Ceci est un traduction, tous les crédits vont à SenLinYu pour son œuvre incroyable.
Voici les avertissements de l'autrice :
"Cette oeuvre est sombre. Les viols et relations sexuelles non-consenties constituent un aspect important et continu de l'intrigue. Il y aussi des morts de personnages, des traumatismes psychologiques, des descriptions de la violence sur un champ de bataille et des mentions de torture. Vous êtes prévenus.
NDA : Les personnages de cette histoire ne sont pas les siens, ils appartiennent à J.K. Rowling, qu'elle n'est pas. L'inspiration de cette histoire lui est venue en regardant le premier épisode de "Tha Handmaid's Tale". En hommage à celle-ci, des éléments de la série sont maintenus tout le long de l'histoire. Le titre de Haut Préfet est tiré de Lady_of_Clunn dans son histoire "Unconffined".
Cette histoire diverge du canon, à partir d'Harry Potter et l'Ordre du Phénix."
Merci à Kat, Genny et Glitterpuline pour leur aide et travail incroyable sur cette traduction.
J'espère qu'elle saura vous satisfaire. Un chapitre sera posté tous les dimanches.
DISCLAIMER : Je suis parfaitement au courant que d'autres traductions françaises existent. Je ne suis simplement pas satisfaite de celles-ci, que je trouve peu représentatives de l'œuvre de SenLinYu. Je travaille en collaboration avec trois autres personnes (CF ci-dessus), pour faire de cette traduction quelque chose de lisible, bien traduit et sans anglicismes. J'espère que vous pourrez le comprendre :)
Chapitre 1 :
Cela faisait longtemps qu'Hermione avait abandonné l'espoir de voir dans le noir.
Pendant un moment, elle avait pensé que si elle laissait le temps à ses yeux de s'ajuster, quelques formes pourraient finir par apparaître.
Il n'y avait pas le moindre rayon de lune si bas dans les cachots. Aucune torche n'était accrochée dans les couloirs qui menaient à sa cellule. Rien que des ténèbres et encore des ténèbres, au point où elle se demandait parfois si elle n'était pas aveugle.
Elle avait exploré chaque parcelle de la cellule du bout des doigts. La porte, scellée par la magie, ne semblait comporter aucune serrure crochetable, bien qu'elle n'ait pas d'autre outil que de la paille et un pot de chambre pour s'y essayer. Elle avait humé l'air, dans l'espoir que cela lui indique peut-être quelque chose, quoi que ce soit, la saison, une lointaine odeur de nourriture ou même de potions. Cela sentait le renfermé, l'air était humide et froid. Sans vie.
Elle avait espéré qu'en cherchant bien, elle trouverait une dalle mal fixée, un clou caché dans un recoin, une cuillère, ou ne serait-ce qu'un peu de corde. Mais visiblement, la cellule n'avait jamais accueilli de prisonnier un tant soit peu audacieux. Aucune entaille ne marquait les jours. Aucune pierre branlante. Rien.
Rien d'autre que les ténèbres.
Elle ne pouvait même pas parler pour briser ce silence sans fin. Ça avait été le cadeau d'adieu d'Ombrage après qu'elle l'ait amenée jusqu'à cette cellule et qu'elle ait vérifié une dernière fois ses menottes magiques.
Ils étaient sur le point de partir lorsqu'Ombrage s'était arrêtée et avait murmuré : "Silencio".
Tout en redressant le menton d'Hermione avec le bout de sa baguette, pour pouvoir la regarder dans les yeux, elle avait dit :
- Tu comprendras bien assez tôt.
Ombrage avait ensuite ricané, son haleine écœurante et sucrée se répercutant sur le visage d'Hermione.
Cette dernière avait été abandonnée dans les ténèbres et le silence.
Est-ce qu'on l'avait oubliée ? Personne ne vint jamais. Aucune torture. Aucun interrogatoire. Uniquement une profonde et silencieuse solitude.
Puis des repas apparurent. Aléatoirement, afin qu'elle ne puisse pas se repérer dans le temps.
