaudissements du bout des mains d'un air pincé. Elle fut suivie par pratiquement toute la table des Serpentards, quelques Serdaigle, mais bien peu de Gryffondor et Poufsouffle qui arboraient un air furieux. Les plats apparurent dans leur vaisselle d'or. Sal ne manifesta pas le désir de manger, il avait le regard fixé sur ses deux paumes jointes devant lui et semblait réfléchir profondément. Eddy ne savait pas ce que cela allait amorcer. Tandis qu'il donnait un morceau de hareng à Charme, l'adolescent observait Médusa. Elle restait la tête baissée sans manger et même Skeeter avait abandonné l'idée de lui parler.
Quand le dîner se termina, Eddy se leva d'un bond pour aller lui parler, mais il remarqua que Sal avait prit en filature Rosier hors de la Grande Salle. Eddy observa tour à tour les jumeaux Jedusor avant de se mettre à la poursuite de Salazar, laissant Charme derrière lui sur le banc.
Rosier commençait sa ronde de préfet vers le deuxième étage. Salazar le poursuivit discrètement et quand il remarqua qu'Eddy le suivait, il n'eut qu'un froncement de sourcil. Quand Rosier s'engagea dans le couloir du deuxième étage, Sal ne lui laissa pas le temps de réagir et lui fonça dessus pour le tirer vers les toilettes des filles. De là, Eddy bondit sur ses jambes pour suivre son ami. Dans les toilettes des filles, Salazar tapait méticuleusement Rosier avec ses poings.
—Arrête ! Arrête ! cria Mimi Geignarde à moitié cachée dans son cabinet de toilette.
—Lâche-m-moi ! balbutia Rosier alors que le sang avait envahi sa bouche.
Le capitaine était largement plus fort que Salazar, il ne lui fallut qu'un coup pour mettre l'adolescent à terre. Eddy en profita pour frapper Rosier à la tempe. Il bascula complètement sonné et Eddy lui écrasa l'entrejambe tandis que Salazar se relevait. Son nez saignait, mais Sal s'en moquait. Il frappa furieusement Rosier avec ses poings.
—Ça c'est pour ma sœur !
—Lee aurait fait la même chose s'il avait eut les couilles de le faire ! souffla Rosier entre deux coups. J'aime Méd-
SBONK !
Sans laisser à Rosier le temps de finir, la colère d'Eddy fut suffisante pour catapulter l'adolescent à travers les toilettes. Comme une poupée de chiffon, il alla s'écraser contre plusieurs cabinets de toilettes successifs. Voir son air choqué et endoloris lui fit du bien, encore plus que les hurlements stridents de Mimi Geignarde. Son plaisir ne fut que bref quand il vit que Rosier s'était cassé la jambe entre les copeaux de bois éparpillés et les toilettes cassées. Il avait de nombreuses échardes dans tout le corps et son visage buriné n'était plus qu'une grimace de douleur. Les cris de Mimi Geignarde semblèrent enfin atteindre les oreilles d'Eddy qui eut une grimace. Un léger bruit d'eau le sortit de sa transe.
Mr Jedusor et Médusa se trouvaient à l'entrée des toilettes. Si Médusa arborait un air indéchiffrable, Mr Jedusor ne semblait pas s'ôter son étrange sourire froid du visage. Il jeta un maléfice à Mimi Geignarde dont le cri fut suspendu alors que la fantômette était comme paralysée en l'air. Elle ne bougeait plus. Jedusor s'approcha de son fils qui avait le nez en sang et lui saisit le visage. Sal essayait de se défaire de cette prise en ouvrant des grands yeux terrifiés mais il était comme tenu par un filet invisible.
—Alors tu es donc capable de faire du mal, Salazar, susurra Jedusor en s'approchant. Il te faut donc juste un peu de motivation.
Jedusor jeta ensuite un regard à Eddy. Rosier derrière lui n'essayait pas de se relever, il était tétanisé de terreur et Eddy entendit son petit vagissement inquiet. Ce son là lui procura malgré lui un petit frisson de plaisir qu'il ne parvint pas à cacher aux trois autres sorciers dans les toilettes.
—Corriger l'exécrable est une bien noble activité Mr Lee, mais ce soir nous n'aurons pas besoin de vos services.
Jedusor échangea un regard avec sa fille et Médusa s'avança vers Eddy. Ses yeux n'étaient que deux orbes vides et sombres si ténébreuses qu'ils lui rappelèrent ceux de Mrs Jedusor. Elle jeta un regard à Rosier avant de s'intéresser à lui.
—Médusa, murmura-t-il. Qu'est-ce que tu vas faire ?
—Je n'ai pas besoin de chevaliers servants pour défendre mon honneur, cingla la jeune fille. Je m'en charge moi même. Tu vas retourner à ton dortoir Eddy, tu vas aller te coucher. Tu as besoin de sommeil.
Sous l'emprise du regard de la jeune femme Eddy sentit ses défenses fondre comme neige au soleil. En quelques secondes plus rien d'autre n'importait que de suivre les paroles de Médusa. Sous le regard des trois Jedusor, il tourna les talons. Derrière lui, il entendit le couinement terrifié de Rosier, un sifflement puis un bruit sourd.
Mais plus rien n'avait d'importance. Il n'avait qu'à retourner au dortoir et fermer les yeux.
.
.
.
Médusa regarda Eddy partir tandis que son père ouvrait le chemin menant à la Chambre des Secrets. Elle était fébrile d'impatience en zyeutant Rosier péniblement coincé dans un coin avec sa jambe blessée et sanguinolente. L'odeur de son sang aiguisa les sens de la jeune fille qui sentit monter en elle des pulsions violentes. Salazar n'avait pas bougé près de son pilonne et regardait ses mains avec un air catastrophé comme si elles étaient celles d'un inconnu dangereux.
—Med, tenta Rosier. Med… Je voulais faire les choses bien, je t'ai demandé en maria-
—Et c'est un refus catégorique Mr Rosier, susurra son père derrière elle. Le sang de Salazar Serpentard ne sera pas souillé par les veines crasseuses que sont les vôtres.
D'un geste de la main, il fit léviter Rosier qui eut un gargouillis de douleur et le précipita ensuite dans le trou reliant l'étage aux sous sol. Rosier disparut dans un cri de plus en plus lointain.
—Qu'est-ce que vous allez lui faire ? demanda Salazar.
—Qu'est-ce que nous allons lui faire, corrigea leur père. Tu viens.
Il le précipita à la suite de Rosier dans le trou béant laissé par les vasques. Médusa frémissait d'impatience. C'était pour ce moment qu'elle avait participé à ce procès, s'était tue et avait baissé la tête ces dernières semaines. Son calvaire allait enfin prendre fin.
Elle échangea un regard avec son père puis sauta gracieusement dans le trou. Elle glissa pendant cinq petite minutes, beaucoup moins effrayée que la dernière fois. Elle savait ce qui se trouvait en bas et ne souhaitait plus qu'y être. Elle déboucha dans l'antichambre couverte de petits squelettes, Rosier était à moitié évanoui dans les déchets tandis que Salazar était toujours aussi figé. Leur père ne tarda pas à déboucher à son tour dans l'antichambre, ses yeux entièrement rouges comme des rubis.
Sans attendre un ordre ou une recommandation, Médusa saisit Rosier par les cheveux pour le trainer vers la Chambre des Secrets. Toucher ce garçon la révulsait, mais le sang et sa souffrance visibles la firent tenir bon. Elle entendait son géniteur et son jumeau marcher derrière elle.
—Ouvre-toi, siffla-t-elle à la porte.
Dans un grincement sinistre, la porte de la chambre s'ouvrit et elle sentit sous ses doigts Rosier frémir de terreur.
Tandis qu'ils pénétraient dans la chambre des secrets, Rosier dut puiser dans l'énergie de son désespoir pour articuler :
—Professeur Jedusor ! Vous ne pouvez pas me tuer ! Mon père-
—Votre père a négocié avec moi. Réjouissez-vous Mr Rosier, vous vivrez. Dans quel état ? Ceci est une autre question à laquelle Médusa donnera tout son sens.
Ils étaient dans la Chambre des Secrets, Rosier était terrifié, incapable de bouger et tremblant. Médusa remarqua que le bas de sa robe était mouillé comme s'il s'était uriné dessus. Cela lui plut, et Salazar qui s'était calmé arborait un air inquiet. Son père le tenait au niveau du cou pour empêcher toute esquive de sa part, il était aussi prisonnier que Rosier entre ses doigts.
—Je devais le tuer, éructa Médusa en lâchant son ancien bourreau. Tu me l'avais promis !
—Je t'offre de quoi te venger, rétorqua son père d'une voix glacée. Il payera pour l'affront qu'il a fait à notre sang ! Un semblant de vie est la seule bonté que j'accorde aux Rosier. Est-ce comme cela que tu me montres ta reconnaissance, Médusa ? Après tes multiples erreurs ?
Salazar eut un frémissement quand son père raffermit sa prise sur son cou. Médusa observa son jumeau puis Rosier encore vagissant à ses pieds. Le choix était vite fait et elle jeta un maléfice pour aveugler le jeune homme. Elle se tourna ensuite vers la large bouche de pierre de la statue de Salazar :
—Viens à moi Suzeraine, viens, tes Maitres t'appellent.
Elle sentit Rosier frémir lorsqu'elle usa de fourchelangue, tandis que la bouche béante de la statue s'ouvrait dans un crissement ténébreux. Lentement le Basilic émergea de son trou, aussi grand et impressionnant que durant les vacances de noël.
—À ses maitres, vient la Bête, ânonna la créature dans un petit sifflement.
—Ne le tue pas, lui rappela son père brutalement.
Médusa serra les dents et se tourna vers le corps de Rosier à ses pieds.
—Endoloris !
Le cri de l'adolescent lui fit du bien, c'était quelque chose qu'elle avait attendu depuis l'instant où elle s'était réveillée dans sa chambre. Elle continua l'impardonnable du bout de la baguette élançant le sortilège davantage chaque fois que Rosier faiblissait dans ses cris. Elle répéta le sortilège, une fois, deux fois en jouissant des cris qu'elle entendait. Un instant, elle leva les yeux vers son frère qui ne parvenait pas à garder un visage calme. Ses traits doux étaient tordus d'anxiété et de douleur tandis qu'elle continuait ses maléfices.