Elle récitait mentalement des recettes de potions et des techniques de métamorphose. Elle passait en revue les runes qu'elle connaissait, ou encore des comptines pour enfants. Ses doigts tremblaient alors qu'elle reproduisait certains gestes de baguette, prononçant silencieusement l'inflexion des sorts. Elle comptait à l'envers, en partant de mille et en sautant les nombres premiers.
Elle commença même à faire du sport. Visiblement, personne n'avait trouvé utile de la restreindre physiquement et la cellule était assez grande pour qu'elle puisse y faire des roulades. Elle apprit à faire le poirier. Passant, ce qui lui semblait être des heures à faire des pompes et des exercices appelés "burpees", qui avaient obsédé son cousin pendant un été. Elle découvrit qu'elle pouvait passer ses pieds à travers les barreaux de la porte et s'y suspendre, tête en bas, pour faire des abdominaux.
Cela l'aida à se vider la tête. Compter. Repousser ses limites physiques. Quand ses bras et ses jambes la lâchaient, elle s'avachissait dans un coin et tombait dans un sommeil sans rêves.
C'était le seul moyen qu'elle avait d'empêcher les souvenirs de la fin de la guerre de se répéter dans son esprit.
Parfois, elle se demandait si elle n'était pas morte. Peut-être était-elle en enfer. Ténèbres et solitude, et rien d'autre que ses pires souvenirs, se répétant inlassablement devant ses yeux.
Quand finalement, il y eut du bruit, ce fut assourdissant. Un crissement lointain, alors qu'une porte longuement abandonnée s'ouvrait. Puis la lumière. Aveuglante, éblouissante lumière.
C'était comme se faire poignarder.
Elle se réfugia dans un coin en se couvrant les yeux.
- Elle est encore en vie, entendit-elle Ombrage dire, d'un air surpris. Mettez-la debout, voyons si elle est encore lucide.
Des bras extirpèrent brusquement Hermione de son coin et tentèrent d'écarter ses mains de ses yeux. Même si ses paupières étaient vigoureusement fermées, la douleur provoquée par cette soudaine luminosité lui donna l'impression que des couteaux transperçaient ses cornées. Elle récupéra brusquement ses mains pour les plaquer à nouveau sur ses yeux, échappant ainsi à la prise de ses ravisseurs.
- Pour l'amour de Merlin, s'impatienta Ombrage, d'un ton tranchant. Battue par une Sang-de-Bourbe désarmée. Petrificus Totalus.
Le corps d'Hermione se raidit. Heureusement, ses yeux restèrent fermés.
- Tu aurais dû être plus intelligente que ça et mourir. Endoloris.
Le maléfice se répercuta tout le long du corps immobilisé d'Hermione. Ombrage n'était pas la plus puissante des adversaires qui l'ait attaquée, mais elle était déterminée. La douleur traversa Hermione comme si elle était brûlée vive. Il lui était impossible de bouger, elle avait l'impression que ses organes se repliaient sur eux-mêmes pour tenter d'échapper à la douleur. Sa tête vacillait, alors que la douleur se faisait de plus en plus forte, sans interruption.
Après ce qui lui sembla être une éternité, la douleur s'arrêta, mais pas complètement. Le sort avait été levé, mais l'agonie ne la quittait pas, comme si ses nerfs étaient écorchés vifs.
Hermione avait l'impression que son cerveau tentait de s'enfuir de son crâne, de s'échapper de toute cette interminable agonie. Échappe-toi. Échappe-toi. Mais il n'y arrivait pas.
- Amenez-la faire sa visite de contrôle. Faites-moi savoir rapidement ce que le Médicomage dira.
Elle lévitait, mais le monde continuait de n'être qu'un mélange de sons et de souffrances. Tellement de bruit. C'était comme si toutes ces vibrations râpaient sa peau. Elle avait dû être isolée par un sort, puisque soudainement, l'atmosphère explosa dans le bruit et la lumière.
Elle tenta de rester concentrée sur les bruits de pas. Tout droit pendant dix pas. Puis à droite. Trente pas. À gauche. Quinze pas. Stop. L'un des gardes qui la transportait, frappa quelques coups à la porte.
- Entrez, fit une voix étouffée.
La porte s'ouvrit.