—M-M-Med ! Je t'en supplie-
—Je t'ai supplié moi aussi, et tu étais prêt à continuer. Tu vas voir ce que c'est que de crever de terreur en attendant la suite. Joue avec lui, mais ne le mords pas, commanda-t-elle en fourchelangue au Basilic.
Cette dernière saisit Rosier dans son énorme gueule par le bout de sa robe de sorcier et le catapulta dans la Chambre des Secrets. Rendu aveugle, Rosier ne savait pas qui avait pris le relais dans ses tortures, il sentait juste quelque chose d'énorme et une bouche brûlante et béante le saisir. Dans l'obscurité, sa terreur était décuplée par son imagination.
Elle observa le reptile jouer avec sa proie, l'enserrer dans ses anneaux pour le lécher d'une bave visqueuse et douloureuse mais qui ne le tuerait pas, elle le savait. Le Basilic relâcha l'adolescent pour continuer à le trainer dans toute la salle, lui plongeant la tête dans l'eau vaseuse pour ensuite le catapulter à travers la pièce. Dans un bruit sourd, le corps désarticulé de Rosier atterrit aux pieds de Médusa.
Il était sévèrement blessé, couvert de bave et la salive du Basilic lui brûlait la peau par endroit en le couvrant de cloques. Il était misérable et pathétique, pourtant cela ne satisfaisait pas vraiment Médusa.
Quand la jeune fille se tourna vers son père, elle vit qu'il avait lâché son frère et observait le supplice de Rosier d'un air vaguement intéressé.
—Comment te sens-tu Médusa ?
Dire qu'elle se sentait bien serait mentir. Elle avait attendu ce moment pendant deux longues semaines et avait souhaité faire payer Rosier pendant des mois, mais maintenant la vengeance avait l'odeur de chair brûlée tandis que le serpentard vagissait de douleur à ses pieds.
—J'en veux plus, murmura-t-elle.
—Chaque chose en son temps. Salazar c'est à ton tour de le punir.
Médusa et Salazar jetèrent un regard glacé à leur géniteur tandis que le basilic attendait patiemment un ordre. Son cadet eut un frémissement et tenta de faire un pas en arrière.
—Je ne peux pas faire ça…
—Tu y arrivais très bien tout à l'heure, rétorqua sèchement leur géniteur. Tu ne sais peut-être pas jeter un impardonnable mais tu sais faire mal. Prend ça.
Il lui jeta un poignard entre les mains que Sal ne parvint pas à attraper. La pointe du poignard alla cogner contre les pierres glacées dans un bruit strident. Sal resta interdit, à l'instar de Médusa.
—Tu ne désires pas venger ta sœur pour l'affront qu'elle a subi ? Es-tu donc à ce point faible ?
—Il souffre déjà, stop ! Stop. Stop, murmura Sal prit de tics nerveux. Je ne veux pas. Non. Non. Non.
—Je t'ai ordonné de faire quelque chose ! Fais-le ! siffla leur père d'une voix si aigüe qu'elle résonna dans la Chambre dans un écho terrible.
—Non !
—Père, laissez-le ! Je vais me charger de lui !
—La ferme !
Le corps de Rosier était parcouru de spasmes, tandis qu'ils se disputaient. Médusa ne savait pas s'il était encore assez conscient pour comprendre leur conversation, mais il anticipait le prochain coup et sortilège avec horreur. L'horreur fut partagée pour Médusa quand elle vit que son père avait levé sa baguette d'if et s'apprêtait à frapper son frère d'un impardonnable.
—Imp-
—AVADA KEDAVRA !
Le rayon vert jaillit de la baguette de Médusa et alla frapper Rosier de plein fouet. Ce qu'il restait de son corps était gisant et mort. Elle venait de réaliser son premier meurtre. Là non plus elle n'en tira pas beaucoup de plaisir et elle crut mourir de peur quand les yeux rouges de son père tombèrent sur elle. Au moment où il allait la frapper d'un Doloris, une masse sombre et vive s'interposa entre eux. C'était le Basilic faisant rempart de son corps sur ordre de Sal. Médusa bondit pour se rapprocher de son cadet et s'éloigner du cadavre et de son père.
—Laisse-là tranquille ! hurla Sal en sanglot. Regarde ce que tu nous fais faire ! Regarde ! Après ce que tu as fait à Maman, à Mrs Burbage tu veux la faire souffrir elle aussi. Tu ne veux pas t'arrêter !
—Laisse ta mère en dehors de ça ! Endoloris !
Le Basilic plongea pour recevoir le sort à la place de Salazar qui saisit la main de Médusa. Le Basilic se cambra de douleur et ils virent le regard furieux de leur père. Ils n'eurent pas à réfléchir. Toujours main dans la main, le cœur battant les deux quittèrent la chambre des secrets tandis qu'un cri furieux jaillissait dans leur dos. Médusa arriva à l'entrée du tunnel :
—ELASTICUS !