- Allongez-la ici.
Hermione sentit son corps être déposé sur une table d'examen.
Elle sentit une baguette l'examiner.
- Sorts reçus récemment ?
- Immobilisation et Doloris, répondit une nouvelle voix.
Hermione eut l'impression de la connaître, mais sa tête tournait bien trop pour qu'elle puisse savoir à qui elle appartenait.
- Pendant qu'elle était immobilisée ?
Le médicomage sembla irrité.
- Combien de temps ?
- Une minute. Peut-être plus.
Un claquement de langue agacé.
- Nous en avons à peine assez. Est-ce qu'Ombrage essaie délibérément de tous les ruiner ? Attachez-la. Sinon, elle risque de se blesser quand je retirerai les sorts.
Hermione sentit des liens de cuir entourer ses poignets et ses chevilles, avant que quelque chose ne soit glissé entre ses dents. Puis elle sentit le tapotement d'une baguette contre sa tempe.
- Ourah ! Petite sorcière, si ton esprit n'est pas déjà réduit en bouillie, cela va faire mal, très mal. Mais tu te sentiras mieux après, continua-t-il gaiement. Finite Incantatem !
La bulle d'Hermione explosa. C'était comme être à nouveau frappée par un Doloris. Enfin libéré, son corps se cambra, elle cria et se débattit. Les liens qui la retenaient l'empêchèrent juste à temps de s'arquer en arrière, alors qu'elle se tordait de douleur et d'agonie. Une éternité sembla passer avant qu'elle ne puisse enfin arrêter de se débattre. Sa voix s'était éteinte depuis longtemps. Ses muscles tressaillaient encore violemment et sa respiration était erratique.
- Bien. Vous pouvez y aller maintenant, dit le médicomage alors qu'il analysait à nouveau Hermione avec sa baguette. Mais dites à Ombrage que si l'on m'en apporte encore une autre dans cet état, je la dénoncerai pour sabotage.
Hermione se risqua à entrouvrir un œil et vit les gardes s'en aller. Sa vision était trouble. Tout était atrocement éblouissant, mais elle pouvait désormais distinguer de vagues formes et la lumière était moins éprouvante. Ou du moins, le reste de son corps faisait plus mal que ses yeux.
Le médicomage revint vers elle. Il s'agissait d'un grand homme. Elle ne le reconnut pas. Elle plissa les yeux, tentant de le voir plus clairement.
- Oh, très bien, tu suis le mouvement.
Il tourna son poignet pour voir le numéro de prisonnière inscrit sur ses menottes.
- Numéro 273…
Il tira un dossier plutôt mince d'une étagère et fronça les sourcils en le parcourant rapidement.
- Sang-de-Bourbe, évidemment. Élève de Poudlard. Oh, de très bons résultats. Hum. Maléfice inconnu dans la poitrine, en cinquième année. Pas très bon signe. Bien, nous verrons à quoi nous aurons affaire.
Il lui lança un sort complexe de diagnostic. Elle vit alors sa signature magique flotter au-dessus de sa tête et différentes orbes de couleurs se disperser le long de son corps.
Le médicomage les étudia et prit quelques notes. Il semblait se concentrer sur sa poitrine. Particulièrement sur l'une des orbes, teintée de violet.
- Qu'est-ce que…, grinça-t-elle autour du bâillon, qui se trouvait toujours entre ses dents. Qu'est-ce que vous regardez ?
- Hum ? Oh, quelques petites choses, ton état physique, principalement. Tu es étonnamment en bonne santé. Où t'ont-ils gardée ? Enfin, tout cela n'a pas d'importance, si je ne suis pas capable de comprendre quel est ce vieux maléfice dont tu souffres.
Il travailla silencieusement pendant de nombreuses minutes, avant de soudainement glousser. D'un mouvement complexe de sa baguette, accompagné d'une incantation qu'Hermione ne comprit pas, elle le vit incanter une longue flamme violette qui s'engouffra dans son ventre. Ses entrailles commencèrent alors à bouillonner et elle sentit quelque chose de vivant se tortiller dans ses organes. Quelque chose grouillait en elle.
Avant même qu'elle ne puisse crier, le médicomage lança un sort écarlate dans son corps. Les tortillements s'arrêtèrent et elle eut le sentiment que quelque chose s'était dissous en elle.
- Un sort mal jeté, expliqua-t-il. Quelqu'un voulait que tu sois dévorée vivante, mais bien heureusement pour toi, le maléfice était incomplet. Je l'ai corrigé et annulé. De rien.
Hermione ne répondit pas. Elle doutait qu'il l'ait fait dans son intérêt.
- Eh bien, tout est en ordre. Tu es prête. Je pense que tu vas nous être très utile. En revanche, il va probablement te falloir un traitement pour que tu te remettes totalement du doloris que tu as reçu. Je vais le noter quelque part.
D'un mouvement souple du poignet, il fit défit les liens qui entouraient ses chevilles et ses poignets. Hermione se redressa doucement. Ses muscles se contractaient encore aléatoirement.
- Tout est en ordre, vous pouvez vous occuper d'elle, lança le médicomage en ouvrant la porte.
Il se rendit ensuite jusqu'à son bureau.
Tout était étrangement éclairé. Elle plissa les yeux. C'était tellement fort qu'il lui était presque impossible de distinguer les formes qui l'entouraient à travers la lumière.
Levant une main tremblante, elle retira le bâillon d'entre ses dents. Elles commencèrent aussitôt à claquer. Elle réalisa alors qu'elle avait très froid. Trop froid.
Un garde l'approcha ensuite, l'attrapant par le bras pour la guider ailleurs. Elle glissa de la table d'examination et tenta de se lever.
Elle chancela.
- Monsieeeuuur….
Est-ce que c'était sa voix ? Elle ne se souvenait pas du son de sa propre voix.
Les mots ne sortaient pas clairement et tous les objets éblouissants de la pièce semblaient s'étirer et se déformer devant ses yeux, comme si elle avait été lâchée dans le bocal d'un poisson rouge.
Le médicomage se retourna vers elle d'un air perplexe.
- Je crooois que j'vais tooom-
Les mots ne parvenaient pas à sortir correctement à cause du claquement de ses dents. Elle tenta une nouvelle fois.
- Toooo- Toooooombeeer…
Le noir commença à envahir sa vision périphérique. Tous les points lumineux s'évanouirent peu à peu, jusqu'à ce qu'elle ne voit plus que le visage inquiet du médicomage flotter au-dessus d'elle. Ses yeux se révulsèrent et elle s'écroula.
Personne ne la rattrapa.
Sa tête cogna contre le coin de table avec force.
- Merde ! jura le garde.
Même les sons semblaient branlants et déformés.
La dernière chose dont Hermione se souvint fut d'avoir eu l'impression de reconnaître Marcus Flint.
Reprendre connaissance lui donna l'impression de se noyer dans des flocons d'avoine. Hermione ne sut pas pourquoi cette comparaison fut la première à lui venir à l'esprit. Elle batailla pour refaire surface, au milieu des voix étouffées, qu'elle tentait de comprendre.
- Seize mois d'isolation, sans lumière ni son ! Selon tous les critères, elle devrait être complètement folle, sinon morte. Il n'y a même pas de dossier sur elle ! Comme si vous l'aviez jetée dans un trou sans fond ! Regardez ce dossier . La prisonnière 197, dans le lit d'à côté ! Vous voyez le nombre de pages qu'il y a ? Contrôles de routine ! Prises de sang ! Rendez-vous psychologique ! Prescriptions de potions ! J'ai même des photos de son apparence avant que vous ne la mutiliez. Mais celle-là : rien ! Elle a été enregistrée comme assignée à cette prison, puis elle a complètement disparu ! Personne ne l'a revue ! Il n'y a même pas d'historique de ses prises de repas ! En seize mois ! Expliquez-moi comment c'est possible ?
Il y eut une pause.
- Hum, hum, entendit-elle ensuite. Il y a tellement de prisonniers ici, tenta d'amadouer Ombrage, d'une voix mielleuse. Ce n'est pas surprenant qu'un ou deux prisonniers soient passés à la trappe, comme ce fut le cas de Miss Granger.