Salazar et Médusa rebondirent longtemps contre les parois du tunnel mais finirent par remonter. Quand ils émergèrent dans les toilettes des filles, Médusa et son cadet ne tenaient plus sur leurs jambes. Ils étaient essoufflés, terrifiés et craignaient par dessus tout la menace qui allait jaillir d'un moment à l'autre du tunnel.
—Il faut retourner au dortoir, Med, sanglota Sal. Viens, dépêche-toi !
Médusa se reprit, elle se releva en tremblant, saisit son frère sous le bras et quitta à toute vitesse les toilettes avec lui. Ce soir, elle avait tué Rosier comme elle l'avait souhaité et cela ne lui avait rien fait. La vengeance n'avait aucun goût, rien n'avait plus d'intérêt.
Médusa se sentait désormais au bord d'un précipice de vide et il ne faudrait plus qu'un léger courant d'air pour qu'elle s'y laisse glisser.
.
.
On ne parla pas de la disparition de Rosier dans les jours qui suivirent. Les frères Lestrange avaient interrogé quelques élèves sur la disparition de leur ami mais sans résultat apparent. On racontait qu'il était rentré chez lui après une fulgurante éruption d'Eclabouille. Sans capitaine, et comme Médusa avait abandonné son poste l'équipe fut obligée de déclarer forfait pour le reste de la saison de Quidditch.
Cette nouvelle plut énormément à McGonagall qui n'avait pas ôté son petit sourire satisfait du temps qu'avait duré leur contrôle. Eddy termina rapidement sa phrase sur les Transfigurations animales sur son parchemin avant que celui-ci ne s'envole avec les autres copies pour rejoindre le bureau de la professeure.
—Ces devoirs vous seront rendus la semaine prochaine, j'attends de vous l'excellence sachez-le. Néanmoins je me dois de vous avertir qu'en raison des nouvelles directives du directeur tout ceux ayant une note inférieure à la moyenne seront envoyés en retenue. Il en va de ma matière mais également des autres.
Le petit sourire pincé qu'elle leur adressa était plus un avertissement pour les enjoindre à faire attention qu'une véritable menace. Eddy espérait vraiment avoir réussi son devoir. La chaise vide à côté de lui, lui indiqua que Salazar allait inévitablement recevoir une retenue pour son absence. Il avait disparu depuis deux jours.
Médusa qui se leva quand la cloche sonna n'eut pas l'air d'humeur à répondre à ses questions. Rita lui sauta dessus et eut justement l'air avide de lui poser des questions.
—Non, pas envie, rétorqua-t-il aussitôt pour s'esquiver. Pas d'article sur l'obscurial !
—Attend avant de sauter à des conclusions, rétorqua Rita agacée. Est-ce que au moins tu peux m'écouter ? Viens à la rédaction du journal pendant la pause déjeuner. Il faut qu'on parle. Promis pas d'entourloupe. C'est au troisième étage, deuxième porte après la statue d'Herbert Babille.
Il consentit à donner son accord en fronçant les sourcils.
Il se rendit à son cours de défense contre les forces du mal assuré par Mrs Prince. Le cours portait sur les Vouivres et dragons ainsi que le meilleur sort pour les neutraliser. Si Mrs Prince n'avait pas amené des dragons pour des exercices pratiques, le sortilège était assez facile à réaliser. Il suffisait juste d'utiliser une puissance pure. Pour la première fois, Eddy avait été le premier à réussir le sortilège et même Mrs Prince avait été interloquée par sa puissance. Médusa lui jeta un coup d'œil morne avant d'exécuter son sortilège avec un peu moins de puissance. La professeure leur accorda quelques points et des félicitations quand la cloche sonna. Alors qu'Eddy rangeait ses affaires comme ses camarades, Mrs Prince l'interpella.
—Mr Lee, un instant s'il vous plait.
Comme une vieille habitude dans cette salle de classe, Eddy tourna les talons vers la professeure. Si Prince était moins intimidante que Jedusor, elle n'en restait pas moins froide et stricte. Il n'avait jamais été très proche de la sorcière et se demandait ce qu'elle attendait de lui. Les derniers élèves quittèrent la salle de classe et la femme se tourna vers lui.
—Mr Jedusor m'a fait passer le message qu'il souhaiterait vous voir dans son bureau ce soir. Le mot de passe est Sang-Pur.
Elle le darda de ses yeux noirs une seconde.
—Vous pouvez y aller, Mr Lee. Je n'ai rien d'autre à vous dire.
Aussi avec un vague merci, il s'exécuta en songeant ironiquement qu'elle était toujours aussi aimable. Il avait rendez vous au troisième étage avec Rita et se demandait en quoi consisterait leur discussion. Il se rendit à l'indication donnée par la jeune fille, derrière la statue, Rita l'attendait de pied ferme.
—Allez dépêche-toi, cingla-t-elle en ouvrant la porte pour le laisser passer. On doit parler.
Eddy se demanda qui était ce on, puis se figea en voyant que Salazar était assis sur une des tables, Charme sur les genoux. La rédaction du Petit Poudlard Illustré était une toute petite salle de classe aux tables branlantes callées en u autour d'une presse magique énorme. Dans la classe se trouvait Xenophilius Lovegood en train de discuter avec Peeves.