- Miss… Granger ?! fit l'autre voix d'un ton horrifié et bégayant. Vous voulez dire LA Granger ? Vous saviez que c'était elle ! Vous avez tenté de la tuer !
- Quoi ? Non ! Je n'aurai jamais… c'est au Seigneur des Ténèbres de choisir leurs destins. Je ne suis que les petites mains.
- Pensez-vous vraiment que le Seigneur des Ténèbres oublierait une prisonnière telle qu'Hermione Granger ? Pensez-vous qu'il sera clément en apprenant ce que vous avez fait ?
- Je ne voulais pas que cela dure si longtemps ! C'était censé être temporaire. Vous ne la connaissez pas. Vous ne savez pas ce dont elle est capable. Je devais être sûre qu'elle ne pourrait pas s'échapper ou contacter qui que ce soit. Le château était toujours en reconstruction. Puis… Puis le temps que toutes les préparations soient terminées, elle… elle m'était complètement sortie de la tête. Je ne défierai jamais notre Maître !
- La réussite du projet de notre Maître repose sur vos épaules et les miennes. Si j'ai le moindre soupçon à votre propos, je vous dénoncerai immédiatement à lui. Désormais, Miss Granger sera sous mon entière responsabilité. Vous ne pourrez plus l'approcher sans ma permission. Si quoi que ce soit lui arrive, par qui que ce soit, vous en assumerez l'entière responsabilité.
- Mais… Mais elle a de nombreux ennemis, fit Ombrage d'une voix tremblante.
- Alors je vous conseille de bien surveiller votre prison. Le Seigneur des Ténèbres l'a spécifiquement mentionnée dans ses plans. Je vous dénoncerai aujourd'hui si cela nous permettait de réussir. J'ai travaillé plus dur et plus longtemps que vous pour en arriver là où je suis, Madame la Directrice. Je ne laisserai personne en travers de mon chemin. Allez vous occuper des autres. Le Seigneur des Ténèbres attend un bilan sur les chiffres d'éligibilité pour ce soir et j'ai déjà passé la moitié de la journée à réparer votre connerie.
Des bruits de pas s'éloignèrent. Hermione pensa et espéra qu'il s'agissait d'Ombrage. Elle entrouvrit un œil, analysant furtivement ce qui l'entourait.
- Tu es réveillée.
Pas assez rapidement. Elle ouvrit complètement les yeux et les leva vers les contours flous de la médicomage qui se tenait devant elle. Elle s'approcha pour étudier Hermione et cette dernière put enfin la voir pleinement dans la lumière. Une femme plus âgée, austère, portant une robe qui prouvait son expérience médicale.
- Ainsi, tu es Hermione Granger.
Hermione n'était pas certaine de ce qu'elle devait répondre. La conversation précédente ne lui avait donné aucun indice sur la raison de sa présence ici. Elle était importante pour l'une des effroyables machinations de Voldemort. Elle n'était pas censée être morte, ni folle, et ils la voulaient en bonne santé. Ils ne devraient donc pas la torturer à nouveau.
Elle resta silencieuse, espérant que la médicomage était du genre à arrêter de parler lorsqu'elle n'obtenait aucune réponse. Elle fut rapidement déçue.
- Je vais te le demander, puisque personne ne semble avoir la réponse. Comment se fait-il que tu sois toujours en vie ? Comment as-tu fait pour rester sensée ?
- J-Je ne… Je ne sais pas, répondit Hermione, après quelques instants.
Sa voix lui sembla plus grave et tremblante que dans ses souvenirs. Ses cordes vocales lui semblèrent atrophiées. Il était difficile de rythmer ses mots, les consonnes se mélangeaient et bloquaient, rendant difficile leur expression.
- J'ai fait… Des calculs mentaux d'arithmancie, j-j'ai récité des recettes de potions. J'ai fait… J'ai fait de mon mieux pour ne pas… sombrer.
- Impressionnant, murmura la médicomage, tout en prenant des notes sur un carnet. Mais comment as-tu survécu ? Il n'y a aucun historique de prise de repas, mais pourtant, tu me parais parfaitement nourrie.