—Qu'est-ce qu'il vient faire ici l'Obscurial ? demanda l'esprit frappeur qui avait revêtu un feutre de reporter sur sa tête de gnome.
—Je ne suis pas venu me faire insulter, grogna Eddy.
—On va discuter Peeves. Je veux ton article sur les plus mauvais tours à jouer à un ennemi, roucoula Rita. Tu voulais le poste de Parkinson, tu l'as eu. On boucle le journal demain soir et tu n'as toujours rien écrit.
Dans une grimace comique, l'esprit frappeur eut l'air de vouloir écouter la blonde qui s'assit d'un air satisfait sur la table à côté de Salazar. Ils ne s'étaient pas reparlés depuis l'incident Rosier, Eddy ignorait ce qu'il s'était passé après que Médusa l'ait forcé à partir, mais il était à peu près certain de l'issue de leur affrontement. Sal ne semblait pas vouloir en dire plus pour le moment.
—Tu as lu le dernier exemplaire de la Gazette ? pépia Rita.
Eddy fit non de la tête, il ne lisait que les gros titres depuis longtemps, et si l'article accompagnant le titre était digne d'intérêt il le lisait ensuite.
—Évidemment que tu ne l'as pas lu, grinça-t-elle. L'alinéa Ariana et la nouvelle loi de restriction magique ne te disent rien non plus ?
—Qu'est-ce que c'est que ça ? grogna l'adolescent.
Salazar eut un frémissement en caressant les oreilles de Charmes, on eut dit que chaque phrase prononcée par Rita l'inquiétait davantage.
—Une loi est en votation par le Magenmagot. Elle devrait passer pendant l'été, d'après ce que m'ont dit mes sources. Cette loi est proposée pour garantir la sécurité des sorciers… telle quelle est présentée, n'importe qui possédant une « irrégularité » de magie pourra être mis sous tutelle.
Donc lui dans sa qualité d'Obscurial, comprit Eddy en se figeant.
—Mais j'ai déjà des tuteurs, releva-t-il. Et qu'est-ce que c'est qu'une irrégularité ? Le terme est vague !
—C'est justement parce que le terme est vague qu'il est dangereux, reprit Sal. Les possesseurs de dons… comme Med, ma mère ou moi nous sommes aussi concernés.
—La loi de Tutelle peut changer la tutelle d'un jeune sorcier de premier cycle si le ministère la juge inadaptée, continua Rita.
Un frisson de peur dévala son échine quand il se rendit compte de tout ce que cela impliquait.
—Et qu'est-ce qu'on peut y faire ? Il y a un moyen de nous faire écouter du Ministère ?
—On peut essayer de rallier l'opinion publique, répondit Rita. C'est pour la sécurité des sorciers que va être votée cette loi, mais s'ils n'ont pas conscience du danger il faut qu'ils le comprennent. On va voter en premier lieu contre les Obscurials, mais ils ne savent même pas ce que c'est ! Si tu acceptais de répondre à quelques questions pour que les sorciers comprennent ta condition-
—Mais en quoi ça te regarde, toi ? Tu ne fais pas ça par bonté, Skeeter.
—J'essaie de faire quelque chose de bien pour une fois ! s'égosilla la blonde.
Peeves et Xenophilius eurent un petit mouvement de recul. Rita se mordit la lèvre et se reprit quelque peu. Elle attendit que Lovegood et Peeves se reconcentrent sur leurs articles pour chuchoter :
—Après ce qui s'est passé pour Médusa, après tout ça, j'ai envie d'être utile pour une fois. Alors oui, j'espère aussi augmenter ma notoriété en t'interviewant, mais faire des choses bien en pensant à soi est-ce aussi dramatique que ça en à l'air ? Je connais deux trois personnes à la Gazette qui seraient ravies d'entendre un témoignage nouveau. Cela fait un an que tu es dans cette école et on a tous vu que ce que tu ne vis n'est pas facile, autant que d'autres sorciers le comprennent avant d'essayer de te mettre un collier de chien, non ?
—Je ne sais pas-
—Je pense que tu devrais le faire, murmura Sal. On doit agir. Cette loi te mettra sous la tutelle du ministère de la magie et là-
Et là, les choses pourraient bien empirer comprit le garçon complètement démuni. Jusqu'ici, il pensait que la pire chose qui pouvait lui arriver était de mourir ou finir ses jours dans la valise de Newt, il n'envisageait absolument pas d'être emprisonné et privé de droit. Jedusor avait manigancé avec le Ministère et sa maigre liberté risquait d'être entravée.
Ces pensées lui donnèrent le tournis de manière littérale. Il dut s'asseoir un instant par une chaise invoquée par Rita. Pendant un instant, il fut complètement perdu dans ses sombres pensées tandis que ses deux camarades attendaient l'air fébrile.
—C'est d'accord, Skeeter. Je dois dire quoi ?
—Oh j'ai attendu cette phrase toute ma vie, champion, pépia la blonde en se saisissant de sa plume.
Quand ils ressortirent de là une heure plus tard, ils n'avaient pas déjeuné, mais Eddy se sentait bien. Avoir vidé son sac avait soulagé un peu ses pensées et amoindri ce sentiment froid et diffus qu'il ressentait depuis plusieurs semaines. Sal ne semblait pas d'avis d'aller en cours de Soins en Créature Magique, Eddy partit avec lui pour sécher cette matière en se glissant dans la tour d'astronomie tandis que Charme se glissait vers leur dortoir. Ils n'étaient pas remonté ici depuis l'incident avec les araignées. La tour avait été réparée et le parc s'étendait sous leurs yeux.
—Aragog est mort, murmura Sal assit contre la rambarde. Les araignées qui restent n'attaqueront pas, elles ont tout perdu.
Eddy ne partageait pas vraiment son empathie mais la vision des troncs calcinés s'étendant sous leurs yeux l'attrista. On aurait dit qu'un maléfice s'était abattu sur la végétation la rendant noire et morte.
Le Feudeymon de Mr Jedusor avait léché l'herbe en de multiples endroits du parc laissant des volutes noires dessinées sur l'herbe brûlée. De la tour on pouvait croire qu'une étrange pieuvre noire jaillissait du fond de la forêt pour faire ramper ses tentacules vers le château.
—Tu es retourné dans la forêt depuis ?
—Non. La forêt est trop abîmée, ça me fait mal d'y retourner. Les centaures me chasseraient à l'instant où je poserai un pied dedans.
—Si ton père a tué Silvana, les centaures peuvent porter plainte, il peut y avoir un contre procès-
—Les centaures ne suivent pas les lois des humains, ils nous détestent et à raison, rétorqua Salazar. Ils n'iront jamais témoigner au Magenmagot. Le sang appelle le sang. S'ils doivent venger Silvana c'est comme ça qu'ils feront.
Si les centaures affrontaient Mr Jedusor Eddy se faisait peu d'illusion sur l'issu des combats.
—Que s'est-il passé après que Médusa m'ait… susurré ? demanda finalement Eddy.
—Tu connais la réponse, fit le garçon d'un air fataliste. Médusa n'a pas eut besoin d'être forcée, elle voulait le faire… J'ai participé à ça. Je ne voulais pas. D'une façon ou d'une autre je participe toujours et ça, je n'en peux plus, Eddy.
Eddy ne savait pas quoi répondre, il ne savait pas quel mensonge Jedusor avait donné pour justifier la disparition du fils Rosier mais savait que cela ne le ferait pas tomber de son siège directorial. Médusa avait tué quelqu'un. Certes, Perceval était une ordure, mais Eddy avait suffisamment de mal à accepter le meurtre de son horrible géniteur pour savoir qu'elle avait prit un chemin bien tortueux.
—Si tes tuteurs te donnent l'opportunité de partir, Eddy, il faut que tu le fasses, reprit Sal. Il faut que tu partes d'ici.
—Je ne vous laisserai pas ici, pas avec lui.
—Qu'est-ce que tu peux faire contre lui ?
Cette discussion il l'avait déjà eue avec Salazar par le passé mais aussi avec Tina et Newt. Mais le fait était qu'il ne voulait pas partir d'Angleterre. Il le sentait, ce pays était le sien et une partie de son histoire encore dans l'obscurité de sa mémoire s'y trouvait. Il avait besoin de ces réponses pour avancer. Vers qui ou vers quoi, il n'en était plus vraiment sûr.
Le soir venu, il se rendit au bureau du directeur. Il n'avait que peu croisé Jedusor ces derniers temps, du fait de ses nouvelles occupations le professeur paraissait très occupé. Eddy ne s'en portait que mieux. Depuis que son Obscurus était calme, Eddy pouvait même prétendre à être un sorcier normal. Plus d'éclat, plus d'explosion. Outre sa fatigue chronique, tout aurait dû être bien. Mais le fait que Jedusor ait désormais les pleins pouvoirs dans l'école l'inquiétait. Il était entièrement à sa merci et espérait férocement que son Obscurus serait à même de repousser les attaques du mage.
—Sang Pur, murmura-t-il à la Gargouille gardant l'entrée du bureau.
Il frappa à la porte et une voix sèche lui permit d'entrer. Il poussa le battant. Le bureau du directeur n'avait presque pas changé depuis que son ancien occupant n'était plus là. Les mêmes objets étranges et argentés s'y trouvaient, seul le perchoir de Fumseck avait été retiré. Jedusor était à son bureau, trônant tel un roi avec un demi sourire tranquille. Quand Eddy s'approcha, il remarqua que le professeur avait entre les mains les pages de lexique qu'il lui avait envoyé. Le professeur ne lui présenta pas de siège et le laissa debout le temps qu'il se décide à parler.
—Vous avez eut ce que vous vouliez. Êtes-vous enfin satisfait ?
—Pas encore. Bien d'autres choses arriveront mais commençons par vous. Comment se porte la bête en vous, Mr Lee ? demanda nonchalamment le professeur en levant les yeux vers lui.
—Silencieuse, répondit-il du bout des lèvres.
—Excellent. Avant que nous poursuivions notre séance, nous allons faire un petit point sur vos lexiques. Ils sont insatisfaisants.