- J-Je ne sais pas. La nourriture apparaissait. Ce n'était jamais régulier. J'ai cru que… j'ai cru que c'était intentionnel.
- Qu'est-ce qui était intentionnel ?
- L'irrégularité… J'ai cru que…
Sa gorge lui semblait épuisée de tous ses efforts pour parler.
- Que cela faisait partie d'une… désorientation. P-pour m'en… m'empêcher de savoir combien, combien de temps était p-passé.
Sa voix devenait de plus en plus aiguë au fil des mots.
- Hum. Oui. Cela aurait été intelligent. Et ta condition physique ? Tu n'as jamais quitté cette pièce, pourtant, tu as plus de muscles que la plupart de mes guérisseurs. Comment diable est-ce possible ?
- Q-quand je ne supportais plus de… de trop penser, je faisais d-de l'exercice jusqu'à ne… ne plus avoir de forces.
- Quel genre d'exercices ?
- Tout et n'importe quoi. Des sauts, des pompes, des abdominaux. Tout c-ce qui pouvait me fatiguer… Ainsi, je ne rêvais pas.
Encore une prise de notes.
- Quel genre de rêves tentais-tu d'éviter ?
Le souffle d'Hermione se coupa légèrement. Les autres questions avaient été simples. C'était… C'était trop proche de quelque chose de réel.
- Des rêves du passé.
- Du passé ?
- D'avant que j'arrive ici.
La voix d'Hermione avait été assourdie. Folle. Elle ferma les yeux, la lumière commençant à lui donner une sérieuse migraine.
- Bien entendu.
D'autres griffonnages. Ces bruits firent tressaillir les muscles d'Hermione.
- Tu resteras à l'infirmerie le temps que les effets secondaires de tes séances de torture aient complètement disparus. Je ferai aussi venir un spécialiste pour comprendre ce qui a pu arriver à ton cerveau.
Les yeux d'Hermione s'ouvrirent brusquement.
- Est-ce qu…
Elle hésita.
- Est-ce que quelque chose ne va pas chez moi ?
La médicomage la regarda d'un air pensif, avant de pointer sa baguette vers la tête d'Hermione.
- Tu as été gardée en privation sensorielle pendant seize mois. Le simple fait que tu sois lucide est un miracle. Les effets d'une telle expérience ne peuvent pas être ignorés, surtout en considérant les circonstances préalables de ton arrivée. Je présume que tu as étudié la médicomagie pendant la guerre ?
- Oui, acquiesça Hermione en baissant les yeux sur la couverture qui recouvrait ses jambes.
Elle était usée et sentait si fort l'antiseptique qu'elle eut envie de vomir face à l'agression olfactive.
- Alors tu sais à quoi ressemble un cerveau magique normal et en bonne santé. Voici le tien.
Un simple mouvement de baguette suffit à projeter l'image du cerveau d'Hermione. Elle plissa les yeux. Des petits points lumineux étaient éparpillés sur la projection, certains groupés et d'autres isolés. Partout sur son cerveau. Elle n'avait jamais vu une telle chose auparavant.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Mon hypothèse la plus plausible serait celle d'états de fugue, créés par la magie.
- Pardon ?
- Après un certain temps d'isolement, ton cerveau a commencé à te protéger. Étant donné que tu ne pouvais exprimer aucune magie extérieurement, elle s'est intériorisée. Comme tu l'as dit, tu as travaillé dur pour ne pas sombrer. Pourtant, l'esprit n'est pas vraiment apte à encaisser une telle chose. Ta magie a fermé une partie de ton esprit. Par conséquent, cela t'a en quelque sorte fragmentée. Normalement, une fugue est générale, mais celle-ci semble d'une précision presque chirurgicale. Cependant, la guérison de l'esprit n'est pas ma spécialité.
Hermione la regarda avec horreur.
- V-vous voulez dire que j'ai dissocié ?
- En quelque sorte. Je n'ai jamais vraiment vu une telle chose auparavant. C'est peut-être une nouvelle maladie magique.
- Est-ce que… est-ce que j'ai plusieurs personnalités ?
Hermione se sentait soudainement étourdie.