Eddy fronça les sourcils. Il remarqua que les tableaux des anciens directeurs derrière Jedusor étaient tous silencieux, comme profondément endormis. Aucun n'était réveillé, il était allé suffisamment dans le bureau de Dumbledore par le passé pour savoir que ce n'était pas une chose habituelle. C'était comme si un charme étrange avait ensommeillé toutes les petites figures peintes dans leur cadre.
—Je vous donne tous les mots que j'ai à ma disposition dans mon vocabulaire, répondit l'adolescent après avoir hésité. Je ne sais pas quoi ajouter de plus.
—Ce n'est pas suffisant, éructa avec colère le professeur en jetant les feuillets qu'il avait rédigés. Aucun ne m'apporte les réponses que j'attendais. Votre fichue langue est incompréhensible.
Eddy songea qu'on n'apprenait pas une langue en apprenant des mots dans un lexique, une langue était plus complexe que cela et il s'en était bien rendu compte quand Tina lui avait appris l'anglais. Simplement, Jedusor ne désirait pas parler cette langue, il voulait juste comprendre une prédiction, sa vision des choses était donc à la fois négligente et pragmatique.
Jedusor resta un moment à l'observer de ses impassibles yeux noirs puis demanda :
—Que veux dire Latcho Drom ?
—C'est le bon chemin… ou la bonne route, se souvint Eddy un peu nostalgique.
Cette phrase là, il en était certain avait raisonné dans son enfance, il n'aurait pas su dire qui l'avait prononcée mais elle évoquait chez lui un univers un peu nostalgique teinté d'une certaine mélancolie. Son professeur ne partageait pas cette commémoration car ces mots là eurent l'air de rouvrir une cicatrice en lui.
—C'est votre belle-mère qui a dit ces mots là ? s'aventura le jeune homme.
Jedusor lui jeta un regard glacé et il eut l'impression que d'un seul coup d'œil il lui retournait la tête. Par instinct il frémit et eut le réflexe de baisser les yeux.
—Elle a prononcé ces mots avant sa prédiction, en effet, répondit le professeur en faisant voler les feuilles vers lui. Sa route s'est arrêtée, on ne saurait dire qu'elle a pris le bon chemin. Prononcez ces mots à voix haute, je veux connaître leur prononciation. Ensuite, dites ce qu'il vous passe par la tête. Peu m'importe, je dois me familiariser avec cette élocution.
Eddy en fronçant les sourcils s'exécuta, ânonnant les mots qu'il avait lui même écrit, puis en rajoutant d'autres dont il faisait la traduction à son professeur qui notait cela. Un instant il prononça un mot et vit son professeur tiquer.
—Répétez ce mot.
—Lil, c'est le livre ou la lettre.
Un instant Jedusor se figea, puis termina de noter.
—Je pense que ce sera tout pour le moment. Je vous remercie pour ces éclairantes leçons, se moqua-t-il sirupeux. Du reste, préoccupons-nous de votre Obscurus. Asseyez-vous.
Un siège apparut derrière lui et avança contre ses mollets pour le forcer à plier les jambes et s'asseoir.
—Nous avons pu voir vos exploits lors de l'attaque de Poudlard. Et il est rare que je le sois, mais je vous suis reconnaissant. Vous avez protégé le sang de Salazar Serpentard. Si vous ne cessez de mettre votre nez dans mes affaires, et de détruire, il semblerait que guidé par l'instinct vous soyez capable de faire quelque chose de bien.
—C'est arrivé deux fois, l'Obscurus a totalement prit le contrôle ce soir là. Mais il ne voulait pas détruire-
—Il voulait protéger, répondit calmement Jedusor. Nous en revenons à ce que je vous disais. Bien guidée cette force peut être utile.
—En utilisant un horcruxe ?
—Je vous ai dit que vous n'étiez pas prêt. Vous êtes toujours aussi impatient.
—Etant donné que je ne sais pas exactement combien de temps il me reste, oui un peu.
—Vous n'allez pas mourir tout de suite, rassurez-vous. Votre Obscurus vous affaiblit plus en combattant votre remède qu'en se montrant. Il est nécessaire cependant que nous comprenions d'où vient cette force. Continuons avec vos souvenirs.
D'un coup la siège sur laquelle était assis Eddy sembla parcourue d'un frisson alors que des sangles noires émergeaient du dossier pour le ceinturer fermement. En quelques secondes il était enrubanné comme une sorte de momie de cuir et il se débattit furieusement. Le bureau directorial fut envahi par l'étrange liquide noir tandis que Jedusor jetait son sortilège pour les mener vers une dimension noire. Il avait un petit sourire satisfait qui n'augurait rien de bon et qui paniqua Eddy davantage alors qu'il essayait d'échapper aux lanières qui le maintenaient si fermement qu'il avait mal. Son cœur battait à toute vitesse et Jedusor s'approcha de lui baguette levée.
—Qu'est-ce que vous allez rechercher ? s'exclama l'adolescent paniqué. Je n'ai pas eut d'autre souvenirs depuis. Je ne veux pas que fouillez n'importe quoi dans ma tête !
—Mais il n'est rien que vous puissiez m'interdire, désormais, Mr Lee. Legilimens.