- Non. Tu as simplement des parties isolées dans ton esprit. Je pense que ta magie veut les protéger des attaques mentales, et par extension, cela t'empêche d'y accéder.
Hermione était intérieurement sous le choc.
- Pourquoi… pourquoi est-ce que je ne me souviens pas ?
- Eh bien, nous n'en sommes pas vraiment certains. Tu seras la seule à pouvoir redécouvrir ce que tu as oublié. Quel est le nom de tes parents ?
Hermione réfléchit un instant, cherchant à savoir si la question avait pour but son diagnostic ou l'extraction d'informations. Elle pâlit.
- Je ne sais pas, répondit-elle, ressentant soudainement l'impression de ne plus pouvoir respirer. Je me souviens que j'ai des parents. Qu'ils étaient… moldus. Mais je… je ne me souviens de rien à leur propos.
Tentant de calmer la panique qui grimpait en elle, elle implora du regard la médicomage.
- Est-ce que vous savez quelque chose ?
- Je crains que non. Essayons quelque chose d'autre. Est-ce que tu te souviens de l'école à laquelle tu es allée ? Qui étaient tes meilleurs amis là-bas ?
- Poudlard. Harry et Ron, dit Hermione, baissant les yeux alors que sa gorge se serrait.
Ses doigts se contractaient de manière incontrôlable.
- Bien. Est-ce que tu te rappelles de qui était le directeur ?
- Dumbledore.
- Tu te souviens de ce qui lui est arrivé ?
- Il est mort, fit Hermione, en fermant les yeux.
Même si les détails étaient flous, elle était certaine de ce qu'elle affirmait.
- Oui. Te rappelles-tu des circonstances de sa mort ?
- Non. Je me souviens qu'il… Qu'il avait été réhabilité en tant que directeur après que Vold- Vold… Vous-Savez-Qui soit revenu.
- Intéressant.
Il y eut d'autres griffonnages.
- De quoi te rappelles-tu à propos de la guerre ?
- J'étais médicomage. J'étais dans un service hospitalier. Tellement de gens que je n'ai pas pu sauver… Je me souviens avoir perdu. Quelque… Quelque chose n'a pas marché. Harry est mort. Ils l'ont p-pendus à la Tour d'Astronomie et nous l'avons regardé pourrir. Ils ont pendu Ron et sa famille à côté de lui. Et Tonks et Lupin. Ils les ont torturés jusqu'à ce qu'ils meurent. Puis ils m'ont enfermée dans cette cellule et m'ont laissée ici.
Hermione frémissait en parlant. Le lit d'hôpital trembla et émit un horrible grincement.
La médicomage ne sembla pas le remarquer, continuant de prendre des notes.
- C'est inhabituel et intéressant. Je n'ai jamais entendu parler d'un état de fugue comme celui-ci. J'appréhende les futurs conclusions du spécialiste.
- Contente d'être si intéressante, fit Hermione, ses lèvres se retroussant alors qu'elle ouvrait les yeux pour regarder la médicomage.
- Voyons, ma chère. Je ne suis pas totalement insensible. Vois ça d'un point de vue médical. S'il y a bien une chose de ton passé de laquelle ton esprit aurait pu logiquement se protéger, c'est bien les répercussions de la guerre, qui t'ont clairement traumatisée. Pourtant, qu'a décidé de protéger ton subconscient ? L'identité de tes parents et les stratégies de guerre de l'Ordre. Ta magie n'a pas choisi de protéger ton âme, elle a choisi de protéger tous les autres. C'est vraiment très intéressant.
Hermione supposa que ça l'était, mais cela faisait trop.
Le simple fait de voir à nouveau était accablant. Pouvoir parler. Être en dehors de sa cellule. Tout était trop. Trop brutal. Trop éclairé.
Elle ne rajouta rien. Après quelques minutes de prise de notes, la médicomage leva les yeux à nouveau.
- À moins que le spécialiste émette une objection, tu resteras à l'infirmerie pendant une semaine pour te remettre, avant que nous nous occupions de toi. Cela te donnera le temps de te réhabituer à la lumière et au bruit, et de prendre le traitement dont tu as besoin pour te remettre de la torture et de la commotion cérébrale que tu as subie durant ta visite de contrôle.