Le sortilège l'atteignit de plein fouet tandis qu'il se sentait paralysé par les yeux rouges de l'homme face à lui.
Il sentait Jedusor lui trifouiller la mémoire dans tous les sens. Un instant, il le vit observer un souvenir avec Tina et Newt, puis un souvenir envahit son esprit. C'était juste après son renvoi d'Ilvermony. Tina et Newt étaient face à lui, terriblement déçus.
—Eddy, comment as-tu pu faire ça ? Tu nous avais promis que tout irait bien, fit Tina dévastée.
Non, ses souvenirs là, il les connaissait déjà, il ne voulait pas les revoir. Eddy tenta de repousser la prise de son professeur dans sa tête en pensant au petit canard en plastique mais l'image fondit comme neige au soleil face à la puissance du sorcier.
—Nous te faisions confiance, mon grand, reprit Newt.
La conversation se perdit en brouhaha et là, ce que craignait Eddy arriva. Son Obscurus jaillit pour frapper Newt sans qu'il ne puisse l'arrêter. Le vieil homme tomba au sol face à la puissance de la créature. Tina tenta d'intervenir en le maitrisant d'un maléfice mais rien ne semblait arrêter le feu de colère et de honte en lui. Un coup encore plus puissant fut porté au vieil homme qui glapit :
—Aide Eddy d'abord !
Il tomba dans l'inconscience et l'Obscurus comme apaisé ne tarda pas à faire de même.
Le souvenir changea.
Il était dans sa caravane avec son père et sa mère. Ils se disputaient encore. Eddy avait peut-être cinq ou six ans, il était dans un coin près de la banquette lui servant de lit. Il se faisait tout petit pour être oublié. Il voulait aller dehors mais papa était devant la porte à crier sur maman.
Un moment son père se jeta sur sa mère pour la frapper, Eddy eut tellement peur qu'une des casseroles jaillit du minuscule placard pour cogner son géniteur en plein dans la tempe. Alors que sa mère se retournait vers lui, il ne put ou ne voulut pas voir l'expression de son visage.
Une force brutale et bestiale éjecta son professeur. Un instant il fut face à un mur. Puis une légère image se stabilisa.
Il y avait un garçon brun assit sur un petit lit. Eddy s'aperçut que le garçon était le professeur Jedusor. Il ne devait avoir que dix ou onze ans, il était maigre et pâle dans une chambre minuscule. Face à lui se trouvait une version plus jeune du professeur Dumbledore.
—Vous êtes un docteur c'est ça ? C'est elle qui vous a dit que j'étais fou ? Je n'ai pas besoin de docteur, je n'ai pas besoin d'aide !
Le petit garçon bondit sur ses jambes maigrelettes. Au dehors une ville grisâtre et sombre s'étendait par une minuscule fenêtre à guillotine.
—Je ne suis pas docteur, je suis professeur, répondit tranquillement Dumbledore. Je suis venu te proposer une place dans une école-
—Je pense que vous en avez assez vu, siffla une voix glaciale à son oreille.
Il fut éjecté du souvenir et eut l'impression de recevoir un cognard en pleine poitrine. Eddy suffoquait et crut que sa dernière heure était arrivée. Le professeur avait la main étrangement écartée sur du vide. Quand un de ses doigts se referma vers sa paume, Eddy crut que l'on avait planté un poignard dans son cœur. Les yeux de Jedusor n'étaient que deux rubis de colère, tandis qu'il montrait pour la première fois un rictus inquiet. Ses défenses mentales avaient faibli et Eddy avait pu voir un bref instant de ses souvenirs.
—Protéger, n'est-ce pas ? susurra Jedusor. Il est ironique que vous n'ayez pas réussi à protéger les personnes qui vous sont chères jusqu'ici. Elles sont parties, ou partiront soyez en certain.
—Lâchez-m-moi, articula-t-il péniblement en essayant de respirer. Je n'ai pas voulu-
—Taisez-vous ! Croyez bien que je suis à court de patience ! Endoloris.
Il reçut l'impardonnable et se cabra de douleur, ses gémissements parurent faire se délecter l'homme face à lui. Son obscurus rugit mais fut comme assommé à l'intérieur de lui avant même qu'il ne se montre quand Jedusor raffermit la pression sur son cœur. Eddy gargouilla de douleur les larmes aux yeux.
Un geste de la main de Jedusor le projeta à l'autre bout de la pièce qui avait lentement reprit son apparence initiale. Comme des ventouses noirâtres les liens qui l'enserraient se décollèrent de ses vêtements et de sa peau, le laissant complètement vidé.
—Impero. Vous allez retourner dans votre dortoir, immédiatement. Ne parlez à personne. Dehors.
Jedusor était furieux et troublé et Eddy voulait être le plus loin possible de lui. Il n'eut pas le courage de combattre cette voix, il quitta la pièce dans un mélange d'euphorie imposée et de fatigue.
Et voilà, j'espère que ce chapitre vous a plu, Médusa a eu sa vengeance mais à quel prix ? Tommy tient Poudlard pour le meilleur et pour le pire et Dumbledore est en cavale x)
La suite dans « Un ventre vide et un ventre plein ».