La médicomage commença à s'éloigner, avant de s'arrêter.
- J'espère qu'il est inutile de te le préciser, mais considérant ta maison et ton passé, je le dirai quand même. Tu es actuellement à la croisée des chemins, très chère. Ce qu'il t'arrivera prochainement est inévitable, mais tu peux choisir de le rendre plus ou moins agréable.
Était-ce un conseil d'adieu ? Une menace ? Un avertissement ? Hermione n'était sûre de rien. La médicomage disparut derrière le rideau de séparation.
Hermione observa ce qui l'entourait avec attention. Elle était toujours à Poudlard. Ses habits de prisonnière avaient été remplacés par une tenue d'hôpital. Relevant ses manches, elle remarqua avec déception que personne n'avait fait l'erreur de lui retirer les menottes magiques qui entouraient chacun de ses poignets.
Elle leva l'un d'eux jusqu'à ses yeux pour les inspecter plus en détail. Elles lui avaient été posées juste après son enfermement dans la cellule et elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de voir ce à quoi elles ressemblaient.
À la lumière, elles semblèrent n'être qu'une simple paire de bracelets entourant chaque poignet. Elles brillaient comme si elles étaient neuves. Elles étaient en cuivre, si elle ne se trompait pas.
Dans le noir de sa cellule, Hermione avait passé un temps incalculable à tenter de savoir ce à quoi elles servaient exactement. Comment elles fonctionnaient ? Et comment Hermione pourrait contourner cela en étant aveugle et muette ? La seule réponse qu'elle avait trouvée était qu'elles supprimaient sa magie.
Quand elle avait finalement admis qu'il serait impossible de s'en débarrasser, elle avait commencé à chercher la façon dont elles fonctionnaient.
Elle admirait et détestait leur inventeur à la fois. Elle était certaine - au vu de la façon dont le cuivre conduisait sa magie - qu'il y avait du ventricule de dragon dans chacune d'elles, peut-être même extrait de sa propre baguette.
Les menottes semblaient faites sur mesure.
Dans sa cellule, lors de ses tentatives de magie sans baguette, la magie descendait de ses bras jusqu'à ses mains, avant d'être enfermée puis de disparaître, quand elle atteignait les menottes. Sachant désormais qu'elles étaient faites de cuivre, elle comprit immédiatement comment elles fonctionnaient.
Le cuivre absorbait la magie. Elle se souvenait des leçons de Binns en Histoire de la Magie, à propos des essais sur l'utilisation d'autres matériaux pour des baguettes. Le cuivre aurait été un choix évident, considérant sa nature conductrice. Malheureusement, c'était trop conducteur. Cela absorbait toute parcelle de magie qu'il détectait, que cela soit voulu ou non. Les sorts débordaient avant même que les sorciers n'aient pu finir de les lancer. Ils pouvaient à peine toucher leurs baguettes sans qu'elles n'explosent. La destruction de deux laboratoires de baguettes et la perte de quatre orteils convainquirent les fabricants de tester d'autres matériaux que le cuivre.
Le cœur des menottes, Hermione en était certaine, était fait de fer. Le cuivre, couplé au ventricule de dragon, s'emparait de la magie, puis l'envoyait jusqu'au fer, qui se chargeait de la neutraliser.
Cette ingéniosité la rendait furieuse.
Les menottes d'argent étaient assez communes dans les prisons sorcières. Elles atténuaient assez la magie pour empêcher les prisonniers de lancer des sorts trop puissants. Il a toujours été impossible de neutraliser complètement la magie de sorciers ou sorcières avec du fer. Ils pouvaient toujours utiliser un petit peu de magie ou attendre jusqu'à ce qu'une vague de leur magie accidentelle n'explose. Le cuivre résolvait ce problème. Avec sa grande conductivité, spécifiquement assistée par un cœur magique qui correspondait à la baguette du prisonnier, le cuivre absorbait pratiquement toute la magie qui se construisait à l'intérieur d'Hermione.
Cela faisait donc d'elle une moldue.
